Bonsoir tout le monde, je vous remercie pour votre intérêt à cette fiction et aux review que vous laissez (ainsi qu'aux personnes qui mettent dans leur favoris, ou en follow).
Comment allez-vous mise à part ça ? Le temps commence à se refroidir et pour ma part, hormis les fêtes, je n'apprécie pas tellement l'hiver. Je préfère avoir chaud que grelotter en permanence.
Au sujet de ce chapitre, au bout d'un moment je cite un film qui a réellement existé et dont le nom est The Great Passage réalisé par Yuya Ishii et sorti en 2013. Je l'avais justement regardé dans le cadre de cette fiction (pour voir un peu comment sont les films japonais). Vous apprendrez donc que ce film a reçu le prix du meilleur film et le prix du meilleur réalisateur.
Sur cette petite confidence de ma part, je vais commencer à répondre aux review du chapitre précédent :
Laura-067 : Et oui, malheureusement, à un moment ou un autre Kuroko et Kagami vont devoir se séparer puisque cette fiction est un AkaKuro. Je te laisse toutefois imaginer comment cette séparation va se dérouler, et surtout essayer de trouver pourquoi. On verra ainsi si tu es vraiment médium, je te lance un défi haha ! Enfin je laisserai quelques indices de temps à autre, et on verra bien si tu arrives à les dénicher ;)
Pour la différence d'âge entre Akashi et Kuroko, elle est de 7 ans; puisque Akashi a 23 ans et Kuroko seulement 16. Et pour tes autres questions, comme d'habitude je te laisse lire les chapitres puisque tu y trouveras toi-même les réponses :) Merci pour tes reviews, ils me font toujours autant plaisir.
JurriGothic : Je t'avouera moi-même que le couple KagaKuro n'est pas l'un qui m'attire le plus, mais comme tu le soulignes c'est pour le scénario de la fiction. Mais ne t'inquiète pas, ça prendra le temps qu'il faudra, mais Kuroko va parvenir à faire flancher le grand et réfrigérant Akashi !
chizumi-san : Je suis contente si j'arrive à t'étonner ! Mais à vrai dire, je savais par avance que la révélation du couple KagaKuro allait faire un petit effet (même minime) puisque je n'avais jusqu'à lors jamais vraiment mis Kagami au devant dans la scène, juste quelques interventions par-ci par-là. En plus, si tu aimes déjà comme j'écris sur Akashi, attends-toi donc dans quelques chapitres à ce que son enfance soit encore plus développée. J'espère que ce chapitre te plaira!
Pour ce qui est du "couple" Kasamatsu / Kise je vous laisse encore mariner à ce sujet. De qui d'entre Aomine et Kasamatsu obtiendra le beau Kise ? hahahaha...
Riddikuluss : Concernant Mibuchi, il n'y a rien d'étonnant à cela... c'est un rival pour Kuroko, et personne ne peut battre Kuroko ou se permettre de lui barrer la route d'une quelconque manière. L'existence de Mibuchi est en soi un affront pour Kuroko, et son "Sei-chan" est la pire des provocations... Oui, tu comprendras que j'adore tellement ce personnage haha *commence à former le groupe "Anti-Mibuchi à côté de ça*. Et je suis contente si mes comparaisons te font rire x)
Tel chien, tel maître... si on ne peut résister à Kuroko alors nul doute que ce sera de même pour Nigou. Ils sont tellement adorable tous les deux. En tout cas, je suis contente que le couple KagaKuro ne fasse pas tâche, au départ j'ai eu un petit doute à ce sujet, mais il semble "plaire" alors ça me convient. Mais comment Akashi et Kuroko vont terminer ensemble? Haha, bonne question ! Voici le dixième chapitre, et pourtant Kuroko continue toujours de le vouvoyer huhu. Tu l'auras compris, à ce sujet, je ne lâcherai aucun indice pour vous laisser à tous le mystère complet et surtout le plaisir de le découvrir en temps et en heure.
Si tu arrives à prendre dans tes bras Akashi, et survivre après l'avoir relâché tiens-moi au courant ! Que j'essaie à mon tour...
Je remercie aussi Haru-carnage, Alycia Panther et ptitcoeurfragile pour leur commentaire. Je vous souhaite aussi une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter ce chapitre ;) A la prochaine !
Le papillon
Scène 10
Quand je commence à me prendre au sérieux, je me sens comme un clown qui porterait des talons hauts.
