Bonsoir tout le monde, j'espère que vous allez bien ! Pour ma part cette semaine est bien chargée puisque j'alterne entre série de code afin de pouvoir obtenir cette connerie et café entre les amis (qui se terminent par ailleurs où je ne retourne pas chez moi). Du coup, j'arrive à peine à atteindre mon ordinateur et encore moins à avoir le temps, et l'inspiration, pour écrire...
L'écriture me manque, ouais.
Réponse aux review :
Laura-067 : Dans la petite confidence, je te dirais qu'en effet Wakamatsu va en baver... et quelque part, ça me fait rire de le faire courir partout à cause d'Aomine; car je me dis qu'étant le nouveau capitaine de l'équipe de Too après qu'Imayoshi s'en soit allé, il va terriblement en baver aussi. Je suis terrible avec les personnages...
Riddikuluss : Ta review m'a fait réfléchir pour notre plan pour la garde partagée de Kuroko, et il me semble t'en avoir déjà parlé mais je vais approfondir l'idée ici : flatter Akashi lui fera plaisir et lui fera retomber sa vigilance (même un riquiqui) mais si en plus on le fait partager au monde entier, imagine le truc. Tout le monde saura qu'il est formidable, adorable, gentil (?), et aimant. Te rends-tu compte de comment il sera après ? *commence à suivre Kuroko pour noter ses habitudes pour prévoir le jour de l'enlèvement*
Sur ce, comme d'habitude je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à me laisser vos impressions ;) Encore merci à vous qui me suivez, mettez en favori et qui commentez, ça fait énormément plaisir.
Le papillon
Scène 6
« Tout ce dont nous avons besoin pour réussir dans la vie est l'ignorance et la confiance. »
Mark Twain.
« Regarde Ryōta, ton père est magnifique n'est-ce pas ? »
Assis sur les jambes de sa mère qu'il adorait, il regarda cette dernière dresser un cadre photo sous son nez. Sur la photographie, un homme élégamment vêtu de somptueux vêtements larges et décorés. Toutes ces couleurs réunies sur un même tissu mettaient en valeur ses longs cheveux blonds attachés en une couette basse pendant que ses yeux d'un bleu cristallin cherchaient à taquiner celui qui verrait cette photo par l'étincelle visible dans ses onyx. Un charme flagrant s'était toujours dégagé de cet homme ; son aura faisait que tout le monde se retournait à son passage, et ce bien avant qu'il ne décide de se lancer dans le mannequinat. Cet homme, celui qui lui avait donné la vie et qui avait répondu au nom de père, était ce genre de beauté naturelle au sourire sincère et à la personnalité charmante. Une personne simple et aussi belle extérieurement qu'à l'intérieur. Kise ne pouvait même pas relever un seul défaut chez son paternel. Et il le haïssait pour cela.
Cet homme adulé de tous ; et cela encore à ce jour après sa mort prématurée suite à une maladie, son nom était encore sur toutes les lèvres à ce jour alors que sa mort remontait à il y a deux ans de cela. La plupart de ses contrats, Kise les avait obtenus grâce à son nom et non pas par ses capacités.
Kise. Ce nom était marqué contre son corps comme au fer rouge ; il ne pouvait le quitter ni même en faire abstraction puisqu'il y avait toujours quelqu'un pour le lui rappeler. La silhouette de son père était toujours omniprésente autour de lui qui s'était lancé dans la même carrière que son géniteur. Dans une famille de mannequins il était par ailleurs difficile de ne pas le devenir soi-même, seulement Kise s'était aussi lancé dans le cinéma afin d'atteindre la hauteur de son père et alors se faire reconnaître par la population. Pour toutes ces raisons et pour lui-même et sa propre estime, Kise s'était juré de décrocher le premier rôle du prochain film d'Akashi Seijūrō. Un magazine confirmait les dires du réalisateur sur ses propos tenus avec la journaliste Aida Riko, selon eux le rouquin travaillerait déjà sur son futur film.
Les auditions allaient donc bientôt tenir place et Kise s'était juré de s'y présenter et de tout donner ; car jamais Akashi Seijūrō ne serait atteint par la portée de son nom et l'évaluerait alors en tant que personne. Il voulait se confronter à la difficulté.
