Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? J'ai été amusée en lisant vos réactions sur la dispute entre Akashi et Kuroko, et de la réaction de Kuroko. Et oui, il ne faut pas oublier qu'il ne faut pas chercher Kuroko, car une fois énervé, il peut faire mal x) Que l'on s'appelle Akashi ou non. En tout cas merci pour toutes vos review, vos ajouts en favori ou en follow. Vous êtes géniaux.

Réponses aux reviews :

Levina Ackerman : Bonjour à toi et merci beaucoup pour ta review, elle m'a fait très plaisir ! J'espère que ce chapitre te plaira comme les précédents :) bonne lecture.

Erizu-sama : Alors alors, comment commencer cette réponse... déjà sache que lorsque la review s'est affichée sur ma boîte mail, j'avais vraiment les yeux agrandis. Puis quand j'ai constaté la longueur, j'ai souri avant de me jeter à l'eau. Donc déjà, sache que la longueur ne m'a absolument pas dérangé. Ensuite, pour rentrer dans le vif du sujet, let's go :D

Ta review m'a gêné, fait rougir, rire niaisement, et m'a poussé à prendre mon visage entre mes mains tout en me disant que ce n'était pas possible que quelqu'un me dise cela. Oui, oui, tout cela dans cet ordre. Donc sache que tu m'as fait passer par tout un tas de sentiments différents, merci bien ! "Tu offres au lecteur un véritable moment de détente", ça m'a fait sourire car cette fiction n'est pas totalement rose et traite de certains sujets noirs, que j'avais peur ne plaise pas au lecteur. Du coup, savoir que ça plaît, et que même ça offre un moment de détente comme tu dis, tu peux pas savoir comment ça me fait plaisir. Alors si en plus me lire "fait du bien", my god. Merci. Juste merci.

La façon dont tu as décrite Akashi et Kuroko est tellement exacte que ça m'a fait rire xD Entre le réalisateur poursuivit par son passé, et l'adolescent qui n'arrive pas à accepter sa propre homosexualité, c'est tellement ça. Je n'aurais pas su mieux le dire moi-même, pour te dire. Enfin je t'avouerai quand tu as sorti le mot hypotypose, sur le coup j'ai eu un gros blanc, mais genre qui m'a poussé à aller voir sur Interet... (oui, honte à moi et mes études en littéraire). Pour te dire à quel point ta review m'a chamboulée, si je peux dire ça comme ça. En tout cas, savoir que tu puisses tout visualiser, ça me fait vraiment plaisir ! Après tout, n'est-ce pas ce que recherche tout auteur ?

Ah ça, le fait d'inclure tous les personnages possibles, et rendre cela toutefois crédible, c'est ma grande spécialité. J'adore faire ça. Car en réalité, quand l'histoire ne se concentre que sur les personnages principaux, souvent je m'ennuie (que ce soit dans l'écriture ou dans la lecture d'autres fictions). J'adore faire "vivre" les personnages avec d'autres, les faire évoluer au contact d'autres personnages que celui principal. Du coup comme tu le dis, chacun a bien sa propre histoire, son propre passif, qu'il y ait un réel impact sur le scénario d'origine ou pas. Pour ce qui est l'AoKise, je ne te répondrai pas mouahaha xP C'est un des mystères de cette fiction ! Pour ce qui est du MidoTakao... Takao vous réserve une surprise à l'intérieur de ce chapitre ;) Je te laisse le découvrir en même temps que les autres !

Puis comme tu l'as dit, la relation entre Kagami et Kuroko va se dégrader en effet, puisque cela se terminera en AkaKuro après tout. Seulement, quand exactement ? Et sous quelle forme? Serait-ce à l'intérieur de ce chapitre ou plus tard ? Telles sont les questions et je me tairais à ce sujet, pour pouvoir lire vos hypothèses et doucement rigoler derrière mon ordinateur (car après tout, je suis une sadique XD). Mais Kagami n'a pas tellement de self-contrôle, il commence à atteindre le point de non retour, au bord de la rupture. Donc il est pas si calme face à la situation qu'il laisse le paraître. Et pour Nijimura, c'est comme ma petite marque de fabrique xD Je peux plus me passer de ce personnage, je l'adore, et j'adore l'utiliser de diverses façons. Du coup, je me sens comme obligée de l'intégrer à chacun de mes projets, surtout si Akashi y est à la base. Nijimura est mon petit chouchou.

Ah ça, si en effet Kuroko avait frappé dès le départ Akashi... y aurait-il eu plus tard du Kuroko ? Je n'en suis pas si sûre xD Bizarrement, il aurait disparu... sans qu'on ne sache pourquoi ;) Du coup, oui, on peut dire que leur relation a évolué ! Mais je suis contente que la dispute t'aies plu, au début j'avais peur que ça soit un peu trop fort. Que les paroles d'Akashi virent OOC, et, que surtout, ça ne soit pas crédible. Mais finalement, ça c'est bien passé et j'en suis très contente !

Alala... tu me gênes de plus en plus. Vraiment. Faire ressentir toutes ces émotions... pour certaines, pour te dire, je vois même pas à quel chapitre j'ai pu te les faire ressentir. Moi l'auteur de cette fiction xD (pars se cacher quelque part). Enfin merci, en effet c'est un très beau compliment. Et je sais plus où me mettre, définitivement.

Enfin, ta review ne m'a absolument pas ennuyée, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire et à la commenter. J'espère que tu prendras ce même plaisir en lisant ma réponse, qui je me rends compte est pas mal longue elle aussi xD Donc merci, merci beaucoup à toi d'avoir cédé à la tentation et de m'avoir écrit une si belle review. A une prochaine fois !

Kara : Alors dans cette fiction, il n'y a pas d'Oreshi/Bokushi comme il ya dans le manga. Même si clairement, dans cette fiction, c'est plus Bokushi qu'Oreshi. Akashi est seul dans sa tête. Son amertume, sa personnalité, sont simplement les résultats de la vie qui l'a façonné de telle sorte qu'il est comme ça aujourd'hui. Il n'a donc pas une deuxième personnalité dans cette histoire. Pour la vision d'Akashi, le mystère planera encore quelques chapitres ;) Et j'ai refilé une fille tout à fait respectable à Akashi, voyons xD Je suis pas sadique à ce point (mensonge!) mais tout cela sera expliquer au fur et à mesure des chapitres. Mais Akashi l'a bien cherché, en traitant Kuroko d'homosexuel, surtout qu'il n'y a pas été gentiment. Du coup, Kuroko avait toutes les raisons pour le frapper... ne pas me tuez s'il vous plaît... j'ai encore de beaux chapitres à vous offrir ! ;) En tout cas merci pour ta review qui m'a beaucoup fait rire !