Robin Williams
Les petits plaisirs pour Aomine Daiki afin de se distraire constituait à lire des magazines où des filles en partie dénudées apparaissaient, de préférence à grosse poitrine, ainsi que dans des jeux de combats sur console et pour terminer à la salle de musculation. A cette dernière, ce n'était pas le fait de se dépenser qui l'intéressait ou bien l'idée de développer sa musculature, Aomine y portait peu d'intérêt et y venait uniquement pour se défouler, décharger toute sa frustration emmagasinée auparavant et maltraiter sans remords un mannequin pendu au plafond ou bien des haltères. Au tout début, ça avait commencé avec son père qui voulait voir son fils faire de l'exercice et se préparer pour ses futures fonctions, et comme d'habitude Aomine avait contesté furieusement avant d'essayer. Au final, il s'y était plu en découvrant qu'il pouvait dégommer ce qu'il voulait sans avoir de problèmes à la fin.
Un samedi matin alors, Aomine avait décidé de se lever à une heure raisonnable et avait mis les pieds dans cette salle de musculation après que Wakamatsu l'y ait emmené en voiture. A la différence de n'importe quelle autre salle de musculation, celle-ci était réservée aux célébrités ainsi qu'aux personnes influentes ; de la sorte la sécurité était renforcée et les vitres tentées pour empêcher aux journalistes de prendre des photos compromettantes. Personne n'aimerait se faire prendre en photo pendant sa séance de musculation : le visage rougit par l'effort, les gouttes de transpiration s'écoulant sur chaque partie du corps, ce qui rendaient souvent un résultat peu attrayant à regarder. Seulement, les paparazzis semblaient avoir oublié ce détail et étaient friand de n'importe quelle situation pouvant mettre en infortune ces stars si adulées. Enfin cela ne concernait pas Aomine qui, s'il croisait ne serait-ce qu'un seul paparazzi, l'enverrait illico presto à l'hôpital le plus proche.
De plus, Aomine appréciait aussi ce genre de milieu pour son calme entrecoupé par le souffle des autres clients, ainsi que de leurs pas de courses sur les tapis roulants. Cela reposait ses nerfs habituellement à fleur de peau. Ici personne ne parlait pour ne rien dire, personne ne venait lui jaser dans les oreilles et il pouvait se concentrer tranquillement. D'ailleurs, il s'était débarrassé de Wakamatsu et pouvait enfin se détendre en l'absence de ce crétin qui le suivait partout dès qu'il mettait un pied à l'extérieur de sa maison. Aomine avait bien compris que ses parents l'avaient engagé afin de le contenir et surtout pour lui faire comprendre qu'il devait prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses prochaines fonctions, seulement rien que voir la tête de Wakamatsu lui faisait péter les plombs. Son visage ne lui revenait pas et il avait envie de le frapper continuellement.
Un sourire s'étira jusqu'à ses oreilles lorsqu'il imagina Wakamatsu patientant dans le hall, à n'avoir rien à faire d'autre que de l'attendre. Surtout qu'en plus, Aomine comptait bien prendre son temps pour faire chaque exercice et y passer un sacré bout de temps avant de se décider à rejoindre l'agent refourgué par ses parents. Pourtant malgré sa satisfaction personnelle ainsi que sa bonne humeur si rare, le calme que recherchait Aomine se volatilisa dès qu'une autre personne eut mis les pieds dans l'immense salle. Des cris furent poussés de tous les côtés et avant qu'Aomine ne comprenne ce qui pouvait bien se tramer dans les environs, le banc sur lequel il était assis pour soulever ses haltères vibra face au nouveau poids qu'il recevait brusquement.
« Tu te souviens de moi ? » S'enquit ce garçon en dirigeant son index vers son visage.
Des cheveux blonds, une boucle d'oreille bleue à l'oreille gauche… Aomine leva les yeux au plafond avant de se détourner de ce garçon qui patientait pour obtenir une quelconque forme de réponse de sa part. Comprenant par ailleurs qu'il ne recevrait rien de la part du bleuté qui était décidé à l'ignorer, Kise prit un haltère qu'avait laissé Aomine par terre le temps d'échauffer un à un ses bras. Cependant et malgré l'utilisation de ses deux mains, Kise eut un mal évident à soulever plus haut que le blanc l'outil de musculation. Son incapacité à faire une chose si simple attira bien évidemment le regard moqueur d'Aomine dont les lèvres s'étiraient en rictus mauvais.
