13/05/2016

Mot de l'auteure : Heu... Rien de spécial à dire. Rien de très intéressant en tout cas u_u Ah si, peut-être. Je vais à Paris le 23 et le 24 Mai. C'est tout x)

Reviews :

Mimica3466 : Tu m'as tuée ! XDDD Moi-même je n'avais pas remarqué que tu avais déjà commenté, alors je n'aurais rien dit ! De toute façon, ce n'est pas comme si je détestait être spammée de reviews (bien au contraire !). Les cahiers collés c'était une idée de dernière minute. Je trouve ça génial ouais, mais complètement bâtard :')
La "théâtralisation" était une idée qui m'est venue comme ça. Comme à Eve d'ailleurs, elle s'est dit "Tient c'est rigolo comment les gens sont dans les films...". Rio a suivi parce que elle en avait marre du délire d'Eve, et puisqu'elle ne pouvait pas l'arrêter... Ben elle a suivi :')
De base, les boules puantes étaient pour Asano, oui. Mais le Dieu de la Mort a pu en profiter, ce petit chanceux /ou pas/.
J'ADORE ECRIRE DES MOMENTS CHOUPINOU COMME CA. Bon, avec Karma c'est dur de faire très romantique, mais ça a un charme aussi.
Ouiiiiii ! J'aime beaucoup les noms de chapitres où il y a toujours le même mot. Dans le manga, ils le faisait déjà, avec "leçon" ou "heure". Je me dis que j'aurais choisir "l'heure", parce qu'il y a beaucoup plus de potentiel de jeux de mots (un sale quart d'heure) puis même en "normal" ("L'heure de chaipaquoi").
Merci pour tes trois reviews XD Avoue, tu voulais être la 80ème review :p

Laulann : Hahahha merci x) Si tu savais tout ce que j'ai imaginé pour cette fic et qui ne sera pas utilisé... J'ai des idées wtf des fois, faut pas m'en vouloir :')
Ravie que ce chapitre t'ait plu ! Je me suis beaucoup appliquée, et renseignée... Bon sang toutes les recherches que j'ai dû faire XD On se rend pas compte quand on le lit, mais c'est long, vraiment x)
Merci pour la review ! :D

Merci à TheWorldOfManea, Crystalin et TheLittleMe, à qui j'ai répondu en privé pour leurs reviews (keur sur vous !), parce que grâce à vous toutes, on est à 80 reviews, et ça me fait trop trop plaisir :3

Un autre merci à TheWorldOfManea pour la correction et pour m'avoir ''motivée'' (j'appelle ça de la torture :'c).
Et un léger clin d'oeil à la personne qui m'a donné l'idée de foutre du fouet dans un chapitre... /la petite perverse en question se reconnaîtra/

BON CHAPITRE !


Chapitre 24 : Leçon de survie

Après la journée digne des plus grands premier avril, la semaine passa bien lentement. Chacun avait ramené les quatre milles yens, même Isogai qui grâce à la classe avait pu payer sans se ruiner.

C'était lundi, la dernière journée avant leur fameux stage, qui avait éveillé les débats de tous :
— Tu penses que ça va être dur ? s'inquiéta Okuda. Je ne suis pas très sportive…
— Connaissant Karasuma, ça pourrait l'être oui… répondit Kanzaki Yukiko, qui n'avait pas l'air rassurée non plus.
— Ça va aller, rassura Hara. Regardez, je ne suis pas connue pour avoir une taille de guêpe, et j'arrive à suivre l'entraînement de Karasuma ! Enfin, la majorité… conclut-elle avec autodérision.

D'autres n'étaient pas très motivés. Karma n'avait pas envie de partir quatre jours de chez lui car : « si ce programme est adapté à la classe, je m'ennuierais ». Ce qui lui avait valu quelques regards noirs et des soupirs dépités.
Lorsqu'un charmant délateur avait rapporté ses paroles au professeur de sport, celui-ci parut amusé et avait décrété qu'il ferait un programme spécial pour Karma, ou d'autres personnes dont les capacités seraient supérieures au niveau global.

Pendant la dernière journée, Koro-sensei eut du mal à enseigner : ses élèves étaient bien trop occupés à faire des hypothèses sur l'organisation encore secrète du voyage. Et puis, chacun dut décider de former les groupes. Ils devaient être mixtes, pour répartir les forces et faire des équipes égales.

