Bonjour tout le monde, comment allez vous ? Certains comme moi on reprit les cours aujourd'hui, alors pour faire passer cette reprise plus doucement, j'espère par ce chapitre, égayer un petit peu votre journée. Ces derniers temps, j'ai beaucoup avancé cette fiction comme à partir de ce chapitre le AkaKuro se lance plus que jamais. Vous aurez déjà des petits instants entre ces deux-là à l'intérieur de ce chapitre.

J'espère que vous apprécierez le chapitre 22 comme moi j'ai eu un grand plaisir à l'écrire ; c'est que la scène des Onsen me hantait dès le commencement de cette fiction, pour vous dire ! Du coup, ça a été un réel plaisir d'enfin la coucher sur mes pages Word. Je me suis délectée.

Réponses au review :

ajiahdompey : Et oui, Kagami et Kuroko ne sont plus ensembles. Du moins, ils font une pause dans leur relation, ce qui en soit diffère un peu d'une réelle rupture. Mais je n'en dirais pas plus, je te laisse imaginer ce qui pourra se passer entre eux plus tard ;) Et oui, Kuroko est rempli de sentiments contradictoires envers son homosexualité et ses sentiments pour Kagami. Mais heureusement, Akashi va régler tout ça :D Comment ? Haha. Telle est la question ! Mais y aura-t-il du MidoTaka dans cette fiction ? Tout ce que je peux te dire pour l'instant, c'est qu'ils se connaissent en effet. Mais comment ? Comment est leur relation ? Cela sera traité plus tard ! En tout cas dans ce chapitre, tu pourras voir comment réagi Reo à l'intrusion de Kuroko dans sa récompense, ainsi que pas mal d'AkaKuro aussi. J'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !

Doddy : Bonjour à toi et merci de ta review qui m'a fait très plaisir ! Et je suis contente que les personnages que j'utilise te paraissent crédibles, et surtout Nijimura que j'utilise. Pour le MidoTaka, ça viendra petit à petit. Mais seront-ils amis ? Amants ? Je vous laisse deviner mouahaha. Et ne t'inquiète pas, je ne compte absolument pas abandonner cette fiction : c'est mon petit bébé. De ce fait, des chapitres continueront toujours de sortir jusqu'à la toute fin. Encore merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

LemonStreet : Pour ce qui est de la perte de repère, tu as tout à fait raison :D Mais ton "La dépression pour Kagami." m'a beaucoup fait rire ! Je suis pas si méchante avec lui... si ? Pour ce qui est du film d'Akashi, non non ce n'est pas un projet abandonné. Loin de là. Je suis même en train d'écrire là-dessus en ce moment, donc rassure toi ;) Seulement, il fallait qu'Akashi s'ouvre un peu plus, qu'il prenne conscience de certaines choses, pour pouvoir écrire sur de la romance. Et Kuroko lui a apporté ses choses, et continuent de les lui apporter. Pour ce qui est de la bataille entre Reo et Kuroko, je te laisse le découvrir dans ce chapitre ;) Mais pour ce qui est de l'ex d'Akashi ou encore de son père, chaque chose en sont temps ;) Mais chaque élément trouvera sa réponse, ne t'en fais pas ! Ce n'est pas grave si tu ne lis pas les passages Kise, Aomine et Kasamatsu seulement à un moment, l'histoire de Kise va rejoindre celle d'Akashi et de Kuroko et cela sera important pour le scénario de base. Tout comme Aomine à un certain moment. Après, évidemment, je ne te forcerai pas :) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Haru-carnage : Voilà voilà les Onsen, faite place :D Des hommes nus vont bientôt apparaître ! Haha. Merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Road22 : Ohoho ! Tu as donc été triste pour Kagami, quel exploit ! Et c'est bien connu que Kuroko est un petit sadique en vrai, voyons ;) En tout cas dans ce chapitre, tu pourras voir le rapprochement clair et net entre Akashi et Kuroko, mais je te laisse découvrir dans quelle situation, et surtout comment ! Car moi-même je suis une sadique :D Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Arya39 : Ah ça cette fiction est faite de ça : à chaque action, une conséquence s'abat. Du coup Akashi est pas devenu ce qu'il est dans cette fiction, sans un certain passé derrière lui. Mais si je suis sur la bonne, voie tant mieux :D En tout cas je suis contente que ce chapitre t'ait plu ainsi que le coup des milk-shake, et le sadisme de Kuroko, haha. Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Laura-067 : Pour la relation entre Kagami et Kuroko, bien évidemment, je te laisserais découvrir par toi-même l'évolution que peut apporter cette pause à leur relation. Mais oui de toute façon, puisque cette fiction est un AkaKuro, Kagami et Kuroko finiront bien par se séparer tôt ou tard. Seulement, la question est comment et pourquoi ? Je te laisserai donc faire tes hypothèses lorsque tu auras ces moments sous les yeux :D Pour ce qui est de tes questions entre Akashi et Kuroko, ce chapitre te répondra en grande partie ! Et le mystère qui entoure Takao restera entier, du moins, pour ce chapitre mouahaha. Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Levina Ackerman : Et oui, un beau jour fait bien que j'avance la relation entre Akashi et Kuroko xD Ils ne peuvent pas juste rester amis éternellement après tout ! C'est un AkaKuro, après tout. Je suis contente en tout cas si le chapitre précédent t'a plus, et j'espère que celui-ci te plaira tout autant. En tout cas merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

mower : Merci beaucoup pour ta review ! J'espère que la relation entre Akashi et Kuroko te plaira tout autant dans ce chapitre ;) Je te souhaite une bonne lecture !

Le Renard Bleu : Bonjour à toi :D Ta review résume si bien ce chapitre 22 xD J'espère que ce chapitre te plaira ! Merci en tout cas pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Merci à tous et à toutes de vos review, comme d'habitude elles me font extrêmement plaisir. C'est un véritable carburant. Merci aussi à ptitcoeurfragile pour son commentaire. Et merci à ceux qui ajoutent cette fiction à leur favoris/follow. J'espère que ce chapitre vous plaira à tous et sur ce, je vous fais de gros bisous et vous souhaites une bonne lecture !

N'hésitez pas à commenter, Akashi vous embrasse aussi :D


Le papillon

Scène 22


L'attachement est une absurdité, une incitation à la douleur.

Les êtres s'attachent et deviennent dépendants les uns des autres à tel point que lorsque l'un vient à partir, le monde s'écroule autour de l'autre…

Marc Levy


Le week-end était enfin arrivé et les résultats du concours de Mibuchi étaient finalement tombés ; révélant aux yeux de tous les heureux élus, et permettant aux quelques producteurs ayant fait le déplacement de découvrir de nouveaux talents. Akashi s'était d'ailleurs absenté pour voir de ses propres yeux la réussite de Mibuchi, car il était évident pour lui que son ancien assistant allait être sur le podium. Sur la première place. Ainsi lorsque le nom de Mibuchi Reo fut appelé pour que ce dernier vienne chercher son prix, Akashi étira un sourire satisfait.

Ses yeux ne le trompaient jamais.

Pendant que Mibuchi tenait un discours pour remercier les personnes qui l'avaient encouragé et soutenu, il brandit son prix tout en souriant comme jamais. Il put ensuite descendre de scène et rejoindre à grands pas Akashi.

« Les choses sérieuses ne font que commencer maintenant, prévint Akashi.

— T'inquiète pas Sei-chan ! Le départ est à quelle heure ?

— A quinze heures, rendez-vous à la gare. Mais ne te concentre pas sur moi, ces producteurs veulent te parler.

— Ils attendront. »

L'assurance dans la voix de Mibuchi fit un instant s'agrandir les yeux d'Akashi. Il remarqua ensuite que l'expression du brun était devenue bien plus sérieuse que d'ordinaire, et, que surtout, il ne souriait plus. Ses yeux verts étaient plongés dans les siens.

Le jeune scénariste avait tellement à dire et pourtant les mots ne sortaient pas. Ce qui le plongea dans une frustration telle qu'il était incapable de réellement se réjouir de sa réussite.

