1/09/2018
IMPORTANT : Je suis absolument désolée. J'aurais voulu terminer cette histoire avant de commencer mes études. Cette année je m'apprête, et j'ai déjà plus ou moins commencé (Pré-rentrée du tutorat rpzzz) mes études de médecine. Et je sais que je n'aurais pas le temps d'écrire pendant cette année. Je ne veux rien promettre, même pendant les vacances parce que d'abord mes premières vacances seront en Décembre (rpz la PACES), contrairement à la majeure partie des étudiants, et surtout je sortirais de 4 mois de cours intensifs juste après mon premier concours. Pour ceux et celles qui l'ignorent, la PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé, donc pas que médecine en soit, mais je m'égare) est une année connue pour sa difficulté : on sort du lycée où on est couvés (on s'en rend pas trop compte, mais je vous assure que c'est le cas) à un concours où on affronte des gens qui ont déjà fait une année (voire deux même). Bref. Tout ça pour dire que je voudrais la réussir en 1 an et donc m'y consacrer pleinement.
Ça ne veut pas dire que cette histoire n'aura pas de fin : je sors TOUJOURS une fin. Je ne peux juste pas laisser une histoire publiée incomplète, ça me rend malade, je vous jure.
Bref, vous aurez une fin. Je ne peux juste pas vous dire quand. J'espère que vous comprendrez.
Blabla (encore oui) : Sinon, j'avoue que je suis pas très fière de moi. Je comptais vraiment écrire le maximum : ce que j'ai fait en Espagne et une fois rentrée... j'avoue que c'était pas ça. J'ai été plutôt occupée, je l'admets, mais j'aurais pu avoir le temps parfois. J'avoue que le fait qu'il y ait de moins en moins de réaction joue aussi... Je remercie vraiment ceux qui le font. Parce que sans vous je crois que les deux derniers chapitres que j'ai sorti n'auraient pas vu le jour. Donc merci x) Et j'espère que vous reviendrez voir au moins la fin un jour !
Réponse aux reviews :
KokyuShiro Aoi : Heyy ! Bienvenue à toi et merci pour la review ! Navrée que tu n'arrives que maintenant... J'espère que tu oublieras pas cette histoire trop vite si tu attends la suite XD Et Rio et Eve tiennent trop l'une à l'autre. Ca va être compliqué, mais ça viendra !
Kaliska : Franchement, te fais pas de bile : ça fait bidon mais le bac c'est pas si compliqué. Après, j'avoue que je visais pas des études sélectives à l'entrée (par contre j'ai un concours à la fin de la 1ère année XD), donc je me faisais pas de stress, je visais la mention juste pour la forme (j'ai eu bien au fait, ce qui est déjà pas mal compte tenu de ma moyenne annuelle). Si tu écoutes (jte jure c'est important) et que tu fais les exos du cours tu t'en sors large. Faut pas se démotiver :D
ET MERCI. Ca fait plaisir de voir que quelqu'un l'a relevé : autant c'est pas étonnant de voir Isaac jauger une situation et considérer comme une simple variable dans une équation, autant c'est bien plus étonnant du côté d'Eve.
Oui, Koro-sensei va ENFIN être considéré comme un être humain par la classe ! (ou presque)
Mais oui. En fait, ça m'a énervée que les élèves fassent rien. Je veux dire, ils SAVAIENT que Kayano allait attaquer. Même si elle est ultra forte, si toute la classe s'y mettait, ils pouvaient changer la donne, au moins se préparer. Réfléchir à quelque chose. A la fin, Koro a failli CREVER parce qu'aucun d'entre eux (à part Nagisa) ne s'est bougé le cul.
