Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? Je m'excuse pour le retard, mais avec la rentrée et tout le travail qui a été demandé d'un coup, je n'ai pas eu le temps de poster ce chapitre. Mais le voici bel et bien, et avec ce chapitre une avancée qui est pas des moindres ! Mais je vous laisserais découvrir cela ;)
Réponse aux review :
Lys de Pandore : Je suis contente que ces deux chapitres t'aient plus et que tu apprécies mon écriture, que demander de plus sincèrement ? Et merci beaucoup pour les favoris, ça me touche. Sur ce que compte faire Masaomi, tu auras la réponse dans ce chapitre, que je te laisserais découvrir par toi-même :D Et tu sais, si Kasamatsu devait être jaloux de toutes les personnes avec qui Kise est proche, le pauvre finirait par en faire un ulcère haha x). Car après tout, Kise lui a aussi présenté Kuroko sur le tas, en le collant et se comportant comme on connaît tous Kise. Du coup, pour l'instant, il ne ressent pas la présence d'Aomine comme une menace. Mais est-il amoureux ou juste protecteur envers Kise, telle est la question ;) Et oui, Kagami est pas aidé dans cette fiction ! Mais comme il est amoureux de Kuroko, il ne veut que son bien, mais à quel prix? La question sera bien sûr soulevée, sachant que lui-même aimerait être heureux, avec Kuroko de surcroît. En tout cas merci beaucoup pour ton commentaire qui m'a fait plaisir du début à la fin. Je te souhaite une bonne lecture !
Nouvelle fan : Merci beaucoup pour ton commentaire, il me fait vraiment plaisir ! Et j'espère que ce chapitre te plaira tout autant que les précédents :) je te souhaite une bonne lecture !
Guest : Haha je suis contente que ma fiction te mette dans ce genre d'état, ça prouve qu'elle te plaît et ça me fait plaisir :) En tout cas, je te souhaite une bonne lecture avec ce nouveau chapitre !
Huyu : Et voici le chapitre 27, tout juste sorti du four de mon ordinateur ;) Je te souhaite une bonne lecture !
Akazaya : Tu sais, c'est un coup de main à prendre je pense XD Mais tu sais, ce que je fais souvent c'est que je prends des notes pour organiser mes idées. Du coup hésite pas, si un jour une idée te reste longtemps à l'esprit et que tu veux la mettre sur écrit. Et je suis plus qu'heureuse de te faire ressentir ce genre d'impression ! C'est ce que je souhaite le plus après, bien sûr, qu'on apprécie le scénario de l'histoire haha. Et pour le plan de Masaomi, le voici déployait sous tes yeux dans ce chapitre ;) Je te souhaite une bonne lecture !
Crystal-Elric : Haha ce fameux délai d'attente entre chapitre xD Je suis vraiment désolée ! Kuroko est dans un sacré pétrin, n'est-ce pas ? Qui choisir entre Kagami et Akashi ? Et son soucis d'acceptation qui n'aide en rien à sa situation... il faudrait que j'arrête de torturer psychologiquement les personnages comme ça haha. Et je suis heureuse que ma fiction te véhicule autant d'émotions, je ne peux pas demander plus ! Merci à toi d'avoir laissé un commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Maoruwa : Bon retour parmi nous :D Pour le coup bas de Masaomi, le suspens n'aura pas durer plus longtemps et il est présenté dans ce chapitre! Pour tes autres questions, comme d'habitude, je te laisserais découvrir cela ;) Pour ce qui est d'Ogiwara, il est plus proche que tu ne crois ! Je te souhaite en tout cas une bonne lecture !
Ryoko : Haha j'espère que tu ne détesteras pas plus Masaomi dans ce chapitre x) ce serait dommage ! C'est un personnage intéressant, malgré tout. Merci beaucoup pour ton commentaire en tout cas et je te souhaite une bonne lecture!
Laura-067 : Aaah ce pauvre Kagami... il ne sera définitivement pas épargné dans cette fiction. Pour ce qui fera accepter les sentiments que nourrit Kuroko à l'égard d'Akashi, je ne t'en dirais pas plus et te laisserais découvrir cela. En tout cas, ce "petit quelque chose" arrivera très rapidement ! Pour ce qui est de Kagami et Aomine, peut-être se retrouveront-ils avec toute la bande, mais je ne pense pas faire progresser une amitié/rivalité entre ces deux-là. Peut-être quelque pic par-ci par-là, mais pas plus. Et oui, on a déjà vu Midorima : il est l'ophtalmologue d'Akashi et il ne tardera pas à réapparaître dans la fiction :) Et le plan de Masaomi s'exercera dans ce chapitre, et il devrait rester juste quelques jours chez son fils. Merci pour ton commentaire en tout cas et je te souhaite une bonne lecture !
Ellie27 : Les raisons pourquoi Masaomi se comporte de la sorte sera soulevé dans ce chapitre, au fond ce perso est pas si méchant xD C'est juste un père un peu trop protecteur xD Et ne t'inquiète pas, cette histoire est un AkaKuro ;) Kuroko ne restera pas indéfiniment avec Kagami mouahah ! Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture!
Haru-carnage : Et oui, Kagami essaie malgré tout de récupérer Kuroko... aah l'amour. En tout cas merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Sayuri Ashihei : Ah ça pour être têtu, Kuroko l'est xD Le plan de Masaomi est dans ce chapitre, je te laisserais donc le découvrir avec un grand plaisir haha. Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Aakaraly maariigul : Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Kama-chan59 : Voici le chapitre 27 tout chaud :D Ce chapitre devrait te rassurer sur un point : cette fiction est bien un AkaKuro haha. J'espère que ce chapitre te plaira en tout cas et je te souhaite une bonne lecture !
Mower : Je suis heureuse si tu trouves que le AkaKuro évolue de plus en plus. Et je suis heureuse que tu aperçois les changements d'Akashi ! Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Et merci à vous tous de continuer à suivre cette fiction, de commenter ou d'ajouter en fav/follow ! Grâce à vous, je prends un réel plaisir à écrire cette fiction, mais aussi les autres publiées. Vous êtes géniaux !
Le Papillon
Scène 27
Le pire mensonge est de se mentir à soi-même.
