Bonsoir tout le monde, comment allez-vous ? J'ai adoré écrire la deuxième partie de ce chapitre, et vous comprendrez pourquoi en le lisant XD De plus, j'ai réussi à retrouver un rythme d'écriture qui me plaît maintenant que je me suis habituée à mes horaires de cours et ceux de mon boulot, du coup je peux écrire plus facilement et la publication des chapitres ne devraient plus trop en pâtir. Du moins, je l'espère !
Réponses aux reviews :
Arya39 : En même temps, même si imaginons Imayoshi se trouvait dans quelque chose d'honnête, ça paraîtrait tellement louche que tout le monde penserait forcément qu'il y a anguille sous roche ! xD Le rôle du méchant, ou du moins du personnage mystérieux/sombre lui correspond tout à fait. Je suis contente en tout cas que les répliques de Takao, et les réactions d'Akashi, te plaise x) Mais cela ne fait que commencer ;) Bonne lecture à toi et merci
coralicorne : Ce chapitre compensera avec le manque de AkaKuro du précédent, tu comprendras en lisant haha ;) Les choses avancent petit à petit certes, mais au moins elles ne stagnent pas ! Je te souhaite une bonne lecture et encore merci pour ton commentaire
Laura-067 : Et oui... alors que Kuroko serait capable d'accepter de nouveau ses parents malgré les horreurs qu'ils lui ont dites, de retourner à leurs côtés et mettre de côté le passé, ses propres parents ne peuvent en faire autant. Heureusement, Kuroko a pu voir à travers cette veillée funèbre que ce n'est pas non plus toute sa famille qui l'a rejeté. Mais ce ne sera pas Kagami sur qui Kuroko tombera, dommage ! Mais au moins tu auras essayé ;) De ce fait, ce ne sera pas non plus pour ça que Kuroko se sera mis à pleurer, mais pour une autre raison.
Et en effet, Takao et Kuroko se rencontreront. Même plus tôt que tu le penses ;) Pour tes dernières questions, seuls les prochains chapitres nous le dirons haha ! Je te remercie pour ton commentaire et te souhaite une bonne lecture !
Road22 : Bonjour à toi Road22 et merci infiniment pour ton commentaire qui m'a vraiment touchée ! Si tu as aimé le passage où Kuroko pleure dans les bras d'Akashi, je suis certaine que tu apprécieras l'instant réservé à ces deux-là dans ce chapitre ;) Et personne ne peut résister à un Kuroko en larmes, on voudrait le serrer à jamais dans nos bras et ne plus le lâcher. Ce genre de problèmes de famille, quand ils font leur coming out ça passe ou ça casse... et souvent ça casse. Ton histoire n'est pas la première avec ce genre d'obstacles, même si elle s'est bien terminée. Je voulais montrer un autre aperçu de l'homosexualité sur le fandom Knb, car comme tu le soulignes si bien, tous les homosexuels n'acceptent pas comme ça le fait d'être attiré par un autre homme. Et en effet, ça a été un choc pour Kuroko de rêver (ici rêve érotique) de son ami d'enfance Ogiwara... quand on y est pas préparé, qu'on se croit "normalement", il y a de quoi être perturbé par la suite. Surtout si on évolue dans un milieu qui n'accepte pas la différence.
Kagami ? Ogiwara ? Akashi peut-être même ? Tu auras la réponse à cette question très rapidement ;) Et pour le Takao ET Nijimura, c'est là où j'ai ri en lisant ta review. Tu comprendras assez rapidement le pourquoi de ma réaction, mais pour l'instant je me tais ! Encore merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture :)
Merci aussi à ptitcoeurfragile, Neeirat et Haru-carnage pour leurs commentaires !
Je vous souhaite à tous une bonne lecture et j'espère que ce chapitre vous plaira ! N'hésitez pas à commenter pour me donner votre avis ;) Des bisous !
Le Papillon
Scène 18
Il n'y a rien de tel que de partager un oreiller. Ça vous éclaircit les idées.
Parfois même ça les supprime carrément, comme ça on est tranquille.
Julio Cortázar
Dans les rues de Tokyo, Kuroko marchait lentement sans faire attention à là où ses pieds l'emmenaient, et parfois il bousculait des passants qui ne le remarquaient pas du fait de sa faible présence. Quand cela arrivait, Kuroko s'excusait de façon à peine audible ou oubliait quelques fois de le faire et contournait simplement l'obstacle pour ensuite poursuivre son chemin. Ses yeux encore plus inexpressifs que d'habitude étaient cette fois-ci complètement absents ; aucune lueur ne transparaissait derrière ses pupilles et certaines personnes auraient pu décrire son regard comme mort.
Dans son esprit, les paroles de cette personne n'avaient de cesse de défiler et de se répéter. Inlassablement.
« Je ne savais pas si je pourrais venir… »
S'il doutait, de peur de le rencontrer, de le revoir après toutes ces années, alors il n'avait qu'à ne pas venir. Kuroko avait voulu lui répondre cela, mais son cœur avait tellement souffert pendant cet échange qu'il était resté silencieux. Il criait intérieurement.
En face de lui, de cette personne qui avait réussi à le traîner dans un fast-food pour discuter confortablement, Kuroko avait cependant pris le temps de l'observer de la tête aux pieds. Après tout, des années entières les avaient séparés après qu'il ait décidé de s'en éloigner. Son ancien ami n'avait pas changé pour un sous : sa cravate mal nouée reflétait encore et toujours son côté négligé et ses cheveux châtains toujours en bataille n'avait sûrement même pas été peignés malgré les circonstances qui les avaient faits se retrouver. La seule différence notable qu'il avait remarquée se trouvait dans le regard de son homologue : la honte et la culpabilité le dévoraient.
