Bonsoir tout le monde, comment allez-vous ? Merci encore une fois d'être aussi nombreux à suivre cette histoire, ça me touche énormément de savoir que le scénario vous plaise, vous ne savez pas à quel point. Je vous livre ici le chapitre 20 qui promet d'être riche en émotions, du moins je l'espère ! J'ai beaucoup apprécié l'écrire en tout cas.
Réponses aux review :
Saddye : Bonjour à toi ! Je suis contente si mon histoire te plaît et que tu apprécies les moments réservés à Akashi et Kuroko, ce serait un comble sinon non ;) Imaginons si Kuroko a plus de moment adorable avec Kagami, ou même un autre personnage ! En fait je ne vous ai pas dit mais... cette fiction n'est pas un AkaKuro mouahah ! Dans ce chapitre en tout cas, si tu fais attention, tu pourras sûrement voir le petit rapprochement entre ces deux là en tout cas.
Laura-067 : Concernant tes questions sur Kise, elles trouveront une réponse dans quelques chapitres puisqu'en ce moment Akashi et Kuroko traversent une étape importante dans leur relation. Mais Kise n'a pas fini dans voir des belles et des pas mûres, mais je laisse ça à plus tard, et laisse ton imagination faire le travail sur le sort de Kise et celui d'Aomine ! Et oui.. Akashi a voulu aider Kuroko, mais celui-ci a mal interprété son intention. Akashi est un incompris en fait haha. Mais en effet, Kuroko a été davantage remonté car en lisant le message envoyé par Akashi, il avait espéré, espéré que Kagami lui donne une réponse différente. Du coup, en quelque sorte, Kuroko a passé ses nerfs sur Akashi.
Hazel66 : Je te souhaite la bienvenue parmi nous ma très chère ! Je suis ravie que ma fiction arrive à te faire sourire malgré les passages sombres que tu as souligné. Mais Akashi peut-être très classe et sexy, même en jean voyons ;) Et qu'est-ce que serait Kise s'il ne pouvait pas embêter son petit Kurokocchi, même rien qu'un peu ? Il partirait en dépression je suis sûre haha. Imayoshi n'inspire confiance à personne, ça m'amuse beaucoup. Enfin je vous comprends toutes parfaitement, et vous avez raison de vous méfier de lui !
Road22 : Aah ça, je suis totalement d'accord avec toi ! Akashi n'aura jamais la paix avec Nijimura et Takao, même si ces derniers venaient à disparaître dans des circonstances mystérieuses, et sans l'intervention d'une certaine personne à la chevelure rouge. Mais voyons patience ! Ce moment arrivera dans quelques chapitres, lorsque Akashi et Kuroko seront... (je te laisse imaginer la suite ;) ) Ta scène de Murasakibara qui présente une fille à Akashi m'a beaucoup fait rire, merci. Mais ce ne sera pas comme ça que Murasakibara aura rencontré cette fille, et malheureusement pas comme ça qu'il la présentera à Akashi... quelle tristesse.
Lissara : Je te souhaite la bienvenue, merci beaucoup pour ton commentaire ! Tes mots me font vraiment plaisir, tu ne sais pas à quel point... surtout si en plus le AkaKuro n'était pas ta tasse de thé au départ. Que te dire à part : merci ? Aah les mots me manque. Ironique, non ? xD Pour ce qui est de ton impression par rapport à la longueur de mes chapitres, à vrai dire je n'y ai jamais fait attention. Disons que ça dépend beaucoup de mon idée du départ, et j'évite de monter jusqu'à 20 pages car après je trouve que ça fait vraiment très long... enfin là pour te dire ce chapitre 20 fait 15 pages, tu me diras si tu trouves ça court ou non :) Et ne t'en fais pas, j'emmènerai cette fic jusqu'à sa fin. Ce projet me tient tellement à cœur que pour aucune raison je ne l'abandonnerai.
Guest : Tu veux dire que tu as trouvé Murasakibara OOC dans le chapitre 19 ? Pour ma part, ça ne m'étonnerait pas de le voir réfléchir, c'est simplement qu'il a la flemme de le faire. Mais je pense que dans un contexte où il tient à une certaine chose, il pourrait se mettre à réfléchir. Kise est adorable, hein ? Et puis il a enfin l'opportunité de briller à travers une caméra, croisons les doigts pour lui lors de son audition ;) C'est vrai que Kuroko n'a pas une vie facile ces derniers temps, mais ça s'arrangera ne t'en fais pas ! Il souffre en ce moment pour mieux profiter des choses à sa portée après. Aux côtés d'Akashi, en plus.
sandou01 : L'ex d'Akashi est un OC de ma part, car le manga ne permets pas un très large choix de personnages féminins malheureusement... La relation entre Kise et Kasamatsu a l'air louche pour beaucoup d'entre vous, mais quelle en est la véritable nature ? La suite dans le prochain épisode haha ;) Pour ce qui est de la ressemblance entre Gin et Imayoshi, ce sont sûrement les yeux fermés et en quelque sorte leur personnalité que l'on pourrait peut-être assimilé sur quelques points. Mais physiquement par contre... c'est une autre affaire xD
Coralicorne : Mais non voyons, c'est pas mesquin du tout haha. Mais oui en effet, Akashi et Kuroko avancent petit à petit l'un vers l'autre, tout doucement mais sûrement. Je te remercie en tout cas et espère que tu as passé de bonne fête :)
kara : Ogiwara a pas fini de vous étonner dans cette fiction, crois-moi ;) Merci beaucoup pour ton commentaire en tout cas ! Et pour ma fiction Le Portrait, un nouveau chapitre a été publiée :)
Merci aussi à Haru-carnage et ptitcoeurfragile pour leurs commentaires, et vous qui lisez cette fiction et la mettez en favori ou encore en follow. Je vous souhaite à tous une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter ! Des bisous.
