Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? Je sais que la dernière fois j'avais dit que j'essayerais de poster 2 chapitres dans le mois, mais plusieurs choses sont arrivées. D'abord mon boulot d'été qui m'a pris plus de temps et d'énergie que je ne le pensais et aussi :

J'ai dû changer de bêta, alors accueillons avec grand plaisir la célèbre Erizu-sama ! Merci à elle d'avoir bien voulu prendre en court de route cette fiction, et désormais utiliser ses petites mimines pour corriger les chapitres à venir. Je tiens tout de même à remercier Louna Ashasou qui depuis plusieurs années m'a corrigé, et n'hésitez pas à aller consulter son profil pour voir ce qu'elle écrit. Vous serez géniales !

Sur ce, j'espère que ce chapitre 24 vous plaira :D

Réponse aux reviews :

isha amell : Malheureusement, je n'ai pas eu le temps de le poster. Sachant qu'il faut penser à mon emploi du temps, mais aussi à celui à ma nouvelle bêta. Du coup, dès que je l'ai reçu je me suis empressée à vous le mettre en ligne. J'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une très bonne lecture !

Laura-067 : Quant à ce que va faire Himuro, tu auras très rapidement la réponse à cette question. Tout comme Kuroko continuera davantage de se rapprocher d'Akashi, Kagami n'ira toujours pas mieux... mais la bêta devrait bientôt sortir les griffes quand même ! Concernant Kise et Aomine, quand ce dernier découvrira le poteau rose, haha... je te laisse faire tes propres hypothèses à ce sujet. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture :D

kama-chan59 : Pour le nombre exacte de chapitre, je dirais que là où j'e suis je me rapproche de la fin. Mais je ne préfère pas avancer un chiffre de peur de me tromper et de tous vous induire en erreur ahah. Du coup, je ne sais pas encore avec exactitude le nombre final de chapitres pour cette fiction. Mais sache que là où j'en suis, le bisous est déjà écrit ;) Et tu verras dans ce chapitre comment Himuro a décidé de réagir à la relation qui unit Akashi et Kuroko. Bravo à toi en tout cas pour t'être accrochée, je suis vraiment touchée ! J'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture :D

mower : En effet, Himuro va faire avancer les choses mais comment ? Je te laisse le deviner en lisant ce chapitre et te laisser faire tes propres hypothèses :D Merci à toi pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Le Renard Bleu : Himuro ne sera évidemment pas celui qui aidera Kuroko et Akashi à se mettre ensemble, mais que fera-t-il exactement ? Haha. La réponse est en partie dans ce chapitre. Oh après Reo compte bien lâcher l'affaire pour Akashi, mais rien ne l'empêchera à balancer quelques pics lorsqu'il sera en présence des deux protagonistes. Mais il a compris qu'il avait 0 chances avec Akashi, et qu'à force d'insister il pourrait perdre son amitié et ce serait la dernière chose qu'il désire. Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture :D

asuka lockser : Ah ça bientôt Akashi sourira plus souvent, crois moi ;) J'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !

Cookiiie : La relation entre Aomine et Kise continuera d'évoluer, mais dépassera-t-elle le cap de l'amitié ? Telle est la question ;) Pour ce qui est d'Himuro, bien évidemment il sera pas du côté d'Akashi xD Mais je te laisse voir quelles sont ses actions à ce sujet à l'intérieur de ce chapitre. Tout comme Kagami ne laisserait jamais la moindre possibilité à Kuroko de s'éloigner encore plus de lui, et ainsi le laisser intégralement à Akashi. Du coup, si séparation il doit y avoir lieu, viendra-t-elle de sa part ou celle de Kuroko ? En tout cas sache que le bisous entre Akashi et Kuroko est déjà écrit de mon côté mouahah ! Merci en tout cas pour ta review qui m'a beaucoup amusé et je te souhaite une bonne lecture :D

Merci aussi à aakaraly maariigul pour son commentaire, ainsi qu'à vous qui mettez en favoris ou en follow cette histoire ! Je vous souhaite à tous une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter :D


Le papillon

Scène 24


Le mariage des esprits est plus grand que celui des corps.

Érasme.


Depuis de nombreuses heures, Kuroko avait quitté l'appartement d'Akashi pour rejoindre son lycée. Le week-end avait touché à sa fin et ses instants de répit ; comme si le monde s'était arrêté de tourner pour qu'ils puissent tous souffler et se détendre. Le lundi ramenant à ses côtés les responsabilités de chacun. Kuroko avait pris son courage à deux mains et comptait de ce fait se comporter normalement, du moins le plus naturellement possible, en retrouvant Kagami.

Ainsi, lorsque le rouquin entra dans leur salle de classe pour venir s'asseoir devant lui, Kuroko le salua. Tout d'abord, surpris, les sourcils de Kagami se froncèrent avant de réaliser d'où provenait la voix. Avant de mettre les pieds au lycée, il s'était à son tour demandé comment il allait pouvoir se comporter face à Kuroko, et lequel d'entre eux allait faire le premier pas vers l'autre. Finalement, cela avait été Kuroko, et comme d'habitude, ni son visage ni sa voix ne démontraient une émotion particulière. Ça restait Kuroko Tetsuya.

Tout en s'asseyant devant Kuroko, Kagami le salua à son tour. Puisque leur professeur n'était pas encore arrivé, cela leur permit de pouvoir discuter davantage ; mais bien évidemment, malgré leur bonne volonté à préserver leur amitié, l'atmosphère était gênante. Kagami jetait de rapides coups d'œil en direction de Kuroko, détournant tout aussi vite son regard lorsque son camarade le regardait à son tour.

« Tu as passé un bon week-end ? Questionna finalement Kagami pour briser le silence qui s'était installé, les yeux perdus dans le vague et sa main frottant sa nuque.

— Oui. Et toi ? »

Kuroko ne désirait pas parler de l'Onsen avec Kagami, de peur de rajouter de l'huile sur le feu. Il ne voulait pas que cette pause se transforme en une rupture immédiate, où il n'aurait d'autres choix que d'effacer ses maigres chances de retourner auprès de Kagami. Bien que ce dernier lui ait dit qu'Akashi n'était pas le problème de leur relation, Kuroko ne pouvait pas croire que le réalisateur n'avait pas eu un minimum d'impact sur leur situation actuelle.

Ainsi, mieux valait en parler le moins possible.

« Ouais, c'était cool. Un ami est passé à l'appart et on a discuté. »

Kagami étira un large sourire, essayant de se convaincre lui-même que ces moments passés en compagnie d'Himuro aient été plaisants. Comme n'importe qui, Kagami ne voulait pas laisser transparaître son mal-être face à la personne aimée, et que durant tout un week-end, il s'était morfondu sur sa situation. Il préférait ainsi mentir afin de se sauver la face, et ne pas apparaître comme pathétique aux yeux de Kuroko puisque c'était lui qui avait décidé de faire une pause. C'était lui l'investigateur de ce malaise qui régnait désormais entre eux deux.

Seulement, Kuroko n'était pas dupe. Il avait remarqué le faux sourire de son ami, mais il n'eut malheureusement pas le temps d'ajouter quoi que ce soit : le professeur venait d'entrer dans la salle de classe et réclamait le silence. Kuroko ne put donc que voir le dos de Kagami qui désormais se tenait droit pour suivre le cours.

