Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien. Il me semble que ce chapitre s'est fait attendre, et je m'en excuse. Mes semaines étaient pas mal chargées avant aujourd'hui, et même celles à venir d'ailleurs... la vie étudiante, c'est pas une partie de plaisir...

Je ne vais pas plus m'attarder et commencer à répondre aux review :

chizumi-san : Je te remercie tout d'abord pour tes commentaires, ça me fait vraiment plaisir ! Atsushi qui n'a pas une place à côté de ses confiseries/pâtisseries n'est pas un véritable Atsushi voyons ;) Pour ce qui est de l'endroit où sont allés Kuroko et Akashi, c'était une pâtisserie qui permettait aussi d'y boire un café, ou toute autre collation. Mais ne t'en fais pas, ils y retourneront haha. Pour ce qui est de Kise, ne t'inquiète pas. Cela viendra en temps et en heure, au fil du récit. Mais non, il n'était pas avec Hanamiya mais Imayoshi. Mais ne t'inquiète pas pour Kagami, il va rien lui arriver de grave x) Je te souhaite une bonne lecture !

JuriiGothic : Sais-tu qu'à ma première lecture de ta review, j'ai eu peur ? Après je me suis rendue compte que tu parlais de la mère de Kuroko, mais j'ai eu quand même bien peur haha! Merci en tout cas pour ton commentaire :)

Laura-067 : Petit à petit... j'ai l'impression que je ne peux rien te cacher. Ainsi tes premières questions trouveront leurs réponses dans ce chapitre ! Pour ce qui est Mibuchi, ce n'est pas dans ce sens qu'il formulait ses mots haha ! Mais en tout cas, oui, il est bien jaloux de Kuroko. Pour tes autres questions tu le verras dans les prochains chapitres :)

Riddikuluss : J'espère surtout que la fin te plaira ! Oh oui en effet, je suis tout à fait d'accord avec toi ! Que de fous rire, je suis sûre ! Et Nijimura qui remettrait à sa place Akashi, aaah... Mais en même temps avec Akashi en face de nous, nous n'avons guère le choix... le chacun pour soi prime sur tout si on veut en ressortir vivantes. Pour ce qui est de "une douce odeur sucrée" tu comprendra bien plus tard le pourquoi du comment, ne t'en fais pas :) Si tu veux, je peux t'accompagner pour Mibuchi, de base je n'apprécie pas vraiment ce personnage ahaha! Ce serait donc avec joie. J'espère que ce chapitre te plaira!

Puis, un grand merci à baka yaoiste, Alycia Panther, Kitsune972 ainsi que ptitcoeurfragile pour leurs commentaires!

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à laisser un commentaire ;) Bisous!

Le papillon

Scène 9


Rien de ce qu'il est bon de savoir ne peut être compris avec l'esprit.

Woody Allen.


Quand Kuroko consulta le message laissé sur son répondeur par Kagami, il ne se doutait pas entendre ce qu'était en train d'être diffusé par son appareil. Tous ses membres frissonnèrent tandis qu'à ses côtés à l'intérieur de ce taxi qui les ramenait chez le réalisateur, Akashi le regardait du coin de l'œil. Il était évident que ce qu'écoutait Kuroko n'était pas de bonnes nouvelles, et tandis que le jeune homme reposait son téléphone sur ses cuisses, Akashi garda le silence. Les problèmes de ce garçon n'étaient pas les siens et il s'en fichait comme de sa première chemise.

Cependant, pour Kuroko c'était une autre histoire ; son cœur battait la chamade et ses mains devinrent aussitôt moites quand les nouvelles informations déferlèrent dans son cerveau, c'était comme s'il était confronté à un boss final de jeu vidéo contre lequel il savait ne pas pouvoir gagner sans pouvoir reculer pour autant. Il était coincé et il allait devoir foncer tête la première, espérant que la chance soit de son côté et que malgré sa défaveur certaine il vaincrait l'ennemi pour pouvoir continuer sa quête.

Kuroko inspira longuement, calmant de la sorte un minimum les battements endiablés de son cœur.

« Akashi-kun ? Lança-t-il d'une voix fébrile.

— Oui ?

— Est-ce que demain je pourrais disposer de deux heures pour régler une affaire importante ? »

Le regard céruléen de ce garçon se tourna dans le sien qui ne sourcilla pas. Sa curiosité tout de même éveillée, Akashi se restreint toutefois à poser la question qui démangeait ses lèvres. La vie que menait Kuroko Tetsuya n'avait aucun intérêt pour lui, ses problèmes étaient les siens et n'apporteraient strictement rien à sa propre existence s'il en prenait compte. Cependant, Akashi était de nature curieuse mais il avait aussi sa fierté. Pour répondre à ses questions intérieures, le rouquin préférait les obtenir en travaillant dur et non pas en optant pour la facilité en posant directement les questions à Kuroko.