LemonStreet : Voici la suite tout juste sorti de mon ordinateur :D j'espère qu'elle te plaira ! Et ne t'inquiète pas, je ne compte pas l'arrêter et elle a encore de beaux jours devant elle. Et puis pour ce qui est de la formation du AkaKuro, petit à petit les choses grandiront jusqu'à ce moment fatidique que vous attendez tous :D

Laura-067 : Tu auras enfin la réponse de la relation entre Kagami et Kuroko dans ce chapitre. Vont-ils rompre? Est-ce que ce sera vraiment la fin pour eux deux ou arriveront-ils à sauver leur couple ? Je te laisserais deviner cela en lisant ce chapitre :D Et oui, Kuroko n'a pas pu retenir son poing... et puis comme tu le dis, Akashi l'avait bien cherché aussi x) Pour le mystère entre Midorima et Akashi, cela sera appronfondit au fur et à mesure, bien que des indices seront glisser de temps à autre. Je te laisserais essayer de les trouver et écouter tes hypothèses dont je raffole :D Bonne lecture à toi !

Arya39 : Tu as de la chance xD Quels invités de choix tu as chez toi, je suis presque jalouse haha ! Pauvre Kagami... tout le monde veut le voir quitter Kuroko :'( bon en même temps cette histoire est un akaKuro donc je peux comprendre. Enfin ce chapitre te répondra à propos de sa relation avec Kuroko ! Et Nijimura ne pourra jamis s'empêcher de taquiner Akashi, surtout quand celui-ci lui fournit de quoi le faire sans la moindre difficulté. C'est plus fort que lui xD Pour le problème visuel d'Akashi, tu n'es pas loin ;) Merci pour ta review et j'espère que ce chapitre te plaira !

Road22 : Ton mode ninja pour lire mon chapitre m'a beaucoup amusé, j'ai essayé de m'imaginer la scène et merci pour la tranche de rigolade que j'ai eu ! Beaucoup de personnes ont aimé la dispute entre Kuroko et Akashi, et le coup de poing de Kuroko. Donc même si ce n'est pas normal, au moins tu n'es pas la seule ;) c'est plus rassurant non ? haha. En tout cas merci pour ta review et j'espère que ce chapitre te plaira, puisqu'il y aura la discussion entre Kagami et Kuroko sur l'avenir de leur couple ! Vont-ils rompre ? :D Je te souhaite une bonne lecture !

Lissara : Les sentiments d'Akashi évoluront petit à petit, au fur et à mesure des chapitres. De même pour Kuroko. Et Kagami... bah... dommage pour lui ? xD Et oui Akashi qui s'adoucit, aah certains personnages de cette fiction ne l'aurait jamais cru !

Coralicorne : Merci beaucoup pour ton commentaire ! Même si tu ne commentes que ces points, ça me fait extrêmement plaisir :D J'espère que ce chapitre te plaira ! Bonne lecture :)

Merci aussi à Haru-carnage et ptitcoeurfragile pour leurs commentaires, ainsi qu'à vous de me lire et de m'ajouter à vos favoris ou bien à follows. Sans bien sûr oublier toutes ces personnes citées plus faut qui me commentent de si belles reviews, vous êtes géniales ! Je remercie aussi Louna Ashasou pour la correction des chapitres ; n'hésitez pas à aller faire un petit tour sur son profil, elle écrit aussi des histoires sur Kuroko no Basket.

Bonne lecture à vous, et n'hésitez pas à commenter ! Des bisous :)


Le papillon

Scène 21


La honte de rire vient de la crainte d'être surpris en état de moindre défense.

René Goscinny


Durant le trajet jusqu'à l'appartement de Kagami, Kuroko avait regardé le sol et calculait le temps qu'il restait avant le moment fatidique. Le Soleil disparaissait du ciel au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient, laissant peu à peu place à la nuit qui imposait sa fraicheur, le faisant presque frissonner si seulement son esprit n'était pas occupé par tout autre chose.

A chacun de ses pas, Kuroko sentait son cœur se refroidir et battre de plus en plus lentement.

Ainsi quand Kagami enfonça ses clés dans sa et le fit entrer en premier, Kuroko se déchaussa par automatisme sans relever un seul instant sa tête.

« Tu veux boire quelque chose ? » Lui demanda Kagami après avoir retiré ses chaussures et être entré dans sa cuisine.

Kuroko était incapable de prononcer le moindre mot, un poids invisible s'appuyait contre sa gorge au point de l'empêcher de respirer correctement. Il agita alors négativement sa tête tandis qu'il pénétrait à son tour dans le salon du petit appartement. Ses pieds l'emmenèrent par la suite jusqu'à la table du rouquin, déposant son sac contre le sol avant de s'asseoir et d'observer la nappe qui recouvrait le morceau de bois. En était-ce une nouvelle ? Kuroko ne se souvenait pas de cette couleur.

Peu de temps après, Kagami vint à sa hauteur et s'assit face à lui. Le propriétaire des lieux posa une bouteille d'eau sur la table qu'était en train de détailler avec attention Kuroko, y jetant alors à son tour son attention pour savoir ce qui pouvait bien clocher.

« Quelque chose ne va pas ? »

De nouveau, Kuroko agita négativement son visage avant de le redresser. Ses yeux s'ancrèrent ainsi dans ceux de Kagami qui avait froncé ses sourcils, dubitatif. Cependant, Kuroko ne tarda à détourner le regard et observa quelque chose d'autre. La situation était ridicule. Depuis quand était-il si lâche ? L'adolescent ne supportait pas son attitude et pourtant il ne parvenait pas à y remédier, ni même à prononcer le moindre mot. Ses poings se contractèrent en dessous de la table, hors de vue de Kagami.

