23/09/2016

JE. SAIS.
Mon retard est énorme, mais vu que vous êtes adorables, vous allez me pardonner, hein? o_o

Blabla de l'auteure (ou pour ceux que ça intéresse de connaître la raison de ce retard impardonnable) : Aloooors... Par quoi commencer ? Pour être honnête, je ne sais même plus quand j'ai posté un chapitre pour la dernière fois. Je crois que c'était celui de 8000 mots. Je vous rassure, je ne fais PLUS JAMAIS CA. J'ai mis 3000 ans à l'écrire, et après j'étais trop crevée. Bon, après j'avoue que c'est pas vraiment ça qui a joué.
Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que j'aime me plaindre. Mais làààà... En gros j'ai passé des vacances à chier. Et une année pas top (pour pas dire carrément nulle). Juillet était chiant comme la mort (sauf le début où je suis allée à la JE -coucou Pru'-). Août était un peu différent, parce que j'ai eu un "remontant", qui m'a carrément lâché comme une vieille merde (ce qui m'a déprimé comme pas permis. HEIN, SALE ANGLAIS DE MES DEUX). Bref, j'étais mais alors VRAIMENT PAS en condition d'écrire. En fait, j'étais en condition pour rien. Je déprimais, salement. Mais ça va mieux (enfin un peu). Puis même si c'est pas le cas, j'ai prévu de régler le problème :p (non je vais pas me suicider. Enfin pas avant la fin, je suis pas une bitch quand même /OKE JE DECONNE/)

J'espère que votre rentrée s'est bien passée, que vous vous êtes fait des amis, que vous vous sentez plus ou moins bien à l'école... Bref, vous pouvez m'en parler sinon je compatirais avec plaisir XD

SINON, je vais à l'animasia (Bordeaux) si ça intéresse, dites-moi dans les comm :)

Bon chapitre ! (même si je sais qu'il est pas top, mais je fais mieux pour le prochain q_q)


Chapitre 27 - Une leçon annuelle

— Alors, ça s'est bien passé ?

Eve leva la tête avec une certaine lenteur. Pourquoi avaient-il tenu à la réveiller si tôt un dimanche matin ? C'était criminel.

— C'était cool et intéressant. Mais fatigant. Et prendre une douche chaude ne m'avait jamais autant manqué. Regardez mes cheveux ! Tout doux, tout propres et qui sentent bon, fit-elle en pointant sa crinière impeccable sous le nez de ses parents.
— Tu veux manger quelque chose de spécial ce midi ? demanda William en ignorant sa fille.
— Oh papa je veux une omelette. Ta recette d'omelette. Et tes chèvres-chaud, maman. Même des épinards si tu veux. Oh et ton ragoût à je-sais-plus quelle viande, quémanda la jeune fille.
— Des épinards ? Mon ragoût ? Mais tu râles toujours quand j'en fais ! s'étonna Mrs Bell.
— Oui ben là j'en veux, insista Eve.
— Roxanne, je crois que ce n'est pas notre fille qui est devant nous, soupçonna moqueusement le père.
— Je le crois bien, chéri. Mais elle est moins embêtante que notre fille alors gardons-la, ajouta Roxanne.
— Maman ! J'hallucine quoi ! s'offusqua Eve. Si c'est ça je fugue !
— Je sais pas si c'est aussi comme ça au Japon, mais tu as bientôt seize ans alors émancipe-toi si ça te chante, se moqua affectueusement la maman.

Le visage d'Eve changea d'humeur en quelques secondes. En effet, dans moins d'une semaine elle aurait seize ans. La maman le remarqua, jeta un regard mi-désolé, mi-gêné à son mari et soupira.

— Eve ma chérie… commença-t-elle.
— C'est rien maman. Je vais aller me laver, ça m'a vraiment manqué, répondit Eve en rangeant son assiette dans le lave-vaisselle. J'ai des devoirs, appelle-moi pour le déjeuner.

Arrivée dans sa chambre, Eve s'assit sur son lit, collée à la fenêtre. Elle suivait les nuages d'un air absent. Pourquoi les années continuaient-elles à passer, indifférentes ?
Elle soupira. Le temps passait, c'était immuable.

…xX*Xx…

Le lendemain, comme chaque jour d'une semaine ordinaire, Eve se rendit au collège. Elle s'était levée à l'heure, avait mangé à l'heure et était partie à l'heure. À chaque année où arrivait cette période, elle n'avait plus envie de rien. Pourtant un anniversaire, c'est joyeux, non ?