Pendant cet instant de réflexion, les yeux de Kuroko ne le lâchèrent aucunement du regard. Finalement, Akashi acquiesça tout de même, offrant à Kuroko un bref soulagement. Néanmoins, tandis que Kuroko reportait son regard sur l'extérieur et pensait déjà à comment se déroulerait la journée du lendemain. Akashi échafauda quant à lui des solutions pour en apprendre plus sur ce garçon qu'il abritait chez lui et ainsi s'assurer que lui ne craindrait rien à l'avenir. Ce n'était pas parce que Kuroko avait l'air insignifiant qu'il fallait baisser sa garde et lui faire complètement confiance.

Toujours aussi songeurs, l'un comme l'autre retournèrent dans leur chambre pour analyser la situation chacun de leurs côtés. Ils devaient réfléchir à leurs actions futures. Ce fut néanmoins avec la boule au ventre que Kuroko trouva le sommeil tandis que dans la pièce d'à côté, Akashi était tout à fait serein et n'attendait plus que le Soleil se lève pour agir.

Le lendemain, comme convenu, Kuroko put quitter l'appartement d'Akashi sans que celui-ci ne l'accompagne. Kuroko laissa alors le célèbre réalisateur dans le salon, l'ordinateur de celui-ci sur ses genoux pour écrire son prochain film. La porte d'entrée se referma sur le jeune lycéen qui pressa le pas pour retrouver au plus vite son camarade de classe dont il connaissait l'emploi du temps ainsi que les petites habitudes sur le bout des doigts. Le voir seul et non avec leurs amis serait grandement appréciable et surtout beaucoup plus pratique au vu de la conversation qu'ils allaient entretenir. Derrière les enjambées rythmées de Kuroko trottinait joyeusement son chiot qui appréciait sa ballade à sa juste valeur.

Les rayons de Soleil de cette chaude après-midi tapaient fort sur le macadam où les passants circulaient tandis qu'à l'abord de ce dernier, d'autres profitaient de ce beau temps pour bronzer sur l'herbe et faire abstraction du monde environnant. Kuroko pénétra à son tour dans le parc de son quartier et regarda autour de lui afin de se repérer et d'arriver au plus vite à l'endroit recherché. Ses pas ralentirent quand ses oreilles purent filtrer parmi le bruit ambiant les rebonds répétitifs d'un ballon de basket ; au bout de la laisse qu'il tenait dans sa main droite son chiot cessa de gigoter et fixa cette silhouette bien connue, agitant énergiquement sa queue et piétinant sur place en ayant hâte de rejoindre cette personne. Peu de temps après, et enfin arrivé à destination, Kuroko fut assombri par l'immense silhouette qui s'élevait toujours et encore plus haut dans les cieux pour inscrire un énième panier.

« Kagami-kun. » Souffla-t-il après s'être approché du jeune homme qui était entretemps retombé sur ses pieds.

L'interpelé poussa un cri de surprise tout en se retrouvant ensuite à plusieurs mètres de Kuroko, surprit par l'intervention soudaine de celui-ci. Nigou aboya bruyamment et manqua de sauter sur le rouquin si seulement Kuroko ne tenait pas sa laisse. Les yeux vermeils de Kagami quittèrent de vue l'animal pour se reposer sur ce visage inexpressif qu'était celui de Kuroko qui ramassait le ballon de basket. Pour Kagami, revoir si soudainement son camarade de classe et sans que cela ne soit planifié, fut bizarre. Il avait donc dû écouter son message, ce qui l'avait alors fait rappliquer le plus vite possible alors que cela faisait une semaine que Kagami essayait de joindre Kuroko sans obtenir de réponse de sa part.

Irrité en pensant à ce fait, Kagami apporta sa large main au niveau de sa nuque et se la gratta nerveusement. Les yeux de Kuroko quittant au même instant la balle entre ses mains pour se plonger dans ceux de son vis-à-vis.

« Je peux savoir pourquoi tu as rendu visite à ma mère hier soir ? Interrogea-t-il fermement, bien que son visage ainsi que le ton de sa voix n'en laissèrent rien transparaître.

