Bonsoir tout le monde, comment allez-vous ? J''espère que vos semaines ne sont pas chargées en examen, puisque les vacances de Noël approchent !

Pour ma part, je n'ai qu'un message à vous faire passer : ENFIN ! Enfin il se passe quelque chose de concret dans ce chapitre, mais je vous laisserais découvrir lequel et par quel moyen ;) J'espère sincèrement que vous apprécierez ce chapitre, c'est l'un de ceux que j'ai préféré écrire mais aussi où je stresse beaucoup en vous le proposant...

Sur ce, je remercie énormément Erizu-sama pour sa correction et je vous souhaite une bonne lecture :D

Réponses aux reviews :

Momoi-san : Bienvenue à toi ! Je suis contente que ma fic t'ait plu au point de la lire en deux jours, bravo vraiment ! Dans ce chapitre, tu verras sûrement l'une des plus grandes avancées pour arriver finalement au couple AkaKuro, mais je ne t'en dis pas plus ;) Mais tous ces compliments que tu me fais, ça me fait rougir, vraiment ! Je ne peux que te remercier et te promettre de continuer à écrire de la sorte. Pour ce qui est de l'humour plus poussé, malheureusement des fois j'ai l'impression d'abuser sur Takao et Nijimura et de les faire OOC... mais aussi je n'ai pas envie que leur apparition (parfois exceptionnelle) se résume à être des plaisantins. Mais dans ce chapitre, t'inquiète pas qu'il y a quelques passages comiques ! :D J'espère que ce chapitre te plaira comme les précédents et je te souhaite une bonne lecture ! Merci pour ton commentaire :)

ryoko : Est-ce que Kuroko va finir par rentrer chez lui, ou va-t-il retourner chez Akashi ? Ou même, va-t-il rester chez Kagami ? Hahaha tellement de possibilités qui tournent autour de notre petit Kuroko préféré. Je te laisserai découvrir cela au fur et à mesure des chapitres ;) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Berpeladoce : Bienvenue à toi et merci pour ton commentaire ! :D J'espère que ce chapitre sera autant exquis que les précédents et je te souhaite une bonne lecture !

Haru-carnage : Merci pour ton commentaire et oui, enfin, Kuroko s'en est rendu compte haha. Mais mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? ;) Je te souhaite une bonne lecture !

Laura-067 : Et oui... Si le père d'Akashi avait laissé les choses se faire sans intervenir, qui sait, Kuroko et Akashi ne se seraient peut-être jamais revu. Comme quoi, il suffit parfois d'un petit détail, quelques paroles, et tout bascule et peut changer le destin. Mais en tout cas oui, la situation entre Kagami et Kuroko est encore plus en péril. Je te laisserais découvrir dans un prochain chapitre comment Kuroko va gérer cela avec Kagami et ce qui en ressortira, bien évidemment :) Mais en tout cas, il est encore trop tôt pour que Kuroko retourne chez ses parents, les deux partis n'en sont pas encore prêt. Mais peut-être que cela arrivera-t-il un jour, qui sait haha ;) De même pour Masaomi, peut-être qu'un jour il ne verra peut-être plus en Kuroko un éloignement définitif de son fils. Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Guest : Merci beaucoup pour ton commentaire et d'apprécier mon style d'écriture, je ne peux en demander davantage ! / Et souvent il est difficile de se rendre soi-même compte de son comportement ou de ses paroles, sans une vision extérieur qu'a eu justement Masaomi. Mais bon, mieux vaut tard que jamais nan ? ;D Et puis, maintenant Kuroko sait que même si ses parents n'acceptent toujours pas ses préférences, au moins sa mère arrêtera peut-être de faire comme s'il n'existait pas. Comme tu le soulignes, c'est un problème en moins :) Et t'inquiète pas, cette "refouler ses sentiments" ne marchera pas longtemps xD Mais merci à toi surtout de lire cette fiction et de laisser de tel commentaire, c'est super gentil. En tout cas j'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !

ellie27 : Ne t'inquiète pas, je ne compte pas faire perdre la mémoire à Kuroko aussi facilement xD Et ce serait méchant de ma part de vous le faire alors qu'on est déjà au chapitre 28 x) En tout cas j'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !

