Bonsoir tout le monde, comment allez-vous ? Dans ce chapitre, l'arrivé d'un nouveau personnage (et pas des moindres) va rapidement faire bouger les choses :D Faites donc place au père d'Akashi (roulement de tambours) : Masaomi Akashi ! J'espère que vous apprécierez l'interprétation que je fais de ce personnage à l'intérieur de cette fiction et surtout qu'il ne se fera pas détester par vous toutes haha. L'est pas méchant au fond, le petit Masaomi :3
Mention spéciale aussi pour Erizu-sama qui fait toujours une correction impeccable (et qui m'apprend même quelques règles de grammaire, un grand merci à elle !)
Réponses aux reviews :
Akazaya : Bienvenue à toi et merci beaucoup pour ta review ! :D Je suis ravie que mon UA te plaise et que le rôle d'Akashi en tant que réalisateur te paraisse crédible, que puis-je demander de plus haha. Et tu sauras que j'adore manier une panoplie de personnages, car je trouve que ça rend une fiction plus vivante et j'ai toujours aimé avoir du monde autour de moi, donc je pense que ça doit jouer sur mes fictions aussi. Mais ne t'inquiète pas pour le AkaKuro, il va plus que bientôt arriver ;) encore un peu de patience ! En tout cas, j'espère que ce chapitre te plaira comme les précédents et je te souhaite une bonne lecture :D
Le Renard Bleu : Oh pauvre ordinateur ! J'espère que tu as pu t'en récupérer un rapidement (perso, je pourrais pas vivre sans - ça plus le Coca Cola). Pour ta plus grande joie, ce chapitre contiendra des instants où Kise apparaîtra :D Mais nan, ce serait trop facile si Kuroko avait pensé à Kise pour cohabiter chez lui. Et moins intéressant niveau scénario aussi ;) En tout cas dans ce chapitre ainsi que le prochain, tu verras comment se déroule la cohabitation entre Kagami et Kuroko, mais je n'en dirais pas plus mouahaha. Et oui, un husky est pourtant un chien tellement beau, même adulte ! Mais bon, mascotte jusqu'au bout...
Et pour répondre à tes questions, oui on dit une auteur, il me semble ! Merci beaucoup pour tes compliments en tout cas, ça me fait très plaisir ! Pour ce qui est de Le Papillon, j'ai déjà écrit la formation du couple AkaKuro et quelques autres événements, donc même si d'autres chapitres apparaîtront pour traiter du quotidien du couple, la fin s'approchera tout de même. Mais je n'ai pas encore de nombre de chapitre total en tête, désolée... Et bien sûr que j'ai d'autres projets, je suis droguée à Knb ( et à Akashi). Du coup, d'autres projets sont déjà en cours d'écriture ! Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture :D
Haru-carnage : Bientôt, bientôt ;) Je te laisse imaginer divers cadeau que Kuroko pourrait offrir à Akashi mouahah ! Merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
ryoko : Contente que le nouveau rythme de parution te plaise :D Remercions aussi beaucoup Erizu-sama et sa rapidité de correction (ainsi que les vacances haha). Merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
nistley : Vous êtes gâtées pendant les vacances, hein ? 3 chapitres en deux mois, du jamais vu de ma part xD comme quoi les miracles existent bel et bien ;) Et pour ce qui est de la relation entre Kuroko et Kagami, ne t'inquiète pas : on arrive véritablement au dernier tournant de leur relation ! Bientôt du AkaKuro en bonne et due forme (plus d'ambiguité ni rien *agite ses pompons*).
Unefille : Bonjour à toi :D Une lectrice de ma fiction SinJu, ce que tu m'as surprise quand j'ai lu ça ! Merci en tout cas pour ta review qui m'a fait énormément plaisir et sache que tu ne dérangeras aucunement une auteur de ce site en postant une review, même ça nous fait extrêmement plaisir ! Même si c'est juste pour dire "j'ai bien aimé, merci !" Mais j'ai l'impression que ma fiction rend violente xD Pense à ces pauvres personnes qui veulent simplement discuter avec toi haha.
Oh et crois-moi, quand je m'approcherais moi-même de la fin de cette fiction, je sens que je vais entrer en période de deuil où je vais pas vouloir écrire dessus pendant plusieurs semaines (en mode déni... oui, ça m'arrive souvent vers les fins de mes fics). Ces petites choses sont nos bébés xD. Et sache que pour m'avoir fait sourire, tu m'as fait sourire : quand j'ai découvert ta review et quand je l'ai relu afin de pouvoir te répondre. Donc merci beaucoup à toi et j'espère que ce chapitre te plaira, je te souhaite une bonne lecture !
Sayuri Ashihei : Encore un peu de patience, le rapprochement final entre Akashi et Kuroko ne va pas tarder xD Et voyons, le père d'Akashi est un véritable bisounours ;) Non, ce n'est pas OOC. Je suis certaine que cet homme est juste mal compris hahaha (la petite blagounette de la soirée). Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
asuka lockser : Tu auras la réponse à tes questions dans ce chapitre ;) Mais ne t'inquiète pas , comme on dit si bien "loin des yeux, près du coeur " ! Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture :D
ellie27 : Bienvenue à toi :D D'abord félicitation pour avoir lu les 25 chapitres en une après-midi ! Aaah ça, la grande question : quand est-ce qu'Akashi et Kuroko se mettront enfin ensemble ? Ne t'inquiète pas, le moment fatidique s'approche à grand pas ;) Vous aurez bientôt le déroulé de ce dénouement sous les yeux. Pour ce qui est de ta question, j'y réfléchis encore. Mais ce n'est pas impossible qu'elle apparaisse en face de nos protagonistes :) En tout cas merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
aakaraly maariigul : Haha bientôt Kuroko se séparera de Kagami ;) Merci beaucoup de ta review et je te souhaite une bonne lecture !
Laura-067 : Pour ce qui est de la cohabitation entre Kagami et Kuroko, je te laisserai soigneusement découvrir cela par toi-même :D Mais en effet, Kagami ne restera pas sans rien faire, après tout souvent les sentiments sont plus fort que tout et nous nous entêtons alors qu'il faudrait mieux abandonner pour de bon. En tout cas, tu verras des deux côtés comment chacun occupe à présent son quotidien, et comment cet éloignement soudain va modeler les choses. J'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !
Alpabidooon : Ce chapitre est là pour répondre à tes questions :D Merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
kama-chan59 : Pour ce qui est du caractère, ne t'inquiète pas pour Akashi ;) En tout cas merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !
