Bonjour/Bonsoir tout le monde ! Voici enfin le chapitre 15 de cette fiction et nous continuons à en apprendre un peu plus sur les personnages, qui se rapprochent petit à petit les uns des autres ;)
J'espère que pour celles et ceux qui ont passé le BAC vous aurez les résultats espérés, je croise les doigts pour vous sachant qu'en plus ma petite sœur est dans le même cas que vous ! Bon courage ! Et sinon vous en faites pas, j'ai moi-même passé mon BAC aux rattrapages (pour 8 points exactement... ) et les professeurs étaient vraiment sympa, montrez vous juste motivés !
Réponses aux review :
mower : En effet, il est prévu que Kuroko revoit plus tard Ogiwara, mais je ne dirai pas comment ni pourquoi, et surtout pas comment tout ça va se passer hahaha ;) Nijimura aime bien faire tourner en bourrique Akashi, hein ? Je suis contente si la dernière scène t'a amusé, bien que Kuroko n'a sûrement pas dû passer un bon moment pour sa part. Pour la jeune fille avec qui est sorti Akashi, en effet c'était bien sa petite-amie et non pas une très bonne amie. J'espère que ce chapitre te plaira, bonne lecture !
Payetonpain : C'est aussi grâce à vous, lecteur, et de ce genre de commentaire que nous nous donnons davantage et vous livrons ces chapitres. Recevoir de pareil commentaire nous fait comprendre que notre fanfiction est lue est appréciée, et rien que ça, ça fait un bien fou !
Je suis contente alors si la "noirceur" de ma fiction te plaît et que tu trouves ton compte. Pour ce qui est de la guérison de Kuroko, en effet ça prendra du temps sinon ça ne serait pas crédible, et ce serait bien trop simple sinon. Ogiwara n'a en effet pas été très délicat, mais disons simplement que ses mots ont dépassé ses pensées malheureusement. A trop de titiller avec ça, il a craqué. Je ne te cache pas qu'Akashi aurait tout de même sa part dans la guérison de Kuroko, sinon après tout ça ne serait pas un AkaKuro, mais je vais m'arrêter là ;)
Tant mieux alors si Nijimura n'est pas OOC, c'est une peur en moins :D Je me suis beaucoup amusée à écrire la scène Nijimura/Kuroko, ainsi que le retour d'Akashi, ça s'écrivait tout seul et j'avais un petit sourire en coin pendant l'écriture. Je sens que ces trois là vont beaucoup réapparaître, et devenir un duo infernal avant le retour du grand méchant. Et en effet, je pense tout comme toi qu'Akashi a la rancune tenace, et n'oublie pas facilement. Voire jamais ! Pour ce qui est du futur métier d'Aomine, en effet ce n'est pas fait par hasard. Je me suis basée sur sa fiche wikia et puis ça se prêtait bien au scénario que je lui prévois, à lui et sa famille, alors que demander de plus ! C'est de même pour Murasakibara d'ailleurs :)
Connaître d'autre de mes univers ? Alors tu sauras rapidement que j'écris beaucoup d'AkaKuro et qu'en réserve j'ai beaucoup de KiKuro aussi... Mais cette intention que tu as pour mes autres écrits me touche énormément, merci ! J'espère que tu ne seras pas déçue.
Mais avec qui terminera donc Kise, ahaha~ Vous êtes déjà quelques-uns à penser qu'il terminera avec Kasamatsu, mais qui sait... on est même pas au milieu de la fanfiction et tous les personnages ne sont pas rentrés encore (oui oui, j'essaie de vous faire cogiter mouahaha!). Takao ne devrait pas tarder à apparaître, en vrai je suis déjà en train d'écrire sur son entrée qui se fera incessamment sous peu :D Et c'est prévu que Midorima évolue dans le monde hospitalier :) C'est vrai que Kagami a le sale rôle de la fanfiction, je le martyrise tellement... mais bon, il fallait bien que ça tombe sur quelqu'un x)
Concernant le film d'Akashi, il est déjà tout réfléchi ; je l'avais même déjà en tête avant de commencer la fiction. Et en effet, ça sera tout sauf de la romance à deux balles qui le fait pour l'instant frissonner de dégoût. Et en effet, les scènes de sexe ne sont pas encore d'actualité ^^ mais patience ! Vous les savourez ainsi toutes à leur juste valeur quand elles apparaîtront (je l'espère!)
Pour regarder Tokyo Ghoul sous son format manga, il faudrait que je trouve un site qui le traduise en FR car je n'ai pas les sous pour acheter les mangas, et je suis une nullité complète en anglais. Ensuite, non il n'y aura pas de mariage entre Akashi et Kuroko, je peux te l'annoncer dès maintenant. Déjà car je n'aime pas les films/série/livre/etc qui se terminent de la sorte... Et en effet, Akashi et Kuroko se retrouveront en Yukata à plusieurs reprises même !
En tout cas merci d'avoir commenté et je te souhaite une bonne lecture ;)
Laura-067 : Malheureusement, je dois dès à présent t'annoncer que... si, Kagami continuera à souffrir. Après tout, il est encore en ce moment en couple avec Kuroko et ce n'est que les prémices de ses douleurs futures. J'en suis sincèrement désolée ! Mais t'inquiète pas, je vais m'assurer à ce que ce soit bref x) Et en effet, Kagami veut préserver Kuroko et le protéger, mais comme tu l'auras bien saisi : Kagami subira un point de rupture. Quand ça et comment ? Je te laisserai le temps pour t'en apercevoir :)
Ogiwara et Kuroko n'ont plus parlé après ce jour, ils se sont même perdu de vu. Et je vois tu as bien cerné Akashi, en tout cas dans cette fiction haha ! C'est exactement ça :) Pour ce qui est du restaurant avec Mibuchi et de sa mauvaise humeur, ce sera expliqué dans les prochains chapitres ne t'en fais pas. Avec une petite surprise à la clé en plus !
