01/06/2022

HELLO LA COMPAGNIE
Je suis heureuse de vous retrouver pour vous annoncer que le chapitre final de cette histoire est enfin publié !

Je suis à la fois soulagée, et un peu nostalgique. Finalement, il n'y avait pas grand chose à écrire ni à finir. Mais bon, au moins vous aurez pu finir cette histoire et même si le dénouement n'est pas à la hauteur de votre attente (ce que je comprendrais honnêtement), vous pourrez tirer un trait sur cette fanfic. C'était très important pour moi de clore toute ce qu'il s'est passé, et même si avec le recul je cringe parfois en relisant ce que j'ai pu écrire, je suis contente de pouvoir dire au revoir à Eve.

Encore désolée d'avoir eu un rythme de parution éclaté au sol.

On se revoit bientôt pour le chapitre bonus, qui sera peut-être un peu plus complété si le coeur m'en dit mais qui est déjà un petit pêle-mêle de plusieurs textes hihi

MOT DE L'AUTEURE : Du coup, je galère toujours autant dans la vie, ce qui explique mon rythme de parution chaotique. Ma vie scolaire, sociale et amoureuse est chaotique est fait des montagnes russes mais on commence à avoir l'habitude. Insh l'année prochaine je finis mon dernier semestre de Licence et je valide. Peut-être même que j'aurais un master si j'en demande. Bref je suis paumée dans ma vie, bienvenue dans les études supérieures :)

Réponse aux reviews

AmeliaOni : Merci pour ton adorable review! Ca me fait vraiment plaisir de voir que j'arrive encore à faire passer une multitude d'émotions haha. Pour te répondre j'essaie d'aller mieux et voici le dernier chapitre :) Ravie que tu apprécies la romance entre Karma et Eve ! Elle n'était pas vraiment prévu de base, mais tant pis hehe

Fadelessun : Merci pour ta review ! Ca m'a vraiment motivée de voir que j'avais encore des gens qui attendaient la suite !

Fenrir83 : Dans une autre vie, Rio et Eve sont ensembles. Peut-être que je ferais un petit texte sur ça dans le chapitre bonus c: En vrai, même si je pourrais les shipper je les vois beaucoup comme des besties en mode bonhomme. Avec Karma je sentais plus cette ambiguïté. Peut-être que si elles s'étaient rencontrées plus tard... Je vois pas encore Eve être bi, pour le moment du moins, mais vers le lycée ou quoi je la vois bien se poser beaucoup de questions ! En plus au Japon, je crois savoir que c'est encore un peu cho donc à voir ! Merci encore pour la review !

Petite info : n'autorise qu'un commentaire par chapitre donc si vous aviez commenté pour l'update du chap 46 vous ne serez peut-être pas en mesure de commenter sur celui-là : soit il faut le faire sur un autre chapitre ou alors en anonyme


Résumé du dernier chapitre : Koro-sensei est mort et Karma est un gros simp. (j'espère que c'est pas trop OOC sinon tant pis, j'ai besoin de sa simperie sinon mon OC se flingue je crois)


Chapitre 45 – Fin des leçons

Eve était retournée, comme tous les autres élèves, dans le bâtiment E. Là-bas, ils découvrirent le dernier cadeau de Koro-sensei. Sur chacun de leur bureau se trouvaient un énorme livre, et un album photo personnalisé.

En silence, ils s'étaient posés à leur place, chacun leur tour, et avaient ouverts les derniers présents de leur professeur. De nouveau, les larmes coulèrent, plus silencieusement cette fois. Chacun lu jusqu'à ce que la fatigue ne les emporte.

xX*Xx…

Après la mort de Koro-sensei, les élèves de la classe E, et ce malgré leur évident traumatisme hérité de la nuit passée, étaient toujours conviés à la cérémonie de diplômes de leur collège. Irina et Karasuma avaient réveillé les étudiants pour qu'ils puissent se préparer à l'évènement.