« Tetsuya viendra avec nous. »

L'information de dernière minute surprit Mibuchi qui entrouvrit sa bouche, réduisant ses réflexions intérieures à néant pour ne laisser qu'un immense trou noir qui représentait dorénavant son esprit. Il n'en croyait pas ses oreilles et pourtant, il était parfaitement conscient qu'Akashi n'était pas du genre à plaisanter ou faire de fausses frayeurs. Le rouquin disait la vérité et cela ne lui plaisait pas du tout ; pas pour les plans qu'il avait élaborés et les espoirs qu'il avait portés en cette soirée dans les sources thermales privées de la famille Akashi.

Son cœur se serra douloureusement.

« Dans ce cas-là, si Kuroko-san se joint à nous, puis-je inviter quelques-uns de mes amis ? Demanda-t-il d'un ton amer.

— Comme tu le souhaites. »

Mibuchi soupira longuement, loin d'être ravi malgré tout. Tous ses plans tombaient à l'eau et le rouquin trouvait un autre moyen pour garder une distance entre eux deux. Le brun savait parfaitement qu'Akashi ne partageait pas ses sentiments et que celui-ci avait été très clair à ce sujet, il ne comptait pas lui laisser la moindre chance, mais c'était tout de même douloureux. Mibuchi espérait quand même qu'en passant du temps ensemble, en apprenant à mieux se connaître, peut-être qu'Akashi pourrait finalement lui laisser une chance.

« N'hésite pas à m'appeler si tu as le moindre soucis. A plus tard. » Salua Akashi tout en se détournant.

Tout en le voyant s'éloigner de lui pour ensuite disparaître de la salle réservée pour l'occasion, Mibuchi se trouva seul avec le prix du concours qu'il avait convoité durant des mois. Pourtant, il n'avait plus le cœur à le fêter dignement. Si ça ne tenait qu'à lui, il rentrerait tout de suite chez lui et s'enterrerait sous sa couverture et son oreiller. Malheureusement, c'était impossible pour lui d'agir de la sorte pour l'instant puisqu'il se savait épier par les producteurs.

Mibuchi se détourna donc à son tour de l'endroit où avait disparu Akashi, étirant un large sourire fabriqué de toute pièce avant d'aller à la rencontre de ces personnes. Il récupéra ainsi certains numéros, donna le sien à quelques-uns et discuta avec de nombreuses personnes qui l'interrogèrent sur son travail et ce qu'il attendait de l'avenir. Mibuchi tomba même au bout d'un instant sur Takao, qui avait à son tour fait le déplacement pour voir les résultats. Pendant un moment les deux hommes discutèrent ensemble et cette fois-ci Mibuchi put se plaindre de l'attitude d'Akashi et de sa récompense gâchée par la présence de Kuroko.

Un rire ne signalant rien de bon s'échappa dès lors de la bouche de Takao, qui sans plus attendre, fit part à Mibuchi de l'idée qui lui avait traversé l'esprit.

-x-x-x-

Pendant ce temps, Akashi descendit du taxi qui l'avait ramené à son appartement. Il découvrit Kuroko qui n'avait pas encore fini de préparer ses affaires et restait pourtant assis sur son canapé à regarder la télévision. Akashi put même voir Nigou traverser son salon comme si de rien n'était, l'obligeant alors à se déplacer pour se mettre entre Kuroko et sa télévision.

« As-tu au moins pensé à appeler Shūzō ? Demanda-t-il, énervé.

— Je m'apprêtais à le faire lorsque Kise-kun m'a appelé. Décalez-vous s'il vous plaît, c'est le drama dans lequel joue Kise-kun. »

Kuroko lui fit signe de se pousser avec sa main, faisant se soulever un sourcil de la part d'Akashi. Malgré la formule de politesse, c'était clairement un ordre. Seulement, ils n'avaient pas le temps de s'attarder sur ce genre de détail. Akashi prit dès lors son portable en main et partit en direction de la cuisine tout en appelant Nijimura pour lui demander un nouveau service, car il était évident que ce chiot ne les accompagnerait pas aux sources thermales.

Par ailleurs, avant de penser à Nijimura pour s'occuper de Nigou, Akashi avait demandé à Kuroko pourquoi Kagami ne pourrait pas le prendre à son appartement pendant le week-end. Cependant, Kuroko lui apprit que Kagami avait une peur viscérale des chiens et qu'il était donc impossible que son camarade puisse s'en occuper. Akashi avait néanmoins remarqué la lueur de tristesse qui avait traversé pendant un instant les yeux de son colocataire, qui lui cachait quelque chose au sujet de ce garçon.

« Quand peux-tu venir le chercher ? Demanda-t-il à Nijimura tout en regardant du coin de l'œil Kuroko très attentif à ce qui se passait à la télévision.

— Je peux partir maintenant, si tu veux. »

Akashi l'en remercia et sans laisser le temps à Nijimura de répondre quoique ce soit, il raccrocha et se rapprocha de son canapé pour s'y asseoir à son tour. Sa valise reposait dans un coin de sa chambre, de ce fait il pouvait se permettre quelques minutes de tranquillité puisque tout était fait de son côté. Son attention se focalisa alors sur ce qui passait à la télévision, et de ce qu'il comprit il s'agissait là d'un groupe d'adolescents lambda qui traversaient ensemble chacun de leurs problèmes, avec bien évidemment une histoire d'amour derrière.

Ce ne serait évidemment pas le drama de l'année, cependant il pouvait être bon à regarder pour se détendre et se vider l'esprit.

Puis soudainement, le personnage qu'incarnait Kise apparu à l'écran et Akashi put voir du coin de l'œil Kuroko se redresser. Le bleuté ne comptait pas en perdre une miette. De ce fait, Akashi se concentra à son tour sur le jeu du blond qui avait pour la première fois de sa vie avait obtenu un rôle derrière la caméra. Les yeux d'Akashi lui permirent de remarquer le talent certain de ce garçon qui malgré certaines maladresses de débutants, et un certain manque de confiance en lui-même, pouvait faire dans quelques années des ravages s'il apprenait correctement. Tout ne dépendait que de l'ambition de cette personne ainsi que de sa détermination.

Toutefois, pour l'instant Kise était loin d'être un acteur accompli. Il manquait encore cruellement d'expérience.

L'épisode s'arrêta quelques minutes plus tard, faisant se relever complètement Kuroko qui ne tarda pas à entrer dans sa chambre afin de finir de préparer ses affaires. Il avait une dernière fois tenté auprès d'Akashi s'il était vraiment obligé de venir, puisqu'il se doutait bien que Mibuchi désirerait être seul avec le rouquin, mais Akashi s'était montré ferme à ce sujet. Il lui avait même confié que la situation était très claire à l'égard de Mibuchi : il ne comptait pas sortir avec lui et ne l'aimait pas de la même façon que lui.

Akashi reçut par la suite un message de la part de Mibuchi lui indiquant que quatre autres personnes se joindraient à eux.

Peu de temps après, Nijimura vint toquer à la porte d'Akashi qui le fit rapidement entré. Il regroupa de la sorte les affaires de Nigou dans différentes sacs plastiques avant d'en tendre les poignées au brun.

« Que c'est dommage que je ne puisse pas vous accompagner, souffla tristement Nijimura bien que c'était surtout pour se moquer du rouquin.

— Tu en as déjà suffisamment profité quand nous y étions allés ensembles.

— Nijimura-san a déjà été dans cet Onsen ? »

La silhouette de Kuroko apparut aux yeux du scénariste après qu'il eut quitté sa chambre, un sac calé contre son épaule. Nijimura se rapprocha ensuite de lui et lui ébouriffa les cheveux tout en rappelant ses souvenirs de jeunesse lorsqu'Akashi n'était pas encore si renfermé sur lui-même et qu'il était beaucoup plus libéré.

« Nous avions même fini par dormir ensemble, une nuit, chantonna le brun.

— Tu avais entendu un bruit et tu avais peur que ce soit un fantôme, rappela fermement Akashi.