Marc Levy
Depuis que Kagami avait pris conscience de la chance qui s'offrait à lui, son humeur était revenue au beau fixe. Il paraissait plus détendu et, surtout, son sourire recouvrait ses lèvres pour ainsi illuminer son visage bien trop longtemps terni par la jalousie et le silence. En retrouvant ce Kagami joyeux et positif, pour lequel des sentiments avaient naquis dans son cœur, Kuroko était satisfait par ce retournement de situation. Il faisait de nouveau face au Kagami Taiga qui rayonnait d'une lumière puissante et rassurante.
Tout allait pour le mieux tandis que pour sa part, il s'interdisait mentalement de songer à Akashi. Ces moments passés en compagnie du réalisateur avaient assez duré. Le rouquin semblait finalement avoir trouvé une idée pour son scénario, il n'aurait donc bientôt plus besoin de son aide. En pensant de la sorte, Kuroko se rappela que de toute façon la situation n'avait jamais été définitive : un jour ou l'autre ils auraient dû se séparer et Kuroko aurait de toute façon dû chercher un autre logement. Après tout, toutes les belles choses avaient une fin. Kuroko devait donc saisir le fait que son histoire aux côtés d'Akashi, cette rencontre fortuite du destin, touchait à sa fin.
Il n'avait plus qu'à disparaître silencieusement, comme à son habitude, du champ de vision d'Akashi Seijūrō.
C'était ce qu'avait décidé Kuroko, comptant s'y tenir le plus fermement possible, et ainsi rester aux côtés de Kagami tout en espérant trouver un moyen pour s'accepter. Cependant, malgré ses engagements intérieurs, il était loin de se douter qu'il recroiserait si rapidement le chemin du réalisateur.
-x-x-x-
Quelques heures auparavant, la mère de Kuroko termina d'apporter le déjeuner à table lorsqu'une personne vint toquer à leur porte. Elle jeta aussitôt un regard perplexe à son mari sur l'identité de la personne venue les déranger si tôt dans la journée. Elle vint tout de même lui ouvrir et finit par hausser un sourcil en faisant face à Akashi Masaomi. Ce dernier se présenta rapidement tout en entrant dans le foyer des Kuroko sans même laisser le temps à la mère de la famille de l'inviter à entrer. Son intrusion lui fit ainsi comprendre qu'il ne lui en laissait pas le choix et qu'il avait quelques mots à leur toucher.
Désormais à l'intérieur de la petite maison, Masaomi retira son manteau qu'il tendit à cette femme qui le récupéra avec maladresse. Elle se souvenait du jour où Akashi était venu seul chez eux, afin de découvrir la raison du rejet envers leur fils ; son attitude avait été froide, la lueur dans ses yeux hétérochromes était remplie de jugement à leur encontre, mais ses lèvres étaient soudées. Ses yeux avaient parlé pour lui, mais il avait eu la retenu de ne pas faire partager sa pensée et de ne pas se mêler davantage à cette famille.
Toutefois, cela ne semblait pas être le cas pour cet homme.
Un court instant, il lui demanda s'il pouvait se joindre à leur table et un simple acquiescement lui suffit. Masaomi prit ainsi place en face du père de la famille et le salua. Poliment, le père de Kuroko déposa ses baguettes à côté des plats encore fumants, prêt à écouter la raison de la venue d'un tel homme dans leur foyer.
« Excusez ma venue soudaine, Kuroko-san. Nous devons résoudre un problème qui nous est commun. »
Les sourcils du père de Kuroko se froncèrent. Un rapide coup d'œil vers sa femme, qui rejoignit au même instant la pièce, lui affirma silencieusement qu'elle aussi ne comprenait pas la situation. Masaomi ne laissa pourtant pas planer le mystère plus longtemps et ferma ses yeux.
« Je comprends les raisons qui ont poussé votre fils à quitter le domicile familial, seulement… »
Cette fois-ci, ses yeux se rouvrirent et il fixa avec désobligeance son interlocuteur.
« Je ne peux tolérer une telle déviance dans l'appartement de mon propre fils.
— Pardon ? Ne put que répondre le père de famille, les mots lui manquèrent en vue du naturel qu'avait cet homme pour utiliser ces termes.
— Seijūrō est promis à un grand avenir. Rien ne doit l'entacher, et je ne le permettrais pas. Quitte à réduire à néant cette nuisance de mes propres mains. »
Masaomi remarqua sans la moindre difficulté l'air consterné qui petit à petit rongea le visage de cet homme. Sa bouche resta durant quelques secondes ouverte et pourtant elle ne laissa filtrer aucun mot. La pupille de ses globes oculaires n'avait de cesse de gigoter nerveusement, essayant en vain de traiter les nouvelles informations afin de les comprendre. Éloignée de la conversation entre ces deux hommes, la mère de Kuroko avait apporté sa main au niveau de sa bouche pour retenir le cri d'horreur qui s'y était échappé.
Ces paroles blessantes, mais aussi rabaissantes, et le fait de traiter leur propre chair de contre-nature, lui revint subitement en plein visage tel l'effet d'une gifle douloureuse. Il venait de menacer leur propre enfant et pourtant le soleil venait tout juste de se lever. Tandis que dans les autres foyers, les familles se réveillaient paisiblement et profitaient d'un instant chaleureux tous ensemble, la famille Kuroko voyait l'air s'alourdir au point d'en devenir suffoquant.
« Pourquoi être venu, Akashi-san ? Demanda froidement son mari.
— Je souhaiterais que votre fils n'apparaisse plus devant le mien. Seijūrō n'a pas besoin de ce genre de fréquentation.
— Vous désirez donc que nous reprenions Tetsuya chez nous, traduisit-il.
— C'est cela. Ne faites pas subir aux autres, ce que vous-mêmes, ne pouvez subir. »
Un silence s'établit dans la maison des Kuroko, le père de famille dévisageant sans vergogne Masaomi qui préserva sa posture et son calme. Ce n'était pas cette famille de bas étage qui, de toute façon, pourrait l'atteindre. Après avoir demandé à ses subalternes de faire des recherches sur cette famille, un fin dossier lui était revenu auquel il n'avait pas eu besoin d'y consacrer beaucoup de son temps. Des revenus moyens et pas la moindre influence dans cette société ; les évincer serait un jeu d'enfant.