En dépit de la courte nuit, passée à pleurer sur leurs bureaux, les élèves s'étaient rhabillés de leurs uniformes scolaires. Doucement, ils avaient descendu leur colline pour la dernière fois.

A chaque mention de leur nom, l'élève de la classe E se levait fébrilement, et tentait au mieux de cacher leur visage fatigué et cerné. Un fantôme de sourire aux lèvres, ils remerciaient le directeur de leur remettre leur certificat de diplôme.

« Eve Bell »

Etonnée de pas entendre le sempiternel « I-bu Be-Ru » tronçonné par les japonais anglophobes, Eve peina à reconnaître son propre nom. Cachée derrière une des portes du gymnase, la britannique fit son entrée théâtrale en approchant de l'estrade d'un pas engagé. Vêtue de sa tenue militaire, encore sale, si ce n'était le sang de Kayano qu'elle avait nettoyé, l'Anglaise de la classe E faisait son entrée en scène.

Ses parents, tous deux présents, regrettèrent leur progéniture à deux neurones, tandis que les autres parents nippons, outrés par son attitude s'offusquaient bruyamment. Eve, ravie de son petit effet, continua sa marche, la tête haute.

Toujours à vous faire remarquer, remarqua le directeur, visiblement perspicace.

Je suis une élève de la classe E, je tiens à être diplômée comme telle.

Derrière son sourire, on pouvait tout de même remarquer ses yeux gonflés d'avoir pleuré toute la nuit. Elle ne voulait pas qu'on enterre Koro-sensei aussi vite. Le conformisme des Japonais, ça n'était et n'avait jamais été pour elle. Il fallait qu'ils sachent. Ce qu'on les avait forcés à faire, ce qu'ils étaient devenus, ce qu'il s'était passé cette nuit-là.

Descendant l'estrade en claquant ses bottes militaires sous les escaliers, Eve balaya des yeux l'assemblée qui continuait de feindre les murmures et de la juger à voix haute. Au moins, ils savaient, ils en avaient la preuve qu'on les avait plus au moins obligés à jouer les petits soldats.

Le reste de la classe E, professeurs inclus, ne furent pas surpris une seule seconde. Mais au fond, peut-être que cela les amusait de voir un tel cirque après une des mises à mort les plus tragiques de l'humanité.

xX*Xx…

— Ils n'ont pas appelé tous les élèves de la classe A, non ?

Peut-être parce qu'il était un des seuls élèves à ne pas être en mort cérébrale, Karma s'était fait la remarque de ne pas avoir pu observer la remise de diplôme de son Némésis, Asano Gakushu. Quelques secondes seulement après cette remarque, les portes s'ouvrirent de nouveau.

Gakushu arriva, lui aussi le visage tiré par la fatigue. Les parents et leurs enfants, qui commençaient déjà à partir, masquèrent un brouhaha la conversation surréelle qui se poursuivit :

Mais vous étiez où pour arriver seulement maintenant ? demanda Eve, qui part manque de tact ne passait pas par quatre chemins.

Enfermés avec la police militaire, répondit Asano-fils, dont les cernes trahissaient une nuit peu reposante. Je ne te remercie pas pour ça, Bell.

Oh, mais-

J'ai suivi ton message avec les tours que j'avais trouvés être suspectes. J'ai bien compris que ce qui gênait c'était l'installation à leur sommet. Avant même qu'ils n'installent des sécurités devant les immeubles, j'y suis allé accompagné de quelques acolytes pour te donner des informations. L'armée a trouvé suspect que j'ai l'information de toutes ces tours alors j'étais détenu suspect.

Eve, cette fois trop abasourdie pour répondre laissa sa bouche ouverte une bonne quinzaine de seconde.

J'espère que j'aurai ma part de gloire dans cette histoire. On est quittes maintenant, disons que c'est pour avoir fait de ton année un enfer.

Sans même laisser le temps à Eve de répondre ne serait-ce qu'une syllabe, il s'éloigna d'un pas assuré vers son paternel, le considérant probablement à présent comme l'échec de la famille.