Eve avait décidé de se mettre avec Rio. Cette dernière voulait se mettre avec Nagisa et Karma et puisque Kayano était toujours avec le bleu, elle s'intégra au groupe. Ils étaient déjà cinq sur les sept personnes qu'il leur fallait à la fin. Ensuite, Kayano proposa d'inviter Okuda, qui avait déjà été dans leur groupe durant le premier voyage à Kyoto auquel Eve n'avait pas participé avec eux puisqu'elle était encore dans la classe D à l'époque. Celle-ci accepta le regard fuyant et les joues rouges.

Puis finalement, tous les groupes étaient composés. Okuda, voyant que Takebayashi ne s'était pas encore décidé, proposa à ce dernier d'entrer dans leur groupe. Il accepta, mais paraissait incertain.

Le jour du départ, cette fois Eve était prête.
Pas question de reproduire le schéma foireux de son départ aux îles, pendant les vacances d'été. Non, cette fois elle était sûre de n'avoir rien oublié. Elle avait pris deux sacs, l'un où elle avait placé toutes les affaires de la liste de Karasuma, l'autre celles dont elle aurait besoin pour le retour et pour après le stage.

L'anglaise devait rejoindre ses camarades à la gare de Kunugigaoka. Ils prenaient le train pour Fuji, et là-bas, un bus devrait les rejoindre pour les emmener non-loin du lac Motosuko. Tout ça pour la modique somme de quatre mille yen. (~30€)

Arrivée dans les premières, la jeune fille dit au revoir à ses parents qui l'avaient tous deux accompagnée. Après plusieurs embrassades, elle leur promit avec humour qu'elle reviendrait en vie, sous le regard stoïque et dépité de Karasuma-sensei.

Elle rejoignit rapidement Rio, qui n'avait pas l'air d'avoir passé une très bonne nuit. Peu après, Kayano arriva, toujours de bonne humeur, un large sourire accroché à ses lèvres.
Une voiture revint et la mère d'Eve, paniquée, sortit en appelant sa fille.

— Eve chérie ! Tu avais oublié ta tente ! Il me semblait bien que tu ne l'avais pas sortie du coffre ! Oh je vais être en retard, ils sont déjà surchargés de patients à l'heure qu'il est !

La femme fit un bisou à sa fille, qui laissa une trace écarlate sur sa joue, et partit aussi rapidement qu'elle était arrivée. Rio gloussa en remarquant que son amie avait un comportement presque similaire à celui de sa mère.

Petit à petit, toute la classe arriva. Le groupe d'Eve était presque complet, mais tous attendaient l'arrivée de Takebayashi pour partir.
D'un coup, un éclair jaune arriva devant eux. Reconnaissant Koro-sensei, le groupe un, soit celui d'Eve, s'avança vers le professeur en demandant s'il avait des nouvelles de leur camarade.

— Takebayashi-kun est souffrant, il ne vaut mieux pas qu'il aggrave son état, expliqua le poulpe jaune.
— Oh mince… fit Okuda.
— C'est bête, il aurait pu nous aider en plus, déplora Eve.
— C'est vrai qu'il a des bonnes connaissances en médecine, admit Karma.
— Ce n'est pas trop grave au moins ? demanda Kayano.
— Non, ne vous inquiétez pas. Il se remettra bientôt, assura Koro-sensei.

Alors, puisque tous les élèves étaient présents, la classe pu prendre la direction du train, et plus précisément le Shinkansen, dont la vitesse faisait la renommée.
Dans le train, le groupe un pu jouer aux cartes en se serrant sur les banquettes de quatre personnes.

— Je mets mon deux, et je relance avec mes deux reines, dit Eve en lançant ses cartes sur la tablette. Présidente !
— Double roi, Vice-président, annonça Karma l'air un peu déçu en lâchant ses cartes au-dessus du paquet.
— Je passe, dit Nagisa peu enjoué.
— Passe aussi, fit Rio.
— Moi aussi, répéta Okuda qui n'avait pas un bon jeu.
— Je pose mes deux deux, je relance avec mon trois, et fini ! termina Kayano.
— C'est toi qui les avait ? s'étrangla Rio, surprise.
— Eh oui ! gloussa la verte.
— Quand c'est elle qui les a, c'est pas écrit sur sa tête, pas comme certaines… se moqua Karma.
— En attendant, je suis présidente, remarqua l'anglaise.
— Terminer avec un deux c'est une technique de lâche, reprocha le rouquin.
— T'es dégoûté parce que t'avais pas de deux, c'est tout.
— Taisez-vous, on peut même plus se concentrer, grogna Rio qui ne voulait pas perdre pour la troisième fois d'affilée.

