Bonjour tout le monde, j'espère que vous allez tous bien ! Je sais bien qu'on n'est pas mercredi aujourd'hui, et d'ailleurs j'ai une annonce à vous faire dès maintenant : les chapitres de cette fiction se feront désormais le week-end.

En effet maintenant que j'ai un appartement, et surtout pas de connexion internet, je dois attendre de rentrer chez moi afin de redécouvrir les joies d'internet. Et surtout, du coup, n'attendez pas à une publication régulière car je ne pourrais pas rentrer chez moi tous les week-end. Sur cette petite annonce, je vous souhaite une très bonne lecture et commence la réponse des reviews du chapitres précédents !

Réponse aux reviews :

Liber : Je remarque que Kasamatsu a fait son petit effet, et ça m'amuse beaucoup en plus de me faire plaisir. Mais ne t'inquiète pas, rien n'est joué pour notre pauvre Kise ! Les ennuis ne font que commencer. Et dans le chapitre 7 peut-être qu'Akashi s'est adouci, ou a commencé à montrer certains signes, mais il ne faut pas aller trop vite en besogne. Puisqu'il est sur la bonne voie, je pense que c'est mieux que Kuroko garde tout pour lui et laisse Akashi s'améliorer petit à petit, sans en avoir véritablement conscience. Je pense que c'est le mieux, ouais.

Et c'est clair qu'Akashi a les moyens pour nous retrouver, où que nous soyons ! Et je ne pense certainement pas pouvoir lui échapper mais qui sait, peut-être qu'en la jouant finement et surtout d'une main de maître, je pourrais espérer passer une demi-journée tranquille aux côtés de Kuroko sans y perdre ma vie. Ouais, une demi-journée me paraît pas mal ! x) Et non je ne connais pas Eyeshield21, du moins je ne le connais que de nom.

Laura-067 : Pour ce qui est de la mémoire de ce site, moi aussi une fois je m'y suis laissée prendre xD Je pensais tout comme toi avoir appuyée sur le bouton pour le poster, alors qu'en réalité non, et ne m'en rendre compte que lorsque le chapitre suivant de l'auteur a été publié. C'est assez impressionnant, et déroutant haha !

Pour ce qui est du déroulement de la soirée, et du pourquoi Akashi est si peu engageant avec autrui, tu découvriras ceci dans ce chapitre qui j'espère te plaira ! Mais en ce qui concerne le Kise/Kasamatsu, ou bien même le Aomine/Kise, haha ! Patience patience chère amie ! Bien que les bases de cette fiction soit désormais posées, la fiction en elle-même n'est qu'à ses prémices !

Riddikuluss : Des persos qui n'ont de cesse de te séduire ? Ah ma pauvre, sais-tu que nous ne sommes même pas à la fin de la première partie de cette fiction ? Dans quel état te trouveras-tu quand nous toucherons à la fin ? Aujourd'hui, je vous livre le chapitre 8 qui en soit va trancher entre le moment où Kuroko ne connaissait pas encore Akashi et celui où leur relation commune va avancer.

D'ailleurs, tu sais que récemment en présence de mes amis on est tombé par hasard sur l'émission de "Pascal, le grand frère" et forcément j'ai pensé à toi, à Nijimura, et à cette fiction. Du coup, je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler en essayant d'imaginer Nijimura au travers de cet homme et de ces enfants un peu trop survoltés.

Enfin en même temps... je pense que si tu te retrouvais entre les mains d'Akashi, moi aussi j'attraperais Kuroko avant de partir au loin et de t'encourager. On est vraiment horrible l'une envers l'autre haha ! Kuroko fait ressentir en nous tout notre mauvais fond. Mais pour ce qui est de croître ta frustration, sache que j'en suis tout à fait fière niark niark ! Et encore, ce ne sera pas la seule fois que ce genre de situation se réalisera sous les yeux d'Akashi, tu peux me faire confiance.