En plus c'était une journée spéciale orientation.
Comme si la semaine n'était pas assez terrible, il fallait ajouter une question existentielle à laquelle l'anglaise ne pouvait actuellement pas répondre. Non, mais demander à un gamin de quinze ans quel métier il ferait le RESTANT de sa vie était quelque chose de complètement idiot pour Eve. C'est comme si on posait comme dilemme « Tu préfères mourir noyé ou brûlé plus tard ? » à un enfant de dix ans. C'était stupide.

Enfin, il fallait que ça arrive.
En arrivant en classe, elle remarqua qu'il y avait encore peu de gens. Les uniformes étaient ceux d'hiver à présent, même si cela restait léger pour l'instant.

Elle passa devant Hara qui était assise à grignoter des barres de céréales. L'odeur du chocolat attira l'odorat de l'anglaise.

— Tu tires une tête ! Ça va pas ? demanda Hara pour entamer une conversation.
— Hm. Je suis toujours déprimée, nan ? répondit Eve mollement.
— Selon tes amis, tu es juste –je cite– ''chiante'' d'habitude, se moqua la japonaise. Tiens, si t'es déprimée. (elle tendit un généreux morceau de sa barre de céréale recouverte de chocolat) C'est bon pour le moral.
— Je… Merci beaucoup, fit l'Anglaise avec émotion.

Le chocolat, comme pour de nombreuses personnes était vital chez Eve. C'était un gage très important que d'en donner, selon elle. Elle accepta, les yeux remplis de gratitude. Cela illumina presque les idées sombres de la brunette.

— Je t'en ramènerais demain, va, la remercia-t-elle avant de croquer dans la barre chocolatée.
— Haha, je prends note ! répondit Hara avec un clin d'œil.

Puis Rio arriva. Eve alla la rejoindre et elles commencèrent à discuter de tout et rien. Contrairement à son amie, Rio n'avait pas l'air paniquée du tout pour l'orientation. La blonde était d'ailleurs rarement stressée, un trait de caractère que lui enviait souvent l'anglaise, qui avait le sang chaud et le stress facile.

Nagisa rejoint leur discussion quelques minutes. En parlant, Eve se rendit compte que sa feuille était encore vierge lui aussi avait l'air perdu ce qui d'un côté rassura la brunette. Après un moment d'inattention, Rio griffonna avec un sourire malicieux sur la fiche de Nagisa. Eve se douta que ce n'était pas quelque chose de très sérieux.

— Tient, Eve tu ne m'avais pas dit que ton anniversaire était en Novembre ? se rappela Nagisa.
— Oh tient, c'est pax faux, admit Rio. J'ai jamais su me rappeler de ce genre de jour. Scuse.
— Pas grave va. C'est déjà passé, mentit-elle. C'est tombé un dimanche et j'ai pas trouvé franchement utile de vous en parler.
— Quand même ! insista Rio.
— Toi c'était en Août, non ? Tu ne me l'as pas dit non plus, remarqua Eve.
— C'était juste avant de partir en voyage sur les îles du Sud… Tu sais, pour l'assassinat de Koro-sensei.
— Ah, d'accord… Et toi Nagisa ? demanda Eve.
— Déjà passé aussi, c'était le vingt Juillet, répondit-il.
— Décidément ! Personne est né après Novembre et avant Mars ici ? s'exclama la brunette.
— Si, moi, fit Karma en arrivant.
— Mais on s'en fiche de toi, répliqua Rio avec un sourire
— POPOPOOOOO ! ricana l'anglaise en applaudissant son amie.
— Qu'elles sont mignonnes, fit Karma en allant s'assoir près de Nagisa. Ah Rio c'est ton tour, Terasaka vient de sortir.

L'intéressée se leva et rejoignit le bureau de Koro-sensei. Les élèves restants parlaient de tout et de rien, mais à la table de Nagisa le silence pesait.
Eve, bien plus loquace que ses deux camarades, entreprit de relancer la conversation :
— Tient, Kayano n'est pas là ? fit-elle en feignant l'avoir tout juste remarqué.
— C'est vrai, remarqua Nagisa en regardant autour. Peut-être que sa blessure la fait souffrir ?
— Possible, répondit juste Karma.

Le silence revint. Nagisa se leva pour vérifier –plutôt espionner selon Eve– que le rendez-vous de Rio se passait bien, laissant seuls Eve et Karma.

— Tu es… déjà passé ? tenta Eve pour relancer une nouvelle fois la conversation.
— Ouais, au début.