Finalement, ils arrivèrent plus rapidement qu'ils ne le pensaient à la gare de Fuji. Il fallait encore qu'ils rejoignent le sud du lac Motosuko, où ils camperaient en forêt. Il y avait un camping avec des douches, toilettes, infirmerie… Tout cela était en cas d'urgence, mais c'était rassurant du point de vue des élèves de se savoir proche d'un endroit civilisé.

En sortant de la gare, les élèves tombèrent nez-à-nez avec des militaires et des camionnettes recouvertes de peinture avec des motifs de camouflage. Tous les autres voyageurs fixaient d'un air étrange cette drôle de classe.

— Bonjour, salua Karasuma en serrant la main d'un des militaires, sûrement haut gradé au vu des médailles accrochées à sa veste. Merci d'avoir accepté d'accompagner ma classe.
— Il n'y a pas de quoi Karasuma-san, répondit le chef avec un sourire. Nous comptons sur eux pour la survie de l'humanité après tout, déclara-t-il cette fois, un peu plus amer.

Le peu de soldats présents expliquèrent aux adolescents où s'assoir et où poser leurs bagages, qui se composaient de deux sacs et quelques tentes.

Les élèves se retrouvaient face à des soldats surentraînés et imposants. Certains ne savaient plus où se mettre. Okuda et Kayano, qui ne dépassaient pas le mètre cinquante, se sentaient minuscules comparés à ces géants.

— Hm… Monsieur le militaire ? demanda Eve en japonais.
— Oui ?
— Je… euh… tenta-t-elle, avant de continuer en anglais. Rio comment je pourrais demander où je peux mettre ma tente ?
— Tu peux la mettre à tes pieds, ça ne gênera pas, répondit le soldat dans la langue maternelle d'Eve.
— Ah. Euh, merci, répondit la brunette.

Les sièges n'étaient pas vraiment confortables, et Eve espéra que le voyage ne serait pas très long. Les camionnettes démarrèrent et le début du voyage se fit dans le silence.

— C'est bizarre comme moyen de transport, quand même, commenta Rio entre deux secousses.
— Plutôt, répondit Kayano. Mais ça nous change du quotidien.

Après un virage sec, Okuda, qui était la plus légère, tomba sur son voisin de devant qui ne l'attrapa que par un pur réflexe.

— Dis donc Okuda, si tu voulais te rapprocher de moi il y avait moins violent, se moqua Karma en l'aidant à se redresser.
— J-je… désolée, s'empourpra la scientifique en se rasseyant, aidée de ses voisines.
— Arrête de l'embêter, tu sais bien qu'elle ne l'a pas fait exprès, reprocha Eve en voyant Okuda cacher ses joues aussi écarlates que les cheveux de Monsieur Parfait numéro deux.
— Je sais bien. Si ça avait été toi, j'aurais eu un doute par contre.

Pour toute réponse, les yeux d'Eve roulèrent dans leurs orbites.

Le voyage avait déjà fatigué les élèves de la classe E lorsque ceux-ci arrivèrent au camping de Motosuko. Karasuma, après qu'ils aient descendu toutes leurs affaires, fit le point : ils devraient marcher jusqu'à s'éloigner suffisamment du camping, et trouver un endroit où ils installeraient leur tentes et leur camps.

Avant, ils mirent leurs uniformes de sport. Les élèves n'avaient pas pu les enfiler avant sans trop attirer l'attention sur eux. Eve et Kayano, dont les vestes avaient été rendues inutilisables à cause du Dieu de la Mort en avaient reçues de nouvelles, plus résistantes selon Karasuma-sensei. Eve, qui avait encore des restes du bleu sur son dos, avait cette fois fait un léger caprice : elle souhaitait la même veste que les garçons. Ainsi, l'habit couvrait son dos et son ventre. C'était beaucoup moins séduisant, mais beaucoup plus pratique : l'ancien militaire accepta sans broncher.

Maintenant qu'ils étaient en tenue, ils commencèrent à se diriger vers leur futur camp. Ceux qui avaient la charge de porter les tentes étaient les derniers, car ils étaient plus lents.