— Tu ne répondais pas à mes messages ni à mes appels et tu ne viens plus en cours, j'étais inquiet. En plus tu vis chez cet homme que tu ne connais même pas…

— Akashi-kun n'a rien à voir là-dedans. »

Kagami plissa les yeux à l'entente de ce nom, se remémorant sa brève conversation avec ce type. Il ne l'aimait vraiment pas et ne comprenait pas ce que fichait Kuroko chez lui. Inconsciemment ses poings se contractèrent et ne passèrent pas inaperçu à Kuroko qui soupira, sa prise sur la balle se faisant plus ferme afin de pouvoir renvoyer celle-ci au rouquin. Sous ses yeux, Nigou suivit l'échange avec envie bien qu'il se soit assis entretemps. Sa langue pendait sur le côté pendant qu'à même le sol sa queue faisait se soulever la poussière sur le terrain de basket de rue.

Le ballon à nouveau entre ses mains, Kagami le quitta pourtant du regard pour observer Kuroko qui s'était agenouillé pour caresser son chiot entre ses deux petites oreilles. Il s'accroupit alors pour être à la hauteur du bleuté et déposa le ballon contre le sol.

« Comment a-t-elle réagi quand tu lui as dit pour nous ? S'enquit enfin Kuroko en regardant avec attention l'animal.

— Son visage s'est transformé et elle m'a clairement dégagé de chez toi… désolé. »

Kuroko agita négativement son visage avant de se redresser et de se rapprocher de son camarade de classe, mais aussi de son amant. A côté d'eux, Kuroko ayant lâché la laisse qui glissait contre le sol à chaque pas du chiot qui était désormais libre de tout mouvement. Ce dernier avait dorénavant le ventre entourant la surface du ballon de basket et essayait de s'y maintenir coûte que coûte.

« Ce n'est pas de ta faute, Kagami-kun. J'ai vendu la mèche en premier. »

Dorénavant à quelques centimètres du rouquin, en se concentrant Kuroko pourrait presque sentir le souffle de ce dernier contre ses joues. Avoir Kagami à portée de mains, où il n'aurait qu'à tendre le bras pour l'attraper et ne plus le lâcher, réchauffait délicieusement son corps d'une rassurante présence. Les bras de Kagami étaient puissants et avec lui le jeune lycéen se sentait en sécurité, protégé. Fermant les yeux pour profiter de ces instants pratiquement oubliés, Kuroko se coupa du monde et se revigora.

En face de lui, Kagami observa avec une attention particulière le visage serein de son petit amant et ne résista pas à l'envie irrésistible de poser sa main contre sa joue froide. Encore un petit peu, tout juste quelques minuscules centimètres, et il pourrait déposer ses lèvres sur celles de Kuroko sans que ce dernier ne montre une quelconque forme de réticence. Cela faisait si longtemps, si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus, cela lui manquait terriblement. Kagami aurait vraiment tout donné pour pouvoir ne serait-ce que profiter de son amant juste un millième de secondes… cependant qu'est-ce qu'avait ce crétin à crier si bruyamment le nom de Kuroko, obligeant de la sorte celui-ci à se retourner et ainsi échapper à l'emprise qu'exerçait un petit peu plus tôt Kagami contre sa joue.

« Kurokocchi ! »

Kagami tourna son visage en direction de l'importun qui se révéla être un grand blond qui enjamba la barrière pour rejoindre Kuroko qui s'était à peine retourné dans sa direction. Une fois à leur hauteur, Kise prit dans ses bras Kuroko et suscita de la sorte le vif intérêt de Kagami qui s'approcha d'eux pour poser sa main contre l'épaule du bleuté et le tirer vers lui. Un peu plus loin, un ami à ce type vint à son tour les rejoindre pour excuser l'attitude de ce crétin.

« En vous voyant il s'est précipité dans votre direction… espèce de crétin on appelle pas les gens comme ça ! S'écria ensuite Kasamatsu en donnant un coup de coude dans le ventre de Kise.

— Mais ça faisait longtemps que j'avais pas vu Kurokocchi ! Geint le blond en se massant son ventre devenu douloureux.

— Ce n'est pas une raison pour sauter comme ça au cou des gens ! »

Mais pendant que les deux amis se disputaient, Kagami se tourna en direction de Kuroko pour lui demander qui pouvaient bien être ces deux personnes. De la sorte, Kuroko lui répondit pour le grand blond qui l'avait un jour aidé et qui depuis le surnommait Kurokocchi, n'oubliant pas de préciser que Kise Ryōta était un jeune mannequin en vogue qui désirait se lancer dans le cinéma. Cependant, Kuroko ne savait pas qui pouvait être ce brun à fleur de peau qui se trouvait aux côtés du blond.

« Senpai, toi-même tu cries et tu ne t'es même pas présenté, se plaignit tout à coup Kise qui se faisait encore rouer de coup.