Oui bon clairement Kayano était timbrée donc elle fait ce qu'elle peut XD Et oui, Eve va carrément pas filer un bon coton sans Rio avec elle. Cette gosse ne sait pas se gérer seule, et sincèrement si elle était à peu près stable avec Aura, c'est Rio qui arrive le mieux à s'en charger. Et ômondieu cette réplique du résumé foireux ! :')
ET OUI OMONDIEU J'AI HÂTE D'ECRIRE LA CIVIL WAR ENTRE ELEVES. BLBLBLBLB. Un jour peut-être u _u
Merci encore pour ta review !
BON CHAPITRE !
Chapitre 37 — Leçon illégale I
Après la soirée de la veille, Eve s'était pris un sacré savon. Elle ne pouvait pas en vouloir à ses parents, mais concilier un emploi du temps de collégienne normale et d'apprenti-assassin n'était pas aisé.
La révélation de Koro-sensei trottait toujours dans sa tête. Ça concordait et elle le savait. Les expériences réalisées l'avaient été dans le laboratoire que Ritsu avait trouvé. Que Koro-sensei arrive aussi bien à éviter tous les assassinats, car lui-même en était un. Tout. Concordait. Et la fameuse phrase qu'il avait prononcée lors du voyage sur l'île pendant les grandes vacances d'été : « J'ai déjà vu la mort assez de fois pour ne plus la craindre. »
Tout collait.
Et pourtant l'idée que tout cela soit vrai lui semblait encore étrangère. Comme si ce n'avait été qu'un rêve particulièrement réaliste qui concordait avec les informations qu'avait trouvées Eve. Et à aucun moment la jeune fille ne doutait de la véracité des propos de son professeur : elle n'arrivait juste pas à se convaincre que c'était vrai depuis tout ce temps.
Les vacances d'hiver venaient à peine de commencer. Le froid mordant donnait envie à n'importe qui de rester chez eux à profiter de leur lit chaud plutôt que d'affronter le vent glacé.
Et c'est dehors, attendant en se frottant les épaules qu'Eve attendait. Cette enflure d'Isaac l'avait fait venir pour un entraînement. Dans le froid. Elle pensait qu'elle avait plus de chance d'attraper la mort plutôt que d'apprendre quelque chose. Heureusement qu'Eve était matinale, car elle n'avait vu le message qu'il lui avait envoyé la veille seulement le matin même.
— Toujours en retard, sérieux, grogna Eve.
— J'ai déjà la gentillesse de t'aider, je trouve que ça manque de gratitude comme attitude, fit remarquer l'agent en haussant les sourcils.
— Tu voulais faire quoi aujourd'hui ? continua Eve en ignorant Isaac, comme elle avait appris à le faire.
— Kayano n'est plus un souci. Mais, comme tu as pu t'en rendre compte, tu en as un autre : Koro-sensei est censé exploser en Mars. C'est ce qui devrait sonner sa fin. Cependant tu ne possèdes pas encore toutes les informations pour dire si c'est vrai ou pas. Même le poulpe l'ignore. L'anti-matière sur un être humain est une science encore expérimentale et il faudrait bien d'autres informations pour être sûr de ce fait.
Il y avait-il vraiment une chance pour que Koro-sensei n'explose pas en Mars ? Ça avait l'air vraiment improbable et pourtant Eve n'avait rien de tellement mieux. Alors elle s'accrocherait à cette possibilité. Après tout, peut-être que les réactions sur la souris seraient différentes sur un humain.
— On va faire ça, accepta Eve.
— Pour ce qui est du reste, tu as d'autres informations à me faire parvenir ? demanda Isaac.
— Pour ce qui était de l'attaque du cinéma, c'était des gens à part. Mais Ritsu a trouvé une espèce de secte « Les libérateurs ». Ils vénèrent Koro-sensei comme un Dieu. Du coup ils sont pas trop d'accord avec l'intention du gouvernement pour l'éliminer.
— Intéressant. Il faudra rester sur tes gardes. Et commencer à réfléchir plus sérieusement à des techniques de combat qui pourraient te sauver. C'est bien de se battre, mais si un jour tu tombes nez à nez avec un de ces types qui voudra te tuer, qu'est-ce que tu feras ?