— J'en peux déjà plus, se plaignit Hara qui peinait à enchaîner le pas.
— Je galère aussi, si ça peut te rassurer, répondit Eve qui avançait néanmoins un peu plus rapidement.
— Comment Karma peut avancer aussi vite que ceux qui ne portent pas les tentes ? demanda Maehara qui commençait déjà à transpirer.
— J'en sais rien, répondit Okano en replaçant sa tente qui glissait un peu de son dos.
— Ça a beau paraître léger, ça pèse son poids quand même ! avoua Sugino en inspirant des grosses bouffées d'air.
— J'en porte une de trois place, fit Maehara en haletant.
— Respect, compatit Eve qui en portait une plus légère.

Presque trente minutes plus tard, les élèves qui étaient devant décrétèrent –avec l'approbation de Karasuma-sensei– qu'ils avaient trouvés un bon endroit où s'abriter. Il était situé dans une espèce de grande cuvette, mais dans une des zones les plus hautes. Le terrain était plat et relativement propre.

— D'ailleurs, il est où Koro-sensei ? demanda Okajima.
— C'est vrai ça, il était avec nous à la gare, se rappela Rinka.
— Il a dû oublier un truc débile et repartir… supposa Mimura.
— Sûrement, approuva Chiba.

Fatigués, les élèves s'assirent pendant une minute montre en main, puis se relevèrent pour installer leurs tentes en suivant les conseils de Karasuma. Eve et Rio, qui devaient partager le même abri, décidèrent de se fabriquer un petit matelas.

— Qu'est-ce-que vous faites ? demanda Kayano qui avait une sardine dans la main, et un caillou dans l'autre.
— On ramasse plein de feuilles pour les mettre sous notre tente histoire de nous faire un truc un peu mou, expliqua Rio les bras chargés de feuilles humides.
— On va bien dormir, exposa Eve avec un sourire en désignant le gros tas qui était déjà formé.
— C'est pas bête comme idée… admit la verte en regardant Okuda qui sortait les autres sardines de leur pochette.

Les deux filles retournèrent à leurs occupations, et tentèrent d'aplatir leur amas de feuillage. L'anglaise amena la tente, et avec un sourire, l'ouvrit et la lança en l'air. Lorsqu'elle atterrit, elle était déjà installée, restait plus qu'à planter les sardines dans le sol et leur abri était prêt.

— Eve, tu as une tente du futur, admira Rio avec émerveillement.
— Je sais, répondit-elle en regardant Nagisa et Karma qui trimaient pour monter leur propre tente.
— Vous avez déjà terminé ? observa Karasuma-sensei. Je peux regarder ?

Les deux filles hochèrent affirmativement la tête. L'ex-militaire ouvrit la tente, se baissa et tâta le sol. Il se releva en souriant légèrement :
— C'est très bien. Vous devriez bien dormir. Vous pourriez peut-être aller chercher de l'eau dans le lac ?
— Bien sûr !

Après avoir planté leur sardines, non sans prises de tête car le sol était rempli de cailloux, les adolescentes décidèrent de faire la mission que Karasuma leur avait confiée.
En sortant du camp, elles virent Irina essayer de monter sa tente, en vain. En grognant des mots incompréhensibles –sûrement des insultes dans des langues étrangères– elle se tuait à la tâche. Les deux amies se tournèrent vers elle en lâchant les bidons vides.

— Vous voulez de l'aide ? proposa Rio.
— Oh vous… Avec joie, cette tente me met hors de moi ! Bon sang, quand je pense que je suis allée dans les meilleurs hôtels du monde et que je me retrouve réduite à ça… pleurnicha-t-elle.
— On va vous préparer un matelas de feuilles cinq étoiles, consola Eve.
— Oh… merci les gamines, fit sincèrement la tueuse blonde, des étoiles dans les yeux.
Tandis qu'Eve tentait de d'enlever tous les branchages et les petits cailloux, Irina essayait de ramener des feuilles et Rio montait la tente. D'un coup, l'assassin glissa sur un tas de feuilles mouillées, ce qui fit trébucher Eve qui tomba sur Rio, et qui la fit s'écraser sur la tente qui était à peine montée.

SCRATCH.

En tournant doucement la tête, les filles examinèrent là où le craquement c'était fait entendre.

— Noooooooooooon ! s'écria Irina.

Rio et Eve observaient la toile déchirée en silence.
Elles allaient se faire buter.

Bitch-sensei se retourna lentement, le regard fou et glacial.