J'espère que ce chapitre 26 vous plaira à tous et je vous remercie d'ajouter cette fiction dans vos favoris/follows. Ça me fait énormément plaisir !
Bonne lecture à tous :3
Le Papillon
Scène 26
L'amour qui rend les gens malheureux n'est pas le véritable amour.
Si votre amour est vrai, il contribue à votre bonheur
Et à celui des gens que vous aimez.
Denis St-Pierre
Kise entra dans le bureau de son manager qui lui avait donné rendez-vous pour discuter de plusieurs choses, entre autres sa possible carrière en tant qu'acteur qui ne la rassurait pas entièrement. Inquiet de ce qui pouvait se dire dans quelques minutes, Kise était à la fois impatient et hésitant. Son esprit avait beau lui jouer différents scénarios, il ne parvenait pas à en trouver un plausible. Cela faisait plusieurs jours qu'il ne recevait plus d'annonces pour une quelconque audition, qu'il n'en entendait même plus parler, et il avait peur. Les résultats de son premier drama étaient toujours très bons, salué par la critique. Pourtant tout stagnait.
Aucune nouvelle proposition n'apparaissait entre ses mains, et en toute honnêteté, il commençait à désespérer.
Faisant désormais face à sa manager qui l'accueillit avec un sourire, Kise le lui rendit mais étant loin d'être un de ses sourires habituels. Cela ressemblait davantage à une grimace. Elle l'invita ensuite à s'asseoir d'un geste de la main, mais Kise préféra rester debout. Ainsi, s'il devait partir en courant pour fuir la situation, mais aussi la cruelle réalité, ce serait plus simple.
Finalement, il parvint toutefois à trouver assez de force pour demander ce qui pouvait bien se passer pour être appelé si tôt dans la matinée.
« Je t'ai demandé de venir pour que nous discutions de certaines choses, Kise-kun. J'ai besoin de savoir tes motivations, commença-t-elle d'une voix suave.
— Mes motivations ? Répéta-t-il, incrédule.
— Kise-kun… Ta principale raison pour devenir acteur est de battre ton père. Mais souhaites-tu vraiment devenir un acteur ? Ce n'est pas juste apprendre un texte par cœur et le réciter comme on réciterait une poésie en primaire.
— Pourquoi vous me demandez ça maintenant ? »
L'expression de Kise commençait petit à petit à se ternir, perdant de ses couleurs et de son éclat. Le jeune homme se laissa même tomber en arrière pour s'asseoir sur une chaise, ses bras reposant mollement sur ses cuisses. Il était si content quand son manager lui avait présenté une date pour sa toute première audition, dont il était ensuite parvenu à décrocher le rôle à la clé. Un petit nuage l'avait alors transporté et l'avait fait flotter au-dessus de tout le monde. Tout comme tous ces instants sur le plateau de tournage, avec les autres acteurs et le personnel technique, dont l'atmosphère était radicalement différente que lors de ses shootings.
Ce n'était pas le même univers et cela Kise l'avait ressenti. Il avait parfaitement senti la différence entre l'objectif d'un appareil photo et celui de la caméra ; l'excitation qui parcourait ses veines, qui le faisait presque trembler d'anticipation, tout était différent. Une image, une chose figée dans le temps, n'avait strictement rien à voir avec la fluidité d'une séquence filmée. Pour la première fois depuis longtemps, Kise s'était senti vibrer. Bien entendu, il aimait toujours l'univers du mannequinat et les séances photographiques, mais il avait découvert une nouvelle chose qui dorénavant le passionnait davantage. Il voulait approfondir ce milieu, mieux le connaître, et avancer à son rythme.
« C'est vrai que je me suis lancé dans ce milieu pour battre mon père… mais je veux vraiment en découvrir davantage ! Je veux continuer dans cette direction.
— Et si Akashi-san ne compte jamais te proposer un rôle, souhaites-tu toujours devenir acteur ? »
Son manager savait parfaitement son rêve de pouvoir jouer dans un des films du célèbre Akashi Seijūrō, gardant toujours cette idée fixe de battre son père en s'alliant avec les réalisateurs les plus influents de leur époque. Comme son père avait pu travailler avec les prédécesseurs du rouquin. Seulement, et si en effet Akashi ne lui proposait jamais de rôle ? Ou s'il ne réussissait aucune audition et que le réalisateur préférait un autre acteur ? D'autant plus que Kise visait le rôle principal, et non un rôle secondaire et encore moins juste en tant que figurant.
Il serait le héros du film d'Akashi.
« Pour l'instant, c'est clair qu'Akashicchi ne voudra jamais de moi dans son équipe haha ! Mais un jour, ce sera le cas. Alors s'il-vous-plaît, manager ! »
Ses mains claquèrent entre elles, se joignant afin de former une posture de prière tandis que sa tête s'affaissait vers l'avant. Son attitude fit s'étirer un sourire amusé sur les lèvres de son manager, qui apporta sa main au niveau de ses lèvres maquillées. Au fond d'elle, elle avait toujours trouvé que Kise ressemblait à un petit enfant dont il fallait toujours faire attention à ses moindres faits et gestes. En moins de deux, une bêtise pouvait être commise. Pourtant, à de rares moments, Kise agissait après avoir beaucoup réfléchi.
« Je sais que vous vous inquiétez pour moi, mais je vous l'assure. J'aime ce que je fais et je ne cherche qu'à apprendre. Alors s'il-vous-plaît, laissez-moi passer des auditions. »
Tout en redressant légèrement sa tête pour river ses yeux vers ceux de son interlocutrice, Kise lui lança son fameux regard de chien battu qui pouvait parfois faire craquer Kasamatsu, pourtant loin d'être réputé pour rendre les armes facilement, surtout quand il s'agissait du blond. Un rire nerveux emporta ainsi la jeune femme qui agita bien vite sa main devant ses yeux, gênée par l'intensité cachée derrière les paroles de son protégé.
En réalité, elle ne sous-estimait aucunement Kise. Elle savait parfaitement qu'avec de l'entraînement et de l'expérience, ce dernier pourrait aller très loin dans le monde du show-biz. Seulement, ce qu'elle craignait et qu'elle essayait de faire comprendre au blond était de remettre en question ses motivations. Kise ne pouvait pas compter que sur son désir de dépasser son père pour avancer dans cet univers ; il ne serait jamais capable de donner le meilleur de lui-même qu'avec cet objectif en tête.
Fort heureusement, il semblerait qu'elle se soit trompée. A ce jour, Kise montrait de nouveaux objectifs pour sa carrière.