« Tu m'as manqué, Kuroko. A cette époque… j'ai été tellement stupide… Je te demande pardon. »
Se faire pardonner ? Si seulement cela pouvait être si facile ; des excuses pour tout effacer, tout oublier, et repartir complètement sur de nouvelles bases. Malheureusement ça ne pouvait pas être réalisable. Même en s'excusant, des paroles un jour prononcées ne pouvaient être effacées malgré toutes les bonnes intentions et tous les mots d'excuses.
Arrêtez de vous foutre de moi, bande d'abrutis ! Qui c'est qui pourrait aimer un autre homme ? C'est dégoutant !
Des années étaient passées, l'eau aurait pu couler sous les ponts, seulement Kuroko en était incapable. Il ne pouvait lui pardonner.
« J'aimerai énormément que l'on reprenne contact tous les deux. Tu veux bien ? »
De nouveau Kuroko n'avait rien répondu, il continuait de boire son milkshake qui avait un arrière-goût âcre sur son palais. Il s'agissait pourtant là de sa boisson favorite, mais aujourd'hui elle ne passait vraiment pas. Il avait envie de vomir.
Cette personne qui se trouvait en face de lui, et qui lui avait tendu un papier où figurait son nouveau numéro de téléphone, Kuroko l'aurait déchiré sous ses yeux si seulement il avait été maître de son corps à cet instant.
Ogiwara n'existait plus pour lui.
Et il avait fallu que ce dernier réapparaisse durant la veille funèbre de sa grand-mère… La vie était-elle réellement une immense mascarade ? Kuroko commençait douloureusement à le croire tandis qu'il continuait d'avancer en regardant le sol défiler sous ses pieds avec lenteur. Au fond de lui, il voulait disparaître et ne plus ressentir cette douleur lancinante dans sa poitrine. Il ne parvenait même pas à extérioriser ce qu'il ressentait ; aucune larme ne s'écoulait de ses yeux secs comme le plus aride des déserts. De toute façon, il n'avait pas la force de pleurer.
Il voulait juste s'allonger quelque part, fermer les yeux, et espérer ne plus penser. Kuroko ne désirait plus voir le visage désolé d'Ogiwara, ni même la silhouette de ses parents et encore moins le cadavre de sa grand-mère.
Plus que tout, il voulait disparaître à tout jamais.
« Kuroko ? »
Le garçon releva doucement la tête, se faisant aussitôt agressé par un soleil trop lumineux pour son regard mort. Parmi les rayons du soleil qui lui brûlaient la rétine, des mèches sanguines virevoltaient grâce au vent. Pendant que sa vue se rétablissait pour lui permettre de reconnaître la personne qui se trouvait en face de lui et qui l'avait appelé, Kuroko découvrit le visage ahuri de Kagami.
Kuroko venait de le bousculer, comme les autres passants avant lui. Le rouquin s'était alors retourné pour découvrir qui venait de lui rentrer dedans, son regard s'écarquillant quand il eut reconnu son petit-ami qu'il n'avait pas vu depuis plusieurs jours, et qui paraissait encore plus morne que d'habitude.
« Bonjour, Kagami-kun… »
Puis sans un mot de plus, Kuroko le contourna comme tous les autres et se remit en route. Son attitude aurait pu énerver Kagami, seulement il n'en fut rien. Le lycéen avait compris que quelque chose n'allait pas : d'ordinaire Kuroko n'était pas aussi transparent, ni encore si distant et hors d'atteinte.
Kagami contracta dès lors sa mâchoire avant de marmonner une insulte, faisant rapidement volteface pour saisir la main de Kuroko et l'emmener à sa suite d'un pas rapide. Il força ainsi le bleuté à accélérer sa cadence, l'obligeant même à trottiner derrière lui par moment. Tout en traçant sa route sans jeter un seul regard derrière lui, Kagami se fraya un chemin à travers la foule sans faire attention au regard que pouvait attirer leur situation, resserrant même sa poigne lorsqu'il commençait à sentir que Kuroko lui échappait.
« On va chez moi. Je te laisse pas traîner seul dehors dans cet état. »
Sa voix était ferme et ne laissait pas place à la discussion. Kuroko fixa alors ses épaules, silencieux.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent tous les deux dans l'appartement de Kagami qui rangea quelques affaires à la va vite avant de proposer à Kuroko de s'asseoir. Il partit ensuite en cuisine préparer quelque chose à boire, et revint peu de temps après avec des chocolats chaud. S'asseyant par la suite en face de Kuroko, il prit en main son menton et l'examina avec la plus grande attention qui lui était permise.
Kuroko avait entouré de ses mains frêles la tasse qui lui avait été apportée, sans pour autant la soulever pour en boire des gorgées. Son regard céruléen était de nouveau perdu dans le vide, davantage inexpressif que d'habitude et cela ne plaisait vraiment pas au rouquin. Et bien que Kuroko n'ait jamais été du genre très bavard, le voir ainsi si silencieux inquiéta davantage Kagami. Il voulait le prendre dans ses bras et le rassurer, lui dire que tout irait bien tant qu'ils étaient ensembles, et qu'il serait là n'importe quand et n'importe où. Il voulait le serrer au point de lui faire mal, juste pour le faire réagir, le faire se sentir vivant, et peut-être même lui faire partager sa chaleur.