La simple idée que cela puisse arriver glaça Eve d'effroi. Si elle se refusait à tuer Koro-sensei, c'était parce qu'elle l'adorait et qu'elle se refusait à tuer. Mais si un tel ultimatum se présentait à elle, quel serait son choix ?
Il fallait effectivement qu'elle trouve une solution pour pouvoir se protéger elle et les autres. Et ce contre des gens qui voudraient peut-être les tuer. Mais sans tuer en retour. Elle ne parvenait pas à s'y résoudre. Alors si un jour elle devait tuer pour survivre, elle le ferait sûrement. Mais si elle avait encore d'autres choix, c'était non.
— Si je dois mettre hors d'état de nuire des ennemis j'ai toujours les anesthésiants ? souleva Eve.
— Tu touches ta cible une fois sur deux, remarqua Isaac. C'est un miracle que tu aies réussi à avoir Kayano hier. Cependant l'idée se tient, même si contre un neuf millimètres tu risques d'avoir quelques pertes.
La jeune fille grogna.
Ce n'était pas faux, loin de là. Mais elle pourrait se débrouiller sans armes.
— À la rigueur, si j'acceptais d'avoir une arme, ce serait comme dissuasion ou danger extrême.
— Ça j'avais remarqué. De toute façon tu connais tes qualités de tireuse, et il me semble que tu n'es pas encore assez stupide pour tirer si tu sais qu'il risque d'y avoir des dommages collatéraux. Ça va pour moi.
Eve soupira. Maintenant, restait plus qu'à savoir si Koro-sensei allait exploser ou non. Elle pourrait déléguer cette tâche à Ritsu, maintenant que le passé de Koro-sensei était dévoilé. Mieux : avec toutes les informations dont elle disposait à présent, elle pourrait être beaucoup plus rapide dans ses recherches.
— C'est tout pour le moment ? demanda Eve.
Avant même que la jeune fille ait eu le temps de reprendre sa respiration, elle vit Isaac sortir une lame de sa manche. Et c'est d'un réflexe affiné grâce au self-defense —qu'elle désertait en ce moment et en période d'examens— et aux cours de Karasuma qu'elle put éviter le tranchant qui fendait l'air vers elle.
— Putain mais t'es insupportable ! cria l'adolescente après avoir évité le coup.
— N'empêche que tu t'améliores.
Eve releva la tête, reprit son souffle et toisa son agresseur d'un air presque étonné.
— Ah ? Et on va continuer le combat encore longtemps ?
— Jusqu'à ce que tu deviennes l'équivalent de la Veuve Noire, répondit Isaac avec un humour qu'on ne lui attendrait pas.
Eve ne put s'empêcher de glousser en s'imaginant dans une tenue moulante noire, deux pistolets sur les hanches, prête à exploser tout individu s'approchant à moins d'un mètre de sa personne.
— Je crois qu'il y a encore du boulot, soupira Eve.
— Si peu. Mais plus tu babilles, plus tu resteras avec ton niveau moyen.
Eve eut la furieuse envie de lui tirer la langue, mais elle songea que ce ne serait à aucun instant un bon argument dans une telle bataille. Alors elle se tut et commença l'échauffement. Il avait beau être similaire à celui de Karasuma, il été légèrement plus intense. La température environnante n'aidant pas du tout, Isaac remarqua la fatigue grandissante de l'élève.
— Arrête toi là, ça ira pour le moment. Tu bosseras ta cardio plus tard. Parce que crois-moi tu en as besoin.
Pendant plus de deux heures, Isaac expliqua et montra de nombreuses techniques à Eve. Cela comblait les carences de techniques défensives que n'incluait pas Karasuma pendant ses cours. Il montrait les mouvements, des clés de bras, effectuait les techniques au grand dam d'Eve qui se retrouvait constamment au sol.