Fin de discussion.
Lasse, elle laissa le silence s'installer. Après tout, elle n'allait pas s'embêter à essayer de parler s'il n'en avait pas envie. Elle retourna sur son portable pour renvoyer des messages à Aura, en sachant pertinemment qu'elle dormait. Mais Aura faisait de même lorsqu'il faisait nuit au Japon et que par conséquent Eve dormait.

L'anglaise jeta des coups d'oeil ennuyés autour d'elle : quasiment toute la classe ne possédait plus la petite feuille d'orientation, elle et Nagisa devaient être les derniers à ne pas être passés.

Karma regarda la feuille d'Eve.

— Tu restes à Kugunigaoka ? demanda-t-il étonné.
— Quoi ? Môssieur me juge parce que je reste ici ? J'ai pas envie d'aller dans le meilleur lycée de Tôkyô, je m'en fiche moi, répliqua-t-elle.
— Moi non plus, répondit Karma, amusé. Avoue, tu me stalkes.
— Comment ça ? Je… (elle mit quelques instants avant de réaliser ce qu'il voulait dire) Genre tu restes ici ? T'es malade mon pauvre ! Tu aurais le niveau pour aller à Oxford, à Harvard et… Poudlard ! Mais non le gars reste ici !
— Poudlard ?
— Moi je dis, c'est plus toi qui veux rester avec moi, réfléchit Eve. T'as le niveau pour aller partout mais tu restes ici. C'est plus que suspect.
— Kugunigaoka a un très bon niveau. Et j'ai un excellent rival ici.

L'esprit tordu d'Eve ne fit qu'un tour.

— Oh j'ai compris. C'est pas pour moi que tu restes, comprit-elle enfin.
— Tu piges que maintenant ? soupira-t-il avec un sourire.
— Oh oui, je pige que maintenant. Mais t'inquiète pas, je ne dirais rien aux autres, confia la brunette avec un sourire presque inquiétant. C'est vrai qu'Asano-fils est pas trop mal.
— Putain Eve mais de quoi tu parles ?! s'emporta Karma, agacé de ce quiproquo gênant.
— Ben… t'as sous-entendu un truc tout à l'heure. Maiiiis (il tenta de la couper), je ne dirais rien, promis.
— Arrête de penser des trucs bizarres… perverse, va, conclut-il.

Karma était fatigué de devoir supporter une idiote –qui pouvait être futée, si Dieu le souhaitait– avec une imagination aussi étrange. Enfin, tant qu'elle ''gardait le secret'' et ne racontait rien à personne, il aurait la paix. Mais il n'était pas dit qu'elle n'en parle pas à Rio dès qu'elle sortira. Karma connaissait les filles : « Je ne dirais rien » signifie « Je le dirais juste à ma meilleure amie qui le dira à son autre amie proche, qui le dira elle-même à sa meilleure amie… etc ».

À cet instant, Nagisa revint et l'Anglaise comprit que son tour arrivait.
Dès que Rio sortit, Eve prit sa place, bien décidée à en finir le plus vite possible.

— Rio ?
— Oui Karma ? répondit-elle, étonnée d'être aussi rapidement apostrophée.
— Si Eve te dit un truc bizarre me concernant : sache que c'est n'importe quoi, précisa Karma.
— … Je prends note, dit Rio avec un certain amusement.

Eve entra dans le bureau de Koro-sensei, non sans appréhension. Il allait sûrement lui poser un tas de questions auxquelles elle n'aurait aucune envie de répondre. Elle s'assit

— Tu as l'air agacée, vit le professeur.
— Je n'ai pas envie de répondre à toutes les questions que vous allez me poser parce que je n'en connais pas les réponses, récita-t-elle avec une pointe d'énervement.
— Je vois. J'avais prévu un tel cas, surtout pour toi.

Il se retourna, fouilla dans un classeur –sûrement celui où il notait tout ce qui concernait les élèves– et en sortit le dossier d'Eve. Dans celui-ci, il sortit un nouveau sous-dossier qu'il posa sur la table.

— C'est un test d'orientation, des aides et en prime le guide écrit par moi-même pour savoir comment réagir dans ton cas.

Eve se retrouva avec un petit guide de trois cent pages environ, un test et d'autres petites brochures. Elle était déjà épuisée rien qu'à les regarder.