« Dans ce cas, je continuerai à chercher des auditions pour toi. »
Un large sourire recouvrit les lèvres du jeune homme à quelques mètres d'elle, réchauffant rapidement l'atmosphère dans la pièce. Kise sauta par la suite sur ses pieds et accourut dans sa direction pour la prendre dans ses bras, la remerciant pour lui laisser une nouvelle chance. Tout en sortant un peu plus tard du bureau de son manager qui continuait à rire de l'enthousiasme du mannequin, Kise appela Kasamatsu pour le tenir au courant. A l'inverse d'Aomine dont Kise était conscient qu'il se ferait rejeter par ce dernier, Kasamatsu écouterait toujours ses histoires en rapport avec son travail. Bien sûr, parfois Kise recevait des coups de la part du brun, à cause de sa surdose d'énergie qui lui donnait le tournis, mais il lui prêtait toujours une oreille attentive.
De la sorte, il fut rapidement convenu que Kise passerait à sa maison pour lui expliquer en détail la situation. Et bien qu'il se jeta littéralement au cou de Kasamatsu lors de son arrivée dans la chambre du brun, le coup ne vint que plus tard pour expulser Kise contre le sol, son rire solaire remplissant la pièce d'une atmosphère paisible. Kise avait toujours été de la sorte, où est-ce qu'il mettait les pieds, c'était comme si le soleil le suivait et réchauffait son entourage en un simple battement de cils. Et c'était sûrement l'une des raisons qui faisait que malgré les coups qu'il donnait, et les insultes qu'il prononçait, que Kasamatsu ne pouvait se résoudre à détourner son attention du jeune homme.
Au risque de s'en brûler les ailes.
-x-x-x-
Plus tard dans la matinée, Kuroko rangea ses affaires de mathématiques pour chercher celles de géographie. Le professeur n'allait pas tarder à prendre la relève et bien que des groupes se soient formés aux quatre coins de la pièce, Kuroko était sagement resté assis. Pour dire la vérité, il n'avait pas beaucoup dormi après qu'ils soient arrivés chez Kagami. Son corps était même recouvert de courbatures, surtout au niveau de ses épaules. Le fait de dormir sur le canapé n'avait pas vraiment été des plus agréables, d'autant plus que l'ambiance pesante dans l'appartement de son ami ne l'avait pas aidé à se détendre.
Kuroko ne savait toujours pas pourquoi Kagami avait empoigné Akashi par le col, à vrai dire il ne lui avait même pas posé la question. Kagami respirait tellement la colère au cours de la soirée que cela aurait été vraiment risqué. Toutefois, pour le mettre dans un tel état, Akashi avait dû appuyer sur une corde particulièrement sensible et Kuroko avait peur d'en découvrir la raison. Il n'avait pas vraiment tout confié à Akashi sur sa relation avec Kagami, mais le réalisateur en savait déjà assez pour blesser consciemment le lycéen. Et si Kagami avait au préalable énervé Akashi, alors en soi Kuroko ne serait guère étonné d'apprendre qu'il s'en soit servi.
Un soupir traversa ses lèvres tandis qu'il se demanda comment arranger la situation. En parler avec Kagami n'était pas une solution envisageable pour l'instant et Akashi ne voudrait sûrement rien lui dire, étant déjà passé à autre chose, et puis il avait d'autres choses à faire de toute évidence. Son père devait arriver dans la journée, peut-être même était-il déjà arrivé à Tokyo.
Bien que le professeur de géographie soit arrivé entre-temps, Kuroko se désintéressa du cours pour porter son regard vers l'extérieur qui se dessinait à sa gauche. Ses yeux céruléens se perdirent dans le ciel d'un bleu éclatant, plongeant davantage dans le cours de ses pensées sans prendre la moindre note. Il essayait de s'imaginer quel père pouvait avoir Akashi, que ce soit sur le plan physique ou de sa personnalité. Un sourire amusé se forma dès lors sur ses lèvres tandis qu'il imaginait un Akashi beaucoup plus âgé, et tout aussi imposant ; sans savoir qu'il n'était pas tant que ça éloigné de la vérité, à quelques détails près.
Au cours de l'après-midi, tandis que les lycéens revenaient de leur pause déjeuner, Akashi mit les pieds à l'intérieur de la gare de Tokyo. Au préalable, il avait pris soin d'ouvrir toutes les fenêtres de son appartement pour retirer toute odeur de Kuroko et avait fait attention à vérifier que toutes les affaires de celui-ci n'y soient plus. Même si son père avait appris qu'il cohabitait avec une nouvelle personne, cela ne servait à rien d'alourdir davantage la situation.
Tirant légèrement sur son col afin d'inspirer un bon coup une dernière fois, Akashi se ressaisit rapidement en voyant le train arriver en gare. Son regard se porta sur les différentes personnes qui quittaient le wagon de la première classe, y cherchant la présence de son père. Ce ne fut guère compliqué de finalement le retrouver parmi la populace, sortant du wagon avec une telle prestance qu'en un simple regard dirigé vers sa personne, Akashi en oublia le reste des voyageurs qui pourtant les entouraient jusqu'alors. A vrai dire, le rouquin n'avait jamais su si c'était le fait de côtoyer des politiciens couramment, ou si son père avait eu cette prestance dès la naissance, mais il était bien au-delà de la sienne. Pourtant, son physique n'avait rien d'extravagant ; ses cheveux blanchis par l'âge couvraient en partie son crâne, des rides creusaient comme chaque homme de son âge son visage et le rendaient davantage sévère au fil des années. En soi, cet homme ressemblait à n'importe quel autre. Seulement, ce qui se dégageait de cette personne n'était comparable à aucun du commun des mortels, pas même lui.
Ses yeux ne pouvaient se détacher de cette silhouette qui se rapprochait de lui avec élégance, tirant derrière lui sa petite valise.
« Bonjour, Père. »
Tout en s'inclinant poliment pour présenter ses salutations, Akashi se releva après quelques minutes et remarqua le visage tourné dans une autre direction de son paternel. De toute évidence, se retrouver après ces semaines écoulées ne représentait rien aux yeux de cet homme. Au fond de lui, Akashi n'en était même pas un peu surpris. Cela avait toujours été ainsi entre eux ; moins ils se voyaient et mieux ils se portaient. Les tensions qui régnaient entre eux depuis toutes ces années les avaient marqué autant l'un que l'autre. Mutuellement ils se reprochaient des choses non dites, mais dont leur attitude transcrivait clairement leurs pensées.
Plus qu'un père et son fils, ils étaient devenus de parfaits étrangers.