Quelque chose avait changé, peut-être même brisé, et tandis que Kuroko ouvrait son cahier pour prendre des notes, il pensa que redevenir de simples amis ne serait pas une option envisageable si jamais ils ne se remettaient pas ensemble. Finalement, il ne risquait pas de perdre Kagami qu'en tant qu'amant, mais aussi en tant qu'ami. Il allait perdre les deux à la fois et cela le fit contracter ses poings.

L'idée ne le réjouissait absolument pas.

Pendant ce temps, à l'appartement, Akashi apporta sa main contre son crâne et soupira longuement. Par moment, il avait envie de se taper la tête contre les murs pour que des idées arrivent plus facilement, après tout c'était une technique comme une autre pour parvenir à ses fins. Cependant, il se doutait bien que ce n'était pas la meilleure des alternatives, alors il resta simplement assis sur son fauteuil à regarder l'écran de son ordinateur.

Sa main revint par la suite se positionner contre son bureau, et son attention fut de nouveau happée par cette dernière.

Les souvenirs de la veille, mais aussi ceux de l'Onsen, Akashi ne parvenait pas à les retirer de sa mémoire. L'attitude de Kuroko, mais aussi les paroles de l'adolescent, lui restaient à l'esprit comme marqués au fer rouge. La volonté de donner à nouveau sa confiance en une personne, en un ami, cela paraissait simple et futile pour certains, mais Akashi devait le reconnaître. Il était ce genre de personne à penser qu'il valait mieux tout faire par soi-même que déléguer. Une personne était capable de trahir, de planter un couteau dans le dos, tout en souriant le plus naturellement du monde.

Akashi devait réapprendre à faire confiance.

Au même moment où il se fit cette réflexion intérieure, le son que produisit subitement son interphone commença à retentir entre ses murs. Akashi fronça tout d'abord ses sourcils, se demandant qui pouvait lui demander l'accès à son appartement, éliminant immédiatement Nijimura des possibilités puisque son ami avait le double de ses clés. Quittant dès lors sa chambre pour voir le visage de cette personne qui se tenait devant la façade de son immeuble, Akashi fut surpris d'y retrouver Murasakibara. Le violacé bailla tout en se grattant l'arrière de son crâne, réagissant à peine lorsque la voix d'Akashi lui parvint par la machine, lui demandant des explications.

« Pourquoi es-tu ici ? Lui demanda-t-il sévèrement.

— Muro-chin m'a demandé de te parler… Je peux entrer ? »

Comme pour essayer de le convaincre, Murasakibara sortit du sac en plastique qu'il détenait un petit gâteau qu'il avait emmené pour l'occasion. Akashi finit alors par permettre l'accès à son appartement avant de se diriger vers sa cuisine pour en ressortir des assiettes et couverts, se doutant très bien que Murasakibara ne lui laisserait pas manger entièrement le gâteau sans avoir sa propre part. Il eut à peine le temps de déposer le tout sur sa table basse que Murasakibara toqua à sa porte, lui ouvrant quelques secondes plus tard.

Cependant, Murasakibara n'entra pas tout de suite et préféra regarder autour de lui avant de faire un pas en avant.

« Aka-chin n'a rien changé, constata le pâtissier en observant avec attention chacun des meubles qui étaient restés à leur place depuis toutes ces années.

— Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû le faire. »

Cette fois-ci, Murasakibara entra dans les lieux et se dirigea vers le canapé où il déposa par la suite sur la table basse son gâteau. Akashi le rejoignit quelques secondes plus tard et s'assit à ses côtés, le voyant découper la friandise pour ensuite en répartir les parts dans chacune des assiettes. Sans plus attendre, Murasakibara piqua le dessert par sa petite fourchette et se régala sous les yeux d'Akashi qui n'attendait qu'une seule chose : que son ami explique enfin la véritable raison de sa venue.

Cela faisait une éternité que Murasakibara n'était pas venu chez lui, sa dernière visite remontant assurément à l'époque où ils étaient étudiants. En effet, Akashi avait rapidement quitté le domicile familial après avoir terminé le lycée et avait donc trouvé cet appartement dans lequel il vivait désormais depuis plusieurs années. Cet endroit qui avait pu assister à des éclats de rire, mais aussi des disputes et des déchirements.

Pourquoi n'avait-il pas cherché à se séparer de son bien malgré toutes les choses vécues à l'intérieur ? Akashi n'y avait pas réellement réfléchi et n'en voyait pas l'intérêt. Tout comme les décorations qui égayaient un peu les murs, cela ne servait à rien de les changer si elles lui plaisaient encore. Du moins, il essayait de s'en convaincre. La vérité n'était pas plus glorieuse qu'agréable à être entendue, et au fond de lui, Akashi n'en avait pas conscience.

« Et donc, pourquoi es-tu ici ? Demanda-t-il finalement alors que Murasakibara terminait sa part.

— Muro-chin aimerait savoir si Kuro-chin sort avec un Kagami Taiga, répondit son ami tout en léchant sa fourchette.

— En quoi ça le concerne ?

— Car ce Kagami ne va pas bien. Et Muro-chin dit que c'est de la faute d'Aka-chin et de Kuro-chin. »

Le regard de Murasakibara se dirigea vers la part qu'Akashi n'avait pas du tout touché, et sans demander l'avis du concerné, il se saisit de la petite assiette pour la déposer contre ses genoux et entamer le reste du gâteau. À vrai dire, Murasakibara se fichait complètement de ce Kagami Taiga, il ne le connaissait pas et ne l'avait même jamais vu. Il savait simplement que Himuro y était attaché et le connaissait depuis sa plus tendre enfance. Malheureusement, Himuro pouvait avoir des arguments très convaincants pour le forcer à se déplacer et entretenir cette conversation oisive avec Akashi.

Ce que c'était ennuyeux.

« En quoi est-ce ma faute ? À aucun moment je ne me suis immiscé dans leur couple, avoua-t-il avec agressivité, n'appréciant pas d'être accusé à tort par un étranger.

— La simple existence d'Aka-chin est un problème dans cette histoire. »

Murasakibara n'avait nul besoin de détourner son attention de sa part de gâteau pour savoir qu'Akashi le foudroyait du regard. Piquant dans le dernier morceau, Murasakibara releva par la suite son menton et mâcha lentement pour profiter de la petite pâtisserie. Ses yeux se perdirent une nouvelle fois dans cet appartement qui n'avait véritablement pas changé depuis tout ce temps, et un sentiment mêlé de nostalgie et de culpabilité l'envahit.

« Ce Kagami est jaloux d'Aka-chin. Tu peux avoir à tes côtés Kuro-chin, alors que lui doit se priver. Et Muro-chin a peur que toi et Kuro-chin tombiez amoureux à force d'être ensemble.

— C'est n'importe quoi, soupira Akashi dont la conversation lui parut sans queue-ni-tête.

— Hm, hm. En effet. » Confirma le pâtissier dans un souffle.

Tomber amoureux simplement parce qu'il côtoyait régulièrement la même personne, Akashi trouvait la possibilité complètement absurde. Pourtant sa main vint rapidement le démanger, celle qui avait touché Kuroko avant de s'évanouir dans l'Onsen. À cet instant, Akashi avait senti son cœur battre, se tordre à la fois de douleur et d'un sentiment de soulagement étrange. Enfin une personne semblait être capable de le comprendre, de le voir tel qu'il était réellement et non pas la façade qu'il s'était forgé avec le temps et les épreuves vécues.

C'était absurde.

