31/08/2020

Salut tout le monde ! J'espère que vos vacances se sont bien passées, perso ça a été un peu chaotique mais tranquille. J'ai l'impression d'être en vacances depuis 6 mois donc dur de distinguer les vraies vacances des fausses ahah. J'espère que votre rentrée va bien se passer, malgré l'année encore compliquée qui s'annonce. Perso je commence quelque chose de relativement nouveau donc je croise juste les doigts !

L'histoire touche presque à sa fin, merci encore du fond du coeur à ceux et celles qui sont là et me le font savoir. Je vous jure que sans vos commentaires j'aurais arrêté.

...

J'ai répondu à Kalyska et Fenrir83en privé :)

ENJOY LE CHAPITRE


Chapitre 43 — Pas de Leçon

En apparence, tout paraissait montrer que la situation s'était calmée. En apparence, la classe E n'avait jamais autant ressemblé à une classe aussi normale. Après la Civil War et l'attaque des fanatiques, les élèves avaient enfin consenti à découvrir les informations secrètes ramenées par Eve.

En apparence, Eve avait l'air d'une gamine de troisième tout ce qu'il y avait de plus commun. Un mois après sa mission, elle ne portait plus son écharpe et son bras était presque guéri extérieurement. Cela aurait dû être plus long, mais Koro-sensei avait sûrement quelque chose à voir avec ça.

En apparence, Eve était réintégrée à la classe. Elle souriait à tous et ils discutaient parfois. Elle passait la majeure partie de son temps avec Rio, l'autre partie on ne sait où.

Les informations volées à St Francisco avaient révélé que leur professeur poulpesque préféré n'avait en réalité seulement qu'un pourcent de chance d'exploser. Le plus probable étant que ses cellules ne s'évaporent naturellement au bout de quatre-vingt-dix ans.

Ce n'était donc pas inutile.

Eve avait manqué de s'écrouler. Elle avait failli y passer, elle s'était isolée, séparée des autres. Mais ces connaissances étaient indispensables. Si la classe avait décidé de continuer les assassinats pour la forme, elle s'était tout de même demandé comment faire pour baisser ce pourcentage.

— Moins d'un pourcent c'est peu, admit Rio en attrapant un onigiri de son bentô. Mais ça reste possible.

— C'est bien ce qui m'embête, répondit Eve. Pour nous, ça reste génial et une bonne nouvelle. Mais si le monde vient à l'apprendre, un pourcent, ça restera un pourcent de trop.

Rio observa les traits soucieux de son amie. Le dernier mois qui s'était écoulé avait laissé des marques. L'Anglaise donnait l'impression d'être bien plus âgée. Son regard, aussi cliché que cela puisse être, avait changé. Sa spontanéité et son sourire étaient comme enterrés bien loin sous les regrets et les pensées dans lesquelles Eve semblait constamment plongée.

— Mange un peu, tu devrais te remplumer, suggéra Rio en attendant son bentô à son amie.

— Merci, fit Eve en acceptant l'offrande.

Rio sourit : au moins certaines choses ne changeaient pas.

— J'imagine qu'avec les informations volées, on pourrait mener d'autres expériences pour déterminer précisément le pourcentage de l'explosion de Koro-sensei, exposa Rio. Je m'y connais pas en Sciences, mais d'après ce que j'avais compris il est composé d'anti-matière non ? Ça doit bien avoir des applications quelque part. Le laboratoire ne bossait pas dessus par hasard, ça doit être rentable.

— C'est pas bête du tout, accorda Eve, le sourire aux lèvres. Je vais y réfléchir et je t'en reparle !

— Oui, avec nos quatre neurones en commun on devrait bien réussir à trouver quelque chose, concéda Rio, satisfaite d'avoir redonné un peu de bonne humeur à son amie.

En apparence, tout allait pour le mieux donc.

Mais Rio, au moins, savait que non. Eve était à rien de craquer. Derrière ses sourires, Eve était au bord du gouffre. Son obsession du sauvetage Koro-sensei était devenue encore plus dévorante après la mort d'Isaac. Plutôt que de la mettre face aux faits, Rio préférait la soutenir, chose qu'elle n'avait pas faite auparavant.