« Mesdemoiselles, dépêchez-vous de terminer votre travail ! »
La voix de son manager tira Kise de ses pensées. Les pinceaux quittèrent son visage et les demoiselles se séparèrent à regret du jeune mannequin pour laisser place à la nouvelle personne qui entrait dans la petite salle, son reflet apparaissant dans le miroir que fixait Kise au lieu de se retourner. Il put ainsi remarquer le travail exécuté par ses maquilleuses qui grâce aux produits cosmétiques avaient rendu son visage plus étincelant, plus radieux aussi. Ses cheveux tirés en arrière rendaient un côté plus âgé de sa personne tandis que quelques-unes de ses mèches retombaient élégamment contre son front. Habillé dans un costard luisant prêté par l'agence qui l'avait embauché pour la journée, Kise se redressa pour se tenir aux côtés de son manager qui le regardait tout en souriant, les joues légèrement rougies.
« Allez au boulot maintenant ! Donne tout ce que t'as ! » L'encouragea-t-elle en tapotant son dos par la paume de sa main.
L'énergie de la femme fit sourire Kise qui sortit aussitôt de la loge pour rejoindre le plateau. Le photographe lui indiqua où se poser et les poses qu'il attendait avant de se dissimuler derrière son matériel. Les flashs de l'appareil éblouirent Kise qui pourtant n'y fit pas attention et exécuta alors les différentes poses recommandées ; alternant entre les sourires charmeurs à ceux plus sensuels, plus taquins. Il savait que le boulot que lui demandait son manager était de donner tout ce qu'il avait afin de faire comprendre aux clients qu'il n'était pas simplement le fils de Kise Ryūnosuke. Il était bien plus ; un être à part entière qui se différencie de son géniteur et qui peut surtout innover. Lui était encore vivant tandis que son père ne l'était plus.
Il était là, il était présent tout comme eux dans cette pièce. Il était Kise Ryōta, jeune mannequin et acteur dans le monde d'aujourd'hui, et non le fantôme de Kise Ryūnosuke.
Au final, la séance dura tout au plus une bonne heure avant que le photographe ne permette à Kise de s'hydrater et de changer de tenue pour la séance prochaine. Pendant ce temps, d'autres mannequins plus expérimentés dans le milieu apparurent auprès de Kise et ignorèrent complètement sa présence. Loin d'en être découragé pour autant, et souhaitant sympathiser avec les personnes de son milieu, Kise les salua avec un large sourire tout en agitant gaiement son bras. Le fait de s'appeler par un nom étant sur toutes les lèvres faisait que Kise s'était développé de puissants ennemis sans le savoir, il lui était même arrivé une fois de se faire enfermer dans la pièce d'une agence pour lui faire louper sa séance et ainsi faire une croix sur un client. Par ailleurs, Kise n'eut guère le temps d'apercevoir le sourire malfaisant qui se trouvait étirer sur les lèvres de ces mannequins plus actifs dans le milieu que Kise lui-même.
« Kise-san… »
La voix fébrile d'une assistante tira Kise de ses pensées. Ses yeux se dirigèrent alors vers elle qui sursauta légèrement. Kise comprit du pourquoi de l'intervention de cette jeune femme par la bouteille d'eau qui se trouvait dans sa main droite. Il sourit face à la timidité touchante de cette demoiselle qui dorénavant regardait ses pieds avec un vif intérêt.
« Je peux avoir cette bouteille, s'il te plaît ? Quémanda-t-il suavement.
— O-oh oui ! Excusez-moi ! »
Gênée, la jeune fille se pencha vers l'avant afin d'excuser son attitude avant de tendre la bouteille au jeune homme. Le sourire de Kise se creusa davantage sur son visage alors qu'il la récupérait. Il fut ensuite appelé par son manager qui lui ordonnait de rejoindre immédiatement la loge afin de pouvoir enfiler les autres vêtements et de se faire maquiller à nouveau. Buvant tout en marchant, Kise retourna jusqu'à la pièce lui étant réservée.
