Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez tous bien et que vos épreuves de bac se sont bien déroulées. Moi tout cela est d'une toute autre époque... bon tout juste un an maiis ! Qu'est-ce que le bac c'était chiant, je compatis pour vous... Mais vous verrez une fois passé vous vous sentirez comme libérés ! Et puis après si vous allez ensuite à l'université vous ferez la délicieuse rencontre des partiels... ouais ouais. La vie, c'est rempli d'embûches. Tu en traverses une, et t'en à tout de suite une autre qui arrive aussitôt, comme les mauvaises herbes! T'en arrache une et t'en vois une dizaine après.
Cependant, nous ne sommes pas là pour parler de ça et je vous livre plutôt le chapitre trois de cette fiction. Vos review me font énormément plaisir et me botte à toujours donner le meilleur de moi même ! Je répondrais d'ailleurs ici à certaines des questions posées au court du chapitre 2 :
x Mangas Louana : Pour la manière dont Kagami apparaîtra ahaha ! Non en fait, tu auras la réponse au court de ce chapitre en fait x)
Laura-067 : Tout d'abord, sache que recevoir tes review sont à chaque fois une merveille pour moi. Mais on doit te le dire souvent, non ? J'adore les questions que tu poses, et je m'amuse à savoir si celles-ci se verront réalisées par tes hypothèses ou non. De ce fait, je ne répondrais pas à toutes tes questions car dans ce cas là je devrais te résumer tout le scénario de cette fiction dès maintenant, et ce serait dommage nan ? Sache cependant que oui, en effet, tous les membres de la GM apparaîtront petit à petit, chacun leur tour.
Concernant ce chapitre ensuite, je ne sais pas s'il plaira à tout le monde mais moi en tout cas j'ai apprécié l'écrire. Et puis, j'en avais besoin pour placer le reste qui suivra dès le prochain chapitre, les choses vont s'accélérer. Sur ce, je vous souhaite une très bonne lecture et n'hésitez pas à me donner votre avis ;)
Le papillon
Scène 3
L'honnêteté est la meilleure des lignes de conduite - lorsqu'il y a de l'argent à la clé.
Mark Twain.
Momoi Satsuki était une fille qu'on pourrait qualifier de banale si seulement son entourage n'était pas composé de pointures de la société. Pour autant qu'elle s'en souvienne, sa famille s'élevait encore à ce jour dans la classe moyenne et obtenait des revenus plus que normaux. Toutefois la seule différence entre ses parents et ceux de ces filles dans le même lycée qu'elle, résidait dans le fait que la villa à côté de sa petite maison appartenait à la famille Aomine ; et que sa mère s'était rapidement entendue avec celle de cette riche famille grâce à une histoire de plante injustement écrasée par les roues des voitures qui n'avaient de cesse de circuler dans l'enceinte de la villa pour des réceptions. Un fort lien d'amitié s'était lié entre ces deux femmes alors que Momoi apprenait tout juste à marcher, et de fil en aiguille la jeune fille rencontra ce qui deviendra dans les quelques années à venir l'un des commandants les plus importants de la police japonaise.
Assisse devant sa coiffeuse, Momoi prenait soin de coiffer ses longs cheveux roses tout en regardant dans les coins de son miroir les photographies accrochées de-ci de-là. La plupart des photographies la représentaient aux côtés de son ami d'enfance : Daiki Aomine ; à travers différents âges, de la maternelle jusqu'à leurs années au lycée sans oublier l'obtention de leur diplôme au collège. Momoi sourit en voyant le grand sourire satisfait de Aomine avec son diplôme entre les mains, tandis qu'elle, pour sa part, rougissait légèrement tout en tendant vers le ciel son propre diplôme. Suite à ce moment, les traits d'Aomine se durcirent dans le sens où son corps débuta sa phase de changement. Ses épaules s'élargirent pendant que ses jambes s'allongèrent pour devenir bien plus grandes et bien plus musclées. Aomine perdit aussi ses traits faciaux juvéniles, et ses adorables joues qui faisaient que lorsqu'il souriait, deux fossettes se créaient.
Momoi reposa sa brosse à cheveux sur sa coiffeuse et se redressa, inspectant une dernière fois sa tenue qui se composait d'une légère robe accompagnée d'un gilet s'harmonisant avec les couleurs clairs de son vêtement. En constatant que rien ne nécessitait le moindre changement, la jeune fille se détourna de son miroir et se mit en direction de la sortie. Aujourd'hui elle avait rendez-vous avec son Dai-chan, qu'elle se retenait bien d'appeler de la sorte à leur lycée pour éviter des rumeurs stupides. De plus, aujourd'hui ce n'était pas vraiment un rendez-vous en soit. Aomine lui avait simplement demandé, ou plutôt ordonné sous peine de recevoir prochainement des grenouilles dans sa boîte aux lettres, de venir l'aider à faire du shopping.
« Tu t'en vas, Satsuki ? Lui demanda soudainement sa mère affairée dans la cuisine.
— Oui, Dai-chan m'a invitée à sortir ! Se réjouit-elle après avoir attrapé son sac dans l'entrée, qu'elle mit par-dessus son épaule droite.
— Propose lui donc de venir dormir à la maison ce soir, nous ne sommes pas là je te rappelle. »
La jeune lycéenne se tourna vers sa mère qui terminait de préparer le repas pour la journée qui allait s'en suivre. Il est vrai que ses parents avaient prévu depuis longtemps ce week-end en tête-à-tête, et tout à coup la réjouissance installée un peu plus tôt sur le visage de Momoi disparut. La jeune fille se força pourtant à sourire à sa mère et lui souhaita un bon week-end avant de refermer la porte derrière elle et se mettre en route pour regagner la villa juste à côté et prévenir Aomine qui devait sûrement être encore en train de dormir.
