Bonsoir tout le monde, comment allez-vous ? Je suis désolée de vous faire tant attendre entre chaque chapitre, mais je ne peux faire autrement avec le temps qu'impose l'écriture, ma vie à côté, et puis le temps que ma bêta puisse corriger le chapitre, en fonction de ses disponibilités aussi...

Mais ne vous inquiétez pas, je ne compte absolument pas abandonner ce projet et vous aurez toujours des sorties pour cette fiction !

Au sujet de ce chapitre, il peut vous paraître mou car peu de choses se passent (hormis pour Kuroko), mais cela me permet d'y introduire un nouveau personnage qui aura son importance dans la suite de l'histoire.

Réponses aux review :

Laura-067 : Si Akashi accompagne ou non Kuroko à la cérémonie, la réponse à ta question se trouve dans ce chapitre ma chère :D Et oui la relation entre Akashi et Kuroko qui augmente petit à petit, tout doucement xD J'espère que le fait qu'Akashi accepte l'accolade de Kuroko t'ait pas trop choqué x) Et oui en effet, cette phrase provenait bien de l'ex d'Akashi, mais après dans quelles circonstances, pourquoi et comment, tout cela sera révéler à un moment ou un autre ! Pour ce qui est de Murasakibara, Akashi est en effet bel et bien venu dans sa pâtisserie avec son ex, mais uniquement avec elle. Himuro a appris en effet qu'Akashi avait une ex, mais il n'a pas plus de détail que ça car il a compris que Murasakibara n'aime pas en parler, alors il ne sait pas vraiment beaucoup de choses là-dessus.

La relation entre Kuroko et Kagami est bel et bien tendue, et en effet Kuroko culpabilise pour le fait de ressentir du dégoût avec lui, mais il ressent surtout du dégoût envers lui-même car depuis toujours on lui a rappelé qu'un homme avec un homme ce n'était pas normal, que c'était une monstruosité et "dégoûtant". En gros, plus que de culpabiliser envers Kagami, Kuroko se sent bloqué, coincé, et cela le fait angoisser.

Et bien sûr qu'ils vont en parler ! :D Après, je ne t'en dirai pas plus mouahaha ! Pour la mort de la grand-mère, Kagami sera mis au courant un peu plus tard, et tu auras sa réaction dans le chapitre suivant même ! Merci en tout cas pour ta review qui comme d'habitude me fait énormément plaisir et je te souhaite une bonne lecture !

Arya39 : Et oui, à peine vous rencontrez véritablement la grand-mère que je la fais mourir mouahaha ! Je suis diabolique ;) Merci en tout cas pour ta review et j'espère que la suite te plaira, bonne lecture !

Coralicorne : Pour les réactions de la famille de Kuroko, tout sera dans ce chapitre ainsi qu'un peu plus tard quand il sera de nouveau question d'eux (bien évidemment). Et encore, pour l'instant vous lecteur savait très peu de choses sur Akashi haha ! Les choses vont se dessiner petit à petit pour ensuite former un ensemble. Pour l'instant vous n'avez que la partie visible de l'iceberg ;) Je n'ai plus qu'à te souhaiter une bonne lecture, merci pour ta review :)

sandou01 : Cette fiction n'est absolument pas abandonnée et je ne compte pas le faire, je te rassure. Seulement je suis pas mal occupée ces derniers temps et j'ai dû mal à trouver le temps pour écrire... Je suis en tout cas très heureuse que ma fiction te plaise et j'espère que ce chapitre 17 te plaira comme les précédents ! Bonne lecture :)

Merci aussi à Haru-carnage et ptitcoeurfragile ainsi que Luna Heydhysh pour leur commentaire ! Je vous souhaite une bonne lecture à toutes les trois :D

Merci aussi à ceux qui mettent en favori/follow et de suivre cette fiction, je vous souhaite aussi à vous une bonne lecture ! N'hésitez pas à commenter ;)


Le Papillon

Scène 17


La plupart des gens dans le monde ne veulent pas vraiment être libres. Ils croient seulement le vouloir. Pure illusion.

Si on leur donnait vraiment la liberté qu'ils réclament, ils seraient bien embêtés.

En fait, les gens aiment leurs entraves.

Haruki Murakami.