Cependant, Kise désenchanta très rapidement. La salle dépeuplée de toutes maquilleuses avait laissé sa loge en libre accès. Tout le monde avait donc pu y mettre les pieds pendant qu'il se faisait photographier. Ceci expliquait donc les vêtements en lambeaux, soigneusement découpés par une paire de ciseaux se trouvant sur le bureau. Le visage hagard, Kise se rapprocha mollement des habits ruinés et tomba à genoux auprès d'eux. Ses mains tremblèrent de par l'incompréhension ressentit et de par sa confusion. Pourquoi ? Il n'avait strictement rien fait. C'était injuste, inexplicable et lâche. Est-ce son père avait pensé à cela lorsqu'il lui proposait de se joindre à lui pour le mannequinat ? Avait-il pensé aux répercussions que sa réputation aurait peut-être sur lui après qu'il ait trépassé ? C'était injuste. Ce n'était pas sa faute. Il n'avait pas choisi ses parents, son père, ni même décidé de lui ressembler. Il se serait volontiers passé de tout cela. Des larmes montèrent aux yeux de Kise, mais ces dernières étaient remplies de rage. Ces mannequins devaient bien se marrer en ce moment même ; rire sur son compte, sur ce contrat qui sera rompu et ce client désormais perdu. Encore un parmi d'autres.
C'était injuste.
Brusquement, le personnel entendit le hurlement d'une porte qu'on referme brutalement. Les mannequins présents sur le plateau masquèrent leur sourire pendant que le manageur de Kise se précipitait à l'extérieur pour le retrouver, l'assistante ayant apporté la bouteille au jeune mannequin retrouvant pour sa part les vêtements découpés dans la loge.
« Kise-kun ! »
La voix de son manager n'arrêta pourtant pas le blond qui courait à grandes enjambés, les passants se décalant d'eux-mêmes pour le laisser continuer sa route comme ses larmes continuaient de s'écouler sur son visage avec une telle impertinence que même avec la plus grande des volontés, Kise n'aurait réussi à les faire s'arrêter. Il en avait assez. Il était usé par tous ces coups bas, de ces tentatives qu'il pensait vaine pour le faire sortir du circuit. Il en avait assez de tout ça, son père avait gagné.
Puis, tout se passa à une telle vitesse que Kise n'eut conscience de rien. Il sentit simplement la dernière larme descendre de son œil pour venir flirter avec sa joue avant de s'en séparer et venir rencontrer son menton, qui n'en eut rien à faire et préféra la laisser tomber dans le vide pour s'écraser sur le passage piéton qu'un signal rouge interdisait aux piétons. Une voiture s'était brutalement arrêtée, les mains de son conducteur crispées sur le volant et la respiration coupée. Autour de la main droite de Kise se refermait une main en partie bandée qui le tenait en apesanteur au-dessus du sol, tout en le protégeant du pare-choc de la voiture.
« On t'a jamais appris à regarder avant de traverser, crétin ?! »
Son sauveur le tira pour le ramener contre le trottoir tandis que la voiture poursuivait son chemin sans égratignure. Les yeux agrandis par la surprise d'avoir été sauvé in extremis, Kise le regarda de la tête aux pieds, détaillant ce garçon qui était apparu de nulle part pour tendre sa main et le rattraper au vol. Néanmoins, les larmes reprirent rapidement le dessus sur le jeune mannequin qui s'agrippa à la veste de son ancien camarade qui tressaillit devant la réaction du blond.
« Senpai ! »
Un nom, juste un nom. A quelques mètres des deux garçons, le manageur de Kise s'arrêta pour reprendre son souffle et remercier intérieurement l'intervention de ce jeune homme qui restait les bras pendant contre ses jambes. Contre son torse, le blond se lâchait complètement et camouflait son visage humide par le corps de son ami.
La vie pouvait être si injuste.