« Commence par les haltères en mousse, ce sera plus à ton niveau. »
Sans attendre la moindre réaction de ce blondinet, Aomine lui prit l'haltère des mains et partit un peu plus loin dans la salle de musculation. Il ne venait pas ici pour faire ami-ami avec le premier venu. Kise ne le lâcha néanmoins pas du regard et sauta même sur ses pieds en apercevant le tapis roulant qui se situait à côté de l'endroit où venait de s'asseoir Aomine ; il était venu ici car son manager le lui avait conseillé pour se muscler davantage et garder son corps en bonne santé mais il ne s'attendait pas à tomber sur l'unique fils de la famille Aomine qu'il avait bousculé par hasard. Le mannequin se dirigea prestement vers le tapis roulant qu'il démarra avant de se mettre lui-même en action pendant que le regard électrique d'Aomine le lorgnait de la tête aux pieds avec agacement. La présence du blondinet à ses côtés faisait que l'attention était dirigée sur eux, et de ce fait tous les racontars produisirent un brouhaha insupportable pour ses oreilles. Et quand leurs regards se croisaient, ce mannequin stupide souriait jusqu'aux oreilles d'un air innocent.
Comment faisait-il pour faire abstraction du bordel qu'il produisait autour de lui ?
« Pourquoi tu te mets à me parler ? S'intéressa-t-il finalement, faisant de sorte que Kise s'arrêta de courir pour se laisser glisser du tapis et venir le rejoindre sur son banc.
— La première fois que je t'ai vu, je t'ai tout de suite trouvé intéressant. Ton garde du corps n'est pas avec toi aujourd'hui ? »
Kise regarda rapidement autour de lui à la recherche de cette personne qui l'avait aidé la dernière fois. Ses yeux s'agrandirent en y repensant et il se retourna prestement en direction d'Aomine qui le dévisagea grandement, se demandant comment une personne qui avait sûrement le même âge que lui pouvait avoir autant d'énergie. Ce type paraissait être une véritable pile électrique.
« Mais j'ai oublié de te remercier, enfin t'as pas fait grand-chose mais si je ne m'étais pas cogné contre toi je pense que la course poursuite aurait continué ! » Ricana Kise tandis qu'Aomine le dévisageait sans s'en cacher.
Pour sa part, Aomine retourna à ses exercices et bientôt il en vint à soulever les deux haltères qu'il avait préparés et que Kise n'avait pu soulever. Ainsi le fait que le bleuté y arrive sans montrer une quelconque once de difficulté suscita la fascination du jeune mannequin, les étoiles présentes dans ses yeux étant un signe indéniable qu'Aomine avait suscité son intérêt. Kise en vint à nouveau à se lever et partit à l'endroit où les haltères étaient entreposés, quelques personnes en profitèrent alors pour lui adresser la parole et le conseiller et ce fut avec le sourire que Kise échangea quelques mots avec eux. Tout semblait radieux autour du mannequin.
Toutefois quand il revint sur le même banc qu'Aomine, ce dernier était tout sauf étincelant et tirait plutôt un visage qui en disait long sur à quoi il était en train de penser. Entre les mains de Kise, des haltères en mousse. Il l'avait pris au sérieux, bon sang. Et quand leurs regards se croisèrent à nouveau, Kise sourit innocemment tout en soulevant avec facilité ses haltères pendant qu'Aomine n'en croyait toujours pas ses yeux.
Il venait de faire la rencontre d'un idiot, il en était assuré. Le jeune fils de la famille Aomine passa donc la plupart de sa matinée ainsi que son après-midi avec une sangsue humaine coller à ses basques, l'interrogeant inlassablement sur le moindre de ses entraînements et sa facilité déconcertante à les réussir les doigts dans le nez. Aomine songea pendant un court instant à changer de salle de musculation, afin d'éviter cette personne et ainsi essayer de ne plus revoir son expression d'imbécile heureux.
Un peu plus loin, et à l'intérieur du sac emmené par Kise, son portable sonna à de nombreuses reprises sans que personne n'y prête d'attention. Dans son répondeur, un message résida et n'attendit plus qu'à être écouté par le jeune mannequin. Son compositeur ? Ce n'était aucunement son manager ni même un ami, et encore moins un membre de sa famille. La voix purement ironique et moqueuse ne pouvait annoncer de bonnes nouvelles.
-x-x-x-
Ce matin-là, Kuroko déjeunait sans lui prêter la moindre attention. A aucun moment leur regard ne se croisèrent et il était évident que le jeune homme assis en face de lui ne comptait pas le saluer. Toutefois, Akashi était plus amusé par la puérilité de l'attitude de Kuroko qu'énervé. Il but donc son café tranquillement avec entre sa main libre les journaux d'aujourd'hui. De son côté cependant, Kuroko bouillonnait puisque la veille il n'avait pu obtenir les réponses à ses questions. Il ne comprenait pas pourquoi Akashi s'était rendu seul chez ses parents, et surtout pourquoi il voulait le renvoyer à son lycée. Ne désirait-il pas sa participation pour la création de son prochain film ? Cette fois-ci, Kuroko s'hasarda à jeter un coup d'œil en bout de table.