« Une voiture nous attend à l'extérieur, si vous voulez bien me suivre. »
Sans attendre une quelconque réponse, qui de toute façon n'arrivera jamais, Akashi tourna ses talons et se mit en route pour rejoindre le taxi auquel il avait demandé d'attendre. Il ne prêta même pas attention si son père le suivait ou non. Après tout, il n'aurait qu'à appeler un autre taxi et se diriger vers un hôtel pour y passer son séjour, si jamais son accueil ne lui avait pas plu. Cette possibilité fut pourtant rapidement soufflée quand une fois arrivé à hauteur du taxi, Akashi vit son père attendre que l'on vienne lui ouvrir le coffre pour y ranger ses affaires.
Le chauffeur se dépêcha ainsi de sortir de son véhicule de service pour exécuter l'ordre silencieux de son nouveau client, qui ne lui porta même pas un seul regard avant de s'installer sur la banquette arrière. Le trajet se fit dans le plus grand des silences, le chauffeur jetant par intermittence des coups d'œil à l'homme assis derrière grâce à son rétroviseur. Il avait pu déjà voir son visage recouvrant des articles de magazines sur les grandes entreprises actuelles.
Toutefois, à force d'observer le chef de la multinationale Akashi en biais, le chauffeur finit par croiser le regard du principal intéressé agacé par ces coups d'œil intempestifs. Un soupir discret s'échappa des lèvres d'Akashi tandis qu'il sentit la voiture tressauter après que leur conducteur se soit raidi contre les pédales, s'étant accroché plus brusquement à son volant et regardant désormais fixement la route. Tournant par la suite son attention vers le paysage qui défilait sous ses yeux, Akashi repensa au fait qu'il aurait nettement préféré passer son anniversaire aux côtés de Kuroko.
Le taxi les déposa ensuite au bas de son immeuble et en compagnie de son père, silencieusement, ils montèrent dans l'ascenseur jusqu'à arriver à sa porte. Une fois à l'intérieur, Akashi rangea ses clés pour observer par la suite son père qui regardait attentivement ce qui l'entourait, comme s'il se trouvait à la recherche de quelque chose en particulier. Aucune parole ne traversa ses lèvres pour autant et il s'enfonça plutôt dans la seconde chambre pour y ranger ses affaires. De son côté, Akashi alla préparer du café.
« Ton colocataire n'est pas là ? Lui demanda-t-il finalement, après l'avoir rejoint dans la cuisine.
— Il est parti dormir chez un ami. »
Le fait que les premières paroles que son père lui adresse concernaient l'existence de Kuroko n'étonna qu'à moitié le rouquin. Jamais il ne lui viendrait à l'esprit de lui demander des nouvelles par rapport à ses films ou de s'enquérir de son état ; non, tout ce qui l'intéressait était de savoir si oui ou non Kuroko vivait encore sous son toit. Akashi se retourna ensuite et déposa deux tasses de café sur le comptoir, rivant ses yeux dans ceux de son père qui le jugea du regard.
« Tu comptes le laisser revenir vivre ici après que je sois parti ?
— Quel est le problème ? Demanda-t-il alors afin de faire cesser le manège de cet homme.
— Je me suis renseigné sur lui. »
Le coin des lèvres d'Akashi s'étira pour un sourire moqueur. Là-dessus aussi, il n'était pas le moins du monde choqué. C'était bien là les manières de cette personne, qui embauchait des détectives privés pour se renseigner sur son entourage. Cette façon d'agir pouvait se montrer ridicule, et parfois drastique, mais c'était ainsi que son père fonctionnait puisque tout dialogue s'était interrompu entre eux.
Akashi vit ensuite les traits sévères de son père, qui but une gorgée de sa boisson avant de poursuivre.
« As-tu pensé aux paparazzis s'ils découvraient que le fils d'Akashi Masaomi cohabitait… vivait avec un homosexuel ? Ils trouveraient bien une façon de remanier votre situation pour faire vendre, rectifia cet homme en affichant un air dégoûté.
— Je ne pense pas que vous ayez le droit d'interagir avec ma vie privée, désormais. Rendre votre fils borgne n'a pas été une première expérience suffisante ? »
Akashi était conscient de dépasser les bornes et de se rebeller contre son père, mais n'était-il pas celui qui avait lancé les hostilités ? Sa rancune envers cet homme n'avait jamais disparu et aucun pardon n'était envisageable. Toute son enfance il avait écouté cet homme, avait réalisé tout ce qu'il attendait de lui et avait ramené à la maison des notes parfaites, et pourquoi ? La nature humaine attendait toujours plus, sans jamais filtrer un seul sentiment de reconnaissance. Jamais Akashi n'avait entendu des félicitations provenant de cette bouche.
Pourtant, il l'avait écouté. Même lorsque sa mère s'interposait et voulait diminuer le rythme de travail, il veillait tard afin de rendre les travaux demandés et ainsi rendre son père fier de lui. Tout comme lorsque son père lui disait de se séparer de ses amis, il l'avait écouté jusqu'à ce qu'il rencontre Nijimura et ne se rende compte que des personnes pouvaient s'interposer à ses décisions. Sans s'en rendre compte, Nijimura avait ouvert une brèche.
« Dès le début de votre relation, je t'avais prévenu que cette fille t'attirerait des problèmes, Seijūrō. Tu es celui qui a ignoré mes conseils et t'es mis ces œillères ridicules. Il est donc tout à fait normal que tu en subisses des dommages, ne remets pas la faute de tes erreurs sur mon dos. »
Akashi se sentit frissonner de la tête aux pieds, sa main se resserra autour de sa tasse. Son père n'était sûrement pas l'unique responsable de la création de cet œil jaune, mais il n'en restait pas moins l'un des acteurs majeurs de cette triste mascarade.
« Juger une personne par rapport à son statut et non sa personnalité et ses valeurs… J'ai failli tomber dans votre piège après toute cette histoire. Cependant, Tetsuya m'a appris que je me trompais. Une personne qui a tout n'est pas foncièrement plus influente qu'une personne qui n'a rien. Alors oui, à votre départ, si Tetsuya le souhaite, il reviendra vivre dans cet appartement.
— Je ne l'accepterai pas, Seijūrō, l'avertit-il comme une menace.
