Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? Je crois que ça fait longtemps que je n'ai pas publié aussi rapidement entre deux chapitres xD Merci les vacances et Erizu-sama pour sa correction rapide ! Dans ce chapitre, les choses continuent d'avancer à leur rythme, petit à petit et tout doucement, mais marque aussi un tournant décisif pour nos petits amis. J'espère que ce chapitre vous plaira !
Réponses aux reviews :
ryoko : Merci beaucoup pour ton commentaire ! Et tu sais l'inspiration tu peux l'avoir avec beaucoup de choses : que ce soit grâce à de la musique, des images ou même des faits de tous les jours ;) après tout ce cultive et il suffit après de tout manier ça ensemble pour en faire ressortir quelque chose. Je te souhaite en tout cas une bonne lecture !
Lys de Pandore : Bonjour à toi :D Mais par où commencer... ta review m'a énormément fait plaisir, surtout lorsque tu m'as dit suivre l'histoire pour son scénario et pas entièrement pour le couple présenté. Car dans une fanfiction, c'est justement pour le couple que nous commençons à lire les récits, et non pas forcément dans un premier temps pour l'histoire en elle-même. Ainsi lire ça de ta part m'a vraiment fait plaisir ! Et je suis d'autant plus contente que tu trouves cette histoire vivantes grâce à tous les personnages utilisés, et que le rythme des événements te convient. Après pour le cas par cas des personnages de cette histoire, petit à petit le passé d'Akashi vous sera dévoilé et vous apprendrez donc forcément comment il a réellement obtenu cet oeil jaune, puisque c'est le passage entre son personnage d'antan et celui que connaît Kuroko. Tout comme l'évolution de Kuroko, et s'il va réussir ou non à trouver un moyen de s'accepter sera exploité au fur et à mesure. En tout cas tes analyses et hypothèses m'ont fait sourire, et bien que je ne dirais rien pour pas retirer le mystère des événements futurs, elles me font énormément plaisir !
Et pour répondre à ta question, oui Midorima est apparu très rapidement. Il est l'ophtalmologiste d'Akashi, pour son oeil gauche. Encore merci pour ta review qui m'a vraiment, vraiment, beaucoup plu. Recevoir ce genre de commentaire est la plus belle des récompenses pour tout auteur de fanfic. J'espère donc que ce chapitre 25 te plaira comme les précédents et je te souhaite une bonne lecture !
Alpabidooon : Bonjour à toi :D Je suis contente que cette fiction ainsi que son évolution te plaisent ! Et j'espère aussi que ce nouveau chapitre te plaira tout autant, merci pour ton commentaire et bonne lecture :3
Laura-067 : Est-ce que l'amitié entre Kuroko et Kagami arrivera à survivre, à l'inverse de leur couple ? Telle est la question ma chère lectrice ! ;) Pour la réaction de Kagami à ce sujet, tu auras un léger (tout léger hahahaa) aperçu dans ce chapitre. Et Himuro a décidé de confier la tâche à Murasakibara, pas qu'il craignait Akashi ou autre, mais seulement car le rouquin ne lui aurait très certainement jamais ouvert. Il n'y avait qu'un ami, un proche, qui aurait pu entrer chez lui. Du coup, il n'en avait pas tellement le choix non plus, bien qu'au fond ce n'était même pas ses affaires. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture :D !
Sayuri Ashihei : Bonjour à toi :D Oh t'inquiète tu n'es pas la seule sadique qui se retrouve à lire cette fanfiction xD Beaucoup ont même hâte que le couple se sépare pour que Kuroko soit entièrement à Akashi. Merci en tout cas pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Haru-carnage : Je suis contente si tu as trouvé cette petite nuit ensemble mignonne, et y en aura bientôt une autre ;) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Le Renard Bleu : Dans l'espoir d'éviter ce qu'il craint, Himuro s'est mêlé de choses qu'il ne le regardait pas en effet. Et comme tu le soulignes très bien d'ailleurs, il ne connait rien de la relation qui lie Kagami et Kuroko, il ne connait que les regrets et remords du rouquin à ce sujet. Du coup, il n'est pas du tout objectif et à son inverse par exemple, Akashi en sait beaucoup plus à ce sujet. Pour ce qui concerne Nigou, tu as tout à fait raison xD Ça m'amuse beaucoup de l'imaginer une fois adulte, à côté de Kuroko pour te dire x) Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture!
Cookiiie : Ne t'inquiète pas, mine de rien ils seront bientôt ensemble xD Je vais pas non plus continuer à abuser de toute votre patience xD Enfin maintenant nous verrons plus tard les répercussions des agissements d'Himuro, mais aussi voir du coup si Kagami et Kuroko se débrouillent de leur côté ;) Merci beaucoup pour ta rview et je te souhaite une bonne lecture !
asuka lockser : Haha je suis contente si le chapitre 24 est devenu ton nouveau préféré ! Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
aakaraly maarigul : Merci beaucoup et voici le chapitre 25, j'espère qu'il te plaira ! Bonne lecture :3
kama-chan59 : Oh non non, tu ne te trompes pas du tout. Akashi baisse sa vigilance en présence de Kuroko, ce qui fait qu'il le laisse plus approcher de lui que quiconque. En tout cas, je suis vraiment ravie si cette fiction est parvenue à te toucher et te donne envie de savoir la suite, merci beaucoup pour ton avis du coup ! Et je te souhaite une bonne lecture :)
Le Papillon
Scène 25
La jalousie fait mal, elle enfle et dégénère en sarcasmes : un peu comme une plaie qui s'infecte et suppure.
Amos Oz.
Le soleil était déjà bien haut lorsque les yeux de Kuroko s'entrouvrirent pour la première fois de la journée. Des fibres de la veille lui revinrent doucement en mémoire, tandis qu'il réalisait au fur et à mesure qu'une surface chaude était apposée contre son dos. Tout comme un bras, n'étant de toute évidence pas le sien, qui reposait contre sa hanche. Son cœur s'accéléra alors que son cerveau tissait les liens et lui faisait réaliser que, contre son dos, Akashi reposait, collé à lui.
Dans un espoir vain, il essaya de voir par-dessus son épaule le visage du rouquin, mais ce fut un échec cuisant. Akashi devait de toute façon encore dormir pour rester dans cette position, et surtout n'émettre aucun commentaire.