De son côté, Kagami apporta sa main à ses cheveux et se gratta nerveusement le crâne. Quelques jours auparavant, son frère de cœur était venu lui rendre visite après avoir entendu parler de cette mauvaise passe dans leur relation, et était alors venu lui porter conseils autour d'un repas. Selon lui, la base d'une relation était la communication et Kagami était tout à fait conscient que c'était un point qu'ils loupaient complètement avec Kuroko. Certes, ils discutaient et profitaient des instants qui leur étaient offerts quand encore cela allait bien, mais ils ne parlaient pas des sujets importants. Ils fermaient les yeux et espéraient que cela se résout tout seul.

Malheureusement, ça ne s'était jamais produit.

De la sorte, Kagami avait pris son courage à deux mains et comptait bel et bien communiquer avec Kuroko. Il avait besoin d'éclairer la situation, et de savoir où lui-même en était.

« Je ne sais pas par quoi commencer… » Finit par avouer Kagami.

Grâce à des forces dont Kuroko ne soupçonnait jusqu'alors pas l'existence, il parvint à diriger son regard dans celui de Kagami. Il découvrit ainsi l'expression morose, éteinte ; alors que d'ordinaire Kagami était si lumineux que cela avait attiré instantanément Kuroko, et qui au fond lui avait toujours plu.

Cette perte d'intensité dont il était le seul coupable…

« Honnêtement, je ne sais plus où j'en suis… En me regardant dans le miroir le matin, je ne me reconnais pas. »

Kuroko abaissa de nouveau les yeux, les mots de Kagami lui arrivant en plein cœur. Il était la cause de cela. C'était de sa faute.

« Je comprends tes raisons pour habiter chez ce type, et je les accepte. Ce n'est pas lui qui me dérange. »

Pour montrer qu'il écoutait la conversation, Kuroko acquiesça lorsque Kagami le fixa avec intérêt. Par la suite, Kagami prit son front dans le creux de ses mains et soupira longuement. Il était évident que le rouquin cherchait ses mots, afin d'être clair et éviter de blesser son interlocuteur comme la dernière fois. Il pouvait être franc sans être blessant, sans perdre son contrôle.

« Kuroko… je sais que je suis ton premier copain, et un homme en plus… mais bordel…. J'ai l'impression que dès que je te touche, tu souffres.

— Ce n'est pas vrai, parvint finalement à murmurer le bleuté.

— Je ne suis pas aveugle. » Insista Kagami.

Dans l'esprit du rouquin, il se souvenait de cette nuit où ils avaient fait l'amour avec Kuroko et que ce dernier s'était réfugié quelques instants plus tard dans la salle de bain. Malgré les bruits de la douche, Kagami avait entendu les sanglots de Kuroko. Leur première fois laissait un goût amer au fond de sa gorge, et faisait tomber en lambeau les restes de son cœur à chaque fois qu'il se le remémorait.

« Mais je comprends la raison de ton malaise à ce propos… à ton inverse ma famille a été très compréhensive, et ça joue beaucoup. Mais je ne t'en veux pas pour ça ! Je savais dans quoi je m'embarquais quand on a démarré notre relation. »

Kuroko fronça ses sourcils en se demandant alors où voulait en venir Kagami. Si ce n'était pas Akashi le problème ni même son rejet de lui-même, Kuroko ne voyait pas ce qui semblait autant perturber Kagami.

Face à son air ahuri, Kagami fut pris par un rire nerveux. Il détourna un instant son regard pour observer sa petite bibliothèque où étaient entreposés ses magazines sur le basket. Peu de temps après, il inspira tout en reportant son attention sur Kuroko qui le regardait toujours, essayant de comprendre par lui-même.

« Dis-moi Kuroko, est-ce que tu veux continuer notre relation ?

— Pardon ? »

Le mot était sorti tout seul, sans que Kuroko n'ait eu le temps de le retenir. Ses oreilles bourdonnaient et il craignit de ne pas être capable d'entendre les prochaines paroles de Kagami, agitant alors sur les côtés sa tête avant d'ancrer de nouveau son regard dans celui du rouquin.

« Je ne comprends pas, Kagami-kun. Je ne serais pas ici si…

— Je veux juste que tu saches que je ne t'oblige à rien ! Parfois j'ai l'impression que tu te forces pour me faire plaisir…

— Ce n'est pas vrai ! »

Il était rare que Kuroko élève la voix, bien que ces derniers temps cela se soit produit plusieurs fois. Après tout, Kuroko Tetsuya était un garçon qui n'aimait pas se faire remarquer et qui était de toute façon connu pour dégager une faible présence, les autres ne le remarquant que difficilement. De la sorte, on pouvait le qualifier de personne posée qui s'exprimait toujours calmement.

Mais ce n'était pas vrai, et n'était que la partie visible de l'iceberg. Seules les personnes qui prenaient le temps de le connaître véritablement, savaient que Kuroko pouvait s'énerver facilement et n'hésitait pas à administrer des coups afin de remettre à sa place ses semblables. Kuroko n'était pas un fouteur de troubles, mais il ne fallait pas le chercher avec trop d'insistance ; comme cette fois-là avec Akashi.

« Je ne me force pas, poursuivit-il d'une voix forte et audible. Je ne me suis jamais forcé, Kagami-kun.

— Alors pourquoi dès que je te touche, tu t'isoles dans la salle de bain !? »

Une nouvelle fois, Kuroko écarquilla les yeux. Seulement, ce ne fut pas que par surprise. Kagami l'avait entendu ; sa fuite sous la douche pour se nettoyer, car il se sentait sale plus que jamais, Kagami l'avait découvert. Il le savait. Rapidement, le souffle lui manqua et Kuroko se sentit suffoquer. Ce n'était pas possible. Il ne voulait pas.

De son côté, Kagami prit son visage entre ses mains et jura contre lui-même. Il s'était juré de ne jamais se servir de cet événement contre Kuroko, mais entendre ce dernier essayer de se convaincre lui-même l'avait agacé. Un soupir lourd de sens passa ensuite la barrière de ses lèvres tandis que l'atmosphère fébrile diminuait peu à peu.

« Excuse-moi… je n'avais pas à te balancer ça comme ça.

— Non… c'est justifié. C'est moi qui n'aie pas été honnête avec toi, excuse-moi. » Finit par avouer Kuroko la tête basse.