« Ce que je voulais, c'était qu'Aka-chin arrive à s'ouvrir encore une fois. Et que cette fois-ci, il n'en finisse pas blessé. Je ne voulais plus voir Aka-chin seul… »

L'intervention soudaine de Murasakibara, la voix chargée d'émotion, étonna Akashi qui arqua un sourcil. Sous ses yeux, il put ensuite voir le violacé joindre ses mains contre ses cuisses et son pouce caresser la surface disponible. Les épaules affaissées vers l'avant, Murasakibara semblait plus petit que jamais ; depuis des années la culpabilité d'avoir fait rencontrer cette fille à Akashi pesait sur son cœur.

Akashi avait toujours été de nature à ne jamais se confier, et ne se reposer sur personne. Il avançait toujours seul, ne regardant jamais derrière lui et ne doutant jamais de la trajectoire où ses pas l'emmenaient. Pourtant, suite à cette rencontre, Murasakibara avait pu voir Akashi s'ouvrir peu à peu à cette fille. De loin, Murasakibara avait pu les voir se rapprocher, mais aussi tomber amoureux, et avait ainsi pu assister aux premiers vrais sourires du rouquin.

Cette nouvelle relation avait métamorphosé Akashi, le rendant beaucoup plus accessible et bien avec lui-même. La présence de cette fille faisait ressortir ses bons côtés et balayait ses préoccupations ainsi que ses responsabilités, lui faisant ainsi oublier ce que son père attendait de lui et qu'il décide par lui-même de ce qui était bon pour lui. Il s'agissait sûrement de la première personne à dire ces paroles à Akashi, à le considérer comme l'adolescent qu'il était au lieu de son titre familial obtenu par le travail acharné de son paternel.

Des yeux et des mots qui avaient su percer la carapace d'Akashi.

Ce même regard que Murasakibara avait cru reconnaître en Kuroko.

« Pourquoi es-tu ici, Atsushi ? » Posa une nouvelle fois Akashi, plus sévèrement cette fois-ci.

Akashi en avait assez d'entendre ce qu'Himuro aurait dû lui dire en face, et non se servir de Murasakibara comme messager car ils se connaissaient. Si le serveur désirait qu'il se retire pour éviter à Kagami de souffrir par sa faute, et puisse récupérer Kuroko à ses côtés, il n'avait qu'à venir lui-même se présenter au pas de sa porte. Akashi se serait donné un malin plaisir de la lui fermer au nez, dans un claquement ferme et sec.

En quoi sa relation avec Kuroko le concernait, dans un premier temps ? Ce n'était tout de même pas de sa faute si ce Kagami était jaloux car Kuroko avait préféré suivre un inconnu que venir loger chez son amant. C'était Kuroko qui décidait de revenir à son appartement depuis cette fameuse nuit pluvieuse. Seulement, ce serait bien facile d'accuser Kuroko pour toutes ces choses et Akashi en était parfaitement conscient ; cette situation, la présence de Kuroko à ses côtés et ces sensations trop longtemps oubliées au plus profond de lui-même, Akashi était en réalité soulagé de les ressentir une nouvelle fois.

Il avait encore besoin de Kuroko à ses côtés.

« Muro-chin souhaiterait que tu dises à Kuro-chin de dormir chez Kagami. »

Contractant ses poings par-dessus son pantalon, Akashi plissa un peu plus ses yeux suite à la proposition énoncée par Murasakibara. Pourquoi devait-il écouter les faveurs d'une personne qu'il ne connaissait pas et qui n'avait aucun droit de se mêler de sa vie ? C'était à Kuroko de décider où il préférait passer ses nuits. Akashi n'allait aucunement le forcer à retourner auprès de son amant, simplement parce qu'une tierce personne le lui avait demandé.

Puis, Akashi se redressa et se dirigea vers sa porte. Sans plus tarder, il ouvrit le morceau de bois et invita son ami à quitter les lieux. Murasakibara se redressa alors, marchant d'un pas lent jusqu'au rouquin qui le regardait fixement.

« Je peux te poser une question, Aka-chin ? Demanda finalement le pâtissier en s'arrêtant en face de lui.

— Quoi encore ? Répondit sèchement celui-ci.

— Si Kuro-chin décidait de retourner chez Kagami, tu le laisserais faire ?

— Ils sont en pause en ce moment. Je ne vois pas l'intérêt de cohabiter ensemble, s'ils doivent réfléchir séparément à l'avenir de leur couple.

— Hm, hm. En effet. » Confirma de nouveau le violacé.

Toutefois, à l'inverse de la première fois, un sourire se trouvait légèrement étiré sur le coin de ses lèvres. Ne s'attardant pas davantage dans l'appartement du rouquin, Murasakibara lui souhaita une bonne journée et disparut dans les couloirs afin de retrouver sa pâtisserie pour commencer la journée. Il avait obtenu une réponse à ses questions intérieures et cela lui suffisait amplement, laissant simplement au temps le soin nécessaire pour faire réaliser à Akashi ce à quoi il s'était fermé depuis toutes ces années.

Resté à côté de sa porte dorénavant close, Akashi prit son front en main et ferma ses yeux. Il se serait bien passé de l'intervention de Murasakibara dans sa vie privée, sans parler de celle d'Himuro. Ses lèvres se pincèrent d'agacement, se demandant quelles étaient les raisons de ce type pour se mêler d'une histoire pour laquelle il n'avait rien à faire à l'intérieur. Si un problème devait voir le jour entre lui, Kagami et Kuroko, ils seraient les seuls concernés. Les autres n'avaient absolument aucune raison pour interférer.

Protéger une relation qui battait déjà de l'aile et qui menaçait de se briser à n'importe quel instant, Himuro ferait mieux de préparer son ami à une possible rupture plutôt que de se concentrer sur autre chose. Jamais Akashi n'avait pensé éloigner Kuroko de Kagami ou encore de lui faire part de son jugement, pour induire Kuroko à se séparer de son petit-ami.

« Ouaf ! »

L'aboiement de Nigou sortit Akashi de ses pensées pour par la suite diriger son attention vers l'animal qui était en train d'apposer sa patte contre sa jambe. Le regard si semblable à celui de Kuroko semblait vouloir lui transmettre un message, comme le confirmait sa patte qui se mit à gratter contre le bas de son pantalon. Akashi retira sa main de son front, et celle-ci repartit longer son corps, quittant l'entrée de son appartement pour suivre les petites foulées de Nigou, se demandant bien ce qu'il lui voulait.

Bien rapidement, Nigou l'emmena jusqu'à la chambre de Kuroko et gratta un instant contre un carton où reposaient certaines des affaires appartenant au chiot. Akashi comprit rapidement que l'animal avait besoin de faire une petite balade en observant la laisse qui reposait dans ce petit espace, mais cela ne l'enchanta guère. De nouveau, il allait perdre du temps sur son scénario, qui n'existait toujours pas malgré tout ce temps passé. Il ne pouvait pas se permettre de passer un autre jour sans avoir pondu quelque chose, même si insignifiant.

Une nouvelle fois, Nigou aboya comme pour finir de le convaincre. Akashi récupéra la laisse pour ensuite venir l'accrocher au collier du chiot, mettant par-dessus ses épaules un manteau avant de finalement fermer la porte derrière lui. Petit, Akashi se souvint avoir toujours désiré un animal de compagnie afin de lui tenir compagnie dans la maison familiale, mais son père s'était toujours montré très ferme à ce sujet : c'en était hors de question. La santé fragile de sa mère n'avait pas besoin d'un convoi de bactéries sur pattes. Alors il avait renoncé, comme d'habitude, et avait écouté son père.