Kuroko tenta néanmoins de se retourner, doucement, produisant le moins de mouvements possibles afin de ne pas réveiller le réalisateur. Il avait appris que ce dernier n'était pas du matin et qu'il avait besoin de plusieurs tasses de café avant d'être véritablement réveillé, et surtout, pouvoir entretenir une conversation avec lui. Avant ces précieuses gorgées de caféine, Akashi pouvait être sans grand mal comparé à un mollusque. Un sourire se forma sur le coin de ses lèvres en se rappelant toutes ces matinées où ils avaient déjeuné ensemble, et où Akashi enchaînait ses tasses de café à une vitesse conséquente.
Désormais sur le dos, Kuroko n'avait plus qu'à faire pivoter son visage pour observer celui du rouquin. Le bras d'Akashi reposait dorénavant contre son estomac, et le manque de hauteur sembla soudainement perturber un instant son sommeil. Des paroles incompréhensibles s'échappèrent d'entre ses lèvres, faisant davantage sourire Kuroko en assistant à ce spectacle rarissime. Le bleuté était tout à fait conscient qu'Akashi ne partageait pas facilement son lit ; à sa connaissance par ailleurs, il ne devait être que trois : son ex-petite-amie sûrement, Nijimura et lui.
A cette constatation mentale, Kuroko sentit ses joues s'enflammer.
L'adolescent qu'il était mis un certain temps avant d'oser diriger de nouveau son regard vers le visage endormi d'Akashi. Il avait l'impression de commettre un péché, d'être en tort. Pourtant, il ne faisait rien de mal, n'est-ce pas ? Il n'y avait aucune règle interdisant de regarder une personne en train de dormir. Kuroko cherchait à se rassurer par de multiples façons, son attention restant fixée sur son hôte.
Ses cheveux sanglants éparpillés de part et d'autre de l'oreiller, une expression apaisée qui ne devait pas être commune ; tous ces éléments qu'étaient en ce moment même en train de découvrir Kuroko, et qui n'atténuaient en rien son rougissement. Ce serait mentir de clamer qu'Akashi n'était pas une personne charismatique, digne d'intérêt sur tout un tas de plans. Il fallait simplement s'accommoder à sa personnalité et ses exigences. Une fois cela passé, Akashi était une belle personne ; avec ses qualités et ses défauts, comme tout le monde.
Une personne qui avait souffert et qui avait fait souffrir.
Un aboiement tira cependant Kuroko de ses pensées, le faisant rapidement tourner son visage au risque de se créer un torticolis. Nigou avait entre-temps sauté sur le lit afin de le rejoindre, venant lécher sa joue tout en agitant joyeusement sa queue de droite à gauche. De sa main, Kuroko lui caressa l'espace entre ses deux oreilles tout en lui soufflant dans l'une de faire moins de bruit.
Malheureusement, c'était déjà trop tard et Kuroko déglutit instinctivement lorsqu'il croisa cette fois-ci le regard hétérochrome d'Akashi.
« Je sais ce que je vais préparer ce matin, super.
— Akashi-kun…
— Hm…. Pas maintenant. Sors-le et ferme la porte. »
Sans ajouter un mot de plus, Akashi se retourna et abattit la couverture sur son visage. Kuroko mit alors à exécution l'ordre du rouquin afin de préserver la vie de son chiot, qui émit un petit couinement lorsque Kuroko referma la porte, les oreilles baissées. Seulement, c'était pour son bien. Il le faisait pour qu'Akashi ne le cuisine pas dans quelques heures, ou ne le jette dehors lorsqu'il aurait le dos tourné.
Puis, Kuroko partit se recoucher. Il dut tout de même tirer un peu sur la couverture afin d'en récupérer une partie, poussant Akashi à tourner son visage pour observer l'attitude de son colocataire. Face au regard appuyé du réalisateur, Kuroko finit par ouvrir la conversation tout en se recouchant tranquillement.
« Vous êtes encore dans mon lit, Akashi-kun. Et puis, nous sommes dimanche. »
Akashi observa un instant Kuroko, dubitatif, avant de rendre les armes et lui laisser un peu de couverture. Il n'était pas encore assez réveillé pour être capable de combattre ce petit impertinent. Tous les deux finirent par se rendormir à quelques minutes d'intervalle, profitant de cette journée où rien ne pressait pour se reposer. Bien que cette fois-ci, ils ne se rapprochèrent pas durant leur sommeil, il n'empêcha que Kuroko se sentit apaisé, comme à l'intérieur d'un cocon où aucun obstacle ne saurait croiser sa route.
-x-x-x-
Plus tard dans la journée, Akashi et Kuroko avaient fini par sortir du lit. Depuis une éternité, Akashi se sentait parfaitement reposé. Son corps était encore légèrement engourdi, tout comme son esprit, mais il se sentait bien. Son attention se tourna vers Kuroko qui était assis sur le canapé, regardant une émission tout en ayant Nigou sur ses genoux. Apportant de temps à autre son café à ses lèvres, Akashi se perdit dans ses pensées et se remémora ses premières interactions avec le bleuté, et à quel point son quotidien avait changé depuis leur rencontre.
Depuis plusieurs mois, Akashi ne savait plus ce qu'était la solitude. Il y avait toujours quelqu'un pour manger avec lui le soir, mais aussi pour lui répondre lorsqu'il avait tort ou lui imposant des limites lorsqu'il dépassait les bornes. Ce n'était pas qu'auparavant cette même solitude lui pesait, depuis toujours il avait été élevé pour être le meilleur et ne pas dépendre de son entourage, mais Akashi mentirait en révélant que la présence de Kuroko ne lui apportait pas des bienfaits. Avoir quelqu'un pour partager son repas, ou avoir quelqu'un pour l'accueillir lorsqu'il rentrait après lui, la douceur de ces instants lui avait manquée.
Un sourire timide se forma sur le coin de ses lèvres, qu'il recouvrit rapidement en apportant sa tasse de café contre sa bouche. Il s'agissait sûrement là du dimanche le plus agréable de son existence.
« Je sens le regard d'Akashi-kun sur ma personne… C'est gênant, souffla Kuroko qui s'était entre-temps rapproché de lui sans qu'Akashi ne le remarque.