En tout cas, ta petite remarque m'a surprise... en fait, je ne m'en suis pas rendue compte avant de le poster, mais après ta remarque j'ai eu envie de me frapper la tête contre les murs. Du coup, je m'excuse pour ma négligence. Pas taper les doigts Akashi-sama ç.ç

Tu m'as fait trop rire avec ta remarque sur la possibilité que le lendemain Kuroko soit chauve; car tu vois, je me suis imaginée Akashi qui au cours de la nuit se soit infiltré dans la chambre de Kuroko, tondeuse à la main, et ne se gêne pas pour lui faire une coupe made in Akashi Seijūrō.

Sur ce, je vous souhaite à tous une très bonne lecture sur ce chapitre, et surtout, n'hésitez pas à me laisser une review ;)


Le papillon

Scène 8


Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse.

Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne.

Haruki Murakami.


Derrière son plan de travail, un géant prenait le temps de soigneusement napper son muffin préparé avec justesse et beaucoup de précision. Ses longs cheveux violets se trouvaient attachés en une couette basse pendant que ses mèches rebelles se faisaient tirer en arrière par sa toque de chef. L'appareil entre ses mains gantées pour plus de propreté, ses oreilles sifflèrent en entendant les autres employés circuler dans la cuisine pour prendre les commandes ou faire parvenir les nouvelles des clients qui peuplaient leur salon.

Toutefois à un moment donné, un employé éleva plus sa voix que les autres et sut de la sorte capter son attention :

« Akashi Seijūrō vient d'entrer dans la pâtisserie ! » S'écria-t-il entre la terreur et l'admiration, de la sueur s'échappant déjà de sa choucroute posée sur ses cheveux.

Autour de lui, les autres paniquèrent et en perdirent leur savoir-faire. Le matériel métallique tomba contre le sol et retentit dans un brouhaha perceptible jusque dans la salle de réception où les clients s'asseyaient. Dans cette dernière, Akashi s'installait calmement sans porter d'attention à ce que sa présence amenait dans cet établissement ; et, à ses côtés Kuroko regardait attentivement les alentours. Il avait de nombreuses fois entendu parler de cette boutique et de ses fameux muffins réputés pour être succulents. Cependant, Kuroko avait aussi parfaitement connaissance du prix de chacune de ses confiseries, et aucunement il n'avait les moyens de s'en offrir une.

Au cœur de la cuisine, l'attention de Murasakibara avait délaissé son précieux muffin pour plutôt regarder en coin la porte menant à la salle de réception. Son visage fatigué ne permit pas à son collègue de lire une quelconque once d'émotion, néanmoins ses yeux traduisirent un intérêt soudain pour autre chose que de la nourriture. Un sourire se dessina alors sur les lèvres de son camarade au grain de beauté sous l'œil droit.

« Si tu veux aller l'accueillir Atsushi, vas-y, lui adressa-t-il tout en terminant le travail de son ami.

— Aka-chin n'en aura rien à faire… »

Se replongeant dans son travail, Murasakibara ignora le sourire d'Himuro qui n'insista pas davantage. Il était très difficile de convaincre le géant de faire quelque chose contre son gré. Suite à cette courte conversation, la commande d'Akashi ne tarda pas à tomber telle l'ouverture d'un soir orageux avec ses premiers éclairs présageant une nuit agitée.

Plusieurs cris paniqués arrivèrent jusqu'aux oreilles de Murasakibara qui se redressa brusquement pour surplomber de toute sa hauteur les mouvements inutiles des employés. Ce n'était pas en courant n'importe où à brasser du vent que la commande d'Akashi allait être préparée, et surtout qu'elle allait être suffisante pour le palais fragile du rouquin.