Le Papillon
Scène 20
Chaque cœur a ses chagrins secrets que le monde ne connait pas,
et souvent nous jugeons qu'un homme est froid alors qu'il est seulement triste.
Henry Wadsworth Longfellow
Akashi retira le cache-œil qui reposait contre son œil droit, cessant au même instant de lire à voix haute les lettres qui étaient accrochées au mur à quelques mètres de lui. Il se tourna ensuite vers son ophtalmologiste, qui était resté debout et notait des informations sur son calepin. Silencieusement, Akashi détailla la silhouette de cet homme en blouse blanche qui remontait de temps à autre sa paire de lunettes sur le haut de son nez. Par moment, il pouvait le voir marmonner des choses et se pincer les lèvres ; un tic que cette personne avait la fâcheuse manie d'utiliser lorsque des choses ne lui plaisaient pas.
« Cache ton œil droit maintenant. »
Faisant ce qui lui était demandé, Akashi le recouvrit et se tourna de nouveau vers cette affiche où les lettres de l'alphabet étaient inscrites en différentes tailles. Cela allait du plus grand au plus petit, si petit qu'il était parfois obligé de plisser l'œil et de se concentrer.
De son côté, le médecin du rouquin étudiait son patient avec un soin particulier. Il connaissait l'ordre des lettres par cœur et n'avait donc pas besoin d'y prêter attention pour vérifier qu'Akashi n'oubliait rien ou se trompait. Il nota donc de nouvelles informations sur son calepin alors qu'Akashi terminait l'exercice et se retourna une deuxième fois vers lui.
« Cela faisait longtemps que tu n'étais pas venu, fit constater le médecin en retournant vers son bureau puisque l'exercice avait touché à sa fin.
— Je n'avais plus mal jusqu'à aujourd'hui. Cependant, je ne comprends pas pourquoi je continue à faire ces exercices. Donne-moi simplement une ordonnance avec les médicaments qu'il me faut.
— Je dois continuer à évaluer ta vision. C'est important. »
Akashi quitta son siège pour rejoindre à son tour le bureau de son ophtalmologiste. Il tendit rapidement sa main afin de récupérer le papier qu'était en train de tamponner le médecin à lunettes, en ayant assez entendu. Une fois en sa possession, Akashi commença à se détourner de ce bureau et de cet homme, ou plutôt de la fonction qu'il revêtait en même temps que cette blouse blanche. Il n'avait jamais porté cet endroit dans son cœur ; lui rappelant des souvenirs qu'il préférerait enterrer définitivement.
« N'attends pas trois mois pour revenir, Akashi. On ne sait pas jusqu'à quand…
— Au revoir, Shintarō. »
La voix polaire d'Akashi fit rapidement déglutir l'ophtalmologiste, lui déconseillant ainsi de terminer sa phrase ou encore de renchérir quoi que ce soit. Durant sa carrière, il en avait connu des patients qui étaient à prendre avec des pincettes, qui se morfondaient sur leur sort et qui se plaignaient donc à longueur de temps, mais Akashi Seijūrō les surpassait tous. Ses yeux verdâtres se levèrent vers la silhouette de cet homme qui se dirigeait vers la porte de son bureau. Comme dit précédemment, Midorima s'occupait de divers patients aux personnalités et mentalités diverses et variées : passant de l'adolescent vulgaire et impertinent aux personnages âgées respectueuses et d'agréables compagnies. Il avait entendu des insultes, de la mauvaise foi, parfois même il recevait des menaces.
Toutefois, ce n'était pas le cas d'Akashi qui ne s'était jamais montré irrespectueux envers sa personne. Il était froid, mais il l'écoutait et faisait les exercices sans se plaindre ; du moins, lors de leurs premières séances.
« Je te vois le mois prochain. »
Des yeux hétérochromes se tournèrent dans sa direction, le dardant du regard. Midorima avait compris depuis un certain temps que le rouquin n'aimait absolument pas recevoir des directives et le voyait toujours contracter sa mâchoire pendant un lapse de temps à chaque fois qu'il se le permettait, son statut de patient l'obligeant à lui obéir sans broncher. Naturellement, Midorima n'obtint aucune réponse de la part de cet homme qui ouvrit au même instant la porte pour quitter les lieux.
L'ophtalmologiste se retrouva de nouveau seul dans son bureau, dirigeant presque immédiatement son attention sur les mots qui obscurcissaient désormais les pages de son calepin. Son esprit lui renvoya l'image d'Akashi lors de leur toute première séance, lorsqu'il lui expliquait le but des exercices et ce qu'il pourrait lui apporter dans les jours prochains. Midorima se souvint alors à quel point cet homme avait un regard vidé d'émotions, Akashi avait été là en face de lui, mais son esprit était ailleurs.
Midorima agita rapidement sa tête de droite à gauche afin de retirer ces images de son esprit, appelant par la suite sa secrétaire pour que le patient suivant prenne place dans son bureau.
De son côté, Akashi avait eu le temps de rejoindre une pharmacie et d'acheter les médicaments qu'il désirait. Il espérait ainsi faire partir cette douleur lancinante qui lui martelait le crâne. Ces tests de vision étaient complètement ridicules sachant que le résultat serait toujours le même ; sans appel. Akashi ne comprenait donc pas pourquoi Midorima insistait pour les lui faire passer.
Alors qu'il détenait désormais un sachet plastique contenant ses médicaments, Akashi s'arrêta à un feu piéton. Il profita de cet instant pour couvrir son œil gauche par sa main, fermant de la sorte ses yeux pour essayer d'ignorer ces martellements incessants. Derrière ses paupières se jouèrent différentes scènes, l'écho des voix de cette époque venant ensuite surplomber l'ambiance palpable, lui faisant étirer une expression crispée.
Des personnes qui crient, qui hurlent pour se faire entendre et parler plus fort que l'autre afin de se faire entendre et faire comprendre à son interlocuteur d'arrêter d'argumenter. Il y avait aussi ces bras qui s'agitaient dans tous les sens, battant l'air inutilement et faisant parfois tomber des objets qui s'éclataient contre le sol.