Car Kagami était amoureux de Kuroko et serait prêt à tout pour le rendre heureux, y compris à s'oublier lui-même.
« Tu devrais boire avant que ça refroidisse, ça te fera du bien. »
Kuroko acquiesça quelque peu avant de monter la tasse jusqu'à ses lèvres, y trempant ses lèvres. De nouveau, la tasse fut reposée contre la table et il ne fit plus aucun autre mouvement.
En face de lui, Kagami cherchait un moyen de le faire parler sans le brusquer ni sans se montrer trop indiscret. Les minutes défilèrent ainsi sans qu'aucun d'eux ne dise quoi que ce soit. Derrière eux, le ciel commençait à s'assombrir. Ce fut quand les premiers lampadaires vinrent s'allumer et éclairer les rues que Kuroko prit soudainement la parole :
« Je suis désolé, Kagami-kun… je ne t'ai pas donné de nouvelles ces derniers temps, s'excusa-t-il en dirigeant son regard dans le sien.
— C'est pas grave. Du moment que tu vas bien, c'est tout ce qu'il me faut.
— Oui. Merci. »
Kagami acquiesça avec insistance pour que Kuroko sache qu'il disait la vérité, prenant ensuite en sa possession sa tasse pour boire quelques gorgées. C'était froid désormais, mais tant pis.
« Ma grand-mère est morte. »
Sans plus attendre, Kagami s'étouffa avec son chocolat et toussa bruyamment. Son poing vint même frapper contre son torse afin de faire passer la gorgée qu'il avait avalé de travers, des larmes de douleurs perlant de ses yeux. Une fois qu'il fut rétabli, ses mains entourèrent les angles de sa table et il se retrouva penché vers l'avant comme pour se rapprocher des lèvres de Kuroko et s'assurer de bien entendre sa voix.
« Pardon ?! Quand ça ? S'écria-t-il.
— Il y a quelques jours… aujourd'hui c'était la veillé funèbre, mes parents étaient là. »
Kagami prit son front en main pour trier les nouvelles informations qui venaient de lui arriver si brusquement. Il marmonna différentes paroles que ne sut saisir Kuroko qui à vrai dire ne chercha même pas à le faire, regardant avec un intérêt particulier le contenu de sa tasse. Toute source de chaleur avait disparu.
« Je voulais y aller seul, mais je ne pensais pas que ça aurait été si dur, commenta Kuroko par la suite.
— Pourquoi tu ne m'as pas appelé ? J'y serais allé avec toi, révéla-t-il d'une voix qui se voulut calme mais la colère y étant néanmoins perceptible.
— Je voulais être seul. » Répéta le bleuté.
Les paroles d'Ogiwara continuaient encore de passer dans l'esprit de Kuroko. Le jeune homme redressa alors de nouveau son regard en direction de Kagami qui jurait encore dans sa barbe, énervé d'avoir été mis à l'écart dans un moment aussi tragique et si important dans la vie de son petit-ami. Il n'avait même pas été informé le jour même du décès de cette vieille femme, et venait tout juste de l'apprendre par hasard car il était tombé sur Kuroko dans la rue. Peut-être qu'il ne l'aurait jamais appris s'il n'avait pas croisé Kuroko dans la rue, et serait donc resté dans l'ignorance.
Ce sentiment d'être laissé de côté commença vraiment à lui peser sur le cœur.
« Pourquoi es-tu comme ça… »
Les propos de Kagami firent froncer les sourcils de Kuroko.
« Comment ça ? » Demanda Kuroko.
Kagami plaça ses mains dans ses cheveux, la tête penchée vers l'avant. Ses canines vinrent ensuite mordre sa lèvre inférieure pour avoir laissé échapper ça, mais il était trop tard. Des paroles étaient à nouveau dites. Les poings de Kagami se refermèrent alors sur ses cheveux, en empoignant plusieurs, avant de se secouer de droite à gauche. Ses mains vinrent par la suite s'abattre contre la table qui en vibra d'agonie.
« Pourquoi tu ne me tiens jamais au courant de rien ?! Tu sais que je m'inquiète pour toi depuis que tu es parti de chez toi ? Bordel, je suis ton petit-ami… là aussi je suis pas au courant de quelque chose ? Ça a peut-être changé sans que je le sache ? »
Au fur et à mesure qu'il parlait, Kagami s'énervait, ayant ironiquement tout à fait conscience que ce n'était pas le bon moment pour tenir une pareille conversation avec le bleuté. De toute évidence, il avait surestimé son self-control. Ainsi il ne contrôla pas tout ce qui sortait de sa bouche ; l'énervement parlant pour lui, mais il remarqua parfaitement l'expression de Kuroko qui s'assombrissait au fur et à mesure de ses paroles. Son petit-ami devenait encore plus transparent que lorsqu'il était tombé sur lui, paraissant davantage hors de portée, si loin que même lui ne saurait le rattraper malgré tous ses efforts. Et quelque part, Kagami aurait espéré le voir s'énerver, que par la colère Kuroko l'agrippe férocement, afin qu'il puisse s'excuser et demander pardon.
Malheureusement, Kuroko n'était pas comme ça. Et surtout pas aujourd'hui.
Au lieu de ça, le bleuté resta silencieux. Il acquiesça simplement avant de soupirer, un trop plein d'émotions déchirant sa gorge. Kagami le vit ensuite se relever et se pencher respectueusement vers l'avant d'une manière si détachée que cela le fit se sentir encore plus misérable. Kagami pencha dès lors sa tête vers l'avant, couvrant en grande partie son visage par ses cheveux tandis que ses poings serraient fermement son pantalon, la mâchoire contractée.