A son tour, Kagami regarda sa nappe avec intérêt tandis qu'à son inverse ce fut le tour de Kuroko à le regarder fixement. Elle avait toujours été de cette couleur ? Pendant un instant, Kagami joua avec les extrémités puisqu'il avait besoin de s'occuper l'esprit, de détourner son attention sur autre chose que la personne qui se trouvait à quelques centimètres de lui. A l'inverse de ce que son entourage pourrait penser sur lui, Kagami n'était pas toujours ce type confiant. Comme tout le monde il avait ses moments de doutes, craignant de faire le mauvais choix et de pendre les mauvaises décisions.

Et aujourd'hui, il avait justement peur de commettre une terrible erreur.

Car il aimait Kuroko, oui, là-dessus il ne doutait pas de ses sentiments. En réalité, il doutait de lui-même. Il craignait de ne plus être capable de supporter la situation, de se perdre lui-même. Ainsi quand un matin il sembla voir un étranger dans son propre reflet, Kagami entendit la sonnette d'alarme.

« Nous sommes en train de nous blesser… C'est pour ça que je pense que nous devons faire une pause, Kuroko. Du moins, si tu veux continuer cette relation qui est la nôtre.

— Kagami-kun, je…

— Je ne te demande pas de répondre tout de suite. Mais réfléchis-y, s'il te plaît. »

Kagami ancra son regard dans celui de Kuroko, qui réalisa de ce fait tout le sérieux du rouquin. Il abaissa son visage et serra davantage ses poings contre son pantalon. Il avait envie de crier, d'insulter Kagami pour lui proposer une telle absurdité, mais Kuroko savait qu'il n'en avait pas le droit. Il ne pouvait qu'accepter, en silence.

Et il se sentit si misérable que lorsque Kagami le raccompagna à l'entrée, il ne put s'empêcher d'étirer un maigre sourire tout en lui souhaitant une bonne journée. Une vaine tentative pour essayer de dédramatiser la situation, mais qui au fond lui fit plus de mal qu'autre chose. Une fois que la porte fut fermée derrière lui, il expira tout l'air qui se trouvait dans ses poumons et descendit une à une les marches avant de se retrouver à l'extérieur.

Kuroko avait la désagréable sensation d'avoir laissé une partie de soi chez Kagami.

Malheureusement, il ne pouvait y retourner. Pas pour l'instant en tout cas. De ce fait, il se mit en chemin pour retourner à l'appartement d'Akashi et pour cela il dut passer par le parc. Le Soleil continuant de se coucher pour laisser place à la nuit, certains passants profitaient de l'air frais pour se poser quelques instants sur un banc et profiter de ce début de soirée. Le ciel s'obscurcissait à peine mais les lampadaires étaient tous déjà allumés, illuminant le chemin que suivait Kuroko, la tête basse.

Dans son esprit se rejouait la scène avec Kagami, sa voix faisant écho dans un coin de sa tête. A refouler ses tendances, à mettre de la distance entre lui et Kagami sans réellement le vouloir, simplement car il se dégoutait lui-même, Kuroko avait fini par blesser son amant. Mais pouvait-il encore caractériser Kagami de la sorte ? Etaient-ils encore ensemble bien qu'il était convenu de faire une pause ? Kuroko ne le savait pas et cela le dérangeait. Son cœur souffrait de cette incertitude. Et au lycée, comment allaient-ils faire ? Leur groupe d'amis étaient au courant de leur relation, et bien qu'ils aient vu que cela n'allait pas fort ces derniers temps, devait-il les prévenir ? Et puis comment Kagami se comportera-t-il la prochaine fois qu'ils se feront face ? Devront-ils simplement se saluer poliment comme tout Japonais lambda ?

Un long soupir traversa les lèvres de Kuroko qui enfouit ses mains dans les poches de sa veste d'uniforme.

Des rires d'enfants finirent par soudainement attirer son attention, se rappelant alors qu'une aire de jeux ne se trouvait pas loin de son emplacement. Depuis toujours Kuroko appréciait beaucoup ces petits êtres insouciants et d'une pureté sans égale, les trouvant très rapidement attachants. Il se dirigea donc tout d'abord sans se rendre compte vers cette aire où il découvrit quelques enfants qui jouaient ensemble en dévalant à toute allure les toboggans chacun leur tour.

Se rapprochant encore un peu, Kuroko ne fut bientôt qu'à quelques mètres d'eux. En apercevant leur sourire et en entendant leur rire joyeux, Kuroko ne put s'empêcher de sourire à son tour. Pendant un instant, il oublia ses soucis et ne se préoccupa que de ces enfants qui couraient d'un bout à l'autre sans se soucier de quoique ce soit d'autres que leur propre amusement. Du moins, jusqu'à ce qu'une petite ne trébuche et tombe la tête la première contre le sol. Kuroko resta interdit quelques secondes avant de se décider à la rejoindre, n'étant pas loin d'elle.

« Ça va aller ? »

Il s'agenouilla afin d'être à la hauteur de l'enfant qui s'était entretemps redressée, mais qui était restée assisse. Elle frottait un de ses yeux pour tenter d'en déloger de désagréables grains de poussière. Kuroko remarqua ensuite son genou égratigné, du sang commençait à s'en écouler. Il chercha alors rapidement un mouchoir dans sa veste pour exercer une légère pression sur la blessure.

« Ne t'en fais pas, ce n'est rien de méchant. » Lui sourit-il en voyant son expression triste.

A son tour, la petite fille lui sourit de tout cœur alors que Kuroko prenait soin à nettoyer la plaie. Elle rouvrit par la suite ses grands yeux gris où retombaient quelques mèches brunes, le remerciant de sa voix fluette qui réchauffa le cœur de Kuroko.

« Oh ! Si ce n'est pas Kuroko Tetsuya, chantonna une voix que ne reconnut d'abord pas l'intéressé.

— Papa ! »

Comme si elle n'était jamais tombée et encore moins blessée, la petite fille remonta sur ses pieds et courut pour rejoindre son géniteur. Elle fut rapidement récupérée par ce dernier qui la prit dans ses bras et la cala contre son torse, alors qu'il continuait de rejoindre Kuroko qui écarquillait ses yeux en découvrant l'identité de cet homme.

« Takao-san ? Demanda-t-il plus pour lui-même, se demandant si ce n'était pas une illusion.

— Lui-même ! »

Un large sourire s'étendit sur le visage du brun qui s'arrêta devant Kuroko, écoutant les histoires de sa fille à son propos. D'après elle, il s'agissait d'un homme fort gentil qui l'avait aidé après sa chute et en vue du mouchoir ensanglanté que tenait encore Kuroko, cela ne pouvait être que vrai.