kama-chan59 : Je suis heureuse de voir que tu as apprécie voir Kuroko remettre Masaomi à sa place, haha. A vrai dire j'avais un peu peur que ça fasse too much ou que Kuroko soit en réalité ridicule en se comportant de la sorte. Mais tant mieux ! Ce chapitre répondra à l'une de tes envies, mais laquelle ? :D Je te laisse la deviner en lisant ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

aakaraly maariigul : Et oui enfin les parents se rendent compte de leurs paroles blessantes à l'égard de leur fils. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

nouvelleletrice : Je suis heureuse de savoir que mon chapitre t'aide à bien dormir ! Et voici le suivant qui j'espère te plaira :D Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Merci en tout cas à vous tous pour suivre cette fiction et de la commenter, la mettre dans vos favoris ou encore de la follower. Vous savez pas à quel point ça motive une personne qui écrit une fanfiction ! J'espère donc sincèrement que ce chapitre vous plaira et vous fera voyager aux côtés de ce beau petit monde.

N'hésitez pas à commenter ;)


Le Papillon

Scène 28


Une fois le désir comblé, une sorte de légèreté vous envahit. Cette légèreté, c'est peut-être ça, l'âme heureuse.

André Major


Lorsque Kuroko reprit connaissance, un mal de crâne effroyable l'obligea à garder les yeux fermés. La lumière du soleil était encore bien trop intense pour qu'il puisse la supporter sans de nouveau s'évanouir, se remémorant ensuite les derniers événements et ce ballon qui avait fait rencontré sa tête. Ce fut à cet instant qu'il sentit quelque chose de froid contre son front, le poussant alors à entrouvrir l'un de ses yeux et diriger sa main vers la source de cette fraîcheur inconnue. Ses doigts tressautèrent lorsqu'il sentit une autre main que la sienne, qui maintenait sûrement la poche de glaçons.

« Oh ! Tu te réveilles enfin ? »

La voix soudaine arriva comme un bourdonnement aux oreilles de Kuroko, qui plissa un instant ses yeux avant de les diriger vers le visage de cette personne qui avait tenté de venir à son secours et qui désormais s'occupait de lui. Kuroko réalisa qu'il était allongé sur un banc et que sa tête reposait sur les genoux de cet individu, un garçon en vue de sa voix grave. Les rayons du soleil l'éblouirent un instant alors qu'il cherchait à voir le visage de son homologue, s'habituant peu à peu à la luminosité avant d'écarquiller brusquement ses yeux et tenter de se redresser.

Seulement Kuroko regretta rapidement ses mouvements brusques et apporta son front dans le creux de sa main. Dorénavant assis, il sentait le monde autour de lui tourner à toute vitesse. De toute évidence, il était encore sonné par le coup reçu.

« Hé doucement ! Cria sans s'en rendre compte son ancien ami, qui entama un premier mouvement vers Kuroko avant de s'arrêter par la question du bleuté.

— Que fais-tu ici ? » Demanda Kuroko.

Ogiwara abaissa son regard, observa le sol à ses pieds et étira un sourire amer. Il posa la poche de glaçons, qu'il avait été chercher auprès d'un marchand, entre eux deux. Il s'était douté qu'au réveil de Kuroko, la conversation ne serait pas facile. Seulement, il avait espéré, silencieusement, que le bleuté ne se ferme pas à lui.

« Mon père a été muté ici, alors avec ma mère on l'a suivi… et j'ai loupé mon réveil ce matin alors j'ai décidé de voir s'il y avait du monde pour jouer une partie, haha ! »

Tout en apportant sa main à l'intérieur de ses cheveux et se les ébouriffer un instant, Ogiwara rit avec nervosité. Il entendit par la suite le soupir de Kuroko, qui intérieurement pensa que le châtain n'avait définitivement pas changé : il restait tête en l'air. Puis, il tenta de se relever et tenir sur ses jambes. Une fois chose faite et se sentant capable d'avancer sans manquer de s'évanouir de nouveau, Kuroko commença à s'éloigner de son ancien ami d'enfance mais la voix de celui-ci l'arrêta bien vite.

« Tu ne m'as jamais appelé, avoua Ogiwara sans cacher la tristesse à l'intérieur de sa voix.

— Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû le faire, souffla-t-il sans même prendre le temps de se retourner.

— Je voulais te présenter mes excuses ! »

Ogiwara se releva à son tour, ses poings fermement contractés et tremblant légèrement. Sa soudaine fougue fit se tourner Kuroko dans sa direction, se concentrant sur les yeux bruns de son ami qui lui transmettaient toute sa sincérité, et surtout son besoin d'obtenir son pardon. Kuroko demeura toutefois silencieux. Ogiwara comprit cependant par son silence qu'il pouvait continuer.

Un discret sourire se forma alors sur ses lèvres, n'hésitant pas plus longtemps et reprit la parole.

« J'ai été un véritable idiot. Je me suis jamais pardonné mon attitude, mais… je n'arrivais plus à te voir pour m'excuser. Quand je venais toquer chez toi, ta mère me disait que tu n'étais pas là. »

Les épaules affaissées, il était évident que le poids de la culpabilité pesait sur les épaules du châtain. Dans un coin de son esprit, Kuroko se rappela des propos qu'Ogiwara avait tenu auprès de ces garçons, qui les avaient insulté d'être en couple et que c'était répugnant. Il se souvenait parfaitement de l'expression dégoûtée qu'avait affiché Ogiwara ce jour-là, qui jusqu'alors l'avait soutenu pour finalement faire entendre sa véritable opinion sur le sujet.

En réalité, Ogiwara n'était pas si différent de ces garçons qui avaient martyrisé Kuroko. A la seule différence qu'il s'était fait d'abord passer pour un gentil, jusqu'à ce que son masque ne se fissure.

« Cela… c'était tout nouveau pour moi. Et il y avait toutes ces personnes qui nous insultaient sans qu'on n'ait jamais rien fait pour recevoir cette haine… J'en avais assez d'être rejeté par ces personnes que je considérais comme mes amis… »

Kuroko laissa son ancien ami s'exprimer. Il mentirait en disant que les mots d'Ogiwara ne l'atteignaient pas. Après tout ce garçon restait son premier amour, et bien que non réciproque la signification restait tout de même importante. Bien qu'il ait désiré l'oublier, qu'il avait même souhaité n'avoir jamais eu à le rencontrer, Kuroko ne pouvait pas piétiner ses propres sentiments à propos de l'importance qu'avait eue Ogiwara dans sa jeunesse.

« C'est que plus tard que je m'en suis rendu compte. Ces mecs étaient des abrutis qui aimaient martyriser les plus faibles. Et j'ai stupidement suivi le mouvement, car ils étaient populaires et que je voulais être dans leur bande… »

Serrant davantage ses poings comme pour s'infliger lui-même de la douleur, Ogiwara jura contre lui-même. Il avait été un tel idiot. Au final, il avait été comme ces garçons qui s'en étaient pris à Kuroko, il en était parfaitement conscient et ça le tuait.

« Je ne t'ai pas soutenu quand tu en avais besoin… je le sais et pourtant…

— C'est du passé maintenant, Ogiwara-kun, intervint Kuroko en lui coupant la parole.

— Mais j'ai trahi notre amitié ! Explosa finalement l'intéressé, ses ongles continuant de s'enfoncer dans la paume de ses mains.

— Tu es en train de me présenter tes excuses, c'est tout ce que je voulais entendre. »

A ses mots, le visage d'Ogiwara se radoucit légèrement. Toutefois, il était encore loin de l'expression que Kuroko connaissait durant leurs années communes.

« Je t'en ai vraiment voulu à l'époque, mais tout ça est derrière nous à présent. Je ne sais pas si nous pouvons redevenir comme avant, mais tu n'as plus besoin de t'en vouloir.

— Mais…

— Tu habites dans le quartier maintenant, c'est bien ça ? Interrogea-t-il suavement.

— O-oui, bégaya Ogiwara en ne sachant pas où voulait en venir Kuroko.