Je pense surtout qu'il est vexé de s'être fait attraper si tôt et de ne pas avoir été un héros, se moqua Karma. Quel boulet.

Les paupières d'Eve continuaient frénétiquement de battre pour tenter de comprendre tout ce qu'il s'était passé. Visiblement, cette petite ordure avait réellement tenté de l'aider ? Pour sûr, il n'avait pas dû comprendre dans quoi il s'embarquait, mais c'était tout de même notable.

Néanmoins, cela avait rappelé un objectif plus qu'important pour Eve.

Ce qu'elle pouvait presque appeler une vengeance.

xX*Xx…

« Une information capitale vient de nous parvenir- »

« A breaking new is just coming up »

Sur toutes les chaînes de télévision de la planète Terre, passaient un même documentaire de quelques minutes. Sur ce dernier, on y apprenait comment les élèves avaient été obligés de suivre les cours d'assassinat, des dangers auxquels ils avaient été exposés et bien plus. L'histoire avec Takaoka incriminait l'armée Japonaise, le reste le ministère Japonais mais aussi les gouvernements entiers qui avaient cautionné et avaient gardé sous silence cette affaire.

L'Anglaise, grâce aux conseils de Asano Gakushu et des informations de Ritsu, avait envoyé ledit documentaires aux gérants de multiples chaînes influentes. Mais ce n'était pas tout, car dans quelques jours, Eve Bell, la lanceuse d'alerte, avait rendez-vous sur une grande chaîne Américaine à heure de pointe pour parler de tout ça.

Bien sûr, la classe E désapprouvait en grande partie. La pudeur japonaise avait obligé la plupart des élèves à rester discrets quant à leur implication dans toute cette aventure. Leur deuil et la fatigue de toute cette histoire avaient également probablement joué.

— Je serais bien meilleur que toi à la télévision je pense, souleva Karma, moqueur.

— Je suis une pauvre adolescente ayant vécu la mort de deux mentors, mon accent british est moins insupportable que ton vieil accent japonais et je serais probablement plus crédible dans mes pleurs que toi, rétorqua Eve.

— Parce que tu pleureras pour de vrai !

— Si ça soutient mon histoire, je ne vois pas le mal, il n'y a pas meilleur acting que de vraies émotions, poursuivit l'Anglaise.

Sirotant sa menthe à l'eau, Eve griffonna son discours. Il fallait encore qu'elle partage tous les autres fichiers que Isaac lui avait légué. Oh, elle aurait pu s'en servir de chantage pour de l'argent. Mais elle avait déjà récupéré suffisamment du gouvernement Japonais, qui devait d'ailleurs s'en mordre les doigts maintenant que les yeux du monde entier étaient rivés sur ses erreurs.

Personne ne devait oublier ce qu'ils avaient vécu. Et elle, elle continuerait à faire vivre Isaac à sa façon.

Remarquant que la brunette fronçait les sourcils devant les documents, Karma devina qu'elle pensa à l'ancien espion. Il cacha son agacement, non sans mal. A ses yeux, cette ordure n'était qu'un manipulateur qui avait profité de l'empathie et de la naïveté d'Eve. Et maintenant il devait être accueilli en héros, mort en martyr pour la vérité ? Et puis quoi encore.

Mais Eve y tenait. Donc Karma la soutenait, d'autant qu'il pouvait retenir ses envies de vomir quand il repensait à ce type. Donc assez peu, mais il faisait de son mieux émotionnellement.

xX*Xx…

Nous étions le 21 Mars.

8 jours étaient passés. Derrière son interview et son occupation constante à s'occuper des médias, sa famille et ses amis s'inquiétaient. Si tous s'accordaient à dire qu'Eve était libre de gérer ses deuils comme elle le souhaitait, son zèle se rapprochait plus de la stratégie de l'autruche plutôt qu'une réelle introspection et d'une démarche d'aller de l'avant.