Il savait qu'il venait de dépasser les bornes.
« Merci de ton hospitalité, Kagami-kun. »
Sans rajouter quoique ce soit, Kuroko se retourna et prit le chemin de la sortie. Kagami ne chercha pas à le retenir, se sentant trop stupide et honteux pour oser bouger. Le rouquin prit alors son visage en main, s'insultant de tous les noms d'oiseaux possibles avant de se laisser tomber à la renverse et d'observer son plafond.
Bordel, Kuroko n'avait pas besoin de ça en plus.
Et lui qui restait bêtement allongé sur le sol de son appartement…
Brusquement, Kagami se redressa et se mit à courir pour rattraper Kuroko. Il fallait qu'il le retrouve et se fasse pardonner, que Kuroko veuille l'écouter ou non. Ainsi au moment où Kagami se trouva au bas de son immeuble, cherchant précipitamment autour de lui la silhouette de Kuroko, au-dessus de leurs têtes le ciel se couvrait de gros nuages sombres annonciateurs d'une forte pluie. Kagami eut ensuite beau faire le tour de son quartier et d'appeler sans cesse Kuroko, il tombait directement sur sa messagerie et ne le trouva encore moins. Il ne put que rentrer chez lui, se maudissant davantage avec la peur au ventre d'avoir tout gâché et ne pas avoir été capable d'être là pour son petit-ami traversant une mauvaise passe ; trempé jusqu'à l'os et pitoyable.
-x-x-x-
Levant son regard du livre qu'il lisait jusqu'à présent, Akashi vit les premières gouttes s'écraser contre sa fenêtre avant que le déluge ne vienne marteler la pauvre victime. Il jeta par la suite un coup d'œil à son téléphone afin de connaître l'heure et se rendre compte que cela faisait un long moment que Kuroko était parti de chez lui et qu'il n'avait pas eu de nouvelles. Quelque chose avait sûrement dû se passer, Akashi en était persuadé puisque son instinct ne l'avait jamais trompé.
La question à se poser était en réalité : devait-il oui ou non appeler Kuroko ? Après tout le jeune homme avait voulu aller seul à l'enterrement de sa grand-mère et avait refusé sa proposition de l'accompagner, ainsi que de lui appeler un taxi. Il était donc évident que Kuroko ne le voulait pas sur son dos, ou du moins ne pas se sentir davantage fixé. Akashi devait le laisser se débrouiller, et puis si jamais Kuroko avait eu le moindre problème il savait qu'il pourrait l'appeler n'importe quand.
Du moins, Akashi l'espérait.
Le réalisateur tenta alors de retourner à sa lecture, afin de finir une bonne fois pour toutes ces romans mielleux qui lui faisaient suffisamment perdre de temps comme ça, seulement il n'arrivait pas à rester concentré. Tout le ramenait en quelques secondes à Kuroko, ne cessant de s'interroger sur son état. Akashi comptait tenir la dernière volonté de la grand-mère de Kuroko ; c'est-à-dire prendre davantage soin de son petit-fils et l'aider à dépasser cette étape avec le moins de séquelle possible. Pourtant, il restait assis là, à lire un livre qui ne l'intéressait qu'à moitié alors que dehors il pleuvait et que l'obscurité grandissait de plus en plus. Et Kuroko n'était toujours pas rentré.
Akashi pesa le pour et le contre d'appeler ou non Kuroko, et n'attendit ensuite pas plus pour mettre son téléphone contre son oreille. Il désirait au moins savoir où Kuroko se trouvait. Seulement, à peine la voix mécanique de la messagerie lui arriva qu'Akashi entendit quelqu'un toquer à sa porte.
Ni une ni deux, le rouquin se retrouva déjà devant celle-ci pour la déverrouiller ; ses yeux hétérochromes s'agrandissant légèrement en faisant face à l'objet de ses réflexions mentales. Une flaque entourait les pieds de Kuroko, alimentée par les gouttes d'eau qui quittaient ses habits pour venir s'écraser contre le sol. Combien de temps avait-il attendu là, derrière sa porte, pour qu'une telle quantité d'eau s'amasse au sol ? Lorsque Kuroko leva enfin ses yeux éteints dans sa direction, Akashi comprit : la veillée funèbre ne s'était pas bien passée.
Et malgré toute son envie de découvrir comment s'était déroulée cette journée, qu'il savait chargée en émotion, Akashi ne posa aucune question. Sous les yeux céruléens de ce garçon qui lui faisait face trempé de la tête aux pieds, il y remarquait des traces rouges. De toute évidence, Kuroko avait pleuré.
« Entre. »
Akashi se décala sur le côté pour permettre à Kuroko de rentrer dans son appartement. Le jeune homme avança alors, la porte se refermant derrière lui.
« Va prendre une douche. »
Les paroles du réalisateur étaient courtes et pourraient s'assimiler à des ordres, bien que le ton de sa voix ne fût absolument pas autoritaire. Kuroko acquiesça alors simplement, se mettant par la suite en route pour rejoindre la salle d'eau sans émettre le moindre son. Ainsi pendant que le lycéen prenait sa douche, Akashi se réinstalla sur son canapé et alluma cette fois-ci la télévision qui couvrit de la sorte le silence de son salon.
