Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la nuit du FoF sur le thème "Vase"


Arthur avait déjà vu de nombreux champs de bataille particuliers.

En revanche, ça, c'était quand même une première.

Résistant à l'envie furieuse de se prendre la tête dans les mains, il se tourna vers Merlin. L'enchanteur avait l'air particulièrement fier de lui, ce qui le conduisit à craindre le pire.

- N'est-ce pas merveilleux, Sire ? S'exclama-t-il en désignant la plaine qui s'offrait à eux.

À cela, Arthur aurait voulu répondre plusieurs choses. Une remarque sarcastique et bien sentie, du style « Oui, regrouper tous les vases du palais pour une exposition grandeur nature sur notre champ de bataille, c'est absolument merveilleux ». Mais comme cette simple pensée suffit à le fatiguer, il préféra opter pour une question qui avait déjà fait ses preuves par le passé.

- Non mais c'est quoi cette merde ?

Là, Merlin eut l'audace de paraître surpris – et même indigné – par sa colère.

- Et bien... Ce que vous m'avez demandé.

- Je vous ai demandé d'incanter de la vase.

- Et c'est ce que j'ai fait.

- Non, soupira Arthur avant de prendre la voix spéciale « je m'adresse à un attardé ». Je vous avait demandé de la vase. Pour ralentir les troupes ennemies et qu'elles s'enlisent dans la boue, pour que mes troupes, plus légères et mieux équipées pour marcher sur ce terrain glissant, puisse se rapprocher d'elles efficacement. C'est ça que je voulais. De la vase. Et vous, vous m'avez incanté des vases. Donc je répète ma question : c'est quoi cette merde ?

Merlin eut enfin le bon goût de paraître piteux. Il essaya de bredouiller une excuse :

- C'était pas très clair... Et puis regardez, ça les ralentit quand même...

- Oui, les ennemis ont arrêté de progresser car que non foutu d'avoir fait apparaître des putains de pots, il a fallu que vous transfériez magiquement les vases de la réserve royale de Kaamelott. Du coup ils s'arrêtent pour récupérer ces vases qui valent des centaines de milliers. On vient de leur fournir de quoi de se faire assez d'argent pour refaire leur stock d'armes.

Là, Merlin ne laissa qu'échapper un « oh » contrit devant la réalisation de ce qu'il avait fait.

- Ouais, oh, commenta Arthur. Et bien on a plus qu'à se barrer.

Et c'est ainsi qu'il rentra au palais, la mine de six pieds de long devant le désastre économique et militaire que venait de leur offrir une nouvelle fois Merlin. Et son humeur ne fit que s'empirer lorsqu'il vit Bohort jaillir l'air totalement paniqué devant lui.

- Sire ! Les vases de la réserve ont disparus ! De tels trésors archéologiques, témoins des époques révolues ! Le seul exemplaire de votre arrière arrière arrière grand père nous étant parvenu intact... Disparu ! C'est un véritable désastre !

Oui, une défaite, une armée ennemie maintenant pleine aux as, et maintenant un Bohort prêt à se lamenter en parlant vases durant trois heures... C'était bel et bien un véritable désastre.


Note de fin : mon coeur d'historienne de l'art saigne aux côtés de Bohort devant cette catastrophe