Finalement, Murasakibara bouscula de par son épaule ce cuisinier inutile et prit entre ses mains le matériel nécessaire pour préparer la commande d'Akashi. Le calme qui s'emparait de son visage et la précision de ses gestes ainsi que sa façon de faire laissèrent sans voix ses collègues qui se demandèrent comment le violet pouvait paraître si calme alors que le terrifiant Akashi Seijūrō attendait de l'autre côté de la porte. Si jamais leur pâtisserie ne lui plaisait pas, ou le rendait même malade, c'en était fini de cette boutique. Akashi pourrait la rayer de la carte pour l'éternité.

« Muro-chin, j'ai fini. »

Ses mains quittèrent l'assiette où résidait la commande d'Akashi, magnifiquement réalisé par Murasakibara qui s'éloigna du plan de travail pour rejoindre le sien et continuer ses préparations. Autour de lui et parmi les machines, tous les collègues de Murasakibara se demandèrent jusqu'à quel point la lassitude de leur coéquipier pouvait aller. Ce n'était pas naturel d'être aussi peu stressé, ou même si peu enthousiaste, à l'idée qu'une célébrité mette les pieds dans leur commerce. C'était même à se demander si Murasakibara avait réellement conscience de qui se trouvait de l'autre côté de cette porte.

Pour sa part, Himuro prit le plateau où reposaient les confiseries et poussa les portes battantes séparant le salon des cuisines grâce à son épaule. Sa tenue composée d'un pantalon noir et d'une chemise blanche en partie couverte d'un gilet sombre contrastait avec les couleurs chaleureuses de l'établissement. Son œil droit capta directement la table occupée par cette personne qui affolait telle des puces les pâtissiers de l'autre côté de la porte ; une aura noire prête à tout conquérir de force, sans vergogne et avec une hargne sans pareille. Lorsque l'unique œil visible d'Himuro se focalisa sur la silhouette assise de cette célébrité, un rictus satisfait s'étira sur ses lèvres et il pressa le pas. Tout comme Murasakibara, rencontrer des personnes influentes ne le terrorisait pas ; la seule différence résultant de Murasakibara et lui était le fait que pour sa part, il aimait se surpasser et voir ces personnes pour l'instant supérieur à lui être abasourdies par les confiseries de leur établissement. Contrairement aux autres serveurs et pâtissiers encore en cuisine, retenant leur souffle, Himuro ainsi que Murasakibara aimaient se confronter à la réalité.

De la sorte quand les yeux dépareillés du célèbre réalisateur se levèrent pour le regarder arriver à leur table, Himuro offrit son plus beau sourire tout en étant des plus sincères. Ce n'était pas la première fois qu'Akashi venait entre ces murs, mais il repartait toujours avec des remarques acerbes.

« Votre commande, Monsieur Akashi. »

Une unique assiette fut déposée devant le réalisateur qui ne cessa d'observer le serveur qui s'était présenté à eux, et qui venait toujours le servir à chacune de ses visites. Son regard hétérochromes se tourna ensuite vers Kuroko qui visiblement avait été oublié, et dont même ce serveur dont le badge disait qu'il s'appelait Himuro ne semblait pas avoir pris conscience de son existence.

« J'ai commandé pour deux, rappela fermement Akashi.

— Pour deux dites-vous ? »

Surpris qu'un tel oubli ait pu être possible, Himuro se tourna pour s'apercevoir par lui-même de la deuxième présence présente autour de la table. Son sourcil droit se fronça et intérieurement il se demanda comment il avait fait pour ne pas remarquer l'existence de ce jeune homme aux cheveux bleus clairs. Prenant alors conscience de la faute commise, Himuro n'attendit pas davantage et se pencha respectueusement vers ce garçon afin de présenter les excuses de l'établissement. Toutefois, Himuro se demanda quel idiot de serveur avait pu oublier de vérifier si personne d'autre qu'Akashi n'entourait la table.

