21/05/2019
Mot de l'auteure : HEY BITCHES I'M BACK. Alors, je vous annonce avec une déception assez conséquente que j'ai raté ma première année :( Bon après ma filière est connue pour son taux de passage assez faible et son taux de redoublement fort... Bref, du coup je suis actuellement en vacances depuis maintenant presque un mois... et j'en profite pour vous poster ce chapitre. Sous mon impulsion, mais aussi celle de mon copain qui comprenait pas pourquoi je devais attendre avant de le poster sachant qu'il était prêt. Bref, remerciez-le.
Un autre grand merci à ma bêta : TheWorldOfManea (elle corrige les fautes et mes bêtises que je vois plus après avoir relu 30 fois les mêmes phrases).
Réponse aux reviews :
KokyuShiro Aoi :Du coup, voilà le début de la fin. Ravie que cette fic te plaise, c'est grâce à des commentaires comme ça que j'ai vraiment envie de la finir :) Bon je t'avoue que niveau étude c'est CHO mais on lâche rien comme on dit ^^
Lerugamine : De rien ! Et merci pour le courage mais ça a pas suffit cette année visiblement ^^'
Kaliska : Yes, du coup on peut dire que j'ai essayé haha.. mais comme expliqué ci-dessus (je crois, j'ai écris les réponses aux commentaires avant mon petit message de retour). Alors, pour te répondre, quand t'es dans le parc des expo avec 3600 personnes autour de toi, j'avoue que c'est assez spécial x) Et du coup ton bac à toi, s'est allé ?
Et oui, y'a moyen qu'Asano soit à la tête d'un gang de directeurs flippants et perfectionnistes. T'inquiète, niveau self-esteem pourrave je connais bien. Courage. Et si Eve pouvait devenir l'équivalent de la Veuve Noire en 2 chapitres, je crois que ça arrangerait tout le monde. Mais bon, Black Widow est à un niveau au-dessus, déso pas déso Eve.
Alors oui, du coup je me sens un peu désolée pour les autres persos qui ont l'air inutiles… mais techniquement je reprends le manga parce que ces fainéants ont juste rien foutu pendant la période que je suis en train d'écrire, soit les vacances de Noël. Du coup… déso pour eux mais on va bientôt les revoir ^^ Concernant le béguin de Kayano envers Nagisa : OUI OMG JE SAIS QUE C'EST DES COLLEGIENS MAIS UN ECG ÇA SE LIT PAS SI DIFFICILEMENT ?
Pour le pseudo-dodo surprise chez Rio, Eve bosse beaucoup, et je crois que sa mère se sent encore un peu coupable de l'avoir bougée au Japon. Et elle fait confiance à sa fille. Ce qui risque de changer…
Pour Koro-sensei, je suis d'accord dans l'absolu. Sauf que de base ils savent pas qu'il allait exploser, c'est après sa déclaration qu'ils l'apprennent. Et avant de juste vouloir le buter aveuglément, Eve cherche si y'a pas autre chose à faire. Parce que c'est gentil, mais ce poulpe défie les lois de la logique. Alors autant chercher si une autre solution est possible ?
Très très hâte d'écrire la civil War. J'espère que je ferais ça bien. *stress intensifies* Et clairement Eve sait pas se gérer, elle vend complétement son âme au diable là. Rio come back please we need you.
Et oui, c'était un peu filler déso :'( Il le fallait pour amener ce chapitre, j'espère que tu le trouveras mieux. Perso, j'ai adoré l'écrire ! Merci encore pour tes énormes pavés, c'est toujours un plaisir à lire et à y répondre ! c:
Kaminari-Ikazuchi : Ouais, j'ai essayé de me donner à fond et c'était un peu compliqué… mais je suis contente que la majorité de mes lecteurs comprennent haha. Alors justement en théorie si j'ai posté ce chapitre c'est que j'en ai d'autres prêts, histoire de pas trop vous faire poireauter cette fois ^^' Et du coup, j'ai fait PACES et j'ai tenté le concours de médecine, et aussi celui de sage-femme. Je pense pour l'instant que je suis plus chaud pour médecine parce que c'est un peu moins restreint et que je suis touche à tout, mais sinon Sage-femme ça a l'air giga bien aussi :)
Résumé du dernier chapitre : Eve découvre l'endroit où sont gardées des informations très importantes concernant Koro-sensei. Grâce à l'aide d'Isaac, elle entame un plan pour les récupérer, bien consciente de l'illégalité et du danger de la mission.
Ouais j'avoue, c'était un poil filler comme dernier chapitre mais au moins je vous ai pas laissés sur un cliffhanger de mort. J'espère que celui-ci vous comblera un peu plus ;)
Chapitre 38 — Leçon illégale II
— Tu devrais rentrer chez toi maintenant, conseilla Isaac en tournant les talons.
