Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? J'espère que comme moi, les examens sont derrière vous et que vous commencez vos vacances bien méritées ! J'ai été ravi des retours qu'a suscité le chapitre 22, puisqu'il me tenait particulièrement à coeur. De plus comme désormais ce sont les vacances, j'essaierai d'avoir un rythme de parution plus régulier. J'ai par ailleurs plusieurs chapitres déjà préparés pour cette fiction, alors les prochaines publications devraient se faire plus rapprochées entre elles ! N'est-ce pas une bonne nouvelle ? haha.
Sur ce, j'espère que ce chapitre 23 vous plaira tout autant que les précédents !
Réponses aux reviews :
Cookie : Bonjour à toi et bienvenue :D Pour ce qui est d'une vraie relation bientôt, ça se rapproche considérablement et les moments en question sont même déjà écris de mon côté ! Pour te dire à quel point ils sont proches ;) Et j'ai l'impression que cette fiction a regroupé tous les anti-Kagami car le pauvre n'a pas beaucoup de soutien... Pour ce qui est de l'attitude de Mibuchi, beaucoup se posent la question aussi ! Mais ce n'est ni un conseil ni un avertissement qu'il a fait à Kuroko. On peut plutôt dire qu'il a pensé à voix haute, puisqu'il s'est fait rejeter ses sentiments par Akashi et qu'à la base cette sortie ne devait être qu'entre eux deux, mais c'est terminé en sortie de groupe xD Du coup, rien que pour ça, Mibuchi l'a vécu assez mal... Et la future relation entre Akashi et Kuroko ne va pas influencer le film, du moins pas à cause du fait qu'Akashi vire de bord. Ce sujet sera bien sûr abordé alors je ne t'en dirais pas plus, mais gay ou non Akashi réalisera bel et bien un film romantique ! En tout cas merci énormément pour ta review, et j'espère avoir un rythme de parution plus régulier grâce aux vacances et ainsi essayer au moins de sortir 2 chapitres en un mois (c'est l'objectif que je me suis assigné). Encore merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
asuka lockser : Désolée pour l'attente du chapitre 23, mais comme tout le monde j'étais en grande période d'examen (de même pour ma bêta) du coup ça a été assez compliqué d'avoir du temps et surtout l'énergie nécessaire pour terminer ce chapitre et pouvoir le publier. Merci beaucoup pour ton commentaire en tout cas et j'espère que ce chapitre te plaira !
Road22 : Oh t'inquiète pas, je comprends tout à fait... les examens sont une tuerie de ce côté. J'espère en tout cas que ton brevet c'est bien passé. Mais comment ça mon talent t'énerve ? XD Et Akashi n'est pas tout à fait aveugle d'un oeil, du moins pas complètement encore. Et en quoi je suis sadique ? :D Car j'ai pas profité de la scène de l'Onsen et de leur soudaine proximité pour les faire s'embrasser ? mouhahaha. Mais ne t'inquiète pas, le premier bisous arrivera ! Merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture :3
ajiahdompey : Ohoh que ce chapitre 22 soit pour toi ton préféré pour l'instant, me fait énormément plaisir. Merci beaucoup. Surtout qu'en plus ce genre de moment rien qu'à Akashi et Kuroko, ce genre de complicité et d'intimité ne feront que se répéter dans les prochains chapitres. Pour Mibuchi, en effet ses sentiments sont nés de son admiration pour Akashi, mais finalement il l'aimait vraiment... ainsi savoir que depuis le départ Akashi ne comptait pas rester avec lui à l'Onsen a vraiment été dur à encaisser. Pour ce qui est de son orientation dans le manga, elle n'a pas été confirmée mais dans des pages comiques il a été annoncé qu'il aimait un membre de son équipe - il me semble.
Pour le passé d'Akashi et son ex, ce chapitre t'apportera quelques informations à ce sujet. Akashi n'est pas tout blanc, tu sais ;) Et pour ce qui est de raconter la visite d'Akashi chez son père, il y aura mieux dans les prochains chapitres avec l'arrivée justement du cher père ! Il fallait bien qu'un jour ou l'autre il arrive haha. En tout cas merci beacoup pour ta review qui m'a fait très plaisir et je te souhaite une bonne lecture.
kama-chan59 : Bonjour à toi ! Du coup je ne sais pas si tu lieras ma réponse, mais sait-on jamais... Ça n'a jamais été mon genre de faire des lemons dès les premiers chapitres de l'une de mes histoires, car à la base souvent les personnages ne se connaissent pas et je ne fais pas dans l'expéditif. Après, cela peut aussi être l'un de mes défauts en effet, du coup je remercie tes remarques à ce sujet. Malheureusement, cette fiction est trop lancée pour que subitement je fasse un lemon entre Akashi et Kuroko, qui serait complètement hors propos en vue des événements récents. Je ferais donc plus attention pour mes projets futurs, encore merci.
ryoko : Merci pour ta review et je compte faire quelque chose pour diminuer cette longue attente, ne t'en fais pas ! :) En tout cas j'espère que ce chapitre te plaira.
Laura-067 : Ce n'est pas pour tout de suite que Masaomi va débarquer, mais un jour... oui un jour peut-être ;) Pour ce qui est de Mibuchi, en effet il s'est rendu compte qu'il n'avait vraiment aucune chance et décidera donc de tourner la page. Pour ce qui est de mettre en garde Kuroko, ce n'en n'était pas vraiment une ; on dira plutôt qu'il pensait à voix haute et parler plus à lui-même, comme il vint de se faire rejeter par Akashi qui depuis le départ ne comptait pas passer du temps avec lui à l'Onsen. Concernant tes questions sur le passé d'Akashi, il n'est pas tout à fait borgne, du moins pas encore. Sa vision baisse, c'est pour ça qu'il doit aller à ses rendez-vous avec Midorima. Mais c'est bien son ex-petite-amie qui l'a blessé de la sorte, après dans quelle circonstance et avec quoi... ce sera bien sûr abordé. Merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
chachouchi : Bonsoir et bienvenue à toi :D Parfois j'ai l'impression que Takao et Nijimura sont les mascotes de cette fiction, et ça me fait doucement rigoler. C'était prévu que Nijimura ait un rôle qui allège cette histoire, mais je pensais vraiment pas que lui et Takao auraient un tel impact sur les lecteurs. Merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture :3
Le Renard Bleu : Ah ça il est clair que Takao aime jouer les rôles des entremetteuses ! Mais ne t'inquiète pas, maintenant qu'il s'est fait rejeter par Akashi, Reo se fera bien plus petit et cessera d'empiéter sur les plates-bandes de Kuroko ;) Et cette scène où Kuroko s'évanouit dans l'eau chaude était incontournable, voyons ! Comment faire autrement haha. En tout cas je suis ravi si le chapitre 22 t'a plus et je te souhaite une bonne lecture :3
mellyrn : Bonsoir et bienvenue à toi :D Et oui, moi et le fluff on est pas très copain. J'arrive toujours à casser l'ambiance, et ce serait mentir de dire que je ne m'en régale pas haha. Mais c'est bien la première fois qu'on me dit que je jongle entre le poétique et le narratif et ça me fait carrément plaisir ! Merci beaucoup, encore. Sache en tout cas qu'à force de lire et d'écrire, on finit toujours pas évoluer. Si je te montrais mes premières histoires (qui sont soigneusement cachées sur mon ordinateur) tu en pleurerais de rire, crois-moi. Du coup tu as encore le temps de progresser, d'atteindre ton idéal et surtout de trouver des personnes qui écrivent encore mieux que moi ! Mais merci beaucoup, tes mots me feraient presque rougir xD Et ne t'inquiète pas, Kuroko rencontrera même assez rapidement le père d'Akashi. C'est une chose prévue depuis bien longtemps. Je te souhaite une bonne lecture et j'espère que ce chapitre te plaira !