— De toute façon, je me demande si un jour tu m'as vraiment aimée !
— Je finis également par me le demander…
Autour de lui, les passants circulaient sur le passage piéton. Le feu était passé au vert, mais Akashi ne bougea pas. Il finit cependant par en prendre conscience et prit le chemin pour retourner à son appartement. Ce fut une bonne demi-heure plus tard, qu'il entra dans l'ascenseur de son immeuble. Il en ressortit quelques minutes plus tard, ces voix n'ayant de cesse de se répéter dans un coin de sa tête tandis qu'il continuait à froncer des sourcils. Il ne faisait donc pas vraiment attention à ce qui pouvait l'entourer.
Ce fut toutefois quand il commença à faire entrer sa clé dans la serrure, qu'Akashi marqua un temps d'arrêt et finit par entrouvrir ses yeux.
« Akashi-kun… »
Au même instant, Kuroko se redressa afin de se tenir droit face au réalisateur. Akashi put remarquer le regard fuyant de son colocataire, qui avait joint ses mains et faisait tournoyer l'un de ses pouces par-dessus l'autre de façon répétée. De toute évidence, Kuroko était mal à l'aise, mais il n'y prêta pas d'intérêt et termina d'ouvrir sa porte et de s'y engouffrer. Et puisqu'il ne disait rien, Kuroko finit par le suivre et entra à son tour dans l'appartement.
Sans attendre une seule seconde supplémentaire, Akashi se dirigea vers sa cuisine afin de se servir un verre d'eau pour accompagner son médicament. Son attitude intéressa grandement Kuroko qui se rapprocha de lui, les sourcils froncés.
« Vous êtes malade ? S'inquiéta le jeune homme.
— Ce sont juste des maux de tête. »
Kuroko acquiesça, soulagé.
« Que veux-tu ? »
Seulement, la question d'Akashi fit accélérer le rythme cardiaque de Kuroko. Il était évident que le rouquin allait être froid à son encontre, mais pourtant Kuroko avait espéré. Il avait songé que, peut-être, Akashi serait plus compréhensif, puisque après tout c'était lui qui avait commis une erreur en premier. A vrai dire, Kuroko se demandait si Akashi avait conscience de l'attitude qu'il avait eu, à envoyer un message à Kagami sans son autorisation, et si pour lui c'était normal d'agir de la sorte. Toutefois, le bleuté était aussi tout à fait conscient que s'il ne s'excusait pas en premier, Akashi ne risquerait sûrement pas de le faire.
Savait-il faire des excuses, d'ailleurs ?
« Je tenais à m'excuser… ma réaction était légèrement sur-exagérée.
— En effet. »
Akashi se détourna de lui pour déposer son verre désormais vide dans son évier. Son indifférence à l'encontre de ses excuses commença à décourager Kuroko, qui suivit un instant du regard les gestes du rouquin sans dire quoi que ce soit. Il n'avait plus sa place ici, n'est-ce pas ? Il avait prononcé les mots de trop, des paroles lourdes de conséquences qui avaient atteint le cœur du rouquin. Kuroko devait donc en porter la responsabilité.
« Je vais chercher mes affaires… » Annonça Kuroko tout en se dirigeant vers sa chambre, fixant avec intérêt Akashi en espérant une quelconque réaction de sa part.
Malheureusement, seul le silence lu répondit. Le rouquin ne lui accorda pas même un regard.
Kuroko cessa donc de le regarder, abaissant ainsi les yeux pour observer le sol. Il se retrouva quelques minutes plus tard dans la petite pièce où dormait encore Nigou, à l'entente des pas de son maître, le jeune chiot redressa vivement ses oreilles. Il sortit ainsi de sa couche et sautilla entre les jambes de Kuroko, sa queue battant l'air. Néanmoins, le manque de réaction de l'humain finit par faire redescendre sa bonne humeur et lui faire pencher ses oreilles sur le côté, rangeant sa langue entre ses mâchoires.
Dans la cuisine, Akashi observa l'eau et les résidus de savon s'évacuer dans son évier après qu'il ait nettoyé le verre. De nouveau, il apporta sa main au niveau de son œil gauche. Des images lui apparurent de nouveau : des valises qui reposaient dans l'entrée de son ancien appartement et cette personne qui ne lui adressait aucun regard, avant de disparaître derrière la porte, et de le laisser seul.
Un sourire amer se forma sur le coin de ses lèvres. Akashi se trouvait amusé par la situation actuelle : il était en train de se rappeler le départ de son ex petite-amie avec Kuroko. De plus, il était certain que ces derniers temps trop de souvenirs à son propos lui revenaient à l'esprit. Ce projet de film n'était vraiment pas une bonne idée…
« Akashi-kun. »
Le ton assuré de Kuroko surprit l'interpelé qui se retourna, observant dès lors l'expression concentrée qu'élaborait le plus jeune. Ses sourcils se haussèrent tandis qu'il se demandait ce que ce garçon avait encore à lui dire, pour agir de la sorte.
« Est-ce que vous vous rendez compte que j'ai réagi de la sorte à cause de vous ? C'est car vous vous êtes permis d'envoyer un message à Kagami-kun sans mon autorisation que je me suis énervé. Vous n'aviez pas à faire ça. Ce n'était pas votre rôle.
— Je voulais simplement aider, Tetsuya. »
Le bleuté agrandit largement ses yeux, se demandant un instant s'il avait bien entendu. Il fut bien incapable de renchérir, bien que sa bouche soit restée entrouverte dans l'espoir de trouver quelque chose à dire. Seulement, cela lui parut si irréel ; depuis quand Akashi aidait-il dans une relation ? Pour le coup, Akashi lui avait fermé le clapet.