— Alors la prochaine fois, jouons au basket ensemble. Si nous ne pouvons pas redevenir comme avant, au moins nous pouvons essayer de repartir sur de nouvelles bases. »

A sa soudaine proposition, cette fois-ci le visage d'Ogiwara vint s'éclaircir d'un large sourire. Il acquiesça plusieurs fois, n'en croyant toujours pas ses oreilles. Kuroko étira un sourire amusé en voyant ses réactions, ayant décidé de laisser une seconde chance à leur amitié en voyant avec quel mal Ogiwara essayait de lui transmettre ses excuses. Tous les deux avaient mûri et Ogiwara avait appris de ses erreurs, Kuroko en était convaincu. Et puis lui-même en avait commis aussi, en se reposant un peu trop sur son ami qui par sa faute avait été rejeté, qui s'était vu exclure de sa bande d'amis.

Une dispute d'enfants qui aujourd'hui voyait sa page se tourner complètement. Kuroko voulait croire que désormais Ogiwara et lui pourraient une nouvelle fois se lier d'amitié et profiter de ces nouveaux liens pour continuer à avancer sans regarder en arrière.

Kuroko s'éloigna après avoir remercié Ogiwara pour être resté avec lui, et avoir posé une poche de glaçons contre son front afin d'éviter que sa bosse n'enfle. Ogiwara se trouvait déjà loin derrière lui quand subitement, quelque chose vint entourer sa taille tout en pleurnichant. Surpris par la soudaine étreinte et regardant par-dessus son épaule cette personne qui se mouchait négligemment sur sa veste d'uniforme, Kuroko agrandit ses yeux.

« Tu as tellement un grand cœur Tetsu-chan… Sei-chan a tellement de chance de t'avoir !

— Takao-kun ! »

Parvenant à s'extraire de l'emprise du compositeur, Kuroko établit un certain périmètre de sécurité entre leurs deux corps avant de pouvoir recommencer à parler, quelques rougeurs s'étant installées sur ses joues. Il observa un instant la silhouette du brun, qui s'essuyait les larmes. De toute évidence, il avait entendu sa conversation avec Ogiwara.

« Depuis combien de temps étais-tu là ? Demanda-t-il ensuite, mal à l'aise.

— Je passais par là quand je t'ai vu évanoui. J'ai demandé à ton ami ce qui s'était passé et lui ai conseillé de te mettre des glaçons sur la tête. Et puis tu t'es réveillé alors que je partais. »

Un peu plus qu'auparavant, le visage de Kuroko s'empourpra davantage tandis que Takao soupira longuement afin de se ressaisir. Un large sourire se forma ensuite sur son visage et il vint entourer les épaules du plus jeune par son bras.

« Enfin, j'ai pas trop compris les détails de la conversation. Mais ce garçon semblait vraiment ravi de pouvoir à nouveau te fréquenter !

— Tu devrais vraiment apprendre à t'occuper de tes affaires, Takao-kun. »

Rejetant le bras du compositeur de ses épaules, Kuroko commença à partir. Ce fut sans compter sur la trahison de son estomac qui, après toutes ces péripéties entre le père d'Akashi et la rencontre inattendue d'Ogiwara, s'était réveillé et réclamait son dû. Le son tonitruant monta jusqu'aux oreilles de Takao dont un sourire malicieux vint couvrir ses traits. Le brun approcha à pas de loups de Kuroko avant de finir par le dépasser et se mettre en route.

« Je pensais justement m'arrêter manger quelque part. Tu m'accompagnes ? »

Kuroko releva son regard pour observer le profil du brun. Comme il était parti dans la précipitation ce matin, il avait seulement son téléphone sur lui et aucune monnaie. De ce fait, il dut se résoudre à suivre les pas de Takao qui l'emmena dans un petit restaurant où Kuroko n'avait jamais mis les pieds. A son inverse, Takao salua la plupart des serveurs qui croisèrent son chemin tandis qu'un de leurs collègues les emmena à leur table.

Une fois assis et le menu en main, Takao lui révéla avoir l'habitude de mettre les pieds ici lorsque sa fille était à l'école. Puisqu'il vivait seul, lorsqu'il n'avait pas besoin de faire la cuisine pour les autres, il aimait bien se détendre dans cet endroit chaleureux. En effet, Kuroko regarda attentivement le cadre qui l'entourait et se sentit très vite à l'aise. La décoration était simple et harmonieuse, sans superflue.