mower : Est-ce que Kuroko se ment-il à lui-même ? Telle est la question, chère amie ;) Nous obtiendrons la réponse assez rapidement, sachant qu'en plus Akashi et Kuroko continueront d'avoir ces moments magiques qui continueront de les rapprocher l'un de l'autre. J'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !
Miss Yuki 66 : Je suis plus qu'heureuse que ce chapitre t'ait plu ! Pour ce qui est d'Akashi et de son oeil, en réalité il est pratiquement borgne en effet. Mais pas totalement, c'est simplement sa vue qui baisse et qui l'oblige à consulter Midorima. Mais en effet, il terminera aveugle d'un oeil. Et en effet, Mibuchi est assez à plaindre dans ce chapitre, mais c'était pour la bonne cause : maintenant il sait que c'est sans espoir avec Akashi et il pourra ainsi tourner la page. En tout cas merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
Merci aussi à ptitcoeurfragile pour son commentaire et ces personnes qui mettent ma fiction en favoris / follows. Je vous souhaite à tous une bonne lectur et j'espère que ce chapitre vous plaira ! Des bisous et, j'espère, de bonnes vacances d'été avec du Soleil.
Le papillon
Scène 23
Le désir est sensuel, une manifestation du libre choix ; l'attachement, au contraire, est l'ennemi du libre choix.
Toni Bentley.
Kise lisait des commentaires sur le net lorsque son téléphone sonna, il décrocha après avoir vu le nom d'Aomine s'afficher. La voix beuglante du basané fit ricaner le mannequin qui choppa rapidement un gilet, alors qu'il sortait de sa chambre pour rapidement rejoindre son ami. En réalité, il avait de nouveau rendez-vous avec Aomine pour un énième match de basket et il avait déjà une demi-heure de retard. Pourtant malgré les paroles injurieuses de son nouvel ami, de ses menaces prononcées au cas où il n'arriverait pas dans les prochaines minutes, Kise s'en moquait éperdument.
Il avait l'impression de flotter sur un petit nuage, de voir de nouvelles couleurs dans ce monde auquel il appartenait depuis tant d'années.
Les chiffres de l'audimat étaient tombés récemment, et sans plus attendre Kise s'était dirigé vers les réseaux sociaux pour savoir si son rôle avait produit l'effet escompté. Il savait que ses fans allaient le suivre, ces derniers ayant suivis l'actualité sur les pages que Kise tenait lui-même à jour. De la sorte, le jeune acteur savait déjà qu'il aurait des retours ; certes peu objectifs, mais il en aurait. Et pour l'instant, c'était tout ce qu'il désirait : démarrer sur des petits projets, prendre confiance en ses capacités, avant de se lancer vers la difficulté.
Kise souhaitait apparaître à l'affiche d'un des films d'Akashi Seijūrō. Son rêve de battre un jour son père, d'être au-dessus de lui et ainsi quitter l'ombre dans laquelle cet homme l'avait projeté, Kise savait que ce serait grâce à l'intervention d'Akashi. Son écriture, sa manière de filmer et de transmettre des émotions, Kise allait jouer pour l'un de ses films. Il en était convaincu.
Une demi-heure plus tard, Kise retrouva Aomine qui s'était appuyé contre un arbre et avait fourré ses mains dans les poches de son short. Un ballon de basket était coincé contre sa hanche, parfois il en était délogé pour aller tournoyer au bout de son index, lorsque le basané s'ennuyait et avait besoin d'un peu d'activité. Un sourire amusé s'étira sur les lèvres de Kise tandis qu'il finit de retrouver Aomine ; qui lui avait pourtant dit que s'il n'était pas là dans les cinq prochaines minutes, il rentrerait chez lui et ne répondrait plus jamais à ses appels.
Aomine l'avait en réalité attendu.
« Désolé Aominecchi ! J'ai pas vu le temps passer. » S'excusa-t-il tout en ayant les mains apposées contre ses genoux pour reprendre son souffle.
Le basané se redressa, quittant ainsi son support, qui était l'arbre, sans pour autant que le ballon posé sur son index ne cesse sa rotation hypnotique. Kise aurait pu passer des heures à observer l'agilité que possédait Aomine avec un ballon entre ses mains, dévorant du regard chaque mouvement effectué par son ami, dont les réels talents ne se dévoilaient complètement que dès lors qu'il mettait un pied sur un terrain.
A cause de son métier, Kise avait toujours été entouré par diverses personnes. Il avait donc appris malgré lui à les identifier, à découvrir par lui-même ceux qui pouvaient le faire grimper dans l'échelle sociale et ceux qui pouvaient, au contraire, le poignarder dans le dos. Tout en suivant les pas d'Aomine vers le Street basket, et lui expliquant la raison de son retard pendant que le basané se grattait ouvertement l'intérieur du nez, Kise pensa à Imayoshi. Malgré que cet homme ne soit pas à ses côtés, Kise ressentait son influence par-dessus ses épaules, revoyant sans mal le sourire malfaisant qui s'étirait de temps à autre sur ces lèvres.
Imayoshi était de toute évidence un homme dangereux, Kise en était parfaitement conscient. Il avait décidé de le rencontrer pour cela ; car Imayoshi était effrayant, il était connu pour terroriser ceux qui pensaient être au-dessus de tout, comme les petits prétentieux qui s'amusaient à tyranniser Kise. Ces mannequins qui, après le passage d'Imayoshi, avaient pour quelques-uns quittés le monde du showbiz. Kise ne s'était jamais réellement renseigné sur les causes, à vrai dire il ne s'y intéressait même pas. Il savait seulement, et cela lui suffisait, qu'Imayoshi respectait sa part du contrat.