Retournant en cuisine d'un pas énervé, Himuro fit part de la commande de ce garçon en cuisine. De leur côté, Akashi fixait toujours avec la même insistance Kuroko qui ressentait contre sa peau le regard du réalisateur. Un certain malaise s'empara de lui et Kuroko préféra de ce fait échapper à l'emprise des yeux du rouquin pour regarder avec attention chaque détail de cette pâtisserie. Quelques clients peuplaient le côté restauration autour d'une tasse de café et évidemment une part de ses délicieux mets dont Kuroko avait entendu que des compliments. C'était là un tout autre monde que les fast-food où il allait après les cours avec Kagami, et quelque part ce milieu raffiné et délicat où une douce odeur sucrée envahissait l'air ressemblait quelque peu à Akashi.

« Cela arrive souvent que les personnes ne te voient pas ? Lui demanda finalement Akashi pour confirmer les hypothèses qui s'étaient entretemps forgées dans son esprit, et ainsi capturer l'attention de Kuroko.

— Souvent est un bien grand mot, mais en effet. Je ne sais pas pourquoi mais on dirait que je suis comme transparent, ou quelque chose qui se ballade sans attirer l'attention des autres.

— Comme un fantôme. » En conclut Akashi après qu'Himuro soit revenu accompagné de deux tasses de thé ainsi que de la commande de Kuroko.

Toutefois sa main droite était appuyée contre le dos de Murasakibara qu'il avait réussi à faire sortir de ses cuisines pour que lui aussi s'excuse de la bêtise de son personnel. Kuroko était stupéfait par la hauteur de cet homme qui même penché vers l'avant par la force, la main d'Himuro exerçant une force inattendue vu son gabarit pour contraindre le violacé à le faire.

« Muro-chin m'a dit que je devais m'excuser, j'irai dire à ce débile qu'il peut éviter de revenir demain…

— J'y compte bien.

— Hm… »

Le regard violâtre de ce géant se décala du réalisateur pour venir observer Kuroko de bas en haut, déstabilisant ce dernier qui ne savait pas comment se comporter avec une telle personne. Quelque chose de lassé se dégageait de lui, rendant le monde qui l'entourait terne et ennuyeux, le tirant vers le bas sans qu'aucun rayon de Soleil ne puisse venir le rendre plus intéressant, ou en tout cas un peu plus attrayant. A l'intérieur de lui-même, Kuroko sentit son cœur se contracter douloureusement tandis qu'Himuro tirait sur la manche de ce géant pour le ramener en cuisine et poursuivre leur travail. Un sourire crispé s'était étendu sur le visage du serveur qui leur souhaitait un bon appétit, disparaissant ensuite derrière les portes battantes pour rejoindre la cuisine.

N'en croyant pas ses yeux, Kuroko s'éclaircit la gorge avant d'entamer la conversation alors qu'en face de lui Akashi entamait la pâtisserie sans vraiment d'envie.

« Ce pâtissier compte licencier son collègue ?

— C'est évident, non ? Il a oublié une commande, c'est impardonnable.

— Mais ce n'est pas si grave !

— Si Atsushi commence à pardonner au premier écart, la personne concernée se dira qu'elle n'est pas fautive et elle recommencera. La sanction doit être exemplaire pour ses collègues. »

Les poings de Kuroko se contractèrent autour des couverts pendant qu'Akashi mangeait tranquillement les pâtisseries sans guère les apprécier toutefois ; lui avait déjà mangé et il n'aimait pas vraiment tout ce qui était trop sucré. Les yeux hétérochromes d'Akashi notèrent cependant les poings crispés de Kuroko autour de ces couverts, et releva alors ses yeux dans sa direction. Le jeune homme regardait avec fureur le coin de la table et surprit de la sorte légèrement Akashi : c'était la première fois qu'il voyait ce garçon avec une telle expression.

C'était… intéressant.