Ses yeux se plissèrent toutefois légèrement, détaillant avec soin le visage de cet homme qui avait engendré la naissance de ce Kuroko Tetsuya. Comme d'habitude, Akashi n'en faisait qu'à sa tête et récupérait toujours des choses plus étonnantes les unes après les autres. Le plus dérangeant étant que ces phénomènes de foires ne gravitaient pas autour de son fils pour son statut ou encore sa richesse, dans un espoir vain d'en récupérer quelques miettes. Si ces enfants occupaient une part du quotidien de son fils, c'était pour sa personne et non sa destinée. Pour Masaomi, il s'agissait là de personnes encore bien plus dangereuses que n'importe quel rapace : son fils pouvait se lier avec eux et leur faire confiance, ou même prendre en compte leurs avis. Ils pouvaient faire entrer dans son crâne des principes que lui-même avait soigneusement évité d'apprendre à Akashi ; comme cette fille qui lui avait soufflé l'idée saugrenue de faire ce qu'il désirait de sa propre vie et ainsi devenir réalisateur, malgré la place qui l'attendait dans l'entreprise familiale.
Des intrus qui pouvaient écarter davantage son fils de lui, et ainsi lui retirer tout héritier.
« Puisque je vois que vous avez compris, Kuroko-san, je me permets de me retirer. Passez une bonne journée, dans l'espoir que nous n'ayons pas à nous revoir. »
Récupérant son manteau à l'entrée, Masaomi n'attendit pas que l'on vienne lui ouvrir la porte pour sortir et remonter dans la voiture qui l'avait attendu. Son passage dans le domicile de la famille Kuroko laissa un grand froid, ainsi qu'une incompréhension générale. Comment les choses avaient pu tourner de la sorte ? Les mains toujours accrochées à sa bouche, elle observa son mari qui serrait ses poings par-dessus la table et fusillait en même temps la chaise désormais vide en face de lui.
« Chéri, souffla-t-elle d'une voix incertaine.
— Appelle Tetsuya. »
Le ton était ferme et empli d'une colère non retenue, ne cherchant même pas à faire des efforts pour la contenir. Il quitta bien vite la table sans toucher, ne serait-ce qu'un peu, au déjeuner ; un goût amer en bouche. Ainsi, lorsque Kuroko reçut un appel de sa mère, il pensa tout d'abord à une erreur.
Le jeune homme resta quelques secondes à dévisager son téléphone qui vibrait dans le creux de sa main. Depuis qu'il était parti de la maison, jamais ses parents n'avaient cherché à le joindre. Même pour la mort de sa grand-mère, il l'avait appris par une tierce personne alors qu'ils avaient toujours passé leur quotidien aux côtés de celle-ci. Tous les quatre, ils vivaient ensemble jusqu'à ce que tout ne s'éclate et ne se brise en mille morceaux. Pourquoi l'appeler maintenant, dans ces cas-là ?
Ce fut par la voix de Kagami, de l'autre côté de la table, s'inquiétant de son expression étrange que Kuroko remit les pieds sur terre. Il s'excusa auprès de Kagami et se redressa, se dirigeant vers la chambre où il s'enferma avant de prendre l'appel.
« Allô ? Souffla-t-il, la voix tremblotante.
— Tetsuya… Je suis désolée… Tellement désolée… »
Entendre la voix remplie de larmes de sa mère à l'autre bout du fil inquiéta davantage Kuroko. Il ne put empêcher son cœur de se contracter douloureusement.
« Je suis désolée Tetsuya… Tout ce qu'on t'a dit… ces mots…
— Maman, calme-toi… Qu'est-ce qui s'est passé ? »
Kuroko ne pouvait croire à un retournement divin, où ses parents se seraient subitement rendu compte de leurs agissements et de leurs paroles cruelles. Ces mots d'excuses, cette panique qu'il ressentait dans la voix de sa mère, ne pouvait arriver par hasard. Et même si son cœur gonflait en entendant ces mots d'excuses, c'était trop beau, il ne pouvait y croire.
« Akashi-san vient de partir. Il a dit toutes ces choses… ces choses qu'on t'a dites… si affreuses. »
Un sanglot plus fort que les autres de sa mère finit d'achever Kuroko, dont le cœur déborda. Il sentait dès à présent ses propres larmes couler sur ses joues. Pourtant il savait, la situation ne changerait sûrement pas beaucoup, ses parents ne l'accepteraient pas aussi facilement. Cependant, le fait que sa mère en ait pris conscience, qu'elle se rende finalement compte de la dureté de ses propos, lui faisait le plus grand bien.
« M-Maman, hacha-t-il entre deux grosses larmes. Écoute-moi, maman.
— Oui ?
— Je ne t'en veux pas, alors s'il-te-plaît, arrête de pleurer.
— Mais nous t'avons…
— Maman, trancha-t-il tout en douceur. Tes excuses me vont droit au cœur. »
Sa voix douce sembla soulager sa mère, qu'il entendit renifler bruyamment. Sûrement essuyait-elle ses larmes et tentait vainement de stabiliser son souffle, afin de pouvoir tenir des propos compréhensibles et cesser de se faire submerger par l'émotion. Cela pris quelques minutes, mais Kuroko patienta, lui laissant le temps qu'il lui fallait. Entendre la respiration de sa mère, même si ce n'était que par téléphone, lui faisait le plus grand des biens.
Ses parents l'avaient rejeté et renié, ne désirant plus le côtoyer et le traitant comme une erreur, mais ils restaient ses parents. Kuroko n'avait qu'eux et malgré leurs erreurs, leurs injustices, il ne les changerait pour rien au monde. Tout ce qu'il cherchait de leur part, c'était leur compréhension. Le fait qu'ils l'acceptent en tant qu'homosexuel n'était pas primordial. Pour ça aussi, Kuroko leur laisserait le temps nécessaire.
Au fond de lui, Kuroko désirait simplement retrouver ses parents.
« Pourquoi Akashi-san est venu à la maison ? » Interrogea-t-il suavement, afin de ne pas brusquer sa mère.
La situation lui fut ensuite expliquée, ne négligeant aucun détail. Par moment, sa mère se remettait à pleurer et Kuroko patientait, bien que son sentiment jusqu'alors euphorique s'assombrit au fur et à mesure des explications. Son poing avait agrippé son pantalon, comme si sa main ressentait le besoin pratiquement vital de tordre quelque chose, de faire passer sa colère sur un bien matériel.
Kuroko ne parvenait pas à y croire. La situation lui paraissait si surréaliste.
Pourquoi Akashi Masaomi aurait-il mis les pieds chez lui ? Comment savait-il ? Et puis Akashi savait très bien qu'il n'appréciait pas que l'on fasse irruption si soudainement chez lui, pourquoi n'avait-il pas retenu son père ? Au fur et à mesure que des questions sombres obscurcissaient son esprit, Kuroko attrapa son front par sa main libre, qui vint ensuite attraper quelques-unes de ses mèches. Il n'arrivait pas à comprendre. Comment tout cela pouvait-être possible ?