— Cet endroit est hanté, j'en suis certain. »

Un soupir traversa les lèvres du rouquin qui invita par la suite Nijimura à quitter son appartement. Le brun n'insista pas pour une fois, puisqu'ayant beaucoup de travail encore sur le feu il ne pouvait se permettre d'être insouciant et de les suivre. Kuroko caressa une dernière Nigou entre les oreilles avant de laisser Nijimura l'emmener, non sans ressentir un peu de tristesse de voir son animal préféré s'éloigner de lui.

Akashi se mit ensuite aux fourneaux afin qu'ils puissent partir avec quelque chose dans le ventre. De son côté, Kuroko mit la table et appela ensuite Kise pour lui faire part de son ressenti par rapport à son rôle, comme le lui avait demandé un peu plus tôt le blond au téléphone. Lorsque Kise apprit qu'il allait à un Onsen, il voulut venir mais il se rappela entretemps que son week-end était chargé en shooting. Kuroko put donc entendre gémir le mannequin et crier à l'injustice, lui aussi avait besoin de vacances.

Kuroko promit alors de lui ramener un souvenir avant de raccrocher et de remercier Akashi pour le repas.

-x-x-x-

Quelques heures plus tard, après avoir acheté les tickets pour tout le monde Akashi et Kuroko se retrouvèrent à la gare. Contre son oreille, Akashi entendait les indications que lui formulait Mibuchi pour qu'ils puissent se retrouver parmi tout ce monde. Tout en faisant signe à Kuroko de le suivre, Akashi s'avança pour retrouver le groupe que formait le jeune scénariste auprès de ses amis qu'il avait parvenu à joindre. De la sorte, Akashi découvrit trois nouvelles têtes dont un blond surexcité qui vint rapidement lui tourner autour, ses yeux verts illuminés de mille feux.

« C'est donc toi Akashi ? Merci pour l'invitation !

— A qui ai-je à faire ? Demanda froidement Akashi.

— Excuse-le, Sei-chan… Il n'a jamais été à un Onsen, intervint Mibuchi tout en déposant sa main par-dessus l'épaule de son ami.

— Reo-nee ! S'écria le blond en se tournant vers Mibuchi.

— Ça ne répond toujours pas à ma question. »

Peu de temps après, Mibuchi présenta ses amis avec qui ils avaient partagés ses années au lycée, et avec qui ils étaient restés en contact. Akashi et Kuroko apprirent donc que le blond qui ne tenait pas en place s'appelait Hayama Kotarō, celui au teint basané et aux muscles impressionnants était Nebuya Eikichi avant de pointer le troisième venu qui jusqu'à lors était resté en retrait, au point que même Akashi avait oublié son existence.

« Mayuzumi Chihiro, enchanté. »

La voix morne et le regard éteint de cet adolescent laissa Kuroko sans voix pendant un instant, tandis qu'Akashi l'étudiait avec soin. Son manque de présence lui rappelait celle de Kuroko avant qu'il ne s'y habitue, pourtant il sut que ce Mayuzumi et Kuroko étaient deux personnes différentes. Quelque chose différait entre ce jeune homme et le bleuté, sans qu'il ne sache exactement encore pourquoi.

Puis, Akashi et Kuroko se présentèrent à leur tour avant de monter dans le Shinkansen qui les emmènerait à Kyoto où se trouvait la source thermale privée de la famille Akashi. Seulement, alors qu'ils déposaient leur bagage dans les zones autorisées, une voix que trop bien connue aux oreilles d'Akashi remplit rapidement le wagon où ils se trouvaient tous.

« Excusez-moi pour le retard ! Ma fille m'a fait une crise avant que je ne parte. »

Sans plus attendre, Takao rangea à son tour ses affaires et se laissa tomber sur le siège à côté de celui de Kuroko, qui lui était déjà assis. Piquant bien évidemment la place qu'Akashi comptait utiliser, tout cela en le faisant sous le nez de l'intéressé qui leva un sourcil devant l'affront que lui faisait le compositeur.

« Kazunari ?

— Oui ? Oh ! Tu voulais t'asseoir à côté de Kuroko ?

— Ce n'est pas la question. Que fais-tu ici ? » Interrogea-t-il sévèrement.

Et depuis quand était-il un ami de Mibuchi ? Akashi aimerait bien le savoir, et bien qu'il se fût tourné vers le principal concerné qui discutait avec son ami Hayama, il remarqua les coups d'œil furtif que se permettait Mibuchi dans sa direction après avoir entendu la voix de Takao.

« Je suis allé à la remise des prix et Mibuchi m'a joyeusement proposé de me joindre à vous.

— Si j'avais su…. »

Un large sourire illuminait le visage de Takao, satisfait de son effet de surprise, alors que les yeux d'Akashi lui lançaient clairement des éclairs. Le réalisateur devait sûrement s'en vouloir de ne pas encore pouvoir être capable de réduire à néant une personne grâce à un seul regard. Takao put ainsi l'entendre pester avant de s'éloigner d'eux et partir s'asseoir, seul.

Kuroko avait observé la scène se dérouler sans ajouter le moindre mot. L'attitude provocatrice de Takao, voire peut-être même suicidaire, l'avait laissé sans voix. Il ne put toutefois pas s'empêcher de penser à Akashi qui désormais allait faire le trajet seul, mais surtout de mauvaise humeur.

« Tu voulais t'asseoir à côté de lui ? Lui demanda subitement Takao en suivant la portée de son regard.

— Pas spécialement.

— Mais ? Poursuivit Takao à sa place.

— Mais Akashi-kun est celui qui a payé la place à tout le monde et qui nous emmène dans un endroit que possède sa famille. On devrait tous lui en être reconnaissant. »

Takao sourit à moitié en comprenant que les paroles de Kuroko le désignaient particulièrement. Il préféra de ce fait ne rien répondre et enfonça ses écouteurs dans ses oreilles tandis que Kuroko dépliait l'un de ses livres pour s'occuper durant le trajet. Au fond du wagon, il pouvait entendre l'euphorie dans laquelle se trouvait Hayama et les commentaires de Nebuya qui vantait ses muscles auprès d'une grand-mère admirative, qu'il avait auparavant aidé à ranger ses bagages. De son côté, tout comme Kuroko, Mayuzumi avait sorti un Light Novel de son sac et le lisait tranquillement.

Il était prévu que le trajet durerait plusieurs heures, mais il fallait croire que c'était trop demandé pour des personnes énergiques comme Hayama qui bientôt fit les cent pas dans le wagon, les bras croisés derrière sa tête. Parfois avec Nebuya, ils se lançaient un ballon formée par l'une de leur veste, tout en faisant attention à ne déranger personne. Mibuchi profita de l'agitation de ses amis, sans compter Mayuzumi qui continuait de lire silencieusement, pour rejoindre Akashi qui regardait pour sa part le paysage défiler.

Au même instant, Takao arrêta sa musique et se pencha vers le siège devant lui, retirant au préalable ses écouteurs. Son attitude attira l'attention de Kuroko qui cessa de parcourir ses pages un instant, suivant à son tour la portée du regard du brun. Il découvrit de la sorte que Mibuchi avait fini par suivre Akashi et venait de s'asseoir à ses côtés ; malheureusement ils étaient trop loin pour pouvoir entendre leur conversation.

« Ça commence, commenta joyeusement Takao.

— Quoi donc ? Demanda naïvement Kuroko.

— Mibuchi voyait cette récompense comme sa dernière chance de faire entendre ses sentiments auprès de Sei-chan.

— Oh, commenta simplement Kuroko tout en retournant à sa lecture.

— Ça te dérange ? Interrogea subitement Takao, en se penchant dans sa direction lui.

— De quoi ?

— Si Mibuchi arrive à se rapprocher de Sei-chan. »

Takao souriait, adorant ces situations et pouvoir jouer le rôle de l'entremetteur. Il était ce genre de personnes à raffoler des ragots, et à être au courant de tout. Ainsi il étudia sérieusement l'expression que lui offrait Kuroko : soit l'énervement. Les sourcils de Kuroko s'étaient froncés et ses yeux s'étaient rétrécis, tout comme sa bouche se retrouva pincée un court instant avant que sa voix ne dépasse la barrière de ses lèvres.