« Prends ce qui te fait plaisir, ne te gêne pas, l'autorisa Takao.

— Merci beaucoup.

— Et puis ça me fait plaisir. Ça fait un moment que je me dis que j'aimerais t'avoir avec moi, seul à seul. »

Face au sourire que lui offrit Takao, Kuroko fronça ses sourcils. Tout à coup, il ne se sentait plus tout aussi à l'aise qu'auparavant. Ses yeux se plongèrent alors dans la lecture du menu pour choisir son repas avant que le serveur ne revienne et fuit de la sorte le regard que lui lançait Takao. Au fond, Kuroko pouvait se douter de quoi son interlocuteur voulait lui parler. Après tout, ils n'avaient pas tant de sujets de conversations que ça, il n'y avait que leur ami en commun et leur sortie tous ensemble à l'Onsen.

Cependant, en ce moment, Kuroko ne voulait pas parler d'Akashi. Il voulait oublier ses sentiments naissants qui s'étaient incrustés dans son cœur, sans crier gare.

Puis, le serveur arriva à leur table et prit leur commande. Il les débarrassa ainsi des menus et retira à Kuroko son dernier rempart contre Takao, qui joint aussitôt ses mains par-dessus la table avant de commencer à parler.

« Si tu veux pour te mettre plus à l'aise, dès que je te pose une question tu pourras aussi m'en poser une. Comme ça ce sera donnant-donnant, lui proposa gentiment Takao.

— N'importe laquelle, même si c'est indiscret ? Précisa-t-il aussitôt.

— Même si j'ai une petite idée de la question que tu me poseras, oui. »

Takao ricana pendant un instant. Il savait bien que sa situation attisait la curiosité de certaines personnes ; comment un homme si jeune et vivant seul pouvait avoir une fille à sa charge ? Sachant que dans la majorité des divorces, c'était souvent la mère qui obtenait la garde. Toutefois, pour l'instant il ne dit rien à propos de lui. Ce n'était pas ce qui l'intéressait et malgré les apparences, Takao n'appréciait pas vraiment parler de lui.

Sa vie n'avait rien de fabuleux.

« Du coup, t'as prévu quelque chose pour l'anniversaire de Sei-chan ? »

La question de Takao surprit grandement Kuroko, qui ne s'était certainement pas attendu à celle-ci. A la place, il voyait plutôt le brun l'interroger sur de possibles sentiments entre lui et le réalisateur, et essayer malgré tout de lui faire cracher la vérité, mais ce n'était pas le cas. Takao lui souriait gentiment, attendant patiemment sa réponse sans le quitter un instant du regard.

Peu de temps après, leurs plats leur furent apportés et ils commencèrent à manger.

« Son père est venu spécialement à Tokyo pour le fêter à ses côtés, je n'ai donc rien prévu, répondit-il finalement.

— Oh… »

Sa réponse ne semblait pas le satisfaire et Takao n'ajouta rien d'autre, entamant plutôt son plat sans regarder cette fois-ci le bleuté.

« Tu sais Kuroko, chaque année avec Nijimura on essaie d'organiser une fête. Depuis que Nijimura et Sei-chan se connaissent, ils n'ont jamais fêté ensemble l'anniversaire de Sei-chan. Et son père n'est certainement pas venu à Tokyo pour voir son fils… Il est venu pour le montrer.

— Montrer Akashi-kun ? Le reprit Kuroko, incertain par le choix des mots de Takao.

— C'est Nijimura qui me l'a expliqué, comme il connaît bien mieux que quiconque la famille Akashi. Mais en fait, le père d'Akashi invite tous les membres importants de son entreprise, ainsi que ses amis politiciens au cours de cette soirée. Plus que l'anniversaire d'Akashi, c'est plutôt une réception pour le bien de l'entreprise. Pour montrer le futur patron de la multinationale. »

Naïvement, Kuroko n'avait pas vu les choses sous cet angle. Quelque part, il savait pourtant que l'anniversaire d'Akashi ne ressemblerait en rien à ceux que lui-même faisait auprès de ses amis, sans que ses parents ne soient dans les parages. Parfois, certains ramenaient de l'alcool, et ils s'amusaient autour d'un bon repas. Kuroko cessa toutefois d'y penser lorsqu'il vit Takao reposer ses couverts sur la table, plongeant son regard clair dans celui de Kuroko qui écarquilla un instant ses yeux en constatant le sérieux du brun.