A son entrée dans la fabuleuse villa, Momoi se fit chaleureusement accueillir par la mère de son ami d'enfance qui l'emmena jusqu'à la chambre de son indigne fils qu'elle venait de réveiller il y a de cela cinq minutes. Pourtant, cela ne sembla pas suffire puisque lorsque les deux femmes entrèrent dans la chambre d'Aomine, celui-ci s'était depuis longtemps rendormi. Momoi ne put s'empêcher de ricaner devant l'image qui s'était installée devant ses yeux, l'attitude de son ami balayant toutes pensées négatives de son esprit.
« Excuse-le, Satsuki, je pensais qu'il serait au moins réveillé quand tu arriverais ! » S'excusa la mère de Daiki qui, sans remord, saisit les courts cheveux de son fils pour le réveiller.
La scène qui se déroulait sous ses yeux amusa un peu plus Momoi qui entendait son ami râler contre les méthodes de sa mère pendant que cette dernière se demandait à voix haute qui avait pu éduquer cet enfant ingrat. Momoi avait toujours apprécié assister à ce genre de scènes, tout d'abord car elle pouvait ensuite taquiner son cher Dai-chan avec ça dans les prochains jours mais aussi car elle se rendait compte de cette façon que cette famille n'était pas vraiment différente d'une autre. Les filles dans leur lycée se voilaient véritablement la face en s'imaginant Aomine Daiki tel un prince sur son beau destrier blanc.
« J'vais prendre une douche. »
Aomine sortit finalement de son lit en caleçon sans ressentir la moindre gêne, dévoilant de la sorte son corps de jeune adulte devant les yeux de Momoi qui acquiesça avant de poser son sac à main sur la chaise se trouvant devant le bureau d'Aomine. Bureau qui soit en passant n'était rempli que par des magazines aguicheurs et peut-être quelques livres qu'ils avaient dû étudier au cours de leurs années d'études, mais Momoi savait éperdument qu'Aomine n'y avait même pas une fois jeté un coup d'œil.
Un peu plus tard ce fut un Aomine Daiki frais et disponible que retrouva Momoi, simplement vêtu par un haut sombre et un jean troué au niveau des genoux. Tous les deux se mirent en route pour sortir et ainsi rejoindre le centre-ville, Aomine pensa tout de même à demander de l'argent à sa mère qui lui balança les billets au visage devant le manque de politesse dont faisait preuve son fils.
Les deux amis d'enfance quittèrent ensemble la splendide villa où ils marchèrent côte à côte jusqu'au centre-ville au lieu d'utiliser l'un des chauffeurs de la famille Aomine, ce qui reviendrait à aussitôt se faire remarquer par la population à cause de la splendide voiture lustrée qui pourrait apparaître en pleine après-midi. Un peu de discrétion parfois, ça ne faisait pas de mal.
Lorsque les façades des premiers magasins se présentèrent à eux, Aomine et Momoi entrèrent dans les premières boutiques à la recherche de vêtements. Momoi voyagea avec plaisir à travers les rayons pour hommes en proposant différents articles à Aomine dont les bras se chargeaient petit à petit, ou bien elle se faisait méchamment rejeter lorsque ça ne lui plaisait pas. Néanmoins, Momoi ne le prit aucunement mal devant le regard parfois choqué des vendeurs qui voyaient cette jolie jeune fille repartir à la quête de vêtements pouvant correspondre aux goûts de son ami.
« Eh Dai-chan, tu penses quoi de ce T-shirt ? »
Le rire de son amie d'enfance suffit à Aomine pour être fixé dès le départ. Il eut à peine à lever les yeux pour voir de quoi il en retournait pour étirer une grimace de dégoût. Le T-shirt en question était un logo d'ours qui semblait affamé en vue de sa mâchoire grande ouverte et des « grr » par-dessus la tête. Aomine ne prit donc aucunement de son temps précieux pour répondre à Momoi et se détourna d'elle pour chercher de son propre côté. Sa réaction amusa beaucoup Momoi qui s'attendait déjà à une pareille réaction et repartit en vadrouille.
« Tu aurais été si adorable avec pourtant, Dai-chan, se moqua-t-elle le sourire aux lèvres.
— Si tu me proposes encore ce genre de T-shirt pour gamin, attends-toi à ce que j'attaque à mon tour Satsu'. »
Le regard menaçant que lui envoya Daiki suffit à la jeune fille pour comprendre de quelle attaque parlait le bleuté, et Momoi frissonna d'avance. L'attaque des grenouilles était prête à être lancée à n'importe quel instant. Pour la suite des opérations, Momoi accompagna bien entendu Aomine jusqu'aux cabines où il essaya les différents articles repérés.
Aomine paya ensuite les vêtements qu'il comptait emporter jusqu'à chez lui et en compagnie de Momoi, qui avait gentiment patienté, ils sortirent de leur énième boutique pour compter se diriger vers un marchand de glace afin de payer les services de son amie. Ce fut une fois glace en main que Momoi se tourna en direction d'Aomine qui détenait entre ses mains plusieurs sacs, le regard rosé de la jeune fille s'attarda pourtant sur ces derniers bien que ses pensées voguaient plutôt à d'autres occupations. Comment allait-elle pouvoir proposer à Aomine de passer la nuit chez elle sans qu'il ne se moque d'elle ? En vérité, Momoi n'appréciait pas la solitude et demandait toujours à des amies de venir passer la nuit chez elle. Ceci se faisait surtout au temps du collège, quand elle avait encore des amies. Malheureusement maintenant, et les changements physiques de son Dai-chan jouant, les filles de son lycée la rejetaient automatiquement après l'avoir vu aux côtés de leur Aomine chéri. Depuis ce jour, Momoi avait très peu de fréquentations féminines et se concentrait alors plutôt sur ses études, ou alors sur le fait de faire venir en cours Aomine au lieu de passer son temps à dormir sur le toit du lycée.