— Que vous l'acceptiez ou non, ce ne sont plus mes affaires. Nous savons l'un comme l'autre que ce qui nous lie, c'est le sang qui court dans nos veines ainsi que notre nom. Autrement, nous sommes des étrangers. »
Ses paroles étaient volontairement froides, faisant ainsi comprendre à cet homme qu'il ne le considérait plus comme étant son père. Il était simplement son géniteur, l'homme qui lui avait donné vie, mais cela s'arrêtait dès à présent ici. A cause de cette histoire avec son ex-petite-amie, leur relation avait fini de voler en éclats et les morceaux de verre éparpillés partout autour d'eux n'étaient plus récupérables. Il termina ainsi son café avant de retourner à sa chambre et travailler sur son scénario, ne prêtant même pas un regard à Masaomi dont la colère bouillait en lui.
Si son propre fils ne comptait pas entendre raison, il saurait trouver des oreilles attentives. Il n'allait sûrement pas renoncer au premier obstacle rencontré.
-x-x-x-
Les cours venaient de toucher à leur fin et petit à petit, tous les lycéens quittèrent leur établissement scolaire afin de rentrer chez eux ou profiter de la fin d'après-midi pour rejoindre le centre-ville et profiter de la douceur de l'hiver. Pourtant, en cet instant, personne ne quittait l'enceinte de l'établissement aujourd'hui. Que ce soit les filles ou les garçons, tous formèrent un cercle auprès de cette personne qui les dépassait aisément de par sa grande taille, et bien qu'un bonnet couvrait en partie sa chevelure, les rayons du soleil éclairèrent néanmoins quelques-unes de ses mèches blondes. A ses côtés, étant plus petit que lui, son ami dévisageait toutes ces personnes qui semblaient être prêtes à sauter sur la célébrité sous peu.
Kuroko releva son regard du sol en remarquant le boucan que tous ces lycéens procuraient, se demandant bien ce qui pouvait se tramer à quelques mètres de lui. Ses yeux s'agrandirent en reconnaissant Kise et Kasamatsu, qui définitivement ne semblait pas à l'aise face à la situation que générait le blond.
« Kagamicchi ! Kurokocchi ! » S'écria finalement le mannequin en les apercevant enfin.
Subitement, Kise se mit à courir pour les rejoindre et parvint à traverser cette marée humaine sans la moindre difficulté. Puis, grâce à ses grandes enjambées il leur fit face rapidement, sans même être essoufflé ou montrer des signes d'effort particulier.
« Avec Kasamatsu-senpai, on pensait faire un basket quand on est passé à côté. Ça vous intéresse ? Proposa-t-il avec un engouement certain.
— Ça pourrait être amusant, oui. Kagami-kun ? Demanda ensuite Kuroko en se tournant vers le rouquin.
— Comme si j'allais dire non à une partie de basket ! »
Un large sourire se forma sur les lèvres du rouquin, sûrement le premier de la journée. De la sorte, Kuroko remercia intérieurement Kise pour sa visite surprise et suivit ainsi son trajet pour retrouver Kasamatsu et quitter ensemble le lycée de Seirin. Quelques fans du mannequin les suivirent jusqu'au terrain de street basket, mais c'était comme si Kise ne les voyait pas, accroché au cou de Kuroko qu'il n'avait pas vu depuis trop longtemps.
« Enfin vous avez un ballon, les gars ? Demanda finalement Kagami en remarquant l'évidence.
— Un ami à moi nous attend déjà normalement ! » Répondit Kise tout en souriant jusqu'aux oreilles.
Kagami fronça néanmoins des sourcils, la réponse de Kise ne répondant pas vraiment à sa question. Il n'avait plus qu'à espérer que cet ami en question ait pris soin de prendre avec lui un ballon, ou alors ils se retrouvaient bel et bien embêtés. Cependant, au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du terrain qui allait les accueillir, une silhouette se dessina appuyée contre le grillage métallique, un ballon coincé contre sa hanche.
« Aominecchi ! S'écria par la suite Kise en le rejoignant rapidement.
— C'pas trop tôt ! T'as pris un abonnement pour toujours arriver en retard ou quoi ? Grogna l'intéressé qui frotta rageusement la chevelure du blond après avoir attrapé son crâne de moineau.
— C'est pas ma faute, Aominecchi ! On est passé chercher des amis pour pouvoir faire un match à plusieurs, essaya-t-il de s'excuser.
— Ah ouais ? »
Brusquement, Aomine relâcha Kise qui se recula de plusieurs pas afin de se recoiffer, tout en se plaignant de l'attitude du basané. Dirigeant son regard électrique en direction du trio qui était resté à l'écart, Aomine remarqua en premier la silhouette de ce rouquin et un large sourire se forma sur son visage. En vue de la stature de ce type, il ne pouvait être qu'un adversaire intéressant. Ce ne fut qu'après que l'adolescent s'intéressa aux deux autres garçons qui accompagnaient cette personne, dont une petite tête bleutée qui lui rappelait étrangement quelqu'un qu'il avait déjà croisé sans pour autant se souvenir de l'endroit ni en quelle circonstance.
Les présentations étant rapidement faites, les équipes furent formées. Désireux de toujours affronter Aomine, Kise se retrouva contre lui en prenant Kasamatsu et Kagami en tant que coéquipiers. Étant un nombre impair, Aomine dut faire équipe avec Kuroko et fixa avec un air désapprobateur le jeune homme.
« Oï Kise. C'est quoi ce délire ? Grogna-t-il en pensant partir avec un handicap certain.
— Aominecchi aurait-il peur de perdre ? Se moqua Kise tout en faisant rebondir le ballon qu'il avait entre-temps récupéré.
— M'en fiche de ça. Je gagnerai quand même, mais il va me ralentir. »
La franchise du basané ne plut évidemment pas à Kuroko qui assena un coup de poing entre les côtes de son coéquipier, qui recula de quelques pas après le choc et apportant une main à sa hanche.
« Ce n'est pas gentil de me sous-estimer, Aomine-kun. Fais-moi confiance. »
Le regard sérieux de ce garçon fit simplement pester davantage Aomine, qui décida plutôt de se concentrer sur le jeu qui semblait avoir démarré puisque Kise fit une passe à Kagami qui s'élança vers l'avant. Sans plus attendre, Aomine l'intercepta et lui piqua la balle, dribblant ensuite pour se retrouver sous le panier où Kasamatsu et Kise avaient patienté. Cela ne dérangea en rien Aomine qui avec son agilité habituelle parvint à inscrire le point à son équipe, sous le regard ahuri de Kasamatsu qui voyait pour la première fois cet homme jouer. Kise lui en avait déjà parlé, lui racontant ses entrevues avec ce garçon et à quel point il était admiratif de son style de jeu, mais il ne pensait pas que ce serait à ce point.