Pendant qu'Akashi se demandait s'il devait suivre Kuroko ou non pour vérifier que ce dernier s'en sortirait, le principal concerné alla rejoindre les membres de sa famille qui, pour la plupart, l'observèrent attentivement sans dire un mot. Lorsque Kuroko les salua d'une courbette respectueuse, certains d'entre eux détournèrent leur regard et se mirent à l'ignorer tandis que d'autres lui renvoyaient poliment sa salutation. L'attitude de cette minorité soulagea en partie Kuroko : au moins ici, tout le monde n'était pas contre sa venue. Après un coup d'œil autour de lui, Kuroko remarqua la présence de ses parents et son regard accrocha celui de sa mère qui l'avait vu entrer et n'avait pu le lâcher des yeux par la suite. Toutefois, Kuroko ne partit pas les rejoindre pas plus qu'il partit les saluer à leur tour. Il se tourna plutôt vers un cousin éloigné bien plus âgé que lui qui s'intéressa à ce qu'il devenait, l'interrogeant sur son quotidien métamorphosé. Kuroko resta néanmoins bref dans ses réponses sans pour autant se montrer désagréable ; seulement ce n'était ni le moment ni le jour pour en parler et il désirait se recueillir.

A quelques mètres de lui, le corps de sa grand-mère décédée se trouvait allongé et un chapelet de perle cérémonial avait été placé entre ses mains. Une enveloppe se trouvait à côté du corps et chaque membre de la famille y plaçait de l'argent afin de permettre à l'âme du défunt de pouvoir traverser le fleuve de la mort.

Un moine bouddhiste se plaça à côté de la vieille femme et commença à réciter un sutra. Pendant que le moine avait l'attention de tout le monde, Kuroko ferma les yeux et entrelaça ses doigts. Il en profita ainsi pour serrer de toutes ses forces ses mains entre elles et ainsi s'infliger une douleur qui retiendrait ses larmes. Il ne devait pas pleurer et se tenir droit. Kuroko inspira et expira longuement, essayant de calmer son cœur et de garder le contrôle. Autour de lui, les membres de sa famille prenaient à tour de rôle de la poudre d'encens dans leurs mains, avant de les lever à hauteur de leurs yeux et ensuite refermer leurs doigts et prier. Lorsque ce fut à son tour, Kuroko rouvrit ses yeux et s'avança pour imiter ceux avant lui. Alors que le moine terminait son sutra, Kuroko se jura silencieusement de ne verser aucune larme pendant cette veillée.

Il devait se montrer fort et ainsi rester fier devant ces personnes qui le dévisageaient sans outre mesure. La plupart avait était mis au courant de sa situation familiale et des raisons de leur discorde, et en un simple coup d'œil Kuroko reconnaissait les personnes comme ses parents : de la répugnance ayant élu domicile derrière leur pupille, le jugeant comme s'il était une erreur de la nature qui n'aurait aucunement sa place en ce lieu saint. Et même si cela l'énervait, le blessait, et qu'il ressentait l'envie de leur crier dessus et de se justifier, Kuroko n'arrivait pas à leur en vouloir complètement.

Après tout, au fond de lui, une voix leur donnait raison. Depuis quand un homme qui aimait les personnes du même sexe que lui était caractérisé comme normal ?

Alors Kuroko restait silencieux, le menton baissé et le regard dirigé vers le sol.

Il ressentait déjà l'envie irrépressible de rentrer, mais ce serait là un acte irrespectueux à l'égard de sa grand-mère qui avait voulu renouer avec lui avant de mourir. Kuroko chassa alors ses idées noires en agitant sa tête sur les côtés, avant de relever le menton et fixer son attention sur un point face à lui. Se focalisant sur ce dernier afin de s'empêcher à penser à quoique ce soit.

Comme le lui avait demandé Akashi, il devait rester fier et ne montrer ses larmes à personne.

-x-x-x-

Au même instant, à l'aéroport de Tokyo, un homme se trouvait assis et feuilletait le journal local. Son absence de sa terre natale pendant deux mois l'avait complètement coupé de cette ville et des nouvelles qui s'y étaient répandues. Ainsi, les personnes qui passaient autour de lui pouvaient assister à son fou rire qui durait depuis une bonne dizaine de minutes déjà. Un article avait su attiser sa curiosité et avec une soif dévorante, il s'était jeté dessus avant d'en rire aux larmes quelques secondes après en avoir lu les premières lignes.

Il se trouvait tordu en deux sur son siège, donnant parfois des coups de pieds à sa valise sous le regard inquiet des autres passagers.

Pourquoi était-ce toujours lorsque l'on s'absentait qu'il se passait les meilleures choses ? Cette question le fit devenir un peu plus sérieux, ou en tout cas son fou rire se calma et il essuya ses larmes abondantes avant de se relever. Il devait passer chez quelqu'un de ce pas et ainsi lui soutirer des informations et savoir si ce que racontait ce journal était véridique, pour qu'il puisse davantage en rire.

Lorsqu'un taxi voulut bien le prendre, l'adulte qui portait des vêtements de couleurs flashy donna l'adresse de son ami, apprise par cœur afin de pouvoir aller l'embêter de temps à autre. Le journal toujours entre ses mains, il ne se lassait pas de relire encore et encore le titre de l'article en question ainsi que ses premières lignes.