« T'sais princesse, j'en ai rien à ciré que tu veuilles te trémousser devant une caméra. Moi ce qui m'intéresse, c'est le basket et pas discuter de paillettes, souffla Aomine agacé d'entendre toutes les histoires de Kise à propos de son tournage et de ses shootings.
— Mais on va pas faire que parler de basket, si ? Hésita Kise, loin d'être enchanté de cette décision.
— Tu peux te taire aussi, ça ferait pas de mal à mes oreilles. »
Bien que Kise insulta Aomine pour sa dernière réplique, le basané lui envoya le ballon afin de le faire taire. Ce fut au dernier moment que Kise rattrapa le ballon, qui faillit lui arriver en pleine figure, le décalant ensuite pour se plaindre de nouveau de l'attitude d'Aomine. Seulement, il eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que l'autre adolescent était déjà à ses côtés, penché vers l'avant, tandis que sa main droite se rapprochait de son torse. En un temps record, et comme une rafale de vent qui vous emporte avec elle, Aomine le dépassa avec cette fois-ci le ballon entre ses mains. L'adolescent inscrit de la sorte le premier point, retombant brutalement contre le sol après que sa main ait enserré le cerceau orangé.
Se tournant dans la direction de son ami, Kise ne pouvait que cligner des yeux et fermer sa bouche. Au même instant, Aomine fit rebondir le ballon qu'il avait entretemps récupéré et lui fit de nouveau face.
« T'as fini de te plaindre ? Déjà que tu m'as fait attendre, j'ai pas forcément envie d'entendre tes jérémiades. J'suis pas ta mère.
— C'est méchant Aominecchi ! Tu penses qu'à ton propre amusement !
— Ça a pas l'air de te déranger plus que ça, puisque tu continues de m'appeler pour qu'on se voie. »
Aomine lui offrit un sourire carnassier, sachant parfaitement que malgré tout ce qu'il pourrait dire à l'encontre de Kise, celui-ci continuerait de l'appeler. Mine de rien, il appréciait ce type qui passait son temps à se plaindre, à dire à quel point être mannequin était difficile malgré les apparences, et qui malgré toutes ses défaites continuaient à se relever pour l'affronter une nouvelle fois. Depuis toujours, Aomine appréciait les personnes qui ne lâchaient rien, qui se montraient tenaces voire hargneux lorsqu'on tirait sur leurs cordes sensibles. C'était beaucoup plus intéressant qu'une personne qui se laisserait marcher dessus, courbant l'échine à la moindre difficulté.
Son sourire s'agrandit davantage lorsqu'il pivota sur le côté à la dernière minute, n'ayant pas vu pendant un instant Kise foncer sur lui, comme il l'avait fait quelques secondes auparavant. C'était que la princesse était une petite copieuse, finalement.
Amusé par l'attitude de Kise, Aomine ne ménagea nullement ses capacités et tira de diverses façons, continuant d'émerveiller Kise qui ne se lassait décidément pas de l'agilité de son ami. C'était à se demander si Aomine rencontrerait un jour ou l'autre des limites, qui pour l'instant demeuraient absentes. De plus, tel un félin, malgré toutes ses gesticulations et ses pirouettes, Aomine retombait toujours sur ses pieds. Pas un seul instant il ne trébucha ou ne tomba.
C'était à la fois mystérieux et subjuguant. Kise voulait pouvoir être capable de faire la même chose. Il voulait pouvoir jouer comme Aomine, aussi naturellement. Voir jouer Aomine était un vrai régal pour ses yeux.
Les deux jeunes hommes continuèrent de jouer l'un contre l'autre pendant plusieurs heures, Kise parvenant à ramener au score tandis qu'Aomine le félicitait mentalement pour ses exploits. Le bleuté avait rarement vu une personne tel que Kise : aussi pipelette et donnant l'impression de ne pas être sérieux, alors que finalement, c'était tout l'inverse. Certes, le blond avait un débit de parole plus que conséquent, mais dès qu'il se trouvait dans le feu de l'action rien ne pouvait plus l'arrêter.
Pour rien au monde, il ne désirait perdre ; et cela plaisait énormément à Aomine. Intérieurement, il remerciait encore Momoi pour avoir décidé d'engager la conversation avec ce drôle de type, car grâce à son amie d'enfance il avait pu se trouver un rival de taille.
« Aominecchi… j'en peux plus… »
Allongé à même le sol, et tentant tant bien que mal de reprendre son souffle, Kise avait les bras et les jambes écartés. Il rêvait d'une glace afin de se rafraîchir.
« Tu admets ta défaite ? Se moqua son adversaire en se rapprochant de lui, tout frais et encore debout.
— Je n'admets rien du tout. Je suis épuisé, j'ai un travail à côté, moi.
— Et il recommence à se plaindre, se lamenta Aomine.
— Tu as déjà travaillé à côté de tes études, Aominecchi ?
— Travailler, pour quoi faire ? Je vis encore chez mes parents. »
La question naïve d'Aomine, qui se grattait au même instant l'intérieur de l'oreille, fit soupirer Kise. Le blond comprit que cela ne servait à rien de poursuivre cette conversation, Aomine semblait bouché à ce sujet, et il ne voulait pas se disputer pour des broutilles. Il se redressa alors et étira un large sourire, époussetant ses vêtements avant de lever ses yeux caramels en direction du basané.
« Et si nous allions manger une glace, pour changer du fast-food ?
— C'est que tu peux proposer de bonnes idées quand tu veux ! »
Pendant un instant, Kise dévisagea son ami. Ils se mirent pourtant en route sans qu'il ait rajouté quoi que ce soit, s'étirant durant le trajet pendant qu'Aomine tenait son ballon de basketball contre sa hanche. De nombreuses minutes plus tard, ils ressortirent du combini avec chacun leur glace fourrée dans leur bouche. Ils marchèrent sans vraiment faire attention à où leurs pieds les emmenaient, profitant de la fraîcheur de la saison pour se reposer et se rafraîchir.
Comme convenu, Kise cessa de parler de ses shootings et de ses scènes tournées pour le drama. Il demanda plutôt d'où venait la passion d'Aomine pour le basket, puisque ce sport semblait rythmer la vie du jeune homme. Tout en marchant parmi la foule, Aomine se montra honnête et parla sans détour. C'était par ailleurs ce trait qui plaisait beaucoup à Kise ; il était facile de cerner Aomine. Ce n'était pas le genre de personne à jouer les hypocrites, ou encore à jouer un double jeu comme certains en étaient capables, dont lui-même.
— Tu veux que je te débarrasse de ces crétins et que je t'aide à monter sur les marches du cinéma ? En soit, ce n'est pas compliqué pour moi, mais qu'est-ce que j'y gagne ?