Toutefois, Kasamatsu ne resta pas plus longtemps admiratif et remit rapidement la balle en jeu. Cette fois-ci, Kise et Kagami s'allièrent pour aller en front et tenter de dépasser Aomine, mais ils perdirent la balle pour une toute autre raison. La présence de Kuroko, toujours aussi faible qu'habituellement, l'avait fait disparaître du champ de vision des garçons, faisant de la sorte disparaître durant un court instant la balle. Son attention se concentra par la suite sur Aomine qui se trouvait à quelques mètres de lui et, sans plus attendre, il lui envoya le ballon qui filtra l'air et fusa à toute allure jusque dans le creux de sa paume.
Hébété, les yeux agrandis, Aomine chercha encore à comprendre ce qui venait de se produire. Tout comme les trois autres garçons qui observèrent le ballon tournoyer encore dans la main du basané, avant de se tourner vers Kuroko qui avait gardé sa pose, un sourire étirant ses lèvres. Il n'en fallut pourtant pas plus à Aomine, souriant à son tour de toutes ses dents avant de se jeter contre l'arceau et inscrire un nouveau panier, faisant trembler le cercle métallique d'un bruit sonore.
« Bordel de merde, c'était quoi ça Kuroko ? Cria Kagami, toujours ahuri.
— C'était magnifique, commenta ensuite Kise en se rapprochant du plus petit.
— On ne vous a jamais appris à ne jamais sous-estimer plus petit que soi ? » Se moqua par la suite Kuroko, fier de sa passe.
Sachant désormais qu'il détenait dans son équipe une perle rare, Aomine n'hésita pas à se reposer sur lui et ainsi intercepter les passes que Kuroko lui faisait. Et bien que l'équipe adverse parvienne de temps à autre à inscrire des paniers et revenir au score, c'était peut-être l'une des premières fois où Aomine s'amusait réellement en jouant au basket. Kuroko sourit davantage en remarquant le large sourire de son coéquipier, qui filait telle une anguille entre les attaques adverses cherchant à l'intercepter sans réel succès.
Le dernier point en jeu, Kasamatsu fit rebondir plusieurs fois le ballon contre le terrain tout en regardant autour de lui quel choix serait le plus judicieux. Kise et Kagami marquaient Aomine qui gigotait afin de s'extraire à leur cerclage, et Kuroko se trouvait à quelques mètres du basané. Devait-il tenter d'inscrire lui-même le point ? Ou devrait-il plutôt faire une passe à l'un de ses coéquipiers tout en se mettant lui-même à courir par la suite pour rejoindre le panier, et ainsi offrir leur défense à l'équipe adverse ? Aomine était agile et rapide, il ne lui faudrait que quelques secondes pour inscrire le point décisif, et Kuroko pourrait toujours leur voler la balle pour ensuite l'envoyer au basané.
Finalement, Kasamatsu décida de tenter le tout pour le tout. Il se mit donc à courir, remarquant par la suite Kise se détacher d'Aomine et tenta alors de lui envoyer la balle. Seulement, au moment où Kise était prêt à la recevoir, la main de Kuroko parvint à l'intercepter et ainsi la récupérer pour l'envoyer au plus vite à Aomine. Ce dernier se mit ensuite à courir pour rejoindre le panier, mais au dernier moment, sans que personne ne sache pourquoi, il renvoya la balle à Kuroko qui cligna plusieurs fois des yeux, sans comprendre.
« Tu l'as mérité. Inscris le dernier point, souffla-t-il tout en souriant malicieusement.
— Euh… Aomine-kun…
— Me fais pas répéter. Allez, dépêche-toi ! »
Des rougeurs apparurent sur les joues du basané, qui détourna rapidement son visage et vint gratter sa nuque nerveusement. De toute évidence gêné par sa propose proposition, Kuroko comprit qu'il n'avait d'autres choix que d'accepter. Il s'avança alors près du panier et inspira longuement, cherchant à calmer ses nerfs tandis que devant lui l'équipe adverse prenait place pour intercepter la balle en cas de rebond.
Relevant ses bras et prenant posture pour être à l'aise durant son tir, Kuroko y mit tout son cœur ainsi que ses forces. Malheureusement, des choses étaient vouées à l'échec. Kuroko savait parfaitement qu'il était incapable de tirer…
De la sorte, son ballon n'atteint même pas le cerceau et ne fit qu'un piquet dans les airs, rejoignant les nuages et le ciel bleu sous le regard effaré de tout le monde. Au point où le ballon eut le temps d'atterrir sur le sol et de rebondir quelques secondes avant que Kagami ne profite de l'instant pour récupérer le balle pour rejoindre le panier adverse. Seulement, il se retrouva rapidement en face d'Aomine qui lui barra le chemin, les bras étendues et une flamme brillant dans son regard. Le rouquin chercha tout de même à dunker de toutes ses forces, mais de l'autre côté du ballon se trouva la main d'Aomine qui bloqua son lancé, usant de toutes ses forces pour y parvenir.
Finalement, Aomine parvint à récupérer la balle et inscrire le dernier panier ; ne tentant plus de la passer à Kuroko.
Une fois le match gagné, Aomine se retourna avant même que le ballon ne touche le sol pour se rapprocher du bleuté. Sa voix rugissante se fit sûrement entendre jusqu'au quartier voisin en vue de son énervement certain, et de la veine qui pulsait contre sa tempe.
« Nan mais c'est quoi le délire ? Comment tu peux faire des passes pareilles et louper un tir aussi simple ?
— Il faut croire que je suis incapable de tirer, tenta vainement Kuroko dans une blague.
— T'as pas meilleure excuse ? »
Kise vint rapidement s'interposer entre les deux garçons, les mains en l'air en signe de paix, et ricana légèrement afin de détendre l'atmosphère. Aomine se détourna par la suite de Kuroko, les bras croisés contre son torse et expirant tout l'air que contenaient ses poumons tandis que Kasamatsu et Kagami les rejoignirent. Kagami vint engouffrer sa main dans la chevelure de Kuroko, le faisant se pencher légèrement vers l'avant, tandis qu'il le félicitait pour ce match.
Des rougeurs s'installèrent cette fois-ci sur le visage de Kuroko, qui sourit de tout son cœur face au compliment de son ami. Ce sourire amena rapidement Kise contre lui, le trouvant définitivement trop mignon pour son bien et vint alors frotter sa joue contre celle du bleuté. Rapidement toutefois Kasamatsu vint tirer sur le col de son ami, essayant de toutes ses forces de le faire lâcher Kuroko, rugissant différentes injures tandis que Kagami rapprochait Kuroko contre son torse afin de le retirer des sales pattes de ce type. L'attitude de ces idiots ne tarda pas à faire éclater de rire Aomine, dont l'esclaffement fit s'arrêter l'idiotie des quatre imbéciles.