Le célèbre réalisateur Akashi Seijūrō se lance enfin dans la romance !

Le chauffeur du taxi put entendre le pouffement hilare de son client qui gesticulait dans tous les sens sur la banquette arrière. Intrigué par l'hilarité de ce dernier, il ne résista pas à lui en demander la cause.

« Quelles sont les nouvelles ? Demanda-t-il alors en désignant le journal d'un coup d'épaule.

— Oh ça… c'est une pépite ! La huitième merveille du monde même ! S'exclama son client.

— Quoi donc ? Poursuivit le chauffeur de plus en plus intéressé, tout en gardant un œil sur la route.

— Dans votre entourage, vous devez bien connaître une personne très coincée qui est un looser avec les femmes, nan ? »

Pendant un instant, le conducteur réfléchit avant de confirmer en rigolant légèrement.

« Alors imaginez que vous apprenez subitement qu'il s'est trouvé une femme et qu'il va se marier avec elle, qu'elle sera votre réaction ?

— J'éclaterai de rire et vérifierai que ce n'est pas une plaisanterie. » Rit davantage le chauffeur avant de réaliser la chose.

Derrière lui, son client le vit écarquiller les yeux dans le rétroviseur. Un large sourire se forma alors sur ses lèvres et ses yeux ambre se fermèrent, ne pouvant s'empêcher de tressauter par moment à cause des ricanements qu'il tentait tant bien que mal de contenir. Suite à leur conversation, le trajet ne fut guère long et après avoir réglé sa note, le brun fut déposé devant un appartement qu'il connaissait bien pour s'y être déjà imposé.

Prenant sa valise dans une main, l'autre détenant toujours le journal, il se mit en route pour faire face aux portes automatiques. Sans la moindre hésitation, il tapa le code qui les déverrouillerait ; ayant auparavant vu faire le propriétaire d'un de ses appartements du coin de l'œil. Comme prévu, les portes s'ouvrirent et lui permirent de rejoindre l'ascenseur pour appuyer sur le bouton qui l'emmènerait à l'étage de son collègue.

En imaginant sa prochaine conversation avec cette personne, il pouffa de nouveau de rire avant que l'ascenseur n'arrive à l'étage demandé.

Ses yeux s'agrandirent toutefois alors qu'une présence se dressa face à lui après l'ouverture des portes métalliques. L'expression de son vis-à-vis parut subitement beaucoup plus renfrognée que d'habitude et il jura l'avoir entendu jurer. Bon Dieu que le Japon, et surtout cette personne, lui avaient manqué au cours de ces deux mois de vacances.

« Kazunari. »

La voix d'Akashi était glaciale, loin d'être ravi de devoir lui faire à nouveau face. Cependant, l'interpellé ne partageait pas du tout son humeur et se jeta plutôt hors de l'ascenseur pour venir lui courir autour, brandissant fièrement le journal qui avait suscité son intérêt. Devant tant d'agitation, Akashi soupira tout en fermant les yeux. Cette pile électrique que représentait Takao Kazunari, compositeur de fonction, ne lui avait pas le moins du monde manqué ; même ces kilomètres de distance qui les avaient séparés l'un de l'autre l'avaient fait se sentir calme et reposé, après des mois de travail commun sur son dernier film.

Sa plus grande erreur avait été de proposer une collaboration avec cet artiste bien trop égocentrique.

« Dis, dis, dis Sei-chan ! C'est vrai ce que ce journal raconte ? Toi, tu te lances dans la romance ? Accentua le brun en le pointant sans vergogne de son doigt choqué.

— Oui, et alors ? Répondit froidement l'intéressé.

— Parce que tu sais ce que c'est, la romance, je veux dire ? Tu sais vraiment ce que c'est ? »

La répétition volontaire du compositeur agaça prodigieusement Akashi qui ne préféra même pas s'attarder sur son cas et se détourna de lui. En l'espace de quelques minutes, Takao avait été capable de lui voler toutes ses forces vitales et il ne ressentait plus qu'une seule envie : rentrer chez lui et s'enfermer. Tant pis pour Kuroko, il n'avait plus qu'à espérer que le jeune homme s'en sorte sans lui.

Malheureusement, Takao suivit son pas avec engouement et le devança aisément, continuant inlassablement de lui tourner autour et de lui mettre sous le nez l'article qui l'avait tant amusé lorsqu'il était à l'aéroport.

« T'es vraiment sérieux ? Tu vas vraiment faire un film comme ça ? S'intéressa Takao, le regard enflammé par la curiosité qui l'habitait.