« Vous avez prévu de faire quelque chose aujourd'hui ? Demanda-t-il afin de connaître le programme de la journée.
— Non. »
La réponse claire, nette, et précise d'Akashi ne fit pourtant pas baisser les bras de Kuroko. Il avait pris l'habitude des réponses concises du réalisateur et avait par la suite compris que cela ne signifiait pas qu'Akashi était fermé à toute conversation, seulement le rouquin répondait à la question et ne tergiversait pas. A moins que ce n'était une façon de l'envoyer balader, le jeune homme n'en avait aucunement la confirmation. De ce fait, Kuroko préféra ne pas baisser les bras et parvint même à accrocher le regard du réalisateur au sien, délaissant de la sorte son journal.
« Vous ne comptez pas travailler sur votre script ?
— J'attends d'avoir toutes les idées nécessaires pour le commencer, je ne veux pas le faire sur un coup de tête.
— Je peux savoir sur quoi ça portera ? Mon avis est important pour vous, non ? » S'y intéressa-t-il.
Après tout, Kuroko se sentait privilégié. Il avait sous ses yeux l'un des réalisateurs les plus en vogue de son époque, et celui-ci avait demandé sa participation pour l'élaboration de son prochain film. Kuroko savait parfaitement qu'il ne s'agissait là que d'un concours de circonstances, mais Akashi avait besoin de lui, de son avis, pour lui apprendre le fonctionnement des femmes et surtout découvrir comment faire un film romantique digne de ce nom.
Sa question n'obtint pourtant aucune réponse, et seul le regard d'Akashi resté dans le sien confirma le fait que le rouquin l'ait bien entendu. Kuroko pencha la tête sur le côté, cherchant à comprendre pourquoi tout à coup Akashi ne lui répondait plus. Il ne comptait pas garder cela confidentiel tout de même ? Sinon comment pourrait-il l'aider ? Et puis de toute façon, il savait tenir sa langue. Au final, les yeux d'Akashi se reportèrent sur son journal et il but quelques gorgées de son café.
« Je n'ai encore rien écrit. »
L'aveu formulé par le rouquin surprit énormément Kuroko, qui une fois enregistré et compris sourit en coin. La simple idée que le célèbre et ô grand Akashi Seijūrō rencontrait des difficultés avec la romance était amusant. Pour sa part en revanche, Kuroko réfléchissait déjà à comment pouvoir aider le réalisateur. Il était là pour ça.
Finalement, il redressa son menton et encra son regard céruléen dans celui dépareillé d'Akashi qui haussa un sourcil devant l'intérêt particulier que lui portait tout à coup ce garçon. Quelque chose avait changé, cela se ressentait bien que le visage de Kuroko soit indéfinissable. La réponse à ce soudain changement ne tarda à pointer le bout de son nez, et de sa voix toujours aussi posée que d'habitude et sans intonation particulière Kuroko fit profiter son homologue de l'idée qui lui avait traversé l'esprit.
« Si nous allons au cinéma voir des films romantiques, vous pourrez peut-être y trouver une source d'inspiration, non ? Proposa-t-il.
— Tu veux que je copie d'autres réalisateurs, Tetsuya ? Questionna Akashi en fronçant les sourcils et déposant sur la table son journal.
— Je ne parle pas de copier quelqu'un d'autre, seulement vous pourriez y puiser des idées et y découvrir votre futur scénario. »
Akashi jugea intérieurement la proposition de Kuroko en perdurant l'échange visuel. Aucun mot ne fut échangé par la suite. Ainsi pendant qu'Akashi réfléchissait et que Kuroko attendait son avis sur la question, Nigou un peu plus loin se grattait derrière l'oreille dans des bruits secs qui étaient les seuls à remplir de vie cet appartement.