« Nijimura m'a aussi appris quelque chose que je n'apprécie pas vraiment chez la haute société…

— Quoi donc ?

— Son père profite de ces rencontres pour présenter des femmes à Akashi. Pour de possibles fiançailles.

— Des mariages arrangés ? »

Takao acquiesça tandis que Kuroko se demanda si ces choses n'étaient pas devenues illégales à leur époque. Au fur et à mesure qu'il réfléchissait, Kuroko se rappela avec quelle désinvolture Akashi parlait du jour de sa naissance, comprenant enfin la raison de cet étrange détachement. Depuis toujours, Akashi n'avait jamais appris à fêter son anniversaire dignement. Son père avait toujours organisé ces réceptions, l'entourant de personnes dont Akashi ne connaissait sûrement même pas le nom, rencontrant ensuite des femmes qui pourraient partager son futur s'il ne s'y opposait pas.

Et bientôt, Akashi allait de nouveau faire face à une de ces personnes. Son cœur se serra à cette pensée, mais Kuroko préféra l'ignorer. Il n'en avait pas le droit.

« Pourquoi me raconter tout ça, Takao-kun ? Demanda-t-il finalement.

— Car tu as dû t'en rendre compte depuis le temps que vous vous côtoyez tous les deux, mais Akashi prend soin de son entourage. Il agit dans l'ombre, sans qu'on sache que ça vient de lui. Ce n'est qu'avec le temps et le recul que nous nous rendons compte que ça venait de lui. Mais ça ne va que dans un sens, car si c'est nous qui allons vers lui pour l'aider, il se renfrogne. »

Un soupir las traversa les lèvres de Takao dont le sérieux surprenait de plus en plus Kuroko. Il n'était pas habitué à ce comportement de la part du brun, normalement si joyeux et d'apparence tête en l'air. Le compositeur avait même appelé le réalisateur par son nom de famille, et non le surnom qu'il utilisait lorsqu'il lui faisait face. Ce ne fut qu'après avoir remarqué cela que Kuroko comprit le sens caché des paroles de Takao, et voulut en savoir davantage.

« Qu'a fait Akashi-kun pour toi, Takao-kun ? Demanda-t-il suavement.

— C'est ta question ? » S'amusa le brun en lui souriant de toutes ses dents.

Kuroko acquiesça sans l'ombre d'une hésitation. Ce n'était pas grave s'il n'apprenait pas au sujet de la fille de Takao, après tout cette histoire ne le regardait pas et si le brun désirait en parler dans un jour prochain, ce serait à lui d'en décider. Sa réaction fit davantage sourire Takao, qui reprit dès lors ses couverts et termina son repas tout en lui répondant.

« Avant que je ne rencontre Akashi, je n'avais pas ma renommée que j'ai aujourd'hui. Un jour, quelqu'un a toqué à ma porte et il s'est avéré que c'était lui. J'étais en pyjama et venais de me lever, haha. Et il m'a proposé ce travail pour son film, car il avait entendu mes compositions et était intéressé. »

Takao se souvenait parfaitement de ce jour où pour la première fois, il avait fait face au réalisateur. Vêtu d'un somptueux costard alors que lui portait un vieux pyjama troué par endroit, l'accueillant dans son appartement dont le manque de rangement aurait fait fuir tout être sensé, et n'ayant même pas de quoi offrir un café ou même un thé à son invité de marque. Un rire nerveux prit alors le compositeur, légèrement gêné en se souvenant de cette époque.

« J'ai bien sûr accepté. Et je me suis donné à fond, j'ai tout fait pour produire mes plus belles compositions et lui montrer que je valais la peine pour son intérêt. Ce n'est qu'après que j'ai appris qu'une personne que nous avions en commun lui avait parlé de ma situation, à propos de ma fille et des fins de mois difficiles, ce qui avait éveillé sa curiosité.

— Je pense que si Akashi-kun n'avait pas apprécié ton travail avant de te rencontrer, malgré les paroles de votre connaissance commune, il ne se serait pas déplacé.