Une main couvrant son visage jeté en arrière, Aomine ne pouvait plus s'arrêter.
« Ah mon Dieu… Merci les mecs. Refaisons ça ! »
Un sourire des plus sincères couvrit le visage du basané, tourné dans leur direction. Un de ces sourires que Kise n'avait jusqu'alors jamais vu auparavant et qui fit gonfler son cœur comme jamais. Tout le monde put donc voir Kise attraper le bras musclé d'Aomine, proposant à tout le monde de partir manger tous ensemble au fast-food d'à côté pour prolonger cet instant magique.
Ce fut ainsi qu'ils rejoignirent le Maji Burger et s'attablèrent à une large table, les conversations fusant entre les différents shootings de Kise aux plaintes habituelles d'Aomine par rapport à son père borné. Ainsi quand il raconta sa conversation avec celui-ci au cours d'un meeting, réunissant toute son équipe et quelques investisseurs, les garçons ne surent pas quoi choisir entre la consternation et la surprise.
En effet, devant toutes ces personnes importantes et son père, Aomine avait annoncé le fait de ne pas vouloir rentrer dans les forces de l'ordre et plutôt devenir basketteur professionnel. Expliquant aussi à quel point son père avait été furieux de cet aveu tandis qu'Aomine se curait l'une de ses oreilles.
« Nan mais franchement… On devrait être capable de faire ce qu'on veut, vieux croûton, marmonna-t-il comme s'il parlait à son père en cet instant.
— Aomine-kun est vraiment… »
Le soupir de Kuroko fit acquiescer les autres garçons, comme s'ils étaient sur la même longueur d'onde et comprenaient la fin de sa phrase. Seul Aomine pencha sa tête sur le côté, poussant un long râle qui témoigna de son énervement tandis qu'il agita son hamburger à moitié mangé sous le nez de Kuroko assis en face de lui.
« Quoi ? J'aurais dû me plier à ses exigences et renoncer à mes propres rêves ?
— Je n'ai pas dit ça. Seulement, pourquoi en avoir profité et l'avoir ridiculisé devant ses collègues et ses associés ? »
Le regard insistant de Kuroko contre sa peau refroidit immédiatement Aomine, commençant à marmonner dans sa barbe avant d'enfourcher le reste de son hamburger dans sa bouche. Il ne voyait pas en quoi il avait ridiculisé son père. Après tout c'était suite à sa sortie avec Kise dans ce cinéma miteux, qu'il avait réfléchi à son avenir et ce qui était important pour lui. Le désir du blond de combattre son propre père, et de le dépasser, avait fait mûrir la décision d'Aomine de jouer plus tard pour la NBA. C'était son choix et personne n'avait à le contester.
« Et dis-moi Kurokocchi, comment se porte Akashicchi ? Souffla Kise afin de changer de sujet et détendre de nouveau l'atmosphère, mais le soupir rauque de Kagami qui détourna à son tour son regard lui fit froncer ses sourcils.
— Il va bien. C'est bientôt son anniversaire alors son père est venu lui rendre visite, répondit simplement Kuroko en ignorant l'attitude subitement froide du rouquin à sa droite.
— Masaomi Akashi est à Tokyo ? Intervint tout à coup Kasamatsu, les yeux agrandis.
— En effet. Je dors chez Kagami-kun le temps que son père séjourne à son appartement.
— Tu connais le père d'Akashicchi, senpai ? Demanda Kise, hébété.
— Faut pas être ignorant… Même moi j'sais qui c'est ce type. » Soupira Aomine, l'air de rien.
Devant les yeux interloqués des autres garçons, à l'exception de Kasamatsu, Aomine soupira longuement avant d'expliquer la situation. Il révéla ainsi que cet homme avait souvent déjeuné avec sa famille, et de ce fait il l'avait plusieurs fois rencontré.
« Cet homme vit sa vie comme une partie d'échec. Ce qui ne lui sert à rien, il le balance et trace sa route sans s'en soucier par la suite. Tout ce qui l'importe, ce sont les résultats. Sur ce point, ils se ressemblent avec mon père bien que leurs méthodes n'aient rien à voir.
— L'article que j'ai lu révélait aussi qu'en plus des forces de l'ordre, Masaomi Akashi avait le soutien des politiciens. »
Aux mots de Kasamatsu, Kuroko se souvint des paroles d'Akashi durant l'Onsen. Ces hommes étaient aussi venus à cet endroit, buvant ce saké qu'Akashi lui avait fait goûter.
« Tu en sais davantage, Kurokocchi ? Supposa ensuite Kise.
— Pas vraiment. Akashi-kun ne m'en a jamais parlé. »
Son mensonge n'en était pas vraiment un, après tout. Son entourage n'avait pas besoin de savoir les querelles et les mauvaises ententes entre Akashi et son père, cela ne changerait en rien leur vie et puis cela ne les regardait pas. Les confidences d'Akashi cette nuit-là dans l'Onsen devaient rester confidentielles ; toutefois, Kuroko se rappela de nouveau des paroles du réalisateur à ce sujet. Son propre père l'avait trahi et blessé, il lui avait imposé un objectif qui lui avait fait perdre des choses précieuses.
Selon les dires d'Aomine par rapport au mode de vie de cet homme, il avait fait avancer son fils sur une case qui lui avait été fatale. Ses pensées lui firent contracter ses poings contre son pantalon, se demandant intérieurement comment un père pouvait agir de la sorte. Son propre père n'était pas tout blanc non plus, mais cela continua de révolter Kuroko.
La conversation reprit par la suite sur un autre sujet, retrouvant ainsi sa légèreté, mais Kuroko ne participa plus. Il était bien trop énervé à l'encontre de cet homme qui servait de père à Akashi pour pouvoir se joindre à ses amis, ses poings restant contractés contre son pantalon, et ne remarquant pas le regard en biais de Kagami qui avait senti son changement d'humeur.
Plus tard dans la soirée, le groupe dut se séparer puisque la nuit avait pris place dans le ciel depuis plusieurs heures. Aux côtés de Kagami, Kuroko rentra après que Kise ait disparu dans une allée perpendiculaire, ayant agité énergiquement son bras jusqu'aux dernières secondes. Aomine et Kasamatsu avaient aussi disparu chacun de leur côté, ne laissant plus que les camarades de classe seuls dans l'immensité de cette nuit bien plus froide qu'au cours de la journée.