Si Akashi s'était rendu compet du massacre de sa cuisine, il aurait forcément crisé. Après si imaginons Kuroko ne s'était pas raté et qu'Akashi avait découvert qu'il s'était servi de sa cuisine, il n'aurait rien eu à dire puisque c'était lui qui est parti sans prévenir et sans avoir préparé quelque chose. Nijimura n'a pas menti à propos de l'ex d'Akashi, il n'est pas du tout au courant de l'existence de celle-ci. Mais pourquoi ? Comme pour tes autres questions auxquelles je ne réponds pas : la réponse arrivera bientôt dans les chapitres concernés.
Nigo est même un terrible traître ! Abandonner si lâcheusement son maître pour aller dormir... aucun respect ;) Concernant le film d'Akashi, il est déjà tout réfléchi avant même que je ne commence cette fiction à vrai dire. Et non, cette fois-ci je peux te répondre : il ne s'agit pas d'un homme qui ne supporte pas son homosexualité. En tout cas, j'espère que ce chapitre te plaira et bonne lecture ;)
Shanatora : En effet heureusement que Nijimura était de passage! Je pense que Kuroko aurait subi de plus grosses remontrances si Akashi avait découvert sa cuisine détruite pour de simple œuf x) Merci en tout cas pour ton commentaire et bonne lecture !
Maoruwa : Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis ravie que ma fiction te plaise et j'espère qu'elle continuera. On m'avait déjà fait la remarque que les scènes avec Aomine et Kise font moins réalistes que celles avec Akashi et Kuroko, alors j'avais quelque doute question réalisme, mais tu me rassures. Pour le sujet de l'homosexualité, ravie que mon avis ne se reflète pas à l'intérieur ! Pour ce qui est de ton point négatif, je dirais qu'embrasser Kagami (même si ça peut être passionné - mais à un certain degré toutefois) "écœure" moins Kuroko que le fait de s'unir corporellement avec le rouquin. Les baisers passent plus facilement, bien que Kagami et Kuroko ne s'embrassent pas couramment, je tiens à le signaler. Et le fait de coucher avec Kagami cette fois-là a réveillé en lui tout ce qu'il rejetait au plus profond de son coeur (Ogiwara, les dires de ses parents à son sujet, etc...). Je te souhaite en tout cas une bonne lecture et encore merci ;)
Ununbium : Bonjour à toi ! :) Ce n'est pas dans cette fiction qu'il y aura du Akashi x Nijimura, surtout que Nijimura est l'un des rares à ne pas être gay ! C'est un hétéro pur souche... que c'est dommage x) Et voyons, Mibuchi n'oserait jamais violer son réalisateur préféré ! Surtout qu'il n'aurait aucune chance et qu'à la moindre tentative qui sera un échec, Akashi sera là pour lui faire des remontrances sévères. En tout cas merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Merci aussi à ptitcoeurfragile et Haru-carnage pour leurs commentaires, je vous souhaite à vous deux une bonne lecture et j'espère que ce chapire vous plaira !
De plus, merci à tous ceux qui continuent à mettre cette fiction dans leurs favoris/follow, ça me fait vraiment plaisir !
Je vous souhaite à tous une bonne lecture et surtout n'hésitez pas à commenter ;) Biisous !
Le papillon
Scène 15
Au fond, " Qu'est-ce qui est arrivé après ? " — voilà la seule raison d'être de la vie ou d'une histoire.
Jack Kerouac.
En cette même journée, alors que Kuroko rejoignait l'appartement d'Akashi qui allait lui ordonner de lire les piles de livres posées sur la table basse, Kise avait obtenu un jour de repos et se baladait sereinement dans les ruelles de Tokyo. Sur sa tête reposait un bonnet qui camouflait ses cheveux tandis qu'il avait mis une paire de fausses lunettes et un foulard qui remontait jusqu'au niveau de ses lèvres. Puisqu'il commençait à se faire connaître en tant que mannequin, parfois des jeunes filles s'arrêtaient à sa hauteur avant de pousser un petit cri de surprise et ensuite crier son nom. Il s'en suivait alors une course poursuite pour échapper aux photos abusives. Les fans, c'était quelque chose de bien seulement quand ces derniers se tenaient à distance et restaient civilisés.
Kise entrait dans quelques boutiques de vêtements sans pour autant trouver quoi que ce soit à acheter. Rien ne lui faisait envie et de toute façon son armoire débordait déjà de vêtements. Sa marche vint néanmoins réveiller son estomac et Kise chercha autour de lui une boutique qui vendrait de la nourriture. Il remarqua aussitôt ce fast-food de l'autre côté du trottoir et se souvint que parfois il y allait en compagnie de Kasamatsu. Se décidant alors de traverser la route afin de se restaurer, il se fit brusquement bousculer dès que ses pieds foulèrent le trottoir. Ses lunettes tombèrent de leur perchoir pour ensuite se faire écraser par les bottines de la coupable qui avait fait ce pas de trop afin d'éviter sa propre chute.
Sa main apportée à sa bouche entrouverte sous la surprise, l'inconnue s'écarta aussitôt de la zone du crime avant de s'excuser vivement. A plusieurs reprises elle replaçait une mèche rosée imaginaire derrière son oreille, bien embêtée d'avoir heurté de la sorte une personne et en plus d'avoir détruit une paire de lunettes. Face à elle, Kise la regardait se confondre en excuse sans l'écouter ; bien qu'il lui disait que ce n'était rien et lui souriait aimablement.