Toutefois, Akashi finit par acquiescer et un sourire visible aux yeux de tous pointa le bout de son nez sur les lèvres de Kuroko. Il avait réussi à convaincre le réalisateur et était content de lui. Au final, ce n'était pas chose impossible que de communiquer avec ce genre de personne. Certes, c'était différent que de traiter avec une personne du même niveau sociale que lui, mais ce n'était pas impossible. Kuroko se dressa alors sur ses pieds et après avoir débarrassé ses couverts et avoir en demandé la permission à Akashi, il alluma l'ordinateur de celui-ci et alla chercher les séances qui débuteraient bientôt. Toujours assis à sa place à siroter son café, Akashi regardait faire son colocataire sans dire un mot. Il fronça néanmoins ses sourcils quand la voix de Kuroko s'éleva à nouveau pour une nouvelle proposition, et cette fois-ci bien plus saugrenue que la première.
« J'ai une requête à formuler, Akashi-kun, souffla timidement Kuroko.
— Qu'est-ce ?
— Nous n'allons qu'au cinéma et non pas à une réception, alors pourriez-vous vous habiller normalement ? »
Le rouquin tiqua au normalement. N'était-il pas habillé normalement tous les jours ? Il n'était pas de ces personnes extraverties qui combinaient toutes les couleurs inimaginables pour paraître « kawaii » ou différent de la norme. Ses costards lui convenaient très bien, et porter un yukata à l'extérieur ne serait pas très bien vu. Ses sourcils dangereusement froncés firent aussitôt comprendre à Kuroko de ne pas argumenter davantage s'il ne voulait pas terminer avec un coup de pieds aux fesses pour le faire sortir de cet appartement.
« Habillez-vous de façon décontracté, s'il vous plaît. Je me sentirai mal à vos côtés sinon…
— Tu n'as qu'à mettre le costume que je t'ai acheté. » Renchérit sèchement Akashi.
S'habiller décontracté ? Mais il s'habillait comme il le souhaitait, le fait que Kuroko ne se sente pas bien à ses côtés ne le concernait en rien. Ce n'était pas de sa faute si le jeune homme pouvait ressentir un pareil sentiment. Un coup d'œil en direction de Kuroko lui fit voir le visage désabusé de ce dernier et cette expression fit hausser un sourcil de la part d'Akashi. Qu'est-ce qu'il allait encore lui dire cette fois ?
« Vous savez Akashi-kun… si vous ne montrez pas plus de souplesse dans votre attitude les femmes ne vous apprécieront pas. Tout comme les hommes. »
La remarque de Kuroko surprit Akashi puisqu'il ne s'était pas attendu à entendre un reproche de si bon matin.
« Et puis comme ça, vous pourrez rencontrer de nouvelles personnes et discuter avec elles. » Continua aussitôt Kuroko de peur de laisser parler le réalisateur et se voir bannir de cet endroit.
Cela, en revanche, intéressa Akashi. Il termina de ce fait son café et débarrassa à son tour ses couverts avant de rejoindre Kuroko au canapé sans s'asseoir, restant de la sorte debout avec les bras croisés contre son torse. Le fait que dorénavant le réalisateur était au-dessus de lui, le rendait immensément grand et encore plus imposant qu'il ne l'était d'ordinaire. Inconsciemment Kuroko déglutit avant de reporter son attention sur les horaires qu'il avait dénichés un peu plus tôt ; soutenir un pareil regard n'était pas chose facile. Ces yeux donnaient la désagréable impression d'être un livre grand ouvert, et ainsi permettre de lui faire apprendre des choses qui devraient demeurer secrètes et enfouies au plus profond de son être. Pour toutes ces raisons, Kuroko avait détourné son regard et se concentrait sur autre chose. Moins Akashi en savait sur lui, et mieux ils s'en porteront tous les deux.
« Tu veux donc qu'on aille faire les magasins ? L'interrogea Akashi.
— Oui, est-ce mal ?
— Tu aurais dû en venir directement là, au lieu de me dire de m'habiller normalement. Apprends à être plus clair la prochaine fois. »
Faiblement, Kuroko acquiesça avant de communiquer les quelques horaires des prochaines séances tout en lisant les synopsis des films romantiques en salle encore à ce jour. Akashi en choisit plusieurs à aller voir dans une même journée sans vraiment laisser son mot à dire à Kuroko. Un coup d'œil à l'horloge signala à Akashi qu'ils avaient encore largement le temps avant leur prochain film, bien que Kuroko souhaite passer en premier dans les magasins pour faire acheter au réalisateur de nouveaux vêtements.