— Et tu veux donc rester à Kugunigaoka ?
— Quoi, c'est un mauvais choix ? répliqua-t-elle, peut-être un peu sèchement.
— Pas du tout, Eve-san. Cesse donc de t'énerver dès qu'une personne n'est pas d'accord avec tes choix, conseilla Koro-sensei avec douceur.
— C'est pas ça c'est juste que… Rah… désolée je suis un peu sur les nerfs en ce moment.

Tu es souvent sur les nerfs alors ! gloussa moqueusement son inconscient.

— Un problème ?

Elle leva les yeux.
Elle lui avait déjà confié énormément de choses. Mais il n'allait rien pouvoir faire cette fois, autant de ne rien dire, non ? Puis mince quoi, elle était fatiguée d'être toujours la gamine aux problèmes pas possibles et inimaginables. Pourquoi les autres, qui avaient eux aussi leurs problèmes, se débrouillaient mieux qu'elle ? Bonne question.

Koro-sensei attendit, puis sembla se rappeler de quelque chose. Il ouvrit le dossier d'Eve, et son sourire déjà énorme s'élargit.

— Demain, c'est ton anniversaire, non ? Le vingt-cinq Novembre, dit-il avec joie.
— Ah, c'est vrai, répondit-elle en feignant la surprise.
Bon. Pour le coup elle n'avait pas été très bonne actrice. Mais si elle ne voulait pas en parler, laisser couler, ça serait bien plus simple pour tout le monde. Surtout pour elle, en fait.
Koro-sensei ne dit rien de plus, mais parut presque hésiter. Eve se leva et rejoint la salle de classe où elle pu discuter avec tout le monde.

La journée se déroula sans encombre, jusqu'à ce qu'à quatre heures elle reçoive un appel. Eve décrocha et fut étonnée d'en voir le destinataire.

— Oui, Aura ?
— Allô ? Attends, tu m'entends ? demanda la rouquine.
— On entend à l'autre bout du couloir, rigola Eve.

Elle n'avait pas tout à fait tort : Rio, qui était à côté d'elle entendait largement de ce qu'elle disait.

— Je sais que tu n'aimes pas qu'on te le souhaite, mais quand même, joyeux anniversaire ma belle ! félicita Aura.

Il y eut un lourd silence.

— Quoi, je me suis trompée ? interrogea Aura. Je pensais qu'il fallait que j'appelle pour seize heures, et avec le décalage horaire… Oh merde, j'aurais dû appeler à seize heures, heure d'Oxford pour qu'il soit minuit à Tôkyô… Je voulais appeler à minuit pour être la première à te le souhaiter.
— Je… merci quand même, fit Eve.
— Ça va pas ?
— Je ne m'y attendais pas, mentit l'Anglaise. Bon, je vais te laisser, j'ai cours là.
— Oh oui moi aussi, deux heures de math en plus ! Bisouuuus ! cria Aura.

Eve attendait la réaction de Rio.
En même temps, comment aurait-elle pu deviner que son mensonge serait découvert ? Dans des conditions normales, personne ne l'aurait su, à part Koro-sensei !

La blonde regardait d'un air sévère son amie.

— On va faire simple : tu me dis pourquoi tu m'as menti, tu m'expliques, on règle l'histoire et The End.
— C'est ce… tenta Eve.
— Non, non et non. Je n'ai pas envie de passer trois mille ans à te sortir les vers du nez comme je l'ai déjà fait. Plus vite tu m'auras dit, plus vite tu seras tranquille. Ça profite à nous deux, s'énerva Rio.

Pour le coup, Eve comprenait son amie. À sa place, elle l'aurait déjà engueulée d'avoir une vie aussi merdique et aussi pleine de secrets. Mais Nakamura Rio, derrière ses airs provocatrice et moqueuse, était une très belle personne. Elle paraissait peut-être individualiste, mais il n'empêchait qu'elle tenait extrêmement à ses amis.

— Tu veux qu'on en parle quand ? demanda Eve.
— Maintenant. À la pause. Sinon même à tes cinquante ans je ne saurais toujours rien.

À la pause suivante, c'est-à-dire la fin de la journée en réalité, les deux amies eurent l'occasion de se parler. Après les cours de Karasuma, qui pour le coup avaient été vraiment fatigants, Eve et Rio préférèrent rester un peu au collège pour se reposer.
Se laissant bercer par la brise qui annonçait l'arrivée d'un hiver froid, les deux collégiennes cherchèrent un coin suffisamment tranquille pour pouvoir parler librement.