Eve, en deuil, se changeait les idées en se concentrant sur la survie de son professeur. Elle était allée bien trop loin pour s'arrêter maintenant. Trop de sacrifices. Maintenant, au moins, elle avait un soutien.

…xX*Xx…

— Alors, comment vont vos inscriptions au lycée ?

En se retournant, Eve se retrouva face à Asano Gakushû. Il est vrai que toute la classe E avait été dans le top 50 de l'établissement. En théorie, pas trop d'inquiétudes là-dessus, ils étaient prêts.

Mais Eve repensa aux quelques établissements où elle avait postulé. Et à toutes les réponses négatives que ses parents, déçus, avaient reçues. L'Anglaise avait mentionné ses récurrentes insomnies pour expliquer ces échecs. Les Bells l'avait crue, elle avait pourtant des résultats excellents, cela devait être une erreur, non ?

— La classe s'en porte bien, répondit évasivement Eve.

— Et toi ? Pour quelqu'un du top 10, j'imagine que tu peux tenter de bons lycées.

Elle-même avait oublié qu'elle avait réussi à se hisser aussi haut. Officieusement, avec son total de points, elle était neuvième. Officiellement, puisqu'elle et Joshua avaient des sujets différents, ils n'étaient pas vraiment comptés.

— Plus compliqué que ça, avoua Eve, le regard ailleurs.

— Encore votre secret ?

Eve hésita.

— Ouais, c'est lié.

— À ce sujet, mon paternel est très suspect ces temps-ci. J'ai également cru voir que le quartier de Kunugigaoka était étrange. Trop de travaux. Sans compter tous ces agents en uniformes qui viennent, votre faute aussi je suppose ?

— Tu supposes peut-être bien.

— Soit. J'ai abandonné votre cause, tu sais. À ta place, je ferais juste attention à ce dont je viens de te parler. C'est peut-être bien lié.

— Je vois pas en quoi l'essor immobilier du quartier me concerne, mais merci quand même, répondit suspicieusement l'Anglaise.

Eve fit mine de reprendre sa route avant de s'arrêter quelques secondes et demanda d'un air innocent :

— Sinon, comment tu ferais pour faire chanter quelqu'un de bien supérieur à toi ?

…xX*Xx…

— Tu as beaucoup discuté avec Asano, aujourd'hui, remarqua Joshua.

Entendre quelqu'un parler un anglais correct déconcertait beaucoup Eve depuis qu'elle était au Japon. Mais ce n'était pas désagréable, presque dépaysant.

— Oui, j'avais besoin de quelques-uns de ses conseils.

— Félicitations pour ton classement d'ailleurs, ajouta Joshua. T'en as fait des progrès depuis Oxford. J'oserais même dire que t'es méconnaissable.

— Ah bon ?

— Vraiment. D'ailleurs, je sais qu'on est pas très proches, mais tout va bien ?

Eve continua de marcher en silence. Joshua observa sans rien dire sa réaction qui en disait long. Il l'appréciait modérément lorsqu'ils se côtoyaient à Oxford, elle était trop excessive, trop bruyante, trop extrovertie pour lui. Au Japon, elle s'était calmée. Mais là, ce n'était presque plus la même personne.

— Ça doit être l'hiver, supposa Eve après un temps. Le manque de vitamine C, tout ça.

— Possible. Mon père me met une pression monstre pour les lycées, je suis pas loin sur les listes d'attentes mais c'est infernal chez moi. Toi ça va ?

— Eh bien… Je ne suis pas sur liste d'attente.

Nouveau silence.

L'éducation était un sujet phare au Japon. Et les deux étrangers l'avaient bien compris. Un échec scolaire était plutôt tabou.

— Il te reste toujours Kunugigaoka, rassura Joshua. Ça reste un bon lycée avec de bonnes options. Et puisque tu te situes dans le top cinquante, tu peux y aller sans test d'admission.

— Oh. J'avais totalement oublié, c'est vrai. Merci beaucoup.

Les deux collégiens arrivèrent au point où leurs chemins divergeaient. Ils se saluèrent poliment et continuèrent leur route.