— Est-ce qu'un jour, tu m'as vu ne pas être sérieux à propos d'un de mes films ? Rétorqua sèchement le rouquin.

— Ouais, tu marques un point mais… de la romance ?! Genre Sei-chan tu vas vraiment réaliser un film où deux personnes tombent amoureux et vivent heureux et ont de nombreux enfants ?

— Je vais finir par me demander si ce n'est pas toi qui ne sais pas ce que c'est que la romance, vu ton insistance à ce sujet Kazunari. »

La répartie d'Akashi amusa grandement Takao qui rangea le journal dans son sac tout en continuant de poursuivre l'avancée de son ancien collègue pour rejoindre son appartement. Ce fut quand ils arrivèrent devant la porte de celui-ci qu'Akashi haussa un sourcil dans sa direction.

Vraiment ?

Le large sourire de Takao lui répondit en premier avant que sa voix n'arrive aux oreilles d'Akashi et que ce dernier ne frémisse de colère. Ce type avait un talent innée pour le mettre en rogne en moins de deux, même Nijimura était loin de l'égaler.

« Rentre chez toi, Kazunari. Tu as eu ce que tu voulais, alors maintenant va-t'en.

— Pas tout à fait ! Se réjouit Takao de le contredire, se recevant alors un regard noir de la part d'Akashi.

— Parle alors.

— Je veux te proposer à mon tour ma collaboration pour ce projet ! Hors de question que je passe à côté de…

— Non. »

Et sans ajouter quoique ce soit d'autre, Akashi ouvrit sa porte et défia Takao du regard. Habituellement, le brun se serait royalement fiché de ce genre d'intention du rouquin, mais ici la réponse directe l'avait laissé pantois. Il n'avait pas eu le temps de réagir qu'Akashi lui refermait déjà la porte au nez.

Désormais seul dans le couloir, un sourire carnassier vint couvrir son visage.

Il se souvenait de la première fois où Akashi s'était présenté à lui ; fier, autoritaire : comme les journaux le caractérisait. Le rouquin venait pour lui proposer du boulot et Takao avait le choix entre le refuser ou l'accepter, cependant la façon dont le réalisateur avait amené la conversation ne lui avait pas laissé ce dit choix. En réalité, c'était comme si Takao était déjà compté dans l'équipe qui allait travailler sur le prochain film d'Akashi Seijūrō et que celui-ci était simplement venu l'en informer.

Simple, efficace, direct… il ne fallait pas passer par quatre chemins avec Akashi. Ou plutôt, Akashi ne passait pas par quatre chemins avec vous.

Akashi avait entendu parler de lui, il avait écouté attentivement ses compositions et avait pesé le pour et le contre de l'embaucher ou non. Puis finalement, il s'était présenté à lui dans son appartement ridicule et mal rangé. A son arrivée dans son espace de vie et de travail, Takao n'avait même pas pris le temps de se changer et était resté en pyjama tout en gardant son serre tête orange qui maintenait ses cheveux en arrière. Sa dégaine n'avait rien à voir avec celle classe et distinguée du rouquin habillé d'un indémodable costard.

Des mois de travaux communs, de nombreuses rencontres pour savoir quelle musique recherchait exactement Akashi et lui faire ensuite entendre le résultat de son travail, ou bien pour le simple plaisir de l'embêter lorsque Takao était en manque d'inspiration et avait besoin de se changer les idées. Le brun adorait faire sortir de ses gongs cette personne trop droite et trop sérieuse. Ainsi, sans même que le réalisateur lui en donne l'autorisation, il s'était mis à l'appeler du jour au lendemain Sei-chan.

Ce film romantique qu'allait prochainement réaliser Akashi, Takao ne pouvait décidément pas passer à côté. Son flair le poussait à rejoindre de nouveau la marche du rouquin. Car il savait, il était conscient que même si le domaine était étranger à Akashi, ce film parviendra à se hisser parmi les plus grands. C'était comme ça avec Akashi Seijūrō : les sorties entre chaque film était espacée, parfois de plusieurs années, mais à chaque fois les nouveautés faisaient un carton partout au Japon.

Takao suivrait les yeux fermés cet homme sans ressentir la moindre crainte.

« Hé Sei-chan, je sais que tu peux m'entendre ! Que tu le veuilles ou non, je bosserais sur ce film je te le garantis ! J'suis le meilleur dans le domaine, et tu le sais. »

Aucune réponse ne vint trouver écho à sa voix. Takao se trouvait toujours seul dans cet immense couloir où pas même un chat ne circulait, et sans un seul moyen de savoir si Akashi l'avait entendu ou non. Puis, tout à coup Takao entendit le verrou de la porte se mettre en place pour empêcher quiconque d'entrer dans l'appartement. La réaction du réalisateur amusa grandement le jeune compositeur qui au lieu de se vexer, ou encore d'insulter le rouquin, préféra en rire. Après tout, il n'était pas une personne que l'on pouvait vexer facilement et il préférait toujours prendre les choses à la rigolade : c'était plus simple à digérer et ça agaçait davantage son interlocuteur, qui n'avait alors pas obtenu la réaction souhaitée.