-x-x-x-
Kuroko agitait ses jambes de bas en haut sans trop savoir quoi faire de sa journée ; l'après-midi était à peine entamée et cette fois-ci Akashi était parti seul pour le tournage de son film qui touchait à sa fin. Il avait beau regarder autour de lui inlassablement, rien ne l'inspira pour s'occuper. La veille avec le réalisateur ils avaient pris le soin d'acheter la nourriture nécessaire pour son chien nommé 'Nigou' par Kagami et d'autres de leurs amis, pour sa ressemblance au niveau de ses yeux avec le petit animal. Par ailleurs quand Akashi prit en compte le nom de cet animal, il ne montra aucune réaction particulière et s'en détourna rapidement pour rejoindre son ordinateur et travailler jusqu'à pas d'heure. Kuroko savait seulement qu'il s'était endormi alors que la lumière persistait à filtrer sous sa porte menant à sa chambre.
L'attention de Kuroko fut pourtant volée par la vibration de son téléphone portable, et par ses sourcils froncés il était facile de comprendre que Kuroko savait déjà qui était la personne qui venait de lui envoyer un message. Sa perspicacité ne le trompa pas lorsque ses yeux lurent le nom de Kagami qui ne lâchait rien, comme à son habitude, et lui demandait au moins de ses nouvelles et d'arrêter d'ignorer ses messages.
Son portable entre ses mains, Kuroko relut encore et encore ces mots assemblés les uns après les autres pour former cette phrase remplit d'inquiétude. Cette marque d'intention de la part du rouquin fit pendant un instant sourire le jeune homme. Il éteignit pourtant son téléphone ; il avait encore besoin d'être seul, de s'isoler de son monde habituel et routinier pour réfléchir à ceci et cela, encore et encore, jusqu'à ce qu'il comprenne quoi faire et trouver le pourquoi du comment. Cela faisait trop longtemps qu'il se trouvait dans cette impasse à y chercher une issue, la moindre étincelle de soleil qui pourrait le guider vers la sortie et vers un paysage plus beau, plus verdoyant et surtout beaucoup plus sain pour lui-même. Pour l'instant, rien de cela ne lui était proposé. Peut-être devrait-il faire demi-tour ou alors continuer à patienter et espérer qu'une issue se dégage d'elle-même et lui permette de continuer à avancer sans avoir à reculer.
Kuroko ne savait plus où il se trouvait lui-même ; son corps était bien présent mais son esprit était ailleurs et là à la fois. Il pensait à une multitude de choses, d'alternatives possibles pour améliorer son présent ainsi que son futur sans blesser personne. Et pour cela, il devait encore pour un moment ignorer les appels de Kagami. Encore un peu, juste un peu… le temps qu'il sache où reposer ses pieds sans craindre de tomber.
Finalement, ce fut l'aboiement de Nigou qui tira Kuroko de ses pensées et l'emmena à se lever du canapé. En comprenant ce que cherchait à lui faire parvenir son chiot, Kuroko lia la laisse au collier de son ami avant de mettre sa veste où il savait quelques billets au fond de sa poche. Il descendit ensuite de la résidence pour se retrouver à l'extérieur et entamer sa promenade.
Les pas de Nigou furent aussi ceux de Kuroko qui regardait le trottoir sous ses pieds sans y faire attention. Le temps n'était pas mauvais, mais il ne faisait pas beau pour autant. De lourds nuages vagabondaient de temps à autre dans le ciel obscurcit, une sombre lumière rendait les environs ternes et tristes, comme le cœur de Kuroko se trouvant plongé dans des eaux troubles et tumultueuses. L'horizon était invisible à ses yeux inquiets et perdus. Il était comme sur un radeau un soir de tempêtes, la force de la mer et celle du vent contre lui.
Kuroko aurait continué à marcher comme ceci dans les rues de Tokyo, à ralentir de temps à autre lorsque Nigou voyait un autre chien ou bien quand il avait à faire ses besoins, seulement tout à coup son nom fut hélé dans la rue et le tira de ses sombres réflexions. Kuroko remonta alors son menton pour quitter du regard le trottoir et plutôt découvrir la personne qui l'appelait de la sorte, la voix ne lui rappelant rien. Un grand homme apparut devant ses yeux et alors Kuroko comprit. C'était l'ami d'Akashi qui était dans son appartement lorsque le réalisateur l'y avait amené. Derrière cet homme, une jolie femme aux yeux d'un bleu électrique patientait tout en les regardant fixement.