Son air ahuri sembla inciter Akashi à poursuivre, puisque le réalisateur reprit la parole afin de combler le silence qui se prolongeait.
« Tu semblais dans une impasse, alors j'ai forgé un chemin pour toi. Ton petit-ami sait désormais que tu te sens coupable de ta réaction et que tu veux arrondir les angles avec lui.
— Vous étiez en train de m'aider ? Répéta alors Kuroko, incrédule.
— Quel intérêt aurais-je à briser ton couple ? »
La question d'Akashi était des reproches dont Kuroko réalisa la portée : se rappelant qu'Akashi lui avait tendu la main et l'aidait toujours dans n'importe quelle situation. Bien que ses mots étaient durs et que sa présence n'était pas celle envers laquelle on se tournerait en premier, Akashi avait été là pour le rassurer et sécher ses larmes. Au final, Kuroko cacha rapidement sa bouche par le dos de sa main. Un petit rire finit cependant par arriver jusqu'aux oreilles d'Akashi qui fronça ses sourcils.
Depuis quand ce garçon montrait-il des signes de bipolarité ?
« Pourquoi ris-tu ? Grinça-t-il en voyant Kuroko se tourner de moitié pour cacher son visage du rouquin.
— Désolé… je suis juste content.
— Content ? »
Ce garçon serait-il en réalité devenu fou ?
De son côté, Kuroko chercha à retrouver son souffle. Il essuya du bout de ses doigts une larme qui perlait de son œil gauche, les joues encore légèrement rougies de son hilarité mal contenue.
« Vous commencez à changer, Akashi-kun. Et en bien, précisa ensuite Kuroko en lui souriant de tout cœur.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, réfuta-t-il tout en quittant la cuisine pour ranger ses médicaments dans une étagère à l'entrée.
— Quand nous nous sommes rencontrés ce soir-là, sous la pluie, vous ne vouliez même pas m'acheter un parapluie à quelques yens. »
Lorsque l'attention d'Akashi se tourna vers lui, Kuroko fut incapable de retirer le sourire ravi qui couvrait ses lèvres. Il avait désormais la preuve qu'Akashi n'avait pas un mauvais fond et pouvait même se révéler quelqu'un de bien et d'attentionné, lorsqu'on arrivait à le remarquer derrière ses paroles et son attitude, froides et parfois hautaines.
« Derrière vos grands airs, vous êtes quelqu'un de bien Akashi-kun.
— Me brosser dans le sens du poil ne te fera pas rester ici plus longtemps. » Souffla-t-il froidement.
Seulement, bien qu'Akashi avait en soit un peu changé, le plus gros du travail était encore à faire. Pour l'instant, il ne s'agissait que de mirages, de petites fissures qui laissaient entrapercevoir le véritable Akashi Seijūrō. La dernière réplique du rouquin fit donc soupirer Kuroko qui agita sa tête sur les côtés pendant un instant.
« C'est en agissant comme vous venez de le faire que vous allez vous retrouver seul un jour ou l'autre, Akashi-kun. Si vous ne voulez plus que je reste, bien : je pars dès que j'aurais fini de regrouper mes affaires. »
Vexé, Kuroko n'attendit pas plus pour retourner dans la chambre. Akashi avait certes un peu changé, mais il lui restait encore beaucoup de travail personnel à produire pour cesser d'être cette personne aux facettes infects et insupportables.
Laissé pour compte dans la cuisine, Akashi pouvait par intermittence voir le dos du bleuté qui se déplaçait d'un coin à un autre de la chambre qui l'avait accueilli. Peu de personnes étaient capables de lui tenir tête et surtout de le remettre à sa place lorsque le besoin s'en faisait sentir ; car souvent on avait peur de lui, craignant plus que tout son statut élevé ainsi que sa richesse qui pouvait lui permettre bien des choses. Pourtant, comme chaque être humain, Akashi avait parfois besoin d'être secoué, afin de le faire réagir et lui dire quand il dépassait les limites.
Son fameux statut lui permettait beaucoup de choses, en effet, Akashi ne pouvait prétendre le contraire. Seulement, il lui avait aussi apporté des mauvaises habitudes lorsqu'Akashi se trouvait en société. Si tout le monde vous laisse faire et dire ce que vous souhaitez, au bout d'un certain temps il était aisé de se croire tout permis. Personne ne venait attraper son épaule pour lui dire d'arrêter. Aucun individu ne venait se dresser face à lui pour le contredire et le remettre à sa place. Et au final, Akashi avait adopté cette attitude supérieure qui, dès lors, le définissait.
Akashi baissa subitement son regard lorsqu'il vit Nigou lui tourner autour tout en portant son regard, si semblable à celui de Kuroko, dans le sien. Le chiot aboya comme pour lui transmettre un message, ses yeux ne quittant pas les siens. Akashi n'émit aucun mouvement. Il observa simplement Nigou qui appuyait désormais le sommet de son crâne contre les chevilles du rouquin afin de le pousser à faire un pas en avant. Mais au final, Kuroko avait fini de ranger ses affaires et était revenu dans le salon avant qu'Akashi n'ait eu le temps de se décider à faire quoi que ce soit d'autre que de rester dans la cuisine, sans rien faire.
« Merci pour votre accueil et votre générosité Akashi-kun. Je vous souhaite bon courage pour votre film. »
Kuroko se pencha ensuite pour passer ses mains sous le petit corps de Nigou, l'amenant contre son torse tout en se redressant au même instant. Le lycéen se détourna par la suite du réalisateur pour prendre le chemin de la sortie, son sac remplit de vêtements tapotant par intermittence contre sa cuisse. En face de la porte d'entrée, il jeta un dernier coup d'œil vers Akashi et fronça ses sourcils en croisant le regard du réalisateur. Ce dernier le regardait fixement, mais quelque chose était différent. L'étincelle dans son regard n'était pas semblable à celle de d'habitude, bien plus froide et impériale qu'en cet instant.