— Elles sont où tes techniques de films ? demanda Eve, après une énième chute.
— Tu apprendras que plus une technique est simple et bien maîtrisée, plus elle est efficace.
Ne laissant même pas le temps à Eve d'assimiler l'information, Isaac attrapa la manche et le col de son manteau avant de la déséquilibrer et de la faire chuter. L'homme retenait quand même le corps de la gamine par le col, avant de la lâcher d'un coup sec après l'avoir descendue au niveau du sol.
— Osotogari. Une des techniques les plus basiques du judo. Bien maîtrisée, ça fait le travail. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas besoin de connaître énormément de techniques. Plus tu les maîtrises, moins tu en auras besoin.
Toujours les fesses contre le sol gelé, Eve opina sans dire un mot. C'était que ce gros égocentrique insupportable pouvait se montrer pédagogue parfois. Une fois que l'on connaissait son caractère infâme, il devenait beaucoup plus simple à supporter. Alors elle se releva et s'entêta à reproduire telle clé ou encore telle prise.
Isaac était bon en combat. Très bon. Sûrement moins que Karasuma, mais ce dernier était littéralement un monstre dans son domaine. Eve en comparaison avait la désagréable impression de stagner. Plus elle s'améliorait, plus cet abruti montrait de nouvelles parades, de nouveaux enchaînements et de nouvelles techniques.
Après quatre heures, pauses comprises, Isaac donna l'autorisation à la collégienne de rentrer chez elle. La pauvre gamine était suintante, le visage écarlate et le souffle court. Isaac l'avait forcée à garder sa veste pendant tout l'entraînement. Eve avait rétorqué, bien sûr, et il avait affiché un regard désapprobateur assez significatif —presque comparable à celui de sa mère— qui l'avait convaincue à abandonner la partie.
— Demain, même heure.
— Ok.
Eve tourna le dos à l'agent en mettant ses écouteurs. Elle trottina tranquillement jusqu'à chez elle. Une fois rentrée, la jeune fille prit une douche bien méritée et se fit un malin plaisir de se gaver de chocolat et de céréales devant une série.
Une notification la réveilla de sa torpeur. C'était la conversation de classe. Quelques élèves proposaient une sortie, mais personne n'avait vraiment l'air emballé. Même Eve qui en temps normal participait toujours à ce genre de sortie commença à décliner.
Après son entraînement intensif matinal, ce n'était pas étonnant. Certains la pensèrent malade, car c'était assez inhabituel venant d'elle.
« Elle n'est certainement pas malade, non »
C'était le seul message que Rio avait envoyé depuis des lustres. Eve serra la mâchoire et laissa tomber son portable pour le moment.
Eve : Ce serait où ?
Isogai : Il y a des réductions hivernales dans le café où je travaille. Si ça vous dit de venir, et après on pourrait profiter du marché de Noël !
Nagisa : Ce serait sympa
Eve : Vers quelle heure ? J'aimerais faire une sieste avant.
Nagisa : On pourrait en profiter pour aller voir Kayano à l'hôpital.
Okuda : J'aimerais bien aller la voir aussi !
Karma : Si Nagisa y va, je veux bien venir.
Cette fois, Eve eut très envie de refuser. Mais c'était trop tard, alors elle serra les dents et continua de suivre la conversation. Mais quelle idée, sérieusement. Finalement, la sortie était acceptée par un petit groupe d'individu. Visiblement, la majorité des élèves avait abandonné leur portable, ou mis la conversation en sourdine.
Elle avait encore un peu de temps devant elle, alors comme prévu, elle se reposa une petite heure pour se remettre de sa matinée. Ensuite elle se prépara brièvement, avant de s'approcher de la porte d'entrée. Sur le pas de la porte, Eve se demanda si elle était équipée. Si on l'attaquait, serait-elle capable de réagir ? S'ils étaient armés, elle ne pourrait pas répondre avec son corps à corps.