Puis brusquement, alors que Momoi était plongée dans le fil de ses pensées, son pied heurta quelque chose et un cri déchirant s'échappa aussitôt de sa gorge, faisant tomber sa glace qui s'écrasa inéluctablement sur la tête de cet être étrangement inidentifiable.
-x-x-x-
Suite à sa rencontre avec le célèbre mannequin Kise Ryōta, Kuroko n'avait plus croisé de personnes susceptibles de lui venir en aide ou bien d'être aidées. Les jours défilaient depuis qu'il avait quitté le foyer familial et en ayant laissé son portable là-bas, le lycéen n'avait aucun moyen de contacter qui que ce soit pour demander une faveur. Heureusement, le soir venu Kuroko retrouvait un café manga ouvert vingt-quatre heure sur vingt-quatre et où les boissons se trouvaient être à volonté ; bien qu'il ne s'agisse que d'eau qu'il était possible de réchauffer pour se faire un thé.
Cela faisait pratiquement une semaine qu'il avait quitté le toit de ses parents, mais il avait aussi partagé la chambre d'hôtel d'un réalisateur en vogue et avait pu passer une après-midi en compagnie d'un mannequin vedette. Toutefois aujourd'hui, Kuroko était seul. Et il se sentait sale. Le café où il logeait pour la nuit ne proposait évidemment pas de douche et puisque le jeune homme était parti dans la précipitation de chez lui, Kuroko n'avait emmené aucun vêtement de rechange. Son ventre s'était maintenant accoutumé à la faim, et malgré ses rares protestations, Kuroko était si faible que les murmures de son estomac se retrouvaient aussi silencieux que la brise de ce vent qui jouait avec ses cheveux en désordre.
Pourtant, Kuroko savait qu'il pouvait rentrer chez lui. De la sorte, tout redeviendrait plus simple et il pourrait retrouver sa douche et enfin pouvoir se laver. Cependant, il ne le désirait pas. Ce serait rompre tous ses engagements et même ses plus grands principes : une fois une chose décidée on ne pouvait revenir là-dessus. C'était sur cette décision qu'il était sorti du café manga pour s'aérer l'esprit, et peut-être pouvoir tomber sur des personnes qui nécessiteraient une quelconque aide en échange de quelques pièces.
Seulement en sortant de ce café qui vendait aussi des glaces, Kuroko n'avait en rien prévu ce qu'il allait se présenter à lui. Et encore moins le fait de se recevoir une glace dans ses cheveux déjà bien malmenés.
« Je suis désolée ! »
Une jeune fille à la longue chevelure rose s'évertuait à exécuter plusieurs courbettes afin de montrer toutes ses excuses pour son geste. Kuroko apporta tout de même sa main droite à ses cheveux pour toucher la substance poisseuse et constata ainsi à quoi était cette défunte glace, de par la couleur blanchâtre qui tournoyait maintenant entre ses doigts. Puis, une voix bien plus grave intervint et fit relever les yeux céruléens de Kuroko vers son propriétaire.
« T'es qui toi ? »
Brusquement, Kuroko se sentit partir en avant après que la main puissante de ce type ait attrapé le col de son uniforme. Son souffle fut rapidement coupé mais son visage ne témoigna aucune peur, et cela sembla agacer son homologue puisque ce dernier jura aussitôt. Cette fille s'accrocha pourtant à son bras et lui demanda de le relâcher en appuyant sur le fait que c'était elle la fautive.
L'emprise autour de son cou se libéra et Kuroko put aisément retomber sur ses pieds, se massant toutefois son cou devenu douloureux. Ce type n'y ait pas été allé de main morte en l'attrapant sauvagement.
« Excusez Dai-chan, il a toujours été de nature rustre, s'excusa une nouvelle fois cette fille en se penchant vers l'avant.
— Hé, grogna son camarade en se grattant la nuque.
— Mais je suis désolée pour tes cheveux, ce n'était pas volontaire.
— Tu vas arrêter de t'excuser Satsu' ? C'est chiant… » Râla l'autre.
Kuroko cessa d'observer l'interaction entre ces deux personnes pour regarder son reflet dans la vitre du café manga. La glace blanche jouait avec la couleur bleue de ses cheveux, se mélangeant avec ou bien commençant à glisser jusqu'à son front. La douche devenait inévitable dorénavant. Un soupir traversa néanmoins ses lèvres alors qu'il réfléchissait à un moyen quelconque de se nettoyer ; trouver une fontaine pour se laver ferait venir trop de monde et il ne voulait pas de problèmes, une serviette ne suffirait pas pour retirer l'odeur et le sucre collant de la glace.
« Attends-moi ici, je vais acheter une bouteille d'eau ! »
Kuroko dirigea son attention vers cette fille qui s'était déjà retournée pour entrer dans le café manga et commander une bouteille d'eau, ainsi qu'accessoirement des serviettes. Le bleuté n'eut aucunement le temps de la retenir, ou bien même de dire quoique ce soit, et resta donc devant les portes automatiques de l'établissement aux côtés de ce grand type au teint mate.
« 'Tain… toujours le don de se mettre dans des situations pas possibles, marmonna-t-il tandis que Kuroko l'observait attentivement.
— Elle aide au moins à réparer les pots cassés pendant que d'autres personnes auraient continué leur route. »
Le regard bleu électrique d'Aomine jaugea de la tête aux pieds ce petit homme sans montrer la moindre compassion. Il avait bien évidemment relevé le pic ; ce garnement osait le caractériser comme la deuxième catégorie de ces personnes énoncées tout juste à l'instant. Aomine ne répondit pourtant rien, et préféra jurer tandis que Momoi revenait à leur hauteur en proposant de s'asseoir quelque part pour aider ce garçon à nettoyer ses cheveux.