Arrivé au parc qui n'était pas loin de son appartement, et en vue de l'absence de monde, Akashi décida de retirer la laisse autour du cou de Nigou et laissa ainsi l'animal se dégourdir les jambes sans lui. Le chiot se mit aussitôt à courir tandis qu'Akashi observait autour de lui les aires de jeux où quelques enfants, faisant sûrement l'école buissonnière, s'amusaient. Certains d'entre eux glissaient sur le toboggan, ou se faisaient tourner à toute vitesse sur les tourniquets. D'autres, plus calmes, formaient des châteaux avec le sable ou construisaient des chemins sous-terrain en creusant plus profond.

Akashi vint par la suite s'asseoir sur un banc en face de l'aire de jeux, lui permettant ainsi de voir les enfants continuer à s'amuser tout en ignorant complètement le monde qui les entourait. Un peu plus loin, Nigou se baladait en jetant de temps à autre des coups d'œil en direction du rouquin pour s'assurer de la sorte que ce dernier ne partirait pas sans lui. De son côté, en observant ces enfants jouer en toute insouciance, Akashi se remémora sa propre enfance où il avait suivi des cours à domicile. Sa toute première amie avait été sa mère ainsi que quelques domestiques qui jouaient avec lui lorsque son père avait le dos tourné. Au cours de sa tendre enfance, Akashi ne pouvait accéder à l'extérieur comme n'importe quel enfant ; car il était le fils unique de la famille Akashi, il était précieux. Sa propre maison s'était alors transformée en cage dont les seules éclaircies de liberté correspondaient aux moments passés avec sa mère dans le jardin.

Puis, ses premières années au collège démarraient et il y fit la rencontre de son tout premier ami : Nijimura Shūzō. Le brun avait été la première personne à le considérer comme un être humain lambda, ignorant son nom. Au-delà de sa prestance et de ses bonnes manières, ainsi que de sa situation familiale, Nijimura voulait découvrir qui était réellement Akashi Seijūrō, le collégien qui se faisait piquer ses affaires et dont il s'amusait à les retrouver pour ensuite les lui pendre au nez.

Un premier ami qui n'avait pas du tout été toléré par son père.

Fais attention, Seijūrō. Prends soin à choisir tes amis en fonction de ce qu'ils pourront t'apporter, et non car ils te semblent sympathiques. La sympathie ne rapporte rien.

Un sourire amusé s'étira sur le coin de ses lèvres.

Quelques jours plus tard, après en avoir parlé avec le principal concerné, Nijimura en avait ri avant de caler ses bras derrière sa tête, et lui avait alors demandé où il habitait. Dans un premier temps, Akashi n'avait pas compris où Nijimura voulait en venir. Il n'en avait saisi la portée que lorsqu'un beau jour, sans l'avoir prévenu au préalable, un domestique vint les avertir qu'un dénommé Nijimura Shūzō attendait sur le pas de la porte et désirait s'entretenir avec son père.

Nijimura avait toujours fonctionné au culot, et était loin d'être effrayé par son père.

Il était dur pour Akashi d'accorder sa confiance. Pourtant, étrangement, une part au fond de lui soufflait qu'il pouvait croire en Kuroko. Les mots de l'adolescent avaient pour unique but de le rassurer et de le soutenir. Un murmure silencieux, une petite voix, qui est capable de vous guider dans les tréfonds obscurs que pouvait réserver la vie.

Subitement, Nigou vint s'asseoir aux pieds d'Akashi et releva sa petite tête pour ancrer ses yeux céruléens dans ceux hétérochromes du réalisateur. Akashi se pencha vers l'avant et attrapa l'animal en glissant ses mains entre ses pattes, pour ensuite l'apporter à quelques centimètres de son visage et l'étudier avec soin.

« Tetsuya ne se rend pas compte dans quel pétrin il mettra les pieds, s'il compte devenir mon ami.

— Ouaf ! Lui répondit joyeusement Nigou, tout en agitant sa queue de droite à gauche.

— On est d'accord à ce que je vois. »

Sa relation avec Kuroko, bien qu'entièrement amicale, ne semblait déjà pas faire l'unanimité. L'intervention de Murasakibara pour lui rapporter les paroles d'Himuro ainsi que le mal-être actuel de ce fameux Kagami en était la preuve flagrante : Kuroko devrait rester éloigné de lui. De plus, Akashi doutait fortement que son père accepte dans son entourage un homosexuel, qui en plus de cela cohabitait avec lui. Sa réputation devait rester intacte, rien ne devait l'entacher et à cela Akashi n'avait pas souvent son mot à dire.

Akashi reposa ensuite Nigou au sol et en profita pour se relever à son tour, reprenant en main la laisse de l'animal. Il était temps pour eux deux de rentrer à son appartement et essayer de se remettre au travail. De la sorte, Akashi passa à côté de l'aire de jeux où Kuroko et Takao s'étaient rencontrés par hasard, et où des enfants s'étaient retrouvés pour jouer malgré la fraîcheur de la saison hivernale.

Tout en marchant, Akashi laissa traîner son regard vers ces deux enfants qui creusaient dans le bac à sable pour former des petits châteaux. La scène était banale, d'un naturel flagrant, pourtant Akashi sentit un souffle nouveau l'envahir. Comme une évidence, son esprit joua des scènes jusqu'à lors inconnues.

Un peu plus loin, sentant que la laisse tirait et qu'il ne pouvait plus faire un pas devant l'autre, Nigou finit par s'arrêter et jeta un coup d'œil par-dessus sa petite épaule. L'animal put ainsi voir Akashi de profil, les yeux agrandis. C'était comme si l'ami de son propriétaire venait de réaliser quelque chose d'important.

Puis, Akashi finit par se retourner dans sa direction. Il se mit alors à marcher d'un pas vif, comme s'il avait pris conscience d'être en retard. Nigou dut dès lors trottiner afin de suivre l'avancée du rouquin, la langue pendante.

De nombreuses minutes plus tard, ils arrivèrent à l'appartement d'Akashi qui retira rapidement la laisse de Nigou pour ensuite se jeter sur son ordinateur et ouvrir un logiciel de traitement de texte. Ses doigts fusèrent contre les touches du clavier, martelant l'appareil qui n'avait plus été habitué à une telle ferveur depuis plusieurs mois. Seulement, Akashi avait impérativement besoin de coucher les idées qui submergeaient son esprit, comme si le blocage qui l'avait envahi jusque-là avait finalement été vaincu.

Pris par son écriture, Akashi ignora les appels de son estomac qui lui réclamait à manger. Il avait mieux à faire, s'enfermant ainsi dans sa chambre et ignorant tout ce qui pouvait l'entourer.

-x-x-x-

La pause midi venait de sonner et tous les élèves se regroupaient pour manger ensemble. Seulement, Kuroko n'avait pas apporté son bentô que lui préparait Akashi avec les restes de la veille. À cause de son soudain élan d'inspiration, le réalisateur ne lui préparait plus à manger ; c'était à peine, si à vrai dire, l'adulte se préparait à manger pour lui-même. De ce fait, Kuroko oublia qu'aujourd'hui il n'avait rien à manger et le temps de le réaliser la cafétéria avait été vandalisée. Il ne restait rien sous ses yeux et bien qu'habituellement aucune émotion ne se reflétait en lui, en cet instant précis ses amis purent voir son air attristé.