Pendant qu'Aomine lui révélait ses souvenirs de jeunesse, lorsqu'il découvrit pour la première fois le basket avec son père qui lui avait offert son premier ballon un jour ensoleillé, Kise repensa à sa première avec Imayoshi. Il entendait la voix d'Aomine, pourtant elle lui semblait si lointaine, et sa glace eut un goût amer.
« J'm'entendais bien avec mon père à ce moment-là, il était beaucoup moins relou qu'aujourd'hui.
— C'est peut-être parce que tu deviens adulte, et qu'il veut que tu endosses les responsabilités qui iront avec.
— Comme prendre sa relève et devenir flic ? Demanda froidement Aomine, presque agressivement.
— En partie ! Je ne connais pas ton père, tenta Kise pour éviter de se recevoir la colère du basané.
— Si c'est ça être adulte, j'préfère continuer à sécher les cours et dormir sur le toit. »
Kise ne put s'empêcher de rire face à l'image qui vint s'incruster dans son esprit, attirant l'attention d'Aomine qui lui demanda s'il ne se ficherait pas de lui par hasard.
« Pas du tout, Aominecchi ! Je trouvais simplement ta phrase très clichée haha. Le délinquant qui sèche ses cours sur le toit de son lycée, cigarette dans la bouche et le regard porté au loin.
— Enlève la cigarette et tu as tout juste, maugréa par la suite Aomine.
— Nan sérieux !? »
L'exclamation de Kise fit soupirer Aomine qui écarta brutalement le visage du mannequin, qui s'était entretemps rapproché de lui, par sa main. Il était beaucoup trop proche et les larmes qui perlaient sur le coin de ses yeux ne lui plaisaient pas du tout. De toute façon, Aomine n'avait jamais apprécié l'autorité ni même les cours ; alors lorsque ces derniers étaient combinés d'une façon ou d'une autre, forcément il les fuyait comme la Peste.
« Mais quelque part, je t'envie Aominecchi, soupira Kise tout en levant ses yeux vers le ciel.
— Tout le monde m'envie. » Se moqua l'intéressé sans que Kise sache si c'était une blague ou non.
Un rire nerveux lui échappa alors que derrière ses paupières se jouaient des scènes de son enfance, lorsque son père était encore vivant. Il voyait ce dernier revenir de temps à autre à la maison, son travail lui prenant tellement de temps qu'il vivait la plupart du temps dans des hôtels. Kise était certain d'avoir le plus vue son père grâce à la télévision qu'au sein de leur foyer. L'avait-il une fois pris dans ses bras ? L'avait-il une fois corrigé alors qu'il faisait une bêtise ? Sur les albums familiaux, seules ses sœurs plus âgées apparaissaient aux côtés de leur père. Kise n'avait aucune photographie à ses côtés, pas même bébé.
Cet homme qui avait préféré son métier à sa famille, cet homme qui malgré sa mort l'empêchait d'exister comme étant simplement Kise Ryōta, et non le fils de Ryūnosuke Kise. En se rappelant de sa compétition personnelle avec son propre père, Kise contracta ses poings alors qu'il continuait à observer le ciel. Son soudain changement d'attitude ne passa pas inaperçu aux yeux d'Aomine, qui d'un œil curieux vit ses poings serrés.
« D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai vu mon père que de dos.
— Le mien aussi était pas mal absent, tu sais. Avec toutes ses affaires et ses autres trucs…
— Oui, mais tu l'as dit toi-même un peu plus tôt : tu t'entendais bien avec lui quand même. Le mien ne m'a même pas laissé l'opportunité de le connaître.
— Il faisait quoi dans la vie ? »
Le fait qu'Aomine lui ait posé cette question n'étonna que de moitié Kise, puisqu'il réalisait petit à petit que tout ce qui intéressait le basané tournait autour du basket et pas autre chose. Toutefois, Kise cessa d'avancer et se retourna pour faire face à Aomine qui s'arrêta à son tour. Leur glace étant terminé à tous les deux, le basané fourra sa main libre dans la poche de son pantalon tandis que l'autre calait toujours son ballon contre sa hanche.
« Ça n'a rien à voir avec le basket, mais ça te dit de m'accompagner quelque part Aominecchi ?
— J'suis obligé ?
— Je ne pensais pas faire ça un jour, mais je vais te faire rencontrer mon père ! Allez viens ! » Insista Kise en ignorant sa remarque.
Le blond lui saisit rapidement le bras afin de le tirer vers lui, se mettant à courir pour se diriger dans un coin de la ville qu'ignorait Aomine. Le basané eut beau interroger Kise, il n'obtint aucune réponse de sa part et continua simplement à courir, ses yeux d'un bleu électrique ne lâchant pourtant pas du regard cette main qui serrait son poignet. Parce qu'il avait une voix grave et une expression toujours énervée, peu de monde osait l'approcher ou semblait être capable de faire une syncope directement sous son nez. Quelques filles essayaient tout de même de l'approcher, lui faisant parfois même des déclarations, mais elles parlaient si bas qu'il ne comprenait rien et cela l'agaçait. Alors forcément, il était brutal et renvoyait tout le monde aller voir ailleurs.
Aomine savait parfaitement que les relations humaines et lui n'étaient pas une chose compatible, et il se fichait éperdument d'être seul ou non. Après tout, il valait mieux être seul que mal accompagné, pas vrai ? Et puis, il avait Momoi de toute façon. Et Kise maintenant.
Peu de temps après, ils arrivèrent devant un petit cinéma où les affiches jaunies n'annoncèrent rien de bon. Aomine les regarda une par une, mais il eut beau cherché dans ses souvenirs, ces titres ne lui rappelaient rien. Sans le consulter ultérieurement, Kise acheta deux places après avoir demandé les horaires pour l'un des films en particulier, faisant par la suite signe à Aomine de le suivre. Ce fut donc en traînant les pieds qu'Aomine mit les pieds dans une des salles proposées, s'asseyant aux côtés de Kise au milieu d'une rangée quelconque.
« Mon père était un acteur, lui révéla-t-il sans crier gare.
— Oh.
— Ryūnosuke Kise, ça ne te dit rien ? »
Pendant quelques secondes, Aomine donna à Kise le privilège de le voir réfléchir à la question. Le bleuté chercha dans ses souvenirs, malheureusement il n'avait pas la mémoire des noms et ne s'intéressait pas particulièrement à l'univers du cinéma. Seule sa petite vie et le basket l'intéressait, après tout.