Et se permettre de faire pleurer sa mère. Kuroko ne pouvait pas le pardonner. Il ne savait pas si c'était le fait d'appartenir à la haute société, grâce à leur richesse et leur éducation, mais ces personnes semblaient avoir oublié les valeurs morales qui dirigent pourtant chaque être humain. Akashi lui avait plusieurs fois dévoilé cette faiblesse, en se comportant grossièrement par ses paroles mais aussi par son attitude. Son père semblait tout de même être à un tout autre niveau, tandis que sa mère lui racontait les propos tenus par cet homme.
Il sentait son sang bouillir, proche de l'irruption. Jamais Akashi ne s'était comporté de la sorte, il avait fini par le respecter et le traiter comme un être humain à part entière. Le réalisateur s'était même excusé après avoir tenu des propos désobligeants à son encontre.
« Tetsuya… Je te demande pardon. Je me rends compte que nous t'avons dit des choses affreuses et…
— Je comprends maman. »
Son ton sec fit sursauter son interlocutrice et, se rendant compte qu'il n'avait en aucun cas le droit de décharger sa colère sur celle-ci, Kuroko se reprit rapidement.
« Excuse-moi… Je dois te laisser. Je te rappelle plus tard. »
Bien qu'au même instant, la voix de sa mère émanait encore du téléphone, Kuroko raccrocha. Il sortit brusquement de la chambre de Kagami, faisant sursauter ce dernier qui était resté dans la cuisine malgré la curiosité. Ses yeux s'agrandirent davantage lorsqu'il rencontra l'expression qu'élabora le visage de Kuroko, en temps normal si inexpressif. Précipitamment, il se redressa et vint rejoindre Kuroko qui enfilait son manteau et nouait son écharpe autour de son cou, dans l'intention évidente de sortir de l'appartement de son ami.
« Hey, tu fais quoi là ?
— Laisse-moi passer, Kagami-kun. »
La voix glaciale du plus petit fit froncer les sourcils du rouquin, qui avait barré sa route et collait désormais son dos contre la porte. Ses yeux observèrent avec un mélange d'étonnement et de crainte le regard sombre de Kuroko, où une rage mal contenue faisait flamboyer ses pupilles.
« Je te laisse pas sortir dans cet état. On dirait que tu vas buter quelqu'un, annonça-t-il d'une voix ferme.
— Kagami-kun. J'ai des affaires à régler, pousse-toi. »
Les mots hachurés de Kuroko firent comprendre au rouquin qu'il ne se répéterait pas et le firent finalement flancher. Sans plus attendre, Kuroko ouvrit la porte et la fit claquer derrière lui tandis qu'il s'élançait à vive allure. Kagami ne put le distinguer qu'un bref instant, passant devant sa fenêtre. Durant quelques secondes, il se demanda si ce ne serait pas une bonne idée que de suivre Kuroko et ainsi s'assurer que rien de grave n'arriverait. Après tout, il avait déjà pu assister aux entrevues de Kuroko avec des individus qui persécutaient d'autres personnes plus faibles ou en minorité. Qu'importe le nombre, l'âge ou les différences de taille et de gabarit, Kuroko était toujours intervenu et avait remis à leur place ces délinquants. C'était à se demander si le bleuté n'avait pas peur de recevoir des coups. Peut-être n'y pensait-il même pas et agissait dans le feu de l'action, ne pouvant se détourner d'une injustice.
De plus, Kagami avait une vague idée de l'endroit où comptait se rendre Kuroko et ça ne lui plaisait pas. Les personnes influentes comme la famille Akashi n'étaient en rien comparables aux petits délinquants auquel Kuroko avait déjà pu se frotter. Cependant, le bleuté n'en avait rien à faire. Son esprit rejouait la voix tremblante de sa mère, et répétait ses inlassables excuses mélangées à ses pleurs. Cet homme n'avait pas le droit de s'inviter chez lui et repartir en laissant un tel carnage. C'était ainsi que se comportaient les personnes de la haute société ?
Si ces personnes utilisaient de telles méthodes, il avait passé suffisamment de temps avec l'une d'entre elles pour savoir les utiliser à son tour.
Ainsi, lorsqu'il arriva finalement face à l'immeuble contenant l'appartement d'Akashi, Kuroko reprit son souffle. Ce n'était plus le moment de douter et ses doigts tapèrent de la sorte le code qui fit s'entrouvrir les portes, puis appuya sur le bouton pour monter à l'étage du rouquin. Son cœur commença à battre la chamade et appréhenda le moment, mais il agita vivement sa tête sur les côtés et remarqua par la suite son reflet dans les vitres de l'ascenseur servant de miroir.
Oui, pour rester crédible et être entendu par cet homme, Kuroko était conscient de devoir garder ce regard implacable.
Les portes finirent par s'ouvrir et Kuroko s'engouffra d'un pas rapide dans le couloir, faisant bientôt face à la porte de l'appartement où il avait séjourné jusqu'ici. A travers la porte, il pouvait entendre des voix se répercuter jusqu'à lui, y reconnaissant celle d'Akashi qui semblait passablement énervée. Toutefois, la largeur de la porte l'empêcha de comprendre la conversation.
Devait-il toquer ? Ou miser sur sa chance et espérer qu'Akashi n'ait pas fermé la porte à clé ? Laquelle de ces deux possibilités lui permettait une meilleure entrée ? Pendant un instant, Kuroko ferma ses yeux et chercha à raisonner comme Akashi. Que ferait-il dans ce genre de situation ?
Finalement, il inspira longuement afin de se donner le courage nécessaire et apporta sa main contre le bois, son poing frappant quelques coups. Les voix se turent un instant, puis ses yeux céruléens croisèrent ceux hétérochromes d'Akashi.
« Que fais-tu ici ? Demanda Akashi, visiblement surpris de sa présence derrière sa porte.
— Je dois parler à votre père. »
Kuroko sentit le regard observateur du rouquin contre sa peau, le fixant de la tête aux pieds avant de revenir à son visage. Les lèvres du réalisateur s'entrouvrirent, comme pour dire quelque chose, mais il détourna plutôt son regard et marmonna quelque chose que ne chercha pas à comprendre Kuroko. La seule chose qui l'importait dorénavant était de savoir si oui ou non Akashi allait le laisser entrer.