« Merci de t'être occupé de Mari.

— De rien. »

Kuroko n'arrivait pas à le croire : la deuxième personne qui osait tenir tête à Akashi et qui semblait être un imbécile heureux était en réalité le père d'une petite fille. Au fur et à mesure de ses réflexions, Kuroko réalisa par ailleurs que Takao semblait tout aussi jeune qu'Akashi et pourtant le brun était déjà parent d'une enfant. Et bien qu'il n'ait aucun jugement à apporter là-dessus, Kuroko ne put s'empêcher de s'interroger tandis que Takao discutait avec sa fille toujours perchée contre son torse, les bras de l'adulte glissé sous ses cuisses pour la maintenir à sa place.

Peu de temps après, Mari fut de nouveau par terre et courait pour rejoindre ses amis. Les deux hommes se retrouvèrent donc seuls à observer la petite fille courir à vive allure sans même boiter, ou montrer la moindre douleur.

« Elle a l'habitude de tomber, révéla tout à coup Takao en voyant l'expression soucieuse de Kuroko.

— Je me suis dit la même chose, puisqu'elle n'a pas pleuré une seule fois. »

Takao ne put s'empêcher de rire à la réflexion du bleuté qui continuait de regarder les enfants jouer. Le compositeur continua, pour sa part, à observer du coin de l'œil cette personne qui était parvenue à cohabiter avec Akashi sans même le connaître au premier abord. Kuroko n'avait pourtant rien d'extravagant et Takao remarqua la faible présence qu'il dégageait, mais quelque chose intriguait ses sens. En faisant attention, Takao remarqua quelque chose.

Cette personne qui avait un visage inexpressif et un regard neutre, qui semblait indifférent à tout, semblait pourtant être capable de s'écrouler à n'importe quel instant. Et pourtant, Kuroko tenait encore debout par une raison inexplicable pour l'instant. Ce garçon était un mélange de faiblesse et de force qui poussa Takao à étirer un sourire discret.

« Si vous avez quelque chose à me dire, dite le. »

La voix froide de Kuroko le sortit cependant de ses réflexions, et il fit alors volte-face pour lui faire face.

« Ah non ! Pas de vouvoiement entre nous, je suis pas Sei-chan. D'ailleurs, pourquoi ne pas m'appeler Kazunari ? Proposa le brun avec un large sourire.

— Hors de question, trancha directement Kuroko.

— Takao-kun ?

— J'y réfléchirai. »

Un cri de victoire emporta l'adulte qui leva ses deux bras vers le ciel, faisant se froncer les sourcils de Kuroko. Cependant, Takao appela bien vite sa fille qui accourut dans sa direction pour le rejoindre. De nouveau dans ses bras, la jeune fille salua énergiquement Kuroko tandis que son père la plaçait correctement contre lui.

« A une prochaine fois, Kuroko Tetsuya !

— Arrêtez de m'appeler de la sorte, demanda l'intéressé.

— Alors arrête de me vouvoyer. »

Takao lui fit un clin d'œil avant de se retourner et se mettre en route pour rentrer chez eux. Kuroko se retrouva de nouveau seul tandis que la nuit finissait de s'installer, ne laissant aucun coin éclairé dans le ciel. Il se décida donc de rentrer pour de bon, avec cette fois-ci le cœur un peu plus léger.

Quelques minutes plus tard, Kuroko se retrouva dans l'ascenseur qui l'emmènerait à l'appartement d'Akashi. Il ne put s'empêcher de repenser à ce fameux moment où Akashi lui avait dit ces paroles blessantes et où il avait fini par le frapper. Sans oublier quand il avait repris ses affaires et avait entamé les premiers pas pour sortir définitivement de cet endroit, et que la main d'Akashi avait attrapé son bras pour le retenir.

J'ai dépassé les bornes. Reste.

Seulement si vous vous excusez, Akashi-kun.

Alors excuse-moi.

L'ascenseur termina son ascension et ouvrit ses portes, laissant à Kuroko le choix de rester ou alors de s'engouffrer dans le couloir qui le séparait encore de l'appartement du réalisateur.

A vrai dire, Kuroko n'aurait jamais pensé obtenir des excuses d'Akashi. Avec du recul, il avait même encore du mal à réaliser qu'il l'avait frappé. Il ne semblait pas être le genre de personne à s'excuser facilement, et pourtant ces dernières ne s'étaient pas fait attendre. Seulement, ce qui avait fait douter Kuroko pour que finalement il cède et reste dans l'appartement d'Akashi, ce ne fut pas que ses excuses. Contre son bras, il avait senti les tremblements de la main du rouquin.

Arrivant finalement devant la porte du maître des lieux, Kuroko inspira longuement afin de se changer les esprits et oublier cette main tremblotante. Il devait se faire des idées. Sa propre main se rapprocha alors de la porte et il toqua quelques coups avant de voir apparaître le rouquin.

« Tu rentres tard, signala froidement Akashi.

— J'étais chez Kagami-kun. »

Akashi leva un sourcil avant de faire machine arrière, retournant s'asseoir sur son canapé. Kuroko ferma la porte derrière lui et vint retrouver Nigou qu'il apporta contre son torse avant de s'asseoir à son tour et de visionner les informations.

« Combien de fois dois-je te dire que je ne le veux pas sur le canapé ?

— En soit, il est sur mes genoux et non sur les coussins, répondit-il du tact au tact sans regarder un seul instant son voisin.

— Jouerais-tu sur les mots avec moi ?

— Akashi-kun n'est pas en position pour me donner des ordres. »

Un soupir las traversa les lèvres de l'intéressé qui passa rapidement sa main dans ses cheveux, visiblement agacé. Il ne savait pas non plus que Kuroko était du genre rancunier.

« Je me suis excusé.

— Tant mieux pour vous. »

Sur les genoux de son maître, Nigou assistait à cette joute verbale en regardant l'un puis l'autre. Sa queue s'agitait dans tous les sens avec amusement. Mais bien rapidement, sa queue retomba et son petit spectacle personnel cessa bien trop vite à son goût.

« Que dois-je faire pour que tu me pardonnes enfin ? »

Akashi rendait les armes trop vite, et Nigou décida de bouder en déposant sa tête entre ses pattes. De son côté, bien que Kuroko commença à révéler qu'on ne pouvait l'acheter aussi facilement, il réalisa bien vite qu'il se surestimait. Ce fut alors en se retournant brusquement vers Akashi pour la première fois depuis le début de leur conversation, qu'il parla avec empressement. Akashi fut pour sa part dérouté de voir autant de joie dans le regard de son colocataire.