Suite à cet événement, Akashi tout comme Kuroko n'en reparlèrent plus. Le réalisateur régla leurs commandes et ils quittèrent l'établissement pour le plus grand soulagement du personnel. Kuroko n'arriva néanmoins pas à se détendre, relatant inlassablement les faits qui venaient de se produire sous ses yeux. Un homme allait perdre son travail à cause de lui, parce que sa présence n'était pas comparable à celle déployée par Akashi et ce n'était pas la première fois qu'on ne le remarquait pas ; seulement à la différence d'hier personne n'en subissait les conséquences. C'était horrible. Quelqu'un perdait son travail à cause de lui, une famille allait se retrouver pénaliser injustement, et Akashi se comportait comme d'habitude et avait même tenu des propos exécrables à table.

Et contre son pantalon, les vibrations de son portable se faisaient toujours et encore plus pesantes. Kagami n'avait aucunement l'intention de lâcher l'affaire, ce qui ne lui ressemblerait aucunement de toute façon. Toutefois, Kuroko se mit à s'interroger sur le fait d'ignorer encore son ami et ne pas le mettre dans la confidence ; après tout, ça le concernait un minimum.

« Aimez-moi comme je suis ou oubliez-moi, l'entre-deux n'existe pas. »

Sa main effleura légèrement la poche de son pantalon et il jeta un rapide coup d'œil avant d'agiter sa tête négativement. Demander de l'aide à Kagami serait synonyme d'abandon et il ne désirait vraiment pas paraître comme un lâche après la décision importante qu'il avait prise de son plein gré. Il devait se faire accepter en tant qu'adulte et pour cela, il devait se débrouiller seul.

Ainsi au cours de la journée et avant de récupérer son costume sur mesure, Kuroko aida comme il le pouvait Akashi à préparer la salle qui allait accueillir de nombreuses célébrités ; appelant différents traiteurs pour leur donner l'heure exacte pour la livraison ainsi qu'aux décorateurs pour finaliser les détails de la somptueuse salle de réception qui à elle seule était déjà deux fois plus grande que la maison de Kuroko. C'était bien un tout autre monde qui s'ouvrait à lui, et Akashi en détenait les clés.

-x-x-x-

Aomine en avait marre ; réellement, il ne savait pas encore ce qui le retenait de se plonger dans l'illégalité et flinguer ce fichu agent que lui avaient refilé ses parents. Wakamatsu courait vite, Wakamatsu avait été mis au courant des endroits qu'il fréquentait, Wakamatsu le déposait et le ramenait à son lycée et patientait toujours dans les environs pour s'assurer qu'il ne séchait pas. S'étreignant ses cheveux courts, Aomine pesta violemment tandis que derrière lui courait le dit Wakamatsu l'appelant sans relâche pour qu'il l'attende.

A l'inverse, Aomine pressa davantage le pas pour garder cette distance de sécurité entre leurs deux personnes, et s'assurer de la sorte de ne commettre aucun meurtre dans les prochaines minutes. Il était vrai que son statut de fils d'un homme puissant, de plus dans le domaine judiciaire, pourrait le sauver de ce mauvais coup mais en cette période difficile de son adolescence et des tensions entre lui et ses parents, ce n'était pas ce qui était de plus raisonnable à exécuter. Mais bon Dieu que ce type lui tapait sur le système.

Les mains toujours fourrées au fond de ses poches, et le dos courbé vers l'avant, Aomine ignora superbement les appels de Wakamatsu qui pressait le pas derrière lui. Pour sa part aussi, le jeune agent était au bord de la rupture et était à deux doigts de présenter sa lettre de démission si seulement il n'avait pas absolument besoin de ce job bien payé. Il ne comprenait vraiment pas les gosses de riches, à ses yeux ils étaient comme des extraterrestres qui avaient débarqué dans ce monde avec l'intention de le détruire par leur stupidité et par leur égoïsme. Si seulement ses directives lui permettaient d'au moins donner quelques claques à ce garçon rebelle afin de le redresser un peu, Wakamatsu n'hésiterait pas une seule seconde.