Une fois des places assises de trouvées, Momoi humidifia les serviettes données avant d'en emmener une dans les cheveux bleus. Kuroko se laissa faire puisque ne pouvant voir sans miroir ce qui pouvait se trouver au-dessus de sa tête. Ses yeux fixèrent alors le sol à ses pieds et il patienta, attendant que cette fille termine de laver superficiellement ses cheveux. Cela ne remplacera jamais une bonne douche, mais c'était toujours bienveillant de sa part de se comporter de la sorte.
« Voilà, c'est fini ! S'enthousiasma Momoi après avoir déposé la bouteille d'eau à ses côtés.
— Merci beaucoup.
— C'est bon maintenant ? On peut y retourner ? Clama quant à lui Aomine, resté debout et prêt à repartir à tout moment.
— Dai-chan attends ! C'est de ma faute, alors laisse-moi m'excuser correctement. Comment tu t'appelles ?
— Kuroko Tetsuya.
— Ravie de te rencontrer, Kuroko-kun ! Je suis Momoi Satsuki et ce crétin à côté c'est Aomine Daiki. Excuse-moi encore. »
Aomine ne put avoir le temps de dire quoique ce soit que son bras droit fut saisi par Momoi qui l'emmena au loin après avoir gaiement salué Kuroko. Pour sa part, Kuroko les salua mollement d'un geste de main. Sur le banc à sa droite, il remarqua ensuite que cette fille avait laissé derrière elle la bouteille d'eau à moitié vide.
Kuroko décida de la garder sur lui puisqu'elle pourrait toujours servir, et même être remplie lorsqu'elle sera vidée. Il se redressa ensuite et décida de vagabonder dans le cœur de Tokyo afin d'essayer de trouver une occupation ou bien pouvoir aider quelqu'un. Du moment qu'il s'éloignait du lycée Seirin, tout ne pouvait qu'aller mieux.
-x-x-x-
La joue dans le creux de sa main et les sourcils froncés, Akashi affichait sa colère. Rien n'allait comme il le souhaitait et tous les acteurs comme les techniciens faisaient n'importe quoi. Finalement, il ordonna à Reo de mettre fin à ce supplice pendant qu'il quittait cette zone de tournage insupportable. Son épaule fut attrapée par le producteur de ce film, toutefois Akashi tourna vers lui un regard remplit de menaces en toutes sortes. Il attendit pourtant les paroles de cet homme, pour ainsi pouvoir décider si oui ou non il l'achèverait plus tard.
« Le film doit être terminé avant la fin du mois, et nous sommes loin de l'avoir terminé, l'avertit-il d'une voix se voulant assurée.
— Et qu'avez-vous donc à me proposer ? Demanda ironiquement Akashi, les bras croisés contre son torse pendant que tous les regards étaient tournés dans leur direction.
— Prenons une pause et reprenons dans quelques minutes, le temps que les acteurs soufflent et se remettent au travail. »
Un rictus s'étira sur les lèvres d'Akashi. Ce signe de sa part fit déglutir le producteur en face de ce monstre du septième art et le fit se sentir immensément petit. Ces yeux vairons qui se trouvaient en face de lui le faisaient littéralement trembler de peur alors que son rôle dans le déroulement de ce film était tout aussi important que ce rouquin ; sans ses fonds il ne pourrait avoir lieu.
« S'ils étaient vraiment en train de travailler avant cette conversation, qu'ils passent la nuit à réfléchir à leur carrière. Nous arrêtons là. »
Sans un mot de plus, Akashi se retourna et quitta le plateau du tournage. Il n'avait plus rien à affaire avec ces misérables, du moins pour cette journée. Des pas de courses attirèrent néanmoins son attention et après un rapide coup d'œil en arrière Akashi se rendit compte que son bras droit tentait de rattraper sa foulée rapide. En aucun cas Akashi ralentit son allure.
Mibuchi Reo put tout de même rattraper son idole sans risquer d'y perdre la vie.
« Tu n'as pas été tendre avec Shirogane, Sei-chan, fit-il remarquer de sa voix faussement amusée.
— Que voulais-tu que je dise d'autre ? Nous avons encore largement le temps. »
Mibuchi fit mine de regarder sa montre avant d'acquiescer et de poursuivre sa route aux côtés du célèbre réalisateur. En regardant sur le côté le profil d'Akashi, il se rappela intérieurement à quel point devenir scénariste était important pour lui. Il souhaiterait de tout son cœur pouvoir écrire aux côtés d'Akashi Seijūrō un film qui resterait longtemps dans les mémoires. Le film d'une vie.
« Oh tiens ? Je venais t'attendre, mais il semble que tu aies déjà fini. »
L'intervention d'une tierce personne dans l'environnement d'Akashi fit pester celui-ci devant l'individu qui se dressait maintenant face à lui pendant que Mibuchi se penchait respectueusement vers l'avant. Devant lui se tenait l'un des plus grands scénaristes de cette ère, mais aussi le détenteur du deuxième titre des idoles de son cœur. Nijimura le salua par ailleurs en agitant sa main dans ses cheveux penchés vers l'avant, lui intimant ainsi silencieusement l'idée de se redresser. Et intérieurement, comme n'importe quelle midinette Mibuchi se promit de ne plus jamais se laver les cheveux et gigota niaisement aux côtés d'Akashi.
« Reo, calme-toi, ordonna-t-il par ailleurs.
— Mais le grand Nijimura Shūzō m'a caressé la tête, c'est le plus beau jour de ma vie, Sei-chan !
— Sei-chan ? Le reprit Nijimura, à la fois surpris et amusé, tout en camouflant son sourire par la cigarette qu'il terminait de fumer.
— Ne t'avise pas de m'appeler de la sorte. Et toi Reo, retourne auprès des techniciens et des acteurs.
— Oui, tout de suite. Je suis très heureux de vous avoir rencontré, Nijimura-kun ! »
De façon imprévisible, Mibuchi saisit les mains du brun qui lâcha sa cigarette par terre. Nijimura fronça subitement ses sourcils devant le nouvel air facial de ce garçon qui avait changé d'imbécile heureux pour paraître bien plus dur, bien plus malsain. Les mains de Mibuchi lâchèrent d'une poigne forte celle de Nijimura et après avoir salué gaiement Akashi, il se mit à courir pour rejoindre les autres.