Plus tard dans l'après-midi, et après être descendus du taxi qu'avait ultérieurement appelé Akashi, celui-ci se retrouva aux côtés de Kuroko dans un magasin aux prix abordables. Au tout début, Akashi voulait entrer dans ces boutiques de marques avec des prix exorbitants mais Kuroko avait réussi à le convaincre du contraire ; dans ces magasins les employés étaient plutôt snob et peu engageant à la conversation. Kuroko était donc parvenu à emmener la célébrité avec lui dans une de ses boutiques habituelles. Il se dirigea d'ailleurs rapidement à l'un de ses rayons préférés et Akashi fut celui qui cette fois-ci suivit ses pas, profitant de la sorte pour regarder autour de lui cet endroit qu'il découvrait. Les employés étaient occupés à la caisse ou bien étaient en train de conseiller des clients leur demandant leur avis sur telle tenue, c'était à peine si son entrée les avait intéressés ou du moins s'ils avaient eu le temps de le voir entrer à vrai dire. Tout le monde semblait si occupé.
L'intervention de Kuroko tira cependant le réalisateur de son observation et apporta son regard unique sur le vêtement que lui tendait le jeune homme. Il s'agissait d'un simple T-shirt noir sans motif, et après quelques petites recherches Kuroko dénicha un gilet couleur sable. Les habits étaient simples, sans extravagances, et au final lui correspondaient bien. Akashi prit à son tour les cintres et vérifia la taille pendant que Kuroko se dirigea vers les pantalons, mais pendant que le rouquin vérifiait la qualité du tissu ainsi que de son prix, un cri lui fit relever la tête.
« V-Vous êtes bien Akashi Seijūrō ? » Le questionna cette vendeuse rouge de la tête aux pieds.
Sa voix hésitante ainsi que son malaise évident auraient pu en toucher plus d'un, sachant que la jeune femme avait un visage agréable à l'œil, pourtant Akashi resta impassible. Il pensa même au fait que cette demoiselle était une imbécile : c'était quoi au juste cette question ? Bien sûr qu'il était Akashi Seijūrō, à ce qu'il sache il était le seul rouquin à avoir des yeux hétérochromes et il n'avait pas encore découvert un quelconque sosie. Il entrouvrit les lèvres afin de répondre comme à son habitude, désagréablement, quand soudain il sentit une pression contre son bras. A peine eut-il tourné le regard que Kuroko était apparu à sa droite, souriant gentiment à cette jeune femme.
« C'est bien lui. Nous aideriez-vous en nous disant si ces articles lui conviendraient ou pas ? »
Akashi tendit les vêtements à la vendeuse afin qu'elle les inspecte à son tour et donne son avis ; en revanche cette dernière était moins réactive que d'habitude et regarda plutôt le client que les habits. Elle n'arrêtait pas de se demander ce que pouvait bien faire une telle célébrité dans ce magasin bon marché. C'était le plus beau jour de son existence.
« Mademoiselle ? Intervint finalement Akashi, impatient.
— O-oui ! Veuillez m'excuser ! »
Les joues toujours aussi rougies mais cette fois-ci plus sérieuse afin de ne pas énerver la célébrité, la jeune femme se concentra et jeta un rapide coup d'œil avant d'apporter son jugement. Elle demanda la permission de prendre en main le T-shirt noir et partit en rayon en chercher un autre moins sombre, tirant plus vers le gris. Elle tendit le nouvel article d'une main hasardeuse et fébrile, et pencha instantanément son visage vers l'avant quand la main d'Akashi vint à la rencontre de la sienne pour saisir l'objet et le ramener à lui pour l'identifier comme les précédents.
Akashi ne fit pas attention à l'attitude de cette femme et était plutôt concentré sur son expertise, s'interrogeant sérieusement sur la matière de ce tissu et si celle-ci n'allait pas irriter sa peau ou provoquer une réaction anormale. Toutefois, ce n'était pas le cas de Kuroko qui n'en loupait pas une seule miette ; lorsque les yeux de cette femme parvenaient à quitter le sol pour observer le cinéaste, c'était pour le dévorer du regard et si on lui en donnait la permission, il était certain qu'elle profiterait de cette rencontre inopinée pour engloutir en une seule bouchée le rouquin.
« Tetsuya.
— Oui ? Répondit aussitôt l'adolescent.
— Tu paieras. »
Sans un mot de plus, Akashi se dirigea vers les cabines pour essayer les articles tandis que derrière lui Kuroko avait ouvert en grand sa bouche et écarquillé les yeux. Son souffle s'était bloqué dans sa gorge et aucun cri de protestation ne put en sortir. C'était quoi cette mauvaise blague ? Il sursauta en reprenant conscience de la situation et fouilla dans son sac à la recherche de son portefeuille alors qu'un peu plus loin, Akashi fermait d'un mouvement sec de poignet le rideau et posa ensuite les articles sur les crochets mis à disposition.