« Ce film est celui qui l'a fait connaître dans le monde entier. Il aimait tellement son métier qu'il a fini par ignorer sa famille, nous faisant passer au second plan. »
Les publicités cessèrent et enfin le film se lança, déployant ses premières images sur une famille lambda qui se retrouva bientôt déchiré par la mort soudaine de la mère. Aomine n'eut aucun mal à reconnaître le père de Kise ; un homme au trait aussi fin que la personne assise à sa gauche, ses yeux caramels s'ancrant aisément dans les siens lorsque cet acteur fixa la caméra pour la première fois. Aomine se sentit presque fébrile devant le jeu de cet homme, faisant se dresser les poils de ses bras. Il ne parvenait pas à quitter du regard la silhouette de cette personne, et ainsi fut incapable de voir le sourire ironique qui se formait sur le visage de Kise.
Même Aomine, qui ne se concentrait que sur le basket, se faisait avoir par son père.
Comme le jeu hypnotique d'Aomine, son père l'était tout autant dans un autre registre. Une fois les yeux posés sur sa silhouette, il était impossible de s'en décrocher. L'image s'ancrait profondément et ne partait jamais, comme une drogue. Il était impossible d'échapper à cet homme ; peut-être était-ce justement pour cela que sa mère avait été incapable de le quitter, de refaire sa vie avec un autre, alors qu'elle était complètement délaissée et parfois même ignorée. Le nombre de fois où son père était absent aux jours de fêtes, ou encore pour les anniversaires, ne les appelant même pas.
— Je suis certaine que votre père pense à vous !
Foutaise.
Kise se détourna d'Aomine pour diriger son regard vers son père qui montrait sa résolution à sauver sa famille, à garder un minimum de contrôle et d'équilibre malgré la perte de sa femme et de la mère de ses enfants. Que c'était ironique. Il était limite convainquant dans ce rôle.
A la fin du film, bien que le générique se fût enclenché depuis un certain temps, Aomine ne parvenait pas à quitter l'écran du regard. Ce fut par Kise qui agita sa main à quelques centimètres de son visage, qu'Aomine se réveilla et sortit de son état second. Le jeune homme cligna plusieurs fois des yeux, ne sachant pas exactement ce qui venait de se produire à l'instant.
« Et donc ? Qu'est-ce que tu veux me faire comprendre ? Interrogea par la suite Aomine, tout en restant assis dans cette salle de cinéma vide et essayant de regrouper ses idées.
— Mon père est mort il y a quelques années et t'as bien vu que ce cinéma ne propose aucun film actuel, ricana Kise tout en retrouvant son visage habituel.
— Ouais et ?
— La personne que je dois battre, c'est lui. Je veux le dépasser et qu'on cesse de penser que je suis sa copie-conforme. Je veux que l'on reconnaisse mes capacités.
— Ouais, tu veux qu'on arrête de te comparer à lui quoi… » Simplifia Aomine.
Kise acquiesça vivement, montrant son ressentiment à ce propos. Il en avait vraiment assez. De son côté, Aomine soupira tout en basculant sa tête vers l'avant, sa main grattant ses cheveux. Lui qui avait un père un peu trop sur lui et Kise qui à l'inverse avait eu un père totalement absent… ils formaient une belle équipe tous les deux.
« Tu veux qu'on cesse de te comparer à lui, pourtant tu t'es lancé dans le showbiz… t'es pas un peu con ?
— Même sans commencer là-dedans, comme je suis le seul garçon de la famille, on m'a direct assimilé à lui, Aominecchi ! Alors ça m'a énervé et j'ai voulu montrer à toutes ces personnes qu'elles avaient tort.
— En le battant sur son propre terrain ?
— Oui ! »
Aomine dirigea son regard dans celui étincelant d'ambition de Kise, une telle ferveur s'échappait du corps de son ami qu'il ne put que capituler. Il lui était impossible de dire quoi que ce soit, puisque de toute évidence Kise semblait avoir un mot pour tout et ne lâcherait sûrement pas le morceau. De la sorte, Aomine soupira tout en se redressant.
Son attention se dirigea de nouveau vers l'écran où le générique avait cessé de défiler. Cet homme qu'il venait de rencontrer, le père de Kise, cela n'allait pas être facile. Aomine avait toujours été quelqu'un de confiant envers ses propres capacités, mais cela ne l'empêchait toutefois pas de contracter sa mâchoire et d'en douter lorsqu'il rencontrerait enfin une personne de son niveau. C'était dans la nature humaine de se remettre en question, de se sentir un instant impuissant avant de savoir rebondir et de donner davantage, se surpassant de la sorte. Allant au-delà de ses limites.
Ryūnosuke Kise.
Il ne semblait pas être un adversaire facilement mis à terre. Kise avait un but dans sa vie une chose à atteindre et à dépasser, pour devenir meilleur. Ils avaient le même âge et pourtant pour sa part, Aomine n'avait aucune ambition et se contentait de son quotidien paisible sans émettre le moindre mécontentement.
« Aominecchi ? » L'appela tout à coup Kise en voyant son air absent.
Les yeux du basané rencontrèrent de nouveau ceux caramels du blond, qui s'était entretemps redressé et s'était rapproché de lui. Aucun mot ne sortit de sa bouche, ses yeux observant seulement ceux de son homologue qui fronçait ses sourcils. Ils finirent toutefois par quitter ce cinéma qui n'affichait que des films datés, devant par la suite se séparer l'un de l'autre puisque Kise venait de recevoir un appel de sa manageur qui lui demandait de la rejoindre le plus tôt possible.
Aomine le vit alors agiter énergiquement son bras de droite à gauche tandis que Kise s'éloignait de lui à grands pas, se mettant ensuite à courir pour rejoindre au plus vite l'endroit indiqué par cette femme.
Dorénavant seul au milieu de cette ruelle, Aomine soupira tout en laissant sa tête tomber en arrière et ainsi pouvoir voir le ciel dégagé de tout nuage. Il avait toujours, au fond de lui, était conscient que son train de vie ne pouvait continuer sur le long terme. Tôt ou tard, il allait devoir prendre ses responsabilités et faire des choix qui dessineront son avenir. Prendre la succession de son père ou non était justement l'un de ses choix. Son paternel désirait de toute évidence une réponse rapide, afin de réagir en conséquence.
« Hé Wakamatsu… »
Sursautant derrière le conteneur qui lui servait de cachette, le garde du corps se décala légèrement et croisa rapidement le regard de son protégé. Il contourna la poubelle pour ensuite venir rejoindre Aomine qui gardait toujours son allure détendue, ainsi que son expression qui paraissait toujours décrire un ennui profond. Pourtant, cette fois-ci, quelque chose changeait de d'habitude. C'était léger, presque invisible, mais c'était bel et bien là, ancré dans le regard du jeune homme : une flamme venait de s'allumer.