— Je ne te regardais pas, contra l'intéressé en toute mauvaise foi et partant regarder ailleurs.
— Lorsqu'Akashi-kun ment, il détourne souvent le regard. »
Un soupir agacé emporta le rouquin, qui dirigea de nouveau son attention vers Kuroko qui ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire. Akashi put ainsi voir le sourire taquin qui recouvrait les lèvres du lycéen, ainsi que la lueur amusée qui se cachait à l'intérieur de ses pupilles. Une attitude de la part de Kuroko qui détendit davantage Akashi, continuant de regarder ce garçon qu'il avait ramené chez lui un soir de pluie.
Akashi avait toujours été du genre à rester cramponné dans sa zone de confort, ne se risquant pas à des nouveautés et ainsi bousculer son quotidien. Pourtant, Kuroko était parvenu à s'immiscer dans sa vie si aisément qu'avec du recul, le rouquin se demandait intérieurement comment cela pouvait-il être possible. Tout semblait si naturel désormais, avoir Kuroko à ses côtés et déjeuner ensemble comme ce matin en toute tranquillité, que cela paraissait maintenant impossible pour Akashi de s'imaginer à nouveau seul.
Son téléphone vint toutefois briser l'atmosphère paisible qui régnait jusqu'alors dans l'appartement ; et en vue du nom de l'appelant, rien de bon ne s'annonçait. Kuroko put même voir le visage d'Akashi se durcir alors qu'il répondait à l'appel.
« Oui, Père ? »
La voix d'Akashi était descendue de plusieurs octaves. De toute évidence, les deux hommes ne semblaient pas en bons termes et Kuroko en savait désormais une partie sur la raison qui éloignait Akashi de son père. Le rouquin s'écarta de quelques pas de lui, continuant de répondre aux questions de son géniteur en se coupant entièrement du monde qui l'entourait. Lorsqu'enfin la conversation téléphonique prit fin, et qu'un lourd soupir l'emporta, il apporta sa main à ses cheveux sanglants.
« Il y a un problème ? » Se risqua Kuroko en se rapprochant de nouveau d'Akashi.
Ce dernier dirigea ses yeux hétérochromes dans ceux inquiets de son interlocuteur, et le jugea un instant de la tête aux pieds. La fois où ils étaient tous partis à Kyoto et qu'il était parti pour rejoindre son père, Akashi savait de quoi ce dernier voudrait lui parler. Son père avait appris qu'une nouvelle personne vivait avec lui et il désirait des explications. Akashi avait donc dû parler de Kuroko et de clarifier que de toute façon, cette situation n'était qu'éphémère.
Mais comme tous les choix qu'il avait jusqu'alors pris dans sa propre vie, son père ne partageait pas son avis. De sorte qu'au final, Akashi avait fini par se demander si son paternel ne vivait pas dans un esprit de contradiction le concernant. Sans même connaître Kuroko, il s'opposait à lui et comme toutes ces fois depuis son enfance, sa décision était la seule qui importait : Kuroko devait partir.
Un ordre qui avait fait contracter ses poings et plisser ses yeux, jugeant cet homme qui tentait encore de dicter sa vie. Un homme qui considérait ses paroles comme une vérité absolue et où son auditoire devait le croire sur parole, les yeux clos et se dirigeant à sa voix tels de misérables pantins. Cependant, tout cela était terminé pour Akashi depuis longtemps. Avec une force pratiquement démoniaque, il avait décidé d'arracher ces fils qui le reliaient à cette personne, désirant vivre lui-même sa vie et cesser d'être une poupée que son père modelait à sa guise.
Il avait lui aussi ses propre rêves et l'ambition nécessaire ; pour les accomplir le premier étant d'échapper au pouvoir de Akashi Masaomi et prendre son envol.
Détachant alors son attention de son téléphone, Akashi tourna son regard vers celui de Kuroko qui n'attendait plus que sa réponse.
« Mon anniversaire est dans moins d'une semaine, et mon père compte tenir une réception à Tokyo. Il aurait besoin d'un logement et ne veut pas dormir à l'hôtel. »
A cette annonce, les yeux de Kuroko s'agrandir brusquement. Akashi pensa alors qu'il ne s'attendait pas à l'apparition soudaine de son père, qui apparaissait sans crier gare, mais la voix ferme qui sortit de la bouche du bleuté le déboussola un instant.
« Pourquoi ne pas me l'avoir dit ? Je vous aurais cherché un cadeau, Akashi-kun, confia durement Kuroko.
— Ce n'est pas nécessaire. C'est un jour comme les autres. »
Depuis toujours Akashi n'aimait pas spécialement fêter son anniversaire. De toute façon, ils se ressemblaient tous puisqu'à chaque fois son père s'en occupait, invitant des actionnaires importants à son entreprise ainsi que des politiciens qui le soutenaient. Et de temps à autre, son père lui présentait la fille d'un homme influant pour essayer de susciter son intérêt et le fiancer avec cette dernière.
Les seuls véritables anniversaires dont Akashi se souvenait étaient ceux où sa mère était encore en vie, et qu'ils mangeaient tous ensemble un gâteau dans le jardin de leur demeure. Malgré la brise hivernale et la neige qui couvrait parfois l'étendue d'herbe, ces moments chaleureux et aimants réchauffaient Akashi au plus profond de lui-même. Tout cela avait pourtant volé en éclats, comme un rêve merveilleux dont la magie s'évaporait lorsque ses yeux s'ouvrirent sur la réalité. La mort avait emporté bien trop tôt sa mère et son père s'était enfermé dans sa souffrance, devenant ensuite bien plus sévère qu'auparavant.
Les anniversaires suivants étaient devenus ternes et frigorifiants, apparaissant bientôt à ses yeux comme des jours communs sans attrait particulier. C'était simplement devenu le jour où son père le montrait fièrement et essayait de le marier à la première venue, du moment que ses parents avaient une position importante dans la société.
En réalité, Akashi n'avait plus l'impression de fêter son propre anniversaire. Il était simplement le trophée qu'exposait son géniteur.
« Arrêtez de dire n'importe quoi, s'il-vous-plaît. C'est le jour où vous êtes né et où vous avez rendu vos parents heureux, et même si aujourd'hui vous ne vous entendez pas avec votre père, il n'en reste pas moins votre père. Et sans ce jour, je ne vous aurais pas connu non plus. » Clama fermement Kuroko, le regard furieux.