« Drôle de type, confia Nijimura en le voyant s'éloigner.
— Il a du talent, tu auras bientôt un redoutable adversaire.
— Oh c'est donc un scénariste aussi. »
Akashi acquiesça pour toute réponse avant de reprendre sa marche tandis que Nijimura comprenait mieux ce changement d'expression pour ce type. Ils étaient rivaux. Nijimura suivit ensuite le pas de son ami et ricana devant le surnom qu'il venait de découvrir. Sei-chan, ça offrirait presque un côté mignon au propriétaire de ce surnom.
Devant le pouffement discret de Nijimura, Akashi l'assassina du regard en comprenant le genre de pensées qui pouvaient défiler à l'intérieur de ce cerveau malade. Il interrogea ensuite Nijimura sur la raison de sa présence, puisqu'il était très rare les fois où le scénariste venait le chercher à la fin de son travail.
« Comme la réception de la famille Aomine n'a pas servi à grand-chose, je t'ai inscrit à un speed dating ce matin. »
Avalant difficilement sa salive, Akashi manqua de s'étouffer. Il connaissait le terme de ces mots anglais mis à la suite et ce fut avec évidence que ses yeux fusillèrent Nijimura. Depuis quand son ami se mêlait-il de la sorte à sa vie privée ? Akashi contracta ses poings et suspendit sa marche ; si cela ne tenait qu'à lui il frapperait sans retenue Nijimura pour lui apprendre une bonne leçon. Seulement pour avoir déjà essayé par le passé, il savait que malgré sa silhouette svelte et son calme trompeur Nijimura était un sérieux adversaire. Le brun s'arrêta par ailleurs quelques mètres plus loin avant de se retourner et remarquer les poings contractés du réalisateur, et intérieurement il rit.
Au final, Akashi pesta et dépassa Nijimura. Ce serait prétentieux de penser qu'il pourrait donner une leçon au brun, d'autres avant lui avaient essayé et la plupart avaient terminé à l'hôpital. Sur le chemin les faisant sortir du parc, Nijimura sortit de son paquet une cigarette qu'il se dépêcha d'allumer avant de relever ses yeux grisâtres pour observer la silhouette de dos d'Akashi. Si seulement ce dernier savait ce qui l'attendait. Cette fois-ci, Nijimura ricana à voix haute en camouflant la partie inférieure de son visage par sa main qui détenait sa cigarette se consumant petit à petit.
Ils arrivèrent un peu plus tard à un parking. Akashi n'eut aucun mal à reconnaître la voiture de Nijimura et s'avança jusqu'à celle-ci pour ensuite attendre le scénariste qui ouvrit contre toute attente son coffre en premier. Les yeux particuliers d'Akashi purent ainsi découvrir certains accessoires utilisés pour les mannequins et les acteurs, voire peut-être même pour les clowns en vue de la perruque qu'il crut entrapercevoir entre ces couches de vêtements. Sa curiosité ne résista d'ailleurs pas à la nécessité de combler ses incertitudes et une grimace de la part d'Akashi confirma à Nijimura le fond de ses pensées un peu plus tôt.
« Si tu me fais porter ça Shūzō, menaça Akashi en mettant sous le nez de l'interpelé le dite ça.
— Oh mais t'as pas tout vu ! Attends… »
Ayant nullement peur du rouquin, Nijimura chercha à l'intérieur de son coffre l'objet qui allait sûrement faire le plus crisser Akashi. Quant à ce dernier, il regarda le haut du coffre se joindre aux couleurs du ciel et hésita grandement entre le fait de le laisser là-haut ou bien de le rabattre en bas, où se trouvait encore Nijimura et sa cigarette au bec. L'idée était tentante, tout comme l'envie, cependant Nijimura était fourbe. Il se redressa avant qu'Akashi n'ait eut le temps de trancher, ou bien de poffiner son meurtre pour paraître ensuite comme quelqu'un d'innocent. L'objet dorénavant entre les mains du scénariste, Akashi regretta de n'avoir pas pu agir plus tôt.
« Je l'ai essayé tout à l'heure, elle colle encore très bien ! »
Coincée entre son index et son pouce, Nijimura avança la moustache accessoirisée vers l'avant afin qu'Akashi ne la prenne en sa possession. Toutefois, le réalisateur recula plutôt. Plus loin sera cette monstruosité de lui, et mieux il s'en porterait.
« Je ne porterai pas ces choses ridicules, Shūzō.
— Ecoute … Je ne t'ai pas inscrit à ce speed dating sous ton nom, pour éviter que ces filles te sautent au cou pour ta réputation et tes sous. Tu aurais pu leur dire n'importe quoi qu'elles t'auraient suivi pour une nuit, mais ça y perdrait tout l'intérêt. »
Akashi pesta. Il était furieux. Cette journée était assurément l'une des pires de sa vie.
« Ce n'est pas parce qu'on se connaît depuis longtemps que tu dois tout te permettre. N'oublie pas que je peux autant te faire évincer du monde du cinéma que n'importe qui. »
Ses mots étaient durs et Akashi s'apprêtait déjà à s'éloigner de cet impertinent quand une nouvelle fois, loin d'être intimidé, Nijimura prit la parole. Il avait soigneusement prit le temps d'écraser sa cigarette avec la semelle de sa chaussure et placer ensuite une main sur sa hanche. Le fait qu'il ose répondre fit se retourner Akashi, mais le regard intransigeant et sévère du brun le surprit légèrement. Il était rare les fois où Nijimura laissait transparaître une once de ses émotions, et en ce moment celui-ci était tout autant énervé que le rouquin.