Après avoir dit à ses parents qu'elle dormait chez Rio, elle se rendit compte qu'elle avait omis un petit détail : elle ne parlait plus à cette dernière, et ne pouvait pas rentrer chez elle non plus. Et ce même en imaginant une pseudo-dispute qui l'aurait faite rentrer chez elle : son père trouverait ça trop suspect.
— Heu... Oui, excellente idée. Tu n'as qu'à partir, je vais reprendre ma route, inventa Eve en désignant la forêt derrière le bâtiment de la 3E.
En voyant les salles de classes qu'elle avait l'habitude d'utiliser, Eve se rendit compte qu'elle n'était pas tout à fait à la rue. Elle pourrait toujours dormir à l'abri entre les murs miteux de son école. Avec toute l'histoire de Kayano, Koro-sensei ne remettait plus trop les pieds —ou tentacules au sein du collège.
Avant qu'elle ne puisse se retourner, Eve se rendit compte qu'Isaac était parti : elle était seule. Résignée, elle hâta le pas pour s'abriter entre les murs fins de son bâtiment. Même si elle savait qu'elle était seule, l'adolescente ne put s'empêcher de se sentir mal à l'aise et épiée.
Ne restait plus qu'à savoir où elle pourrait s'installer. Toujours frigorifiée et fatiguée mentalement de toute son entreprise, Eve mis un temps à récupérer tout ce dont elle aurait besoin afin de passer la nuit. Un matelas utilisé lors des séances de sport, un des chauffages d'appoint utilisés lors des longues journées froides d'hiver et le sac qu'elle avait pris en partant de chez elle. Une fois toutes ses affaires installées dans sa salle —l'ancien bureau du professeur Yukimura—, elle alluma le chauffage et enfila le gros pull qu'elle avait apporté. En guise de couverture de fortune, elle avait décroché quelques rideaux qu'elle avait empilés sur son matelas.
Comme chaque fois avant d'aller se coucher, la collégienne repassa sur son portable : pas de nouvelles de Ritsu. Bon.
Isolée, entre les bruits de la forêt, du vent d'hiver et de bois qui grince, Eve se sentit bien seule. Épuisée, elle sentit sa gorge se nouer et ses yeux s'humidifier.
Non.
Elle respira profondément plusieurs fois et se lova sous les deux rideaux qui la réchauffaient à peine. Elle le faisait pour ses convictions. Tout ce qu'elle faisait, elle le faisait parce qu'elle le pensait juste. Pour la première fois de sa vie, elle avait choisi d'être seule plutôt de se mentir à elle-même, plutôt que d'aller à l'encontre de ses opinions.
Doucement, et accompagnée des ronronnements continus du chauffage, Eve s'endormit d'un sommeil troublé.
…xX*Xx…
Au beau milieu de la nuit, Eve fut réveillée par un bruit strident et une lumière éblouissante. En sursautant, elle attrapa la source de tout ce vacarme pour découvrir une notification de Ritsu. Eve papillonna des yeux quelques secondes pour s'habituer au vif éclairage, pour s'apercevoir que Ritsu avait fait vite. Ce qui signifiait qu'Isaac s'était également dépêché dans sa mission. Plutôt étonnant.
— Eve, j'ai trouvé la localisation de l'endroit où seraient gardées la majorité des expériences et informations que les gouvernements auraient.
— C'est où ?
— Aux Etats-Unis.
Merde. On pouvait pas dire que c'était la porte à côté. Cependant avec Koro-sensei ce serait possible. La question serait alors de le convaincre de simplement l'accompagner et ensuite de la laisser. La mission serait probablement périlleuse. Comment y arriver seule ?
Encore somnolente, Eve reposa son portable et pensa quelques minutes encore à la mission impossible qu'elle s'était imposée. Mais maintenant qu'elle était éveillée, elle s'était rendue compte que son chauffage s'était éteint. Il ne manquait plus que ça. C'était peut-être une sécurité, les plombs qui avaient sautés… Du moins c'est ce qu'elle espérait.
Toujours enroulée dans ses couvertures, Eve tenta tant bien que mal de se lever pour aller rallumer l'engin qui lui permettrait de passer la nuit sans terminer en hypothermie. La buée s'échappant de ses lèvres tremblantes, elle tournoya les boutons gelés de la machine, les doigts frémissants. Ses articulations gelées répondaient faiblement aux signaux, et la simple action d'attraper les boutons était une épreuve. Après avoir trifouillé tous les boutons, elle se rendit à l'évidence que le problème ne venait pas de là.