« Je ne sais pas ce que tu cherches, mais ce n'est pas une bonne chose que de jouer avec les sentiments des autres.

— Jouer avec les sentiments ? C'est un peu dur là… » Tenta-t-il d'en rire tout en se grattant le crâne.

Seulement, Kuroko cessa de lui répondre et se concentra plutôt sur sa lecture. Takao le fixa pendant un instant avant de se tourner en direction d'Akashi et Mibuchi toujours assis côte à côte, ne pouvant malheureusement pas entendre ce qu'ils se disaient, il abandonna bien vite. Toutefois, les deux autres ne se parlaient pas vraiment ; Mibuchi essayait de lancer la conversation, mais le rouquin lui répondait toujours brièvement tout en continuant de regarder le paysage défiler. Sans grand mal, il avait deviné le petit manège de Takao et il se doutait que Mibuchi était aussi dans le coup.

La raison ? Il n'était pas aveugle et sûrement pas stupide. Il était vrai que proposer à Mibuchi un week-end dans son Onsen familiale n'était pas foncièrement la meilleur des idées pour éviter que le brun ne se fasse des idées, mais Akashi pensait avoir été assez clair à ce sujet pour éviter ce genre de situation. Il fallait toutefois croire que cela n'avait pas été suffisant, et que Mibuchi était plus tenace que prévu.

Enfin, ce n'était pas grave. Dès le départ, il avait eu d'autres projets de toute façon.

Ainsi une fois qu'ils furent tous arrivés à Kyoto, ils se dirigèrent vers l'arrêt de bus qui arriva quelques minutes plus tard. Cette fois-ci, Takao ne chercha pas à mettre des bâtons dans les roue d'Akashi et partit s'asseoir de son côté. Pour sa part, Akashi était déjà assis à côté de la fenêtre, et n'attendait plus que le bus démarre. Kuroko se risqua alors à s'asseoir à ses côtés, après lui en avoir demandé l'autorisation tout de même.

Un Akashi de mauvaise humeur était à prendre avec des pincettes.

« Vous étiez étonnamment silencieux en vue de l'attitude de Takao-kun, révéla-t-il suavement pour faire comprendre à Akashi qu'il n'était pas l'ennemi.

— Je ne suis pas admirateur des scènes en public, marmonna dès lors le rouquin.

— Mais vous ne comptez pas en rester là, je présume ?

— Je vois que tu commences à me connaître, Tetsuya. »

Un discret sourire s'était formé sur les lèvres d'Akashi, qui regagnait peu à peu une humeur qui ne risquait pas de mettre en péril leur vie. Le reste du trajet se fit donc avec une ambiance plus détendue, et bien que dans son coin Mibuchi pouvait voir la silhouette de dos des deux autres, il ne put que fulminer de son côté. Et tandis que Takao ne perdait pas une miette de la situation et qu'il avait bien sûr vu le sourire s'étendre sur le coin des lèvres d'Akashi, il prit son visage en main et laissa s'échapper un petit gloussement.

Ses yeux lui permettaient de voir beaucoup de choses, et son instinct lui servait à côté à approfondir et savoir dans quelle direction aller. Et de toute évidence, ces deux-là s'entendaient très bien. Il avait hâte d'apprendre à mieux connaître ce fameux Kuroko Tetsuya qui, selon Nijimura, arrivait à faire changer Akashi.

Une fois arrivés aux portes de l'Onsen familial, Akashi ouvrit les portes et invita les autres à le suivre. Il fit ainsi découvrir chaque pièce, indiquant l'endroit où ils pouvaient déposer les bagages et où des futons avaient été au préalable disposés. Tous remarquèrent qu'il y avait le nombre exact de futons et comprirent rapidement que ce n'était pas un hasard, Akashi avait tout prévu et s'était organisé de façon à satisfaire tout le monde.

L'endroit était immense et bénéficiait même d'une salle de jeux où il était possible de faire des parties de ping-pong ou encore un babyfoot.

« Suivez-moi. » Rappela ensuite Akashi en voyant Hayama et Nebuya commencer à prendre les raquettes pour commencer une partie.

A leur grand désespoir, les deux adolescent reposèrent les objets et suivirent les pas du rouquin. Un long couloir les emmena vers la raison de leur venue ici, et Hayama en oublia rapidement la partie de ping-pong reportée.

« Attends, le rappela de nouveau à l'ordre Akashi.

— Quoi ? On est là pour ça, non ? S'écria l'adolescent.

— Sais-tu comment fonctionne un Onsen ? Je ne veux pas que vous fassiez n'importe quoi.

— C'n'est pas un bain normal ? Renchérit Nebuya, impatient lui aussi d'y mettre les pieds et de faire des plongeons.

— Ecoutez-le, bon sang… » Soupira pour sa part Mibuchi.

Akashi acquiesça afin de remercier son ancien assistant, commençant ensuite ses explications. Il demanda ainsi à ce que toute personne voulant prendre un bain ait pris au préalable une douche, qu'aucun vêtement n'était autorisé et que des serviettes entreposées dans des placards leur permettront de se sécher ainsi que de se couvrir, en quelque sorte, le temps de leur bain. Des yukatas se trouvaient par ailleurs dans chacune des chambres, si cela intéressait les invités.

« Je dois rendre visite à mon père, de ce fait je ne serais pas présent. Je vous fais confiance pour retrouver cet endroit comme je l'aurais quitté, ordonna-t-il.

— Ton père ? Je peux venir avec toi ? Se réjouit Takao à l'idée de rencontrer l'homme qui avait participé à la naissance d'Akashi.

— Je ne pense pas que tu le souhaites vraiment, Kazunari. » L'avertit Akashi tout en souriant.

Takao se retrouva à déglutir, comprenant très bien où voulait en venir le rouquin ; car en effet, si le fils était déjà terrifiant, le père devait aussi être quelque chose. Peut-être même plus terrifiant encore. Un frisson traversa son corps et il abattu ses mains autour de ses bras, comme pour se les réchauffer. Son attitude amusa davantage Akashi qui commença à se décaler pour pouvoir quitter les lieux et rejoindre son père, où une voiture l'attendait déjà à l'extérieur.

« Sei-chan… » L'appela tristement Mibuchi.

Pendant que le groupe commençait à se disperser, Akashi se tourna dans la direction de Mibuchi et attendit que ce dernier lui dise ce qu'il avait sur le cœur. Un silence s'installa autour d'eux, durant lequel Mibuchi réfléchit à ses mots et comment les manier ensemble. Il finit toutefois par agiter sa tête de droite à gauche avant de relever son regard pour l'ancrer dans celui d'Akashi. Un air grave à l'appui.

« Dès le départ… tu ne comptais pas passer du temps avec moi, n'est-ce pas ? »

Un soupir traversa les lèvres d'Akashi. Comme il l'avait pensé durant le trajet, Mibuchi était quelqu'un de vraiment tenace.

« Je suis désolé. Je ne partagerai pas tes sentiments, et je ne compte pas changer là-dessus.

— Mais…

— Restons simplement amis. »

Puis sans un mot de plus, Akashi se retira pour monter dans la voiture qui lui avait été envoyée par son père. Mibuchi se retrouva alors seul dans le couloir, ou du moins il pensa l'être et laissa échapper quelques larmes avant d'entendre la voix de l'un de ses amis. Il se redressa alors brusquement et passa sa main sur ses yeux, faisant comme si rien ne s'était passé, mais Mayuzumi n'était pas dupe. Il voyait clairement les yeux rougis du brun et sa voix plus rauque que d'ordinaire, qui pourtant lui assurait que tout allait bien.

« Si ce mec est pas radin, il doit y avoir de l'alcool quelque part.

— On ne devrait pas…

— Si on n'en trouve pas, c'est qu'il ne veut pas qu'on y touche. A l'inverse… »

La façon de raisonner de Mayuzumi amusa beaucoup Mibuchi qui suivit ses pas, regagnant ainsi la cuisine et fouillant les placards qui leur tombaient sous la main. Ils trouvèrent bientôt une bouteille de vin que Mibuchi s'occupa d'ouvrir, le bruit du bouchon qui s'expulse faisant par la suite venir Takao et Kuroko qui, pour sa part, resta en retrait en voyant Mibuchi un peu plus loin. Ce fut cependant en voyant le brun lui tendre un verre et lui faire un hochement de tête que Kuroko s'en approcha, et que Mayuzumi lui servit du jus de fruit trouvé un peu plus tôt dans le réfrigérateur.