— Merci Joshua, ajouta Eve. Et courage pour chez toi, ça a pas l'air simple.

Non. Définitivement, Eve n'était plus la même personne. Et Joshua sentait que ce n'était pas nécessairement une bonne nouvelle.

…xX*Xx…

27 jours.
Il restait 27 jours avant la fin de l'année.

Chaque jour, lorsque tous les élèves arrivaient, la date était effacée. Chaque jour, quelqu'un la réécrivait ensuite. Ce mystère durait depuis presque une semaine maintenant. Aucun élève ne se doutait du coupable. Peut-être ne cherchaient-ils pas car ils se doutaient des motivations du fautif.

Aujourd'hui cependant, l'ambiance était différente des autres jours.

À vingt-sept jours de la fin de l'année scolaire, les élèves de la 3eE étaient préoccupés par la date. Non par parce qu'elle était synonyme de l'approche de la date fatidique, non. Parce que vingt-sept jours avant le 13 mars, nous étions le 14 février.

Rio avait embarqué Eve dans sa mission pour aider Kayano à donner ses chocolats à Nagisa. Finalement, non seulement cela n'avait pas fonctionné, mais Eve avait semblé s'ennuyer. Eve la commère aurait adoré passer la journée à espionner impunément ses camarades de classe. La blondinette avait terminé la fin de la journée en donnant des chocolats à Eve.

Cette dernière souriait peu ces derniers temps. C'était majoritairement des sourires polis ou pour éviter des questions envahissantes. Mais lorsqu'elle avait reçu les chocolats de Rio, elle avait ri. L'avait traité d'idiote, puis invité à déguster les merveilles au cacao ensemble.

— Merci de ce que tu fais pour moi.

— Je suis juste ton amie, c'est normal, rigola Rio.

— Je sais que j'ai pas l'air conciliante en ce moment, ajouta Eve. C'est juste…

— Je sais, l'interrompit Rio. Je sais et tu n'as pas à t'excuser pour ça. Prend le temps qu'il te faut, ne te concentre pas sur ce que je pourrais penser, mais plutôt sur toi.

S'en suivit une étreinte dont Eve se souviendra probablement toute sa vie. Probablement une des plus longues également. Eve semblait penser qu'elle ne méritait pas cette amitié. Rio trouvait qu'elle avait été une abominable amie.

En réalité, c'était simplement une situation mal gérée par le gouvernement qui aurait dû mieux les encadrer qui les avaient menées là.

…xX*Xx…

— Hey.

Relevant la tête, Eve découvrit deux iris ambrés qu'elle n'avait pas vu depuis un moment. Avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche pour répondre, Karma s'était assis en face d'elle. Le vent froid de Février dissuadait Eve de passer quelques heures dehors, aussi avait-elle donc décidé de s'installer dans l'ancien bureau de Yukimura-sensei. Koro-sensei avait interdit l'accès de la pièce, mais il faisait visiblement semblant de ne pas s'en rendre compte.

— Hey, répondit-elle après avoir refermé son ordinateur portable.

Karma ne sut où commencer. Elle avait l'air minable. En salle de classe, elle paraissait juste silencieuse et calme. Dans cette pièce peu éclairée, où personne ne l'observait pas à part lui, elle avait inconsciemment baissé sa garde. Rio ne mentait pas. Et c'était plutôt évident de deviner pourquoi. Elle enchaînait les évènements traumatisants et ne pouvait se confier que depuis peu.

Eve brisa le silence avant que Karma ne se décide :

— J'ai déjà demandé conseil à Asano, mais un cerveau maléfique en plus ne serait pas de trop.

— Pour quoi faire ?

Eve soupira, ouvrit de nouveau son ordinateur pour observer son projet.

— Je peux pas vraiment te dire, commença Eve. Informations confidentielles, j'ai pas non plus envie de vous remettre dans la merde.

Ce fut à Karma de soupirer.

— Encore ? Où t'as eu ça encore ? Oh non, laisse-moi deviner.

— Le prend pas comme ça s'il-te-plaît, demanda Eve, lasse. C'est vraiment important pour la classe.

— Tu en as déjà suffisamment fait.