« J'ai mes fréquentations aussi. Si tu veux jouer sur ce terrain, nous pouvons nous y mettre dès à présent. Mais n'oublie pas que je suis un ami, et donc que je ne ferai rien en ta défaveur à moins que tu m'y obliges. Et en tant qu'ami, je ne fais que te venir en aide de n'importe quelles façons possibles.
— En m'inscrivant à un speed dating ? Ne me fais pas rire, veux-tu ?
— Tu excelles peut-être à tout, mais pour ce qui est des relations humaines, tu es un débutant. L'argent apporte tout, des femmes et un confort luxueux, mais pas la sympathie. »
Nijimura se gratta la nuque de façon irritée. Ce n'était pas sa première engueulade avec le célèbre réalisateur, et encore moins sa dernière, mais il aimerait avoir ne serait-ce qu'une once de pouvoir afin de faire intégrer à cette tête de linotte un peu de savoir-vivre. Akashi en manquait cruellement, c'en était certain. Sa façon d'appeler les autres par leur prénom, dans cette société où la politesse était au-dessus de tout, en était la preuve incontestable. Akashi n'avait pas peur de nommer par son prénom une personne bien plus élevée que lui dans l'ordre social, et ceci sans marque de respect ni encore de courtoisie. Ce n'était pas non plus une marque d'affection.
Simplement, le grand Akashi Seijūrō se pensait être supérieur à tous ; de par sa grande intelligence et de son vécu.
« Alors écoute moi bien, je fais ça pour t'aider. Je te connais, tu feras que t'enfermer dans ton appart pour construire ton prochain film, et ce n'est pas ce qu'il faut faire. Apprends sur le terrain, imprègne-toi de ces personnes qui t'entourent et analyse ensuite tout cela chez toi. Mais si tu ne veux pas le faire, je ne t'y forcerai pas. »
Nijimura glissa ses mains dans les poches de son pantalon et s'avança dans la direction d'Akashi d'un pied ferme. Ses yeux grisâtre laissaient encore transparaître sa colère pendant que ses sourcils accentuèrent cette expression renfermée qui faisait ainsi dégager de son être une certaine tension malfaisante. Sa main droite se resserra autour des clés de sa voiture qu'il plaqua contre le torse d'Akashi. Les yeux du rouquin se dirigèrent vers sa personne, un sentiment de surprise se lisant dans leur couleur différente, cependant Nijimura ne laissa guère le temps à Akashi de dire quoi que ce soit que le scénariste continua sa route.
Ne pas le forcer, hein ? Alors pourquoi Nijimura lui avait laissé de la sorte les clés de sa voiture ? Akashi pesta violemment tandis qu'il rouvrait sa main pour voir en son creux la paire de clé accompagnée par la fausse moustache. Son poing se contracta sur ces deux objets et après avoir juré sur le compte du scénariste, Akashi se promit de faire ravaler à Nijimura ses propos. Depuis quand autorisait-il quelqu'un de le décrire comme débutant en un domaine ? Une nouvelle flamme s'alluma dans le regard d'Akashi qui ne supportait pas l'idée de se faire marcher sur les pieds ; bientôt il surpasserait la côte de Nijimura auprès des femmes et ce serait à son tour d'imposer sa parole.
De la sorte, Akashi se changea dans la voiture de Nijimura après avoir pris les vêtements entreposés dans le coffre. Il n'accrocha cependant pas à son visage cette moustache ridicule mais mis cette paire de lunettes opaques qui camouflaient de la sorte ses yeux vairons reconnaissables. Ses cheveux furent ensuite camouflés par cette perruque noire dont les faux cheveux retombaient jusqu'au niveau de ses épaules ; dorénavant il savait que cette couleur ne lui allait pas au teint et que ses cheveux d'un rouge presque sanglant lui convenait bien mieux. Akashi avait aussi troqué son costard de marque pour un jean et un haut serré mettant en avant son torse svelte. Le rendu donnait à son corps un côté complètement banale et de surcroit négligé.
Quand Akashi sortit de la voiture et chercha à savoir où se trouvait ce speed dating, il jura en découvrant que Nijimura ne lui avait rien dit. Enfouissant donc avec rage ses mains dans les poches du jean, le réalisateur tiqua lorsque sa main droite rencontra une surface dure. Il en ressortit un morceau de papier où avait été écrite l'adresse recherchée, évidemment accompagnée d'un petit bonhomme qui tirait la langue.
Et intérieurement, Akashi incendia de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables Nijimura.
Nijimura savait dès le départ que jouer avec son égo porterait ses fruits. Akashi pesta davantage avant de se mettre en route pour le rendez-vous communs avec des dizaines de personnes. Il allait montrer à Nijimura qu'il pouvait se comporter correctement avec la classe inférieure. Un peu plus tard et sans mal, Akashi fit face à un bar qui avait été réservé pour l'occasion. Il entra sans poser de questions, se présenta au nom que lui avait écrit Nijimura en même temps que l'adresse, et attendit qu'on lui donne un de ces badges avec un numéro.
« Pouvez-vous enlever vos lunettes, monsieur ? » Lui demanda toutefois l'une des organisatrices, au sourire confiant.
Akashi ne montra aucune résistance et de ce fait son interlocutrice tomba alors sur ses yeux de différentes couleurs, et étrangement Akashi discerna sur le visage de cette inconnue une grimace s'étirer. Ce fut bref, quasiment instantané, mais ça avait été bien présent. Habituellement, Akashi ne recevait aucune réflexion à propos de ses yeux dans la classe aisée de la société. Du moins, il n'en avait entendue aucune.
« Tenez. Allez-vous asseoir à votre place maintenant. »
L'organisatrice lui donna le badge où le chiffre dix-sept avait été gravé. Akashi balaya rapidement la pièce du regard avant de trouver sa place. Peu de personne occupaient encore ce bar de classe moyenne ; les murs étaient principalement constitués de bois et des clous avaient été enfoncés pour pouvoir y accrocher des tableaux bas de gamme. Quelques fleurs entreposées sur les tables ramenaient un peu de fraîcheur parmi ces effluves d'alcool qui empestaient et piquaient les narines délicates du réalisateur. Il venait d'entrer et pourtant il ressentait déjà l'irrésistible envie de retourner dans son appartement et de prendre une bonne douche.