Elle avait envie, non, besoin de se sentir protégée. C'était une pensée viscérale qui s'envenimait dans chaque parcelle de son être. Elle n'était plus en sécurité. Et il fallait qu'elle se protège. Alors, elle fit demi-tour dans la cuisine pour aller chercher un Opinel, couteau que les Bell utilisaient en pique-nique car il était pliable donc peu encombrant. Il avait également le mérite de posséder un bon tranchant.
Cette fois, Eve se précipita vers l'entrée et ferma la porte à clé sans se retourner.
…xX*Xx…
Tokyo était belle l'hiver. Vers cinq heures et demi, le Soleil commençait à décliner, mettant en valeur les nombreux éclairages tape à l'œil des magasins. Un festival de couleurs et de parfums se mélangeaient dans la petite rue que les élèves arpentaient. Les bruits des commerçants se heurtaient aux musiques d'autres magasins et aux conversations des piétons, créant ce brouhaha caractéristique des rues animées.
Pendant le service d'Isogai, le peu d'élève présents s'étaient contentés d'un échange de banalités. Le petit groupe avait ensuite décidé d'aller voir Kayano. Cette dernière était internée dans une clinique plus au centre de Tokyo, s'éloignant de la périphérie tranquille de Kunugigaoka.
— Sinon, quoi de neuf vous ? demanda Isogai, tentant tant bien que mal de couper court au silence pesant qui planait.
— Rien de spécial, répondit Eve. Je me repose personnellement.
— C'est vrai que Madame travaille plus que nous, rappela Karma comme s'il s'agissait d'une évidence.
Eve ne sut pas si c'était une nouvelle fois pour l'énerver ou s'il était sérieux, mais elle préféra ignorer une nouvelle fois ses piques.
— On est presque arrivés selon Maps, indiqua Nagisa, voulant également préserver une bonne ambiance au sein du groupe.
— On devrait pas lui prendre quelque chose ? suggéra Eve.
— J'ai un mauvais souvenir des fleuristes, mais je suppose qu'ils ne sont pas tous des assassins, rappela Okuda en rigolant doucement.
— Ça me parait être une bonne idée ! acquiesça Isogai.
— J'ai une lettre signée par les élèves de la classe, montra Megu. Il ne manque que vous. J'ai oublié de vous la faire signer au café.
Le petit groupe continua sa route jusqu'au prochain fleuriste, et pendant l'achat du bouquet, ceux qui n'avaient pas signé le firent. Ils poursuivirent jusqu'à la clinique où se trouvait Kayano. Arrivés devant la devanture, ils se rendirent compte que ce n'était pas une clinique banale : tout avait l'air de qualité, sans qu'ils ne puissent trop l'expliquer.
L'heure des visites étant presque terminée, les élèves se dépêchèrent d'atteindre la chambre 509, au cinquième étage —mais en réalité quatrième. Eve avait pu découvrir qu'effectivement, dans les hôpitaux ou les cliniques, il n'y avait pas de quatrième étage et ce à cause de la ressemblance phonétique entre le chiffre quatre et la mort en japonais.
Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce, le groupe vit leur camarade allongée, et toujours aussi pâle. Sous assistance respiratoire et branchées à de nombreux fils, il semblait qu'elle n'était pas en aussi bon état qu'ils le pensaient.
— Vous êtes venus ? C'est gentil de votre part, accueilli lentement Kayano.
— Bien sûr, répondit Nagisa en apportant le bouquet de fleur. Tiens, cadeau.
Kayano continua de sourire doucement. Les autres tentaient de lui remonter le moral en lui racontant diverses histoires, mais ils n'avaient pas grand-chose de nouveau à lui dire en vérité.
— Ça va mieux ? demanda Eve en s'approchant. Désolée pour la fléchette à ce propos.