Une multitude de questions lui brûlaient les lèvres, mais ce n'était pas à lui de lancer le sujet sur ce qui avait pu se passer au cours de la journée. Akashi savait qu'il devait demeurer silencieux face à la situation, mais c'était là un exercice bien difficile qui lui était imposé ; sa curiosité la plupart du temps mal placée ne jouant pas en sa faveur en ce moment.
Lorsque Kuroko sortit de la salle de bain, vêtu d'un peignoir ainsi qu'une serviette posée négligemment sur ses cheveux, le regard d'Akashi alla directement dans sa direction. Sans qu'un mot ne soit échangé, le plus jeune vint s'asseoir à son tour sur le canapé et Akashi vit les gouttes d'eau descendre des mèches bleuâtres. Ces dernières roulaient parfois sur le visage de Kuroko ou venaient directement tomber contre le peignoir sans que Kuroko n'y prête attention dans les deux cas.
« Vous voir si silencieux est perturbant, Akashi-kun, souffla Kuroko dans une vaine tentative pour alléger l'atmosphère.
— Ce n'est pas à moi de te tirer les vers du nez. »
Un sourire forcé se forma sur les lèvres de Kuroko, trop discret pour que le commun des mortels puisse toutefois l'apercevoir.
Il était enfin rentré, pourtant le flot de ses pensées ne s'arrêtait pas et aux paroles d'Ogiwara se rajoutaient dès à présent celles de Kagami. Seulement pour ce dernier, Kuroko ne pouvait que s'en vouloir. Il était l'unique responsable : pour ne pas avoir tenu au courant Kagami du décès de sa grand-mère, pour ne pas lui avoir donné de nouvelles, et surtout pour son incapacité à être un réel petit-ami et le rendre heureux. Lorsque Kuroko fermait les yeux, il revoyait nettement le visage misérable qu'avait arboré Kagami et qui avait fait se contracter douloureusement son cœur.
Il était épuisé.
Tout à coup, Akashi se mit à frémir lorsqu'il sentit un poids contre son épaule droite. Le réalisateur dut à peine tourner sa tête pour distinguer celle de Kuroko appuyée contre lui, la serviette couvrant en partie ses cheveux trempés ainsi que son visage.
« Est-ce que vous me permettez de rester comme ça un instant, s'il vous plaît ? »
La voix de Kuroko était rauque ; de toute évidence il éprouvait certaines difficultés à s'exprimer. Ne cessant de l'observer du coin de l'œil, Akashi ne dit rien mais ne contesta pas non plus. Son silence fut la seule réponse qui arriva aux oreilles de Kuroko. Il s'appuya alors davantage contre l'épaule du réalisateur, ce même homme qui à leur première rencontre s'était montré si désagréable envers lui, en le menaçant de le virer de sa chambre d'hôtel si jamais il s'aventurait à ronfler, et par diverses autres façons bien trop longues à citer les unes après les autres. Pourtant, paradoxalement, Akashi avait été là lorsqu'il pleurait, lui tendant toujours en quelque sorte sa main pour le soutenir. Comme la dernière fois où il l'avait laissé l'enlacer lorsqu'il eut appris le décès de sa grand-mère au téléphone.
Sa main droite quitta ses cuisses pour venir enserrer dans son creux la manche d'Akashi qui resta silencieux ; bien qu'il remarqua la force avec laquelle Kuroko s'agrippait à lui. Et bien que la serviette humide et le peignoir moite de Kuroko le dérangeait, Akashi ne pipa toujours pas un mot. Son regard s'était retourné vers la télévision, mais en toute honnêteté il était incapable de suivre ce qui se présentait sous ses yeux. Le corps chaud qui se collait à lui l'en empêchait.
L'instant réclamé par Kuroko se transforma rapidement en heures, les émissions se chevauchant les unes après les autres. L'épaule d'Akashi commençait à devenir engourdie, et en vue de la disparition du poids autour de sa manche droite, Kuroko avait fini par s'endormir. Du moins, il s'était assez détendu pour que sa respiration soit devenue plus régulière et calme. Le visage de ce garçon gardait toujours néanmoins cette expression douloureuse, blessée, qui intriguait énormément Akashi.
Enfin, le rouquin était bien embêté : il aimerait lui aussi pouvoir dormir et pour cela retrouver dans sa chambre. Il tenta alors de se relever sans déranger ni encore moins réveiller Kuroko, mais l'emprise que celui-ci exerçait contre sa manche se raffermit dès son premier mouvement. Des marmonnements traversèrent les lèvres tordues de Kuroko, mais trop faibles pour qu'Akashi en saisisse le sens. Obligé de rester assis sur son propre canapé, Akashi soupira longuement avant de chercher un moyen de s'extraire de l'emprise de Kuroko, mais à chacune de ses tentatives le résultat était le même ; ce garçon ne le laissait pas partir.
« Tetsuya ? » L'appela-t-il doucement.
Le garçon bougea quelque peu sans pour autant ouvrir ses yeux. Akashi pivota alors sur le côté, sans pour autant que son épaule ne dérobe à la tête de Kuroko, permettant ainsi à sa main gauche de saisir le corps du plus jeune et de l'agiter. Cette fois-ci, Kuroko entrouvrit son œil et marmonna de nouveaux des paroles décousues.
« Va dormir dans ta chambre, tu seras plus à l'aise.