Pour Akashi, c'était la deuxième fois dans son existence qu'il partageait son appartement avec un autre être humain. C'était également la deuxième fois qu'il faisait partir l'autre, chargé de leurs affaires. Quelque chose à l'intérieur de lui commença à remuer, à se tordre jusqu'à en devenir douloureux. Ce petit quelque chose qui était essentiel à chaque être humain, et qui n'avait pas émis un seul mouvement ou échappé le moindre bruit depuis ce qui semblait une éternité. Son cœur qu'il avait protégé de milles et une façon après sa rupture avec son ex petite-amie, afin de ne plus être jamais blessé, et ne plus se montrer faible et vulnérable à aucun instant auprès de qui que ce soit.
Il pensait jusqu'alors avoir été capable de fermer son cœur pour le protéger des vices de l'humanité.
« Vous êtes quelqu'un de si complexe, Akashi-kun… »
Kuroko déposa son chiot contre le sol avant de faire la même chose avec son sac, Akashi put ensuite le voir se rapprocher de lui lentement.
« En cohabitant avec vous depuis plusieurs mois, vous m'avez permis par moment de découvrir le véritable Akashi Seijūrō. Pourtant, à chaque fois que j'avais l'impression de me rapprocher de vous et de faire un pas vers vous, c'est comme si vous en reculiez de deux.
— Je ne vois pas de quoi tu parles Tetsuya, le contredit-il.
— Quand ma grand-mère est décédée, vous m'avez permis de pleurer dans vos bras et de dormir à vos côtés. Même pour Kagami-kun vous avez maladroitement essayé de m'aider. Mais vos paroles ne s'accordent absolument pas avec votre attitude. C'est comme si vous me tendiez la main pour m'aider à me redresser pour me pousser par vous-même ensuite. »
Un petit rire moqueur s'échappa des lèvres d'Akashi qui s'imaginait très bien la scène. Il décida alors de quitter cette cuisine où il s'était trop attardé, partant pour rejoindre sa chambre et surtout s'éloigner de Kuroko. Malheureusement, ce dernier n'en avait pas encore fini avec lui. Ainsi Kuroko avança de nouveau pour le suivre, ne désirant pas abandonner et continuer à secouer Akashi. Il s'était souvenu de sa conversation avec Murasakibara alors qu'il s'apprêtait une bonne fois pour toute à quitter cet appartement.
Akashi craignait de se retrouver seul. Il traînait derrière lui comme chaque individu ses bagages émotionnels, rendant sûrement sa marche épuisante et malaisée. Comme si rien ne changerait jamais et resterait ainsi, morne et amer.
« Vous fuyez encore Akashi-kun, s'énerva Kuroko dont la voix s'était révélée bien plus forte qu'à l'accoutumée.
— Je ne fuis pas, j'ai simplement du travail.
— Vous vous murez toujours dans votre travail lorsque quelque chose vous dérange. Si vous avez quelque chose à me dire, dites le moi maintenant. »
Kuroko suivit chacun des pas d'Akashi les emmenant à sa chambre. Il ne comptait pas abandonner si facilement et de toute façon s'il devait définitivement partir de cet endroit, autant dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Il n'avait plus rien à perdre et n'avait jamais été du genre à garder sa langue dans sa poche de toute façon.
De son côté, Akashi faisait tout son possible pour ignorer les interventions de cet impertinent. Son visage se trouvait tordu à cause de ses sourcils froncés et sa mâchoire crispée afin de retenir toute parole qui voudrait s'en échapper. Il en avait assez entendu et désirait que cela cesse.
« Vous ne comprenez donc pas que j'essaie de vous dire que je suis de votre côté ? Je vous apprécie et vous estime beaucoup, Akashi-kun. Alors je vous aiderais et resterais à vos côtés autant que vous aurez besoin de moi. Vous n'êtes pas seul. »
En prononçant ces mots, Kuroko savait sur quel terrain il mettait les pieds. Ainsi quand il vit Akashi s'arrêter brusquement sans toutefois se retourner pour le voir, Kuroko sut qu'il venait de dépasser la ligne blanche.
Akashi rit un instant et apporta sa main qui couvrit son œil gauche. Les paroles de Kuroko l'amusèrent beaucoup. Même un peu trop. Son mal de crâne revenait à vive allure. Il se retourna ensuite et dévoila à Kuroko la fureur qui s'était propagée dans la lueur abritée par ses yeux, gage du mauvais quart d'heure que l'adolescent allait passer.
« De mon côté ? Ne me fais pas rire. Tu n'es qu'un moins que rien. Si j'ai quelque chose à te dire ? J'en aurais des tas. Mais retiens juste que si je t'ai consolé à ce moment-là, c'est simplement car tu me semblais misérable. Tu étais bruyant et tu m'empêchais de me concentrer. Tu m'aies inutile. »
Ses paroles n'étaient en aucun point mâchées et sortaient sans la moindre délicatesse, sans le moindre tact, avec pour unique but de blesser son vis-à-vis.
« Tu n'es qu'un homosexuel que sa famille a renié afin de ne pas devenir la risée du quartier. Je t'ai simplement ramassé comme l'on ramasse un chiot abandonné un jour de pluie, et qu'on finira par abandonner de nouveau. Tu n'as aucune valeur, Tetsuya. »
Akashi était tout à fait conscient d'aller trop loin dans ses propos, conscient que Kuroko ne méritait pas autant de méchanceté gratuite. Seulement, l'adolescent venait de le coincer et il n'avait pas d'autre échappatoire que de parler de la sorte. Il n'arrivait pas à se contrôler. Ainsi quand il eut enfin terminé et qu'il reprenait son souffle, l'expression de son visage restant encore figée par son énervement, Akashi se demanda quelle pourrait être la réaction à venir de son homologue. La plupart des personnes, qu'il côtoyait, courberait l'échine et s'excuserait tout en disparaissant de son champ de vision, priant pour que le rouquin ne les raye pas de la surface de la Terre.