« Mayuzumi est si sérieux, se moqua Takao en le voyant faire.

— J'ai seulement pas envie de m'occuper d'un ivrogne. » Contra l'intéressé tout en détournant son regard.

Takao éclata de rire tandis que Kuroko but son verre de jus de fruits, écoutant les trois autres discuter de choses et d'autres tandis que plus loin ils entendaient clairement le match de ping-pong opposant Hayama et Nebuya. Un sourire fit son apparition sur le bout de ses lèvres, Kuroko pensant alors que ce week-end allait peut-être finalement se révéler agréable.

Pendant l'après-midi, ils jouèrent ensemble au ping-pong ou encore au babyfoot. Certains partaient de temps à autre à l'Onsen et d'autres s'isolaient parfois, lisant tranquillement leur ouvrage pendant que d'autres discutaient. L'après-midi passa ainsi à vive allure, et bientôt les premières étoiles commencèrent à apparaître dans le ciel alors que Kuroko profitait pour la première fois de sa vie de l'Onsen, la fumée s'échappant pour monter dans les airs et disparaître. Il enfouit tout son corps jusqu'à son menton dans l'eau, se détendant petit à petit. Les autres étaient partis depuis un moment, le ventre de Nebuya ayant eu raison de lui après tous les plongeons qu'il avait fait en compagnie de Hayama qui après ça avait fait quelques longueurs. A vrai dire si Akashi avait pu voir ça, il n'aurait sûrement pas donné son accord. Kuroko laissa échapper un petit rire tout en se redressant, essayant d'imaginer l'expression qu'aurait pu avoir le rouquin en voyant les deux autres agir.

« Il n'aurait pas du tout apprécié, pensa-t-il à voix haute.

— Quoi donc ? »

L'apparition d'une nouvelle personne fit frissonner Kuroko, qui bien évidemment avait reconnu la voix venant de son dos. Il se retourna alors, les yeux agrandis, et vit Akashi refermer la porte derrière lui pour ensuite se rapprocher. L'effet de surprise disparut rapidement en remarquant l'hématome encore présent autour du ventre du rouquin, oubliant un instant que celui-ci n'était habillé que de la serviette qui entourait sa taille.

En remarquant l'endroit où se concentrait le regard de Kuroko, Akashi étira un sourire amusé.

« Tu ne pensais tout de même pas que ton coup ne m'aurait pas laissé de trace, Tetsuya ?

— Je…

— Peux-tu détourner ton regard, un instant ? »

Kuroko fronça ses sourcils avant de comprendre où voulait en venir Akashi, alors que celui-ci commençait à dénouer la serviette qui couvrait son bas ventre. Il détourna dès lors vivement son regard, se laissant retomber dans l'eau jusqu'à ce que celle-ci s'arrête en haut de ses lèvres. Son attitude amusa Akashi qui entra à son tour dans l'eau, sa serviette reposant désormais par-dessus ses épaules.

Toutefois, il ne s'assit pas tout de suite et se dirigea plutôt vers une zone stratégique. Kuroko le vit alors s'enfoncer dans l'eau jusqu'à rejoindre l'autre côté où des rochers étaient empilés les uns sur les autres, et où s'échappait l'eau qui ensuite formait une petite cascade. Du moins, ce qui avait l'air d'être des rochers n'en étaient pourtant absolument pas lorsque Kuroko vit Akashi ouvrir une petite porte. Le rouquin en ressortit alors un petit panier qui pouvait flotter sur l'eau et le remplit avec des verres et une bouteille de saké qu'il déposa au centre, avant de rejoindre Kuroko et cette fois-ci s'asseoir.

Devant l'air ahuri de Kuroko, il ne put que s'expliquer.

« Nous nous retrouvons souvent ici, avec mon père. D'où le petit aménagement que tu as pu voir.

— Est-ce vraiment conseillé ? Avec la chaleur de l'eau et l'alcool, interrogea Kuroko qui semblait être dubitatif.

— Du moment que l'on sait être raisonnable, ça ne fait rien de se faire plaisir de temps à autre. »

Akashi se servit un premier verre, et après avoir jeté un coup d'œil en direction de Kuroko, ajouta :

« As-tu déjà bu du saké ?

— Quelque fois… pendant les anniversaires.

— Veux-tu un verre ?

— Je suis encore mineur, Akashi-kun…

— Ne sois pas aussi sérieux. C'est bien de relâcher la pression de temps à autre et de n'écouter que soi-même. »

Pendant un instant, Kuroko hésita à renchérir qu'Akashi devrait relâcher plus souvent la pression, comme il le disait lui-même, et éviter de se mettre autant de pression inutilement. Seulement, il savait par avance que ce serait mettre de l'huile sur le feu. Ainsi, puisque l'ambiance était détendue et qu'Akashi prononçait des mots que jamais Kuroko n'aurait pensé entendre de sa part, il finit par acquiescer.

Après tout, ce n'était qu'un verre, n'est-ce pas ?

Kuroko accepta et trinqua avec Akashi, humectant tout d'abord de ses lèvres le liquide dans le récipient avant de se décider à en prendre une petite gorgée. Ses yeux s'agrandirent en remarquant la grande différence de qualité qu'il y avait entre ce saké et celui qu'il buvait parfois avec sa famille. En remarquant son étonnement, Akashi lui indiqua de la sorte que c'était son père qui se chargeait de l'alcool que contenait cet endroit, et qu'il n'appréciait pas qu'on y touche sans son autorisation. Kuroko repensa dès lors à la bouteille de vin que Mibuchi et Mayuzumi avaient ouvert et fait partager avec tout le monde, et son regard se détourna bien rapidement de celui d'Akashi. Il n'allait pas trahir ses camarades, mais il leur adressa ses dernières pensées tout en remerciant infiniment Mayuzumi pour lui avoir servi du jus d'orange, au final.

« Ne t'en fais pas, j'ai vu pour la bouteille de vin. Tout ce qui réclame à ne pas être touché, a été soigneusement caché, confia Akashi en buvant une nouvelle gorgée.

— Désolé…

— Tout ce qui se trouve dans les placards et dans le réfrigérateur sont pour vous. Alors tu peux piocher dedans autant que tu le souhaites. »

Kuroko acquiesça tout en continuant de boire son saké, apportant par la suite son regard vers le ciel qui continuait à s'assombrir. Les étoiles étaient désormais clairement apparentes, tout comme la Lune qui étincelait autant qu'elles. Quelques brises effleuraient leurs épaules, mais elles n'étaient pas dérangeantes grâce à la température confortable de l'eau. Tout était calme, serein, à un tel point que si ça continuait ainsi Kuroko se sentirait partir pour le pays des Songes.

« C'est agréable, n'est-ce pas ?

— Oui… merci de m'avoir permis de venir ici, Akashi-kun.

— Tu avais besoin de te changer les idées, non ? Ainsi en plus de prendre de la distance en quittant Tokyo, tu découvres les joies de l'Onsen. »

Un sourire ravi se forma sur les lèvres de Kuroko. Akashi était vraiment une personne prévenante, il n'y avait plus de doutes à avoir là-dessus. Il ne lui avait posé aucune question alors qu'il était de nature curieuse, et n'appréciait pas être ignorant. Malgré le coup qu'il avait reçu et l'hématome encore apparent malgré le temps passé, Akashi ne lui en voulait pas et s'était même excusé par rapport à son attitude.

Kuroko reposa sa tête contre les pierres derrière lui, laissant son regard se perde parmi les étoiles. Sa conversation avec Kagami lui remontait à l'esprit malgré la tranquillité de l'instant, et un soupir traversa alors la barrière de ses lèvres.

« Kagami-kun a décidé de faire une pause dans notre relation, révéla-t-il enfin.

— Je vois, commenta simplement Akashi en se resservant un verre.