« J'assisterais à la prochaine réunion qu'il tiendra avec les vieux schnocks. »
Puis sans ajouter quoique ce soit d'autre, Aomine retourna sur ses pas afin de retrouver le centre-ville tandis que derrière lui Wakamatsu avait ouvert grand la bouche. L'adulte n'en revenait pas. Il ne tarda pas à sortir son téléphone de la poche de son blouson et appela le paternel du basané, dont un rire puissant s'échappa avant qu'il ne mette fin à la communication. De toute évidence, son patron était satisfait par la tournure des événements.
-x-x-x-
Après que le Shinkansen les ait tous ramenés à Tokyo, et après avoir salué tout le monde pour ensuite se séparer et rentrer chacun chez soi, lorsqu'ils montèrent dans un taxi pour rentrer à l'appartement d'Akashi, Kuroko ne put s'empêcher d'observer le profil du réalisateur. Pour sa part, Akashi observait le paysage défiler tout en sachant parfaitement que Kuroko le fixait avec insistance.
Ce matin, Akashi s'était réveillé en remarquant le visage de l'adolescent appuyé contre son épaule. Une couverture avait été déposé sur eux et ils étaient les seuls dans le salon, les autres ayant dû se réveiller au cours de la nuit et ayant ensuite rejoins les chambres préparées pour eux. Pendant un instant, alors que les rayons du Soleil commençaient à réchauffer les fleurs endormies et ternes, Akashi avait observé le visage endormi de Kuroko dont la respiration basse prouvait qu'il dormait encore. Leur conversation à l'Onsen, la main de Kuroko prenant la sienne, les confessions émises, toutes ces scènes s'étaient rejouées derrière ses pupilles.
Il s'était livré à ce garçon et Kuroko lui avait livré ses problèmes en retour.
Jusqu'alors, Akashi ne se livrait qu'à Nijimura qu'il connaissait depuis l'enfance, et Murasakibara avec qui il avait passé ses années universitaires et avec qui il avait traversé certains de ses pires moments. Nijimura qui avait toujours été là, se fichant des apriori de son père à son égard et lui faisant face avec le plus grand des calmes, et Murasakibara qui lui avait présenté cette fille et qui avait assisté à leur déchirure mutuelle, se retrouvant au milieu de cette situation sans pouvoir rien faire.
Seulement hier, Akashi pouvait désormais compter une troisième personne dans son cercle très restreint de personnes ayant un jour entendu ses plaintes.
Sa main le démangeait.
Le taxi les déposa ensuite en bas de son immeuble, et les aida à retirer de son coffre leurs affaires. Sans s'échanger le moindre mot, Akashi et Kuroko montèrent jusqu'à l'appartement du rouquin. Chacun retourna dans sa chambre pour ranger le contenu de leur valise, Kuroko marquant toutefois un temps d'arrêt. Il tourna son visage sur le côté, observant le mur à sa gauche qui séparait sa chambre à celle d'Akashi.
Dans l'après-midi, après un appel d'Akashi, Nijimura vint rapporter Nigou qui se jeta aussitôt dans les bras de son maître. Après la photo que lui avait envoyé Takao de ces deux-là en train de dormir ensemble, Nijimura voulut les charrier à ce sujet. Seulement, l'atmosphère ne s'y prêtait absolument pas.
« Merci à toi, Shūzō.
— J'espère que Nigou ne vous a pas posé de problèmes, Nijimura-san. »
Jetant un coup d'œil à l'un puis l'autre, Nijimura fronça ses sourcils. Quelque chose était palpable, invisible et pourtant bel et bien présent. Ces deux-là se seraient-ils disputés et Takao ne lui en aurait rien dit ? C'était à peine si Akashi et Kuroko s'échangeaient un regard, une parole. De ce fait, Nijimura repartit chez lui avec un sentiment amer en bouche. Il décida en chemin d'appeler Takao pour savoir si ce dernier n'aurait pas oublié de lui fournir certaines informations, mais il le surprit par ses propos. Selon le compositeur, rien de spécial ne s'était passé lors de la séparation du groupe.
Après le départ du scénariste, Kuroko reposa Nigou contre le sol et suivit du regard Akashi qui retourna dans sa chambre.
« Ne me dérange sous aucun prétexte. Je compte travailler, l'avertit le réalisateur sans même lui jeter un regard.
— Bien. »
Nigou regarda son maître, puis Akashi, sa queue fouettant l'air. Il vit ensuite Kuroko rejoindre le canapé et allumer la télévision tandis qu'Akashi fermait la porte donnant accès à sa chambre, mettant en route son ordinateur pour coucher sur un traitement de textes les idées de script qui lui avaient traversé l'esprit. Toutefois, ses doigts ne firent que tapoter sans réellement appuyer sur les touches de son clavier, son regard se perdant dans le vague. De son côté, son esprit le resituait mentalement dans le salon de son Onsen, les oiseaux se réveillant doucement de leur nuit réparatrice, et la tête de Kuroko reposant contre son épaule.
Sa main vint soutenir son visage et un profond soupir sortit de sa bouche, les yeux clos.
— Pour une fois dans votre vie, vous voulez qu'une personne vous reconnaisse et vous fasses vous sentir en confiance, une vraie confiance.
Le besoin de reconnaissance, il en avait besoin, certes. Cela concernait son père qui menaçait de le renier si jamais il échouait en tant que réalisateur, pour le punir de l'affront qu'il lui avait fait. Toutefois, Kuroko n'avait pas dit ces paroles qu'à l'intention de son paternel et Akashi en était tout à fait conscient. L'adolescent sous-entendait une personne avec qui il pourrait devenir intime, qui pourrait venir l'appuyer dans les pires moments comme dans les meilleurs, sans avoir besoin de s'inquiéter sur ses réelles intentions.
— Je t'ai aimé, Akashi. Mais tu as changé et je ne te reconnais plus.
Akashi fronça ses sourcils tandis qu'une nouvelle scène vint se rajouter à son esprit. Il revoyait parfaitement l'expression que lui avait affiché, ce jour-là, sa future ex-petite-amie ; de la déception, de la désillusion, et des regrets.
— Pourquoi es-tu comment ça !? Reconnais-le ! Reconnais enfin que celui qui a détruit notre relation, ce n'est pas ton père, mais toi ! C'est toi qui a tout détruit de tes propres mains, ne remets pas la faute sur quelqu'un d'autre. C'est lâche.
Sa main, qui était restée contre son ordinateur, se contracta et il serra sa mâchoire. Il en avait assez de se souvenir de ces moments, d'entendre de nouveau sa voix et ses reproches, de voir la déception remplir ses yeux lorsqu'ils se tournaient dans sa direction et dont il était l'unique responsable. Les larmes qui roulaient sur ce visage usé et blessé, et lui qui assistait à cela, froidement et sèchement. Ils se blessaient mutuellement ; et cela devait cesser.
La retenue n'existait plus.