— Où vais-je dormir maintenant ? prononça-t-elle avec froideur.

Les deux amies se toisèrent. Rio sourit à Eve. Cette dernière en fit de même, en comprenant qu'elles avaient eu la même idée. Une très bonne idée même. Koro-sensei allait être fière d'elles.

Eve se releva et chuchota quelque chose à Irina, qui écarquilla les yeux.

— Il n'acceptera jamais ! bredouilla-t-elle.
— Et pourquoi ? Vous n'avez nulle part où dormir… À moins que vous ne préféreriez dormir au camping. Mais avec le peu de chalets qu'ils ont, ça doit être complet… Puis je pense que votre choix est déjà fait, miaula Eve avec un sourire malicieux.
— Nous irons demander, ajouta Rio, le même sourire aux lèvres. Après tout, c'est un peu de notre faute. Si c'est nous qui lui parlons, il aura plus de mal à refuser.
— Eh bien… réfléchit-elle. Allez-y, je n'ai rien à perdre !

Elle balaya sa queue de cheval en arrière, néanmoins gênée. Eve remarqua seulement maintenant qu'elle s'était changée : elle portait un pantalon d'une matière peu commune qui avait l'air imperméable, des bottes noires qui remontaient jusqu'au genou, et une veste très cintrée qui possédait plusieurs poches. Le tout restait moulant et sexy, mais avait un côté pratique non-négligeable.

En partant vers Karasuma, Eve s'arrêta :
— J'ai envie de gagner de l'argent. Ça te dirait de faire des paris sur le fait que Karasuma et Irina dorment ensemble ?
— Carrément. J'aime quand tu proposes des idées fourbes comme ça. Je suis une future diplomate, laisse-moi l'argumentation et va lancer les paris.
— Avec plaisir, accepta Eve. En plus la dernière fois que je lui ai parlé de Bitch-sensei, ça ne s'est pas bien passé, mieux vaut que ce soit toi qui y aille.

Rio marcha donc jusqu'à la tente de l'ancien militaire, qui vérifiait sa liste et son programme de la journée. La blonde se racla la gorge, et l'homme leva les yeux sur son élève, tout en gardant un visage imperturbable.

— Oui ?
— Désolée de vous déranger, s'excusa-t-elle, mais j'ai un problème.
— Quoi ? répondit-il, un peu plus inquiet.
— Avec Eve, nous aidions Bitch-sensei à monter sa tente lorsque nous l'avons… déchirée. La pauvre se retrouve sans toit, et elle n'a nulle part où dormir, exposa la blondinette.
— Eh bien… (il prit le temps de réfléchir) je ne sais pas ce que je pourrais faire, avoua-t-il en passant la main dans ses cheveux.
— Hm, c'est-à-dire que votre tente serait assez grande pour deux, fit remarquer l'adolescente. (elle croisa le regard étonné de son professeur) Oh ! On ne s'imaginera rien ! On vous connaît, le rassura-t-elle.
— Non, non, tu as raison… Je suppose que je n'ai pas le choix.
— Vous êtes gentleman, sourit Rio. Je cours la prévenir !

Karasuma n'eut pas le temps de rajouter un seul mot que la blondinette tourna les talons pour avertir Bitch-sensei de la nouvelle. En passant devant son amie, elle lui adressa un clin d'œil qu'Eve comprit.

— Bitch-sensei ?
— Oui ? Alors ? s'enquit la tueuse.
— Vous allez passer les meilleures nuits de votre vie, annonça Rio, le sourire jusqu'aux joues.
— … OH MON DIEU ! s'exclama Irina en appuyant ses mains sur son nez qui saignait, déjà éprouvé par tant de pensées malsaines.
— Mais de rien, je vous laisse, fit l'adolescente en partant.

Eve la rejoignit vite, une émotion de joie sur le visage.
— On a mille cinq cents yen (~12€) sur le fait que Karasuma ne laisserait jamais Bitch-sensei dormir avec lui. Je sais pas trop combien ça fait, mais je suis contente quand même ! raconta l'anglaise.
— C'est pas énorme, mais c'est pas mal ! félicita Rio. Viens, on n'est toujours pas allées chercher l'eau.

Sur le chemin, Eve sentit son portable vibrer, elle décrocha :
— Koro-sensei ? Oui, oui tout le monde va bien… Où êtes-vous ? … Là je suis avec Rio devant le lac. Je vous vois ! Bon je raccroche, j'économise ma batterie.