« Aomine ! »

L'interpelé contracta sa mâchoire en reconnaissant la voix de ce stupide agent et pressa davantage le pas, à la limite de se mettre à courir pour distancer ce type et pouvoir enfin retrouver sa liberté d'antan. Il ne pouvait plus sortir comme il le souhaitait, ne pouvait même plus dormir sur le toit sans qu'un professeur ne vienne le trouver après que Wakamatsu l'ait balancé, et il ne pouvait non plus flâner dans les centres d'arcade afin de se détendre avant de rentrer chez lui. Avec Wakamatsu, c'était boulot-dodo. Et même si sa vie était d'un ennui mortel, Aomine avait été libre avant de rencontrer Wakamatsu. C'était comme si ses propres parents l'avaient enfermé dans une cage pour laquelle il n'existait aucune clé.

Plongé dans ses pensées, Aomine ne fit guère attention aux personnes qu'il pouvait bousculer de temps à autre, ni encore des regards médusés qui se dirigeaient sur sa personne. Le quartier mal fréquenté dans lequel il avait mis les pieds consciemment pour embêter Wakamatsu n'avait peut-être pas été une très bonne idée, mais cela passa par-dessus la tête d'Aomine bien trop sur les nerfs pour réaliser la dangerosité de la situation. Après tout, Aomine avait suivi des cours depuis son plus jeune âge pour être capable de se défendre et attendre les secours, à son âge dorénavant il savait même tirer avec une arme à feu sur une cible. Il n'avait encore jamais encore tiré sur un autre être humain, mais Aomine était conscient que si le moment se présentait il ne ressentirait aucune hésitation. Il n'avait pas peur d'appuyer sur la gâchette et ôter la vie à quelqu'un.

Cependant, Wakamatsu pour sa part n'était pas rassuré. Ces regards bien trop insistants dirigés dans la direction de son protégé, ces visages qu'il connaissait pour leurs méfaits et surtout pour leurs très mauvaises fréquentations… ils n'étaient vraiment pas dans leur élément et tout pouvait s'embraser d'un instant à l'autre. De ce fait, Wakamatsu se mit clairement à courir pour rattraper le fils unique de la famille Aomine ; car il savait que s'il arrivait malheur à ce dernier sa tête tomberait sans qu'il ait le temps de s'expliquer ou de demander clémence.

Il courut de plus en plus vite afin de rattraper les grandes enjambées d'Aomine, bousculant à son tour les passants tout en prenant soigneusement dans le fond de la poche de sa veste le revolver qui lui avait été confié. Si seulement on ne lui avait pas confié une tête brûlée à protéger, tout serait bien plus simple. Néanmoins pendant sa course, Wakamatsu bouscula quelqu'un de bien plus résistant que les autres puisqu'il dut reculer de quelques pas pour distinguer la personne qui venait de l'arrêter. Ses yeux s'agrandirent en reconnaissant les traits de ce visage s'apparentant à celui du Diable, ses traits fins et ses longs cheveux raides aussi noirs que le plumage d'un corbeau retombant par-dessus la paire de lunettes où derrière celles-ci des yeux à demi clos apparaissaient. Un rictus s'étira sur les lèvres de son vis-à-vis qui après l'avoir reconnu à son tour, délaissa la personne avec qui il s'entretenait pour se tourner vers Wakamatsu.

« Yo Wakamatsu, ça faisait un bail pas vrai ? » Lui susurra-t-il joyeusement.

De très désagréables frissons mordirent l'échine de Wakamatsu qui grommela diverses insultes avant de dépasser son ancien senpai et de se remettre à courir après Aomine ; toutefois, Wakamatsu avait parfaitement conscience du regard de cet homme perfide jusqu'à la moelle centré sur lui. Wakamatsu ne s'y trompa d'ailleurs pas puisque ce dernier prenait même un malin plaisir à l'observer disparaître dans la foule tout en se disant que les choses devenaient intéressantes pour son cher petit kohai. Très intéressantes mêmes.