Mais au fond de lui, Akashi espéra. Il sentit son cœur battre lentement, en attente des futures paroles de Kuroko qui l'observait avec des yeux grands ouverts.
Il se surprit même un instant à prier que Kuroko le remette à sa place, bien que son visage gardait encore cette expression colérique gravée sur ses traits.
Finalement, Kuroko abaissa son visage. Les mèches de ses cheveux le couvraient désormais et empêcha Akashi de prévoir une quelconque réaction.
« Akashi-kun… »
L'interpelé se sentit frissonner devant le ton employé par le jeune homme.
« Je suis désolé… »
Kuroko contracta son poing droit tandis que l'expression d'Akashi se détendit face aux mots utilisés. Il n'était pas déçu par l'attitude de Kuroko, ni même de Kuroko en lui-même, il était simplement triste. A son tour alors, il abaissa son visage et observa Nigou qui s'était rapproché d'eux et qui lui rendait son regard attristé.
« Mais vous venez de m'énerver au point que je dois vous frapper. »
Tout en redressant son visage marqué par une surprise d'une rareté exceptionnelle, Kuroko ne lui laissa pas le temps de se pencher sur sa déclaration que son poing vint percuter son abdomen avec force. Se logeant entre ses côtes sans le moindre ménagement.
-x-x-x-
La semaine recommençait son cycle infernal et Akashi attendait, assis sur le canapé de son salon. Kuroko était parti depuis quelques heures pour son lycée et il ne restait dans son appartement que lui et Nigou qui dormait quelque part.
Akashi entendit ensuite quelqu'un toquer à sa porte. Il ne répondit rien et laissa simplement son invité entrer par lui-même, laissant juste sa tête dépasser afin de pouvoir le distinguer à son tour. Akashi fronça des sourcils en voyant que Nijimura restait dans le couloir au lieu de rentrer directement, alors qu'il l'avait appelé précédemment pour lui demander de passer chez lui.
« Je peux savoir ce qu'il te prend ? » Finit-il par lui demander.
Après tout, Nijimura était le premier à rentrer comme il le souhaitait dans son appartement. Il en était même venu au point de se préparer lui-même un café, mais aussi à en servir à une autre personne, alors qu'il n'habitait même pas ici et n'y avait jamais dormi. Nijimura avait même fait un double de ses clés dans le secret absolu. Et maintenant, il hésitait à entrer chez lui ?
« Tu m'as demandé de venir chez toi, lui expliqua Nijimura comme si cela devait expliquer clairement la raison de son ressentiment à mettre un pied à l'intérieur.
— Et ?
— Tu m'as demandé de t'apporter quelque chose. Est-ce que c'est un piège ? Autant que je sache maintenant, tu vois, pour savoir si je ressortirai de chez toi en un seul morceau. »
Nijimura regarda ensuite autour de lui comme il le put, essayant de vérifier si rien n'avait bougé depuis son dernier passage et si aucun piège n'avait été posé à même le sol. Akashi pouvait se révéler fourbe ; comme lors de ces années qu'ils avaient passées ensemble à étudier et qui avaient permises à Nijimura de comprendre que malgré son statut et son éducation stricte, Akashi pouvait se montrer aussi enfantin que n'importe quel adolescent de son âge.
Un frisson vint titiller son épiderme lorsque certains souvenirs lui remontèrent à l'esprit. Certes, Nijimura avait toujours apprécié tirer dans les pattes de son kōhai et lui en faire voir de toutes les couleurs, mais il avait l'expérience nécessaire pour savoir quelles limites ne pas franchir. Et le fait qu'Akashi l'ait appelé un peu plus tôt pour qu'il lui achète quelque chose à sa place, donc en soit lui demander un service, semblait bien trop beau pour Nijimura.
Il devait forcément s'agir d'un piège.
Akashi avait décidé de se débarrasser de lui. Et Takao serait le prochain.
« Si tu ne veux pas entrer dans mon appartement, c'est ton choix. Donne-moi juste ce pourquoi je t'ai appelé. »
Nijimura sentit dans la voix de son ami qu'il perdait patience. Il décida donc de prendre son courage à deux mains et entra dans l'appartement du rouquin, un sachet en plastique dans sa main droite. Il le rejoignit sur le canapé et déposa le tout sur sa table basse, ses yeux ne quittant pas la silhouette du réalisateur qui se pencha vers l'avant pour récupérer l'objet désiré. Une grimace s'étendit sur son visage lorsque son ventre se contracta à son mouvement.
La douleur était toujours présente et s'il se concentrait, Akashi sentait encore le poing de Kuroko entre ses côtes. Une chose était certaine : l'adolescent cachait très bien sa force.
En voyant Akashi sortir de la poche le tube de pommade commandé, Nijimura continua d'observer son ami. N'ayant pas eu un passé des plus communs, Nijimura savait que pour utiliser ce genre de pommade, et surtout en vue des indications que lui avaient fournis le rouquin pour qu'il sache quoi acheter, Akashi avait dû recevoir un coup. Ce qu'il ne comprenait pas toutefois, c'était comment. Et par qui. Kuroko ? Il n'arrivait pas à le concevoir.
« Tu peux partir maintenant. »
Pas de merci ni de salutation, Akashi était redevenu lui-même. En soit, cela ne dérangea pas Nijimura qui étira même un rictus amusé. Puis, comme il ne bougeait pas, Akashi riva ses yeux dans les siens.
« Je peux voir les dégâts ? Tenta-t-il en déposant sa joue gauche dans le creux de sa main, amusé par la situation dorénavant.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorqua Akashi en détournant le regard.