Le monde voyait maintenant Isaac comme un héros mort en essayant de défendre la classe E des terroristes qui avaient essayé de l'attaquer, mais aussi des grands pouvoirs. L'ordre public avait été chamboulé. Si les informations laissées par Isaac avaient été claires et faites en sorte qu'Eve n'avait qu'à les publier, il semblait pourtant qu'elle ait légèrement sous-estimé le chaos que cela engendrerait.

De nouveau dans une spirale infernale où Eve se laissait dévorer par ses émotions, il fallait que quelqu'un la stoppe.

Son visage qui était la personnification de la tragédie qui s'était passée ces derniers mois au Japon, était en parfait contraste de ce qu'elle ressentait à présent. Après les allers-retours pour interviews des journalistes, les parents d'Eve avaient décidé d'arrêter l'omniprésence médiatique qui tournait autour de leur fille. Certes, elle n'était pas à la seule à être harcelée, mais le premier pas qu'elle avait fait en allant voir les médias l'avait rendue plus approchables du point de vue des paparazzis.

Enfermée dans sa chambre, dans le noir, shootée par le jet-flag et les nombreux cauchemars qu'elle faisait chaque nuit, l'adolescente recommençait à broyer du noir. Un claquement de porte la fit sursauter, comme chaque bruit qui ressemblait de près ou de loin à un coup de feu se faisait entendre, et on toqua à la porte de sa chambre.

Eve répondit un bref « oui », avant de voir une tête blonde apparaître dans son champ de vision.

— Tu as une mine affreuse, entama Rio avec un sourire attristé.

— Pourtant je dois encore avoir des restes de maquillages vu la tonne qu'on m'en met à chaque interview.

Enchaîner le travail et les interviews avaient empêchée Eve de penser, mais maintenant elle en ressentait le contre coup.

— Mais je ne suis pas seule dans cette histoire, repris Eve, et toi comment ça va ?

— Mieux que toi, même si, respectueusement, tu n'es pas franchement une référence, plaisanta Rio. C'est dur. J'ai l'impression que toute cette année n'était qu'un rêve un peu bizarre. Et pourtant quand je vois les informations tous les jours, ça me rappelle que ça a existé. C'est irréel.

Eve hocha la tête. Elle ne comprenait que trop bien la situation. Elle suivait de temps en temps la conversation de la classe, ou chacun essayait de supporter les autres à sa manière. Mais en un sens, chaque élève de la classe E avait eu besoin de temps et d'oublier cette affaire.

— Mais bon. Hâte de commencer le lycée. Ça va me paraître tellement ennuyant. Je me demande ce que je vais faire de mon temps libre, maintenant que je n'ai plus des entrainements à suivre… sûrement rejoindre un club. Je crois que malgré tout, un peu de normalité ne me fera pas de mal, poursuivit Rio.

— Aucune idée non plus. Je reste à Kunugigaoka pour l'année prochaine, c'est les seuls qui seraient prêts à me reprendre, j'ai complétement foiré mes examens d'entrées mais ma moyenne à l'année est pas si terrible ici. Espérons simplement qu'ils ne décideront pas de me virer à cause de tout le bordel médiatique que j'ai créé.

— Fous-leur un procès au cul s'ils te prennent pas, pour séquelles psychologiques suggéra Rio, qui ne rigolait qu'à moitié. Mais je pense que ça devrait aller.

Un silence pesa soudainement dans la pièce. Rio regarda l'heure, se leva et enlaça son amie.

— Quelqu'un d'autre devrait pas tarder. Je pense fort à toi, et n'hésite pas à venir chez moi si les journalistes devant chez toi deviennent trop lourds. Courage.

Eve se retint de pleurer une nouvelle fois. Rio était probablement une des meilleures trouvailles de cette classe. Une petite pépite qui restait là pour elle, lui laissait son espace mais lui faisait comprendre qu'elle était présente. Dieu sait qu'elle en avait besoin. Surtout quand elle lisait ce qu'on pouvait dire d'elle sur internet. Elle en était venue à supprimer tous ses réseaux.