C'était bien la première fois qu'il accepterait aussi facilement quelque chose venant de lui.

« Des milk-shake à la vanille !

— Pardon ?

— Allons au Magi Burger et habillez-vous avec les vêtements que je vous ai fait acheter la dernière fois.

— Sûrement pas.

— Akashi-kun.

— Non.

— Je vais préparer mes affaires, conclut alors Kuroko en faisant mine de se lever.

— La porte t'est grande ouverte.

— Mauvaise foi. »

Akashi soupira de nouveau et finit par se lever. Un large sourire s'étira sur les lèvres de Kuroko, et son expression agaça bien vite Akashi qui se sentit obligé de préciser :

« Mais je reste habillé comme je suis. »

Décidant que c'était toujours mieux que rien, Kuroko se redressa à son tour et déposa Nigou par terre. Il alla tout d'abord à sa chambre afin d'aller chercher la laisse de son chiot avant de retrouver Akashi sur le seuil de son appartement, un blouson couvrant en partie son éternel costard. Kuroko prit ainsi à son tour son manteau et accrocha la laisse au collier de Nigou qui se fit une joie de sa promenade.

Une fois dehors, Akashi sortit son téléphone afin d'appeler un taxi mais il fut rapidement arrêté par Kuroko qui le lui prit des mains. Face au regard sévère qu'il se reçut, Kuroko le rendit aussitôt mais resta ferme à ce sujet.

« Allons-y à pieds, vous vous déplacez toujours en taxi. Marcher vous fera du bien.

— Je t'attendrai là-bas. »

Kuroko soupira à son tour de l'attitude du rouquin. Quel mal y avait-il à marcher ? Il ne faisait même pas froid et ce n'était même pas sûr que le taxi accepte de prendre son chiot.

« Venez. »

Afin de ne laisser aucune chance à Akashi de changer d'avis, Kuroko lui attrapa le poignet et le tira à sa suite. Il resta ainsi durant quelques pas avant qu'Akashi ne se dégage par lui-même et finisse par marcher à ses côtés, regrettant pourtant vivement son mouvement brusque en contractant sa mâchoire. Son ecchymose lui faisait encore un mal de chien et pour une fois, il aurait bien pris ce fichu taxi plus par besoin que par paresse. Chaque pas était une torture qu'il ne pouvait laisser transparaître sur son visage, restant donc le plus stoïque possible.

« Pour combien de temps en avons-nous ? Finit-il tout de même par demander à Kuroko, après quelques centaines de mètres.

— Vous habitez dans les quartiers chics et il s'agit d'un fast-food, je vous laisse donc deviner, s'amusa le bleuté.

— Il va falloir revoir rapidement ton sens de l'humour, Tetsuya. »

A cela, Kuroko ne trouva rien d'intelligent à répondre alors il préféra se taire. L'air frais s'engouffrait dans ses poumons et cela lui faisait du bien, et puis il avait besoin de se changer les idées. Alors quoi de mieux qu'un bon milk-shake à la vanille pour se requinquer ? Surtout si en plus ce dernier n'allait pas être payé de sa propre poche. Sur la route, Akashi réalisa que c'était peut-être la première fois qu'il voyait Kuroko aussi heureux, et cela l'étonna d'autant plus qu'il l'était grâce à de la nourriture.

Petit à petit, le duo s'éloigna des beaux quartiers et retrouva les businessmans qui quittaient leur travail pour rentrer au plus vite chez eux, ainsi que les jeunes qui jouaient dans les salles d'arcades, et tout un tas d'autres personnes qu'Akashi n'était pas habitué à côtoyer. En vue de la foule qui traversait la même rue qu'eux, il n'était pas rare de se faire bousculer. Seulement, lorsque vous avez une ecchymose qui recouvre la plus grande moitié de votre torse, le moindre choc est des plus affreux. De ce fait, lorsque cela lui arriva une fois, Akashi imagina la mort de cet être insignifiant qui mériterait mieux d'aller croupir en Enfer que de rester sur le même trottoir que lui.

L'individu en question sembla comprendre son erreur puisqu'il disparut presque instantanément, et l'attitude d'Akashi dut être aperçue par les autres citoyens puisque bientôt il put circuler librement. Ce fut donc avec un sourire satisfait envers sa prestance qu'Akashi fit attention à ne pas perdre de vue Kuroko qui avançait sans se soucier de lui.

Fort heureusement, l'enseigne du Magi Burger ne tarda pas plus à apparaître et Akashi en soupira pratiquement de joie. Lorsqu'il entra dans l'établissement dont l'odeur d'huile lui agressa rapidement les narines, Kuroko faisait déjà gentiment la queue dans la file et lui fit signe de le rejoindre après l'avoir remarqué. Nigou avait été au préalable attaché dehors, puisqu'il ne pouvait entrer dans ce genre d'endroit.

Lorsque ce fut à leur tour de commander, Kuroko ne lui laissa pas le temps de commander pour lui et put ainsi dire à la femme qui leur faisait face le nombre de milk-shake qu'il comptait boire. Le chiffre fit agrandir les yeux d'Akashi, se tournant vers ce garçon qui semblait être aux anges en cet instant précis. Quelques minutes plus tard, deux plateaux remplis de milk-shake apparurent sous leurs yeux, émerveillé pour l'un et interloqué pour le deuxième.

La femme annonça un prix que n'entendit même pas Akashi, et ce fut par le coup de coude de Kuroko contre son bras qu'Akashi remit les pieds sur Terre. Machinalement il tendit sa carte et tapa le code sans même regardé les touches, son regard étant obnubilé par tout ce qu'allait ingurgiter Kuroko sous peu.

Kuroko partit ensuite s'installer à une table, portant un plateau tandis qu'Akashi dut s'occuper de l'autre.

« Tu comptes vraiment tout boire ? Interrogea-t-il même s'il se doutait parfaitement de la réponse.

— Je peux en partager un avec vous. »

Un seul ? Un sourire amusé s'étira sur le coin de ses lèvres quand il jeta un coup d'œil sur les deux plateaux entreposés entre eux deux. Akashi appuya ensuite son visage dans le creux de sa main et regarda Kuroko boire un à un sa boisson favorite sans émettre le moindre son.