« Faut vraiment que t'arrête de foncer la tête baissée Satsu', et d'm'entraîner là-dedans en plus ! »
La voix grave fit s'arrêter Kise qui pivota son visage sur le côté. Ce jeune homme à la peau bronzée et aux cheveux tirant vers le bleu nuit, un air sévère inscrit sur ses traits faciaux… il le revoyait enfin. Bien sûr Aomine ne reconnut pas le jeune mannequin à cause de son bonnet et de son foulard. Et puis, ce n'était pas comme si Aomine en avait quelque à faire de ce type qu'avait bousculé Momoi. C'était de la faute de son amie pour s'être saisie son bras et l'avoir poussé à accélérer son allure, sans regarder où elle-même allait.
« Tu n'avais qu'à presser le pas un peu plus, Dai-chan ! Je meurs de faim, se plaignit la jeune femme en frappant son pied contre le sol.
— Ouais, ouais… »
Kise vit le dénommé Dai-chanse gratter négligemment la nuque, semblant se bloquer éperdument des remarques de son amie, ou peut-être même petite amie vu comme cette dernière s'adressait à lui. Kise fut pourtant arrêté dans ses pensées quand la dite Satsu se tourna de nouveau vers lui.
« Je suis vraiment désolée. Combien coûtaient vos lunettes, j'ai de l'argent sur moi !
— Ce n'est pas la peine, je vous assure ! Elles étaient fausses de toute façon.
— Fausses ? Répéta pour sa part Momoi, surprise par cela.
— Je n'ai pas besoin de de lunettes. C'est juste un camouflage. »
Le jeune mannequin souriait gentiment alors qu'en face de lui les deux autres le regardaient d'un étrange œil. Momoi échangea un rapide coup d'œil avec Aomine avant que ce dernier n'explose de rire et vint brutalement claquer sa main contre le dos de Kise. A cause de l'accolade un peu trop violente, Kise fut forcé d'avancer de quelques pas et marcher sur les débris de ses défuntes lunettes. Bien qu'elles n'aient été qu'un accessoire parmi tant d'autres, il les aimait bien ces lunettes…
« T'es un Megane toi, hein ? Se marra Aomine en frappant une nouvelle fois contre son dos.
— Dai-chan ! Ne te moque pas des fétiches des autres. » Lui rappela Momoi sans que Kise ne puisse en placer une.
De son côté, Kise ne sut pas vraiment quoi dire. Ces deux-là étaient en train de se disputer sous ses yeux et ne l'écoutaient absolument pas lorsqu'il pouvait bien sortir quelque chose, l'ignorant royalement sans vraiment en prendre conscience. Kise n'en perdit en rien de son sourire qui était devenu sa marque de fabrique ; et puis après tout, il était de nature à toujours relativiser.
« Veuillez m'excuser, mais je vais vous laisser.
— Hein ? Oh, d'accord ! Excusez-moi encore une nouvelle fois. » Se répéta la jeune femme en se penchant vers l'avant tandis qu'Aomine bâillait bruyamment.
Kise s'avança dès lors de quelques pas pour entrer dans le Magi Burger et enfin satisfaire son estomac. Ses yeux se plissèrent quand une main bronzée vint entourer la sienne par erreur, visant à l'origine la poignée de la porte du fast-food. Se tournant ensuite sur le côté, il vit à ses côtés ce Dai-chan et sa présumée petite amie le regarder aussi fixement que lui était sûrement en train de le faire.
Il y eut un silence avant que Momoi ne vienne claquer ses mains l'une contre l'autre, l'air réjouie.
« A moins que vous n'attendiez quelqu'un, voulez-vous manger avec nous ? Proposa-t-elle sans même avoir au préalable demandé l'avis d'Aomine.
— Oï Satsu' ! Intervint par ailleurs celui-ci.
— Laissez-moi vous payer quelque chose à manger ou à boire. » Poursuivit-elle sans entendre son ami.
Kise vit dès lors le basané entrer dans le fast-food en jurant sans discrétion sans attendre son amie. Cette dernière le regardait avec un regard déterminé et le blond comprit rapidement qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Il acquiesça alors et emboîta le pas de cette jeune femme qui se présenta comme étant Momoi Satsuki, et après avoir attrapé le bras de son ami d'enfance pour le ramener à eux, elle le présenta.
« Et ce vieux bougre s'appelle Aomine Daiki.
— Yo. » Lança celui-ci sans guère de motivation ni d'entrain.
Kise se présenta ensuite lui-même, et vit aussitôt les yeux de Momoi s'agrandirent par la surprise. De toute évidence, elle l'avait déjà vu dans des magazines.
Quelques minutes plus tard et après avoir été servis, ils partirent tous en direction d'une table avec leurs plateaux entre les mains. Ils tombèrent sur une table assez éloignée des autres ainsi qu'à l'abri des regards, et Kise en profita pour retirer son foulard et son bonnet puis secoua vivement sa tête afin de redonner à ses cheveux une forme plus naturelle. Les joues de Momoi s'empourprèrent légèrement, non pas parce que la beauté du mannequin faisait battre plus rapidement son cœur, mais simplement qu'elle n'aurait jamais imaginé manger dans un fast-food avec ce genre de personne quelques minutes auparavant.
Puis à côté d'elle, elle entendit Aomine s'étouffer avec sa boisson. Quant à Kise, il sourit. Aomine l'avait enfin reconnu.
« Bordel de merde, jura-t-il après avoir calmé sa toux et avoir relevé un regard foudroyant dans la direction du blond.
— Mais qui est-ce qui m'a fichu un empoté pareil, souffla Momoi en tendant des serviettes à son ami qui s'essuyait le bas de son visage au même instant.
— La ferme ! Et toi, pourquoi t'es là ? Tu m'suis maintenant ?