— Il veut que je réfléchisse à notre couple et ce que je veux réellement.

— Tu l'aimes, non ?

— Oui…

— Mais ? Continua suavement Akashi.

— Je ne sais pas pourquoi mais dès qu'il me touche, ou qu'il m'embrasse, j'ai l'impression d'être en faute. Que ce n'est pas normal. Et ça lui fait du mal. »

Akashi réfléchit à diverses raisons à cela, se rappelant bien qu'il s'agissait déjà d'une relation homosexuelle et que donc, dès le départ, des problèmes s'offraient à eux. Malgré leur génération qui acceptait un peu plus ces relations entre deux hommes, ou entre deux femmes, la société, elle, portait encore un regard mauvais à ce sujet. Il s'agissait là d'un choc entre différentes générations ; celle ayant été éduquée par les anciens qui considéraient cela comme une déviance, ou encore une maladie, et celle qui l'assumait et vivait normalement avec. Le fait étant que la famille de Kuroko avait rejeté leur fils pour cette raison, et n'avait donc pas soutenu Kuroko qui s'était davantage senti en faute.

Comme une erreur.

Seulement, pour une fois dans sa vie, Akashi ne sut pas comment formuler cette pensée. Il observa de ce fait le profil de ce garçon dont les étoiles illuminaient son regard inexpressif, les mots défilant dans son esprit mais la bouche scellée.

Puis, tout en buvant une gorgée de son saké, Akashi décida de changer de sujet :

« Lorsque je sortais avec cette fille, c'était tellement nouveau pour moi que j'étais extrêmement nerveux. La première fois que j'ai voulu l'embrasser, j'étais tellement anxieux que finalement nous nous sommes cognés la tête. »

La simple vision d'une telle scène fit pouffer Kuroko, mais il ne se reçut aucun regard mauvais comme il s'y était attendu. Akashi but simplement dans son verre, le coin de ses lèvres étiré vers le haut.

« Nous sommes deux maladroits dans ce cas, soupira Kuroko avec l'esprit un peu plus léger.

— Etions. J'ai pris de l'assurance depuis, rajouta pour sa part Akashi.

— Vous arrivez à embrasser sans vous blesser vous et votre petite-amie ? Se moqua-t-il doucement.

— Cette information est confidentielle, c'est bien compris ? »

Bien que le ton d'Akashi fût sérieux, il ne s'agissait pas là d'un ordre ou même d'une menace. C'était la manière à Akashi de plaisanter, et savoir que le rouquin se relâchait en cet instant fit plaisir à Kuroko.

« La première fois que Kagami-kun et moi l'avions fait, je me suis senti tellement sale que je suis resté longtemps sous la douche. »

Akashi était la première personne à qui Kuroko confiait ce moment de son existence, qu'il considérait comme honteuse, et qu'il donnerait n'importe quoi pour l'effacer. Il se souvenait encore de ce sentiment, après que Kagami se soit retiré de lui, et qu'il avait attendu qu'il s'endorme pour se réfugier dans la salle de bain pour éclater en sanglots. Du moins, ce jour-là il avait pensé que Kagami dormait mais il l'avait malheureusement entendu.

Il l'avait blessé.

« C'est pour ça que j'ai peur… J'ai peur que si nous nous remettions ensemble avec Kagami-kun, je n'ai pas changé et que je le blesse à nouveau.

— Qu'est-ce qui te bloque en réalité ?

— Je ne sais pas, souffla tristement Kuroko.

— Tu penses que si c'était une femme, ça se serait mieux passé ? »

Kuroko se redressa et sa tête quitta l'appui que représentaient les pierres, tournant son regard dans la direction du rouquin. Tout en réfléchissant à ses paroles, Kuroko se demanda s'il pourrait un jour sortir avec une fille et dans ce cas-là, est-ce qu'il se sentirait mieux avec lui-même ? Mais à vrai dire, il n'avait jamais été attiré par elles d'aussi loin qu'il s'en souvienne. Son premier rêve érotique avait été sur un homme à vrai dire, pour Ogiwara précisément.

Jamais il n'avait imaginé une fille nue dans ses bras.

« Les filles ne m'attirent pas. Le problème vient de moi, pas de Kagami-kun. »

Akashi désira poursuivre cette conversation afin de démêler le problème et peut-être pouvoir permettre à Kuroko de se défaire de son blocage, en lui apportant des solutions et peut-être même des conseils, mais l'adolescent ne lui en laissa guère le temps. Kuroko avait rapidement rebondi sur un autre sujet, et le regarder dorénavant avec une grande attention.

« Et vous ? Pourquoi vous êtes-vous séparés de votre ex-petit-amie ?

— Je l'ai déjà dit, non ? Pendant la sortie avec Ryōta.

— Vous êtes restez très vague à ce sujet, Akashi-kun. »

Un soupir traversa ses lèvres tandis qu'il termina son verre et s'en resservit un autre, loin d'être ravi de discuter d'un pareil sujet. Seulement il avait conscience que Kuroko venait de lui confier des faits embarrassants, des souvenirs qui seraient mieux enterrés à jamais, et pourtant il les lui avait partagés. Akashi se frotta alors un instant les cheveux, qu'il ramena ensuite en arrière et avec l'humidité ambiante, ils restèrent un moment coiffés de la sorte.

« Je viens d'une famille relativement influente, que ce soit du côté finance ou culturel. Mon père occupe une certaine place dans la société, et je me dois de conserver une certaine image. Beaucoup de choses reposent sur mes épaules, et bien qu'il me laisse faire ce que je souhaite pour l'instant, un jour viendra où je devrais lui succéder.

— Que fais votre père ? S'intéressa Kuroko.

— Il dirige une multinationale très importante. Il a aussi de grands amis politiciens qui le soutiennent, et qui sont déjà venus ici. »

Pendant un instant, Kuroko regarda l'Onsen d'un œil nouveau. Il était tout à coup assez intimidé.

« Désormais mon père est plus relâche, mais auparavant il étudiait de très près mon entourage. Si une personne ne lui convenait pas, je devais m'en débarrasser. Et j'obéissais.

— Vous avez donc obéi ? Demanda Kuroko en comprenant petit à petit où voulait en venir Akashi.

— Justement, non. Je lui ai tenu tête pour la première fois, et il n'a pas apprécié. »

Akashi lui raconta de ce fait cette journée où il s'était pour la première fois opposé à son père. Celui-ci avait brisé un verre après un mouvement brusque de son bras envers son bureau, et sa voix énervée en avait fait trembler les murs. Akashi se savait terrifiant, mais il fit part à Kuroko que son père l'était bien plus encore. Un grand fossé le séparait encore de la prestance et de l'influence de son paternel.

« De plus, ce n'était pas seulement pour cette personne. A ce moment, mon père voulait déjà que je prenne sa relève, mais je voulais devenir réalisateur. Il n'a vraiment pas apprécié que je m'oppose à lui pour deux raisons, aussi rapprochées l'une de l'autre par le temps.

— Mais pourquoi vous vous êtes séparés d'elle, dans ce cas ? Puisque vous êtes devenu réalisateur, c'est que votre père vous a laissé faire, non ?

— C'est tout l'inverse. Si je voulais encore mériter le nom d'Akashi, mon père m'a ordonné d'être le meilleur réalisateur de ce temps sinon j'étais déshérité. »

Kuroko fit les yeux ronds, n'en croyant pas ses oreilles. Certes sa famille l'avait jeté dehors car il était homosexuel, mais pouvait-il vraiment dire qu'ils le déshéritaient ? Peut-être qu'avec le temps, cela pouvait encore changer. Peut-être que ses parents pourraient entendre raison et comprendre que ce n'était pas un mal en soit, qu'il n'était pas une erreur, et qu'un jour ils pourraient de nouveau manger tous les trois. Pour le cas d'Akashi, son père comptait le faire, Kuroko n'en doutait pas.