C'était à celui qui en ressortirait le moins blessé.
— Tu es un monstre !
Brusquement, le bras d'Akashi balaya tout ce qui se trouvait sur son bureau.
Du salon, Kuroko put entendre le fracas des objets tombant violemment au sol et entama un mouvement pour rejoindre la chambre du réalisateur, avant de s'arrêter presque aussitôt. L'adolescent avait appris que désobéir au rouquin n'était pas franchement la meilleure idée du siècle, d'autant plus qu'en ce moment Akashi ne semblait pas dans son assiette. Kuroko observa simplement cette porte qui le séparait d'Akashi, qui, après avoir jeté ses affaires à terre, regardait fixement cette main qui tremblait sous la colère qui animait dorénavant chaque parcelle de son corps.
Il avait cherché à ruser, à s'en sortir sans trop de dommage collatéral, mais son plan avait échoué. Il avait perdu.
Le seul résultat qu'il avait tiré de cette confrontation fut cet œil doré. Un œil peu commun, anormal, qui l'apparentait ainsi plus aisément à un monstre. Elle rirait beaucoup en le voyant tel qu'il était aujourd'hui, son regard lui projetant toute la haine et la colère qu'elle ressentait sûrement encore en elle ; car il l'avait brisée, il l'avait traînée plus bas que terre en s'adressant à elle non en tant qu'être humain, mais en tant qu'espèce inférieure, qui ne vivait que pour répondre aux besoins de personnes comme lui. Elle n'avait été qu'un objet dont il s'était servi pour accomplir ses désirs et ses rêves.
« Akashi-kun ? » Se risqua tout de même Kuroko après s'être rapproché de la porte.
L'interpelé se tourna un instant vers ce morceau de bois qui le séparait de son colocataire, avant de prendre conscience de son précédent acte envers ses affaires. Son ordinateur reposait à ses pieds et n'aura sûrement pas apprécié sa chute, fort heureusement il restait allumé. Autour de lui était éparpillés diverses feuilles, stylos ainsi que des livres qu'Akashi avait ramenés dans sa chambre afin de se documenter et écrire des bouts de phrases sur ces pages pour la plupart raturées.
« Ce n'est rien. Des livres sont juste tombés, mentit-il en ramassant ses affaires pour les remettre à leur place.
— Vous êtes sûr ? »
Un soupir agacé traversa ses lèvres tandis que son regard vint fusiller une feuille qui n'avait rien fait de mal. Non, il n'était plus sûr de rien depuis quelques jours. Il ne savait pas s'il allait pouvoir être capable de créer ce film romantique, ou s'il allait pouvoir être capable de subir une deuxième fois tous ces souvenirs en compagnie de son ex-petite-amie. Lui qui d'ordinaire était sûr de ses décisions, ce sentiment d'incertitude lui était jusqu'alors inconnu. Et il n'aimait pas ça. Que voulait-il vraiment faire ? A quoi devait-il penser en priorité ? Depuis quelques semaines, son esprit était en vrac.
Akashi passa sa main contre son visage, laissant ses doigts se perdre dans ses cheveux sanglants. De son côté, Kuroko vint déposer ses doigts contre le morceau de bois, attendant patiemment la réponse du réalisateur. Le bleuté comptait respecter le désir de ce dernier de ne pas le déranger, bien que l'envie en cet instant précis était prêt à faire flancher sa volonté. Akashi était étrange depuis leur retour à Tokyo alors que jusqu'à présent il s'était de plus en plus ouvert à lui, et qu'il s'était montré sous un autre jour devant lui pendant leur bain à l'Onsen. Akashi lui avait permis de le voir fragile, blessé et trahi au plus profond de lui-même. Et puis, le rouquin avait tellement fait pour lui depuis leur rencontre.
Si seulement il lui permettait de lui rendre la pareille, même juste un peu, Kuroko n'hésiterait pas à avancer dans sa direction.
« Akashi-kun ? L'appela de nouveau l'adolescent, inquiet par le manque de réponse.
— Ça va. Retourne à tes affaires, je n'ai pas besoin de toi. »
Cette fois-ci, ce fut au tour de Kuroko de soupirer. Le bleuté était conscient que brusquer Akashi n'était pas la bonne voie à prendre, mais ça ne lui plaisait pas pour autant. Sa main vint alors couvrir la poignée de la porte, prêt à l'ouvrir avant de s'arrêter net dans son mouvement. Ses yeux s'agrandirent un instant avant de retrouver leur forme connue de tous. Puis, un sourire étira le coin de ses lèvres et il recula de quelques pas.
« Je suis dans le salon si vous avez besoin de moi. N'hésitez pas à venir me poser des questions, ou simplement venir vous plaindre. Je serais là pour vous écouter. »
Akashi lui avait demandé de ne pas venir le déranger, il n'avait donc aucune raison acceptable pour ouvrir cette porte. En effet, s'il désirait la confiance d'Akashi, ne devait-il tout d'abord pas écouter et assimiler ce qu'il lui disait ? Kuroko devait lui faire comprendre qu'il n'était pas qu'un colocataire avec des problèmes familiaux et sociaux, il vivait avant tout dans cet appartement comme en tant que soutien. Akashi avait accepté sa présence pour qu'il l'aide à la création de son script, mais au fil des jours passés en compagnie du rouquin, Kuroko décida de devenir un autre genre de soutien.
Cet homme enfermé dans sa chambre n'était pas aussi fort qu'il le laissait transparaître, cette carapace forgée par sa prestance et sa façon hautaine de s'adresser à ses homologues n'étant que le résultat de ses failles intérieures. Kuroko souhaitait obtenir la confiance d'Akashi, et que cet instant à l'Onsen, où ils se sont échangés des confidences, puisse se reproduire dans un jour prochain.
Kuroko retourna donc s'asseoir sur le canapé et regarda la télévision, sans que son sourire ne chute de ses lèvres. Il caressa avec entrain les poils de Nigou s'étant rassis par-dessus ses genoux, et se laissant docilement faire. Toutefois, ses yeux durent bien rapidement s'éloigner de la télévision lorsqu'il entendit une porte s'ouvrir, pour ensuite s'agrandir en voyant Akashi sortir de sa chambre pour venir s'asseoir à ses côtés sans pour autant le jeter un seul regard.
« Pourquoi je viendrais te raconter mes problèmes ? Tu n'es qu'un lycéen qui ne sait rien de la vie.