Elle entendit des sifflements du vent qui soufflait entre les fenêtres vétustes et entre les planches humides : peut-être les plombs qui avaient sauté ? Eve tenta donc de se lever péniblement : elle se rendit alors compte qu'elle était gelée. Ouvrant avec des grincements sinistres la porte de la salle de classe, elle avança avec l'allure d'un zombie.
Elle n'avait aucune idée d'où pouvait se trouver le panneau de commandes : les professeurs le savaient sûrement. Mais encore une fois, Eve réalisa qu'elle était seule et qu'elle ne pouvait donc compter que sur elle-même.
Elle continua d'arpenter le couloir obscur à la seule lumière de son smartphone. Avec la tempête hivernale au dehors, le toit et les murs grinçaient, tremblaient, rendant l'ambiance encore plus sinistre qu'elle ne l'était.
Après quelques recherches, Eve trouva puis remit l'électricité dans le bâtiment et pu retourner dans la pièce où elle était censée dormir. Elle ralluma le chauffage et se permit le luxe d'allumer la lampe qui était située sur l'ancien bureau du professeur qui était là avant Koro-sensei.
Maintenant qu'elle était réveillée, la jeune fille commença à penser à son plan. Aidée de Ritsu, elle constatait maintenant que sa mission allait être encore bien plus compliquée que prévue. Elle n'allait définitivement pas faire ça seule.
Eve regarda une nouvelle fois l'heure : 4h57.
Elle n'avait pas l'impression qu'elle allait se rendormir. Soit. Pendant tout le reste de la nuit, Eve commença à planifier son intrusion. Pour les Etats-Unis, tant pis, elle demanderait l'aide de Koro-sensei avec une excuse bidon. Il l'avait déjà emmenée plus loin que ça pour une raison bien moins valable, ce ne devrait donc pas être si compliqué.
…xX*Xx…
Sursautant, Eve se rendit compte qu'elle s'était endormie sur ses notes. Elle qui pensait finalement ne pas se rendormir… Elle se releva péniblement, tout en décollant une feuille qui présentait son plan d'intrusion de sa joue. Foutue manie de baver. Collée au chauffage qui avait cette fois tenu bon le reste de la nuit, la jeune fille s'accorda un maigre petit-déjeuner constitué de barre de céréales écrasée et d'eau du robinet.
Grâce à l'aide de Ritsu, Eve avait beaucoup de renseignements concernant le bâtiment où étaient gardées lesdites informations, mais il restait encore énormément de zones d'ombres qui risqueraient de compromettre son plan. Eve soupira : il faudra faire avec.
La collégienne rangea toute trace de sa venue ici, puis repartit pour présenter son plan à Isaac. Il fallait qu'elle soit prête.
…xX*Xx…
— Tu veux aller aux Etats-Unis ?
— Oui ! Je sais que c'est un peu abusé de vous demander ça, surtout après ce qui est arrivé, poursuivit-elle plus tristement, mais ce serait vraiment important pour moi. San Francisco, c'est un peu loin et je ne sais pas quand j'aurais l'occasion d'y aller. J'ai vu qu'il avait de grandes maisons victoriennes, ça me manque Londres. Puis il y a un match très important des Warrior de Golden State !
— Tu aimes le basketball, Eve ? s'étonna Koro-sensei.
Eve sourit nerveusement en repensant au peu de bases qu'elle possédait et qui venaient principalement de Kuroko no Basket.
— Depuis peu, j'admets ! rit-elle. Ça me faisait une pause de revoir les meilleures actions entre mes révisions.
— Je vois… eh bien de toute façon je comptais me rendre à New-York pour acheter un hot-dog à trois dollars, nyuruhuh. C'est entendu, et si ça peut te faire aller mieux…
Eve sourit.
De culpabilité, de mentir à un être qui l'avait tant aidée, et qui voulait son bien aujourd'hui encore. Mais aussi d'une certaine nostalgie : celle de remarquer qu'il n'avait pas tant changé que ça. Mais peut-être était-ce une façade, elle ne le saurait sans doute jamais.
— On embarque ! s'exclama Koro-sensei en attrapant Eve au passage.
— Eh attendez, mon sac !
Elle aurait l'air maline si elle oubliait toute sa combinaison et ses outils mûrement préparés à l'avance. La jeune fille vit le tentacule de Koro-sensei s'approcher dangereusement de son sac : s'il le touchait, il y avait beaucoup à parier qu'il devine son plan. Peut-être était-ce même déjà le cas. Dans un mouvement digne d'un contorsionniste, Eve attrapa son sac avant et le serra contre elle.
— On peut y aller !
Eve sentit son cœur se serrer et son estomac se contracter douloureusement, puis entendit un « BOUM » caractéristique d'un décollage d'un poulpe jaune qui se déplaçait à Mach 20.
— Désolé, Eve-san, s'excusa le professeur. Je n'ai plus l'habitude de voyager en présence d'élèves… Je ferais attention au retour.