— Vous vous connaissez ? Les interrogea la jeune femme, surprise.
— Non, répondit aussitôt Aomine.
— Nous nous sommes juste entrevus une fois ou deux. Je l'ai percuté en essayant de fuir des personnes qui me courraient après. » Révéla ensuite Kise tandis que Aomine s'était tourné sur le côté, mangeant ses hamburgers sans leur jeter un coup d'œil.
Il expliqua aussi qu'il avait croisé Aomine à une salle de musculation, et le fait de savoir son ami d'enfance aller à de pareils endrois sans être au courant amusa beaucoup la jeune femme. Kise voyait ensuite Aomine râler toujours et encore en avouant que c'était son garde du corps qui le traînait jusque là-bas, ou qu'il y allait seulement pour avoir la paix et être un peu tranquille. Kise apprit aussi que ces deux-là ne sortaient pas ensemble, puisque après avoir posé la question il vit Momoi éclater d'un rire franc et demander comment elle pourrait sortir avec un empoté pareil. Ce à quoi Aomine répliqua que lui ne pourrait jamais sortir avec une pareille mocheté, avant de se faire tirer les joues par Momoi qui se collait contre lui.
De toute évidence ces deux-là s'entendaient merveilleusement bien et cela rappela à Kise sa relation avec Kasamatsu. Bien que son ami n'avait en rien la délicatesse de cette fille qui malgré le fait qu'elle pinçait les joues d'Aomine, ne faisait que le blesser dans sa fierté. A l'inverse, les coups de pieds administrés par Kasamatsu étaient beaucoup plus violents et lui faisaient souvent mal au dos.
Petit à petit leur plateau se vidait et jamais Momoi et Kise ne cessèrent de parler tandis qu'Aomine restait plus en retrait. Non pas qu'il était timide ou réservé, mais simplement qu'il en avait rien à faire de ce qui était en train de se dire. Sa main soutenait alors le poids de sa tête et il terminait son soda le regard dans le vague tandis que Kise décrivait ses journées de mannequins, sous le regard admiratif de Momoi.
« J'm'emmerde, laissa-t-il néanmoins échappé.
— Tu n'as qu'à participer un peu à la conversation alors, lui rétorqua aussitôt Momoi.
— Pour parler de maquillage et de manucure ? Très peu pour moi.
— Dans ce cas tu n'as qu'à parler de basket, ça t'animera peut-être un peu plus, proposa-t-elle tout en gonflant ses joues.
— Du basket ? Tu sais en jouer ? » S'écria aussitôt Kise, le regard illuminé.
Le soudain intérêt pour sa personne ne dérangea pas vraiment Aomine, mais il n'était pas non plus très à l'aise. C'était des vieilles histoires ça ; il jouait surtout au basket quand il était au collège et que ses parents lui lâchaient encore la grappe. Ce qui n'était plus vraiment le cas au goût d'aujourd'hui. C'était à peine s'il pouvait sortir de chez lui sans être surveillé en permanence, que ce soit par Wakamatsu ou bien d'autres avant lui. D'ailleurs, Aomine était prêt à parier sa main droite que ce crétin de Wakamatsu devait rôder dans les parages pour vérifier que tout allait bien.
« Ouais… j'suis plutôt bon, répondit-il juste.
— Un homme remplit de modestie que nous avons à nos côtés, soupira Momoi avant d'entendre son ami élever la voix subitement.
— Hé ! J'ai jamais perdu alors ouais, j'peux dire que je suis fort au basket.
— Dans ce cas, un de ces quatre ça te tente une partie contre moi ? »
La proposition de Kise fit se taire les deux autres, puis pour la première fois que leurs yeux se croisèrent le jeune mannequin put voir s'étendre sur le visage de son homologue un large sourire. Ce genre de sourire qui fait se retourner le bide. Kise était même sûr d'avoir entraperçu une flamme s'allumer dans le regard électrique d'Aomine. Ainsi le basket était un sujet qui le motivait et qui le passionnait ; Kise devait s'en rappeler.
« Tu veux faire un one-one contre moi, toi ? Précisa Aomine, moqueur.
— Si tu veux inviter d'autres personnes, il n'y a pas de soucis. Ce serait amusant de faire une partie avec nos amis ! Se réjouit Kise d'avance, avant d'entendre le léger ricanement de Momoi.
— Dai-chan n'a pas vraiment beaucoup d'amis, haha. C'est un loup solitaire, précisa-t-elle.
— Oï. » Grinça mauvaisement le concerné de l'affaire.
Lorsque leur plateau fut complètement vide et après avoir constaté l'heure qui avait filé à toute vitesse, Momoi proposa à Kise de s'échanger leur numéro pour rester en contact. Une fois le numéro de la jeune femme enregistré dans son répertoire, Kise leva ses yeux caramel dans ceux d'Aomine qui le regarda sans dire quoique ce soit, mais n'agissant pas pour le moins du monde non plus. Aomine se détourna ensuite des deux autres pour préciser qu'il avait besoin d'aller pisser, en toute élégance, et sous le soupir exaspéré de Momoi.
Pour sa part, Kise s'excusa et prétexta la même excuse et partit ainsi rejoindre Aomine dans les toilettes. Après avoir poussé la porte et s'être retrouvé dans la petite pièce, ses yeux se déposèrent directement sur la silhouette d'Aomine qui refermait au même moment son pantalon avant de se diriger vers les lavabos.
« Tu m'suis jusqu'aux toilettes maintenant ? Le questionna Aomine en lui offrant un large sourire moqueur.
— On a chacun nos besoins voyons. » S'amusa Kise.
