Petit mot de l'auteure : ya un OC de mon invention dedans. Pour toi Angie ! (le texte, pas l'OC)


Marianne n'avait pas envie de danser.

Ou plutôt, elle n'avait pas envie de danser avec Pierre. Elle appréciait sincèrement son mari ; il était cultivé, intelligent, gentil et respectueux. En temps normal, elle l'aurait suivit sans aucune hésitation sur la piste de danse. Ils ne dansaient pas très bien et s'attiraient souvent le sourire amusée voir moqueur des autres convives. Mais ils s'en moquaient, ayant souvent l'habitude du jugement des autres – après tout, ils étaient peut-être conviés aux meilleures réceptions parisiennes, ils n'en demeuraient pas moins deux peintres. De talent certes, mais de simples roturiers invités aux soirées car dans les papiers des gens bien comme il faut.

Alors si Marianne ne voulait pas danser ce soir, ce n'était pas à cause des regards en coin.

C'était à cause du fait que à quelques mètres d'elle, se trouvait Héloïse.

La blonde avait elle aussi été invitée, ce qui n'avait surpris que moyennement Marianne. Son mari était venu sur Paris pendant quelques jours, et constituait en un invité de marque pour les soirées.

La brune était ainsi condamnée à voir son ancienne amante évoluer dans des bras qui n'étaient pas les siens, tenir une main qui n'était pas la sienne, s'accrocher au corps d'un autre. La voir ainsi était une souffrance comme elle n'en avait que rarement connu. Bien sûr, sa séparation avec Héloïse était toujours douloureuse ; elle regrettait chaque jour de ne pouvoir s'enfuir en Italie la rejoindre, et vivait uniquement dans ses rêves pour trouver un peu de douceur. Mais être si près d'elle et en même temps si loin était encore plus horrible. Et à en juger les yeux de Héloïse lorsqu'elle les croisa, la blonde ressentait la même chose qu'elle – si ce n'est qu'elle évoluait auprès d'un homme pour lequel elle n'avait pas la moindre source d'affection, comme elle le lui avait appris dans ses lettres.

Elles continuèrent alors de danser dans les bras de leurs époux respectifs, tachant de réduire la distance entre elles par des regards qu'elles essayaient de rendre discrets. Mais comment pouvaient-ils l'être réellement alors que tout dans leurs yeux criait l'envie de s'arracher à la foule pour s'embrasser ?

Conscientes des risques qu'elles prenaient, elles finirent pas se détourner du regard l'une de l'autre.

Plusieurs danses se déroulèrent ainsi, jusqu'à ce que Pierre ne déclare se sentir mal.

- J'ai juste besoin de prendre l'air, rassura-t-il une Marianne inquiète. Voulez-vous bien m'accompagner à la terrasse de derrière ?

La brune s'empressa d'accepter et conduisit le peintre à l'endroit indiqué. Mais sitôt arrivé à l'extérieur, celui-ci sembla être parfaitement remis.

- Attendez-moi ici, je reviens.

- Mais vous... protesta Marianne.

- Ma chérie, faites moi confiance. Je n'en ai pas pour longtemps.

Interloquée, la brune décida de l'écouter. Pierre fut en effet rapidement de retour. Mais il n'était plus seul : à ses côtés, se trouvait une Héloïse bien étonnée.

- Les plantes de la balustrade empêchent la visibilité depuis l'extérieur. Et la porte est le seul point d'accès à cette terrasse. Je vais m'y poster de l'autre côté ; si jamais quelqu'un arrive, je vous préviendrais.

Après un rapide baiser sur la joue, Pierre s'éclipsa derrière la porte verrouillée, laissant les deux jeunes femmes seules.

- Tu lui as dit pour nous ? Demanda Héloïse étonnée.

- Non. Simplement que je ne pourrais jamais l'aimer vraiment, puisque mon cœur était déjà pris. Mais je ne pensais pas qu'il finirait par savoir de qui il s'agissait.

La blonde hocha la tête, avant de se précipiter vers la brune pour l'embrasser. Marianne répondit immédiatement au baiser, redécouvrant sa bouche, son dos, ses cheveux. C'était comme si elles s'étaient quittées la veille, comme si leurs lèvres ne s'étaient jamais séparées. Elles finirent par s'écarter légèrement pour reprendre leur souffle, un sourire quelque peu idiot mais ô combien ravi sur les lèvres.

- Tu veux danser avec moi ? Demanda doucement Marianne.

- J'en ai rêvé toute la soirée, répondit Héloïse en lui tendant la main.

Elles évoluèrent alors au rythme de la musique qui leur parvenait de la salle de bal, ayant pour seuls témoins de leurs retrouvailles la nuit et l'homme le plus doux qu'elles n'avaient jamais rencontrées.