Restant sans voix, Akashi ne pouvait que regarder ce garçon qui s'énervait contre lui. La raison de son énervement lui paraissait tellement absurde et insignifiante et pourtant, étrangement, les mots de Kuroko faisaient plaisir à entendre. C'était peut-être la première fois qu'une personne lui disait, avec une telle éloquence, d'être heureux de le connaître.
« Enfin là n'est pas le problème… Mon père veut vivre à l'appartement pendant son séjour.
— Je peux voir avec mes amis s'ils peuvent m'héberger. Ce n'est pas un problème.
— Tu es sûr ? Je peux toujours te réserver une chambre à l'hôtel. »
Sa proposition sembla étonner Kuroko, avant qu'un nouveau sourire ne vienne couvrir ses lèvres.
« Akashi-kun n'a pas besoin de s'inquiéter autant pour moi. Je trouverai une solution, ne vous en faites pas. Quand arrive votre père ?
— Mon anniversaire est le vingt, il arriverait du coup dans deux jours. »
A cette nouvelle information, les yeux de Kuroko s'agrandir avant de se perdre dans le vague. Il devait se dépêcher et trouver quelqu'un à qui demander ; bien évidemment le visage de Kagami lui apparut mais en vue des circonstances actuelles, ce serait mal placé que de lui demander. De plus, Kagami n'avait qu'un lit à sa disposition et même si celui-ci était double, ce serait encore plus gênant pour tous les deux. Kuroko devait donc réfléchir à d'autres personnes et attrapa de la sorte son téléphone pour chercher dans sa liste de contacts.
Le temps jouait en leur défaveur et Kuroko était parfaitement conscient que toutes ses affaires devraient avoir quitté l'appartement d'Akashi quand son père arrivera. De loin, Akashi put voir Kuroko apporter son téléphone à son oreille et appeler quelques-uns de ses camarades de classe, le voyant refaire cette manœuvre plusieurs fois avant de réfléchir à nouveau en levant son menton vers les airs. Il ne pouvait non plus rentrer chez ses parents, même pour une courte période. Kuroko se demanda alors vers qui il pourrait de nouveau se tourner, ses camarades du lycée ne pouvant pas souvent à cause de Nigou, car l'un de leurs parents était allergique aux poils de chien.
Pendant un instant, Kuroko observa son téléphone et se demanda s'il ne devait tout de même pas tenter avec Kagami. Après tout, ils étaient encore amis. C'était simplement leur relation qui était en pause. Il avait pourtant beau essayer de se rassurer, il n'arriva pas à se résoudre à l'appeler.
Ainsi, comme si l'annonce de l'arrivée du père d'Akashi avait emmené l'hiver dans l'appartement du rouquin, les deux hommes ne s'échangèrent plus le moindre mot.
-x-x-x-
Le lendemain, Kuroko observa le dos de Kagami qui était assis sur le bureau devant le sien. Il avait décidé au cours de la nuit que si jamais il devait en parler avec son camarade, il vaudrait mieux que cela se fasse en face à face que par téléphone. En partie car de la sorte, Kagami serait forcé de lui répondre et ne pourrait pas couper la conversation à sa guise. Akashi lui avait encore proposé de lui payer une chambre d'hôtel si jamais personne ne pouvait le prendre en charge, et même si les intentions du réalisateur étaient louables, Kuroko désirait pouvoir se débrouiller pour une fois. Akashi était assez généreux pour le laisser vivre à ses côtés et ne pas lui demander de payer en partie le loyer, alors il n'allait pas lui demander de dépenser son argent pour un hôtel.
Un soupir las traversa ses lèvres tandis que la pause midi fut annoncée, libérant ainsi les lycéens qui se retrouvèrent en petits groupes afin d'aller manger avec leurs amis. Comme d'habitude, Kuroko et ses amis partirent sur le toit de leur établissement malgré les brises hivernales. Il faisait beau, cependant de grosses écharpes entouraient leur cou, les empêchant ainsi d'avoir froid. Furihata fut le premier à parler de la situation de Kuroko, s'excusant encore de ne pas pouvoir l'héberger à cause de sa mère qui était allergique aux chiens. Son ami avait joint ses mains par-dessus sa tête penchée vers l'avant, véritablement désolé.
La dite conversation finit ainsi par attirer l'attention de Kagami qui ne comprenait pas de quoi il en retournait. Ainsi, silencieusement, Kuroko remercia Furihata pour avoir amené lui-même le sujet. Cela allait être plus facile dorénavant.
« Le père d'Akashi-kun arrive demain et il souhaiterait passer du temps avec son fils. Comme Akashi-kun n'a qu'une autre chambre de libre, et que c'est celle que j'occupe, il est embêté.
— Il peut pas simplement dire à son père qu'il héberge déjà quelqu'un ? Grommela alors le rouquin.
— Les relations entre Akashi-kun et son père sont compliquées. Et puis il s'agit de son père, c'est normal qu'il soit plus important. »
Le ton de Kuroko s'était durci, essayant de faire comprendre à Kagami qu'il ne se dirigeait pas sur la bonne voie avec lui. En passant outre les problèmes familiaux de la famille Akashi, il était normal pour un père de venir dormir chez son fils au lieu de louer une chambre dans un hôtel. L'inverse serait ridicule. Toutefois, comme Akashi n'en avait parlé à personne, et qu'il était normalement impensable de comparer Akashi Masaomi à un père lambda, Kuroko n'avait aucunement conscience qu'en réalité le père du réalisateur n'en avait que faire que de passer du temps avec son unique enfant. N'approuvant pas le fait que son fils partage son appartement avec un parfait inconnu, Masaomi s'était opposé à cette situation.
Le fait de passer du temps dans l'appartement d'Akashi avait pour seul but que de faire partir ce parasite que représentait Kuroko.
« Mouais… Enfin bref, tu as trouvé quelqu'un chez qui crécher du coup ? Demanda finalement Kagami en mordant rageusement dans son sandwich.