— Ça… va… Je m'en remettrais, répondit Eve en essayant de résister à l'envie de mourir.
Le voyage fut dans l'ensemble plutôt silencieux. La britannique se surprit à ne plus trouver les voyages à bord de Koro-sensei si incroyables que ça. Elle s'était visiblement lassée. Attristée, elle se força tout de même à observer les paysages, mais à sa vitesse tout l'Océan Pacifique lui paraissait être une grosse flaque d'eau : tout était morne. Sérieux, on dirait une émo… se lamenta-t-elle.
— Quand voudras-tu que je vienne te chercher ? demanda Koro-sensei.
— Je vous appellerais, je ne serais pas pressée ! Je passerais peut-être la nuit là-bas, ne vous inquiétez pas tout de suite si je ne réponds pas. Je connais des gens là-bas.
Pourtant, elle le sera. Il faudra qu'elle joue serré. Prévoir le temps qu'elle mettra à partir, le temps que Koro-sensei reparte et arrive…
— Et ces gens ne se demanderont pas pourquoi tu es là ? interrogea le poulpe
— Non, ce sont des amis rencontrés sur le net. Ils ne poseront pas de questions.
Le poulpe demeura ensuite silencieux. Eve, elle, essayait d'éloigner le début de culpabilité qui pointait son nez.
— Où irez-vous ensuite ? demanda Eve innocemment.
— Je resterais sur New-York… J'espère que mon élève n'hésitera pas à me demander si elle souhaite que je lui fasse des visites guidées ! fanfaronna le poulpe.
— Oh, je ne visiterais pas tant que ça… mais j'apprécierais une autre fois je pense.
Elle était presque arrivée. San Francisco était heureusement du côté Pacifique des Etats-Unis, il y avait donc seulement huit mille kilomètres qui séparaient les informations que cherchait Eve et Tôkyô. À la vitesse de Koro-sensei, ça irait plus vite qu'en avion, mais ça prenait toujours un peu de temps quand même.
— Sois prudente en tout cas.
— Quoi ? fit Eve en sortant brusquement de ses pensées.
— Ne fais pas de folies, c'est tout, préconisa le gros poulpe avec toujours le même sourire mi-rassurant, mi-flippant.
Eve ne sut pas quoi répondre. D'un côté, il avait l'air d'avoir compris exactement ce qu'elle s'apprêtait à faire, d'un autre, il avait simplement l'air de lui faire confiance et de s'inquiéter pour elle. La gorge d'Eve la serra : elle n'aimait pas trahir la confiance des gens. D'abord Rio, sa famille, maintenant Koro-sensei. Elle crut bien qu'elle allait abandonner avant d'apercevoir la terre s'approcher.
Là, elle balaya ses doutes d'un revers. Elle y penserait plus tard. Isaac l'attendait sûrement déjà, puisqu'il avait pris un avion la veille, prétextant une quelconque réunion ou mission du gouvernement. De toute façon, personne ne l'appréciait vraiment dans la classe alors s'il absentait, qui s'en plaindrait ?
Sa mission commencerait bientôt.
Et peut-être qu'elle arriverait à changer les choses…
…xX*Xx…
— Prête ? murmura une voix dans la pénombre.
— Pas trop le choix…
Eve repéra des iris noir obsidienne la jauger, réprobateurs. Oui, elle devait être prête et ne pas seulement subir les évènements.
— Il est encore temps d'annuler.
— Non, on le fait.
Quelques secondes plus tard, ils étaient à l'intérieur d'un gros bâtiment énormément surveillé. Ritsu avait gelé les caméras l'espace de quelques secondes, juste pour qu'ils puissent entrer, pas plus. Isaac lui, avait l'air habitué des effractions.
— Il faut maintenant vous approcher du centre. Il y aura sûrement des gardes à l'entrée.
Le bâtiment, plongé dans une obscurité dérangée par quelques diodes lumineuses ici et là, évoquait un monstre simplement assoupi, prêt à s'éveiller et dévorer tout visiteur imprudent. Eve déglutit. Continuant d'arpenter les couloirs juste derrière Isaac, elle observait de temps à autre la distance qui la séparait de l'ordinateur. Il avait l'air si près. Pourtant, son parcours du combattant paraissait simplement commencer.
Isaac lui indiqua de s'arrêter. Les premiers patrouilleurs étaient en train de monter la garde. L'agent du gouvernement inspecta quelques secondes les deux hommes qui étaient là. Eve observa et tenta de deviner ce qu'il allait faire. Les immobiliser maintenant serait suspect et indiquerait à la prochaine personne qui passerait par là la présence d'intrus. Le mieux serait de les contourner.