— Hm… »
Kuroko se redressa enfin et permit ainsi à Akashi de bouger son épaule et faire de nouveau circuler son sang dans cette partie de son corps. Sans plus attendre, Akashi se redressa et se mit en chemin pour enfin regagner sa chambre après avoir éteint la télévision. Son mouvement se fit pourtant interrompre par sa manche qui venait de se faire de nouveau attraper par la main de Kuroko resté assis sur le canapé, sa serviette dorénavant posée contre ses épaules. Ses cheveux commençaient déjà à adopter une coiffure des plus étranges.
Mais bien qu'il venait de nouveau l'attraper, Kuroko resta silencieux et obligea ainsi Akashi à prendre la parole :
« Qu'y-a-t-il ?
— Est-ce que je peux dormir avec vous ? »
La question stupéfia Akashi qui cette fois-là écarquilla ses yeux. Au fil des jours passés en compagnie du jeune homme, le rouquin avait compris que Kuroko était une personne honnête qui souvent n'avait pas sa langue dans sa poche. Le poussant parfois à se demander s'il réfléchissait un minimum avant de parler.
Par un geste de son bras, Akashi se libéra de la main de Kuroko et se remit en marche pour rejoindre sa chambre. De nouveau, son silence devait être assez éloquent pour que Kuroko devine sa réponse. Il ne jeta aucunement un coup d'œil en arrière et ouvrit la porte qui le séparait encore de son lit, tandis que derrière lui Kuroko avait apporté son regard vers le sol et se demandait comment il allait faire pour se rendormir maintenant qu'Akashi l'avait réveillé.
« Tu peux venir, mais mets un pyjama avant. »
Kuroko redressa vivement sa tête, le regard agrandi. Il ne vit pourtant que le dos d'Akashi qui s'était entretemps arrêté, la poignée de sa porte dans le creux de sa main. Il quitta rapidement le canapé pour se précipiter dans sa chambre et troqua le peignoir trempé pour des vêtements secs, remarquant dans un coin de sa chambre la présence de Nigou qui bâilla pour être ainsi réveillé par la lumière et la précipitation de son maître. Le chiot ne tarda pourtant pas à se recoucher, reposant sa petite tête par-dessus ses pattes croisées tandis que son maître éteignait la lumière pour ensuite quitter la pièce et rejoindre la chambre d'Akashi qui ne l'avait pas attendu pour se coucher. Le rouquin lui tournait le dos et avait par ailleurs déjà éteint la lumière, laissant le soin à Kuroko de trouver par lui-même le chemin qui mènerait à son lit.
« Je peux savoir ce qui vous a fait changer d'avis, Akashi-kun ? Demanda-t-il avec intérêt alors qu'il se glissait à la place qui lui était laissée, rabattant par la suite les couvertures sur lui.
— Aucune parole n'est tolérée. Tu es venu ici pour dormir, non ? »
Un sourire se forma sur les lèvres de Kuroko, masqué cette fois par l'obscurité mais qu'aurait néanmoins put voir Akashi. Kuroko posa ensuite sa tête sur l'oreiller moelleux et observa pendant un instant la silhouette de dos du rouquin avant de fermer ses yeux.
« Merci beaucoup, Akashi-kun. »
Suite à ça, tous deux n'échangèrent plus le moindre mot. Kuroko fut par ailleurs le premier à s'endormir tandis qu'Akashi avait gardé les yeux ouverts, se demandant encore lui-même pourquoi il avait cédé. Il s'était souvenu en chemin de l'époque où il venait fraîchement de perdre sa mère, alors qu'il n'avait que huit ans, des paroles de son majordome et le souvenir de ce dernier lui lisant des histoires ou restant simplement dans sa chambre spacieuse jusqu'à s'être assuré qu'il s'était bien endormi. Le lendemain matin, Akashi n'était même pas étonné de voir cet homme endormi sur sa chaise, sa tête basculant de haut en bas par intermittence. Ces souvenirs avaient rappelés à Akashi les matins qui lui paraissaient petit à petit plus beaux, plus joyeux, grâce à ce majordome qui prenait un soin particulier à être avec lui dans cette étape.
A son tour, Akashi ferma les yeux. Morphée ne tarda à l'emmener avec lui pour un sommeil profond et reposant.
-x-x-x-
Le lendemain, ce fut Kuroko qui ouvrit le premier les yeux. Il avait été dérangé par du bruit dans la cuisine, mais en suspectant Nigou il n'avait pas réagi et s'accordait donc quelques minutes supplémentaires. Il ne savait pas quelle heure il était exactement, mais il s'en fichait. Laissant le temps à ses yeux de se réveiller sans les agresser, Kuroko observait le plafond avant de basculer son regard sur le côté où dormait encore Akashi. Un sourire amusé s'étira sur le coin de ses lèvres.
L'expression du cinéaste était détendue et il paraissait dormir profondément. Ses cheveux sanglants se trouvaient éparpillés contre son oreiller ou retombaient parfois sur son visage. Akashi paraissait presque adorable, endormi de la sorte ; si innocent et calme. C'était l'opposé de lorsqu'il ouvrait les yeux et était parfaitement réveillé : autoritaire, sa prestance pouvant clouer au sol certaines personnes non habituées, sans bien sûr oublier son regard acéré qui pouvait déstabiliser quiconque se trouverait en face de lui.
Un éclat de rire arriva jusqu'aux oreilles de Kuroko qui cette fois-ci ne put mettre cela sur le compte de Nigou. Mais si Akashi se trouvait encore dans son lit et qu'hormis Nijimura, personne d'autres n'avaient les clés de cet appartement, ce rire appartenait à qui ? Kuroko ne reconnaissait pas celui du scénariste. Il se pinça alors les lèvres en se retournant vers Akashi qui gigota dans son sommeil, sûrement dérangé par ses mouvements.