— Oh allez, Akashi. Je sais très bien à quoi sert cette crème pour l'avoir moi-même appliqué sur mes blessures. Tu ne m'auras pas là-dessus. »
Nijimura entendit clairement Akashi jurer, le faisant davantage sourire. Il fallut quelques minutes supplémentaires pour qu'Akashi se décide enfin, tirant sur sa chemise afin qu'elle se déloge de sous son pantalon pour ensuite pouvoir être capable de la remonter. Petit à petit, des couleurs violacées apparurent sous les yeux de Nijimura qui s'agrandissaient au fur et à mesure qu'Akashi relevait sa chemise.
Ah, oui. Ce n'était pas une plaisanterie.
Le coup reçu avait laissé une immense ecchymose au-dessus du nombril d'Akashi et qui s'étendait jusqu'à ses flancs. Par endroit, la couleur de l'hématome était moins importante, mais Nijimura ne douta aucunement de la douleur que devait ressentir le rouquin.
« Tu plaisantes j'espère… c'est Kuroko qui a fait ça ? La vache… »
Tout en se rapprochant pour être certain que ce n'était pas une illusion optique quelconque, Nijimura se trouva presque nez à nez avec la blessure d'Akashi qui soupira longuement. Ce dernier aurait en effet souhaité que ce ne soit qu'une plaisanterie, puisqu'il ne serait pas forcé de rester sur son canapé à ne rien faire de son après-midi. Il n'aurait aussi aucun mal à s'endormir et pourrait enfin se reposer, car chacun de ses mouvements, le plus petits soient-ils, lui rappelait avec une force abominable le coup reçu. De ce fait, il pouvait à peine bouger, et chaque pas devenait une torture. Même pianoter sur son clavier relevait de l'effort.
« Il y est pas allé de main morte… Enfin en te connaissant, tu n'as rien laissé transparaître, hein ? Il vit toujours ici d'ailleurs ? Enfin la question qui serait là plus juste est : est-ce qu'il est encore vivant ?
— Je ne suis pas un meurtrier, Shūzō. Arrête un peu. » Ordonna le rouquin d'une voix sévère.
Akashi laissa retomber sa chemise par-dessus son torse. Cela ne sembla toutefois pas plaire à Nijimura qui sans dire quoique ce soit, se saisit des pans du vêtement pour le remettre en hauteur et garder un œil sur l'ecchymose. Son geste fit s'agrandir les yeux d'Akashi qui instinctivement tenta de se reculer, mais son dos rencontra le dossier du canapé, et il contracta sa mâchoire. Il venait de bouger trop vite.
« Shūzō, marmonna-t-il furieux.
— J'y crois pas… il a osé. Il t'a fichu une correction ! »
Tout en fronçant ses sourcils, Akashi se demanda s'il avait bien entendu les termes utilisés par le brun. Une correction ? Puis, il lui sembla entendre un pouffement, qui se révéla en être bel et bien un puisque quelques secondes plus tard, Nijimura se redressa et éclata de rire.
« Je sais pas ce que tu as pu lui dire… mais tu as vu ton ventre !? Ma parole… Je savais que c'était un piège, je vais mourir à force de rire. »
Pour sa part, Akashi ne pouvait assister qu'impuissant à ce spectacle. Nijimura se trouvait qu'à quelques centimètres de lui, mais il ne pouvait pas bouger sans avoir mal. Il ne put donc que regarder Nijimura se moquer outrageusement de lui. En fait, Akashi espérait que le brun s'étouffe et disparaisse à jamais. Il riait trop à son goût.
« Fiou… merci. Vraiment.
— Ce fut un plaisir, lança le rouquin avec sarcasme.
— Je n'aurais jamais cru ça de lui… et encore moins qu'il avait ce genre de force.
— Je ne le pensais pas non plus, reconnu à son tour Akashi dont le regard resta accroché à la pommade, se remémorant l'événement.
— Mais il va bien ? Tu le laisses encore dormir chez toi ? S'enquit par la suite Nijimura, inquiet puisqu'il savait en partie l'histoire de Kuroko.
— Il est à son lycée en ce moment. Et oui, ses affaires sont toujours là, révéla-t-il ensuite.
— Ce que je veux dire, Akashi, est-ce que tu comptes encore l'héberger après ça ? » Insista Nijimura en pointant le ventre du rouquin par son index.
Nijimura étudia avec un soin particulier le visage d'Akashi. Cette situation était toute nouvelle pour lui ; jamais ô grand jamais une personne avait été assez courageuse et téméraire pour frapper aussi violemment Akashi Seijūrō, lui-même n'en avait pas été capable. Et ce fut un adolescent de seize ans qui l'avait fait, malgré sa situation précaire.
« Je reconnais avoir dépassé les bornes, cette fois. » Précisa rapidement Akashi en voyant Nijimura écarquiller ses yeux.
En réalité, Nijimura n'allait pas renchérir une plaisanterie comme le rouquin s'y attendait. Au fond de lui, Nijimura était tout simplement choqué. C'était la première fois qu'Akashi reconnaissait ses torts, et surtout, reconnaissait avoir dépassé les bornes comme il venait si bien de le dire. Pendant leurs études communes, Akashi avait de nombreuses fois été incorrecte auprès de son entourage et avait toujours su retourner la situation en sa faveur. De ce fait, il ne s'était jamais montré responsable de quoi que ce soit. Ce n'était pas par manque de courage ou tout ce qui pourrait s'y apparenter, mais seulement qu'Akashi ne s'en sentait pas responsable.
Ainsi, avoué qu'il était responsable de la violence de Kuroko… Nijimura en resta bouche bée. Littéralement.
Toutefois, Nijimura n'était pas bête. Il était conscient que ce changement n'était pas anodin et surtout que l'évolution d'Akashi ne provenait pas que de lui-même. Quelque chose changeait, se métamorphosait, et il n'en croyait tout simplement pas ses yeux.
Kuroko était en train de changer Akashi.
« Shūzō ? » S'inquiéta le rouquin en voyant son ami autant silencieux.