Takao ne s'éternisa pas plus dans la résidence et quitta cet endroit, retournant dans son propre appartement minuscule. Il n'en avait pas fini avec cette affaire et il était prêt à venir toquer chez Akashi chaque jour pour obtenir de cette personne les mots qu'il désirait entendre. Il composerait la bande son de ce film et ne laisserait personne lui prendre ce boulot. Et après avoir appris à connaître Akashi autrement que de nom, Takao avait compris que cet homme ne recherchait que l'excellence et il était justement le meilleur dans son travail. Akashi allait s'en rendre compte et venir à lui.

Un sourire convaincu plâtré sur son visage, Takao s'éloigna de la résidence d'Akashi pendant que ce dernier se trouvait encore contre sa porte d'entrée. Il avait bien sûr entendu les dires de ce fou à lier de Takao, mais avait préféré l'ignorer. Akashi n'aimait vraiment pas savoir qu'il n'avait pas le choix et que son homologue avait tout à fait raison, et que donc il n'avait pas de quoi rétorquer.

Le nombre de personnes à pouvoir lui fermer le clapet venait encore d'augmenter ; Akashi devait leur prouver de quoi il était capable et jamais après cela il ne les laisserait douter de ses capacités. Il reprit alors en sa possession les livres achetés avec Nijimura et les lut avec soin, annotant dans un petit calepin les moments et les idées qui avaient su capter son attention.

Il allait montrer à toutes ces personnes de quoi il était réellement capable, car un Akashi se devait d'exceller partout et de réussir qu'importe ce qui se dressait face à lui.

-x-x-x-

A l'enterrement de sa grand-mère, les membres de la famille Kuroko ainsi que les proches de la vieille femme commençaient petit à petit à quitter les lieux. Seulement, Kuroko ne bougea pas. Il continuait d'observer le corps étendu de cette femme dont la vie avait quitté le corps, ne laissant derrière elle qu'un tas de chaire qui ne bougerait plus jamais. Bien que son visage restait impassible, au fond de lui Kuroko luttait ardemment pour retenir ses larmes et ne laisser échapper aucun son. Il avait mal.

Il était si hypnotisé par le corps de sa grand-mère qu'il ne vit pas sa famille monter dans la voiture de son père. Ces derniers n'étaient aucunement venus voir leur unique enfant pour s'assurer qu'il ne se laissait pas abattre par le deuil et pas même cet évènement ne sut écarter leur ressentiment à son égard. Etait-ce de l'immaturité ou bien était-ce car il les dégoutait assez pour qu'ils ne soient pas capables d'oublier ce détail et venir le consoler ? Kuroko ne préférait toutefois pas trop y songer. Après tout, lui-même n'était pas venu les voir ni même ne les avait salué. Mais était-ce à lui de faire le premier pas ? En toute honnêteté, il ne le pensait pas. Et puis, il n'était pas venu ici pour discuter de ça avec ses parents, mais à leur inverse Kuroko n'arrivait pas à mettre de côté leur lien de parenté. Après tout, c'était les personnes grâce auxquelles il existait, qui l'avaient élevé et nourri et qui lui avaient permis d'aller à l'école. Bien qu'ils étaient en froid, que Kuroko leur en voulait pour l'avoir mis à la porte et avoir fait comme s'il n'existait pas, lui n'était pas capable d'ignorer leurs liens.

Et c'était d'autant plus triste.

Alors que Kuroko se décidait enfin de quitter cet endroit en saluant une dernière fois sa grand-mère, ses yeux céruléens éteints se levèrent vers le ciel d'un bleu éclatant. C'était ainsi : aussi injuste que ce soit, le monde continuerait de tourner normalement malgré la perte d'un être cher. Seulement, Kuroko n'avait aucunement la force d'en vouloir au monde entier ; pour l'instant il voulait simplement rentrer et aller se coucher. Il était épuisé.

Lorsque son regard quitta le ciel pour regarder où il mettait les pieds, il rencontra ceux d'une autre personne à quelques mètres de lui. Ses yeux remontèrent petit à petit la silhouette mystérieuse qui englobait son ombre par la sienne. Sans plus tarder, le visage si habituellement indescriptible de Kuroko commença à se tordre dans tous les sens ; des rides se creusèrent contre son front alors qu'il haussait ses sourcils de surprise, tout comme désormais ses yeux tremblaient dans leurs orbites et qu'il retint involontairement son souffle, ne pouvant empêcher un mouvement de recul.