A ses côtés, Aomine terminait de se sécher les mains avant de les remettre dans les poches de son pantalon. Il se tourna en direction de Kise et pencha la tête sur le côté. Ce genre de coïncidences, ces rencontres qui pourraient être l'ordre du hasard… Aomine avait un doute. Son instinct se mettait en alerte lorsque ce fichu blondinet traînait autour de lui. De plus, son père lui avait toujours formellement conseillé d'écouter son instinct : car c'était la seule chose en laquelle il pouvait avoir confiance sans risquer d'être trahi.
« Le week-end prochain j'ai rien à foutre. T'es dispo ?
— Je crois que je bosse la matinée, mais dès l'après-midi je peux te rejoindre je pense, précisa Kise tout en se lavant à son tour les mains.
— Dans ce cas on se retrouvera ici. Y a un terrain de basket pas loin, arrangea Aomine.
— Ici ? Dans les toilettes ? »
Aomine étira une grimace face à la question débile que venait de lui poser ce crétin, et se demanda un instant s'il n'était tout de même pas sérieux. Face à lui, Kise le regardait avec intérêt et semblait peser le pour et le contre de cet endroit pour se retrouver. Non, il était sérieux. Sa question en était vraiment une. Aomine prit alors son front en main et soupira longuement. Son attitude fit sourire Kise qui bien évidemment mentait, il se doutait bien que le rendez-vous ne se ferait pas ici mais bien devant le fast-food, ou bien même à l'intérieur si tous les deux avaient faim. Il aimait juste exaspéré ce garçon qui paraissait trop sévère à son goût.
Il sortit alors le premier des toilettes pour retrouver rapidement Momoi qui était restée seule, toujours assisse à leur table en train de regarder son portable en souriant joyeusement. Son répertoire s'élargissait petit à petit et cela la rendait heureuse. Lorsqu'elle fut appelée par la voix du mannequin, elle se redressa rapidement et vit par-dessus l'épaule de Kise son ami d'enfance traîner toujours et encore des pieds. Une fois que les deux garçons l'eurent rejoint, ils sortirent ensemble du Magi Burger et se quittèrent en se saluant de la main, Kise promettant à Momoi de lui envoyer un message pour se revoir. Pour sa part, Aomine regarda simplement la rosée agiter gaiement son bras dans les airs, les joues rougies et un magnifique sourire illuminant son visage.
Une fois qu'ils se retrouvèrent seuls, en marche pour rentrer chez eux, Momoi râla du fait qu'Aomine ne lui ait pas dit qu'il avait rencontré Kise Ryōta.
« J'pensais pas que tu le connaissais, railla-t-il. A ce que je sache, tu regardes plus des magazines de modes pour filles, pas pour les mecs.
— Je feuillette de temps à autre en pensant à toi, bougonna-t-elle en fourrant ses mains dans les poches de sa veste.
— Eh, pourquoi ? J'me fringue mal c'est ça ? »
La voix d'Aomine était montée de quelques octaves, amusant cependant plus qu'autre chose Momoi qui tira simplement sa langue. Elle ne répondit volontairement pas à la question de son ami d'enfance et continua d'avancer comme si de rien n'était, plus joyeuse que jamais. Derrière elle, Momoi entendait clairement les râles et injures d'Aomine qui grâce à son reflet sur les vitres à leurs côtés se vantait de ses goûts vestimentaires. Après tout, c'était bien connu : jamais Aomine Daiki n'admettrait ses tort ou ses défauts.
-x-x-x-
Plus tard dans la soirée, après que Nijimura ait quitté l'appartement d'Akashi depuis un certain temps désormais, Akashi et Kuroko se trouvaient dorénavant seuls. Un peu plus loin, Nigou se dégourdissait les pattes après sa sieste. Assis côte à côte sur le canapé en lisant les livres achetés par le rouquin, les deux garçons ne s'étaient pas échangé un mot. Du coin de l'œil Kuroko pouvait clairement voir l'énervement d'Akashi, de par les sourcils froncés du rouquin mais aussi par ses lèvres pincées. Ce n'était de toute évidence pas le moment pour lui parler et encore moins pour lui demander quelque chose. Alors Kuroko cessa de l'observer discrètement, se replongeant dans l'ouvrage qui se trouvait entre ses mains, et fit enfin le travail qui lui était demandé : soit lire ce livre romantique et dire les points qui avaient su le toucher et qui avaient marqué son intérêt.
Lorsque Kuroko tourna la dernière page de son livre, il attira sur sa personne le regard hétérochrome du réalisateur. Vu le peu d'épaisseur qu'il lui restait, Akashi avait lui aussi bientôt terminé. Un aboiement de la part de Nigou fit s'y intéresser Kuroko qui remarqua alors que la gamelle de son chiot était vide. Il se redressa alors pour y remédier et Akashi retourna à sa lecture, la terminant par la suite alors que Kuroko revenait s'asseoir à ses côtés.
« Comment tu as trouvé ta lecture ? Commença le rouquin d'une voix sévère.
— C'était intéressant, mais la romance est allée trop vite de mon point de vue. »
Kuroko argumenta son pressenti en révélant qu'à peine les personnages principaux s'étaient rencontrés, avaient passé un peu de temps ensemble, que la jeune fille ne voyait déjà plus que le garçon et inversement. L'auteur avait fait passer cela pour un coup de foudre, sans vraiment entrer dans les détails. Le lecteur pouvait ainsi oublier ce passage puisque celui-ci n'avait pas mérité de toute l'attention qu'il aurait normalement dû avoir. De plus, comme les deux personnages s'aimaient assez rapidement, l'ouvrage perdait de son intérêt.
« Je retiens simplement que tout s'est déroulé un peu trop vite, et je reste sur ma faim.
— Je vois.