— Me dis pas comment me comporter, crétin ! »

Un dernier mais violent coup de pied plus tard, Kasamatsu se tourna vers les deux autres afin de se présenter correctement comme étant le senpai de cet abruti. A son tour, Kagami se présenta comme étant un simple camarade de classe de Kuroko seulement il ne trompa pas l'œil scrupuleux de Kasamatsu qui ne se laissa pas ;pour être un simple camarade de classe, il avait été bien proche du bleuté avant que Kise ne se jette sur eux pour les stopper.

En compagnie de Kise et de son senpai, Kagami et Kuroko se baladèrent en ville où ils finirent par s'arrêter au Magi Burger pour que le rouquin puisse se restaurer et puisse repartir de plus belle. A l'extérieur, Kuroko avait pris le temps d'attacher la laisse de son chiot autour d'une barrière, puisque l'établissement n'acceptait pas les animaux à l'intérieur. N'ayant pas vraiment faim, Kuroko avait juste demandé un milkshake à la vanille que lui offrit son petit-ami pendant que Kise et Kasamatsu passaient commande, seul Kagami soit celui qui dut chercher une table de libre avec une pyramide d'hamburgers sur son plateau.

Enfin assis tous ensembles, Kuroko s'abstint de participer à n'importe quelle conversation pour se concentrer sur ce qui se trouvait entre ses mains. La saveur qui venait prendre possession de son palais, de ses papilles gustatives ainsi que de sa gorge comme une explosion qui ravagerait tout sur son passage et ne laisserait aucun survivant. Kuroko était en train de redécouvrir le milkshake à la vanille ; ce breuvage qu'il avait oublié tout en fermant la porte de chez lui pour venir se réfugier quelques temps après chez Akashi, ce nectar qu'il buvait très souvent en compagnie de Kagami à la fin des cours, alors que son camarade prenait ses habituels innombrables hamburgers. Les yeux fermés, Kuroko se concentra pour n'oublier aucun détail. Il savait que bientôt il allait devoir rejoindre l'appartement du réalisateur et ne plus retourner dans ce fast-food profiter de cette boisson.

Quand Kuroko eut rouvert les yeux, c'était pour apprendre que Kasamatsu et Kise devaient s'en aller rejoindre d'autres amis. Ils les laissèrent donc seuls après que Kise ait supplié Kuroko de lui donner son numéro de téléphone ; et par dépit et pour qu'enfin le blond se taise, le bleuté avait cédé. Suite au départ des deux garçons, Kagami termina un énième hamburger tout en suivant du coin de l'œil la silhouette de Kise qui disparaissait à l'angle de la rue. Son visage renfrogné amusa Kuroko qui n'en fit toutefois aucunement part, continuant de boire son milkshake avec plaisir et envie.

« Je ne savais pas que tu avais ce genre de connaissances, bafouilla néanmoins Kagami après quelques secondes.

— Kise-kun n'est qu'une connaissance justement, comme je te l'ai dit il m'a aidé quand je venais à l'encontre d'une grand-mère pour transporter ses sacs.

— Mouais… »

Kagami se redressa et prit son plateau pour rejoindre une poubelle et y faire tomber tous les emballages de ses anciens hamburgers, retournant ensuite à la hauteur de Kuroko.

« Allons-y. »

Sans se faire prier davantage, Kuroko suivit les pas de Kagami qui l'emmenèrent jusqu'à l'extérieur de l'établissement. Il prenait son temps pour terminer sa boisson alors cette dernière se trouvait encore entre ses mains, ses lèvres pinçant légèrement la paille lui permettant de boire de temps à autre quelques gorgées. Il n'oublia tout de même pas de récupérer Nigou qui de toute façons s'était mis à aboyer en les voyant sortir du fast-food, la laisse entourant désormais le poignet de Kuroko. Pour sa part, Kagami marcha toujours quelques pas devant lui avant de jeter un coup d'œil par-dessus son épaule dans sa direction, ralentissant alors son allure pour se mettre à ses côtés. Ils ne discutèrent pas vraiment pendant le trajet et Kagami posa seulement une question pour découvrir où logeait Kuroko, afin de pouvoir le raccompagner. Après que Kuroko lui ait indiqué la route à suivre, Kagami râla contre ce type qui hébergeait le bleuté sans son accord. Après tout, il ne le connaissait pas et le peu qu'il avait pu en voir ne lui plaisait vraiment pas.

« Ne t'en fais pas, Kagami-kun. Malgré ses airs froids et autoritaires, Akashi-kun s'occupe bien de moi. Il me prépare à manger et m'héberge gratuitement, c'est normal que je lui rende la pareille avec les moyens que j'ai, révéla sincèrement Kuroko en levant les yeux vers son amant.