« Que fais-tu en ville ? Akashi est dans les parages ? L'interrogea-t-il en regardant autour de lui avec intérêt.
— Akashi-kun est au travail, je promène juste mon chien. »
Subitement Nijimura cessa de regarder les passants et porta plutôt son intérêt sur le petit animal se trouvant entre lui et Kuroko, et qui, par ailleurs, aboya joyeusement devant l'attention portée. Le petit chiot était toujours content lorsqu'il rencontrait de nouvelles têtes. Il glapit même lorsque la main du scénariste vint se glisser entre ses deux oreilles après que Nijimura se soit accroupi pour venir rejoindre le petit animal.
« Il est mignon, vous avez le même regard, nota Nijimura avant de se redresser.
— On me le dit souvent. » Révéla Kuroko dont le regard ne quittait pas la silhouette de cette dame.
Nijimura remarqua sans difficulté où se portait l'intérêt de ce garçon et vint alors apposer sa main sur le sommet de sa tête pour capter son attention. Les yeux céruléens du lycéen vinrent alors se concentrer sur les traits neutres du scénariste dont l'aura ne dégageait rien de malsain, ou en tout cas rien de pesant comme Kuroko pouvait le ressentir par moment avec Akashi.
« Prends soin d'Akashi pour moi, je vais être pas mal absent ces prochains jours. Alors essaie de le faire sortir un peu, Dieu sait comment il peut être quand il est plongé dans son travail… »
Le scénariste apporta sa main au niveau de sa nuque et soupira longuement. Cela ne l'étonnait plus d'apprendre qu'Akashi n'avait pas quitté un seul instant son appartement pendant plus de deux mois ; souvent cela se réalisait lorsque le rouquin était plongé dans l'écriture d'un nouveau scripte ou quand il cherchait les producteurs et les moyens nécessaires pour produire son prochain film. Akashi réalisait tout à partir de son bureau, ou bien même à partir du salon par moment.
Kuroko acquiesça simplement pour répondre à la demande de la célébrité qui ensuite le salua avant de rejoindre cette femme qui l'interrogea sûrement sur l'identité de ce garçon puisque son regard pénétrant était resté focalisé sur Kuroko. L'attention de celui-ci resta pendant un instant sur la silhouette de Nijimura qui montait en compagnie de cette femme dans un véhicule aux vitres teintées et conduite par un chauffeur attitré. Ainsi pendant que la voiture disparaissait parmi toutes les autres, Kuroko replongea dans le fil de ses pensées. Au bout de la laisse, Nigou agitait joyeusement sa queue et fixait la jolie voiture disparaître de son champ de vision tout en aboyant pour lui souhaiter bonne route.
« Tu ne seras ni le premier ni le dernier à avoir succombé, le fait d'avoir du pouvoir à disposition a toujours fait ressortir le mauvais des hommes. »
Les mots de cet homme remontèrent en Kuroko qui profita de sa solitude pour y réfléchir. Il n'avait jamais été ce genre de personnes à profiter des biens acquis par les autres et ne comptait assurément pas le devenir. Ce n'était qu'un concours de circonstances qui l'avait mené à sa rencontre avec Akashi Seijūrō, rien n'avait été prémédité et ce n'était de toute façon pas sa faute si le rouquin n'avait pas ses clés pour rentrer chez lui. Après certes, il l'avait suivi pour profiter de sa chambre à l'hôtel. Seulement le temps était mauvais, il avait froid et Akashi ne semblait pas si terrifiant que le racontaient certains journaux. Alors il avait essayé, il avait tenté sa chance et il y était parvenu.
C'était pourquoi les propos tenus par cet homme l'énervaient. Il n'était pas comme ça et ne comptait pas le devenir. Kuroko décida donc de rejoindre une épicerie et d'y acheter quelques produits afin de pouvoir préparer le repas du soir même et il se promit intérieurement de faire le ménage dès qu'il mettrait les pieds à l'appartement. D'un pas convaincu le jeune homme rejoignit donc une épicerie où il attacha Nigou à une barrière puisqu'il ne pouvait pas entrer dans l'établissement avec lui, le temps de faire ses achats. Ce fut dans les rayons des fruits et légumes que Kuroko réalisa un fait incontestable : le fait de vivre chez papa-maman l'avait toujours épargné de la cuisine. Les couteaux, les casseroles et autres matériels de cuisines était un domaine inconnu pour lui. Il serait fort incapable de cuir un simple œuf.