« Va-t'en. Ce n'est pas une bonne idée, crois-moi, tenta par la suite Akashi.
— Je n'ai jamais pensé que ce que je faisais là était une bonne idée. Laissez-moi lui parler, Akashi-kun.
— Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans…
— Laisse-le entrer, Seijūrō. »
A vue d'œil, Kuroko put voir le rouquin se raidir avant de se tourner et observer l'homme qui se trouvait à quelques mètres de lui. Toutefois, malgré l'ordre reçu, Akashi ne bougea pas. Il était conscient que faire entrer Kuroko dans son appartement alors que son père s'y trouvait, et suite à ce qu'il venait d'apprendre, ne serait définitivement pas une bonne chose. Sa main se crispa autour de la poignée de sa porte et il adopta un visage grave, qui fit froncer les sourcils de Kuroko. Son vis-à-vis semblait en plein combat intérieur et luttait contre lui-même pour une raison dont il ignorait la cause.
« Seijūrō. »
La voix grave et sèche qui parvint jusqu'aux oreilles de Kuroko le fit frissonner. Au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient et qu'il restait sur le seuil d'entrée, Kuroko sentait que sa détermination commençait à s'envoler. Peut-être aurait-il dû réfléchir à ce qui pourrait sortir de sa bouche, et préparer de la sorte ses arguments, avant de se confronter au père du rouquin. Il avait estimé, au fond de lui, que cet homme ne pouvait être bien différent de son fils. Pourtant cette voix qui venait de lui parvenir, ce ton réfrigérant et cette atmosphère palpable alors que la porte ne lui était qu'entrouverte, firent se contracter son cœur luttant tant bien que mal pour poursuivre sa tâche.
Résigné, Akashi finit par ouvrir la porte et se décala pour permettre à Kuroko d'entrer. Durant un instant, Kuroko chercha son attention mais Akashi préféra regarder ailleurs. Il se détourna alors à son tour du réalisateur et balaya la pièce du regard pour finalement tomber sur la silhouette de cet homme ; Akashi Masaomi, tenant fièrement sur ses deux jambes et le dévisageant d'une telle force qu'en l'espace de quelques secondes seulement, Kuroko se sentit attirer de force par les ténèbres. Ses jambes devinrent flageolantes, manquant à tout instant de le lâcher à cause de son poids. Les yeux hétérochromes d'Akashi étaient captivants, ensorcelants, seulement c'était là une bonne sorcellerie, rien de mauvais ne s'en dégageait, et Kuroko savait qu'il pouvait s'y perdre sans y risquer sa vie. Quelque chose de bon était caché dans ce regard, de rassurant, mais ce n'était pas le cas pour cet homme.
Danger ; c'était le mot que sa petite voix intérieure ne cessait de s'époumoner afin de le faire quitter au plus vite les lieux.
« Sincèrement, je n'aurais jamais pensé qu'un enfant de ton âge souhaiterait me confronter aussi rapidement. »
Un rictus amusé s'étira sur les lèvres de Masaomi, qui observa d'un œil attentif cet enfant qu'avait récupéré son fils. Un simple coup d'œil lui avait appris que ce garçon était faible, insignifiant, et qu'un rien pourrait le faire flancher. Cependant, sa propre voix intérieure lui soufflait quand même l'avertissement de se méfier de cet adolescent. Sa silhouette frêle ne concordait pas avec la vitalité dans son regard, qui flamboyait d'une détermination sans borgne.
« Ce que vous avez dit à mes parents était déplacé, annonça sévèrement Kuroko.
— Ne t'avaient-ils pas déjà prononcé ces mots, pourtant ?
— Nous sommes une famille, il peut nous arriver que des mots nous échappent pendant une dispute. Mais les liens qui nous unissent sont incassables, il faut juste laisser faire le temps. »
Kuroko contracta ses poings, cherchant à maîtriser ses émotions et surtout sa voix. Il devait rester audible et clair. Durant un instant, il sentit le regard exigeant de Masaomi contre sa peau, essayant de l'atteindre par un simple regard et ainsi lui rappeler sa place. Toutefois, même si Kuroko sentait ses jambes trembler, qu'il donnerait sûrement tout pour pouvoir s'échapper de cet endroit, il n'en montra rien. Il devait rester fier et droit. C'était la première fois, et sûrement la dernière, qu'il rencontrait le père d'Akashi et ne pouvait se permettre de flancher. Comme pour gagner la confiance du fils, il n'avait le droit qu'à un seul essai pour s'imposer auprès de cet homme.
Tout se jouait maintenant.
Un rictus amusé vint couvrir le coin des lèvres de Masaomi, qui en quelques pas effaça la distance qui le séparait jusqu'alors de ce jeune homme bien audacieux.
« N'ai-je pas donné un coup de pouce à ce temps ? En discutant ainsi avec tes parents, ne t'ont-ils pas appelé pour te faire revenir à la maison, désolés ? »
L'espace d'un instant, Kuroko tressaillit et le sourire de Masaomi se renforça.
« Finalement, après mon départ ta mère t'a appelé. Elle semblait si effarée que j'utilise les mots qu'elle-même avait pu te dire.
— Vous…
— Je leur ai simplement fait comprendre leur propre bêtise, oui. »
Le regard tremblant sous l'émotion, Kuroko regarda différemment Masaomi. Ce n'était pas possible.
Bien que les méthodes soient douteuses et extrêmes, avait-il fait ça pour lui ? Non, ce n'était pas ce genre de personne. Après tout cet homme avait imposé un ultimatum à son fils, ce qui par la suite avait créé cet œil jaune et la personnalité actuelle du rouquin. En réalité, Akashi Masaomi avait fait cela dans l'unique but qu'il n'ait plus de raison pour rester dans cet appartement. En employant des termes crus, violents, il avait éveillé la conscience morale de ses parents ; qui s'étaient par la suite rendu compte de l'horreur de leurs propos tenus par le passé.
Si cet homme avait rencontré ses parents, ce n'était certainement pas pour lui, c'était simplement pour continuer à contrôler la vie de son fils. Son regard se porta alors vers Akashi qui était resté en retrait, et qui avait rapidement compris la raison des agissements de son père. En croisant leur regard, Kuroko put le voir soupirer tout en affaissant ses épaules. Bien sûr que l'attitude de son propre père le désolait, surtout après lui avoir explicitement dit de cesser de se mêler de sa vie privée. Malheureusement, cet homme n'écoutait que lui.