Finalement, retenir ses larmes était un exercice bien trop difficile pour lui.

-x-x-x-

Comme il en fut convenu, Aomine et Kise se retrouvèrent au fast-food afin de partir ensemble rejoindre le terrain de Street Basket. Etrangement, le premier qui fut arrivé sur les lieux fut Aomine qui pourtant était connu pour toujours prendre son temps et ainsi arriver le plus souvent en retard. Et au fond de lui, Kise s'était même imaginé devoir attendre des heures voire même se rendre compte que le bleuté ne comptait jamais venir et l'avait donc fait marcher.

Ainsi, quand il vit Aomine attendre au coin de la rue avec sous son bras un ballon de basket, un large sourire vint s'étendre sur son visage. Kise accéléra le pas et se posta enfin en face de cette personne qui lui jeta un bref coup d'œil avant de se mettre en route, n'en ayant que faire de ses excuses pour son retard. De toute évidence, Aomine avait hâte de rejoindre le terrain de Street Basket et de jouer d'échanger quelques balles, puisque l'après-midi commençait tout juste.

Pour leur grand plaisir, le terrain de rue était vide. Aomine et Kise purent ainsi directement jouer sans devoir attendre leur tour, et faire leur one-on-one tant attendu. Tout en commençant à faire rebondir la balle qui lui revenait en main sans qu'il n'y prête attention, Aomine observa avec attention le mannequin qui déposait son sac dans un coin. En réalité, si Kise était arrivé avec quelques minutes de retard, c'était parce qu'il avait pris le temps de se changer entre son shooting et sa sortie.

« Tu sais donc jouer, hein ? Demanda à nouveau Aomine, loin d'être convaincu des capacités du blond.

— Pourquoi c'est si dur à croire, Aominecchi ? Se plaignit faussement Kise.

— Vous, les mannequins, c'est pas plutôt les paillettes et le maquillage ? Qu'est-ce qui se passe si tu te casses un ongle ? Se moqua-t-il sans relever le surnom qui lui avait été attribué.

— Hé ! Je suis pas aussi efféminé que je peux le laisser croire ! »

Visiblement, il venait de toucher une corde sensible. Cette constatation amusa grandement Aomine qui se mit à dribler, faisant ainsi passer le ballon entre ses jambes sans le moindre mal. En face de lui, Kise s'aperçut de la métamorphose qui était en train de se produire chez son adversaire : ses yeux bleus venaient de s'illuminer d'une flamme nouvelle, un mélange d'assurance en ses capacités et sa position d'invaincu tout en laissant clairement transparaître une étincelle de défi. Ce regard le provoquait, cherchant à réveiller en Kise la bête tapie en lui afin qu'il donne le meilleur de lui-même.

Puis, le vent vint faire s'agiter ses cheveux dans tous les sens. Derrière lui, Kise put entendre le panier agoniser sous le féroce dunk dont son agresseur venait d'user pour marquer, le son du ballon rebondissant lui faisant écho.

Les yeux écarquillés, Kise se retourna pour apercevoir Aomine qui retombait sur ses pieds. Le jeune homme posa sa main sur sa hanche tandis qu'il se tournait à son tour pour croiser le regard ahuri du blond, un sourire carnassier s'étirant dès lors sur son visage.

« Montre-moi ce que tu as dans le bide, princesse. »

L'appellation vint faire palpiter une veine contre le front de Kise ; il allait lui montrer à ce crétin. Il allait le battre.

Aomine reprit en sa possession le ballon qui reposait au sol, le faisant de nouveau rebondir lentement, prenant son temps. A quelques centimètres de lui, Kise défendait désormais son panier et cherchait de temps à autre à lui voler la balle, tournoyant autour de lui dès qu'Aomine bougeait sur les côtés. Ils agirent de la sorte longtemps, marquant de chaque côté sans jamais rien lâcher. L'un comme l'autre désirait battre son adversaire, usant pour cela de leurs meilleures techniques. Aomine usait donc de ses tirs les plus improbables, faisant toujours plus s'étonner Kise qui n'avait jusqu'alors jamais vu ça.

Ce garçon était un monstre… mais au fond de lui, plus il le voyait tirer pour aller marquer un énième tir, et plus Kise ne pouvait empêcher son admiration d'augmenter pour Aomine. C'était fabuleux. Au fond de lui, Kise désirait pouvoir être un jour capable de jouer comme lui.