— Ils ont un pattern. Quels idiots, soupira Isaac si doucement qu'Eve eut du mal à comprendre.
Effectivement ils suivaient le même chemin. Il suffisait simplement à se glisser dans leur angle mort dès qu'ils auraient le dos tourné. Plus facile à dire qu'à faire. Ritsu, elle continuait son rôle et attendait sur le qui-vive leurs déplacements afin de pouvoir bloquer les caméras les instants où ils passeraient devant.
Eve eut l'impression d'être dans un de ces films d'espions. Sauf que cette fois, c'était elle à la place des acteurs. Et pour revenir à la référence qu'avait déjà utilisée Isaac, elle était loin d'avoir le niveau de la Veuve Noire.
— Cale-toi au niveau de leurs pas, chuchota Isaac. On contourne par là.
Eve remarqua les angles morts où ils pourraient s'arrêter s'ils avaient besoin. Elle suivit Isaac, tout en imitant ses mouvements, pression des pieds et rythme de ses pas. Le souffle court, elle avait réussi à atteindre le couloir qu'ils visaient. Eve essuya son visage luisant de sueur, avant de continuer à suivre Isaac du mieux qu'elle pouvait.
Ce dernier remarqua qu'elle se débrouillait bien. Très bien même pour une collégienne qui n'avait jamais trainé dans le vol et les effractions. Il sourit, il avait eu un coup de chance d'être tombé sur cette gosse.
Le plan de Ritsu indiquait qu'il manquait encore une centaine de mètres avant d'atteindre des escaliers qui menaient à une autre salle, suivi d'un couloir, un deuxième escalier et ensuite la pièce où reposait les informations.
Ils avaient observé les conduites d'aérations : mais contrairement à tous ces films américains, les conduites étaient bien trop fines pour laisser passer un adulte, et même une adolescente menue comme Eve. « Si c'est dans un film, c'est que la réalité a paré ce genre d'imprévus », avait expliqué Isaac. Logique, en un sens mais Eve était contrariée à l'idée de ne pas passer à l'abri des potentiels gardes.
Le chemin jusqu'aux prochains escaliers avait été simple : il fallait juste se coordonner avec Ritsu, toujours à cause des trop nombreuses caméras. Les éteindre complétement donnerait l'alerte, mais bloquer l'image à peine quelques secondes ne serait pas remarquable sur le moment.
Le passage à la seconde salle était bloqué par un seul homme. Cette fois, la pièce était bien éclairée. Presque trop. Simplement assis devant la porte, il observait devant lui sans rien dire. Ce serait compliqué de passer devant lui. Eve observa Isaac, toujours camouflé dans la noirceur de l'environnement, pour deviner ses réactions. Pas d'angles morts. Il avait l'air fort. Il avait probablement de quoi prévenir en à peine quelques secondes l'équipe de sécurité.
Il fallait l'attirer, et l'attaquer par surprise, ne pas lui laisser le temps de prévenir qui que ce soit. Et faire ça assez rapidement pour que les caméras de surveillance ne les trahissent pas. Isaac indiqua à Eve de rester immobile. Doucement, il sortit un pistolet anesthésiant. S'il visait au niveau du cou, avec la puissance de le l'arme, il pourrait réussir à atteindre une carotide, là où le produit pourrait se diffuser et atteindre les récepteurs le plus rapidement. En quelques secondes, l'homme serait à terre.
Pendant presque une minute entière, Isaac était dans ce coin de couloir mal éclairé à ajuster sa visée. Il fallait que son tir soit d'une précision millimétrique, afin de pénétrer la jugulaire du vigile en face.
PAN.
Yeux écarquillés. Compréhension. Main qui s'approche dangereusement d'un portable. Mais à peine quelques secondes avant, Isaac et Eve étaient déjà devant lui, bloquant tous ses gestes. Le pauvre Homme n'eut pas le temps de comprendre tout ce qu'il s'était passé que ses paupières s'étaient déjà fermées. Ils replacèrent le garde dans la position assise qu'il avait avant qu'ils n'arrivent.
Ritsu n'avait bloqué la caméra que vingt-six secondes.
— On continue, avait ordonné Isaac.
Eve, silencieuse, le suivait comme son ombre. Ils avaient descendu les seconds escaliers et étaient arrivés devant la pièce où était enfermé la base de données qui comportaient tous les comptes-rendus des expériences concernant Koro-sensei. La porte était bloquée.
— 14082015
— Mon dieu, j'en reviens pas que tu aies trouvé ça, s'époustoufla Eve à l'attention de Ritsu.
— Tu serais surprise du manque de vigilance de certains employés qui s'envoient ce genre de choses par messages, expliqua cette dernière.