Mrs et Ms Bell avaient beau être inquiets, les différents suivis psychologiques et psychiatriques de leur fille leur paraissaient être un maigre soutien. Ils lisaient et voyaient eux aussi ce qu'on disait de leur enfant. Mais elle restait muette comme une tombe. A part la rassurer et lui donner leur soutien inconditionnel -ce que les différents thérapeutes d'Eve considéraient comme suffisants-, ils se sentaient impuissants.

A peine un quart d'heure plus tard, quelqu'un d'autre toqua à la porte. Se retenant de la nouvelle micro-crise cardiaque et maudissant sa maison d'être littéralement un moulin, Eve se leva pour ouvrir la porte de sa chambre.

Et si elle avait su que devant elle se trouverait la personne à qui elle avait juré, non sans larmes, de rester en vie à ses côtés, elle aurait probablement préparé un peu plus sa visite. Ce n'était pas seulement ses cheveux, plus proches du nid de piaf que d'une chevelure soyeuse, ou son pyjama gardé depuis maintenant quelques jours. Quoique déjà suffisamment humiliant, il y avait son maquillage de la dernière sortie et surtout la douche qui manquaient terriblement.

Rio l'avait déjà vu dans des états affreux. Karma également.

Mais tout de même.

Presque prête à refermer la porte d'un coup sec, elle fut coupée avant :

— Je peux attendre dans le salon que tu te prépares un peu.

Les ambres de Karma la fixèrent avec une pointe de moquerie, qu'il tentait tant bien que mal de contenir par sympathie. Lui-même avait les yeux cernés et vivait son deuil comme il le pouvait.

— Il y a du soda au frigo et les verres sont au-dessus de l'évier, indiqua Eve. J'arrive dans dix minutes.

Elle referma la porte d'un coup sec. Quelques secondes plus tard, elle courut jusqu'à la salle de bain pour se rincer et enfiler un t-shirt et bas propres. Elle en avait effectivement bien besoin. Quelques minutes plus tard, elle descendit les escaliers de chez elle pour arriver dans le salon.

— Tu avais l'air vraiment mortifiée quand tu as vu que c'était moi, je pensais que Rio avait prévenu, taquina Karma.

— Elle l'a fait, je suis juste un peu à l'Ouest en ce moment, répondit Eve, tentant d'égoutter ses cheveux encore ruisselants.

— Tu… vas comment ? demanda Karma avec un peu d'hésitation. Je ne t'ai pas vu depuis ton aller-retour aux Etats-Unis. Comment tes parents ont pris la chose ?

— Mon père m'a accompagnée. Je crois que je les rends un peu fous. Je me sens coupable de leur infliger ça. Ils essaient de ne pas me materner, mais c'est toujours « alors ton rendez-vous ? », « tu suis bien ton traitement au moins ? ». Je sais que je suis pas la seule de la classe à passer par là, donc ça me rassure un peu, mais c'est fatigant à la longue.

Karma soupira. Effectivement, on ne pouvait pas en vouloir aux parents des élèves de la classe E de devenir un quelque peu protecteurs après avoir appris que leur précieuse progéniture avait croisé la mort plus d'une fois. Fort heureusement pour lui, ses propres géniteurs avaient l'air d'en avoir approximativement rien à faire.

S'en suivit un silence presque gênant où les deux adolescents s'évitaient du regard.

— Et toi, ça va ? demanda finalement Eve.

— Mieux que toi de toute évidence.

Nouveau silence.

— A propos-

— Je voulais dire-

Eve et Karma s'arrêtèrent en même temps.

— Toi d'abord, intima Eve.

— Non vas-y parle, poursuivit Karma.

Voulant éviter ce jeu de « non, TOI parle » pendant une éternité, Eve respira un grand coup et commença :

— Du coup, par rapport à ce que tu as dit ce soir-là. J'aimerais qu'on en reparle.