« Vous ne voulez rien prendre ? Je trouverais ça amusant de voir Akashi-kun manger un hamburger, commenta par la suite Kuroko.

— J'ai été au lycée moi aussi. Nous y allions souvent avec Shūzō.

— Alors pourquoi vous n'avez rien pris ? Vous n'avez pas mangé non plus.

— Car tu es en train de manger ? Se moqua alors Akashi.

— Les pouvoirs du milk-shake restent insoupçonnés. »

Kuroko venait de prononcer ces mots avec une telle conviction qu'Akashi aurait pu le croire, si seulement cette situation ne lui semblait pas totalement loufoque. Ce garçon aimait donc à ce point cette boisson sucrée. Toutefois, Akashi révéla qu'il n'avait pas très faim ce soir et préférait donc ne rien prendre. Kuroko haussa simplement les épaules avant de déplacer d'un des deux plateaux l'un de ses milk-shakes pour ensuite le placer devant le rouquin.

« Ce n'est pas bon de jeûner. Buvez au moins quelque chose de consistant, insista le plus jeune.

— Puisque je te dis que…

— Il faut que vous appreniez à accepter ce que l'on vous offre, Akashi-kun. En refusant un cadeau, vous pouvez blesser la personne qui vous l'offre. »

Tout en regardant d'un œil nouveau la boisson qui se situait sous son nez, Akashi finit par rendre les armes. Ses doigts entourèrent alors le gobelet qu'il apporta quelques secondes plus tard à ses lèvres, goutant cette saveur qu'il lui était jusqu'alors inconnue. Une grimace vint par la suite tordre ses traits alors qu'il reposait le milk-shake contre la table. C'était vraiment trop sucré.

De son côté, Kuroko continua de vider petit à petit chaque plateau tout en restant aux anges. Il confia à un moment donné avoir croisé Takao au parc et y avoir rencontré sa fille, et en constatant qu'Akashi ne démontrait aucune surprise suite à cette nouvelle, Kuroko comprit que le rouquin était au courant.

« Malgré les apparences, Kazunari est un père responsable. Du peu que j'ai vu, il prend grand soin de son enfant, commenta alors Akashi.

— Mari-san n'a pas de mère ? » Interrogea dès lors Kuroko.

La façon dont Akashi parlait de Takao laissait en effet penser que le brun s'occupait seul de l'éducation de sa fille. Un tas de questions envahissait l'esprit de Kuroko qui ne savait pas sur quel pied danser, jouant machinalement avec sa paille le temps de sa réflexion.

« Je ne connais pas les détails. Pose-lui la question la prochaine fois. »

Kuroko acquiesça bien qu'il serait incapable de faire une telle chose. Après tout, cette histoire ne le concernait pas et il connaissait tout juste Takao pour lui poser une question aussi intime. Peut-être était-il simplement séparé de cette femme et qu'il avait la garde de sa fille de temps à autre. Le jeune lycéen retourna donc siroter sa boisson sans ajouter quoique ce soit, le regard perdu dans le vague.

Akashi quant à lui continua d'analyser la personne en face de lui. Les questions qui tournoyaient dans son esprit étaient les mêmes que lors de l'arrivée tardive de Kuroko à son appartement. Il voulait lui demander si tout c'était bien arrangé avec Kagami, et s'ils avaient pu s'expliquer et mettre les choses au clair. Seulement, comme Kuroko ne semblait pas enclin à aborder le sujet et qu'il venait de combler le silence avec la fille de Takao un peu plus tôt, c'était bien que le sujet le mettait mal à l'aise ? Akashi n'était pas si aveugle que ça.

Et puis le fait de sortir subitement, comme pour se changer les idées, renforçait l'intuition du réalisateur.

« Reo m'a appelé cette après-midi, souffla-t-il afin de combler le silence qui semblait déranger Kuroko.

— Oh ? Que voulait-il ? Rebondit rapidement le bleuté, ravi d'avoir un nouveau sujet de conversation à aborder.

— Il compte participer à un concours réservé aux scénaristes en herbe et s'il le remporte, il pourra commencer à se faire un nom.

— Nijimura-san est aussi passé par là avant de devenir célèbre ?

— Shūzō ne sera jamais un exemple. Il a une chance inexplicable et le culot nécessaire pour percer dans n'importe quoi. »

Intrigué par les paroles marmonnées d'Akashi, Kuroko voulut découvrir l'histoire qui entourait le succès de Nijimura Shūzō. Akashi lui raconta alors qu'avant qu'il ne devienne lui-même réalisateur, quand ce n'était qu'une idée folle, Nijimura l'avait vivement encouragé en lui avouant que le milieu pourrait être très intéressant et qu'il pourrait apprendre tant de choses, même sur lui-même.

Suite à ça, le brun lui avait confié qu'il se mettrait peut-être lui aussi à écrire quelques histoires.

« Il m'avait dit ça avec son sourire du 'pourquoi je tenterai pas moi aussi ? Comme ça on découvrira qui est le meilleur de nous deux'…

— Nijimura-san a toujours aimé vous provoquer, commenta Kuroko avec amusement.

— Si seulement ce n'était que ça. » Soupira Akashi.

Quelques semaines après, tandis qu'Akashi avait soulevé l'idée de devenir réalisateur à son père et que ce dernier s'était braqué, Nijimura était un jour venu à lui avec une multitude de feuilles noircies d'encre. Akashi avait alors entre ses mains le tout premier scénario écrit par la plume de Nijimura Shūzō. Et malgré quelques maladresses, d'idées bancales, l'ensemble était relativement bonne. Akashi avait ressenti l'envie d'en découvrir plus, d'en voir davantage.

« Tokyo organise beaucoup de concours pour jeune talent, comme celui que tente aujourd'hui Reo. Mais Shūzō n'a même pas eu besoin de passer par-là pour se faire connaître. Même moi je n'ai pas son habilité. »

Pendant un instant, les yeux de Kuroko s'étaient agrandis avant de redevenir ceux que tout le monde connaissait. Akashi donnait l'impression de pouvoir tout faire, et surtout d'être capable de tout faire en temps et en heure. Sans la moindre faute. Alors pour le coup, Kuroko se demanda comment avait pu faire Nijimura pour réaliser un tel exploit, et faire dire ces mots de la bouche d'Akashi.