— Beaucoup mieux. Être libérée des tentacules est… assez étrange. À la fois libérateur, mais aussi affreux. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose. Et j'ai des douleurs atroces. Je ne sais pas comment Itona a supporté ça. Les médecins disent que c'est des symptômes normaux, un peu comme si j'avais arrêté une drogue ou quelque chose du genre.
Les autres grimaçaient. Effectivement, la comparaison était parlante. Et leur amie était loin de passer des vacances de rêve. Après avoir posé le bouquet dans un vase prévu à cet effet, Nagisa retourna près du lit de la malade.
— D'ailleurs, je voudrais m'excuser également Kayano. Tu sais, pour ce que j'ai fait cette nuit-là. C'est tout ce qui m'est venu à la tête. Mais j'espère qu'on est toujours amis.
— Oh, ça. Bien sûr que nous sommes toujours amis, voyons, répondit Kayano avec un sourire un peu plus grand qu'il y a quelques minutes.
— Je pense qu'on devrait la laisser se reposer, décida Kanzaki. Allons-nous en.
Eve vit le regard de la japonaise modèle se faire plus dur, bien que ça ne transparaisse pas sur son visage d'ange. Ayant reçu le message, l'Anglaise fit de même et sortit le reste du groupe également. Les deux collégiennes échangèrent un coup d'œil entendu : oui, Kayano était bonne actrice. Mais visiblement, avec Nagisa cela fonctionnait beaucoup moins maintenant.
Il faisait à présent complétement nuit sur la capitale. Les élèves commencèrent à se séparer, notamment ceux dont les parents plus sévères seraient susceptibles de s'énerver. Eve commença donc à se presser pour arriver à l'heure chez elle. La chance fut de son côté puisqu'elle ne rata aucun bus.
Pourtant, même si la jeune fille était arrivée à l'heure chez elle, ses parents lui firent une réflexion sur le fait de rentrer seule de Tokyo.
— Mais sinon vous m'auriez engueulée parce que j'aurais été en retard ! s'indigna Eve.
Mais visiblement, il y a des soirs où même avec le meilleur avocat du monde, les parents refusent d'écouter quelque argument qui ne leur soit pas favorable. Ce soir en faisait partie. Eve, dépitée, remonta dans sa chambre sans plus de cérémonie.
— Ritsu ? apostropha Eve en s'affalant sur son lit.
— Oui ?
La petite voix métallique résonna dans la pièce noire et silencieuse. Eve vérifia que ses parents étaient encore bien en bas grâce à l'écho de leur voix, puis continua :
— Tu as trouvé quelque chose au sujet de Koro-sensei ?
— J'ai plusieurs pistes. Le souci est que ce sont des dossiers très secrets auxquels je ne peux pas accéder.
— Et pourquoi ça, la sécurité est trop élevée ? demanda Eve, embêtée.
— Pour deux des trois pistes, c'est le cas. Le troisième est tout bonnement hors d'atteinte. Ce document est situé sur un ordinateur secret du gouvernement japonais. Il faudrait que je sois connectée directement à cet ordinateur en particulier. Ce qui est assez compliqué.
— Et tu ne peux pas t'infiltrer à distance ?
— Non. Ce genre d'ordinateur n'est connecté à rien d'autre. Sinon, ce serait trop simple de récupérer de nombreuses informations confidentielles. En revanche, l'inconvénient et que cela rend les échanges très compliqués. Ceci dit dans ce genre de cas, l'idée et de garder les informations bien cachées.
— Est-ce que tu peux connaître la location de cet ordinateur ? demanda Eve.
— Je pourrais savoir. Mais cette information elle-même est cachée. L'idéal serait que je m'infiltre dans le réseau fermé du ministère de la défense. Mais pour ça il faudrait que je puisse me connecter à un ordinateur directement. Si j'arrive à m'infiltrer, il y a quatre-vingt dix-neuf virgule neuf pourcent de chance que j'accède à des documents importants concernant Koro-sensei.