— Non… »
Kuroko baissa son regard tout en répondant à la question de son ami. Il n'avait pas la force de soutenir son regard et se confronter à l'émotion qui traversera ses yeux. Toutefois, Kuroko sentit parfaitement l'attention de Kagami contre sa peau, entendant même clairement leurs amis suggérer à Kagami de proposer son appartement. Cela partait d'un bon sentiment de leur part, puisqu'entre eux le rouquin était le seul à vivre indépendamment. Cependant, le silence qui perdurait rendit le cœur de Kuroko de plus en plus lourd.
Au fond de lui, ne le savait-il pas déjà ?
« Ce serait pour combien de temps ? S'enquit finalement Kagami, croquant une nouvelle fois dans son repas du midi.
— Je ne sais pas exactement… Mais sûrement jusqu'à la fin de la semaine, répondit-il en relevant enfin son regard pour observer le visage de son homologue.
— Et tu viendrais à partir de quand ?
— Puisqu'on ne sait pas quand arrivera le père d'Akashi-kun… Ce soir serait le plus prudent. »
A cette information, Kuroko vit Kagami plisser ses yeux. De nouveau, il abaissa son regard et joua avec le pan de son pantalon. Il était conscient d'abuser de la gentillesse de Kagami en vue de leur situation, mais il n'avait plus personne d'autre à contacter. Silencieusement, il ne pouvait plus qu'espérer que le rouquin accepte et que tout se passe pour le mieux. Fort heureusement, malgré ses airs de garçon bourru, il était connu de tous que Kagami avait des difficultés pour ne pas venir en aide à ses amis ; d'autant plus lorsqu'il s'agissait de Kuroko.
De la sorte, tout le monde put le voir se gratter énergiquement ses cheveux tout en poussant un long râle. Il termina son sandwich en une seule et unique bouchée et fit par la suite claquer ses mains par-dessus ses genoux.
« Bon. C'est d'accord, de toute façon j'ai pas trop le choix hein ? Tu te retrouves à la rue sinon, grommela Kagami en détournant le regard.
— Kagami-kun, souffla Kuroko avec pour une fois une lueur dans son regard qui faisait partager toute sa reconnaissance.
— Me regarde pas comme ça ! »
Les joues de l'adolescent s'empourprant, l'atmosphère se réchauffa tout autour du groupe d'amis tandis que Kuroko pouvait désormais retirer ce poids supplémentaire de ses épaules. Il observa ainsi Kagami se faire taquiner par leurs amis à cause des rougeurs qui avaient attaquées son visage, et qui le rendaient adorable. Par la suite, Kuroko envoya un message à Akashi pour le prévenir qu'il venait finalement de trouver chez qui dormir. Il fut ensuite convenu qu'à la fin des cours, Akashi viendrait les chercher en taxi pour retourner à son appartement et ainsi chercher les affaires de Kuroko pour les faire disparaître de son appartement.
Ce fut alors là que Kuroko réalisa un fait des plus importants : Akashi et Kagami allaient se rencontrer. Cette constatation lui fit directement diriger son attention vers Kagami qui avait finalement attrapé Furihata par le cou grâce à son bras puissant, et lui frottait énergiquement son cuir chevelu avec son poing. Kuroko avait clairement senti son cœur manquer un battement et tous ses sens se retrouvèrent en alerte.
A la fin de la pause midi, Kuroko prévint Kagami qu'Akashi les attendrait à la sortie des cours pour aller chercher ses affaires. Et comme il l'avait prévu, le bleuté put voir son ami plisser de nouveau les yeux et rester silencieux durant quelques secondes. Un laps de temps qui lui suffit pourtant amplement à comprendre la situation ; malgré ses dires de la dernière fois, Kagami ne supportait pas l'idée qu'il puisse vivre chez un autre homme, qu'il ne connaissait même pas jusqu'alors. Kuroko connaissait suffisamment Kagami pour savoir que ce dernier était possessif avec lui, et de ce fait il ne pouvait pas accepter cette situation.
Et au fond de lui, Kuroko redoutait plus que tout cette confrontation. Il savait qu'il n'aurait rien à craindre de la part d'Akashi, qui snoberait sûrement Kagami ou ne lui parlerait que pour lui dire le strict minimum. Seulement, à l'inverse du réalisateur, Kagami avait le sang chaud. Ainsi peut-être que l'attitude méprisante d'Akashi ferait suffisamment bouillir le lycéen pour que ce dernier se décide à sortir les poings.
Un long soupir emporta Kuroko tandis que différents scénarios se jouaient dans son esprit, plus catastrophiques les uns que les autres.
Ainsi quand l'horloge signala l'arrêt des cours pour la journée, ce fut bien la première fois que Kuroko serait bien resté quelques heures supplémentaires ; mais le téléphone qui vibra dorénavant dans sa poche de pantalon ne lui laissa guère le choix que d'ouvrir le message envoyé par Akashi pour connaître leur position. Prenant alors son courage à deux mains et espérant que tout se passerait pour le mieux, Kuroko se releva de son siège et croisa ainsi le regard de Kagami qui l'avait attendu.
« Akashi-kun est en bas. » Prévint-il en esquissant un sourire.
Seulement, Kagami haussa seulement ses épaules avant de lui emboîter le pas. Ils traversèrent ainsi les couloirs jusqu'à se retrouver à la sortie de leur établissement, remarquant l'attroupement qui avait lieu derrière le portail et qui entourait le taxi qu'avait sûrement pris Akashi pour les rejoindre. Évidemment, le fait qu'une telle célébrité se trouve devant un lycée des plus quelconques avait attiré l'attention de nombreux élèves, et même des employés de l'établissement.
Kuroko ne se soucia toutefois pas de la foule, la traversant aisément grâce à sa faible présence afin de rejoindre Akashi qui se trouvait appuyé contre la portière du véhicule. Kagami mit plus de temps à les rejoindre, devant même parfois pousser certaines personnes afin de se frayer un chemin et finalement faire face au réalisateur plus petit que lui. Il pencha sur le côté sa tête, observant avec soin la personne qui s'occupait de Kuroko depuis plusieurs mois dorénavant. Pendant ce temps, Kuroko faisait les présentations et Akashi dirigea enfin ses yeux hétérochromes dans la direction du lycéen qui le dévisageait sans la moindre discrétion.