Enfin, les légumes ça ne devrait pas être si compliqué non ? Il fallait simplement les laver, les couper et ensuite les faire cuir. Ce n'était même pas nécessaire pour certains en plus. Kuroko parcourut le rayon avec un courage retrouvé et mit dans son sac plastique quelques concombres et autres légumes facile à préparer. Il fut ensuite encaissé et retourna auprès de Nigou qui se remit sur ses quatre pattes en voyant s'approcher de lui son maître chéri.
Ses nouveaux achats en main, Kuroko revint sur ses pas pour retourner à l'appartement d'Akashi et préparer le repas. Après tout, il ne pouvait pas continuer d'abuser de la gentillesse particulière du réalisateur et il devait donc se montrer utile. Kuroko pressa par ailleurs le pas quand le ciel commença à se décharger de son stock de pluie, cette dernière s'écrasant sans vergogne sur le macadam où des personnes se mettaient à courir pour se mettre à l'abri ou bien rentrer plus rapidement chez eux.
Arrivé à la résidence d'Akashi, Kuroko se trouva à faire face à un problème de taille. A côté des portes menant au hall, une boîte électronique où il fallait taper un certain code pour obtenir l'accès se trouvait logée contre le mur. La main en suspend devant les touches numérotées de zéro à neuf, Kuroko essaya de se souvenir où allaient les doigts d'Akashi lorsqu'ils rentraient tous les deux, seulement il ne parvint pas à s'en souvenir de la totalité. Se retournant alors avec Nigou à ses côtés qui se secouait frénétiquement, Kuroko observa la pluie se déverser contre le sol. Fort heureusement, le seuil de la porte était recouvert par un toit qui permettait à Kuroko d'être à l'abri et au sec.
N'ayant donc pas d'autres choix que d'attendre le retour d'Akashi, Kuroko décida de s'asseoir sous la boîte électronique avec contre son corps la douce chaleur de Nigou qui nicha son museau entre les bras de son maître. La fraîcheur de cette fin d'après-midi pluvieuse fit à de nombreuses reprises frissonner Kuroko qui se recroquevilla alors autour de son ami pour qu'ils combinent leur chaleur corporelle et puissent avoir à nouveau chaud. Kuroko ferma alors ses yeux. Il n'avait maintenant plus qu'à attendre le retour d'Akashi.
-x-x-x-
La pluie ayant ruiné les plans d'aujourd'hui, Akashi et les producteurs eurent décidé de remettre la suite au lendemain. Protégés dorénavant des gouttes d'eau ravageuses par le parapluie de Mibuchi, tous deux étaient partis pour se poser dans un café et discuter ensembles à propos du film et du stage du plus jeune. Cela faisait un moment que Mibuchi avait demandé à passer un peu de temps aux côtés du réalisateur, mais ce dernier était toujours très occupé ou n'en ressentait guère l'envie. Cependant en vue du temps actuel et de l'annulation de leur travail, ils avaient du temps devant eux et Akashi n'avait rien de prévu. Un dernier coup d'œil sur son portable sans nouveaux messages le confirma dans cette optique.
« Après toi, Sei-chan ! » Se réjouit Mibuchi tout en tirant à lui la porte menant à leur café habituel.
Les yeux hétérochromes d'Akashi se tournèrent vers son stagiaire d'un œil désabusé, préférant alors ne rien relever et entrer le premier dans le petit établissement aux couleurs chaleureuses et légèrement décorés. Le personnel était aussi sympathique et leur soupe au tofu était tout simplement exquise. De temps à autre, Akashi y passait du temps soit accompagné par Mibuchi ou encore Nijimura ou bien il y allait seul avec un journal et mettait son esprit de réalisateur de côté. Faire de temps à autre des pauses afin de mieux repartir était profitable à tout le monde, et Akashi n'y faisait pas exception.