« Alors j'ai travaillé, énormément travaillé. Je voulais montrer à mon père de quoi j'étais capable, lui prouver ma valeur, et j'ai fini par oublier ce qui m'entourait. Je l'ai oubliée. »

Akashi révéla ensuite que les fois où elle venait à leur appartement, qu'elle lui faisait à manger et le lui apportait à sa chambre, il la remerciait à peine. Il ne touchait pratiquement pas à son assiette, et tout terminait à la poubelle. Au fur et à mesure que les jours s'écoulaient, ils ne s'adressaient pas le moindre mot et devenaient petit à petit des étrangers. Pendant une semaine elle était partie en vacance sans le prévenir, et il n'avait rien remarqué.

« Elle m'avait poussé à réaliser mon rêve, à devenir ce que je suis aujourd'hui, et je l'ai oubliée. Je me suis fait prendre au piège tendu par mon père.

— Comment ça ? Intervient Kuroko, ne comprenant pas en quoi la séparation d'Akashi et de cette femme soit orchestrée par cet homme.

— Mon père m'a fait choisir entre ma carrière et ma relation. S'il ne pouvait pas me retirer les deux, il m'a fait renoncer à la moins importante. Sans se soucier que j'en ressorte avec des cicatrices. »

Tout en apportant sa main au niveau de son œil gauche, Akashi finit son récit par un long soupir qu'il compléta en terminant son verre en une seule gorgée.

« Donc… c'est car vous n'aviez pas vous-même décidé d'en finir avec cette personne, que vous n'avez retrouvé personne après elle ? Emit Kuroko après la fin du récit d'Akashi, qui manqua de s'étouffer avec le saké qu'il s'était entretemps resservi.

— Ce n'est pas que je ne trouve personne. Je n'ai pas cherché à retrouver quelqu'un. » Le contredit Akashi.

Seulement, Kuroko le regarda de façon appuyée. Il n'était pas convaincu par les propos du rouquin.

« Enfin si vous êtes encore amoureux d'elle malgré tout ce temps, j'aimerai vraiment la rencontrer.

— Je ne l'aime plus. Et si je devais vraiment l'apparenter à une émotion, je dirais simplement que je la hais. »

La voix d'Akashi était devenue bien plus grave, presque menaçante, et ses yeux brillèrent d'une lueur malveillante.

« Quand je te parlais de cicatrices, je ne parlais pas de celles invisibles aux yeux de tous. Je parle de vraies cicatrices. »

Kuroko resta un instant bouche bée, ayant peur de comprendre. Devant les yeux agrandis que lui affichaient le bleuté, Akashi aurait pu s'en amuser comme auparavant. Seulement cette fois-ci, il avait perdu toute envie de rigoler. Il se rapprocha alors de Kuroko, qui inconsciemment se colla au bord, essayant de se reculer pour garder une distance de sécurité avec Akashi qui approchait.

Akashi apposa ensuite sa main contre la joue de cet enfant qui l'observait, surpris par ce retournement de situation. De son pouce, il effleura délicatement la peau sous l'œil gauche de Kuroko, qui était incapable de prononcer le moindre mot. Sans le moindre mal, il sentait la respiration fraiche d'Akashi s'échouer contre son visage rougi par la chaleur de l'eau. Le fait de se savoir tous les deux nus et si proches n'arrangeant en rien les rougeurs sur ses joues.

« As-tu souvent vu des personnes avec mes yeux, Tetsuya ? »

Comme il était incapable de parler, il agita négativement sa tête.

« Je n'ai pas toujours eu cet œil doré, Shūzō pourra te le montrer avec les photos qu'il a gardées. Tu m'as dit que je prenais souvent le taxi, mais penses-tu que c'est par plaisir ? Je suis incapable de conduire. »

De son pouce, il continua à caresser la peau sous son œil gauche. Cet œil doré qui contrastait avec celui sanglant, ces yeux hétérochromes qui n'avaient rien de commun… c'était bien au-dessus. Kuroko inspira longuement, sa gorgée nouée par l'émotion. Il n'arrivait pas à respirer convenablement.

« Akashi-kun…

— Qu'est-ce qu'il y a, Tetsuya ? » Demanda-t-il, la voix chargée de signaux d'alertes.

Akashi n'était plus d'humeur, il était donc à prendre avec des pincettes comme auparavant dans le bus. Pourtant, Kuroko avait entendu par le timbre de sa voix, sa détresse. Les cicatrices d'Akashi ne guériront pas, elles avaient changé son quotidien et même sa personne. Depuis ce jour, quelque chose s'était brisé, et pas seulement son cœur après avoir réalisé les manigances de son père et la perte de sa toute première relation ; Akashi avait perdu confiance en l'Amour.

Un père qui l'avait trahi et une femme qui l'avait blessé et qui avait quitté sa vie.

Kuroko finit par sortir sa main de l'eau, et l'apporta contre celle d'Akashi qui fronça pour sa part ses sourcils.

« Merci de m'avoir raconté votre histoire. Je comprends mieux certaines choses désormais.

— Quelles choses ? S'intéressa Akashi qui n'émit aucun mouvement, et laissa sa main dans celle de Kuroko.

— On vous a trahi et vous avez trahi à votre tour. Vous ne savez plus à qui faire confiance ou sur qui vous reposer. Même pas sur vous. C'est pour ça que vous êtes aussi intransigeant avec vous-même, car vous voulez êtes parfait ; une personne qui réussit en tout, qui peut faire face à tout, et sur qui on peut avoir confiance et se reposer à n'importe quel moment. C'est aussi pourquoi vous êtes aussi prévenant à mon égard. Pour une fois dans votre vie, vous voulez qu'une personne vous reconnaisse et vous fasses sentir en confiance, une vraie confiance.

— La chaleur de l'Onsen t'ait monté à la tête. » Clarifia Akashi d'une voix ferme.

Il voulut se dégager de l'emprise de Kuroko, se débarrasser de sa main qui devenait dérangeante, mais bien que le bleuté l'ait laissé faire, rien ne changea. Akashi se sentait toujours embarrassé et cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait face à ce sentiment. De toute évidence, il en avait décidément trop dit à ce garçon et la situation était devenue gênante.

Tout en se reculant pour retourner à sa place, Akashi entendit un bruit sonore et se tourna en direction de Kuroko. Lorsqu'il ne vit pas la tête du bleuté dépasser de l'eau, il se posa des questions. Il réalisa alors que le visage de Kuroko était bien rouge et que le garçon avait été ici avant lui, et qu'ils étaient restés relativement longtemps ensemble en plus de cela. Depuis combien de temps s'y trouvait Kuroko, au juste ?

Sans plus attendre, Akashi remonta à la surface et noua la serviette autour de sa taille avant de se diriger vers l'emplacement occupé jusqu'à lors par Kuroko. Tout en s'agenouillant à même le sol, il plongea sans hésiter ses bras dans l'eau et chercha un point de prise pour le remonter à la surface. Une fois qu'il trouva les épaules de Kuroko, il commença à se redresser tout en évitant soigneusement de glisser sur le sol mouillé, faisant par la suite s'allonger le bleuté qui était entré dans l'eau avec sa serviette nouée autour de la taille.

Du plat de ses mains, Akashi lui administra quelques claques légères afin de lui faire reprendre ses esprits. Ce manège dura quelques secondes avant qu'il n'entende les marmonnements de ce garçon qui toussa brusquement après avoir ouvert ses yeux, et ainsi recraché l'eau qu'il avait entretemps avalée. Lorsque ses yeux bleus croisèrent ceux d'Akashi, celui-ci soupira longuement tout en laissant tomber sa tête en arrière.

« La prochaine fois, je te laisse batifoler avec les bulles au fond du bassin, fit-il remarquer d'une voix grave.

— Akashi-kun est trop gentil pour ça, murmura Kuroko qui avait encore la respiration fastidieuse.

— Ça me fait une belle jambe. Enfin sortons, avant que tu ne t'évanouisses à nouveau. Tu peux marcher ? »

Après qu'il l'ait aidé à se redresser, Kuroko tenta quelques pas avant d'acquiescer et se diriger vers la sortie en compagnie d'Akashi qui fit tout de même attention à son avancée. Tous deux se changèrent et Kuroko mit sur son corps l'un des yukata qu'il avait trouvé dans une chambre, s'essuyant les cheveux au même instant qu'il sortait de sa cabine pour découvrir un peu plus loin Akashi lui aussi habillé par un yukata noir mettant en avant sa chevelure sanguine et ses yeux de différentes couleurs. Sans oublier ses joues encore rougies par l'Onsen qui fit sourire en coin Kuroko, qui pensa qu'il ne devait rien avoir à lui envier en matière de rougeurs.