Apportant un instant ses mains à ses épaules pour les frictionner et se réchauffer, Kuroko agrandit ses yeux lorsqu'il vit quelque chose pendre devant ses yeux. Ce qui se révéla bientôt être l'écharpe de Kagami qui continuait de marcher l'air de rien. Il le remercia alors et entoura son cou de l'écharpe de son ami en plus de la sienne, enfouissant par la suite son nez à l'intérieur et sentant bien vite l'odeur sauvage du rouquin, le faisant sourire en coin sans que Kagami ne puisse le voir.
« C'était vraiment sympa aujourd'hui, souffla Kuroko.
— Ouais. Ils sont sympas.
— Kagami-kun ne semble pas convaincu, pourtant…
— Disons que je me serais bien passé de la conversation d'Akashi par-ci, Akashi par-là. »
La franchise soudaine de Kagami à ce sujet fournit enfin l'occasion à Kuroko d'amener le sujet. Il n'hésita pas davantage et pressa le pas pour dépasser Kagami et lui faire désormais face.
« Ça fait un moment que je le pense, mais Kagami-kun n'a aucune raison d'être jaloux d'Akashi-kun.
— Ah oui ? Demanda Kagami avec mauvaise foi.
— Oui. Je n'ai aucun sentiment pour lui. »
De toute évidence peu convaincu, Kagami laissa un soupir traverser la barrière de ses lèvres. Pourtant, le visage et le regard de Kuroko ne dévoilaient aucune trace de mensonge. De plus, l'adolescent n'était pas fourbe au point de lui faire face de la sorte en sachant parfaitement que ce n'était pas vrai. Ainsi, cela devait être encore inconscient, refoulé au plus profond de lui-même ; et quelque part, Kagami trouvait que c'était bien pire.
Il pencha durant un instant son visage vers l'avant, laissant le vent glacial mordre ses joues rougies par le froid, avant d'inspirer un coup et relever son visage.
« Dans ce cas-là Kuroko, laisse-moi te demander une chose…
— Quoi donc ?
— Si vraiment tu ne ressens aucun sentiment à son égard, pourquoi désires-tu autant retourner chez lui ? »
La question subite fit s'agrandir les yeux de Kuroko, qui entrouvrit alors sa bouche pour répondre quelque chose. Seulement Kagami l'interrompit aussitôt.
« Depuis le départ, tu souhaites repartir chez Akashi quand son père sera parti. Même quand nous étions dans le taxi, tu ne pensais déjà qu'à y revenir le plus tôt possible. Tu sais, c'est blessant… Tu me laisses même pas la moindre chance de te montrer que tu seras mieux chez moi. »
Pendant un instant, Kagami agita sa tête sur les côtés. Il se remit ensuite en route, dépassant ainsi l'adolescent, interloqué par ses paroles, et continua son chemin sans l'attendre. De toute façon, malgré le peu de fois où Kuroko avait pu mettre les pieds dans son appartement, il devrait tout de même connaître le chemin jusqu'à ce dernier.
De son côté, Kuroko n'arrivait pas à y croire. Contre son nez se répandait toujours et encore l'odeur de Kagami, par cette écharpe qui entourait son cou, mais subitement, des frissons le prirent et il la dénoua en vitesse. Non, ce n'était pas possible. Akashi lui avait demandé son aide pour l'ouvrir au monde et lui montrer les bienfaits que procuraient des relations entre chaque être humain, qu'il était bon de parfois se reposer sur autrui. Et puis, Akashi avait encore dans son cœur son ex-petite-amie malgré tout. Tous deux n'étaient pas faits pour tomber amoureux l'un de l'autre ; appartenant à deux mondes relativement différents, sans oublier le fait que l'un ignorait désormais comment aimer et comment faire confiance à autrui, tandis que l'autre rejetait sa sexualité et se dégoûtait lui-même. Ça ne pouvait pas marcher. Comme ça ne marchait pas avec Kagami en l'occurrence.
Sa main empoigna avec plus de force l'écharpe de Kagami qui effleurait dorénavant le sol, son cœur battant à tout rompre alors qu'une porte jusqu'alors fermée s'ouvrait au fur et à mesure que Kuroko réfléchissait. Il revoyait le visage endormi d'Akashi, entendait de nouveau leur conversation à l'Onsen et la détresse présente dans la voix du rouquin, se souvenant des paroles réconfortantes de ce dernier lors de la mort de sa grand-mère. Toutes ces images et ces paroles assaillirent Kuroko et lui donnèrent le tournis.
Ce n'était pas possible.
Tout en fermant ses yeux et contractant de nouveau ses poings, Kuroko agita fiévreusement sa tête sur les côtés. Il usa de toutes ses forces pour refermer cette porte immatérielle où se rangèrent tous ses souvenirs en présence d'Akashi. Il n'avait pas le droit. C'était une erreur de toute façon.
Ainsi quand ses idées redevinrent claires, Kuroko se mit à courir pour rattraper Kagami, accrochant de nouveau son écharpe autour de son cou, là où était sa place.
L'arrivée du bleuté à ses côtés fit froncer les sourcils de Kagami, d'autant plus quand il entendit la respiration essoufflée de Kuroko. Puis, quand le regard déterminé de l'adolescent rencontra le sien agrandi, Kagami crut halluciner les paroles qu'il entendit. Son cœur vibrant au rythme des lèvres de Kuroko qui détachaient chacune de ses syllabes.
« Si Kagami-kun veut me voir rester chez lui, il devra supporter mes pieds froids. »
La proposition implicite de Kuroko fit monter le feu aux joues de Kagami, dont le cœur battait dès à présent la chamade. Tout n'était peut-être pas définitivement perdu, puisque le bleuté lui avait couru après. Ses espoirs jusqu'alors enterrés refirent surface, et tremblant presque d'anticipation, Kagami promit intérieurement de donner le meilleur de lui-même pour rendre Kuroko heureux à ses côtés. Le bleuté n'aurait donc plus aucune raison pour désirer retourner chez Akashi.
Et intérieurement, Kagami remercia ce fameux Masaomi Akashi pour être venu à Tokyo et occuper l'appartement de son fils. Cela lui fournissait la chance inopinée de cohabiter avec Kuroko et de renforcer leurs sentiments, de tenter le tout pour le tout. Ainsi ce soir-là, même s'il ne se passa rien, Kagami et Kuroko dormirent ensemble ; mais le sourire qui couvrait jusqu'alors les lèvres de Kuroko durant ce dimanche passé au lit avec Akashi, ne fut pas d'actualité avec Kagami.
Ce dimanche tout en douceur et simplicité qui semblait déjà être à des années lumières de là.