A ses côtés néanmoins, le jeune mannequin à la bouille d'ange requerra son attention pour reformuler sa demande. Les yeux auparavant plissés s'entrouvrirent alors et un sourire des plus tordus s'étira sur ses lèvres désormais entrouvertes, et à cet instant précis de son existence, Kise Ryōta sentit une alarme retentir du plus profond de son être pour l'avertir du danger. Malheureusement, le blond préféra l'ignorer et serra avec conviction la main tendue de cette personne qu'il avait mis un certain temps à dénicher pour lui proposer un marché.

Le contrat s'était bien déroulé.

-x-x-x-

Kuroko était nerveux et ne se sentait pas à l'aise à l'intérieur de ce magnifique costume créé seulement pour sa personne. De plus, la salle de réception joliment décorée se peuplait petit à petit par les serveurs et le comité ayant aidé Akashi à réaliser son film. Hormis le rouquin, Kuroko ne connaissait strictement personne et toutes ces célébrités réunies en un seul et même endroit le faisaient s'angoisser et se demander s'il allait être à la hauteur des attentes du réalisateur. Le bleuté tressaillit soudainement quand il se rappela qu'Akashi ne lui avait pas encore parlé de ses attentes pour la soirée.

Cherchant prestement du regard la silhouette d'Akashi, Kuroko se mordit la langue en le trouvant en compagnie de ses collègues et d'autres têtes connues pour le moment. Il ne se sentait vraiment pas à sa place ici et regrettait sa vie banale de lycéen. Ce monde n'était pas pour lui ; toutes ces manières, souvent fausses, et ce besoin de se faire voir étaient des choses jusqu'alors ignorées par sa personne. Chez lui Kuroko aimait paresser dans sa chambre en pyjama sans prendre le temps de se coiffer, et lorsqu'il devait aller au lycée il ne se prenait pas la tête pour savoir quel pantalon mettre avec quel haut. Tout était beaucoup plus simple et plus agréable.

Il sursauta presque quand une présence vint se glisser derrière son dos et attira donc obligatoirement son attention, reconnaissant alors le visage du stagiaire d'Akashi qui avait ultérieurement délaissé le rouquin pour venir glisser quelques mots au toutou de ce dernier.

« Ne pense pas que c'est parce qu'il t'emmène partout où il va que tu lui es indispensable, lui fit-il remarquer désagréablement.

— Je n'ai jamais pensé à ça, rétorqua fermement Kuroko.

— Ah oui ? Pourtant les personnes comme toi et moi, je les reconnais facilement. Jamais Sei-chan ne pourrait déposer ne serait-ce qu'un seul regard intéressé sur une personne aussi dénuée d'intérêt que toi. »

Interloqué par les propos de cet homme, Kuroko ne sut trouver une réponse adéquate dans les secondes qui suivirent les paroles de Mibuchi. Ce dernier étira par ailleurs un large sourire satisfait et déposa sa main contre l'épaule du plus petit dans un geste remplit d'ironie et de satisfaction personnelle. Il avait remporté cette manche.

Quelques temps après l'intervention de cette mauvaise personne, Kuroko n'eut aucunement besoin de rejoindre Akashi puisque ce fut celui-ci qui vint le rejoindre pour enfin lui donner ses directives pour la soirée. Sa demande ne surprit qu'à moitié Kuroko : comptant utiliser son manque de présence, Akashi comptait sur lui pour rester à ses côtés et ainsi écouter chacune de ses conversations entretenues avec la gente féminine, et l'arrêter lorsqu'il débordait.

Aujourd'hui il ne s'agissait que d'un entraînement qui se déroula approximativement bien si on oubliait le fait que ces femmes bien trop maquillées étaient prêtes à tout gober de la part du réalisateur afin d'attirer ne serait-ce qu'un peu de son intérêt sur elles. Kuroko avait oublié ce fait ; un homme riche ou célèbre, parfois même les deux, pouvaient obtenir n'importe qui en un claquement de doigts. C'en était désolant pour ces filles qui espéraient intéresser juste un tout petit peu le célèbre et réputé Akashi Seijūrō. Kuroko s'interrogea même sur l'image que ces femmes devaient avoir d'elles-même, et il trouva ça regrettable.