Une fois leur commande passée auprès de la jolie serveuse qu'observa pendant un instant Mibuchi avant de tourner son attention sur Akashi qui n'en avait que faire, le brun croisa ses mains sous son menton et se pencha légèrement vers l'avant. La spécialité de Mibuchi était assurément d'aller toujours droit au but avec le sourire jusqu'aux oreilles ; que celui-ci soit mauvais ou agréable, il n'en avait rien à faire. Seulement, certaines personnes ne se rendaient pas compte qu'il se fichait en réalité d'elles, mais Akashi n'était pas comme ça. Et par le regard lourd de sens qu'il reçut lorsqu'il chuchota son surnom en roulant bien chacune des syllabes le composant, Mibuchi décida de ne pas trop tirer sur la corde raide et garda donc son visage neutre.
« Tu comptes faire vivre encore longtemps ce gamin chez toi ? Demanda-t-il avec intérêt pendant qu'au même instant, la serveuse leur apportait leur commande.
— Je ne vois pas en quoi ça te regarde Reo, lui répondit clairement Akashi en apportant son café à ses lèvres.
— Je m'inquiète pour toi, c'est évident ! »
Cela faisait quelques mois désormais que Mibuchi côtoyait le réalisateur et qu'il passait la plupart de son temps en sa compagnie. Le jeune scénariste avait donc pris le temps pour connaître Akashi et de ce fait commencer à l'apprécier, et ce dernier n'en avait rien à faire ? Mibuchi considérait le célèbre réalisateur comme un ami ; c'était donc normal pour lui de s'inquiéter pour lui et de se méfier de son entourage pouvant être suspect, et dans ce cas d'en avertir Akashi. Alors en quoi ça le regardait ? La réponse était facile à donner.
« Tu ne connais pas ce garçon et tu le laisses vivre chez toi. Il peut très bien te voler et revendre tes affaires aux plus offrants. »
Le regard d'Akashi observa avec une attention particulière les traits composant le visage de son stagiaire, visiblement très inquiet pour lui. Il apporta pourtant l'air de rien sa tasse de café à ses lèvres et continua à boire tranquillement. Les yeux clos cette fois-ci, une image se glissa derrière ses paupières ; la silhouette de Kuroko lui apparut comme si celui-ci se trouvait en face de lui, ce gamin ne ferait pas de mal à une mouche et ne prendrait aucunement le risque de le voler en sachant qu'il le démasquerait aussitôt. Il est vrai qu'Akashi ne connaissait rien de ce garçon, mais il savait tout de même analyser d'un simple regard si une personne était mauvaise ou non. Et Kuroko ne l'était assurément pas.
Ainsi, la remarque de Mibuchi eut au moins le mérite de l'amuser.
A l'extérieur, la pluie ne tarissait pas et les passants se dépêchaient de rentrer chez eux pendant que la nuit s'installait au-dessus de leur tête. A l'intérieur du café, Akashi et Mibuchi continuèrent de discuter à propos du film qui se terminait doucement mais sûrement. Mibuchi se permit quelques remarques pour connaître la progression du réalisateur sur son prochain film, et en quoi Kuroko pouvait lui apporter quoi que ce soit. Akashi nota par ailleurs que son interlocuteur s'arrangeait de sorte à ce que leur conversation tourne autour du lycéen et cela l'agaça prodigieusement, il n'était plus un môme dont il fallait surveiller ses fréquentations de peur qu'il ne tourne mal. Il savait très bien se débrouiller tout seul et n'avait pas besoin de l'attention de Mibuchi, Nijimura était déjà bien suffisant.
« Je rentre. »
Il déposa quelques pièces sur la table avant de contourner celle-ci pour prendre le chemin de la sortie, seulement la main de Mibuchi vint entourer son poignet et l'arrêter dans sa marche. Le regard hétérochrome d'Akashi dévisagea alors méchamment son stagiaire qui pourtant ne faiblit pas et perdura l'échange visuel. Akashi pesta alors, agita sèchement son bras afin de le libérer et poursuivre sa route tout en ignorant les paroles tenues par Mibuchi.