Aux côtés de Kuroko, la jeune employée regarda avec intérêt ce garçon resté auprès d'elle et qui comptait désormais ses sous pour savoir s'il allait avoir assez. Un peu plus tard, elle fut toutefois séparée de cet étrange garçon puisque celui-ci fut réclamé par cette voix autoritaire qui n'était autre que celle d'Akashi. Kuroko se dirigea donc vers les cabines d'où était sorti le rouquin désormais changé en des vêtements plus simples, plus ordinaires, et à cette vision le lycéen n'en croyait pas ses yeux. Il y avait quelque chose de changé chez Akashi ; il semblait plus accessible, moins froid, et surtout bien que ces vêtements n'avaient pas une marque particulière, et que tout le monde pouvait les acheter, il restait chez le cinéaste cette classe évidente qui lui était propre. De ce fait, bien que ces vêtements étaient communs, Akashi les portait de façon qu'il les mettait en valeur.
« Franchement, je suis beaucoup mieux dans mes costards, critiqua Akashi tout en se tournant une nouvelle fois vers les miroirs pour se regarder.
— Ça vous va très bien, Akashi-kun. » Confessa Kuroko le plus honnêtement possible.
Il attira de la sorte le regard du rouquin sur sa personne, et ce dernier put voir cet adolescent lui sourire faiblement. Son jeune colocataire semblait ravi de le voir habillé de la sorte sans raison apparente, après tout ce n'était que des habits. Il y avait quoi de se réjouir de venir voir quelqu'un s'habiller autrement que d'habitude ? Akashi cessa pourtant d'y réfléchir et demanda à la vendeuse s'il pouvait les porter tout de suite, cette dernière prit ainsi le temps de retirer les antivols avant qu'Akashi ne se tourne vers Kuroko qui comprit immédiatement le message.
Ce n'était donc pas une blague, Akashi désirait vraiment que ce soit lui qui paye.
« Je ne porterai pas ces vêtements une deuxième fois, alors ils ne me serviront à rien. Tu pourras les récupérer après si tu le souhaites. »
Lui avait ensuite dit Akashi après qu'ils soient sortis du magasin, surprenant Kuroko. Ils se dirigèrent ensuite à pieds jusqu'au cinéma où ils avaient consulté les séances et tandis qu'Akashi marchait tout en regardant droit devant lui, ne prêtant guère de son attention à ce qui pouvait l'entourer. Cependant, Kuroko était plus attentif et il vit de nombreuses personnes se retourner après le passage du réalisateur à leurs côtés ; mais à l'inverse de ces mannequins devenus célèbre ou bien de ces acteurs réputés, les fans d'Akashi ou même ceux qui l'admiraient ne se jetaient aucunement à ses pieds pour lui réclamer un autographe. Ils se retournaient simplement, le regardant ensuite continuer sa route sans obtenir ne serait-ce qu'un regard de sa part. Le succès d'Akashi avait rendu le rouquin si apprécié par le grand public que celui-ci le respectait au même point que ces divinités inatteignables. Le simple fait de pouvoir le toucher une seconde suffirait à l'ébranler complètement et lui retirer de son génie et de sa splendeur.
A ses côtés, Kuroko faisait pâle figure. Le fait qu'Akashi ait changé de style vestimentaire avait peut-être fait qu'il lui était plus facile de marcher et respirer à ses côtés, cependant il s'effaçait complètement lorsqu'ils étaient de retour à la réalité. Tout le monde ne voyait plus qu'Akashi que c'en était écrasant. La pesanteur qui entourait le réalisateur plongeait la personne qui l'accompagnait sous l'eau, la tirant toujours plus vers le fond sans s'en rendre compte. Puis-je arrivé à son niveau ? Comment faire pour être à son égal ? Je suis si pitoyable à ses côtés… Toutes ces pensées effleureraient l'esprit de n'importe qui accompagnant la célébrité, et Kuroko n'y fit pas exception. Ils vivaient tous les deux dans un monde différent.
Le monde d'Akashi était parfait, sans défaut, irréprochable et surtout sans la moindre imperfection. Tout le contraire de celui de Kuroko.
Ils arrivèrent ensuite face au cinéma sans être échangé le moindre mot depuis leur sortie du magasin, et après s'être arrêté pour regarder les affiches de chaque film représenté ce mois-ci, Akashi se tourna vers Kuroko qui terminait d'arriver à sa hauteur.
« Quel film allons-nous voir en premier ? L'interrogea Akashi.