Ils pénètrent dans la pièce, puis refermèrent la porte. Ritsu les guida jusqu'à la base de données, qui ressemblait à une grosse tour. À l'aide des indications de l'androïde, Eve parvint à connecter un câble USB connectant son portable et la fameuse tour.
— Comme prévu, les dossiers sont cryptés, annonça Ritsu. Je vais avoir besoin d'un peu de temps.
L'univers, comme pour se moquer une nouvelle fois d'Eve, fit sonner l'alarme du bâtiment. Assourdissante et accompagnée de petites lumières jours clignotantes, elle fit monter l'adrénaline dans le corps de Eve comme si elle était tombée du haut d'une falaise.
— Du coup niveau temps ça va être short, constata gravement Isaac. Combien de temps ?
— Moins de cinq minutes si tout va bien.
Isaac soupira.
— Ça va être tendu. Eve, sort tes armes.
Les sourcils froncés, les yeux écarquillés, tout son corps tremblait. C'était le début du pire scénario qui commençait. L'alarme continuait de retentir, et des bruits de pas et de cris se faisaient entendre à l'étage du dessus.
— Eve.
Les bruits de courses se rapprochaient, tels des tambours qui battaient le début d'une exécution. Mais laquelle ?
— Vingt-trois pourcents, résonna la voix mécanique de Ritsu.
— Eve.
Elle sentait le poids des deux révolvers, collés à ses hanches, là où reposaient habituellement les pistolets anti-sensei. Ils étaient plus pesants, plus froids, plus encombrants que ce qu'elle avait eu l'habitude d'utiliser. Et ils n'avaient pas les mêmes conséquences. Elle ne pouvait pas faire ça, elle voulait sauver. Elle ne pourrait pas tirer sur ces gens, ils avaient une famille, des amis-
— Putain, Eve, grogna Isaac en dégainant son neuf millimètre, dont il avait retiré le silencieux pour plus d'efficacité.
Alarme. Course. Alarme. Cris. Déclic de pistolet. Alarme. Cris qui se rapprochent.
PAN.
Au son de la première détonation, Eve attrapa son arme. Elle ne sentit pas le métal froid contre ses doigts gantés. Elle ne sentit pas non plus son poids, bien plus lourd que ce à quoi elle s'attendait toujours. Elle n'entendait plus l'alarme, qui lui vrillait pourtant les oreilles quelques secondes auparavant. Elle ne sentit pas le recul de l'arme, lors de son premier tir. Elle n'entendit pas le cri de l'homme qu'elle avait touché, à la jambe. Elle ne constata pas l'aisance avec laquelle elle avait rechargé son pistolet, elle qui peinait toujours à le faire de manière fluide et rapide. Elle ne discerna pas non plus l'enchaînement diablement rythmé qu'elle suivait mécaniquement : respirer, viser, bloquer la respiration, tirer, respirer, viser…
— Cent pour cent.
Instinctivement, elle attrapa son portable, arrachant le câble du port USB de la base de données. Eve suivit Isaac et commença à rebrousser chemin à travers le couloir.
Elle ne n'aperçut pas les corps sanguinolents à terre. Elle ne sentait toujours pas ses tympans vriller à chaque détonation. Elle ne sentait toujours pas les balles siffler à quelques centimètres d'elle. Elle les évitait toutes, elle se sentait intouchable. Ils avaient maintenant atteint le second escalier.
Tous ses sens étaient à la fois exacerbés et inhibés. Elle ne sentait pas la résistance de la gâchette lorsqu'elle pressait la détente, ni le recul de l'arme chaque fois que la balle s'élançait, brûlante, hurlante, déchirant le tissu puis dévorant la chair de la pauvre âme qu'elle rencontrait.
Puis d'un coup. D'un seul, elle sentit tout.
La brûlure à blanc. Le liquide poisseux qui coulait. L'impression qu'on lui avait arraché tout le bras. Ses cordes vocales qui se déchiraient. Ses tympans sifflant sous l'intensité du cri. Le sien. Elle sentit le sol la frapper brutalement. Le froid du marbre sur ses joues humides, de sueur ou de larmes, elle ne le saurait jamais.
— PUTAIN.
Elle entendait tout à présent. Les battements erratiques de son cœur, sa respiration haletante, les cris d'Isaac.
Merde. Merde. Elle allait mourir ? Comme ça ? Loin de chez elle et de sa famille. Loin de tout ce qu'elle avait. Sa famille d'ailleurs, qu'allait-elle dire ?
Elle se sentit décoller du sol, et atterrir sur les épaules d'Isaac. Elle continuait à entendre les coups de feu. Elle regardait le vide d'un œil morne. Elle sentait le liquide chaud continuer de couler le long de son corps, pour atterrir doucement sur le sol. En voyant la couleur rouge foncé, Eve comprit qu'il s'agissait de sang. Son sang. Par terre. Ses pensées étaient folles. Incohérentes. Son sang coulait. Sur le sol. Pas dans elle.