« Je peux t'en donner du mien ! Révéla Furihata en agitant vivement ses mains sous son nez.

— Pareil pour moi, poursuivit Fukuda.

— D'ailleurs si tout le monde contribue, on peut te faire un petit repas comme ça. »

Le visage souriant de Furihata fit étirer un sourire sur le visage de Kuroko, qui les remercia avant de tourner son attention vers Kagami qui avait assisté à la conversation sans dire le moindre mot. Toutefois, le rouquin détourna le premier le regard et se retourna ensuite pour se mettre en direction du toit où ils déjeunaient tous les midis. Son attitude attira bien entendu la curiosité des trois autres garçons qui formaient leur bande, alors que Kuroko observait le dos de Kagami s'éloigner de lui et ne pas les attendre.

Est-ce que faire une pause dans leur relation relevait aussi à ne plus porter main forte ? Cette pensée attrista Kuroko alors qu'il se mettait en chemin avec les autres, Furihata lui demandant s'ils ne s'étaient pas disputés avec Kagami. Mais à vrai dire, Kuroko avait la gorge tellement nouée qu'aucun son n'aurait pu s'en échapper.

Ainsi, bien que leurs amis aidèrent Kuroko à manger quelque chose ce midi, et le taquinèrent de ne pas oublier son bentô pour le lendemain, tout le monde ressentit l'ambiance morose entre Kagami et Kuroko. Ils finirent même tous par manger dans le silence, laissant un arrière-goût amer contre leur palais.

Le reste de la journée, et bien que Kagami soit assis en face de lui et qu'il voyait son dos durant plusieurs heures, Kuroko ne l'avait jamais senti aussi loin de lui. Sa faible présence l'aida puisqu'il était clairement bien incapable de se concentrer, et ainsi noter sur ses cahiers les thèmes importants que soulevaient les professeurs pour leurs prochains examens. Kuroko ne pouvait que regarder le dos de Kagami, plongé dans ses pensées, à imaginer différents scénarios qui en vue de la situation n'avaient aucune lueur lumineuse.

Lorsqu'enfin la fin des cours arriva, tous les élèves se levèrent. Kuroko put ainsi voir Kagami ranger précipitamment ses affaires pour partir le plus rapidement possible. Il avait cependant décidé de ne pas le laisser filer aussi facilement. Ainsi, sa voix s'éleva et quelques personnes se tournèrent dans sa direction. Surtout Kagami qui émit un léger sursaut avant de se retourner dans sa direction, les yeux agrandis.

« J'ai une question à te poser, Kagami-kun. »

De toute évidence, Kuroko était énervé et ce n'était jamais de bon augure. Alors Kagami obtempéra, se rapprochant du bureau de son camarade pour écouter ce qu'il avait à lui dire. Autour d'eux, la salle se vidait peu à peu pour rapidement les laisser seuls.

« Est-ce que nous sommes toujours amis ? »

Kuroko parlait avec assurance, de façon claire et distincte, mais son cœur battait la chamade. Il avait préparé sa question au fil des heures qui s'étaient écoulées, essayant ainsi de ramener à lui le maximum de force et de courage pour se tenir en face de Kagami. Ce dernier cligna cette fois-ci ses yeux à plusieurs reprises, ne semblant pas comprendre pourquoi il lui demandait cela.

« Bien sûr ! Pourquoi tu…

— Parce que Kagami-kun me donne l'impression de s'éloigner volontairement.

— Qu… Comment ça ? Se reprit rapidement Kagami.

— Kagami-kun. »

Le ton dur du bleuté fit détourner le regard du rouquin, qui apporta par la suite sa main au niveau de sa nuque. Puis, un soupir vint passer la barrière de ses lèvres et il cessa de faire l'idiot qui ne comprenait pas où voulait en venir son interlocuteur.

« C'est pas facile pour moi… Tout est devenu compliqué, sérieux. »

Kuroko se détendit en voyant le malaise dans lequel se trouvait à l'instant son camarade de classe. Les joues de ce dernier avaient trouvé de jolies couleurs rougies. Kagami avait toujours eu du mal à parler de lui, de ses émotions, et se montrer honnête. Cela lui avait joué beaucoup de tours pendant son enfance, lorsqu'il venait de s'installer au Japon qui était une toute autre culture que l'Amérique. Durant de nombreux mois, le rouquin avait été incapable de se lier d'amitié avec qui que ce soit ; paraissant souvent trop effrayant avec son ton brusque et son regard décrit comme sévère quand une personne ne le connaissait pas.

« Je ne veux pas te perdre, Kagami-kun. »

La confession de Kuroko partait d'une bonne attention, afin de faire comprendre à l'autre qu'il tenait à leur amitié et ne désirait vraiment pas que quelque chose change. Même si finalement, ils étaient incapables de se remettre ensemble, Kuroko voulait que le rouquin continue à faire partie de sa vie. Malheureusement, cela fit davantage souffrir Kagami. Celui-ci contracta sa main autour de sa nuque avant de diriger ses yeux dans ceux du bleuté.

« Tu vois, c'est pour ça ! L'accusa Kagami en le pointant de son index. Tu… Je pensais pas que ça serait aussi difficile.

— Quoi donc ? »

Les joues de Kagami prirent un peu plus de couleurs, et bien que le rouquin détourna son regard pour essayer de cacher sa gêne, il échoua.

« C'est affreux de t'avoir à portée de main, sans pouvoir te toucher. Tu te rends pas compte à quel point je me retiens. »

Ce fut au tour de Kuroko d'agrandir ses yeux, comprenant petit à petit pourquoi Kagami s'était montré aussi distant avec lui au cours du repas et suite à celui-ci. En réalité, en voulant se retenir Kagami n'avait vu que la distance entre eux deux comme solution. Si le voir le faisait souffrir, alors peut-être que ne plus le voir lui serait bénéfique. Mais c'était impossible ; car ils étaient dans la même classe et même sans ça, ils se croiseraient sûrement dans les couloirs du lycée.

Puisque Kuroko était resté silencieux suite à la révélation de Kagami, ce dernier se retourna afin de quitter cette salle de cours et retourner chez lui se terrer sous sa couette. Son visage était devenu écarlate et il était arrivé au point de vouloir trouver un trou, et s'y enterrer. Ainsi pendant que Kagami sortait de la pièce, Kuroko hésita à le rattraper et lui demander à quoi bon cette pause leur servait, si finalement elle les faisait davantage souffrir, chacun de leur côté.

Pourtant, ses pieds restèrent immobiles et un nœud se créa dans son estomac. Kagami lui avait demandé d'être patient, car il ne savait plus où il en était et avait besoin de se retrouver. Le retenir de la sorte n'était définitivement pas une bonne idée et Kuroko en avait heureusement pris conscience rapidement. À son tour alors, il quitta les locaux et rejoignit l'extérieur.

Durant le trajet pour retourner à l'appartement d'Akashi, Kuroko se demanda cependant s'il avait bien agi. Aurait-il dû dire le fond de sa pensée à Kagami ? Après tout, malgré son blocage il était certain de ressentir des sentiments envers son camarade de classe. Mais s'il l'avait fait et que Kagami l'avait écouté, s'il était revenu sur sa décision, comment les choses auraient-elles évoluées ensuite ? Après tout, son blocage était toujours présent. Il ne disparaîtrait pas du jour au lendemain, en un simple battement de paupières.