« C'est donc toi Kagami Taiga. Enchanté. »
Poliment, Akashi se pencha légèrement afin de saluer le rouquin et Kuroko fut ravi de l'attitude du réalisateur : ce n'était pas lui qui allait allumer la mèche qui déclencherait le désastre. Kuroko se tourna alors vers Kagami qui restait silencieux, sa main détenant la lanière de son sac qui reposait contre son épaule droite, et qui continuait à fixer cet homme qui fronça dès à présent ses sourcils.
Puis sans attendre davantage une réponse de la part de ce garçon, Akashi finit par se retourner et ouvrir la portière afin d'inviter Kuroko à s'asseoir sur la banquette arrière avec Kagami, tandis que lui passerait devant. Il dirigea ainsi le chauffeur jusqu'à son appartement, fixant par la suite la route qui se dessinait face à lui sans essayer de faire la conversation. De la sorte, l'atmosphère était palpable. Le chauffeur ressentit même la tension qui régnait à l'intérieur de son véhicule, et remarqua avec une aisance presque trop facile la flamme qui illuminait le regard sanglant de l'adolescent assis sur la banquette arrière.
Ils arrivèrent finalement à destination, et après qu'Akashi ait demandé au chauffeur de les attendre, ils montèrent jusqu'à l'appartement prendre les affaires de Kuroko. Kagami observa d'un œil attentif ces deux personnes discuter entre elles, Akashi expliquant quand est-ce que Kuroko pourrait réaménager chez lui. Cet homme, qui avait éloigné Kuroko de lui, était parvenu à changer le bleuté.
Kuroko se métamorphosait au contact d'Akashi. C'était léger, pratiquement imperceptible, mais pourtant bel et bien réel. Son ami prenait de l'assurance et s'affirmait ainsi de plus en plus, ne lâchant pas ses idéaux ni même sa façon de penser. A vrai dire, Kuroko avait toujours été une personne directe qui parfois manquait de tact, mais ce n'était jamais avec de mauvaises intentions. Ainsi, le voir sourire tandis que ce réalisateur lui annonçait la date de son retour à leur appartement agaça prodigieusement Kagami.
« Je vais chercher des cartons, annonça Akashi tout en disparaissant dans sa chambre et laissant ainsi les deux autres dans celle de Kuroko.
— Merci Akashi-kun. »
Kuroko n'attendit pas plus longtemps et commença à plier ses affaires sur son lit, demandant gentiment de l'aide à Kagami en voyant ce dernier inactif. Tout en grommelant, le rouquin s'exécuta et fit bientôt les mêmes mouvements que son ami afin d'avancer plus rapidement. Tout en regardant du coin de l'œil Kagami, Kuroko remarqua sans difficulté ses sourcils plus froncés que d'ordinaire ainsi que sa mâchoire crispée. Son attitude rendit son cœur un peu plus lourd, sachant parfaitement qu'il abusait de sa gentillesse et sûrement de ses sentiments aussi.
« Merci beaucoup Kagami-kun… Et désolé.
— Pourquoi tu t'excuses ? Souffla Kagami sans même lui porter un regard.
— Tu aurais sûrement préféré ne jamais avoir affaire à Akashi-kun… Et puis je te demande du jour au lendemain de m'héberger, alors que nous ne savons toujours pas si…
— Arrête de te prendre la tête. J'allais pas te laisser dormir dehors. »
Kagami déposa le haut qu'il venait de plier sur le tas qui était en train de se former sur le lit, avant de faire s'engouffrer sa main dans la chevelure bleutée de Kuroko et de l'agiter dans tous les sens. Il se retourna par la suite afin de retourner à la commode et prendre d'autres vêtements, remarquant ensuite les cartons ayant été déposés à côté de la porte désormais fermée. Ses sourcils se froncèrent un instant tandis qu'il repensait au fait de n'avoir absolument pas entendu le retour d'Akashi. La porte avait été laissée ouverte après son départ, de sorte que ça ne pouvait être que lui qui l'avait fermé après leur avoir apporté les cartons.
Toutefois, il ne s'en formalisa pas davantage et poursuivit leur petit atelier de pliage des vêtements de Kuroko. Kagami ne put cependant s'empêcher de rire et d'embêter son camarade lorsqu'ils finirent par arriver à ses caleçons, le visage de ce dernier devenant écarlate. Ce rougissement fulgurant fit rapidement oublier à Kagami sa mauvaise humeur du départ. Le rire sonore du lycéen se répercuta bientôt à travers les murs, et malgré la porte fermée, Akashi put clairement entendre son amusement. Ses sourcils se froncèrent, cherchant à comprendre ce qui pouvait se passer dans la chambre du bleuté, tandis que Kuroko cherchait désespérément à attraper son caleçon que détenait Kagami.
Le petit jeu des lycéens perdura quelques minutes jusqu'à ce que Kuroko parvienne à récupérer ce qui lui revenait de droit, et tout en gonflant ses joues, il décida de bouder. Il était tellement embarrassé que si un trou se formait quelque part dans cette pièce, il s'y jetterait immédiatement. Kagami eut beau passer sa main dans ses cheveux et lui formuler des excuses, Kuroko préféra l'ignorer tandis qu'il rangeait ses affaires pliées dans les cartons. Mais ce fut sans compter sur la bonne humeur soudaine de Kagami, qui l'amena rapidement contre son torse afin de déposer un chaste baiser sur son front tout en gardant ses bras autour de la taille du bleuté.
Les yeux agrandis au possible, Kuroko apporta lentement le bout de ses doigts vers la zone où Kagami venait de l'embrasser ; son cœur battant la chamade.
« A titre d'information, le compteur du taxi tourne… »
La fin de sa phrase mourut à l'intérieur de sa gorge. Sous ses yeux hétérochromes, la scène qui se présentait lui fit faire un loupé ; à quelques mètres, Kagami tenait toujours Kuroko contre son torse et raffermit même sa prise lorsque ses yeux croisèrent ceux polaires du réalisateur. Kuroko tenta néanmoins de se dégager, n'appréciant pas tellement le fait de se montrer en spectacle, s'excusant rapidement auprès d'Akashi.
Il décida ensuite de prendre un premier carton et sortit de la chambre pour rejoindre le taxi, et commencer à charger celui-ci. Tout en laissant Akashi et Kagami, seul à seul, à seulement quelques mètres de distance. Un sourire vint finalement poindre le bout de son nez sur les lèvres de Kagami, à la fois satisfait et intrigué par l'expression furieuse qui s'étalait au fur et à mesure sur le visage du réalisateur.