Nijimura apporta sa main contre son visage, camouflant de la sorte son expression et surtout le sourire qui était en train de s'étendre sur ce dernier. Il n'arrivait pas à le croire ; et pourtant, c'était ce qui était en train de se passer. Akashi devenait plus humain, plus accessible, et surtout, il reconnaissait enfin ses erreurs. Il ne savait pas en quelles circonstances exactement Kuroko avait pu frapper Akashi, et encore moins ce que le rouquin avait pu dire au bleuté pour l'énerver de la sorte, mais quelque chose venait de changer. Doucement. De façon encore invisible, mais c'était bien là. Tout comme une graine plantée sous terre, qui à force de patience et d'entretien, de tendresse et de délicatesse, se mettra à pousser pour bientôt germer et dévoiler une fleur de toute beauté.
« Je vais y aller. »
Tout en se redressant, il fit de sorte à ce qu'Akashi ne discerne toujours pas son visage. Son ami l'arrêta cependant pour lui rendre la monnaie de son achat, mais Nijimura l'arrêta en lui révélant que ce n'était pas bien utile. Sans plus tarder, il ferma la porte derrière lui et se retrouva de nouveau dans le couloir.
En se retrouvant de nouveau à l'extérieur, Nijimura laissa tomber sa tête en arrière et observa le ciel bleu se dégager de tous nuages. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été d'aussi bonne humeur, comme si un sentiment de paix se mettait peu à peu à envahir tout son corps et le rendait si léger que bientôt, si cela continuait, il pourrait flotter dans les airs. Un petit rire lui échappa alors qu'il montait dans sa voiture.
Seulement, tandis que Nijimura se réjouissait du changement qui s'opérait à l'intérieur de son ami d'enfance et qu'Akashi s'appliquait de la pommade sur son ecchymose, Kuroko se trouvait incapable d'écouter ses cours. Son attention était dirigée vers la silhouette assise devant lui. Kagami ne lui avait pas décroché un mot de la journée, et lorsque leurs regards se furent croisés un instant le rouquin avait rapidement détourné les yeux. Leurs amis avaient remarqué la tension qui régnait entre eux deux, mais aucun n'avait osé intervenir de peur de se recevoir les foudres de Kagami.
Kuroko repensa au message envoyé par Kagami, qui répondait à celui qu'Akashi avait tapé. A cet instant, Kuroko abaissa son regard et sentit son cœur se contracter. Il avait fait du mal à Kagami et s'était montré injuste envers lui alors que son camarade et petit-ami ne voulait que son bonheur. Ils devaient parler le plus rapidement possible, afin d'éclaircir la situation. Ainsi pendant que Kuroko réfléchissait à un plan pour que Kagami veuille bien l'écouter, une boulette de papier vint s'échouer sur son bureau.
Les yeux légèrement agrandis, Kuroko regarda un instant autour de lui qui pouvait être la personne qui lui transmettait un message. Son étonnement augmenta lorsqu'il croisa le regard de Kagami qui se retourna précipitamment, comme si de rien n'était, mais dont la toux exagérée ne laissait plus place au doute. Rapidement, Kuroko déplia le petit morceau de papier où il reconnut l'écriture de son petit-ami.
— Si tu es libre ce soir, tu veux passer à l'appart ?
Ces quelques mots qui auraient pu être banal réchauffèrent le cœur de Kuroko. Un discret sourira s'étira sur le coin de ses lèvres. Son petit-ami lui offrait une chance de s'expliquer, de se faire pardonner, et Kuroko ne comptait pas laisser passer cette opportunité. Il attrapa ainsi l'un de ses stylos et commença à répondre, reformant une petite boule de papier par la suite. Il voulait tout d'abord la lancer comme Kagami l'avait fait quelques minutes auparavant, mais Kuroko se ravisa et préféra se pencher vers l'avant pour tapoter discrètement l'épaule du rouquin qui tressaillit à vue d'œil. Le bleuté n'avait jamais été très doué dans tout ce qui révélait être de l'ordre du lancer de projectile.
Kagami finit par se tourner dans sa direction, les sourcils froncés. Il remarqua ensuite le papier que lui tendait Kuroko et s'en empara de nouveau, reprenant place contre son dossier avant que le professeur ne remarque l'échange. Quelques secondes plus tard, Kuroko put voir le pouce du rouquin levé vers le plafond en signe d'approbation. Il n'en fallut pas plus ensuite pour que Kuroko désire la fin des cours, le plus rapidement possible.
Les heures lui parurent ainsi interminables, et bien que Kuroko chercha à s'occuper l'esprit en se demandant ce qu'il pourrait exactement dire à Kagami, cela ne fit pas passer le temps plus vite. Il ne parvint même qu'à augmenter son anxiété au fur et à mesure que des alternatives différentes se formaient dans son esprit. Et si Kagami ne lui pardonnait pas ? S'il le faisait venir dans son appartement pour clore leur relation et ainsi y mettre un terme ? Une boule d'angoisse se forma dans la gorge de Kuroko. Il ne voulait pas ça. Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait réellement dire à Kagami ? Que c'était Akashi qui lui avait envoyé ce fameux message afin de l'aider ? Cela risquait de le mettre davantage en colère et ce n'était pas le but recherché.
Ainsi quand la fin des cours arriva enfin, Kuroko n'entendit pas la cloche sonner. Il ne vit même pas lorsque Kagami se dressa à côté de son bureau, son sac posé par-dessus son épaule alors que Kuroko n'avait même pas encore rangé ses affaires. Quand enfin il émergea, ce fut car Kagami avait posé sa main contre son bras. Ils marchèrent ensuite côte à côte dans les couloirs de leur lycée, jusqu'à se retrouver à l'extérieur, sans s'échanger le moindre mot. Cela renforça alors la pire alternative que Kuroko s'était imaginé : la rupture.
Jamais la route jusqu'à l'appartement de Kagami ne lui avait paru aussi longue et épuisante.