Sans comprendre comment, Eve fut balancée sur la plage arrière d'une voiture, sur ce qui semblait être une bâche en plastique qu'elle ne remarqua même pas. La portière arrière claqua devant ses sanglots, les larmes se mêlant au sang et à la sueur.
— J'ai pas le temps de m'occuper de toi, fit Isaac d'une voix bien douce et chaleureuse qu'Eve n'aurait jamais cru pensé entendre venant de lui. Tiens bon, ça va aller.
La voiture démarra en trombe. Eve continua de respirer autant qu'elle le pu. Elle pleurait et ses sanglots s'étranglaient entre ses gémissements de douleur.
— Essaie de comprimer la plaie, Eve. Je sais que c'est pas facile, mais met ta main dessus et serre fort.
Eve tendait son autre bras vers sa blessure, qu'elle avait maintenant identifiée être au bras. L'adrénaline et tout ce stress avait complétement faussé ses perceptions, au point où elle avait juste senti la douleur irradier tout son corps, tordre ses viscères, serrer sa gorge, comprimer ses poumons et même arrêter son cœur. Maintenant, la souffrance était plus aigüe, et rayonnait dans son bras, au niveau de l'humérus. Doucement, elle plaça sa main au niveau de l'épicentre de la douleur, qui pulsait à chaque battement de cœur.
— Tu peux le faire, encouragea Isaac en observant la scène dans le rétroviseur central.
Un autre gémissement s'échappa de sa bouche tordue par la douleur et les pleurs, mais elle resserra la prise sur son bras. Elle tenta de comprimer le plus possible son bras, juste en dessous de l'épaule. La mâchoire serrée, elle étouffait ses pleurs, dans l'optique de reprendre le contrôle sur sa respiration chaotique.
— On change de voiture dans vingt secondes, tiens-toi prête.
Eve réprima un juron, et essouffla un « ok » guttural. Moins d'une demi-minute plus tard, Eve se traînait dans un taxi de San-Francisco. Elle ne comprenait toujours rien, juste assez pour suivre les ordres d'Isaac et les exécuter du mieux qu'elle pouvait.
Ils roulèrent pendant ce qui semblait à Eve une éternité. Sa tête lui tournait. L'apprentie espionne se sentit tomber, sombrer dans un sommeil étrange. Au bord du malaise, elle vit qu'on l'avait sortie du vieux taxi, et qu'on l'amenait dans un autre bâtiment. Sa vue, trouble, rendait impossible toute distinction du lieu où elle était menée.
— Eve, non. T'endors pas.
Dans un sursaut, elle réalisa soudain qu'elle était sur un canapé à présent. Isaac était face à elle, examinant ses traits d'un air soucieux. Isaac, soucieux. Elle délirait complétement.
— Enlève ton t-shirt, je peux pas le déchirer sans te faire trop mal parce que votre équipement résiste globalement bien aux coups de couteau.
— Euh. Non ?
— Ok, j'ai compris t'es pudique mais t'as une blessure par balle peut-être au niveau d'une artère importante. Maintenant, tu remets ta veste au-dessus après ou tu te résigne que je te vois dans un vêtement équivalent à un maillot de bain mais dépêche-toi.
L'agent du ministère se retourna, et sembla attendre le feu vert d'Eve. Avec des gestes de la vitesse d'un paresseux, l'adolescente enleva d'abord sa veste avec autant de délicatesse que possible, puis entama la douloureuse tâche d'enlever son haut.
— T'as besoin d'aide ? demanda Isaac, toujours retourné.
— Non, ça va- aïe, le faire. Attends un peu.
— Le but c'est pas que tu te vides de ton sang pendant que t'enlève ton t-shirt, tu sais.
— Tiens, ça m'avait manqué, grommela Eve en étant à la moitié —la plus dure— de son épreuve.
En serrant la mâchoire, elle parvint à enlever son haut à manches longues imbibé de sang, avant de soupirer un grand coup. Elle commença à baisser le regard vers son bras quand elle fut coupée :
— Un conseil, ne regarde pas la blessure. Tu risques un malaise.*
Eve écouta le conseil de l'agent de la défense et remit sa veste —celle de leur équipement, qui était à manches courtes.
— C'est bon, soupira Eve.
— Maintenant va falloir faire vite, récita Isaac en ouvrant une trousse avec de multiples instruments médicaux.
— Attends, c'est toi qui va… ? demanda Eve, toujours à deux doigt du malaise.
— Je pense que c'est pas difficile à croire, mais crois-moi, les blessures par balles, ça me connaît. La tienne m'a l'air d'un bête cas d'école en plus.