« Faut croire que je ne m'étais pas trompé, ricana-t-il sèchement.
— Pardon ? Grinça Akashi, ses yeux s'assombrissant dangereusement.
— Tu donnes l'impression de cacher ton amant en quatrième vitesse, pour que papa ne te réprimande pas. »
A son tour, Kagami prit cette fois-ci plusieurs cartons d'affilée et suivit les pas de Kuroko. Il passa à côté d'Akashi afin de le dépasser, ayant l'impression d'avoir pris l'avantage sur cet homme, dont il avait ressenti sa présence comme une menace pour son couple. Son incertitude et le fait qu'il avait exigé une pause dans sa relation avec Kuroko, bien évidemment l'existence d'Akashi en était une des raisons. Comment Kuroko pouvait préférer habiter chez un inconnu plutôt que chez son amant ? Puis si la difficulté de Kuroko à assumer son homosexualité posait véritablement problème, Kagami aurait pu voir pour investir dans un futon ou dans ce cas-là changer son canapé pour un clic-clac. De plus, il ne sortait pas avec le bleuté pour le côté charnel d'une relation. Il aurait pu comprendre et aurait pu aller par étape avec Kuroko, tous les deux, et à leur propre rythme.
Il aurait simplement fallu qu'ils en discutent avec Kuroko.
Toutefois, les nuages qui obscurcissaient jusqu'alors son humeur commencèrent à reprendre leur périple et ainsi s'éloigner de lui. Les premières éclaircies voyaient enfin le jour : aujourd'hui, il avait l'opportunité pour récupérer Kuroko.
« En tout cas, merci. Grâce à ton père, Kuroko peut enfin venir vivre à mes côtés. Il n'avait rien à faire avec un étranger, lui sourit-il en arrivant à sa hauteur.
— Redescends un petit peu, veux-tu. »
C'était sans compter sur la voix impérieuse d'Akashi, décidément sorti de ses gongs. Son œil doré étincela plus que jamais d'une flamme mélangeant colère et provocation, tout comme le confirma ce léger rictus sur le coin de ses lèvres. Une différence de taille évidente opposait Akashi à Kagami et pourtant, en cet instant, le lycéen se sentit rétrécir au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. Plongeant dans le regard hypnotique de cet homme, il lui semblait prendre de la hauteur et devenir plus grand que lui. Ses yeux hétérochromes le jugeant et le faisant sentir comme un moins que rien.
Akashi en avait décidément assez. Après la visite de Murasakibara et l'attitude sans gêne d'Himuro, la patience du réalisateur arrivait à son point de rupture. En soi, il savait que les sentiments amoureux pouvaient berner et aveugler une personne, faisant s'effacer toute trace de logique de ses actes et paroles. La jalousie pouvait rendre une personne rationnelle en un imbécile de bas étage, dénoué de raison. Ce sentiment malheureux qui faisait douter de tout, et s'imaginer beaucoup de choses, et qui détruisait des relations et des sentiments en les piétinant sans le moindre remord. Lui-même était aussi passé par ce chemin tortueux.
Dans ces instants où on ne pensait qu'à soi-même, aveuglé par cette jalousie qui nous asphyxiait, l'attention ne se focalisant que sur un champ extrêmement restreint. Kagami avait décidait de son propre chef de lâcher la main de Kuroko, mettant sur le fait accompli son petit-ami qui n'avait pu qu'accepter sa décision. Il avait été effrayé par la possibilité d'en ressortir le plus meurtri, et avait donc décidé de fuir le premier. Ce ne fut que plus tard qu'il réalisa son erreur.
Néanmoins, ce garçon oubliait encore quelque chose d'important.
« Si Tetsuya n'est pas venu vers toi la première fois, il ne le fera pas la deuxième non plus. Sais-tu pourquoi ? »
Akashi combla la distance entre lui et Kagami, ses yeux se plongeant plus que jamais dans ceux de ce garçon. Kagami réprima un frisson désagréable, contractant sa mâchoire comme si son corps se préparait à recevoir un coup. Pourtant, Akashi n'exerça pas le moindre geste autre que le mouvement de ses lèvres dont s'échappèrent des paroles venimeuses ; que ce soit Himuro, Murasakibara ou encore Kagami, tous n'en faisaient qu'à leur tête et ne se concentraient que sur leur personne.
Ils oubliaient de demander l'avis au principal concerné, qui n'était pas forcément Kagami. Qui avait été assez courageux pour poser la question directement à Kuroko ? Personne ne lui avait jamais rien demandé, lui imposant toujours les décisions des autres. Comme un vulgaire objet, Himuro voulait qu'il retourne chez Kagami sans prendre en compte ses sentiments. Tout comme Kagami s'était principalement concentré autour de son nombril en effaçant tout ce qui l'entourait.
Au même instant, Kuroko sortit de l'ascenseur qui l'avait monté jusqu'à l'étage du réalisateur.
« Puisqu'il n'accepte pas son homosexualité, il te rejette par la même occasion. Ainsi, même avec les plus bonnes intentions à son encontre, plus tu iras dans son sens et plus il te fuira. Tant qu'il ne s'acceptera pas, il vous sera impossible de vous remettre ensemble et d'être heureux. »
Akashi était conscient de ne pas être impartial dans cette histoire, seulement il devait être le seul auquel Kuroko s'était permis de se confier. Il avait été capable de lui tendre son oreille et de décharger les épaules du jeune homme.
Alors que Kuroko ouvrit la porte pour entrer dans l'appartement, un énorme fracas attira aussitôt son attention. Tout en ayant peur de comprendre ce qui pouvait bien se passer, il se mit à courir pour rejoindre sa chambre. Il manqua de s'étouffer en voyant que Kagami avait attrapé Akashi par le col de sa chemise, le soulevant de quelques centimètres du sol. Au même moment, son autre main prit le recul nécessaire pour faire disparaître cet air supérieur qui recouvrait le visage satisfait d'Akashi.