Lorsqu'ils ouvrirent la porte pour rejoindre le couloir et les autres, ils tombèrent néanmoins nez à nez avec Takao qui avait précédemment dû tendre l'oreille contre la porte, se tenant accroupi et de profil. Akashi leva un sourcil tandis que Kuroko avait adopté de nouveau son visage inexpressif, mais Takao se redressa d'un bond et leur indiqua qu'ils allaient bientôt passer à table, avant qu'ils n'aient pu dire quoique ce soit. Ils retrouvèrent ainsi tous les autres qui s'étaient attablés et qui étaient tous habillés de yukata qu'Akashi avait mis à leur disposition, Mibuchi et Nebuya servant un à un chaque personne après que Takao ait pris le rôle de cuisinier pour le week-end.

Par la présence d'Hayama et de Takao, l'animation ne désemplit pas et tout le monde riait ou en tout cas souriait pour les personnes plus réservées. Même lorsque Nebuya se vanta de ses plongeons dans l'Onsen, et que Mibuchi et Kuroko rivèrent leurs yeux vers Akashi qui souriait froidement, il n'y eut aucun dommage collatéral. Tout le monde pensa à féliciter Takao pour la qualité de ses plats, ce qui fit rire nerveusement celui-ci qui renvoyait les compliments auprès de sa fille qui malgré son jeune âge était déjà une fine bouche. Akashi ne put par ailleurs qu'acquiescer face à ce fait : Takao était doué en cuisine, en plus d'être compétent dans son métier.

Au cours de la soirée, de nombreuses bouteilles de vins furent ouvertes et les discussions allèrent de bon train. Akashi et Kuroko durent expliquer le soir de leur rencontre, après que Takao ait demandé des détails et que cela ait intéressé les autres ; et bien que les principaux concernés n'entrèrent pas dans les détails afin de ne pas mettre mal à l'aise Kuroko, les autres invités comprirent facilement que la situation du bleuté n'était pas des plus enviables.

Lorsqu'une énième bouteille fut vidée et que Mibuchi se proposa pour aller en chercher une autre, il invita Kuroko à le suivre tout en se redressant. Tout d'abord étonné par l'invitation du brun, Kuroko ne se fit pourtant pas prier et emboîta le pas du jeune scénariste qui se dirigeait vers la cuisine légèrement à l'écart du salon où tout le reste du groupe reposait. Après s'être penché afin d'atteindre l'endroit où était entreposé l'alcool mis à leur disposition, Mibuchi décala son visage de sorte à avoir Kuroko dans son champ de vision.

« Sei-chan semble t'apprécier, commença-t-il tout en cherchant à l'aveugle une bouteille quelconque.

— Nous sommes juste colocataires, révéla Kuroko qui restait tout de même sur ses gardes.

— Oh, je sais. Ce n'est pas pour ça que je t'ai demandé de me suivre… enfin c'est vrai que je suis un peu jaloux de ta situation, mais Sei-chan a été clair à mon sujet. Il ne se passera rien. »

Kuroko pencha sa tête sur le côté, cherchant à comprendre où voulait en venir Mibuchi. Pendant ce temps, celui-ci avait mis la main sur une bouteille et se releva.

« En réalité, je voudrais te poser une question.

— Laquelle ? Demanda alors Kuroko.

— Et toi, est-ce que tu apprécies Sei-chan ? »

N'étant pas stupide, Kuroko comprenait très bien que Mibuchi lui demandait s'il éprouvait de quelconques sentiments pour Akashi. Qui dépassait bien entendu le stade de l'amitié. Son visage inexpressif et son regard neutre ne devaient pas permettre au brun d'identifier ses sentiments à l'égard du réalisateur, et cela devait sûrement le déranger. Cependant, de là à lui poser directement la question alors qu'Akashi se trouvait à quelques mètres d'eux…

« Je ne vois pas Akashi-kun de la sorte. Il m'est d'une grande aide, et je lui en suis vraiment reconnaissant, mais je n'éprouve rien pour lui. »

Pendant un instant, Kuroko sentit le regard observateur de Mibuchi sur sa peau afin de voir s'il lui disait la vérité ou non. Finalement, un sourire couvrit les lèvres du scénariste qui passa ensuite à ses côtés. Sa main libre vint entourer son épaule tandis qu'il le dépassait au même moment.

« Du moment que tes sentiments à son égard ne change pas, ça ira. Je pense que tomber amoureux de Sei-chan n'est pas une bonne chose, crois-en mon expérience. »

Mibuchi s'éloigna ensuite de lui pour retrouver les autres et ouvrir la bouteille qu'il venait de ramener, laissant derrière lui Kuroko qui pour le coup ne savait plus quoi penser. Il avait beau tourner les paroles du brun dans tous les sens, il ne comprenait pas pourquoi Mibuchi venait de lui fournir ce conseil sorti de nulle part. Depuis quand s'inquiétait-il pour lui ? Leur relation avait toujours été relativement tendue puisque cet homme avait des sentiments pour Akashi, et que lui vivait justement avec le rouquin et passait donc clairement plus de temps avec lui que Mibuchi. Aurait-il donc dit cela par jalousie ? Afin de le troubler ?

Ou bien, cela partait d'un bon sentiment et justement Mibuchi voulait qu'il évite de souffrir tout comme lui était justement en train de souffrir, en cet instant ?

Kuroko décida ensuite de retrouver les autres, mais il resta tout de même en retrait. Son regard ne pouvant se détacher de Mibuchi qui continuait de parler à Akashi comme si de rien n'était, comme si jamais le rouquin avait refusé ses sentiments. Puis, Kuroko se mit à penser à Akashi et essaya de comprendre. Avec ce que lui avait confié le rouquin dans l'Onsen, sur son histoire avec son père et son ex-petite-amie, Akashi n'avait pas été chanceux lui aussi.

Ils étaient tous les trois blessés par ce que les autres appelaient l'Amour.

Blessés par ce sentiment qui rythmait les battements de leur cœur, qui les rendaient parfois euphoriques ou justement les attristaient.

Finalement, ils finirent tous par s'endormir dans le salon et ne profitèrent aucunement des futons entreposés dans chacune des chambres. Ce fut Takao, le dernier survivant de cette soirée haut en couleur, qui plaça des couvertures sur tout le monde. Un sourire se trouvait étiré sur son visage en voyant Kuroko, sa tête ayant basculée sur le côté pour finalement trouver un appui de choix : l'épaule d'Akashi qui avait tout d'abord sursauté avant de voir le visage endormi de l'adolescent. Peu de temps après, Akashi avait ensuite suivi Kuroko dans les bras de Morphée et sa joue reposait dorénavant contre la chevelure bleutée.

Le spectacle était des plus attendrissants et de ce fait Takao prit soin de déposer délicatement la grande couverture sur les deux silhouettes sans réveiller l'une d'elles. Il couvrit par la suite les autres avant de regarder autour de lui et de se féliciter mentalement, sortant par la suite son téléphone afin de prendre une photographie collective et l'envoyer à Nijimura pour lui faire profiter de cet instant si rare ; Akashi et Kuroko se retrouvant au milieu du cliché.

Takao finit à son tour par se coucher, se trouvant une petite place sur le canapé, avant de rabattre la dernière couverture sur son corps et soupirer d'aise. Il ne tarda pas à s'endormir peu de temps après, un sourire ravi étendu sur ses lèvres. L'ambiance calme, chaleureuse, et avant tout des plus agréables lui rappelaient des souvenirs de ces années étudiantes où il partait en camp d'études avec ses camarades pour réussir leurs rattrapages.

Pourtant, malgré toute cette sérénité, il aurait été difficile de prévoir que tout cela allait radicalement changer dans les jours à venir.