Pierre & Marianne Dubois

Robin des Bois, prince des voleurs (film)

Grand frère-petite sœur


Ils les avaient changés de sous-sol le temps de s'occuper des prisonniers ennemis qu'ils venaient de faire -et les prisonniers chrétiens savaient très bien ce que ça voulait dire, puisque ces captifs-là ne paraissaient pas avoir de famille assez riche pour payer leur libération. Mais, l'avantage pour eux, les otages chrétiens, c'était qu'ils étaient certes plus à l'étroit encore dans leur nouvelle prison, mais qu'on ne les gardait plus enchainés par les poignets à la paroi. De cette façon, Robin pouvait lui tenir la main pendant les nuits lourdes, sanglantes et terrifiantes, pour qu'ils se rassurent mutuellement. Même leurs rêves ne leur offraient pas de paix depuis cinq ans, ou presque pas. Parfois, il arrivait à Pierre de rêver de sa petite sœur Marianne, qu'il avait laissée là-bas, en Angleterre. Il lui avait promis qu'il reviendrait, mais ses chances de pouvoir rentrer un jour sur ses terres semblaient s'amenuiser au fur et à mesure des jours, des mois, des années, même si Robin l'enjoignait de garder espoir. Mais Pierre s'en voulait tellement de laisser Marianne toute seule, sans personne d'autre pour veiller sur elle. Ils n'avaient pas d'autres frères et sœurs... leur père était mort et leur mère était sûrement à Londres. Qui pouvait bien la rassurer, si elle avait peur ou qu'elle était triste, ou seule ? Cette pensée était presque plus intolérable à Pierre que sa propre condition.

Une nuit, le jeune noble eut l'impression que ses rêves agités, plus profonds que d'habitude, le conduisaient au-dessus de Jérusalem et le faisaient se poser dans une pièce en hauteur, sans doute aménagée dans une tour, éclairée par des rayons de lune. Au fond de la pièce, une silhouette prostrée dans un coin, l'air tout aussi fantomatique que lui, se redressa en chancelant. Le grand frère reconnut aussitôt les longs cheveux bouclés et indisciplinés de Marianne, sa grâce et sa force naturelles, qu'elle avait déjà étant petite. Visiblement, elle aussi reconnut le regard doux et la silhouette de son frère, même si elle était très jeune quand Robin et lui étaient partis pour les Croisades.

"Pierre ! s'écria-t-elle en pleurant, et elle accourut vers lui pour se jeter dans ses bras.

-Marianne ! répondit le jeune noble en berçant sa petite forme en pleurs contre sa poitrine. Si tu savais comme tu me manques... Je pense à toi tous les jours.

-Moi aussi, grand frère, répondit la jeune femme en sanglotant. Je t'aime, Pierre. Reviens vers moi, je t'en prie."

Pierre prit son visage baigné de larmes dans ses mains et l'embrassa sur le front.

"Aussi longtemps que je vivrai, Marianne, jura-t-il, aucun obstacle ne m'empêchera de tout faire pour revenir vers toi."