— Par contre, même si tout a été assez expédié par l'auteur, les personnages sont très attachants. »
De la sorte, Kuroko présenta les mimiques qu'il caractérisait de mignonnes de la jeune fille ainsi que des manigances de ses amies pour arriver à la faire se rapprocher du garçon qu'elle aimait. Kuroko révéla alors que ce livre devrait assurément plaire pour les adolescents qui recherchent des histoires sans queue ni tête.
« Et vous, Akashi-kun comment était votre livre ? »
Akashi croisa alors ses jambes et gigota son poignet jusqu'à ce que la paume de sa main soit dirigée vers le plafond. Ses yeux clos pour se remémorer ce qu'il venait de lire et n'en oublier aucun détail, sa voix se fit moins sévère.
« Il avait une plus lourde intrigue que le tien. Les deux personnages principaux étaient de classes différentes et les parents de la fille s'opposaient à sa relation avec le jardinier.
— Pourquoi ça ? S'y intéressa Kuroko.
— Différentes classes sociales. Ils ne comptaient pas laisser se marier leur chère fille avec un vulgaire jardinier, leur statut en aurait été touché. »
La voix du réalisateur se fit moqueuse et il rouvrit par la suite ses yeux, se tournant vers Kuroko qui avait froncé ses sourcils. A l'instant, il avait ressenti une certaine part de moquerie occupant la voix d'Akashi. Cependant, Kuroko ne savait pas si le réalisateur se moquait du livre ou bien en rapport avec quelque chose dont il ignorait l'existence. Mitigé par ce qu'il venait de découvrir, le jeune homme entrouvrit la bouche afin de poser directement la question à l'intéressé. Malheureusement, Akashi continua l'analyse de sa lecture, ne jetant pas même un regard à Kuroko.
« L'auteur a préféré faire prendre la fuite aux deux tourtereaux au lieu d'affronter les parents de la fille. C'est un choix difficile et cela aurait pu être intéressant, mais c'était trop mièvre.
— Trop mièvre ? »
Akashi jeta un coup d'œil au livre qu'il avait reposé contre sa table basse et ramena sa main toujours dirigée vers le plafond contre sa cuisse. Il finit par soupirer et dirigea son regard hétérochrome dans ceux céruléens de Kuroko.
« Le fait d'aimer quelqu'un plus que soi-même, et tout risquer pour cette personne, est-ce vraiment possible ? Je trouve ça si irréaliste que ça me dérange beaucoup.
— La personne avec laquelle vous étiez sorti, vous l'aimiez n'est-ce pas ? »
La question subite du lycéen fit se plisser les yeux d'Akashi qui devint aussitôt méfiant. Il acquiesça faiblement tout en écoutant plus attentivement. En ce moment, Kuroko avançait sur un terrain des plus minés et il devait en prendre conscience très rapidement. Pourtant Kuroko continua avec le même ton de voix ; à savoir complètement neutre, de la sorte il était impossible pour Akashi de savoir à quoi pouvait bien penser son vis-à-vis et le but de ses propos.
« Ce n'est que mon humble avis, mais je pense qu'une fois que nos sentiments sont partagés et assez forts, il est possible de placer la vie de l'autre au-dessus de la nôtre. Donc je pense qu'en effet, il est possible de tout risquer pour quelqu'un.
— Tu sembles l'avoir vécu.
— Ce ne sont que des pensées pourtant, Akashi-kun.
— Mes yeux ne me trompent pas, Tetsuya. »
Kuroko préféra détourner son regard afin qu'Akashi arrête de lire en lui, et prit en main un autre livre qu'ils n'avaient pas encore lu. Il fit alors tout son possible pour éviter le regard intense du rouquin contre sa peau, camouflant une partie de son visage en amenant l'ouvrage le plus près possible de sa tête. Il n'avait pas envie de parler de ce moment, instant qu'il préférait même voir rayer de son existence pour décharger un peu son cœur de cette infâme douleur qui l'attaquait inlassablement.
« Maman, Papa, je vous présente Kagami Taiga. On est dans la même classe.
— Prenez soin de notre fils, Kagami-san. »
La première rencontre de ses géniteurs avec son camarade de classe s'était bien déroulée ; à ce moment, Kuroko et Kagami n'étaient pas vraiment encore ensemble bien que le rouquin lui ait fait sa déclaration. Tout se passait pour le mieux entre les fois où Kagami venait étudier avec lui, quand il venait le chercher pour sortir en ville, ou quand simplement ils passaient le temps dans sa chambre ou devant la télévision. Kagami s'entendait parfaitement avec son père ainsi que sa grand-mère, et félicitait toujours les plats de sa mère lorsqu'il restait manger le soir chez eux. Plusieurs fois, ses parents invitaient même le rouquin à dormir car il était trop tard pour le laisser rentrer ; alors ils appelaient ensuite le père de Kagami et ils s'arrangeaient avec lui.
Par la suite, Kuroko installait un futon dans sa chambre et Kagami et lui dormaient dans la même pièce. En soit, Kagami avait parfaitement intégré sa famille.
Ainsi quand Kuroko commença à sortir avec le jeune homme venu d'Amérique, il avait un poids un moins sur les épaules. Après tout, Kagami connaissait déjà sa famille et il n'avait donc pas le problème de le présenter à eux. Cependant, à la seule différence du temps où ils n'étaient pas encore ensembles, Kagami se rapprochait beaucoup plus de lui et Kuroko sentait les regards interrogateurs de sa mère. Elle avait remarqué leur rapprochement. Un rapprochement suspect.