Devait-il le réveiller pour le mettre au courant de ses inquiétudes ? Mais ne serait-ce pas signer son arrêt de mort que de réveiller Akashi Seijūrō ?
Malgré lui, Kuroko gigota nerveusement.
« Arrête de bouger… »
La voix encore ensommeillée d'Akashi lui arriva aux oreilles, se retournant alors vers le réalisateur qui gardait ses yeux clos et rabattait la couverture contre son visage. Il n'était de toute évidence pas matinale.
« Mais Akashi-kun, je crois qu'il y a…
— Dis un mot de plus et je jure que ce sera ton dernier. »
Akashi pivota sur le côté et montra de nouveau son dos à Kuroko, avant qu'un nouvel éclat de rire ne monte cette fois-ci à ses oreilles. Ses yeux hétérochromes s'ouvrirent entièrement et ni une ni deux, Akashi se trouvait assis sur son lit. Il eut beau jeter un regard accusateur dans la direction de Kuroko, il savait par avance que ce ricanement ne provenait pas de sa part.
Et il avait sincèrement peur de comprendre à qui il appartenait.
Faisant voler les couvertures afin de libérer son corps, Akashi se ficha éperdument du froid qui agressa aussitôt sa peau pour marcher à grand pas jusqu'à sa porte qu'il ouvrit sans délicatesse. La vision qui se présenta dès lors à lui, lui fit décrocher sa mâchoire.
« Bonjour ! » Firent en écho Nijimura et Takao, tasse de café servi dans une main levée pour le saluer.
Encore dans le lit du réalisateur, Kuroko reconnut parmi les deux voix celle de Nijimura et lui fit ses adieux mentalement.
« Nijimura-san m'a tout dit, Sei-chan, petit cachottier !
— Heureux de l'apprendre, Kazunari. J'ai l'heureux plaisir de t'annoncer que tu as assisté aux dernières paroles de Shūzō. »
Une aura des plus menaçantes crépitait autour d'Akashi, et en toute honnêteté même Nijimura craignait lorsque son ami d'enfance arrivait à de pareilles extrêmes. Son œil doré s'enflammait d'une lueur meurtrière et il n'y avait que le pire qui pouvait leur tomber dessus. Takao s'était par ailleurs décalé de plusieurs pas afin de mettre une distance de sécurité entre l'avancée d'Akashi jusqu'à Nijimura, ce dernier qui avait par ailleurs déjà quitté sa chaise.
« Ce n'est pas ce que tu crois, Akashi. Ce pauvre gosse patientait en bas de chez toi et je me suis senti d'humeur généreuse !
— En l'invitant chez moi alors que je dors toujours, et vous servant du café sans ma permission ? Interrogea ironiquement Akashi, un sourire malsain sur son visage.
— On était en bas de chez toi… j'ai les clés… c'était plus simple que de retourner chez moi, tu ne crois pas ? »
Takao estimait énormément Nijimura pour être capable de répondre de la sorte alors qu'Akashi se révélait être sous son pire jour. Mais alors qu'Akashi et Nijimura n'étaient séparés que par quelques mètres désormais, que Takao s'interrogeait à savoir s'il devait se dépêcher de disparaître directement par la porte ou en sautant par la fenêtre, une nouvelle tête apparue au regard attentif du compositeur.
Un cri de réjouissance s'échappa alors de sa bouche et il se précipita vers Kuroko qui sortait de la chambre du rouquin. Puis, tandis que Takao avait désormais les mains d'un Kuroko décontenancé entre les siennes, un autre cri s'échappa cette fois-ci de sa bouche. C'était bel et bien la chambre d'Akashi duquel ce garçon venait de ressortir.
« Tu… tu as dormi avec Sei-chan ? S'écria Takao en se tournant brusquement vers Akashi, sans lâcher les mains de Kuroko.
— Oh ? C'est intéressant tout ça, commenta par la suite Nijimura en croisant ses bras contre son torse.
— Toi, ne la ramène plus. C'est un ordre.
— Oui, capitaine ! » Répliqua Nijimura en se penchant vers l'avant.
Les yeux d'Akashi se plissèrent devant l'affront du brun avant de se retourner vers l'autre brun à problème. Kuroko avait entretemps réussi à s'extraire de l'emprise de cet inconnu qui lui tournait autour, le regardant sous toutes les coutures comme s'il était un mystère dont il cherchait à percer les secrets.
« Ne monte pas sur tes grands chevaux, Kazunari.
— Son visage a l'air d'aller. Il ne semble pas non plus avoir reçu de coups et il tient parfaitement debout. Il ne t'a forcé en rien, hein ? Demanda Takao en rivant son regard dans celui de Kuroko qui fronça ses sourcils.
— Kazunari, articula Akashi en se faisant plus menaçant.
— Akashi-kun et moi n'avons fait que dormir ensemble. » Avoua Kuroko.
Un grand soupir sortit dès lors de la bouche de Takao qui mit ses mains au niveau de ses hanches, gigotant sa tête de droite à gauche avant de regarder Akashi qui s'était rapproché de lui.
« Quelque part je suis déçu… après avoir appris que Sei-chan avait un colocataire et qu'il se mettait à la romance, j'avais pensé que peut-être il avait enfin rencontré quelqu'un.
— Je ne suis pas gay, rappela Akashi en fusillant du regard Takao qui n'en eut vraiment que faire.