Kuroko plissa ensuite ses yeux après avoir détourné son attention du rouquin pour désormais regarder le père. Bien qu'il savait maintenant les raisons de Masaomi, il ne se laissa pas démonter pour autant et contracta davantage ses poings. Sa résistance sembla étonner Masaomi, dont le rictus disparut du coin de ses lèvres un court instant, avant de revenir de plus belle. Son fils avait toujours eu l'étrange capacité de s'entourer de personnes plus étranges les unes que les autres, des êtres humains banaux sans attraits spécifiques qui ne rapporteraient rien à son avenir, mais qui visiblement avaient la hargne de vivre et de bousculer leurs habitudes.
« Ce déclic que vous avez procuré à mes parents, je vous en remercie. Vos méthodes sont douteuses, mais nous ne sommes pas des pantins. Si je veux disparaître de la vie de votre fils, ce sera ma décision. »
Les yeux de Masaomi se plissèrent, sondant une nouvelle fois ce garçon qui le regardait fixement dans les yeux. Il avait espéré que son petit manège fasse se réconcilier cette famille et qu'ensuite cette dernière puisse retrouver leur quotidien piétiné par la bêtise de certains, mais ce garçon ne se montrait pas coopératif. Du coin de l'œil, d'autant plus, Masaomi remarqua l'attention particulière que portait son fils à ce garçon qui venait de revendiquer ses droits, et surtout son libre-arbitre. Ce sourire satisfait qui étirait les lèvres de son fils lui hérissa cependant le poil.
Un rire emporta par la suite l'adulte, faisant se froncer les sourcils de Kuroko par l'incompréhension qui vint le submerger et qui fit plutôt frissonner Akashi. Ce n'était jamais bon lorsque cet homme s'amusait d'une situation. Et en effet, Masaomi se souvenait de l'affront que lui avait fait Nijimura des années auparavant, clamant avoir le droit comme n'importe qui de se rapprocher comme il le souhaitait de son fils unique ; mais aussi, et surtout, de cette petite prétentieuse qui avait entraîné avec elle Akashi dans ses psychoses sur le cinéma et sa réalisation.
« Après une petite peste, j'ai maintenant le droit à un homosexuel. Seijūrō, peux-tu m'expliquer ce cirque ?
— Je suis conscient que vous faites tout cela pour le bien de votre fils, Akashi-san. » Répondit immédiatement Kuroko.
Un silence envahit dès lors l'appartement, Masaomi et son fils se regardant un instant avant de se tourner vers ce petit prétentieux qui semblait comprendre leur situation. C'était bien là une chose que ne supportait pas l'adulte ; qu'un individu complètement extérieur à leur querelle familiale se permette d'affirmer de telles absurdités. Masaomi retourna observer Akashi, se demandant jusqu'à quel point son fils avait pu se confier à ce garçon.
« Le bien de mon fils ? Dis-m'en plus. » Souffla-t-il tout en se dirigeant vers la cuisine pour se saisir d'une chaise et s'y asseoir, sans quitter Akashi du regard.
Toutefois, Kuroko ne se laissa pas perturber par l'attitude désobligeante de cet homme et s'avança à son tour pour réduire la distance.
« Malgré votre attitude supérieure et vos paroles, tout ce que vous entreprenez, c'est pour son bien. Car vous croyez en lui. »
A travers le regard glacial de Masaomi, Kuroko remarqua qu'il était sur la bonne voie. Bien que ses yeux lui disaient d'arrêter, il ne chercha pas à rétorquer quelque chose, le laissant poursuivre sa réflexion, prouvant de la sorte sa validité. C'était bien là un trait de caractère de la famille Akashi, puisque plusieurs fois Kuroko avait pu voir le réalisateur agir de la sorte, regardant simplement son interlocuteur et lui intimant silencieusement de poursuivre. Un sourire confiant se forma dès lors sur les lèvres de Kuroko, qui continua de se rapprocher de cet homme, ses poings se desserrant pour soulager un peu ses mains.
« Vous vous êtes méfié de cette fille, et vous avez eu raison. Elle a fini par blesser Akashi-kun, mais vous y êtes aussi pour quelque chose.
— Comment ça ? Grinça mauvaisement Masaomi, ressemblant de la sorte à Akashi avec ses signaux d'alertes décelables dans le timbre de sa voix.
— Vous croyez en votre fils, mais vous ne lui faites pas confiance. Alors vous devez vous-même vous assurer de certaines choses, car vous êtes son père. »
Au fond de lui, Kuroko prononçait ces paroles distinctement, mais ses jambes étaient faites de coton. De toute évidence, une fois sorti de cet appartement, il s'écroulerait. Il venait d'épuiser le reste de son existence au cours de cette conversation, plus ou moins risquée. La situation s'étant inversée, comme s'il avait soudainement pris l'avantage, ne le faisait toutefois pas regagner des forces. Tenir tête à cet homme était une redoutable épreuve à laquelle il ne s'était pas préparé. Toutefois, il ne devait pas encore s'arrêter. Il avait encore quelque chose à dire et bien que le regard de Masaomi ne l'encouragea pas à poursuivre, Kuroko s'entêta comme il savait si bien le faire.
« En ce qui me concerne, je comprends vos inquiétudes. Akashi-kun est votre seul enfant et vous avez besoin d'une descendance.
— Au moins, je dois reconnaître que tu es le premier à avoir de la réflexion, y répondit Masaomi.
— Tetsuya, l'appela subitement Akashi en se rapprochant de lui.
— De plus, nous évoluons tous deux dans deux univers bien distincts, une relation n'y survivrait pas. Alors n'ayez crainte, Akashi-san. C'est impossible. »
Dans un dernier effort, Kuroko plongea son regard dans celui de Masaomi et ignora l'intervention d'Akashi. Il ne jeta même pas un regard au réalisateur qui agrandit pourtant ses yeux devant son affirmation. Kuroko se devait d'être convainquant et ne montrer aucun signe de faiblesse. Le silence qui perdura durant les secondes à venir lui fut toutefois invivable, ayant un certain mal à respirer correctement et surtout à cacher les tremblements de tout son corps. Si cet homme continuait de garder sa bouche fermée, Kuroko sentait qu'il allait s'écrouler sous ses yeux.
Alors de nouveau, il contracta ses poings et s'infligea une légère douleur pour se remettre les idées en place. Cet instant décisif où tout se jouait, il ne devait en aucune manière relâcher la moindre pression. Masaomi était en train de juger la véracité de ses propos et savoir s'il pouvait faire confiance en ses paroles.