— Ça n'empêche que j'aime toujours pas ce type ! »

Les râles de Kagami à propos du réalisateur avaient tendance à beaucoup amuser Kuroko qui souriait contre le gobelet contenant la fin de son milkshake. Tout le monde appréciait quand l'être aimé montrait des signes de jalousie, il est toujours agréable de se sentir important aux yeux de quelqu'un, d'être quelqu'un que personne d'autre ne peut toucher ni même espérer obtenir un jour ou l'autre. En se comportant de la sorte, Kuroko se sentait bien. Il se rendit ainsi compte que l'absence de Kagami l'avait plus affecté qu'il ne l'avait jusqu'alors imaginé et son cœur se gonfla de chaleur.

Ses yeux céruléens fixèrent avec concentration la main droite de Kagami qui se balançait légèrement à chacune de ses foulées ralenties pour être au même rythme que les siennes. Kuroko jeta alors dans la première poubelle apparente son gobelet définitivement vidé jusqu'à la moindre goutte de vanille, et d'un pas plus actif que les précédents le jeune homme commença à tendre sa main gauche pour attraper celle de son camarade. Il se fichait royalement du fait qu'ils soient en plein centre-ville et que des personnes les entouraient et les empêchaient parfois de voir plus loin que le bout de leur nez, ce que voulait Kuroko s'était de sentir contre sa peau celle de Kagami et de profiter tout comme avec le milkshake des saveurs dont il ne pourrait plus profiter avant longtemps.

La chaleur entourant subitement sa main fit tiquer Kagami qui pencha son visage pour distinguer ce fait surprenant, ses sourcils se fronçant davantage quand il distingua une autre main autour de la sienne. Il remonta le long du bras de cette personne qu'il savait être Kuroko, mais c'était comme si son cœur l'implorait de s'en assurer. Celui-ci battait la chamade par ce simple geste, et il faillit se rompre quand ses yeux sanglants rencontrèrent ceux illuminés d'une lueur inhabituelle de Kuroko. Les lèvres entrouvertes du garçon laissaient présager de futurs mots, mais ces derniers n'arrivèrent jamais. Ces lèvres hésitantes qui se remuaient sans formuler le moindre son infligèrent à Kagami une horrible souffrance qui le fit cesser d'avancer et regarder avec engouement autour de lui.

Brusquement, Kuroko se sentit décoller du sol et se faire amener par Kagami dans une ruelle reculée et où aucun passage ne se faisait. Il était par ailleurs impossible que deux personnes côtes à côtes puissent traverser cette ruelle étroite, mais bien évidemment Kagami ne l'avait pas tiré jusqu'ici pour simplement continuer de marcher. Kuroko poussa un cri quand son dos rencontra avec force le mur, mais ce dernier fut vivement étouffé par les lèvres de Kagami se déposant sur les siennes, ses doigts caressant avec douceur les joues du bleuté dont les mains s'accrochèrent dans le dos du rouquin pour le rapprocher contre lui après avoir fait tomber la laisse du chiot par terre. Le baiser était rapide et complètement désordonné mais autant Kagami que Kuroko s'en fichaient éperdument ; le plus important était que leurs langues retrouvaient enfin leur consœur et que leur souffle ne cessa de s'entremêler pendant que les deux garçons profitaient de cet instant d'intimité. Les mains de Kagami descendirent du visage de Kuroko pour venir longer en de douces caresses le corps du plus petit, attrapant de la sorte ses hanches tandis que Kuroko s'accrochait de toutes ses forces à son dos pour ne pas chuter. Ses jambes devenues molles sous le coup de l'émotion menaçaient de le lâcher à tout instant.

« Fais chier… »

Kagami vint se séparer de ses lèvres pour venir poser son front contre le sien, les yeux clos et essayant de stabiliser son souffle. Avec ses petites mains, Kuroko les apporta au niveau des avant-bras du rouquin qui rouvrit au même instant ses yeux. Leurs regards s'accrochèrent et Kagami soupira de nouveau avant de se redresser et d'apporter sa main au niveau de sa nuque.

« Pourquoi t'es pas venu te réfugier chez moi, hein ? »

La question enfin posée soulagea plus qu'il ne l'avait présagé Kagami, son regard ne quittant pour rien au monde celui de Kuroko qui fut celui qui brisa l'échange visuel. Le jeune homme cherchait ses mots, regardant de temps à autre le sol pour ensuite revenir à Kagami et refaire ce manège à de nombreuses reprises. Tout en bas et à leurs pieds, le fait que Kagami ait soudainement élevé la voix fit baisser les oreilles de Nigou qui n'aimait pas voir son maître se faire disputer. Et puis comme il aimait bien ce garçon, il ne pouvait pas aboyer méchamment dans le but de l'effrayer et le faire s'en aller loin de son maître.