— Voyons Sei-chan, ne sois pas aussi fermé d'esprit ! Personne ne contrôle le coup de foudre. »
Fier de sa phrase, Takao agita son index sous les yeux d'Akashi tout en lui offrant par la suite un de ses plus beaux clins d'œil. Un soupir las emporta Akashi ; cet homme l'épuisait mentalement et lui ôtait toute envie de répondre quoi que ce soit, car il savait que Takao était aussi têtu qu'une mule et doté à son grand malheur d'une répartie inépuisable. Ainsi, plus Akashi tenterait de le remettre à sa place ou de lui expliquer clairement la situation, et plus Takao sortirait des âneries plus grosses les unes que les autres.
Si Nijimura pouvait souvent se montrer insupportable et épuisant, Takao était bien plus infernal.
« Je suis Takao Kazunari, enchanté ! Se présenta par la suite le brun, tout en se penchant respectueusement pour saluer Kuroko.
— Kuroko Tetsuya, enchanté, dit-il à son tour tout en renvoyant la courbette à Takao.
— Je compte sur toi pour montrer à Akashi que rien n'est figé ! »
Kuroko eut ensuite le droit au même clin d'œil qui avait été un peu plus tôt dirigé vers Akashi qui restait étrangement muet face à la situation, surprenant Kuroko. Derrière lui, Nijimura assistait à la scène avec un sourire amusé sur les lèvres.
Suite à l'échange entre le compositeur et Kuroko, Nijimura et Takao ne tardèrent pas à quitter l'appartement du rouquin. L'intervention de Kuroko leur ayant permis d'en ressortir indemne. Il ne fallait donc pas trop abuser de leur chance et surtout de la patience d'Akashi.
A leur départ, Akashi ferma à double tour tout en les injuriant dans sa barbe.
De son côté, Kuroko le regardait faire tout en restant à sa place. Il avait toujours trouvé Akashi autoritaire et insufflant le respect, mais Nijimura était arrivé et n'hésitait pas à le contredire. Et puis maintenant, il venait de rencontrer ce Takao qui de toute évidence ne semblait pas beaucoup tenir à son existence, ou en tout cas semblait ne craindre ni rien ni personne. Sa façon de parler, de bouger, reflétait une part de sa personnalité que même Kuroko qui venait à l'instant de le rencontrer put parfaitement saisir : Takao Kazunari était une personne qui vivait le moment présent, sans se prendre la tête, et réfléchissant sûrement après coup à la portée de ses paroles ou de son attitude.
Akashi avait beau être intransigeant et apporter la peur dans le regard et le comportement d'autrui, cependant il y avait toujours des personnes qui étaient capables de lui tenir face et donc assez robustes pour parcourir un bout de son chemin avec lui. Malgré son comportement et ses paroles acerbes, Akashi n'était pas seul.
Et à cette constatation, Kuroko sentit ses entrailles s'entremêler pour ensuite se tordre entre elles. C'était douloureux.
Ayant penché sa tête vers l'avant et fermé les yeux pour contenir ses larmes naissantes, Kuroko tressaillit lorsque une pression s'exerça sur le sommet de son crâne : la main d'Akashi venait de se poser par-dessus. Cette main qui par ailleurs ne tarda à descendre contre son visage pour ensuite permettre à ses doigts de se retrouver sous son menton et l'obliger à le relever, dévoilant ainsi ses yeux embrumés au regard observateur d'Akashi.
« Je vais préparer le petit-déjeuner. Pendant ce temps, réfléchis si oui ou non tu veux me parler d'hier. Et va te coiffer, tes cheveux sont une horreur. »
Les doigts d'Akashi se retirèrent de son menton, qui continua pourtant de le brûler malgré l'absence de la chaleur du rouquin qui partait en direction de sa cuisine. Il avait entretemps pris les tasses laissées par ces deux idiots, prévoyant de les nettoyer en passant.
Kuroko l'observa faire sans émettre le moindre bruit et sans bouger.
Akashi avait été là pour lui ; il l'avait laissé poser sa tête contre son épaule et même permis de dormir avec lui dans son lit. Il ne lui avait posé aucune question sur la veille et lui laissait le choix de lui en parler ou non, alors que Kuroko se doutait de la curiosité qui devait le ronger. Finalement, Kuroko s'était trompé…
Il n'était pas tout à fait seul, Akashi se trouvait avec lui sur son propre bout de chemin.
« Akashi-kun, vous devriez plutôt vous regarder dans un miroir, vos épis seraient presque mignons. »
Kuroko put ainsi être l'unique spectateur du sursaut qui prit le grand et célèbre Akashi Seijūrō, plaquant immédiatement une main sur ses cheveux sanglants tout en se tournant dans sa direction pour lui jeter un regard menaçant. Mais à vrai dire, Kuroko était déjà parti dans la salle de bain pour s'occuper de sa propre affaire et ainsi laisser seul Akashi qui jurait devant l'impertinence de toutes ces personnes qui ne semblaient plus du tout le craindre pour ainsi lui répondre.
Le monde devenait vraiment du grand n'importe quoi ; et l'aboiement que lui lança Nigou ne fit que confirmer la chose quand le chiot poussa sa gamelle par sa patte d'un air qui aurait pu être associée à de la supériorité. Un sourire tremblant se forma aussitôt sur les lèvres d'Akashi qui se retrouva à moitié penché par-dessus son lavabo, sa main droite étranglant pratiquement l'éponge s'y trouvant.