« Pourquoi fais-tu ça ? Finit par demander Masaomi, d'une voix plus posée.
— J'ai compris que vous agissiez dans l'intérêt d'Akashi-kun, lorsque vous m'aviez confié avoir parlé à mes parents pour arranger les choses. Je pense que votre façon de faire est toutefois mauvaise. »
Masaomi plissa une nouvelle fois ses yeux. C'était bien la première fois qu'il rencontrait une personne avec un tel manque de tact, et qui surtout prononçait ces paroles sans la moindre animosité dans la voix. C'était un fait, la vérité indiscutable. Ce garçon était vraiment un phénomène.
« Ni moi ni votre propre fils ne sommes vos pantins, Akashi-san. L'humanité doit commettre des erreurs pour apprendre et éviter de les refaire. Cessez de vouloir diriger la vie de votre fils et de lui éviter tous les désagréments de la vie, car c'est impossible. »
Un sourire se forma discrètement sur les lèvres de Masaomi, à peine visible à l'œil nu. Il observa rapidement les yeux clairs de ce garçon qui ne traduisaient aucun mensonge, et dévoilaient plutôt une sincérité presque désarmante.
« Sur ce, je m'en vais. Passez un bon séjour à Tokyo. »
S'abaissant poliment, Kuroko prit le chemin de la sortie en essayant de marcher de la façon la plus fluide possible. Il avait l'impression que ses jambes avaient rouillé et qu'il marchait tel un automate que l'on aurait oublié de prendre soin. La porte se referma derrière lui tandis qu'au même instant, Masaomi releva son attention vers son fils qui regardait l'endroit où venait de disparaître le bleuté.
« Va vérifier si ton ami ne s'est pas écroulé dans le couloir, confia-t-il avec un amusement certain.
— Vous avez compris quel genre de personne il était ? Lui demanda subitement Akashi.
— Il est rafraîchissant, c'est certain. »
Akashi fronça ses sourcils, mais il sut qu'il n'en obtiendrait pas davantage de la part de cet homme. Il se décida plutôt à retrouver Kuroko et sortit alors de l'appartement, laissant seul son père dont le soupir remplit bientôt l'espace. Ses pensées se dirigèrent vers les dernières paroles de Kuroko ; un homme avait le droit de commettre des erreurs tant qu'il en apprenait la leçon, et bien évidemment lui-même en avait commis. Il n'était pas irréprochable, mais justement : il désirait que son fils ne commette pas les mêmes erreurs que lui.
A l'extérieur de l'appartement, Akashi chercha du regard Kuroko. Ce fut en avançant de quelques pas que le rouquin découvrit l'adolescent par terre, devant l'ascenseur dont les numéros descendaient au fur et à mesure que l'appareil arrivait à leur étage. Le bras levé pour continuer à appeler la machine, Kuroko soupira longuement tout en agitant sa tête sur les côtés. C'était bien malin de faire tout ça, mais désormais il se demandait comment il allait pouvoir rentrer chez Kagami. Son ami devait même être déjà parti au lycée et Kuroko n'avait pas le double des clés de l'appartement. Il se retrouvait donc clairement à la rue.
Un nouveau soupir franchit ses lèvres lorsqu'il aperçut des pieds apparaître à sa gauche, relevant donc petit à petit ses yeux pour tomber sur le visage d'Akashi qui lui souriait.
« Pouvez-vous ne rien dire, s'il-vous-plaît ? Implora faiblement Kuroko, détournant aussitôt les yeux.
— Sur le fait que tu as clairement dit vouloir rester dans mon entourage malgré ce que pourrait dire mon père, ou de tes efforts pour ne pas trembler alors que c'était clairement visible ? »
Les joues de Kuroko s'empourprèrent légèrement, s'entêtant à ne pas regarder Akashi. Puis, il tenta de se relever en s'appuyant sur le mur en face de lui. Timidement, il jeta un coup d'œil sur le côté et remarqua le sourire qu'étirait encore en cet instant Akashi, visiblement aux anges.
« Enfin je reste abasourdi par ton talent à te faire entendre.
— Avant de toquer à votre porte, je me suis demandé « Et que ferait Akashi-kun à ma place ?». Alors je pense que votre éloquence a dû déteindre sur moi, un petit peu… »
L'ascenseur arriva finalement à leur étage et ouvrit ses portes. D'un pas hésitant, et tout en continuant à s'appuyer contre le mur, Kuroko parvint à se glisser à l'intérieur. Il salua d'un signe de tête Akashi tout en appuyant sur le bouton pour rejoindre le rez-de-chaussée. Les portes se refermèrent petit à petit et commencèrent à cacher la silhouette d'Akashi, Kuroko en profitant alors pour s'appuyer contre le mur derrière lui et se détendre entièrement.
Un son brusque le fit pourtant se raidir instantanément, alors que ses yeux s'agrandirent en voyant la silhouette d'Akashi passer in extremis dans l'entrebâillement.
« Qu'est-ce que vous faites ? S'écria-t-il en voyant Akashi dans la cage d'ascenseur.
— Je m'assure que tu quittes bien l'enceinte de l'immeuble sans t'évanouir.
— Je vais très bien, tenta-t-il de le rassurer.
— En tout cas, merci. Pour avoir dit ces choses. » Poursuivit Akashi sans même l'écouter.
A ces mots, Kuroko releva son regard pour observer le profil du réalisateur qui semblait visiblement embarrassé par ses propres paroles. Kuroko pouffa discrètement, sa main recouvrant ses lèvres et il ferma ses yeux. Il ne remarqua alors pas le regard étonné que lui offrit Akashi, avant de sourire à nouveau en voyant l'air heureux qu'arborait le visage du bleuté.
Arrivé au rez-de-chaussée, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent de nouveau. Akashi vit avec quel mal Kuroko tenait encore debout, et hésita grandement à le laisser partir de la sorte sans le surveiller. Il était évident que la moindre bousculade ferait tomber le jeune homme, qui serait sûrement incapable de se relever.
« Tetsuya, l'appela-t-il doucement.
— Oui ? Souffla ce dernier en se retournant, n'ayant fait que quelques pas depuis sa sortie de l'ascenseur.
— Veux-tu que j'appelle quelqu'un pour venir te chercher, ou même un taxi ?