Quelques secondes plus tard, Koro-sensei atterrit juste à côté des jeunes filles. Il leur demanda où était le camp, et s'y rendit pour préparer sa tente et toutes ses affaires. Il voulut leur donner deux guides de survie écrits par lui-même –c'était ça qu'il avait oublié.

— Koro-sensei, on a déjà les bidons d'eau ! répondit Eve en désignant les bidons pleins.
— On ne peut pas tout porter, l'eau sera déjà assez lourde comme ça, rajouta Rio.
— Sensei est triste que vous n'acceptiez pas ses guides…
— On les prendra au camp, rassura Rio.

Eve remarqua que les tentacules –pieds– de Koro-sensei gonflaient car le sol était humide. Elle attrapa discrètement son couteau d'une main, et de l'autre elle souleva le bidon qu'elle venait de remplir et qui n'était pas encore fermé.
Rio continuait de parler, ce qui occupait le professeur.

Elle lâcha le bidon en donnant simultanément un coup de couteau anti-sensei droit devant elle. Même si sa vitesse avait diminué, Koro-sensei évita le coup assez facilement.

— Ta soif de sang a profité d'un moment de faiblesse, mais ce n'est pas suffisant pour argghhh !

Rio venait de tirer sur le poulpe, qui avait évité de justesse la balle.

— Dommage, je le pensais moins sur ses gardes, bouda la blonde.
— Vous ne m'aurez pas comme ça ! déclara Koro-sensei en partant vers le camp.

Au retour, Eve vit que la nuit commençait déjà à tomber. Pourtant il était à peine quatre heures et demi ! En interrogeant son amie, elle découvrit que c'était un phénomène normal pour la fin d'un mois d'Octobre. Elles ramenèrent toutes les deux les bidons d'eau, qui mine de rien pesaient leur poids.

En arrivant, les filles reconnurent ce qui devait être la tente de leur professeur principal : quelque chose de gros, extravagant, de couleur voyante et qui devait presque faire deux fois la taille d'Eve en hauteur.

Karasuma avait déjà préparé le foyer de ce qui serait le futur feu de camp, et les élèves attendaient autour. Ils semblaient les attendre. Les filles posèrent l'eau et rejoignirent les rangs pour écouter Karasuma.

— Je voudrais un groupe volontaire pour ramener du bois et allumer le feu avec ce briquet, commença Karasuma
— Facile ! répondit Terasaka. Mon groupe le fera.

Terasaka se rapprocha du tas de bois, et attrapa le briquet que lui tendait le professeur. Il entreprit tout d'abord de brûler une des branches. Elle noircit sous la chaleur du briquet, se consuma peu à peu mais ne brûla pas au sens propre du terme.

— Bah alors, t'y arrives pas ?
— La ferme Karma ! ragea le yankee. Tu veux essayer peut-être ?!
— Avec joie, on ira plus vite.

Le rouquin reprit le briquet, mais changea d'approche. Il s'attaqua à une branche plus fine et couverte de feuilles sèches. Terasaka claqua sa langue : lui aussi aurait pu le faire s'il avait remarqué la fameuse branche.

Comme on pouvait s'y attendre, Karma parvint à démarrer le feu, et tous purent faire réchauffer leur repas. Une petite boîte de conserve qui contenait une espèce de bouillie pâteuse avec des morceaux de viande filandreux.
Eve, malgré le goût fade du « plat », avait terminé et tentait de racler le fond.

— Tu veux ma part ?

Eve se tourna vers Nagisa, le visage déconfit.

— Je suis végétarien, et il y a de la viande donc…
— Enlève les morceaux de viande ! Il faut que tu manges ! le gronda-t-elle.
— Ça a le goût…
— Tu as la peau sur les os ! Avec le peu de graisse que tu as, tu ne tiendras pas longtemps si tu ne manges pas, ajouta l'anglaise.
— Toi, tu devrais tenir par contre, fit remarquer Rio.
— Y'a que Hara qui n'est pas fine comme mon petit doigt ! Et elle a bien raison, un coup de vent et vous vous envolez, rétorqua Eve, vexée. Le gras c'est la vie ! Et j'en ai pas tant que ça. Enfin bref. Je ne vais pas te forcer à manger.