Alors qu'il portait ses yeux vers le ciel qui s'obscurcissait, Kuroko en vint à la pensée suivante : il devait réussir à s'accepter.

Des dizaines de questions passèrent ensuite dans son esprit, du pourquoi au comment. Kuroko devait trouver une solution ; il ne pouvait pas rester indéfiniment coincé avec lui-même et continuer à faire souffrir les personnes qu'il aimait. Il devait trouver une solution. Et changer.

La première étape étant de découvrir comment s'accepter.

Plus tard, il entra finalement chez Akashi. La porte de l'appartement n'était pas fermée à clé, phénomène très étrange puisque d'ordinaire même si Akashi se trouvait à l'intérieur, il fermait toujours la porte. Inquiet pour le réalisateur et pensant à un cambriolage, ou bien l'intrusion de Nijimura, Kuroko retint son souffle alors qu'il dépassait la porte. Seulement, il ne trouva pas la présence du brun ni même la disparition de certains objets. L'écran plat était toujours à sa place, ainsi que les autres objets de valeur qu'entreposait Akashi ici et là. Et puis, Nigou vint l'accueillir avec entrain, laissant ainsi comprendre qu'aucun cambrioleur n'avait mis les pieds dans cet appartement.

Ce serait donc un oubli d'Akashi ?

Sans plus tarder, Kuroko se dirigea vers la chambre de ce dernier pour s'assurer qu'il allait bien. Après avoir toqué et n'avoir obtenu aucune réponse, Kuroko décida tout de même d'ouvrir la porte tout en excusant son intrusion. Seulement, ce fut comme si Akashi ne l'avait pas entendu. Le réalisateur était plongé dans l'obscurité, simplement illuminé par la luminosité de son ordinateur. Ses doigts tapaient à vive allure sur le clavier, sans répit, continuant toujours et encore de marteler les touches sans même avoir besoin de regarder le clavier pour former ses phrases sur le logiciel.

« Akashi-kun ? » Se risqua Kuroko en se rapprochant du concerné.

Mais de nouveau, le rouquin ne l'entendit pas. Il était concentré à sa tâche.

Kuroko continua toutefois de se rapprocher, étant désormais aux côtés d'Akashi qui ne quittait pas l'écran du regard. C'était même à se demander s'il prenait le temps de cligner des yeux. Prenant son courage à deux mains, et puisque le maître des lieux ne réagissait à rien, Kuroko dirigea sa main vers l'épaule de son hôte. Il finit par la poser délicatement, touchant à peine l'épaule de peur d'y perdre sa main tout de même. Il n'était pas suicidaire.

Toutefois, par ce simple contact, il sentit Akashi sursauter. Comme si le charme était rompu, Akashi cligna plusieurs fois des yeux avant de prendre conscience de l'heure qu'il était et surtout qui venait de le déranger alors qu'il travaillait. Les yeux hétérochromes se détachèrent enfin de l'écran de son ordinateur pour se diriger vers Kuroko, un regard réfrigérant qui fit frissonner l'adolescent qui entama en premier la conversation, comme pour excuser sa présence dans la chambre.

« Vous ne répondiez pas, alors je commençais à m'inquiéter.

— Il me semble t'avoir déjà dit que lorsque je suis dans ma chambre, je ne souhaite pas être dérangé Tetsuya. »

Le ton d'Akashi était glacial. De toute évidence, Kuroko n'avait pas sa place dans cette chambre et il devait partir incessamment sous peu. Kuroko recula alors de plusieurs pas, comme pour émettre une distance de sécurité entre lui et Akashi qui paraissait bien menaçant en cet instant. Il avait l'impression de se retrouver plusieurs mois auparavant, alors qu'il faisait la rencontre de cet homme qu'il avait suivi jusqu'à son hôtel, un soir de pluie.

« Enfin, pourquoi es-tu là ? »

Bien qu'il s'intéressait à lui, Akashi s'était retourné et avait recommencé à écrire sur son clavier.

« Je voulais simplement vous dire que j'étais rentré.

— Oh. Très intéressant. C'est tout ?

— Oui…

— Alors peux-tu me dire pourquoi tu es encore dans ma chambre ? »

Kuroko s'excusa une nouvelle fois avant de disparaître de la pièce, comprenant désormais qu'en effet, Akashi n'aimait pas être dérangé alors qu'il était en train de travailler. Il ferma derrière lui la porte afin de s'assurer de ne pas gêner le rouquin et partit dans le salon pour chercher à se détendre et surtout retrouver ses aises. Depuis ces derniers temps où Akashi avait semblé s'ouvrir à lui, Kuroko avait fini par oublier que son hôte pouvait être un homme terrifiant.

-x-x-x-

Les jours s'étaient succédé les uns après les autres et Akashi sortait très rarement de sa chambre. Souvent, c'était pour faire un tour express à la salle de bain ou encore pour commander à livrer car il n'avait pas le temps de faire la cuisine. Les premières fois, Kuroko dut lui rappeler de commander pour deux puisqu'il était incapable de faire la cuisine. C'était à peine possible ces derniers temps que Kuroko puisse entretenir une conversation de plus de deux phrases avec le rouquin.

Kuroko avait tout de même compris, tout seul puisque Akashi ne lui disait rien, que son hôte devait finalement avoir eu une idée de scénario et qu'il était en train de le travailler. Le plus souvent, lorsqu'il pouvait entendre la voix d'Akashi à travers sa porte, c'était pour entendre ce dernier râler que les choses n'allaient pas comme il voulait. Hormis ces fois-là, ils ne se parlaient plus.

Au lycée, à force de ne pas ramener de bentô, Kagami finit par décider de lui préparer à manger et de lui en apporter un chaque matin. Kuroko lui avait brièvement expliqué la situation et Kagami avait eu pitié de lui. De plus, comme Akashi ne donnait plus de signe de vie à personne, Nijimura avait fini par venir à l'appartement pour se rassurer à son tour. Ainsi un soir, Kuroko ne fut pas étonné de voir Nijimura collé contre la porte du rouquin, qui avait sûrement dû le renvoyer avec force et lui fermer la porte au nez.

« Ce crétin… »

La tête penchée vers l'avant avec ses doigts pinçant son nez, Nijimura attendit que Kuroko lui tende des mouchoirs afin de soigner son saignement.

« Akashi-kun est facilement irritable, en ce moment.

— Facilement irritable ? Il est odieux, oui. »

Nijimura fixa en coin Kuroko alors qu'il se redressait contre le canapé sur lequel il s'était assis entre-temps, des bouts de mouchoirs coincés entre ses narines.

« Quand il est dans ses périodes d'écriture, il est toujours comme ça. Il mange au moins ?

— Ça fait une semaine qu'il commande à livrer.

— Bon au moins il s'est amélioré… »

Le scénariste passa sa main dans ses cheveux avant de soupirer longuement, laissant par la suite sa tête retomber contre le dossier de son siège. Il sentit ensuite le regard insistant de Kuroko qui s'interrogeait sur le fond de sa pensée. Tout en lui jetant un rapide coup d'œil, Nijimura se décida de révéler l'incident auquel il avait assisté puisque ce garçon pourrait le vivre dans quelques jours, si Akashi continuait ainsi.

« Comme aujourd'hui, j'étais venu parce que monsieur ne donnait aucune nouvelle. La porte n'était même pas fermée…

— Akashi-kun ne le sait pas, mais j'ai pris sa clé et je ferme derrière moi maintenant.