— Ça ira, Akashi-kun. Je vais juste m'asseoir quelque part et attendre que ça passe, remontez retrouver votre père. »
Le rouquin ne semblait absolument pas convaincu et regarda vivement autour de lui, remarquant ainsi le siège en béton qui se trouvait à l'extérieur, entouré par les fleurs de l'entrée du bâtiment. Un nouveau sourire se forma sur les lèvres du réalisateur qui, sans poser de questions, passa son bras sous les épaules de Kuroko et l'aida de la sorte à tenir debout jusqu'à ce siège. L'attitude d'Akashi perturba Kuroko qui tenta de se reculer instinctivement, mais la prise de son homologue se raffermit et le colla davantage à lui.
« Cesse de te débattre. Accepte mon soutien comme un remerciement. »
Comprenant que le rouquin ne l'écouterait pas, Kuroko hocha faiblement son visage tout en sentant ses joues s'embraser. Ils marchèrent ainsi jusqu'au siège trouvé par le réalisateur, sur lequel Kuroko ne tarda pas à s'asseoir tandis qu'Akashi resta debout, lui demandant de patienter quelques secondes avant de disparaître. Cette courte absence permit à Kuroko d'expirer tout l'air de ses poumons, et de se frapper les joues afin de se ressaisir. Il laissa par la suite sa tête retomber en arrière et soupira longuement, agitant ses jambes qui peu à peu retrouvaient leurs forces. Ça n'allait pas du tout. Son cœur ne voulait pas se calmer. Et étrangement, les paroles de Kagami lui revinrent en mémoire. Son attention dériva alors sur la façade du bâtiment où se trouvait l'appartement d'Akashi.
Est-ce que finalement, ce qu'il désirait plus que tout, ce n'était pas de préserver son quotidien avec Akashi ? Cet homme qu'il avait appris à connaître, à supporter le caractère, et avec qui désormais il parvenait à communiquer ? S'il fermait les yeux et tentait de s'imaginer un monde sans Akashi, sans entendre sa voix ni même recroiser son regard si spécifique, y arriverait-il ? Kuroko sentit son cœur se contracter douloureusement alors qu'il essayait de se l'imaginer, rouvrant dès lors ses yeux pour revoir cet immeuble à sa gauche.
Malgré ses mauvais côtés, Akashi avait cette gentillesse qu'il laissait très peu entrapercevoir, mais qui existait bel et bien. Tout comme à l'instant en le soutenant, Akashi savait prendre soin de son entourage. Aussi loin que Kuroko pouvait se rappeler, Akashi l'avait toujours soutenu dans les pires situations et s'était toujours montré présent lorsqu'il ne pouvait plus faire semblant que tout allait bien. Et ses sourires qu'à présent Kuroko avait le droit d'apercevoir ne le laissaient pas indifférent.
Akashi avait décidé de lui faire confiance et avait encore réduit la distance qui jusqu'alors les séparait. En réalisant cela, Kuroko sentit son cœur battre la chamade.
Kagami avait raison. Il s'était menti à lui-même.
« Tiens. C'est pour toi. »
Relevant doucement son visage, Kuroko vit la cannette sucrée qui se trouvait entre ses yeux. Il l'attrapa rapidement et remercia Akashi qui s'assit à ses côtés, ouvrant lui aussi sa propre cannette avant d'en boire quelques gorgées. Du coin de l'œil, Kuroko observa son profil en silence. Il venait de faire face à son père, d'annoncer à ce dernier que toute relation était impossible entre lui et Akashi, et le voilà en train de réaliser ses propres sentiments. C'était dès à présent impossible pour lui d'imaginer un quotidien dont Akashi ne ferait pas parti ; il avait besoin de sentir sa présence à ses côtés et d'entendre sa voix.
Un rire amer s'échappa de sa bouche tandis qu'il ouvrit sa boisson et en but rapidement la moitié, comme pour se changer les idées et tout oublier. Il devait se résigner, tuer dans l'œuf ses sentiments dérangeants sur plusieurs points ; après tout, il avait encore Kagami. Kuroko ne pouvait se permettre de quitter son ami pour se mettre aussitôt après avec Akashi. Et puis même sans ça, rien ne présageait que le réalisateur serait d'accord avec cela. Après tout, sa dernière relation avait été avec une femme à laquelle il en était resté marqué, comme au fer rouge.
Et puis, que ce soit avec Kagami, ou avec Akashi, ne se dégoûterait-il pas de la même façon ? Ce n'était pas en changeant la personne en face de lui que le problème se résoudrait. Kuroko était conscient de se trouver dans une impasse où il s'était dirigé de lui-même, et où aucune échappatoire n'était permise. Plus que ses sentiments à l'encontre de Kagami et d'Akashi, il se trouvait coincé par sa propre faiblesse.
« Je vais rentrer, annonça finalement Akashi après avoir fini sa boisson.
— D'accord.
— Tu te sens mieux ? »
Kuroko étira un sourire ironique tout en détournant son visage pour qu'Akashi ne puisse voir son expression. Il se releva par la suite, ne sentant plus ses jambes flageolantes et acquiesça afin de rassurer le rouquin qui sembla satisfait de sa réponse.
« Tu devrais rentrer aussi. Repose-toi. »
De nouveau, Kuroko hocha la tête tandis qu'Akashi commençait à faire machine arrière. L'adolescent resta un instant à observer le dos du réalisateur s'éloigner petit à petit, jusqu'à finalement disparaître complètement de son champ de vision, le laissant de nouveau seul. Il se détourna alors de l'immeuble et partit de son côté, enfouissant ses mains dans les poches de son pantalon tout en laissant décider ses jambes sur la prochaine destination.
Il voulait arrêter de réfléchir, mettre hors service son cerveau, et ainsi faire table rase. Pourtant à chaque fois qu'il tentait d'éloigner ses pensées de sa tête, ces dernières revenaient toujours avec plus de force. Ainsi il n'entendit pas cette voix qui le prévint du ballon qui fusait tout droit dans sa direction, ses pieds l'ayant emmené au parc sans qu'il ne s'en rende compte, et Kuroko eut juste le temps de relever sa tête.
L'impact sonore et violent fit s'envoler les oiseaux environnants tandis que Kuroko tombait à la renverse, apercevant des étoiles malgré le soleil éblouissant qui faisait resplendir cette chevelure châtain qui se trouvait à quelques mètres de son visage. Sonné, Kuroko se laissa sombrer dans l'inconscience, ayant finalement trouvé l'opportunité pour décrocher son cerveau.