Enfin pour l'instant, il devait essayer de tenir l'allure et ne pas laisser une distance le séparer de lui. Ainsi bien qu'Aomine menait largement, et qu'il était pratiquement évident que Kise ne le battrait pas aujourd'hui, le blond ne lâcha rien. Il revenait toujours à la charge, parvenant de temps à autre à prendre le ballon à Aomine qui ne pouvait arrêter ce sourire qui tranchait en deux son visage ; de toute évidence le bleuté s'amusait énormément et était allégrement surpris par ce que lui proposait en ce moment même ce fichu mannequin.

Pour Aomine, le basket avait toujours été un moyen de découvrir qui une personne était réellement. Il pouvait ainsi voir que Kise était une personne entêtée qui malgré la difficulté n'abandonnait pas et donnait toujours le meilleur de lui-même. Et c'était un réel plaisir de jouer avec lui pour adversaire.

Pendant que les deux garçons jouaient au basket sans se soucier aucunement de ce qui les entourait, se concentrant uniquement sur leur jeu et celui de l'autre, un peu plus loin Wakamatsu les regardait. Après tout c'était son travail : il devait suivre Aomine Daiki peu importe là où il se rendrait. Il se trouvait donc assis sur un banc du parc qui lui permettait d'avoir un œil sur le terrain de Street Basket, assez éloigné pour qu'Aomine ne le remarque pas. Son téléphone dans la main, il voyait les heures défiler les unes après les autres sans que les garçons ne fassent une quelconque pause, même pour s'hydrater. Wakamatsu ne pouvait donc que rester assis sur ce banc qui en devenait inconfortable et sans de réelle distraction autre que les regarder jouer l'un contre l'autre.

Bon, parfois il était vrai que Wakamatsu arrêtait de surveiller Aomine pour jouer sur quelques jeux dont disposait son téléphone afin de se maintenir éveillé. Ce fut par ailleurs dans un de ces moments, alors qu'il avait le nez penché vers son mobile, qu'il aperçut un mouvement sur sa droite. Wakamatsu ne releva tout d'abord pas, puisqu'il n'était pas le seul habitant de cette ville et qu'un passant avait tout à fait le droit de venir s'asseoir sur ce banc également. Il continua donc de jouer à son jeu sans jeter un rapide coup d'œil sur le côté. Seulement, quand après quelques secondes qui lui parurent interminables il sentit un regard intéressé sur sa personne, le garde du corps décida de relever son menton et de tourner son visage sur la droite.

Son sang ne fit qu'un tour, la stupeur l'empêchant de respirer. Sa bouche s'ouvrit en grand pour pousser un cri et alerter les entourages, mais sa voix mourut à l'intérieur de sa gorge avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoique ce soit. Son corps avait bien eu un mouvement de recul, l'emmenant à l'extrémité du banc pour créer une distance de sécurité avec cet homme qui s'était assis à ses côtés, lui souriant de façon aimable tout en gardant ses yeux clos. Ce sourire aimable qui bien sûr n'en était évidemment pas un, et qui relevait bien plus d'hypocrisie que de sympathie.

« Ça faisait longtemps, Wakamatsu. Comment te portes-tu ? »

Lui qui était habituellement si bruyant et à la langue bien pendue, il était pourtant cette fois-ci pétrifié face à cette personne. Les mots lui manquaient et il gardait cette expression interdite sur son visage.

« Nos deux protégés ont l'air de bien s'entendre, c'est une bonne chose. » Poursuivit Imayoshi en se tournant vers le Street Basket où Aomine et Kise continuaient de jouer sans se rendre compte de rien.

Tout à coup, les neurones de Wakamatsu se remirent en marche et il se reprit en main. Si Imayoshi se trouvait dans les parages, ce n'était définitivement pas pour faire simplement la causette et surtout pas pour parler du bon vieux temps.

« Que fais-tu avec ce mannequin ? Interrogea-t-il avec une once futile d'autorité.

— Ne sois pas aussi froid, Wakamatsu. Tu vas me rendre triste. » Minauda le brun avant de lui sourire au nez.

Wakamatsu pesta avant de croiser ses bras contre son torse et partit regarder ailleurs. Il devrait partir, laisser là Imayoshi et ne plus poursuivre cette conversation futile. Cet homme n'amenait jamais rien de bon avec lui et il avait tant fait pour s'échapper de ses serres que ce n'était pas le moment de retomber dedans. Pourtant, une force inconnue le maintenait assis sur ce banc, comme si une personne s'était installée derrière lui et appuyait sur ses épaules pour le faire rester en place.

Mais il n'y avait personne ; seule la prestance d'Imayoshi le laissait cloué sur place.

« Je suis simplement venu pour te féliciter de ton ascension. Honnêtement, je ne t'en pensais pas capable.

— Tu es honnête maintenant ? Releva-t-il en lui jetant un coup d'œil curieux, faisant alors ricaner son homologue.