Eve se sentit une nouvelle fois partir, et glissa le long du canapé. Il allait l'opérer, ô grand Dieu, mais pourquoi s'était-elle embarquée dans tout ça ? Son souffle était redevenu irrégulier, sifflant et elle n'était à rien de la crise de panique. Isaac soupira, on sentait qu'il prenait dans toutes ses forces pour garder son calme et être moins insupportable qu'à l'accoutumée.
— Écoute. J'ai déjà fait ça plusieurs fois, et ton cas est simple. J'ai des anesthésiants, tu ne sentiras rien. Tu vas t'en sortir, tu ne mourras pas en martyr aujourd'hui.
— C'est pas faute d'avoir essayé, prononça Eve entre deux hoquètements de douleur.
— Même là t'es mauvaise, railla Isaac. Allez redresse-toi un peu, je vais t'allumer la télé et tu vas la fixer comme si c'était la dernière fois que tu la regardais, ok ?
Eve hocha doucement la tête, et le temps qu'elle ne se redresse, la télé était allumée et Isaac se désinfectait les mains, et était prêt à enfiler des gants en latex d'un bleu criard. Eve sentit le peu de son âme s'envoler vers les cieux quand elle vit Isaac approcher une seringue près de son bras.
— Ne bouge pas. Dis-toi que ça va être désagréable sur le coup mais que c'est pour le mieux, ok ?
— Hm. Hm, répondit Eve, crispée en essayant de retenir de nouveaux sanglots.
— Hey, ça va aller. Maintenant, essaie de te détendre un max. Pas d'allergies particulières, c'est ça ?
Eve hocha négativement la tête. Elle sentit l'aiguille traverser sa peau, et elle se mordit la lèvre inférieure presque au sang pour ne pas crier et se remettre à pleurer. Elle était complètement sur les nerfs, et elle prenait sur elle pour essayer de garder le peu de calme qu'il lui restait.
— C'est bien on continue comme ça, encouragea Isaac.
— Toi qui m'encourage, on aura tout vu, souffla Eve.
— J'arrête si ça te gêne, répondit Isaac en piquant sa victime une nouvelle fois, comme pour se venger de la raillerie.
Eve continuait à regarder la télévision avec autant d'application que son anémie ne le lui permettait. Elle tentait bien tant que mal à garder ses pensées sur l'émission débile que diffusait la télé américaine plutôt que sur le charabia médical qu'Isaac marmonnait.
— …artère brachiale épargnée, c'est bien. Balle ressortie du côté dorsal. Hm. Vu le saignement, artère humérale touchée.. sûrement l'ascendante profonde vu la position. Mais avec les anastomoses on devrait s'en sortir..
Une trentaine de minutes plus tard, Isaac s'éloigna et regarda son œuvre : c'était peu esthétique mais c'était du travail propre. Il avait nettoyé la blessure, vérifié que des fragments ne s'y étaient pas logés, enlevé les morceaux de chairs qui risquaient la nécrose, désinfecté le tout avant de recoudre de la meilleure façon possible, surtout au niveau de la sortie de la balle.
— C'est fi-
Il remarqua que sa quasi-disciple était inconsciente. Il vérifia son pouls et son souffle en vitesse : elle s'était endormie. Un soupir de soulagement plus tard, Isaac se leva pour installer une perfusion à la collégienne.
Une collégienne.
Elle avait volé à l'une des plus grosses puissances mondiales des informations top secrètes et s'en tirait juste avec une blessure traumatique certes, mais relativement légère.
Une collégienne, hein.
*Malaise : quand certaines personnes voient leur blessure, ils vont un malaise vagal. Et même plus fou, ça peut même arriver à d'autres personnes s'ils voient une grosse blessure d'une autre personne par exemple. Leurs cerveaux, pensant que c'est eux-même qui sont blessés, vont essayer d'économiser le sang (histoire de pas crever genre) et pouf : c'est le malaise.
Moi pendant l'écriture du chapitre :
Moi : attends mais la vascu du cou je connais… *hésite 3 secondes* Omg je vais rater mon redoublement j'ai oublié Tête et Cou :'((( (aka un chapitre qui était très craint en anatomie mais qui avait été vachement simplifié pour mon année… mais que j'ai un peu oublié visiblement)
Mes recherches ce chapitre :
- Vascu cou (désolée Jean-Marc, btw je viens de découvrir que mon prof d'anat a une page wikipédia)
- Silencieux arme baisse puissance ? (je suis fichée S maintenant :c)
- Vascu bras (pour ma défense on la fait pas pour mon année
- Traitement blessure par balle (peut-être que le FBI se doute que je suis pas terroriste maintenant)
Bref à la prochaine~
J'espère que vous êtes toujours contents de voir la petite notif du chapitre qui sort ;)