C'était clair. Il fallait que d'une façon ou d'une autre elle parvienne à infiltrer Ritsu au réseau du ministère de la défense japonais. Mais pour ça il faudrait connecter physiquement Ritsu à l'un des ordinateurs. Comment entrer au Ministère sans se faire prendre ?
Isaac.
Quand elle réalisa qu'Eve avait une taupe au sein même du gouvernement, elle sourit. Il était la clé pour le début d'une entreprise qui paraissait plus que prometteuse. L'adolescente se jeta sur son portable et commença à tapoter un message. Elle s'arrêta. Non, il ne fallait pas laisser plus de preuves écrites. Si on lui demandait pourquoi elle voyait autant Isaac, elle pourrait toujours mentir en expliquant qu'il ne s'agissait seulement d'entraînements complémentaires. Mais si ses messages prouvaient que non ? Elle serait piégée.
Eve regarda l'heure. Presque dix-neuf heures. Il était trop tard pour envoyer un message à Isaac. Pourtant, elle n'avait pas le temps. Décembre commençait déjà à s'écouler : il restait moins de trois mois pour tenter de sauver Koro-sensei. Chaque jour, heure, minute et peut-être même seconde comptait.
— Ritsu, envoie un message à Isaac pour lui dire que je dois le voir, c'est urgent. Il faut que le message soit in-traçable et que personne ne puisse tomber dessus. C'est possible ?
— Je vais faire de mon maximum.
— Parfait.
Eve se leva en sursaut, prépara un sac à la volée. Il fallait convaincre ses parents de sortir maintenant. On l'invitait à dormir. Parfait, ça devrait passer. Son sac terminé, Eve dévala les escaliers et souffla un bon coup pour paraître moins tendue qu'elle ne l'était réellement.
— Papa, maman, je peux aller dormir chez Rio ? C'est soudain, mais elle est seule chez elle.
— Tu sais que je n'aime pas les plans foireux de dernière minute Eve, soupira Alexanne Bell. Bon, ça va pour cette fois parce que c'est les vacances. Un bisou et tu peux y aller, je préviendrais ton père.
Eve embrassa sa mère sur la joue et se força à ne pas courir jusqu'à la porte. Une fois dehors, la jeune fille se rua au Konbini le plus proche, ces petits magasins ouverts à toute heure et qui vendait de tout.
— Tu as besoin de quoi pour te connecter ? Un CD ? Une clé USB ? Ça suffirait ?
— Une clé USB suffirait amplement, oui, répondit l'androïde.
Eve entra dans le magasin en trombes. La lumière agressive des néons lui fit plisser des yeux et c'est de justesse qu'elle évita des usagers. Au fond de la petite boutique se trouvait le rayon électronique. La brunette compara les types de clé USB. Il lui fallait le modèle le plus banal et le plus vendu. Pas cher, mais avec assez de mémoire pour être utilisable par quelqu'un du ministère. Une fois décidée, elle acheta le modèle et se dirigea vers son collège.
Tous ses rendez-vous avec Isaac se déroulaient là-bas : située loin à l'abri des regards, la plaine derrière le bâtiment E offrait tous les avantages d'un meeting discret. C'était parfait pour des entraînements ou de simples conversations que l'on ne voudrait pas ébruiter.
La jeune collégienne se pressa vers le collège. Bien que ce soit les vacances, il était assez facile de rejoindre directement le bâtiment E. Avec un détour que les élèves connaissaient bien, on pouvait rejoindre la montagne sur un autre flanc. Bien sûr, le passage était plus sauvage et peu emprunté.