Après la mort de Koro-sensei, Karma et Eve s'étaient séparés pour rejoindre la salle de classe comme les autres élèves. Puis, après la cérémonie de diplômes, ils ne s'étaient pas reparlés. Ce n'était pas l'envie qui manquait, du moins du côté d'Eve. La déclaration de Karma, bien que réalisée après le meurtre de leur professeur, tombait ironiquement au bon moment.

— Je le pense toujours, si c'est ce que tu te demandes, répondit le rouquin.

Eve ne s'attendait pas à une réponse aussi franche et directe. Pourtant, les iris de Karma étaient rivées droit vers elle, ne laissant place à aucune incertitude. Elle qui était prête à faire de grands discours, elle en était presque coupée dans son élan.

— Je ne sais pas, murmura Eve. J'ai l'impression d'être un déchet et de ne pas être digne. Digne qu'on me refasse confiance, digne de l'attention qu'on me porte. Je ne veux plus être un boulet, je ne veux plus pleurer tous les quarts d'heures. Je ne veux plus être à la télévision. Je ne veux plus être vue comme une drama queen. Je ne veux plus vivre dans la peur et l'anxiété constante. Je travaille sur ça, même si on ne dirait pas. Et j'ai l'impression terrible que ça n'avance pas. Je ne veux pas que tu finisses par me détester et partir. J'en ai marre d'être seule.

Quand son monologue fut terminé, Eve fixa le sol, bredouille. Elle ne voulait pas de nouveau se remettre à pleurer, aussi leva-t-elle la tête pour se rendre compte que Karma s'était rapproché. Avant qu'elle ne puisse comprendre ce qu'il lui arrivait, les lèvres de Karma se posèrent sur son front. Ses bras l'étreignirent, puis il la serra contre lui :

— Prends le temps qu'il te faut. Je me doute bien que tu n'as pas la tête à réfléchir à une relation en ce moment. Je t'attendrais.

— Mais je suis-

— Très bien comme tu es, la coupa Karma en la serrant plus fort. Je t'ai vue dans tes pires moments, je t'ai aussi vu dans tes très bons. J'accepte tout. Tu n'as rien besoin de changer. Prends ton temps.

Karma se mit à rougir. Être sentimental et faire des déclarations, ce n'était clairement pas son truc. Il inspira de nouveau. Pourtant, il le sentait. Peut-être bien qu'au fond, il le savait depuis plus longtemps. Et il ne comprenait pas pourquoi, ça le rendait presque fou. Lui qui était si rationnel, alors qu'elle était si imprévisible et émotive. Ça n'avait aucun sens.

Et pourtant.

— Je t'aime. Tu n'as pas besoin de répondre maintenant. Sache juste que c'est vrai. Je ne fais pas ça par pitié. Je le pense vraiment. Je ne comprends pas non plus. Mais ça me rend malade de te voir comme ça. Je ne veux plus te voir à l'autre bout du monde. Ça me rend fou de te voir continuer de te tuer à la tâche pour sauver le monde. Je veux juste que tu te sauves toi et que tu sois heureuse.

Maintenant, le bilan. Worst she can say is no, comme disaient les anglophones. Ce fut la première pensée qui vint à Karma lorsque le silence se fit entendre. Puis, Eve le poussa vivement et le rouquin eut envie de s'enterrer. C'était pire que « non » ça. A la seconde suivante, elle avait ses lèvres contre les siennes.

Malmené par les montagnes russes émotionnelles de ces trois dernières secondes, Karma mis un petit temps pour comprendre ce qu'il s'était passé. Quand le contact se rompit, l'adolescent fixait les yeux vert sapin qu'il aimait tant. Aucune hésitation ne transparaissait.

— Je crois que j'ai envie d'être heureuse, et j'ai envie de le faire avec toi.


HHHHHHHHHHHHH
J'espère que vous cringez pas trop.

A bientôt pour le chapitre bonus ! N'hésitez encore à poser des questions / des choses que vous auriez voulu savoir / des "et si" etc...