— Pas vraiment non. Je ne veux pas faire ma conspirationniste, mais le gouvernement ne joue clairement pas carte sur table avec nous, avança Eve.

— Bien sûr que non ! On est des collégiens ! exposa Karma, agacé de devoir rappeler une évidence. Tu ne peux pas essayer de te pointer le gouvernement avec l'intention de discuter à la même table qu'eux.

Le ton était monté. La tension devenait palpable dans la salle. Eve n'avait pas haussé le volume, mais ses yeux, mornes il y à peine quelques secondes, venaient de récupérer un éclat. Une indignation et une colère sourde qui étaient les seuls moteurs de la collégienne depuis déjà quelques semaines.

— Après tout ce qu'on a fait ? Ce qu'on a perdu ? Ce qu'on a donné ? Ce qu'on a subi ? Non je trouve pas ça normal qu'ils ne soient pas plus transparents, articula doucement Eve.

— Tu penses vraiment qu'ils voulaient nous mettre dans cette situation ? Non. Koro-sensei leur a forcé la main. Mais pas étonnant et HEUREUSEMENT qu'ils ne comptent pas seulement sur nous pour nous en occuper. Maintenant Eve, il est temps pour toi d'arrêter.

Arrêter ? Maintenant ? Les lèvres d'Eve s'entrouvrirent pour la laisser bouche bée. Cela lui paraissait tellement invraisemblable. ARRÊTER ?

— Rio n'ose pas te le dire. Elle se sent coupable de ce qu'il t'est arrivé. Elle préfère te soutenir mais tu ne peux pas rester comme ça.

Le rouquin passa une main dans sa tignasse écarlate, épuisé. Eve, indécise, n'osa pas le couper.

— Arrête Eve. Tu n'as plus à subir ça.

— Je ne le subis pas, rectifia-t-elle.

— Tu le subis. Tu ne t'en rends pas compte, mais regarde-toi ! Tu t'es pris une balle dans le bras, tu ne dors plus, tu as perdu du poids. Un coup de vent et tu t'effondres ! Et j'ai appris de Koro-sensei que tu n'avais eu aucun lycée que tu avais demandé.

— Et alors ? siffla-t-elle, un sourire amère. Je ne vous implique plus, j'ai une mauvaise passe. Ça arrive. Si tu ne veux pas m'aider avec ça, rien ne t'oblige à rester !

Ses doigts pointaient la myriade de documents ouverts, rapports, vidéos qu'elle avait récupérés. Ses yeux rouges témoignaient du temps passé devant l'écran, remuant ses méninges encore et encore pour déterminer quelle serait la meilleure stratégie à adopter.

— Tu te laisses presque crever Eve ! Tu mets ta vie en jeu et tu ne t'en rends même pas compte on dirait ! Et personne n'ose te le dire parce que tu les évites et agis avec une façade, mais tu ne peux pas continuer comme ça !

— Je ne-, s'emporta-t-elle.

— Écoute-moi bon sang ! gronda-t-il. Tu en as déjà beaucoup trop fait. Personne. Je dis bien personne ici n'en a fait autant que toi. Alors arrête.

— Je peux pas, conclut tristement Eve.

Cette fois, sa réponse s'était faite plus douce. Il y a quelques secondes, ils se criaient presque dessus, mais les derniers mots d'Eve s'étaient presque éteints au moment où elles les avaient prononcés.

— Pourquoi ?

— Je… Je.. J'ai déjà fait tellement, je peux plus m'arrêter maintenant. Comme tu le dis, je me suis blessée, je vous ai mis en danger et… Isaac est mort. Alors je continuerais tant que je le pourrais, expliqua Eve.

— Même si pour ça tu dois mourir ?

Eve s'attendait à être brusquée par ces mots. Mais non. Mourir ? Oh, ce serait embêtant. Sans doute. Mais ce n'était pas ça qui l'effrayait le plus.

— Koro-sensei ne s'en remettrait pas s'il perdait un élève, tu le sais très bien. Isaac n'est pas mort par ta faute, par contre, il pourrait bien finir par te faire tuer.

— Je peux pas, répéta Eve, perdue.