— On dira que ce sera ma bonne action de la journée. »

De nouveau, un juron traversa la barrière des lèvres de Wakamatsu. Il se refusait à songer au passé, quand il était encore sous les ordres d'Imayoshi. Ce n'était plus le cas aujourd'hui, il était un homme meilleur et n'avait pas honte de se regarder dans un miroir. Il valait mieux qu'Imayoshi.

En face d'eux, ils virent que le jeu entre les deux adolescents touchait à sa fin. Ou plutôt Kise semblait être à bout de force, puisque le mannequin s'était laissé tomber à la renverse après s'être assis par terre, reprenant tant bien que mal son souffle. A ses côtés, Aomine s'essuyait le visage avec son T-shirt, dévoilant de la sorte son torse musclé et la sueur qui en dégoulinait. Wakamatsu tout comme Imayoshi furent incapables d'entendre ce que les garçons étaient en ce moment même en train de s'échanger.

La seule chose qui fut cependant claire était le fait que bientôt, eux deux allaient devoir se quitter aussi.

A ses côtés, Wakamatsu put entendre Imayoshi soupirer d'aise tandis qu'il étirait ses bras vers le ciel qui commençait doucement à s'assombrir. Une fois ses bras revenus par-dessus ses jambes, Imayoshi tourna son visage vers son ancien acolyte tout en gardant ses yeux toujours clos. Seulement cette fois-ci, son expression était sérieuse et aucun sourire n'était étiré.

« Tu m'as demandé ce que je faisais avec Kise, mais je peux te retourner la question Wakamatsu. Et toi, que fais-tu exactement avec Aomine ? Le protéger des personnes comme moi ? »

Wakamatsu cessa de regarder Imayoshi. Il ne voulait rien entendre.

Malheureusement, c'était une chose impossible. Imayoshi continua sur sa lancée.

« Pourtant, on ne peut pas dire que l'on soit si différent l'un de l'autre. Hier encore, tu envoyais à l'hôpital les personnes qui me devaient de l'argent. »

Tout en fermant ses yeux, les sourcils froncés de Wakamatsu formèrent des rides sur son front. Il ne voulait vraiment rien entendre, ni encore se souvenir. Pris d'une force nouvelle, il fut enfin capable de se relever et instaura dès lors encore plus de distance entre lui et Imayoshi qui resta assis seul sur ce banc. Plus loin, Aomine aidait Kise à se relever. Ils allaient bientôt partir du terrain de Street Basket en prévoyant à nouveau de s'affronter dans les jours à venir.

« Et comme tu as quitté mon équipe, il y a une place vacante qui a besoin d'être remplie. »

Wakamatsu n'était pas réputé pour son intelligence, cependant l'allusion d'Imayoshi était parfaitement claire. Et cela le sidéra.

« Kise-san va me…

— Oh non. Il n'en est pas capable.

— Mais alors… »

A son tour, Imayoshi se redressa et vint se positionner de nouveau à côté de Wakamatsu qui le regardait avec intérêt, dans l'attente de ses paroles. Ce sentiment d'attente, cette importance qu'il avait à l'instant pour Wakamatsu, fit s'étirer un rictus sur le coin des lèvres d'Imayoshi.

« Kise ne te remplacera pas, mais il aura une toute autre utilité. Notre monde n'est pas que brutalité et vulgarité, nous pouvons aussi être capables d'agir en finesse et subtilité. »

L'ahurissement se dessina sur le visage de Wakamatsu qui n'en revenait pas. Imayoshi ne tarda pas à partir après avoir transmis ses paroles, disparaissant alors comme il était arrivé : silencieusement. Il laissa ainsi seul Wakamatsu qui avait seulement obtenu le quart des informations qu'il aurait souhaitées avoir. Imayoshi Shoichi avait toujours était une personne très mystérieuse, calculateur et manipulateur, et ayant toujours un coup d'avance sur quiconque se dressait face à lui. A l'inverse de Kise, Wakamatsu ne pouvait prétendre pouvoir un jour être capable de battre cet adversaire. Même en s'entraînant durement et en mettant toutes les chances de son côté, Imayoshi se trouverait toujours au-dessus de lui.

Et au fond de lui, Wakamatsu avait toujours haï cette vérité indiscutable : il était faible face à lui. Il s'était échappé de l'emprise qu'exerçait à l'époque Imayoshi sur lui, du moins Wakamatsu appréciait se l'imaginer ainsi ; bien qu'au plus profond de lui demeurait ce doute ineffaçable qui lui rappelait jour pour jour ce qu'il avait été, ce qu'il avait fait, et surtout pour qui il l'avait fait. En un simple claquement de doigts, Wakamatsu ne saurait dire sur quel pied il danserait si Imayoshi lui posait un ultimatum.