« Ce jour-là, nous mangions tous les deux dans ce fast-food et il me faisait lire l'apogée de son travail. Il avait travaillé nuit et jour dessus et portait donc d'énormes espoir en ce projet.

— Et alors ? S'intéressa vivement Kuroko.

— Un employé de cet établissement à force d'entendre les vantardises de Nijimura a fini par se joindre à notre conversation. Il connaissait un producteur qui pourrait être intéressé par son script.

— Nijimura-san a donc pris rendez-vous avec ce producteur ? Demanda ensuite Kuroko avant de voir Akashi sourire.

— Il faut savoir que lorsque Shūzō est intéressé par quelque chose, rien ne bouchera son chemin. Son culot le perdra mais pour l'instant ça lui réussit, donc je ne dirais rien. »

Akashi poursuivit son histoire en révélant à Kuroko que suite à l'aveu de cet employé, Nijimura avait sauté sur ses pieds et avait demandé le téléphone de cet homme. Sans se poser trente-six mille questions, Nijimura se retrouvait à discuter lui-même avec ce fameux producteur qui ne comprenait pas réellement ce qui était en train de se passer. Akashi se souvenait parfaitement de l'expression paniquée de l'employé qui s'était fait prendre son téléphone en deux trois mouvements, et qui agitait inutilement ses bras dans tous les sens tandis que Nijimura lui tournait le dos et discutait tranquillement avec le producteur.

Quelques jours plus tard, Nijimura rencontrait en face à face l'homme qu'il avait eu au téléphone et la réponse ne s'était pas fait attendre. Le scénario d'un étudiant fraîchement sorti de l'université allait être adapté en téléfilm.

« Je ne lui dirais jamais, mais ce jour-là Shūzō m'a appris une chose très importante. Lorsque nous désirons vraiment quelque chose, il ne faut pas hésiter. Les questions viendront après ou l'opportunité pourrait s'envoler aussi rapidement qu'elle est venue.

— C'est en partie pourquoi vous êtes devenu réalisateur ? Pour ne pas perdre contre Nijimura-san ?

— Si l'on veut. C'est beaucoup plus complexe. »

Akashi vit Kuroko froncer les sourcils, ouvrant sa bouche sûrement pour demander des explications mais il ne lui en laissant pas le temps. Rapidement, Akashi reprit la parole pour ne pas laisser le temps au bleuté d'en placer une.

« En tout cas, si Reo parvient à remporter le premier prix je lui ai promis une récompense.

— Ce ne serait pas la carotte qui fait avancer l'âne ? »

Un large sourire se dessina sur les lèvres d'Akashi dont les yeux s'illuminèrent d'une lueur joueuse. Kuroko fut tout d'abord impressionné par ce qui venait de se dévoiler sous son nez : Akashi encourageait Mibuchi et le motivait à donner le meilleur de lui-même en lui promettant une récompense s'il terminait premier. Nul doute que pour lui, Akashi savait déjà derechef qui serait le gagnant de cette compétition, sans même connaître les autres participants. Ses yeux avaient dû voir le potentiel et le talent encore ensommeillé de Mibuchi. Il tentait de le faire s'éveiller par cette récompense, poussant Mibuchi dans ses retranchements pour qu'il découvre par lui-même ses réelles capacités.

Akashi était en réalité très attentif à ce qui l'entourait.

« De quelle récompense s'agit-il ? S'intéressa ensuite Kuroko.

— Ma famille a en sa possession une source thermale privée. J'ai pensé récompenser son dur labeur avec un instant détente.

— C'est une très bonne idée, affirma Kuroko.

— Es-tu déjà allé dans un Onsen, Tetsuya ?

— Jamais. Ma famille n'en a pas les moyens.

— Dans ce cas, je te ferais découvrir. Selon le résultat de Reo, tu nous accompagneras. »

Kuroko manqua de s'étouffer avec sa boisson. Ce qui serait ironique sachant qu'il s'agissait de son dernier milk-shake.

« Mais n'est-ce pas une récompense pour Mibuchi-san ? Me voir ne l'enchantera sûrement pas.

— Il n'aura pas son mot à dire.

— Mais Akashi-kun… » Tenta d'insister Kuroko avant de recevoir un regard sévère du rouquin.

En voyant son dernier milk-shake vide, Akashi se redressa afin de quitter les lieux et rentrer chez lui. Après avoir débarrassé leur table et avoir rejoint Nigou à l'extérieur, Kuroko fut cette fois-ci d'accord pour qu'Akashi appelle un taxi pour rentrer plus vite et sans effort ; car il avait bu un peu trop et que son estomac se retrouvait un peu trop rempli, bien que ce fut pour la bonne cause.

A l'intérieur du véhicule qui les ramena chez eux, Kuroko put clairement discerner le sourire amusé qu'étirait Akashi en le voyant entourer son estomac par ses bras. Il fronça dès lors ses sourcils pour demander silencieusement au réalisateur d'arrêter de se moquer de lui, mais rien n'y fit. Kuroko ne put donc que fermer les yeux et espérer pouvoir se retenir jusqu'à l'appartement du rouquin, essayant tant bien que mal de ne pas voir le reflet d'Akashi dans la vitre de sa portière qui lui montrerait cette infâme sourire disant d'un ton narquois : Je te l'avais bien dit.

Finalement, Akashi restait une personne prenant les autres de haut et ne se souciant aucunement d'eux. Hormis quand c'était pour se moquer d'eux. Pendant le trajet, Kuroko crut même un instant entendre le rire de son voisin, mais lorsqu'il riva des yeux étonnés dans sa direction, Akashi avait déjà couvert le bas de son visage par sa main. Il eut beau regarder par la suite Nigou pour lui demander s'il avait rêvé ou non, mais son chiot ne put malheureusement lui fournir aucune réponse.

Kuroko finit néanmoins par étirer un discret sourire sur le coin de ses lèvres, ses yeux observant le paysage défiler. Son esprit était définitivement plus tranquille et cette petite soirée lui avait fait un grand bien. Il remercia intérieurement Akashi pour n'avoir posé aucune question et ferma par la suite ses yeux, se laissant bercer par les douces secousses du taxi au risque de s'endormir.

De toute façon, Akashi le réveillerait et ils rentreraient ensemble à l'appartement ; car Akashi était avant tout une personne bienveillante.