Elles s'assirent au coin d'un grand chêne. Eve se demanda s'il était l'origine du nom de leur établissement : Kugunigaoka signifiait « Feuille de chêne à dent de scie », ou quelque chose du genre. Seule le vent froid émettait un son, l'Anglaise était toujours dans ses pensées, observait le gros chêne aux branches aussi imposantes qu'impressionnantes tandis que Rio attendait patiemment que son amie parle, encore.

— Bon. On va la faire courte et raconter –encore– un des épisodes marquants de ma vie, qui font de moi une pauvre humaine dont le caractère est-
— Oui, Eve, je ne vais pas juger ta vie de merde, rassura Rio.
— Bon. Tout ça s'est passé il y a exactement trois ans. Enfin, non. Ça fera trois ans demain, mais bref. À l'époque, ma cousine, Colombe habitait avec nous. Ses parents étaient en voyage à Hawaï, ou une connerie du genre. Elle était devenue la sœur que je n'avais jamais eue, et que je rêvais d'avoir. On communiquait vraiment mal : elle parlait peu l'anglais et moi vraiment pas le français. Mais on s'entendait comme si on vivait ensemble depuis la naissance. Le jour de mes treize ans, elle voulait me faire une surprise et me rejoindre devant la sortie de mon école. Elle y était déjà venue pour les quelques évènements qu'il proposait. Le truc c'est que… L'Angleterre n'est pas réputée pour avoir un très beau climat, et encore moins en automne. Il pleuvait comme pas possible et la visibilité était donc réduite. La voiture n'a pas vu Colombe traverser. Juste devant mon école. (elle avala difficilement sa salive, mais tenta de continuer sans exprimer le moindre sentiment) Ma tante ne l'a jamais pardonné à sa sœur. On ne va plus en France depuis. Chaque année, elle envoie une carte pour me souhaiter un bon anniversaire. Elle y glisse une photo de Colombe. Pas besoin d'expliquer le message.

Rio resta muette.
Derrière le caractère de chien de son amie se cachait de véritables pièces de puzzles complètement détruites. Bien sûr, elle aussi avait connu des épisodes marquants dans sa vie. Des choses tristes. Mais elle était surprise qu'Eve, qui paraissait plus au premier abord bien lotie et pourrie gâtée (ce qu'elle était un peu finalement, puisque ses parents la ménageaient depuis cet épisode) était plus mature qu'elle ne le laissait prétendre.

— Bref, chaque année j'essaie d'oublier que c'est mon anniversaire, et j'essaie d'oublier que j'ai une cousine. Fin de l'histoire. Bad end, encore.

La blondinette réfléchit à sa réponse.

— Te casse pas la tête à trouver les bons mots, j'ai pas besoin de « Oh ma pauuvre machin bidule truc » et de « Tu sais je suis là si tu as be-
— Je me disais juste que tu avais vraiment une vie de merde, en fait, réalisa Rio en imitant une certaine spontanéité.
— M-m-mais c'est toi la merde ! balbutia Eve en lui lançant sa chaussure avec violence.

Au final, ce fut une petite bataille qui se fit dans la bonne humeur. Rio avait bien eu raison de tourner la conversation dans ce registre : son amie avait juste besoin de penser à autre chose. Et vu la classe qu'elle avait, ça ne serait pas bien compliqué.

…xX*Xx…

— Rio ?
— Quoi, Oliver ?

La japonaise avait trouvé une bonne idée de surnommer son amie « Oliver », en référence au célèbre Oliver Twist de Charles Dickens, un pauvre orphelin à qui il arrive toutes les misères du monde. Eve étant anglaise et ayant déjà dû lire le livre pour l'école, Rio était fière de son surnom car elle trouvait qu'il collait parfaitement.

— Arrête avec ton surnom moisi, là, rigola Eve. Non sincèrement, j'y pensais : je me suis plainte à toi tellement de fois que tu devrais me haïr tellement je te soûle. Mais toi, tu ne t'es jamais plainte. C'est quand même incroyable !
— Peut-être parce que je n'ai aucune raison de le faire ? suggéra Rio.
— Je voudrais instaurer un truc : je me plains, tu te plains.
— Par la barbichette, le premier qui rira aura une ta-pette, chantonna la blondinette, pas franchement attentive à ce que disait son amie.
— Oh tu me fatigues ! lança Eve.
— Non sérieux, ça me va, accepta Rio après.