Pendant que les autres finissaient leur repas, Karasuma qui avait déjà terminé prit la parole :
— Ce stage reste néanmoins un cours. Il y aura donc des leçons, mais pas besoin de prendre de notes. Bien, quelqu'un a déjà entendu parlé de la règles des trois ?
— Heu… en math ? tenta Fûwa.
— Elle existe en math, mais en survie, c'est différent, répondit Karasuma avec un léger sourire.
— Quelque chose comme trois minutes sans respirer, non ? tenta Karma, en voyant le silence de l'auditoire.
— Trois secondes d'inattention –lorsque vous bougez–, trois minutes sans respirer, trois heures sans se protéger de l'environnement –garder sa température à trente-sept degré, du froid, de la chaleur–, trois jours sans eau, trois semaines sans nourriture et trois mois sans contact humain. Bien sûr, ces données sont très critiquables. Elles dépendent des conditions et de l'individu en question. Mais elles servent surtout à maintenir un cadre, des objectifs. En survie pure, il faut un objectif.

Bien que ce soit intéressant, l'anglaise se sentait d'ores et déjà piquer du nez.

Tiens, combien de temps un homme tient-il sans dormir ?* pensa-t-elle en somnolant.

Après ce maigre repas, la forêt était déjà sombre et remplie de bruits tous plus suspects les uns que les autres. C'est en baillant comme une masse qu'Eve rentra dans sa tente, retira son short, puis finalement sa veste après quelques hésitations.

Elle resta en legging et t-shirt et se glissa dans le duvet, imitée par son amie.

— Bonne nuit, souffla Eve.
— Bonne nuit, sur notre douuux matelas de feuilles…

…xX*Xx…

En sortant de la tente le matin, Eve sursauta en croisant Rio, tout habillée de cuir, qui tenait un fouet. Sans trop comprendre pourquoi, l'anglaise se mit à courir.

Dans ses mains se trouvaient une carte et une boussole. Les avait-elle seulement pris en sortant de sa tente ? Rio la suivait pour la fouetter.

— MAIS RIO ARRÊTE ÇA !

Elle n'entendit pas sa réponse. Avait-elle simplement répondu ?
D'un coup, elle remarqua devant elle Karma, qui avait aussi un fouet.

Elle le contourna juste à temps pour éviter le coup qu'il lui porta. Bon sang mais que se passait-il ?!

Toujours en continuant de courir, Eve se perdit dans la forêt. Il faisait sombre, et le brouillard ne permettait que peu de visibilité. Elle avait la désagréable impression de ne pas réussir à courir. Comme si ses jambes étaient coincées dans de la gelée, c'était si frustrant…

Eve regarda sa boussole et sa carte.
Elle trébucha. Sa boussole éclata dans un tintement strident. Il fallait qu'elle avance. Elle attrapa la carte, mais à son simple contact elle se déchira en petits morceaux.

Etouffant un hoquet de surprise et d'angoisse, elle se releva.
Sans savoir comment, elle se retrouva devant un lac à l'allure douteuse. Ses eaux étaient boueuses et agitées, et les plantes semblaient toutes mortes. Tout paraissait mort, sans vie. Dans un cadre aussi sordide, elle observa les horizons pour pouvoir s'enfuir. Une grosse ombre lui bouchait la vue. Koro-sensei, pendu à un arbre était couvert de sang noir. Ses tentacules traînaient sur le sol et d'un coup sec bougèrent vers elle pour l'attraper.

Tels un boa, ils l'étouffèrent en lui coupant la circulation sanguine tandis que Koro-sensei murmurait doucement :
— Vous… m'avez tués... Vous avez… tué votre professeur. TU m'as tué…

À cet instant, Eve ouvrit les yeux pour ne trouver que du noir. En haletant, elle tenta de se redresser mais eut une difficulté à le faire. Elle comprit qu'elle était dans un duvet. Elle haïssait cette sensation se réveiller mais d'ignorer où l'on se trouve.

Elle se souvint de cette sortie, de la tente, du feu de camp, de la boîte de conserve…

Bon sang, ce rêve –ou plutôt cauchemars– avait vraiment été bizarre…


*Combien de temps un homme peut-il vivre sans dormir ? Le record est à 11 jours. Sauf qu'entre deux on devient irritable, paranoïaque... des trucs pas super sympas.

Note : Le lac existe bel et bien, pour les curieux. Et il y a bien une caserne militaire pas trop trop loin.


A suivre !

Vous pouvez commenter pour la survie des lombrics mauves de la Malaisie Tropicale /osef/.