Petit à petit la salle se remplit autant d'hommes que de femmes, tous joliment habillés en vue des circonstances. L'organisatrice qui avait distribué les badges à l'entrée donna le feu vert et les femmes vinrent s'installer devant les hommes qui eux devraient rester assis sur la même chaise jusqu'à la fin. La première que rencontra Akashi fut une de ses femmes entre deux âges, des ongles bien trop décorés pour être agréables à regarder et un décolleté si plongeant qu'il serait facile de s'y noyer, mais ce n'était pas là les seuls points négatifs. L'observation d'Akashi ne s'arrêta pas là et ne loupa aucun détail. Tous ces boutons apparents, ces rondeurs qui faisaient déborder du décolleté les seins de cette femme qui s'empiffrait des pâtisseries déposées sur la table, Akashi avait la nausée. Il prit néanmoins sur lui, après tout il était ici pour un but précis : cerner les personnes de classe moyenne et comprendre comment elles fonctionnaient.
« Moi ce que je veux, c'est un homme riche qui n'aie pas peur de dépenser pour me garder à ses côtés. C'est ça l'amour, non ? Si l'autre ne vous montre pas de façon convaincante la portée de son amour, ça n'a aucun intérêt n'est-ce pas ?
— Il serait plus judicieux pour vous d'investir dans des produits amincissants. »
La voix d'Akashi n'avait rien de tranchant comme à son habitude, il avait même parlé de façon intéressée pour cette femme repoussante. Il voulait sincèrement lui proposer des solutions plus intelligentes que de se faire offrir une énième bague ou le dernier sac à main à la mode. Son côté avare n'avait en rien joué dans cette conversation. Pourtant, sa joue souffrait d'une douleur lancinante.
« Connard. »
Ce fut ici la réponse qu'il eut le plus au cours de ces rendez-vous à la chaîne. Plusieurs des femmes présentes cherchaient le mari idéal, celui qui serait capable de dépenser sans compter ou qui serait complètement dévoué à elles et boiraient leurs paroles sans donner son avis. Il eut aussi droit à cette fille qui préférait se limer les ongles plutôt que de lui adresser la parole et attendre que la sonnette permette de lui faire changer d'homme. Lorsque cela fut le cas, ce fut presque avec un cri de réjouissance qu'elle bondit de sa chaise pour rencontrer le voisin d'Akashi ; un homme tout à fait banal qui n'avait rien pouvant le rendre un tant soit peu exceptionnel.
« Vous ne semblez pas populaire à ce que je vois… »
Akashi aurait presque bondi de son siège tellement la voix soudaine l'avait surpris. Il resta néanmoins calme et n'esquissa pas la moindre expression quand ses yeux vairons rencontrèrent ceux céruléens de cette jeune fille aux longs cheveux blonds. Ses sourcils se froncèrent quand il crut reconnaître les traits qui composaient ce visage en face du sien ; des traits juvéniles et des yeux sans expression particulières, comme déconnectés de la réalité qui l'entourait.
Cette fille saisit le gâteau qui avait été apporté à sa table et mangea avec plaisir la pâtisserie offerte. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas mangé et son ventre s'en régalait.
« Ne me dit pas que tu… commença Akashi en se penchant sur la table pour ne pas être entendu des autres.
— Si. Je me suis déguisé tout comme vous mais pas pour les mêmes raisons, chuchota Kuroko.
— Qui ?
— Vous connaissez peut-être le mannequin Kise Ryōta. Il m'a parlé de cet endroit comme une de ses amies y est présente, c'est d'ailleurs celle qui se limait les ongles sans vous adresser un mot. »
Akashi pesta tout en observant cette pimbêche qui cette fois-ci discutait joyeusement avec son voisin de table. Son regard se tourna ensuite avec plus d'intérêt sur ce garçon qui n'avait pas hésité à se travestir pour pouvoir manger un bout. Ainsi pendant que Kuroko se régalait du gâteau que lui avait donné Akashi après sa demande, le rouquin regarda manger l'adolescent sans émettre le moindre son.
« Enfin je dois avouer que porter une robe n'est pas agréable, j'ai l'impression de n'avoir rien sur moi, confia Kuroko après avoir terminé la deuxième part de gâteau.
— Ça t'a permis de t'empiffrer.
— Vous êtes cassant, ça ne m'étonne pas que tous vos rendez-vous se terminent par une gifle ou une insulte. Seriez-vous en réalité masochiste ? »
Agacé, Akashi avait attrapé la tête de ce gamin insupportable et lui tira les cheveux afin de lui faire ravaler ses propos. Seulement, leur entourage n'approuva pas son geste et l'une des organisatrices donna un avertissement à Akashi en lui rappelant de ne pas s'en prendre aux demoiselles, ce à quoi Akashi répondit par un regard meurtrier tandis que Kuroko souriait en coin. C'était amusant de voir le célèbre réalisateur se faire recadrer simplement car personne ne le reconnaissait.
« Essayez de vous montrer plus gentil avec la prochaine fille, il ne vous reste plus beaucoup de cobayes. A plus tard. »
La sonnette envahit à nouveau le bar et Kuroko se redressa pour passer à la table suivante. Il se régala une nouvelle fois des gâteaux servis gratuitement et répondit brièvement à son homologue qui comme tous les hommes avant lui rougissait à sa vue. A Tokyo, une blonde aux yeux bleus étaient tout sauf monnaie courante alors Kuroko avait bien son petit succès malgré lui.
