Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la nuit du FoF sur le thème "Défaite" (oui, encore)


- Nous sommes presque arrivés dans la zone indiquée par les éclaireurs, chuchota Lancelot aussi bas qu'il le put.

Pour toute réponse, Arthur se contenta d'acquiescer afin d'indiquer à son chevalier qu'il avait bien entendu son indication. Leur petit groupe – composé de Lancelot, Bohort, Léodagan et lui-même – c'était en effet aventuré dans le coin de la forêt occupé par leurs ennemis. Ils étaient partis seulement à quatre, espérant que leur petit nombre les aiderait à se faire suffisamment discrets pour arriver au centre de décision du chef adverse sans se faire repérer. Là, ils n'auraient qu'à foutre une grosse cogne à l'abruti qui essayait de les attaquer, et cette bataille serait remportée.

La stratégie était tout de même risquée ; même si d'après les éclaireurs, le chef n'était resté entouré que de quelques fidèles, son armée dispersée pour les attaquer, il suffisait d'un seul cri pour alerter tous les renforts. La plus grande discrétion était donc de mise. C'était bien pour ça qu'ils n'avaient pas pris avec eux Karadoc ou Perceval, d'ailleurs.

Non, là, les trois membres de son équipe étaient un minimum doués, Arthur ne se faisait donc pas trop de soucis pour la réussite de l'opération – pour une fois.

Leur quatuor fonctionna ainsi si bien qu'ils finirent par apercevoir une clairière dans laquelle s'était installé l'ennemi. Arthur se tourna vers ses compagnons et fit une combinaison de signes pour dire « tout le monde est prêt ?» - pour une fois qu'il était face à des hommes capables de mémoriser trois trucs, il allait en profiter.

Son beau-père ainsi que Lancelot répondirent par l'affirmative. Mais Bohort ne répondit rien ; il était tout tourné vers un buisson.

- Qu'est-ce qu'il y a, bordel ? Finit par chuchoter Arthur à son chevalier toujours figé malgré ses demandes signées.

- Une odieuse créature, Sire, répondit tout aussi doucement Bohort, un ton de terreur dans la voix.

- Une... faites moi voir ça.

- Non, Sire ! C'est trop dangereux. Laissez moi vous protéger, dit le chevalier en sortant d'une main tremblante son épée. Fuyez pendant que je vous couvre.

- Mais vous parlez de quoi à la fin ? Intervint finalement un Léodagan agacé. Je vois aucune créature !

- Mais si, là !

Connaissant la propension de Bohort à dramatiser pour à peu près tout, Arthur finit par s'approcher pour aller lui aussi regarder le bosquet.

- Ah bah désolé Bohort, mais je ne vois aucun monstre non plus. On peut aller attaquer notre chef ennemi maintenant ? C'est déjà dingue qu'il ne nous ai pas repéré à force de chuchoter... marmonna Arthur.

Lancelot et Léodagan acquiescèrent et suivirent leur roi, bientôt copiés par un Bohort hésitant. Le brun ne quittait pas des yeux le bosquet. Ils n'avaient pas fait deux pas qu'un puissant « Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! » se fit entendre.

- ILS NOUS A REPERE ! FUYEZ !

Arthur faillit répondre que non, leur adversaire ne les avaient pas repéré mais qu'avec ce boucan, c'était maintenant le cas, lorsqu'il comprit que Bohort ne parlait pas de leur adversaire mais bien du « terrible monstre du bosquet qui les fixaient et allait sûrement les attaquer ».

Après avoir terminé cette phrase d'un ton précipité, Bohort se mis à courir, bientôt imités par le reste de l'équipe. Non pas qu'ils aient peur du soi-disant monstre de Bohort, simplement, ils n'avaient pas envie de se confronter à toute la garde rapprochée qui allait leur tomber dessus.

C'est pour cela que, repéré pour repéré, Arthur décida de ne pas se contenir et se mit à gueuler sur Bohort :

- MAIS BORDEL C'ETAIT JUSTE UN PUTAIN DE LAPIN BOHORT !


Note de fin : dédicace à Angie, avec qui ce délire de Bohort qui fait capoter à cause d'un lapin est née. Et j'en profite pour partager cette belle réplique de la série "J'irai me coucher quand vous m'aurez juré qu'il n'y a pas dans cette forêt d'animal plus dangereux que le lapin adulte !"