— Sérieux ? »

Kuroko acquiesça et Nijimura ne tarda pas à exploser de rire, engouffrant sa main dans la chevelure de l'adolescent.

« Tu fais bien. Je pense même pas qu'il s'en rendra compte un jour. C'est un ermite pendant ces moments. Enfin voilà… Je suis rentré dans l'appartement en pensant qu'il était arrivé quelque chose de grave, alors je te raconte pas ma panique quand j'ai vu Akashi allongé par terre.

— Je présume qu'il est tombé de fatigue ? Demanda alors Kuroko.

— Ouais. Et comme il avait pas mangé depuis qu'il avait commencé à écrire, son corps a dit stop. Je l'ai forcé à se coucher et je suis resté dormir plusieurs jours ici, car il avait de la fièvre et ne voulait pas rester alité. J'ai même pensé à l'attacher, tellement il était chiant à vouloir travailler malgré tout.

— J'aurais trouvé un moyen de me libérer. »

La voix réfrigérante qui arriva jusqu'à leurs oreilles fit frissonner Kuroko, qui riva son regard vers Akashi, celui-ci étant sorti de sa chambre. Le réalisateur ne leur porta toutefois aucun coup d'œil et se dirigea plutôt vers la cuisine afin de se servir un café.

« Akashi nous ferait-il l'honneur de sa présence ? Ironisa Nijimura.

— Comme si j'avais que ça à faire. Et arrête d'embêter Tetsuya avec de vieilles histoires.

— Je renseigne juste ce cher jeune homme au cas où il devra prochainement endosser ce rôle. D'ailleurs tu me fais penser, quand était-ce la dernière fois que tu as dormi ? »

Sa tasse de café entre les mains et prêt à regagner sa chambre, Akashi riva ses yeux dans ceux de Nijimura qui ne faiblit pas. Ce genre de regard assassin, il s'en était reçu des milliers déjà. Il était immunisé depuis le temps. D'ailleurs, son manque de réaction fit pester Akashi qui retourna dans sa chambre sans ajouter quoi que ce soit. Une fois que la porte fut fermée brusquement et que Nijimura et Kuroko se retrouvèrent de nouveau seuls, l'adolescent put voir le brun soupirer d'agacement.

« Quand il est pris par son travail, il néglige sa santé. » Commenta Nijimura, visiblement affecté par l'attitude d'Akashi.

Kuroko ne sut quoi répondre à cela. Après tout, il n'avait aucune influence sur Akashi alors il n'arriverait sûrement pas à le faire débrancher de son ordinateur pour se reposer, ou en tout cas s'asseoir pour manger tous les deux un vrai repas. Akashi ne l'écouterait pas si déjà il se fichait des remarques de Nijimura, qu'il connaissait depuis bien plus longtemps.

« Je peux te demander une faveur, Kuroko ? Souffla subitement le scénariste.

— Quoi donc ?

— Hésite pas à dire stop pour lui. Il est vraiment dans son monde dans ces instants, coupé de tout…

— Mais comment ? Je ne pense pas qu'Akashi-kun m'écoutera.

— Il ne t'écoutera pas. C'est pour ça que tu dois agir pour lui, même si tu dois te saisir de son ordinateur pour l'exploser contre son bureau. »

Kuroko agrandit ses yeux, voyant déjà sa tête se détacher de son corps si jamais il se permettait un tel acte. Ce serait signé sa mort assurée. Son expression dut cependant amuser Nijimura puisque celui-ci se mit à rire, en profitant pour se redresser et engouffrer une dernière fois sa main dans les cheveux indisciplinés du plus jeune.

« Pas littéralement parlant, hein. Mais force-le à passer des moments sans qu'il soit collé à son ordinateur, ce n'est pas bon pour lui. »

Sur ce, Nijimura quitta l'appartement du rouquin après avoir lancé des salutations à Akashi qui ne lui répondit bien évidemment pas. La porte se referma par la suite sur Nijimura, laissant de nouveau Kuroko seul dans l'appartement, son regard observant ce morceau de bois qui le séparait du rouquin. Nijimura avait raison ; cette situation n'était ni saine pour Akashi, ni pour lui. Manger tous les soirs des livraisons, cela coûtait cher et ce n'était absolument pas diététique. De plus, si Akashi ne dormait pas son scénario allait s'en ressentir. Et puis même, boire du café tout le temps n'allait pas remplacer de précieuses heures de sommeil.

Comme venait de lui confier Nijimura, un jour ou l'autre, le corps d'Akashi sonnerait l'alerte.

Ce jour-là arriva par ailleurs bien plus rapidement que prévu, à peine une semaine après la venue de Nijimura. Forcément, à ne pas manger équilibré, et ne pas avoir ses heures de sommeil requises, Akashi ne pouvait espérer rester performant et garder son rythme d'écriture. Heureusement, l'accident eut lieu au cours d'un week-end, en début de soirée. Kuroko avait entendu des bruits étranges émanant de la salle de bain. Des objets s'écrasaient par terre, succédé par un bruit sourd qui alerta aussitôt le jeune homme.

Dressé sur ses pieds, il se dirigea vers la salle d'eau et tenta d'ouvrir la porte. Malheureusement, le verrou était enclenché et l'entrée à la pièce lui était impossible.

« Akashi-kun ! L'appela-t-il, inquiet.

— Je vais bien. J'ai juste glissé, lui répondit une voix qui le fit soupirer de soulagement.

— Ouvrez-moi.

— Puisque je te dis que…

— Ouvrez-moi ou je défonce la porte. »

Son ton était assuré et Akashi devina que les paroles du garçon n'étaient pas du bluff. Son coup de poing de la dernière fois ne le faisant plus douter sur la force de Kuroko. De l'autre côté de la porte, Kuroko put ainsi entendre le verrou sauter et la porte être entrouverte par Akashi, qui toutefois lui demanda d'attendre quelques secondes. Mais à vrai dire, Kuroko avait déjà trop attendu à son goût, et n'avait pas écouté le réalisateur. Il était donc rentré dans la salle d'eau et son cœur manqua un battement ; à quelques mètres de lui à peine, Akashi couvrait son corps de son peignoir. Kuroko n'avait pas vraiment eu le temps de voir grand-chose. Du moins, pas assez longtemps pour qu'il puisse se rendre compte de quelque chose.

En voyant les rougeurs qui se propageaient sur son visage, Akashi haussa un sourcil.

« C'est à se demander lequel de nous deux va s'évanouir dans les prochaines minutes.

— Je… Désolé, s'excusa Kuroko après avoir agité sa tête sur les côtés afin de se ressaisir.

— Enfin, comme tu peux le voir, je vais bien. »

Akashi serra son peignoir afin d'éviter l'évanouissement de son colocataire, qui désormais ne savait plus où regarder. Et bien que son attitude était amusante, il avait autre chose de plus intéressant à faire que de chercher ce pauvre garçon. Du moins, il aurait aimé. Depuis que Kuroko était entré dans la salle de bain, il tentait de garder contenance mais il avait bel et bien failli s'évanouir à cause de la chaleur et de son manque de sommeil. Ses jambes avaient faibli et il s'était rattrapé de justesse au rebord de l'évier.

Mais quand il voulut quitter la pièce, il manqua de partir vers l'avant. Ses jambes n'étaient pas prêtes à le supporter davantage et elles le lui firent bien comprendre, se rattrapant cette fois-ci à Kuroko en abattant sa main contre l'épaule de celui-ci. Sa main serra le vêtement de l'adolescent, et Kuroko fut obligé de reculer de quelques pas pour ne pas perdre entièrement l'équilibre. Kuroko apporta ensuite ses mains au niveau des avant-bras d'Akashi, essayant de le soutenir du mieux possible.