Pour sa part, Akashi eut cette fois-ci une jeune femme d'à peu près son âge qui se montrait plus engageante que les précédentes. Son sourire semblait sincère et elle s'intéressait à sa vie ; lui demandant son métier ainsi que ses passions. Bien évidemment, Akashi mentit. Il fit aussi mine de s'intéresser aux propos tenus par cette demoiselle bien qu'en réalité il n'en avait que faire. Son regard vacillait plutôt sur sa gauche où était assis Kuroko. Ce gamin était en train de se faire draguer par des hommes en étant travesti et il se régalait de gâteaux. C'était quoi son problème ?
« Est-ce que vous m'écoutez ? Lui demanda cette fille, contrariée.
— Oui, oui, y répondit Akashi sans la regarder.
— Alors sachez que j'ai envie de vous, que j'irai jusqu'au mariage pour ensuite demander le divorce et vous soutirez tous vos biens jusqu'à ce qu'il ne vous reste plus rien. Je vous comblerai avant cela de dettes, je vous mènerai une vie insupportable, je ne désire pas de gosses et j'irai tout le temps voir ailleurs…
— Vous avez l'air trop gentille pour commettre ces méfaits. »
Des rougeurs s'installèrent sur le visage de la jeune femme qui ne pensait réellement pas avoir été écoutée par ce type aux yeux étranges. Ces mêmes yeux qui se tournèrent alors dans sa direction et lui renversèrent pour le coup l'estomac. Un certain charme s'en dégageait et elle se demanda pourquoi ne pas essayer et apprendre à mieux connaître cet homme d'apparence suspecte.
« Alors ça ne vous dérange pas si après cela nous apprenons à mieux nous connaître ? Interrogea-t-elle d'une voix fébrile, incertaine.
— Vous couchez dès le premier soir ? »
La question d'Akashi fit pendant un instant mouche tout autour de lui, Kuroko en oublia presque d'amener sa fourchette à sa bouche et toussa ensuite pour essayer d'envoyer un signal au réalisateur bien trop cru dans ses paroles. La consternation se lisait parfaitement sur le visage de cette femme pourtant ravissante et sa réaction ne se fit pas attendre. Une claque des plus violentes vint rejoindre la joue déjà endolorie d'Akashi. La jeune femme ne patienta même pas le bruit de la sonnette pour se lever de sa chaise, prendre toutes ses affaires, et s'en aller. Pourtant Akashi n'avait posé cette question qu'à titre d'information, justement pour son prochain film. Enfin en vue de la réponse corporelle de cette femme, il pouvait comprendre sa réponse négative.
Les femmes qui suivirent celles-ci n'osèrent même plus s'adresser à ce type définitivement suspect. Ou bien quand elles le faisaient, c'était pour l'insulter sans qu'Akashi n'ait à dire quoi que ce soit. Il était passé de « connard » à « détraqué sexuel ». De son côté Kuroko parvenait à chaque fois à manger des gâteaux et ainsi restaurer son estomac mis à rude épreuves ces derniers jours, heureusement pour lui il avait croisé Kise au cours de son passage au parc. Et surtout, heureusement que le blond se souvenait de lui, ce qui était une chose plutôt rare en soit.
La sonnette retentit une dernière fois, signant la fin des rendez-vous. Akashi rendit son badge aux organisatrices qui le regardèrent d'un mauvais œil, mais il n'en avait que faire et ne ressentait que l'envie de rentrer chez lui pour prendre une bonne douche. Cette odeur d'alcool avait fini par imprégner ses vêtements, bien que donnait par Nijimura.
Une fois à l'extérieur, Akashi se mit en route pour rentrer chez lui.
« Désolé messieurs mais je suis un homme en réalité. »
Entouré de ces dragueurs cherchant à récupérer son numéro de téléphone pour un deuxième rendez-vous, Kuroko voulait s'en extirper et retourner dans son café manga. Malheureusement sa voix n'avait pas été entendue à cause de toutes ces demandes qu'il recevait. Jamais il n'avait eu autant de succès mais aujourd'hui il s'en serait bien passé. Il avait cette perruque et cette robe à rendre à Kise d'autant plus.
« Mais puisque je vous dis que…
— Allez mademoiselle, donnez-nous votre numéro s'il vous plaît, insista un de ces hommes.
— Ce que vous êtes bruyants. Regardez. »
Finalement, Akashi était revenu sur ses pas et avait tiré un bon coup sur la perruque blonde pour la faire glisser de la tête de Kuroko. Des cheveux courts et bleus apparurent aux yeux des autres hommes qui grimacèrent de dégout devant la révélation qui se trouvait maintenant face à eux. Ils partirent tous rapidement, déçus ou bien insultant Kuroko pour sa traîtrise.
« Merci. » Souffla Kuroko en récupérant entre ses mains la perruque blonde.
Akashi observa avec intérêt ce visage masculin habillé d'une robe tout à fait banale bien que jolie à regarder. Il s'interrogeait sérieusement sur les motivations de ce garçon pour être prêt à se travestir pour manger, ne pouvait-il donc pas retourner chez lui comme tout bon lycéen ? Il n'eut pourtant guère le temps de poser la question, ou bien de chercher à comprendre, qu'une voix se superposa à la sienne.
« Kuroko ? »
Le visage de l'interpelé se décomposa en reconnaissant la voix soudaine. Kuroko ne chercha aucunement à croiser le regard de cette personne et se détourna rapidement pour se mettre à courir du côté opposé, qu'il soit en robe ou non. Ce rouquin apparut de nulle part attira ensuite le regard d'Akashi qui l'examina, son visage choqué à lui aussi était des plus suspect.
Toutefois, Akashi ne put l'examiner davantage que ce grand type se mit à courir pour rattraper Kuroko. A nouveau seul, Akashi soupira et ignora ce qui venait de se passer sous ses yeux. Après tout, ce n'était pas ses affaires. Et il avait encore des chats à fouetter, comme sa vengeance envers Nijimura par exemple.
