Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit en l'honneur de l'anniversaire de Adèle Haenel.


La peinture est loin d'être un chef d'œuvre.

Les couleurs jurent parfois, le dessin n'est pas sûr, la couche de préparation n'a pas été impeccablement mise ce qui conduit certaines parties à s'écailler malgré le jeune âge du tableau. Avec tant d'éléments bancals, jamais ce dernier pourra être accroché à des salons ni faire l'objet d'éloges de critiques d'art reconnus. Et, même si elle n'aime pas la négativité, Marianne ne pourrait leur donner totalement tord : elle peignait ce genre de chose quand elle avait cinq ans.

Et pourtant, Marianne trouve que l'on a jamais fait d'œuvre plus belle.

Car ce tableau, c'est Héloïse qui lui a peint. Elle les a représenté toutes les deux, face à la mer. Et si les visages sont d'une exécution maladroite, cela n'empêche pas la brune de repérer le grand sourire qui orne leurs lèvres. Sourire qui, presque dans une symétrie parfaite, s'esquisse sur ses lèvres alors qu'elle regarde le tableau.

En face, Héloïse se tait, attendant le verdict, lequel ne tarde pas à arriver sous la forme d'un baiser passionné.

- C'est le plus beau cadeau qu'on ne m'ait jamais fait, dit elle.

Et elle n'a jamais prononcé des mots aussi vrais.