« Vous devez vous reposer. Tout de suite, ordonna-t-il.

— C'est juste la chaleur de la pièce. Je vais bien.

— Cessez de faire l'enfant, Akashi-kun. Vous avez une mine affreuse.

— Faire l'enfant ? Le reprit le rouquin.

— Oui. Vous êtes en train de faire un caprice à vouloir travailler dans votre chambre sans interruption, au risque de négliger votre santé. Et sans écouter ce que les autres peuvent vous dire. Alors écoutez-moi maintenant, Akashi-kun.

— Depuis quand as-tu cette assurance ?

— J'ai un bon professeur. »

Kuroko lui sourit gentiment, ne le lâchant toujours pas. Ses mains continuaient de reposer sur ses bras bien que depuis le temps, Akashi avait repris ses idées et surtout possession de ses jambes. Mais s'il faisait attention, tout comme Kuroko, sa main reposait encore sur l'épaule de ce garçon.

« Pouvez-vous marcher ?

— Et si ce n'est pas le cas ? Tu proposes de me porter ? Se moqua aussitôt Akashi.

— J'attendrais que vous tombiez pour vous traîner derrière moi. »

La réponse franche et immédiate de Kuroko fit douter Akashi. Il ne serait pas capable de faire une telle chose, hein ? Pourtant son air sérieux ne laissait pas place au doute, et Akashi sentit un frisson désagréable mordre son échine. Ce garçon prenait vraiment trop d'assurance à son goût.

Ils quittèrent par la suite la salle d'eau, Akashi marchant par ses propres moyens. Il voulut tout d'abord retrouver sa chambre pour s'y allonger, mais Kuroko l'arrêta rapidement en attrapant la manche de son peignoir.

« Je compte me reposer, ce n'est pas ce que tu veux ?

— Dans ce cas-là, je prendrais l'ordinateur avec moi. Vous devez faire une nuit complète.

— Hors de question.

— Alors nous avons un problème. »

Akashi finit par soupirer avant de regarder autour de lui à la recherche d'une solution. Bien sûr il avait cette deuxième chambre qui était devenue celle de Kuroko depuis le temps, mais il y avait aussi le canapé qui en ce moment était le plus proche et qui lui tendait presque les bras.

« Dans ce cas, laisse-moi me changer et je dormirai sur le canapé.

— Je comptais plutôt vous laisser mon lit et dormir sur le canapé, renchérit Kuroko.

— Pourquoi donc ?

— Car comme ça, je pourrais m'assurer que pendant la nuit vous ne chercherez pas à rejoindre votre chambre et continuer à travailler.

— Tu comptais veiller toute la nuit pour ça ? Demanda Akashi avec surprise.

— Je peux être très déterminé, en effet. »

De nouveau, Akashi soupira avant de se mettre en route pour rejoindre sa chambre et revêtir un pyjama propre. Son peignoir commençait à être trempé et ce n'était pas confortable. Ce fut en revenant dans le salon, habillé de vêtements secs, qu'Akashi vit Kuroko déjà installé sur le canapé. S'étant rappelé qu'il n'avait pas de couverture supplémentaire, Akashi lui annonça qu'il n'aurait rien pour se couvrir durant la soirée. Il doutait que ce garçon puisse veiller toute une soirée sans se faire emporter par les bras de Morphée. Même un simple clignement de ses yeux suffirait à Akashi pour regagner sa chambre en douce et continuer à travailler, si jamais il se réveillait.

« Ne sois pas stupide, Tetsuya. Je ne vais pas dormir pendant que toi tu feras une nuit blanche, ce serait stupide.

— Serez-vous en train de me proposer de dormir ensemble, dans ma chambre ?

— Techniquement, c'est aussi ma chambre. »

Sans réellement répondre à Kuroko, Akashi entra dans cette pièce qui depuis plusieurs mois ne lui appartenait plus vraiment. Une autre odeur que la sienne remplissait la chambre, l'armoire était remplie de vêtements qu'il ne possédait pas et des livres scolaires étaient entreposés sur le bureau. Un sourire glacial finit toutefois par couvrir ses lèvres lorsque ses yeux trouvèrent un intrus allongé sur le matelas.

« Lorsque je disais qu'il lui était interdit de monter sur le canapé, ça valait la même chose pour les lits.

— Oups. »

Le fait que ce garçon ne cherche même pas à s'excuser, ou inventer un mensonge bancal, fit se retourner Akashi dans sa direction. Kuroko se permettait vraiment beaucoup de choses. Et étrangement, en réalité, Akashi le laissait faire. Et puis, il n'allait pas se mentir davantage : il était tellement fatigué qu'en cet instant, il n'avait pas envie d'argumenter ni combattre. De ce fait, sans un mot supplémentaire, il attrapa simplement Nigou qu'il reposa contre le sol avant de soulever les couvertures et de s'allonger.

De l'autre côté de la pièce, Kuroko récupéra Nigou contre son torse. Akashi était dans son lit. Cette pensée lui fit de nouveau monter le feu aux joues, les scènes de la salle de bain lui remontant en mémoire au même instant. Il enfouit bien rapidement son visage dans les poils de Nigou. Akashi était dans son lit.

« Personnellement, je n'arrive pas à dormir quand les lumières sont allumées. Donc éteins-les, Tetsuya.

— O-Oui…

— Et ne tarde pas à venir te coucher. J'ai le sommeil léger. »

Kuroko déposa à son tour Nigou au sol et se dirigea vers son armoire pour en sortir son pyjama. Il partit ensuite dans la salle de bain pour se changer, se brosser les dents, et en profiter pour ranger les objets qu'avaient pu faire tomber Akashi. Lorsqu'il revint dans sa chambre, les lumières toujours allumées, un sourire se forma sur ses lèvres en remarquant le visage paisible qu'offrait Akashi, endormi.

Éteignant les lumières pour ensuite se diriger vers son lit, Kuroko souleva les couvertures pour s'allonger à son tour. La première fois qu'il avait dormi avec Akashi remontait à si longtemps, tant de choses avaient changées depuis, et d'autres avaient évoluées. Malgré l'obscurité de la pièce, allongé sur le côté, Kuroko observa dans la pénombre le profil du réalisateur dont la respiration faible et régulière témoignait de son sommeil réparateur.

« Bonne nuit, Akashi-kun. »

Bien évidemment, ses paroles ne trouvèrent pas de réponse. Kuroko ferma ensuite les yeux, son sourire restant étiré sur le coin de ses lèvres. Il lui fallut un peu plus de temps qu'Akashi pour trouver le sommeil, mais bercé par la respiration du rouquin, Morphée ne tarda à l'emporter à son tour. Plongeant ainsi les deux hommes dans un sommeil profond, où l'arrivée du froid hivernal les obligea à se rapprocher pour se réchauffer malgré la couverture. La tête de Kuroko se nicha contre le torse d'Akashi qui s'était retourné au cours de la nuit, et qui longeait le corps de l'adolescent par l'un de ses bras.

Une nuit réparatrice qui allait faire le plus grand bien à tout le monde, et où la simple chaleur humaine battait la plus douce et chaude des couvertures. Le visage de Kuroko gardant ce sourire qui apparaissait rarement ces derniers temps sur son visage.