Que ferait-elle si elle arrêtait ? Que fera-t-elle quand tout sera fini ? Ces angoisses la pétrifiaient bien plus que l'éventuelle mort à laquelle elle pourrait faire face.

— Je sais pas, continua-t-elle, ses lèvres remuant dans le vide, comme à la recherche de mots pour poser ce qu'elle ressentait.

— Pourquoi tu ne pourrais pas arrêter ?

— Je ne sais pas, répéta Eve. Je ne sais pas ce que je ferais si j'arrête. Je ne sais pas quel lycée je veux, je les ai pris au pif. Je ne sais pas ce que je vais faire après le lycée. Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard. Le seul truc que je sais, c'est que j'ai une mission et que je veux sauver Koro-sensei. Si je ne fais pas ça, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas pourquoi je resterais ici, ce que je ferais. Pourquoi je me lèverais le matin.

Karma se tut quelques instants. C'était quand même incroyable que dans tous ces foutus adultes, aucun n'ait su deviner l'étendue de la détresse d'Eve. Et cela ne devait pas être la seule. Il n'y avait qu'à voir Hinano, qui avait manqué presque une semaine de cours. Isaac s'était interposé devant elle. Les autres continuaient de vivre sans rien dire, mais qu'en était-il vraiment de leur santé mentale ?

— Et alors ? C'est pas grave si tu ne sais pas Eve. Personne ne t'en voudras pour ça. Élimine ce que tu ne veux pas faire, et essaie le reste. Tu as toujours fonctionné comme ça, tu fonces et tu vois après. Et même s'il y a eu quelques erreurs, tu t'en sors plutôt bien je trouve. Tu ne dois rien à ce monde ni à personne. Tu n'as pas besoin d'en faire autant pour vivre. Tu n'as pas besoin à tout prix d'être « utile », vis juste pour toi et pour les gens qui tiennent à toi. Ça sera bien suffisant.

La gorge nouée, Eve resta d'abord sans mots. Karma, toujours devant elle, demeurait quant à lui soucieux. Son manque de réaction l'inquiétait bien plus que ses tempêtes d'émotions auxquelles Eve avait habituée la classe E depuis son arrivée.

— Je peux mourir à tout instant, je l'ai bien compris. Ça fait plusieurs fois, maintenant, qu'on côtoie la mort. Sur l'île en Août. Quand le Dieu de la Mort nous a attaqué. Au cinéma. Et il y a quelques semaines finalement. Et je me rends compte que j'ai rien accompli dans ma vie, et que je pourrais peut-être mourir seule… comme Isaac. Et je veux pas. Je peux pas.

Sa voix était de nouveau montée dans les aigus, saccadée, brisée par sa gorge nouée par l'anxiété.

À l'instant même où Eve avait terminé sa phrase, deux bras entrèrent dans le champ de vision d'Eve. Karma la serrait comme lui. D'abord abasourdie, Eve resta les bras ballants. Pendant de longues secondes, son cerveau tentait de comprendre la raison de cet emballement. Mais finalement, ses paupières se refermèrent et ses muscles se détendirent. Ses bras passèrent sous ceux de Karma pour lui rendre son étreinte. Elle en avait vraiment besoin.

— T'es vraiment une idiote tu sais.

Retrouver du soutien soulageait terriblement Eve. Doucement, elle déposa sa tête contre l'épaule du rouquin.

Depuis des semaines elle se sentait hors d'elle. Elle avait l'impression de ne plus exister. De ne plus être la propriétaire de son corps. Elle pouvait dire sans mentir que la dernière chose qui la ramenait un peu sur Terre était Rio. Elle lui vouait une reconnaissance éternelle. Mais là, c'était comme différent.

— Tout le monde ne peut pas être parfait, soupira Eve, une pointe de sarcasme dans sa voix faible.

— Je peux être parfait pour deux.

Eve releva la tête pour croiser les prunelles ambrées de son interlocuteur, qui sembla presque aussi surpris qu'elle. Elle laissa passer quelques secondes, et reposa finalement sa tête d'un geste fatigué.

Ils laissèrent le silence parler pour eux.


A la prochaine~