« Attends… Kagami-kun, ma mère…
— Ta mère n'entrerait pas sans frapper, hein ? Je veux juste t'embrasser. »
En effet, sa mère n'était jamais entrée sans tout d'abord avoir frappé à sa porte. Elle ne les découvrit pas ainsi, tout du moins. C'était beaucoup plus simple, presque risible si seulement tout n'avait pas pris cette envergure. Kuroko se pencha vers l'avant. Ses entrailles se contractaient douloureusement et il avait mal. Il avait envie de pleurer et de crier, son visage masqué par le livre qu'il avait plaqué contre son visage.
« Tetsuya ? » S'enquit Akashi, sans être entendu par l'intéressé.
Différentes images se superposaient dans l'esprit du bleuté ; qui se revoyait à la fois dans sa chambre en compagnie de Kagami, à table avec tous les membres de sa famille et les rires partagés entre ses parents et son petit-ami. Cependant, Kuroko vit aussi le visage écœuré de sa mère par la légère ouverture de la porte séparant le salon de la cuisine, sa main qu'elle apporta à sa bouche avant de crier le nom de son mari et de partir.
« Kuroko, tu crois que… »
A ce moment, Kuroko avait été déconnecté de la réalité. Ses yeux grands ouverts pourraient faire croire qu'il était encore conscient, et qu'il se rendait compte de ce qui venait de se produire, mais pas du tout. Le garçon était perdu. Il n'arrêtait pas de se dire que tout était fichu, que sa mère avait tout vu, qu'il allait devoir quitter cette maison, ne plus jamais voir ni entendre ses parents ainsi que sa grand-mère… il allait désormais être seul. Alors à cet instant, il avait dégagé Kagami de chez lui, d'une voix puissante que n'avait encore jamais connue le rouquin.
Puis après que Kagami soit parti de chez lui, Kuroko avait dès lors essayé de rassembler ses idées. Il voulait pouvoir faire face à ses parents. Cependant quand ces derniers vinrent à lui, de l'écœurement remplissant leurs yeux, il s'était aussitôt senti sur une piste glissante. Aucun retour en arrière n'était permis, il était impossible pour les deux parties de fermer les yeux sur ce qui venait de se dérouler et faire comme si tout cela n'avait jamais existé.
« Je voulais juste m'excuser… mais les entendre insulter Kagami-kun, je ne pouvais pas les laisser dire ça. »
Les paroles de Kuroko étaient hachées à cause de ses sanglots. Akashi avait légèrement agrandi les yeux. Ce nom ne lui était pas étranger, mais il ne reconnut pas immédiatement la personne concernée. Ce fut qu'après quelques minutes qu'il revit le visage de ce garçon qui avait couru après Kuroko alors que lui était dans un taxi, et qui lui avait tenu tête tout en le regardant directement dans les yeux en ignorant sa véritable place. Akashi s'attarda ensuite sur les paroles de son colocataire.
Les parents de Kuroko auraient donc insulté Kagami et Kuroko ne l'avait pas accepté. Akashi réfléchit rapidement à une raison pour une pareille dispute ; et la seule raison qui lui apparut fut l'homosexualité du bleuté. Son regard se porta de nouveau sur Kuroko qui était replié sur lui-même, le livre reposant contre ses genoux tandis que son visage restait collé contre. A ses pieds se trouvaient depuis un bon moment Nigou qui s'était rapproché de son maître en remarquant son malaise. L'animal avait même apporté sa patte contre la cheville du bleuté, dans un signe de réconfort que ne perçut malheureusement pas l'intéressé.
« Kagami-kun n'y est pour rien ! C'est moi qui lui ai fait ma déclaration et qui l'ai embrassé en premier. C'est moi qui l'ai forcé à avoir cette relation.
— C'est bien ce que je pensais… vous prenez par la force. Il ne s'agit pas de sentiments.
— Arrête tout de suite cette relation, mon chéri. Ce n'est pas sain.
— Qui c'est qui pourrait aimer un autre homme ? C'est dégoutant ! »
Ces mots que venaient de prononcer son père avec colère et dégout, ces mots qui avaient un jour quitté les lèvres inattentives d'Ogiwara… quelque chose chez Kuroko s'était fissuré davantage. A partir de ce moment, face à ses parents qui le regardaient comme s'il n'était déjà plus leur fils, Kuroko sut qu'il n'avait plus rien à perdre. Il était déçu. Déçu et désemparé. Il ne remarqua nullement le regard compatissant de sa grand-mère à l'écart de la dispute, et fit encore moins attention à Nigou qui aboyait à l'étage dans sa chambre. Kuroko était à des années lumières de tout cela.
Alors ce jour-là, quand ses mots résonnèrent dans la pièce, Kuroko avait déjà fait une croix sur sa famille.
« Aimez-moi comme je suis ou oubliez-moi, l'entre-deux n'existe pas. »
Le crime avait déjà été commis et on l'avait accusé d'être coupable sans avoir entendu sa défense. Alors Kuroko avait préféré quitter le toit de cette maison, et fuir le regard dégouté de ses propres parents brûlant contre sa peau. Sa place n'était plus dans cette maison où il avait fait ses premiers pas et où il avait grandi. Tout ça était désormais derrière lui alors qu'il montait l'escalier pour rejoindre sa chambre et prendre ses affaires.
« Tu as le droit d'aimer qui tu veux, Tetsuya. Le fait que tu n'aies pas apprécié que tes parents insultent ton petit-ami est tout à fait compréhensible. »
Kuroko tourna lentement son visage vers Akashi qui se tenait toujours à ses côtés, ses mains reposant contre ses cuisses avec simplement le torse légèrement penché dans sa direction. A sa manière, Akashi essayait de le réconforter. Le rouquin pouvait dorénavant voir les larmes qui ruisselaient des yeux de son colocataire.
« Quoi ? Interrogea Akashi face au silence prolongé de Kuroko qui le regardait fixement au travers de ses larmes.