Avant que le cours ne démarre, Eve eut juste le temps pour donner la barre chocolatée promise à Hara avant de partir en vitesse à sa place. Koro-sensei commençait à stresser, tout comme les élèves, d'ailleurs, et pour cause ! Les derniers examens soient ceux de milieu de second semestre, approchaient bien trop rapidement.

La classe devait donc suivre un cours de mathématiques d'une difficulté hallucinante. En voyant toute cette craie gaspillée sous formes de symboles et de chiffres placés totalement aléatoirement –selon Eve–, une majorité de la classe se demanda franchement à quoi cela allait leur servir plus tard. Seul quelques élèves arrivaient à comprendre parfaitement le cours, les autres étaient plus perdus et déprimaient d'avance : leurs devoirs leur prendraient encore un temps fou de leur soirée.

Nagisa paraissait mal à l'aise.
Kayano, qui était revenue demanda la raison de cette humeur, plutôt inhabituelle chez l'assassin de la classe. Sugino, encouragé par Rio et Eve essayaient de faire revenir sa bonne humeur, mais rien n'y fit.
La joueur de baseball, en apprenant que sa mère viendrait grimaça.

— Je l'ai vue une seule fois : elle était vraiment sévère, expliqua-t-il.

Ça ne fit qu'accentuer le mauvais ressenti de Nagisa.
Pour le rassurer, ses amis lui dirent qu'ils resteraient avec lui, dehors mais Nagisa les contredit : « Franchement, ne restez pas, s'il-vous-plaît. ».
Mais, finalement ils étaient bien d'accord : ils resteraient tous. Pour le soutenir, même de loin, et parce que malgré tout ils étaient trop curieux.

Après la fin des cours, les apprentis assassins se ''cachèrent'' derrière les fenêtres de leur classe et observèrent le rendez-vous parent-professeur.

— Mais pourquoi c'est Koro-sensei qui fait le rendez-vous ? fit Eve. Il est pas crédible !
— T'as rien écouté ! se lamenta Rio.
— Karasuma-sensei n'est pas là, expliqua Kayano avec douceur. Du coup c'est Koro-sensei qui le remplace… on fait avec ce qu'on a…
— Pauvre Nagisa, fit Sugino.

En effet, Koro-sensei avait teint à la manière d'un caméléon sa peau en un beige, qui imitait assez bien la peau humaine malgré tout. Il avait enfilé un costume, pareil à ceux qu'on pouvait voir sur n'importe quel employé de bureau. Sugaya lui avait fabriqué un nez, et peint des sourcils censés imités ceux que possédaient Karasuma.

Pourtant, le rendez-vous se passait étrangement bien.

— Je parie que Koro-sensei va merder… chuchota Karma.
— Arrête, tu vas lui porter la poisse ! le gronda Eve.

La mère de Nagisa, qui était vraiment jolie, sourit et ria aux blagues de Koro-sensei. L'ambiance changea du tout ou tout.

— L'idéal aurait été qu'il soit une fille, vous savez, expliqua-t-elle comme si cela avait été une évidence. Mais il ressemble à une fille lorsque je lui détache les cheveux, alors ça me va !

À cet instant, Eve décrocha.
La raison pour laquelle il ressemblait à une fille lui semblait évidente à présent. Elle songea qu'il n'avait pas eu une enfance des plus tendres non plus. Bon dieu, qu'avait donc été son enfance ? Avec une mère pareille, elle imaginait le pire. Mais où donc était son père ?
Pas dans cette salle visiblement.

Elle vit Madame Shiota sortir au dernier moment. Elle faillit avoir une crise cardiaque lorsqu'elle aperçut son visage, pourtant si joli il y a bien quelques minutes, déformé par une rage si intense qu'elle lui fit presque aussi peur que le visage psychotique du Dieu de la Mort. Pourtant, lui seul était sûrement sa pire peur.
Elle préférerait donner un rein plutôt que se retrouver face à lui une nouvelle fois. Néanmoins, il se trouvait dans une prison ultra-sécurisée. Alors, elle ne voit pas pourquoi elle devrait le revoir…

Peu de temps après, Nagisa sortit, l'air hésitant.

En le voyant ainsi, jamais Eve ne se serait doutée qu'il s'agissait en réalité un jeune garçon s'approchant le plus de ce qu'on pourrait qualité un assassin professionnel.
Et pourtant.

Comme quoi, la classe E avait encore son lot de secrets à découvrir.


A suivre !
Commentez juste pour l'auteure, qui a beaucoup à se faire pardonner q_q (pis en plus la 100ème review aura un bisou ou cookie. Ou les deux)