— Pourquoi pas The Great Passage ? »
Akashi réfléchit rapidement à cette proposition, son regard se dirigeant vers l'affiche qui représentait ce film de Yuya Ishii. Il finit par acquiescer avant de se diriger vers un guichet et prendre deux tickets pour le film suivant, et ensemble avec Kuroko ils s'assirent dans la salle où les lumières se trouvaient encore allumées pendant que le grand écran défilaient une à une des publicités. A leurs côtés la plupart des autres spectateurs étaient des couples ou bien de jeunes personnes sûrement en rendez-vous, ayant achetés des popcorns ou des boissons, parfois les deux.
Les lumières faiblirent peu de temps après avant de complètement disparaître, plongeant la salle dans l'obscurité et les autres personnes assemblées à un même endroit commencèrent une à une par se taire et rendre l'endroit silencieux. Le protagoniste du film, un nerd de linguistique, introverti, qui travaillait dans le département des ventes d'une maison d'édition, apparut sur l'immense écran du cinéma et Kuroko ne put s'empêcher d'associer la difficulté de ce garçon de s'exprimer avec celle d'Akashi auprès des femmes ; bien que ces deux difficultés étaient radicalement différentes puisque l'un n'ouvrait pas la bouche, et que l'autre l'ouvrait pour dire des atrocités sans en avoir conscience. A cette pensée, Kuroko ne put s'empêcher d'apporter le dos de sa main contre sa bouche et ainsi étouffer son amusement. Akashi n'en vit cependant rien, bien trop intéressé par le film pour le remarquer.
Après tout, ils étaient venus ici pour qu'il puisse étudier et il comptait bien le faire. Tout mémoriser, savoir tout reconstruire à sa manière après, apporter de la nouveauté, de l'originalité, et ainsi créer son propre scénario à partir d'une toute petite idée qui pourrait se montrer insignifiante sans l'être pour autant. Akashi devait trouver le petit détail qui faisait tout, le petit brin d'herbe qui ensuite l'emmènera dans les plus grandes et verdoyantes prairies de l'imagination.
Cette journée-ci, Akashi tout comme Kuroko la passa entre les salles différentes du cinéma. Quand une séance était trop éloignée d'une autre, le duo allait s'asseoir dans un petit café et ils discutaient ensemble des points convergents entre chacun des films visionnés avant de s'intéresser à ce qui ne revenait pas, ou plutôt ce qui faisait que chaque film était différent du premier et du deuxième. De ce fait, Kuroko en apprit beaucoup sur le choix des réalisateurs pour ce qui est de la musique, quand celle-ci devait être utilisée et pourquoi, ainsi que du jeu des lumières.
« C'est pour ça que tu dois le comprendre, Tetsuya. Un film, qu'il soit basé sur de l'action ou de la romance brute, ce n'est pas simplement un script et puis les réalisateurs se tournent les pouces. On doit tout placer : les déplacements et les moindres gestes des personnages, la lumière, le temps, les plans des caméras et puis la musique. La musique est ce qui a de plus important, après le scénario. Tu ne te rends sûrement pas compte de tout ce qui se trouve derrière un film, et le nombre de personnes qui travaillent dessus avant que vous n'en profitiez.
— Mais si vous avez du mal à écrire ce script, pourquoi ne pas demander de l'aide à un scénariste pour une collaboration ? Nijimura-kun apportera sûrement son aide pour vous aider. » Proposa Kuroko de bonne foi alors qu'il buvait un milk-shake à la vanille, bien que ce ne soit pas celui habituel.
Akashi agita négativement sa tête avant de répondre, légèrement irrité par la proposition du plus jeune.
« Si je demande l'aide d'un scénariste, que ce soit Shūzō ou Reo, cette journaliste qui m'a proposé de faire ce film trouvera un moyen de se moquer. Je veux y parvenir par mes propres moyens, et seul.
— Pourtant, vous m'avez demandé mon aide…
— Toi ce n'est pas la même chose. Tu es un soutien. »
Kuroko fronça les sourcils à cette simple explication, cherchant à y dénicher un sens. Akashi n'avait pas pu lui offrir cette réponse sans être honnête et surtout sans en penser chaque mot, alors pour lui cela devait avoir une grande importance. Cependant Kuroko ne put en demander davantage puisque après cela le rouquin jeta un coup d'œil à sa montre et réalisa que la prochaine séance approchait. Il déposa sur la table la monnaie pour leurs consommations et invita Kuroko à le suivre pour retourner au cinéma.
Gardant ses interrogations au fond de lui, Kuroko se leva à son tour et emboîta le pas du réalisateur qui paya une nouvelle fois pour leurs deux places.