— C'est la deuxième fois que vous me réconfortez. Vous deviendriez presque gentil. »
La voix de Kuroko voulut se faire plus assurée, mais ses sanglots étranglés l'en empêchèrent. Il s'essuya alors le coin de ses yeux avant de stabiliser son souffle et d'étendre ses bras pour saisir Nigou contre son torse. Le chiot pourléchait le visage de son maître afin de retirer toute trace de ses larmes et dévoiler son sourire discret. L'affection de l'animal pour son maître était des plus touchantes, seulement Akashi n'était plus d'humeur.
Le réalisateur se redressa mais la voix de Kuroko l'arrêta avant qu'il n'ait contourné la table basse pour partir ailleurs.
« Je ne me moquais pas de vous, Akashi-kun. Merci. »
Son regard dirigé vers Kuroko de manière insistante, comme si pour vérifier que le bleuté ne se fichait pas de lui, Akashi finit par souffler brièvement avant de s'éloigner. Visiblement, le rouquin n'était pas empreint aux compliments. Cela aurait pu amuser intérieurement Kuroko, mais il n'était pas d'humeur. A peine Akashi fut assez éloigné de lui que le jeune homme plongea son visage dans les poils de Nigou. La chaleur de son animal canin lui fit beaucoup de bien et lui permit grâce à cette étreinte d'essayer de se changer les idées.
Se couchant sur le canapé avec Nigou contre son ventre, Kuroko fixait désormais le plafond en laissant son esprit vagabonder. Dans sa chambre, Akashi avait allumé son ordinateur et regroupait quelques idées afin de pouvoir en tirer quelque chose à tête reposée.
Kagami n'était pas au courant de ce qui avait pu se passer après sa sortie, et bien qu'il ait posé des questions à Kuroko, aucune réponse ne vint à ses oreilles. Son amant n'avait pas besoin de savoir tout ça. De plus, en le connaissant Kuroko savait que Kagami le gronderait et lui demanderait pourquoi il a agi de la sorte. Il irait même jusqu'à s'excuser à sa place auprès de ses parents.
Sa main entre les oreilles de Nigou, Kuroko soupira. Il aimait Kagami et ne comprenait donc pas pourquoi il avait autant de mal à vivre sa relation qui le liait au jeune homme. A chaque fois que Kagami l'enlaçait ou quand simplement ses mains se baladaient chastement contre son corps, pour un peu de proximité entre eux-deux, Kuroko frissonnait de dégout. Il souhaiterait que cela change, mais aucun moyen d'y mettre un terme ne lui venait à l'esprit.
Ses yeux se faisant de plus en plus lourd, Kuroko se fit pourtant maintenir éveillé par la sonnerie de son téléphone posé contre la table basse à ses côtés. Gardant Nigou contre son torse après avoir glissé une main contre le dos de l'animal, Kuroko saisit l'appareil dans sa main et fronça les sourcils en découvrant le nom de l'appelant. Sans plus tarder cependant, il décrocha et amena son téléphone contre son oreille.
« Bonsoir grand-mère, que me veux-tu ? Demanda-t-il en ayant la voix plus froide que d'ordinaire.
— Je voulais prendre de tes nouvelles Tetsuya… je suis inquiète pour toi. Cet homme te traite bien ? »
Désormais assis sur le canapé d'Akashi, Kuroko apporta sa main libre pour se masser les tempes tout en soupirant discrètement. C'était un peu tard pour s'inquiéter pour lui.
« Akashi-kun me traite très bien, répondit-il brièvement.
— Je vois… »
Un silence s'établit dès lors sans que Kuroko ne cherche à approfondir la conversation. Sa grand-mère n'était en soit pas une mauvaise personne et s'était toujours souciée de lui, cependant elle ne l'avait aucunement défendu lorsque ses parents avaient critiqué sa relation avec Kagami. Elle ne l'avait pas non plus retenu lorsqu'il avait fermé la porte derrière lui.
Décidant de clore la conversation et raccrocher, ce fut pourtant à ce moment que la vieille femme reprit la parole. Cette fois-ci, sa voix se fit tremblante et incertaine.
« J'aimerai beaucoup te voir, Tetsuya… est-ce que c'est possible que l'on se retrouve prochainement ?
— Papa et maman seront là ? S'inquiéta-t-il.
— Non. Ce sera juste entre toi et moi. »
Kuroko aurait presque ri de la réponse de sa grand-mère si seulement la situation ne l'attristait pas. C'est vrai après tout, qu'est-ce que ses parents auraient à traiter avec une personne telle que lui ; après tout, il n'était sûrement même plus leur fils à leurs yeux. Cependant, le fait que sa grand-mère souhaitait le voir et sûrement prendre directement de ses nouvelles dans un face à face toucha Kuroko. Elle ne semblait pas se ficher de son existence et désirait le revoir et passer du temps avec lui.
« C'est d'accord. Je te rappellerai pour te donner un horaire alors, confirma-t-il.
— Merci beaucoup. Prends soin de toi d'ici là et passe le bonsoir à Akashi-san.
— Je le ferais. Au revoir. »
Refermant doucement son téléphone qu'il reposa par la suite sur la table basse, Kuroko replaça sa main sur Nigou qui jetait un coup d'œil intéressé à son maitre qu'il voyait enfin sourire en coin. Sa queue s'agita brusquement en remarquant cela et il décida alors de se coller davantage à lui, réclamant davantage de caresses tandis que depuis sa chambre, Akashi avait entendu toute la conversation téléphonique puisqu'il avait laissé sa porte ouverte.
L'avenir saurait seulement dire si cette prochaine conversation allait ou non aider Kuroko Tetsuya à aller mieux, en attendant il ne pouvait que travailler sur son script et laisser l'adolescent faire ce qu'il souhaitait de sa vie.