« Kagami-kun ! »
Sans réfléchir à deux fois, Kuroko tenta de s'interposer entre les deux garçons. Seulement, sa voix ne fut pas entendue par Kagami qui était entré dans une rage folle et dont seul ce coup de poing pouvait être capable de le soulager ; ne supportant pas plus les paroles de cet homme, cette vérité crue et abrupte, dont il était parfaitement conscient mais dont il se voilait la face. Il n'avait donc absolument pas besoin de l'entendre de la bouche de ce type, qui en plus prenait un malin plaisir à détacher chaque mot, chaque syllabe, afin que ses paroles aient plus d'impact.
« Maintenant repose-moi, Taiga. »
Avec une force surprenante, Akashi saisit le poignet de ce garçon qui le maintenait en hauteur. Il y exerça une pression qui fit s'étendre une grimace sur le visage de son vis-à-vis, ne tardant pas à le relâcher. Kagami se recula par la suite de quelques pas tout en massant son poignet douloureux.
Kuroko regarda ensuite un à un les deux personnes qui peuplaient cette chambre, les sourcils froncés et souhaitant qu'il n'y ait pas plus de grabuge. Ainsi, entendre les injures de Kagami à l'encontre d'Akashi le mit en alerte, mais finalement le lycéen attrapa d'autres cartons et les distança afin de prendre ses distances et s'aérer l'esprit.
Ils purent ainsi entendre la porte d'entrée claquer violemment, laissant désormais Akashi et Kuroko seuls dans la pièce. Le réalisateur tira un instant sur le col de sa chemise, faisant ainsi passer un peu d'air sur sa peau devenue sensible, tout en dirigeant son regard dans celui inquiet de son colocataire. L'atmosphère était encore tendue malgré la sortie de Kagami, et les deux hommes se regardèrent sans se dire le moindre mot avant que Kuroko ne remarque une chose importante.
« Akashi-kun… Vous commencez à rougir, révéla-t-il en se rapprochant du réalisateur pour constater davantage les marques qui commençaient à apparaître sur son cou.
— Ce n'est rien. Mais laisse-moi te parler franchement Tetsuya, tu as vraiment de très mauvais goûts en matière d'homme.
— Excusez l'attitude de Kagami-kun, je vous prie. » Poursuivit-il tout en ignorant son commentaire.
Kuroko se pencha bien bas, présentant ainsi ses excuses à la place de son ami. Il sentit le regard observateur d'Akashi contre sa peau, mais il ne se releva pas pour autant. Ce ne fut qu'en entendant Akashi soupirer et détacher sa cravate, qui lui brûlait en vue des rougeurs qui s'étendaient autour de son cou, que Kuroko redressa simplement son visage dans un premier temps.
« Dépêchez-vous de rejoindre le taxi. L'heure tourne, rappela Akashi tout en se détournant de lui pour rejoindre sa chambre.
— Attendez Akashi-kun ! Je dois vous poser une question, s'empressa Kuroko en suivant ses pas.
— Quoi donc ?
— Même si je pense que l'on ne pourra pas se voir pour votre anniversaire, souhaitez-vous quelque chose en particulier ? »
Pendant un instant, Akashi devait le reconnaître, il ne savait pas de quoi pouvait bien parler Kuroko. Ses yeux s'agrandirent par la suite en comprenant que ce dernier comptait lui offrir un cadeau pour inaugurer ce jour si spécial, et en vue du sourire qui s'étendait sur le visage de Kuroko, Akashi comprit qu'il ferait mieux de lui donner une réponse.
« Je n'en ai aucune idée pour l'instant. Je te tiendrais au courant si j'ai une envie particulière. » Confia dès lors Akashi en détournant son visage des yeux de Kuroko.
Kuroko acquiesça vivement, prenant par la suite les derniers cartons qu'il mit dans le coffre de la voiture avec les autres. Il remonta une dernière fois pour chercher Nigou et les affaires de son chiot, récupérant en même temps les frais pour le taxi que lui donna Akashi, et retrouva Kagami qui était déjà assis sur la banquette arrière. Son pied frappait à allure régulière le sol, son coude étant posé par-dessus la vitre et sa main couvrant en grande partie son visage.
Après avoir fermé la portière et avoir annoncé au chauffeur qu'il pouvait y aller, Kuroko regarda l'appartement d'Akashi s'éloigner petit à petit de son champ de vision. C'était la première fois depuis leur rencontre qu'il irait dormir aussi longtemps chez une autre personne, et qu'il ne verrait sûrement pas Akashi jusqu'au moment où il pourrait réaménager à ses côtés.
Kuroko se rassit correctement lorsqu'il ne put observer davantage l'endroit où Akashi habitait, jetant par la suite des coups d'œil en biais pour tenter d'analyser le comportement de Kagami. Il tressauta soudain en remarquant que ce dernier le regardait depuis un certain temps, désapprouvant sûrement son attitude datant de quelques secondes en vue du regard blessé qui fit se tordre ses entrailles. Kagami grommela par la suite quelques insultes dans le creux de sa main, reportant son attention sur le paysage qui défilait au fur et à mesure que la voiture avançait.
Le regard céruléen se porta par la suite vers Nigou qui reposait contre ses jambes, le caressant comme à son habitude entre ses deux oreilles. Même si ce n'était que pour quelques jours, Kuroko se sentait étrangement attristé de devoir quitter l'appartement d'Akashi. Toutefois, il décida de ne pas trop y songer. Après tout, à la fin de la semaine il retournerait sûrement chez le réalisateur et leur quotidien reviendrait à la normale.
De son côté, Akashi retrouva son calme d'antan avant que Kuroko n'entre dans sa vie. Il était retourné dans sa chambre afin de continuer son script, mais il n'arrivait pas à se concentrer. Son esprit ne cessait de ressasser les paroles de Kuroko à propos de son anniversaire et du cadeau qu'il pourrait recevoir. Une étrange chaleur vint alors parcourir son corps, créant des papillons dans son estomac tandis qu'il essayait de deviner quel cadeau Kuroko pourrait lui offrir ; une impatience nouvelle se créant dès lors à l'intérieur de lui. Il sentait son corps se réchauffer, certain qu'il attendrait ce jour avec une impatience particulière.
Se rendant compte de ses pensées, Akashi prit dans le creux de sa main son visage et, tandis qu'il soupirait longuement, Kuroko en fit tout autant de son côté. Ils étaient tous les deux conscients de s'enfoncer au fur et à mesure sur un chemin auquel ils n'auraient jamais dû mettre les pieds.