« C'est à cause de personnes si peu distinguées, comme elles, que j'ai arrêté les convenances. »

La soudaine intervention d'Akashi surprit Kuroko qui se tourna dans sa direction. Sa main droite était occupée par un verre à moitié vide et celle de gauche longeait son corps gracieusement. Kuroko avait dorénavant remarqué que dans n'importe quelle position, ainsi que dans n'importe quels habits, il se dégageait d'Akashi une classe innée. Le jeune homme repensa alors à sa courte conversation dans le taxi où Akashi lui avait révélé son autre style vestimentaire quand il ne portait pas de costards. Kuroko était donc parfaitement convaincu que dans n'importe quel habit, que ce soit traditionnel ou bien moderne, Akashi dégagerait toujours cette aura de puissance et de supériorité.

« Alors pour le bien de mon prochain film, je veux ta participation dans ce projet. »

Les yeux or et sang d'Akashi regardèrent fixement Kuroko sans le relâcher ne serait-ce qu'une seule seconde. Ceci n'était pas une demande ni même de l'aide à proprement parlé, Akashi le forçait à donner son maximum pour accomplir ce qu'il attendait de lui. Et si par malheur il n'y arrivait pas Kuroko était assuré de passer par-dessus bord. Il avait depuis longtemps compris que pour Akashi Seijūrō, toute personne inutile ou inefficace ne servait à rien et méritait de tomber dans l'oubli ; cette après-midi en étant la preuve en elle-même.

Au même instant dans le début de soirée, et à des kilomètres de la salle où se situaient Akashi et Kuroko toujours proche du réalisateur afin de l'aider, Kagami regardait avec nervosité chaque détail qui composait cette petite cuisine où on l'avait dirigé après qu'il ait toqué à la porte avec tout son courage. Son attention se reporta toutefois sur cette petite tasse en porcelaine qui contenait gentiment le thé offert par cette famille qu'il avait bon nombre de fois rencontrée par l'intermédiaire de Kuroko. Les yeux vermeils du lycéen se relevèrent ensuite pour rencontrer ceux souriant de cette femme joliment coiffée par un chignon dont quelques mèches rebelles retombaient sur ses épaules couvertes par un petit gilet rosâtre.

« Alors Kagami-san, tu ne voulais pas me parler de quelque chose d'important ? » S'enquit-elle avec un sourire confiant étiré sur le bord de ses lèvres.

La main de celui-ci se contracta par-dessus son uniforme et avant que la raison de sa venue ne traverse ses lèvres, Kagami se pencha brusquement vers l'avant pour s'excuser. Il ne savait même plus pourquoi ses jambes l'avaient dirigé chez Kuroko ni même pourquoi le visage de cette femme devint si froid en un millième de seconde. Tout sourire disparut de son visage pour rendre au rouquin une expression des plus renfrognée ; et à cet instant précis Kagami réalisa pourquoi Kuroko avait quitté cet endroit. Un frisson parcourut le long de son échine quand cette femme entama le simple mouvement pour se redresser et convier gentiment Kagami à quitter les lieux.

De nouveau à l'extérieur, Kagami sortit son portable de son pantalon et composa sans hésitation le numéro de Kuroko. Sans aucune surprise il tomba sur le répondeur de ce dernier, mais à la différence des dernières fois Kagami y laissa un message vocale où il expliqua la situation actuelle au bleuté. La certitude que les jours prochains sortiraient de l'ordinaire serra la gorge de Kagami qui se mit en route pour rentrer chez lui, ignorant la présence de la mère de Kuroko derrière sa fenêtre lui jetant des regards assassins par-dessus son dos.

Ce jeune homme était celui qui avait entraîné son adorable fils sur le mauvais chemin.