« Je ne sais pas vraiment quoi te répondre Kagami-kun… je n'y ai pas pensé ? A ce moment dans ma tête, je venais de fermer la porte de chez moi, puis il y a eu cette averse et quelques temps après j'ai rencontré Akashi-kun. »

Kuroko omit bien évidemment le fait qu'il avait dormi dans la même chambre que le réalisateur, bien que ce soit sur le canapé de la pièce, mais il ne comptait pas jouer avec le feu. La jalousie de Kagami était touchante, mais le voir s'énerver et lui ordonner de changer d'endroit ne lui plairait sûrement pas. Et puis malgré son attitude mauvaise et ses paroles glaciales, Akashi n'était pas si méchant que cela. C'était une personne intéressante que Kuroko désirait cerner, et puis Akashi lui avait demandé son aide pour la création de son film. De plus, Kuroko doutait du fait qu'Akashi le libère aussi facilement.

Pour sa part, les paroles tenues par Kuroko semblèrent convaincre Kagami puisqu'il ne répliqua rien. Il se remit ensuite en route pour quitter cette ruelle étroite avec Kuroko qui le rattrapa une fois sorti à son tour, marchant à nouveau à ses côtés pour regagner la résidence d'Akashi. Kagami le déposa toutefois à la rue d'avant afin d'éviter de croiser Akashi où l'un des proches de celui-ci. Sa main vint ensuite s'agiter dans les airs et il se détourna, fourrant ses mains dans les poches de son pantalon.

« Kagami-kun. » L'appela-t-il pour le retenir un peu plus longtemps.

L'interpelé se retourna légèrement et l'observa sans rien dire, attendant la suite avec un visage neutre. Kuroko comprit assez rapidement que sa réponse n'avait pas satisfait le rouquin comme il l'avait présagé.

« Je n'ignorerai plus tes appels ni tes messages alors s'il te plaît, ne te prends pas la tête. Mes parents s'en seraient pris à toi si jamais j'étais venu, et je ne voulais pas ça. »

Les traits souvent tendus de Kagami se détendirent et Kuroko sut de la sorte qu'il marquait des points. Ses propres épaules se détendirent alors et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

« J'ai été content de te voir aujourd'hui, Kagami-kun. »

Kuroko fut cette fois-ci celui qui se retourna pour s'en aller, quittant son amant avec le sourire aux lèvres et plus léger que jamais. Derrière lui, Kagami regarda le bleuté disparaître au coin d'une rue et reprit son chemin avec un large sourire inscrit sur son visage. L'absence de l'être aimé avait rendu leurs retrouvailles plus magiques que jamais.

Toutefois quand Kuroko arriva à l'appartement d'Akashi en fin d'après-midi, ce dernier s'était absenté et n'avait laissé aucun mot sur la table. Kuroko pensa toutefois au fait qu'Akashi devait sûrement être sur son lieu de travail, en compagnie des acteurs et des techniciens. Il ne s'en soucia donc pas vraiment et alla plutôt s'asseoir sur le canapé après avoir allumé la télévision. De son côté, Nigou vint rejoindre son panier et compta s'assoupir pour les heures à venir. Seulement, le lycéen était bien loin de la vérité et en ce moment même Akashi était tout sauf sur le plateau de tournage où Mibuchi et Shirogane, l'un de leurs producteurs, travaillaient main dans la main pour conclure ce film.

Depuis quelques minutes désormais, Akashi se trouvait en face de la mère de Kuroko. Personne d'autre n'occupait la maison puisque le mari devait sûrement être à son travail et la grand-mère de la dernière fois pouvait tout aussi bien être en sortie avec des amies de son âge. Le jeune réalisateur reposa sa tasse de café dorénavant vide et se releva, regardant brièvement autour de lui avant de tourner son attention vers cette femme qui ne l'avait pas lâché un seul instant du regard depuis son arrivée ; il était bien évidemment convenu qu'il passe après le coup de fil passé, mais cette personne n'avait aucunement cherché à entretenir une conversation avec lui. Non, elle avait préféré le regarder sous toutes les coutures comme on le ferait avec un trophée dont on était extrêmement fière et qu'on ne veut absolument pas montrer aux yeux de tous.