« Tu es quelqu'un d'important Sei-chan, tôt ou tard ce gamin voudra en profiter aussi. »
Ces mots même s'il n'avait pas voulu les entendre tournèrent en boucle dans son esprit, encore et encore sans faiblir et comme si Mibuchi se trouvait encore à ses côtés pour les lui formuler. La chaleur autour de son poignet le fit tressaillir alors qu'il repensait au regard lancé par le brun, c'était bien la première fois qu'il le voyait aussi sérieux. Sa voix était même descendue de quelques octaves pour l'avertir sur les changements que pourrait subir Kuroko à son contact. Enfin de toute façon, cela faisait une éternité qu'Akashi n'avait plus foi en l'humanité. Son père l'avait éduqué de la sorte depuis son plus jeune âge, toujours ne dépendre que de soi-même et ne jamais faire attention aux autres. Il fallait simplement et uniquement s'intéresser à un but, leur but, et ne pas se dissiper. Les affaires des autres ne regardaient qu'eux et aucunement sa personne.
Peu de temps après avoir quitté Mibuchi et avoir pris un taxi, Akashi fut de retour devant sa résidence. La pluie toujours aussi ravageuse que lors de son apparition vint rencontrer avec joie la veste du réalisateur qui resta planté à quelques mètres du seuil de la résidence. Sous ses yeux surpris, la silhouette recroquevillée de Kuroko se frottait énergiquement les épaules de bas en haut afin d'essayer de se réchauffer pendant qu'autour de ses jambes le chiot s'agitait d'impatience. Akashi nota d'ailleurs l'existence d'un sac plastique aux côtés de ce garçon qui se trouvait là depuis un certain moment en vue de son visage rougit par le froid et de ses doigts devenus légèrement bleus.
L'aboiement du chiot devant l'apparition d'une silhouette connue attira l'attention de Kuroko qui se redressa prestement en voyant Akashi se rapprocher de lui. Toutefois avant d'ouvrir la porte devant laquelle avait tant attendue Kuroko, Akashi se tourna vers lui et devina la raison de sa présence ici.
« Le chiffre est 45. »
Kuroko acquiesça avant de suivre les pas d'Akashi à l'intérieur et enfin profiter de la chaleur ambiante.
« File sous la douche en rentrant, tu n'attraperas pas froid de la sorte. Qui y a-t-il à l'intérieur de cette poche? Demanda finalement Akashi en fixant avec intérêt celle-ci.
— J'ai décidé de préparer le repas de ce soir, alors je suis allé acheter quelques légumes. Je peux utiliser votre cuisine, s'il vous plaît ? »
Akashi jugea du regard ce lycéen de la tête aux pieds tout en enfonçant dans la serrure ses clés, se demandant vraiment si ce garçon avait déjà manié un couteau et une casserole. De plus, son nom était assez important pour qu'il permette à un inconnu de lui préparer à manger, et il ne désirait pas mourir à cause d'un plat préparé par ce garçon. Ainsi devant l'absence de réponse de la part d'Akashi, Kuroko préféra reprendre la parole et de la sorte défendre sa cause.
« J'ai envie de me rendre un minimum utile au lieu de simplement répondre à vos questions, je peux aussi faire le ménage si vous le souhaitez !
— Contente-toi de faire la poussière, je me charge de la cuisine. »
D'abord silencieux par la réponse d'Akashi, Kuroko décida tout de même intérieurement de ne pas abandonner. Les jours où Akashi s'absenterait, il utiliserait sa cuisine pour s'entraîner et ainsi apprendre à cuisiner. Il déposa alors sa poche plastique sur la table de cuisine avant de partir en direction de la douche afin de se réchauffer comme le lui avait recommandé Akashi. Akashi qui par ailleurs profita de l'absence du lycéen pour regarder ce qui se trouvait à l'intérieur de la poche et constater que ce dernier n'avait acheté que des légumes facile à cuisiner. Il eut ainsi la confirmation de ses craintes, ce gamin n'avait jamais fait cuir ne serait-ce qu'un œuf et encore moins cuit un morceau de viande.
Il l'avait assurément échappé belle. Jamais il ne laisserait ce gamin lui préparer ne serait-ce qu'une omelette ou encore même des pâtes, tiens.