— Car j'en sais justement assez pour savoir que vous avez besoin d'une personne à qui tout raconter, vos joies comme vos peines. Nous avons tous besoin de quelqu'un comme ça : ça s'appelle un ami. »
A l'appellation de leur relation, Akashi tourna cette fois-ci ses yeux hétérochromes dans la direction de Kuroko. Son regard fixa avec un intérêt particulier cet adolescent qui lui rendait son regard sans faiblir, sachant qu'en cet instant c'était tout ou rien. Si jamais Akashi découvrait une faille, si jamais il sentait le moindre danger, ce serait fini. Définitivement et pour toujours. Ainsi si Kuroko désirait obtenir la confiance d'Akashi, c'était en cet instant que tout se jouerait.
De ce fait, Kuroko ne prononça pas le moindre mot ni ne produisit le moindre mouvement. Il laissa le temps nécessaire que réclamait silencieusement Akashi pour le détailler, pour s'assurer que rien n'était louche et que cet adolescent cherchait sérieusement à devenir l'un de ses amis, l'un de ses proches avec qui il pourrait se confier et lui faire part de ses problèmes.
Puis, au bout d'un certain temps, le regard d'Akashi bifurqua sur Nigou qui reposait tranquillement et en toute insouciance sur les genoux de son maître. Un sourire de mauvais augure s'étira sur les lèvres du rouquin, dont l'aura subitement bien plus sombre que d'ordinaire ne rassura en rien Kuroko.
« Il me semble t'avoir déjà dit que je ne le voulais pas sur mon canapé, insista-t-il.
— Mais Akashi-kun devait travailler dans sa chambre…
— Donc si je n'ai pas un œil sur toi, tu fais n'importe quoi ? »
Un sourire amusé s'étira sur les lèvres de Kuroko dont une réplique lui démangeait affreusement les lèvres. Au point de lui échapper lorsqu'il vit Akashi hausser un sourcil devant l'expression du garçon qui lui faisait face, et qui devenait de plus en plus vive, au lieu d'être si impassible comme d'habitude. Les yeux céruléens brillaient de mille feux et de toute évidence Kuroko riait intérieurement.
« Alors dans ce cas-là, Akashi-kun devra toujours garder un œil sur moi. »
Si seulement Kuroko avait été Kise en cet instant, ou bien même Takao, il se serait permis d'appuyer sa réplique par un clin d'œil. Toutefois, il n'était pas encore à ce point suicidaire et surtout il ne savait absolument pas faire un clin d'œil. Ses paroles eurent néanmoins leur effet escomptées puisqu'Akashi ouvrit sa bouche sans savoir quoi répondre. Les yeux hétérochromes clignèrent plusieurs fois avant que leur propriétaire ne retrouve ses idées et réalise que l'esprit taquin de ce garçon venait encore d'augmenter en grade ; le fait d'avoir côtoyé plus que nécessaire Takao durant ce week-end n'ayant sûrement pas dû aider.
« Stupide. » Souffla dès lors le rouquin, tout en se relevant pour retourner à sa chambre.
Pourtant, Kuroko n'était pas dupe et vit clairement le sourire amusé qui s'était entretemps étiré sur les lèvres d'Akashi. Quelque chose se métamorphosait, se changeait, au fur et à mesure que les jours se succédaient. Dans le dos d'Akashi qui refermait la porte, Kuroko sourit. Il avait obtenu la confiance d'Akashi, un autre mur venait d'être brisé et Kuroko en était plus qu'enchanté.
Sans savoir que cette nouvelle amitié, ces graines plantées qui feront un jour fleurir de magnifiques fleurs, n'attirera pas foncièrement un avis positif sur la situation future qui se profilait à l'horizon. Notamment à l'égard de Kagami qui au cours de ce week-end à l'écart de Kuroko, à ce manque enraciné en lui, commençait sérieusement à douter de sa décision et des mots formulés par Himuro, qui en le voyant au plus bas avait décidé de passer le week-end avec lui afin de lui remonter le moral.
Himuro qui savait que son ami, son frère, avait un petit-ami et que la situation précaire les avait forcés à mettre un peu de distance afin de savoir où ils en étaient. Cependant, le serveur de la pâtisserie de Murasakibara, était loin de se douter que l'amant de Kagami concernait une personne qu'il connaissait déjà ; Kagami avait gardé le secret sur le nom de son amant puisque la situation familiale de Kuroko était suffisamment difficile à gérer pour lui rajouter d'autres problèmes.
Ce fut pourtant en aidant Kagami à se coucher, ce dernier tombant de sommeil et prononçant des phrases incompréhensibles, qu'Himuro buta cependant sur un mot. Un nom précisément.
« Kuroko… »
Appelant le bleuté au cours de son sommeil, Kagami n'avait pas conscience de l'expression surprise qui se propageait peu à peu sur le visage du brun. Ce dernier fronça ses sourcils tout en agitant négativement sa tête. Kuroko devait être un nom commun et plusieurs Japonais devaient le porter sans pour autant être de la famille de Kuroko Tetsuya. Il devait se faire des idées ; et ce garçon qui était toujours en présence d'Akashi, dans lequel Murasakibara portait certains espoirs, ne pouvait être l'amant de Kagami.
Après avoir bordé Kagami, Himuro se redressa et détailla le visage de son ami. Celui-ci avait le front plissé et semblait souffrir durant son sommeil. De toute évidence, il ne rêvait pas.
— Je le laisse vivre chez un type que je connais même pas… J'suis vraiment trop con.
Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Le Kuroko de Kagami était le Kuroko Tetsuya qu'Himuro avait rencontré en compagnie d'Akashi.
— Je veux juste que le quotidien d'Aka-chin soit plus doux.
« Fuck. »
Himuro apporta sa main afin que celle-ci puisse soutenir son front. Il observa d'un nouvel œil l'expression de son ami d'enfance, rongé par l'incertitude et les sentiments qu'il enfouissait au plus profond de lui. Eriger des limites contre ses sentiments, les forcer à faiblir d'intensité, était une stratégie qui ne mènerait à rien hormis à de la peine. Cela revenait à se mentir à soi-même.
Tout en sentant son cœur se contracter par les pensées qui lui traversaient l'esprit, Himuro finit par soupirer afin de laisser s'échapper ces émotions qui avaient fini par devenir trop importantes à l'intérieur de lui. Il sortit par la suite de la chambre de Kagami et se rapprocha de la fenêtre pour jeter un regard sur le paysage qui se dessinait face à lui. Tout en se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire dans les prochains jours, Himuro repensa à ce jour où Kuroko était venu seul à la pâtisserie, parce qu'il venait de se disputer avec Akashi. Cette détresse qu'il avait lu dans son regard, que Murasakibara avait lui-même senti pour sortir de sa cuisine et venir lui parler…
Un juron passa la barrière de ses lèvres tandis qu'il se dirigea vers la sortie, replaçant son manteau contre ses épaules avant de dévaler les escaliers afin de sortir au plus vite. Himuro ne pouvait pas rester sans réagir et voir de ses propres yeux la chute de son ami.
