Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la nuit du FoF sur le thème "Défaite"
Bien installé sur un versant de la colline, Arthur avait une vue imparable sur ses armées qui se déployaient en-dessous. Beaucoup d'hommes garnissaient les rangs – qui étaient pour une fois à peu près bien formés –, les armures avaient été refaites à neuf, bref, que des bonnes choses qui allaient leur assurer la victoire, Arthur en était sûr. Surtout qu'ils avaient passés du temps à mettre au point un nouveau système de communication.
Par le passé, celui-ci avait pu en effet s'avérer assez... peu productif. Arthur n'avait jamais réellement compris comment il était possible de ne pas retenir quatre pauvres combinaisons de drapeaux, mais le roi avait fini par accepter l'idée qu'il régnait sur des troupes d'abrutis. Pour essayer de s'abaisser à leur niveau, le conseil de guerre avait opté pour une nouvelle stratégie : recourir à l'ouïe plutôt qu'à la vue. Les chevaliers de la table ronde s'étaient ainsi attelés à composer une série de mélodies courtes qui, jouées au cor, indiqueraient des ordres différents.
Tout le monde avait été charmé par le résultat, sauf Bohort qui râlait, trouvant les airs « parfaitement simplistes et assez peu mélodieux » et était vexé d'avoir été écarté du projet. Arthur lui avait d'abord confié la mission de la composition des codes avant de le renvoyer, mais c'était sa faute après tout – il aurait dû se douter que Bohort allait lui rendre un opéra de trois heures et refuser de comprendre que même si c'était joli, en temps de guerre, c'était pas pratique pratique.
Malheureusement, lorsqu'ils avaient essayé le code musical sur le champ de bataille, aucun de ses couillons de soldats n'avait compris ce qu'il fallait faire. À croire que retenir la différence entre trois ou quatre notes c'était trop compliqué.
Arthur en était ainsi venu à une solution radicale : ne recourir qu'à un seul son. Il poussait désormais de stridents « oh » (attaque de front!), « ah » (replis général!) ou encore « eh » (reformez la position initiale – l'ordre le plus compliqué, car cela sous-entendait que ses soldats se souviennent de la dite position initiale). Mais à part le dernier point, le nouveau code avait l'air assez bien compris, alors même s'il avait l'air d'un parfait idiot à crier des onomatopées comme ça, Arthur était plutôt content.
Ce fut ainsi plein d'espoir qu'il aborda cette nouvelle bataille. Celle-ci n'allait pas tarder à débuter, ses hommes n'attendant plus que ses ordres.
Arthur prit alors son souffle pour lancer le oh de départ, mais...
- Ah Arthur, je vous cherchais ! J'ai besoin de vous !
La voix, surgissant de nulle part, fit une peur monstre au souverain qui réagit par un très inélégant « aaaaah » ! Une fois son souffle repris et son rythme cardiaque revenu à la normal, Arthur se tourna, pour tomber sur la dame du lac.
- Bordel mais ça va pas de surgir comme ça dans le dos des gens sans prévenir ! Vous m'avez fait une de ses peurs !
La dame ouvrit la bouche pour parler mais n'en eut le temps ; faisant fit de l'apparition – qu'il ne voyait de toute façon pas, et en laquelle il ne croyait qu'à moitié vu les conneries qui passaient dans le crâne du roi parfois – Léodagan s'était approché d'Arthur.
- Dites, vos glandus sont en train de se barrer.
- Quoi ? Mais c'est pas...
Le « possible » d'Arthur mourut dans sa bouche. En contrebas, ses hommes étaient en effet en train de prendre la fuite, sous les yeux médusés de l'armée adverse qui n'avait pas encore esquissé le moindre geste. Le roi de Kaamelott fut complètement médusé, avant de comprendre – dans sa frayeur, il avait crié « ah ». Autrement dit, le code pour « fuite ».
Il supposait que cette fois-ci, si ses plans échouaient, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
Et un peu à la dame du lac aussi qui n'avait vraiment aucun sens du timing pour jouer les apparitions divines.
Et également à ces glandus de soldats qui étaient pas foutus de retenir un truc et qui avaient choisis aujourd'hui pour commencer à respecter un de ses ordres.
Note de fin : ça répondait aussi à un défi : la dame du lac apparaît ce qui fait paniquer Arthur