« Emmenez-moi à la chambre de Tetsuya. »

Comme un automate à qui on aurait donné un ordre, la mère de Kuroko quitta sa chaise et contourna la table avant d'emmener le réalisateur à l'étage réservé aux chambres et à la salle de bain. Le fait qu'elle connaissait la maison comme le fond de sa poche lui permit de toujours regarder Akashi du coin de l'œil, tandis que ses pieds montaient une à une les marches de l'escalier en bois. Pour sa part, Akashi préféra ignorer l'intérêt malsain que lui portait cette femme. Après tout, ce n'était pas la première ni la dernière fois que cela lui arrivait et il se doutait dès le départ qu'au premier signe de célébrité le reste allait assurément suivre. Et puis de toute façon, même sans célébrité qu'il avait obtenue tout seul, le nom qui suivait son prénom servait à lui seul à le faire connaître. La famille Akashi n'était pas une famille banale qu'on pouvait croiser à chaque coin de rue ; son père dirigeait à lui tout seul une des plus grosses entreprises du Japon. De ce fait, sans même avoir à toucher au monde du cinéma Akashi savait qu'il serait connu d'une manière ou d'une autre.

Les personnes de notre classe n'ont pas le droit à l'échec, tout doit être absolument parfait. C'est cela être un Akashi.

Akashi reporta son attention sur cette femme qui lui indiqua que c'était cette porte qui allait l'emmener dans la chambre de son fils. La remerciant rapidement, il referma la porte derrière lui sans laisser le temps à cette personne de le suivre, l'enfermant alors de l'autre côté. Akashi n'avait mis les pieds dans cette maison seulement pour venir chercher quelque chose, et son regard tomba rapidement dessus en le voyant appuyé contre le bureau positionné à sa droite. Quelques feuilles jonchaient le morceau de bois où était posé par-dessus une lampe permettant sûrement à Kuroko de travailler jusqu'à tard dans la nuit. Un cadre photo était aussi posé sur le coin gauche du bureau, et après avoir rejoint celui-ci Akashi saisit entre ses mains ce même cadre où apparaissait Kuroko dans son uniforme lycéen en compagnie de ce grand rouquin et d'autres de ses camarades sûrement. Et bien que Kuroko n'était pas celui qui souriait le plus, il se dégageait quelque chose comme une douce aura apaisante. Le faible sourire de cet enfant avait quelque chose de confiant, de non forcé et surtout était d'une sincérité presque écœurante.

Il ne faut penser à rien d'autre qu'à la réussite ; la réussite ou rien, car la défaite est pire que la mort. Sois un gagnant.

Les principes ancrés dès son plus jeune âge par son père poussèrent Akashi à reposer le cadre photo sur le bureau et regarder avec attention autour de lui. Il devait prendre avec lui toutes les affaires de Kuroko pour son lycée, et ainsi éviter de revenir ici pour de bon. Dans sa main gauche Akashi attrapa une des lanières du sac de Kuroko et de l'autre il y enfouit ses livres ainsi que ses cahiers. Il ouvrit bon nombre de tiroir avant de les fermer afin de s'assurer de n'avoir rien oublié. Durant ses recherches pour récupérer les ouvrages scolaires du bleuté, Akashi apprit par ailleurs que Kuroko était en première année dans son établissement. Cela lui rappela donc inévitablement sa première année au lycée et comment Nijimura était accouru vers lui pour lui faire part de sa réussite à entrer dans un lycée aussi coté et à l'examen aussi difficile, tout simplement selon lui pour permettre à Akashi de ne pas s'enfermer complètement dans sa bulle et avoir un contact avec l'extérieur. Sans vraiment s'en rendre compte, Akashi avait apporté sa main droite au-dessus de sa tête et devant ses paupières se rejouaient cette scène où Nijimura tout juste lycéen l'avait attrapé par les épaules avant d'engouffrer sa main dans ses cheveux pour l'embêter comme à son habitude.

Après un bref soupir, Akashi jeta un dernier coup d'œil autour de lui avant de ressortir de la chambre de Kuroko avec son sac de cours calé sur son épaule gauche. En ouvrant la porte pour rejoindre l'extérieur et retourner à son appartement, Akashi tomba néanmoins nez à nez avec la mère du garçon qui habitait désormais avec lui. Ses sourcils se froncèrent par ailleurs à cette pensée et les yeux hétérochromes d'Akashi se plongèrent dans ceux de cette femme. Son enfant préférait vivre chez un inconnu que vivre chez papa et maman, de plus Kuroko ne semblait pas être un enfant assez impulsif pour agir de la sorte sans prendre en connaissance de cause les répercussions que cela pouvait engendrer. Il devait avoir inévitablement mûrement réfléchi avant de se refuser à retourner chez lui.