Luttant contre le froid nocturne de Décembre, Eve pressa le pas pour se réchauffer. Encore un peu de marche et elle y arriverait. Arrivée près du passage, la jeune fille déglutit : la forêt était sombre et paraissait peu hospitalière. En allumant la lampe torche de son portable, les branches des arbres se découpèrent pour produire des ombres angoissantes. La jeune fille repris son souffle : elle connaissait cette forêt. Pourtant, de nuit elle paraissait différente. Les cauchemars d'Aokigahara ressurgirent dans l'esprit de l'Anglaise. Mais elle savait qu'il n'y aurait pas de cadavre dans cette forêt. Des animaux, dans le pire des cas.
Eve s'engouffra dans la forêt avec la ferme intention d'atteindre son point de rendez-vous. C'était angoissant, mais elle y parviendrait. Heureusement, elle avait déjà fixé la zone dans Google Maps, et elle s'orientait grâce au GPS de son portable qui lui donnait non pas le chemin mais au moins la bonne direction.
Après un bon quart d'heure de marche dans la forêt, Eve put apercevoir la clairière avec un soupir de soulagement. Le croissant de Lune éclairait timidement dans son halo de lumière, et déversait de doux rayons sur les herbes folles qui dansaient sous la brise hivernale.
— En retard, et tu sais que je déteste ça, reprocha Isaac.
— Pour une fois ! rétorqua Eve. On a pas pris le même chemin vraisemblablement.
— Je ne sais pas lequel tu as pris, j'ai simplement prit le plus rapide.
— Et comment ? Les grilles sont fermées, énormes, et plus gênant, il y a des capteurs et des caméras de sécurité ! s'exclama Eve.
L'école était devenue leur terrain de jeu. Si bien que la classe E commençait à connaître toutes les caractéristiques du collège par cœur. Alors Eve savait pertinemment qu'elle ne parviendrait pas à passer de ce côté-là : le directeur était paranoïaque.
— Secret, répondit le brun avec un sourire narquois.
Eve ferma les yeux en soupirant : c'était un mystère qu'Isaac emporterait jusque dans sa tombe. Alors, elle revint sur le sujet le plus important.
— Et pourquoi m'as-tu fait venir à une heure aussi indécente de la soirée ? demanda Isaac.
— Je sais de source sûre que le ministère de la Défense possède plusieurs dossiers qui m'intéresse, entama Eve.
— Sans blague Sherlock, la coupa l'agent.
— Laisse-moi finir, sérieux ! grogna Eve, puis elle poursuivit sans laisser le temps à Isaac de lui faire une quelconque réflexion sur le ton qu'elle avait employé avec lui. Sauf que pour accéder à ces documents, j'ai besoin de toi.
— Je n'y ai pas accès.
— Je sais, mais tu as accès au réseau fermé du ministère, non ? continua Eve. J'ai juste besoin que tu connectes ça à un ordinateur normal et que tu connectes la clé à un ordinateur connecté au réseau.
— Et pourquoi je ferais ça ? demanda Isaac.
Eve resta muette quelques secondes. Certes, la question n'était pas idiote, mais après tout ce qu'il avait fait ? C'était parfaitement ridicule.
— Et pourquoi tu m'as entraînée et aidée ? Il n'y a que toi qui a la réponse à cette question. Je ne te demande juste qu'une chose, c'est de connecter cette clé à deux ordinateurs différents. C'est tout. Ah, et dans le doute, évite de laisser tes empreintes dessus, on sait jamais.
— Notre marché marche toujours ? demanda Isaac. J'aurais toujours droit aux informations que tu trouves ?
— Toujours, répondit Eve, méfiante sans savoir pourquoi.
— Alors marché conclu pour moi aussi.
Isaac leva une nouvelle fois sa main vers Eve. Cette dernière leva la sienne, et serra celle de son associé avec une méfiance encore plus exacerbée. Eve avait un mauvais pressentiment. Le genre qu'on ne peut pas expliquer mais qui pourtant paraît si alarmant qu'on ne peut l'ignorer. Et Eve avait cette désagréable impression. Celle de continuer à faire un pacte avec le Diable.
A suivre, et à la prochaine, je vous aiiiiime