« Je voudrais savoir pourquoi Kuroko a décidé de vivre chez un inconnu plutôt que chez ses parents. » S'enquit-il avec un intérêt particulier.

Son intervention mais surtout sa question surprit la mère du bleuté qui haussa les sourcils. Sa bouche s'entrouvrit légèrement, mais aucun son n'en ressortit. Au moins dorénavant, elle le regardait et non pas l'image qu'il dégageait grâce à sa célébrité et sa richesse.

« Ce sont des histoires de familles…

— Je ne suis pas patient. »

La mère de Kuroko ressentit parfaitement l'énervement dans la voix du réalisateur, et elle contracta ses poings pour retenir les frissons qui lui mordaient l'échine. Son regard agacé dériva alors sur le côté et elle jeta toute sa colère sur le parquet parsemant le sol sous leurs pieds. Sa réaction intéressa davantage Akashi qui tendit l'oreille pour être sûr de ne rien louper.

« Cet enfant est une erreur. C'est tout ce que vous avez à savoir, Akashi-sama. »

Une erreur ? Les mots étaient violents. Cependant, ce n'était pas la première fois que ses oreilles pouvaient entendre ce mot à l'encontre d'un être humain alors la part de surprise ne fut pas totale pour Akashi ; après tout lui-même venait d'un milieu à l'éducation très stricte. Si jamais il était revenu au manoir avec une mauvaise note, ou simplement sans un score parfait, Akashi aurait été traité de la même façon. Il le savait ; son père ne plaisantait pas avec la réussite.

Un peu plus tard, Akashi revint à son appartement et découvrit Kuroko sur son canapé à zapper sur les différentes chaînes afin d'en trouver une intéressante. Le fait qu'il ait un sac dans l'une de ses mains attira le regard du bleuté qui reconnut facilement son sac de cours, et ses yeux céruléens se portèrent immédiatement dans le regard dépareillé du réalisateur. Il ne pouvait être allé qu'à un seul endroit pour récupérer ce sac.

« Pourquoi êtes-vous allez voir mes parents ? Demanda-t-il énervé.

— Dès lundi, tu retourneras à ton lycée. Et c'est non négociable, révéla-t-il tout en déposant le sac dans l'entrée.

— Vous ne répondez pas à ma question. »

La voix de Kuroko montra quelques signes d'insistance qui surprit faiblement le rouquin qui partait en direction de sa chambre pour récupérer son ordinateur et continuer à travailler sur son nouveau script, celui pour son prochain film. En voyant Akashi disparaître dans sa chambre Kuroko quitta le canapé et marcha d'un pas actif, il ne pouvait pas laisser passer cela, Akashi ne pouvait pas aller et venir chez ses parents comme bon lui semblait. Il ne l'avait même pas tenu au courant, et ce fait lui restait en travers de la gorge.

Ses mains se posèrent de chaque côté de l'embrassure, prêt à ne pas laisser passer Akashi quand ce dernier voudrait retourner au salon. Kuroko désirait des réponses à ses questions et surtout des excuses de la part du rouquin. Il ne pouvait pas faire tout ce qu'il voulait sans répercussion. Le blocage que créait cet enfant devant la seule sortie de sa chambre laissa Akashi de glace, et son intérêt se porta sur le petit canapé qui se situait dans un coin de sa chambre. Il emmena là-bas son ordinateur et après s'y être assis, il l'alluma et patienta. Du mouvement à sa gauche le fit toutefois relever son menton.

« Si tu fais un pas de plus, je te vire de chez moi. »

Les traits qui composaient le visage de Kuroko se tendirent et une grimace s'installa là où normalement un masque d'impassibilité trônait. Peu de temps après, le jeune homme avait pivoté sur lui-même et Akashi put clairement entendre le son d'une porte qu'on claquait sous le coup de la colère. Les aboiements du chiot se répercutant ensuite dans un écho bruyant entre les murs de son appartement ; l'animal gratta ensuite à la porte menant à la chambre de Kuroko, désireux de rejoindre son maître et de s'occuper de lui, seulement ce dernier ne lui ouvrit pas et Akashi put entendre les couinements de l'animal délaissé. Peu de temps après cependant, la porte s'ouvrit et se referma après avoir récupéré le chien contre son torse. L'attitude de Kuroko amusa Akashi qui nota la faiblesse de cet enfant pour son animal, c'était toujours bon à savoir.

Son regard se porta ensuite sur l'écran de son ordinateur et Akashi fit à nouveau face à cette page d'un blanc horripilant. Il ne savait pas par où commencer.