— Peut-être… Ce que je veux dire, c'est qu'Akashi se fiche de la renommée des personnes. Il laisse sa chance à n'importe qui du moment qu'il remarque que cette personne a la hargne nécessaire pour percer. Il nous ouvre une porte vers le succès.

— A t'entendre Takao-kun, on dirait que tout ce que touche Akashi-kun devient de l'or, se moqua Kuroko.

— N'est-ce pas ? S'en amusa à son tour le brun. Mais je lui en suis reconnaissant car grâce à lui, à présent, je n'ai pas à me soucier des fins de mois et je peux davantage profiter de ma fille. »

Un sourire tendre couvrit le visage de Takao et Kuroko n'eut aucune difficulté à saisir tout l'amour que portait le brun envers son enfant. C'était à la fois attendrissant et gênant, puisque Kuroko n'arrivait définitivement pas avec cette version de Takao Kazunari.

« Enfin assez parlé de moi ! Cette année on fêtera ensemble l'anniversaire de Sei-chan, c'est décidé !

— Mais comment comptes-tu t'y prendre ? » S'inquiéta dès lors Kuroko.

Puis, comme un mirage, le Takao sérieux se volatilisa aussi rapidement qu'il était apparu. Cette fois-ci, ce fut un sourire machiavélique qui recouvrit le visage du compositeur, faisant signe à Kuroko de se rapprocher afin de lui souffler son plan pour la soirée à venir. Les yeux écarquillés, Kuroko n'en crut pas ses oreilles tandis que le rire de Takao couvrit bientôt tout le restaurant, fier de sa trouvaille.

« Nijimura est déjà au courant et met tout en place. Du coup, tout reposera sur toi Tetsu-chan ! »

Le nouveau surnom fit frémir ses oreilles, mais il n'eut pas le temps de répliquer que Takao se leva pour payer l'addition. Et dans sa tête, les paroles du brun se jouèrent.

Ce n'était pas possible…

-x-x-x-

Finalement, le jour de l'anniversaire d'Akashi arriva. Bien que son réveil s'enclencha, il voulut se rendormir et gagner quelques minutes supplémentaires de sommeil. Seulement, son père vint au même instant toquer à la porte de sa chambre. De toute évidence, il ne pourrait pas traîner au lit aujourd'hui.

Sortant ainsi de son paradis sur terre, le froid de sa chambre attaquant sa peau encore chaude, Akashi arriva jusqu'à sa porte qu'il ouvrit. Depuis l'intervention de Kuroko dans son appartement, l'atmosphère entre eux était plus supportable, plus seine, bien qu'ils ne se parlaient pas plus que de nécessaire.

« Oui ? Demanda-t-il la voix encore ensommeillée, tandis que son père était déjà prêt.

— Dépêche-toi de te préparer, Seijūrō. Nous devons aller chercher ton smoking. »

Durant un instant, Akashi grommela en se demandant pourquoi il ne pourrait pas en prendre un qu'il possédait déjà. Toutefois, la réponse de son père tonnait déjà dans son esprit sans même avoir besoin de poser la fameuse question ; son père le voulait dans des vêtements flambant neufs, afin qu'il se démarque des autres invités par son apparence. Akashi ouvrit donc entièrement sa porte et sortit de sa chambre pour se diriger vers la salle de bain et prendre une douche afin de se réveiller. Durant ce temps, son père lui prépara son café habituel et patienta par la suite dans la cuisine, reprenant en main le journal du jour.

Une fois prêt, Akashi monta dans la voiture du secrétaire de son père. En quelques minutes, ils se retrouvèrent dans la boutique de vêtements dont les prix feraient tourner de l'œil à n'importe quelle personne réfléchie. Akashi prit ensuite sur lui, écoutant les indications que donnaient son père aux employés qui partirent ensuite dans tous les sens, se pressant afin de ne pas faire attendre leur client. Ce n'était que le matin et pourtant Akashi avait déjà hâte de retourner se coucher, cette journée allait l'épuiser.

Une fois le vêtement en sa possession, ils sortirent du magasin. Cependant, la voiture ne les ramena pas à l'appartement, Akashi savait par avance qu'il avait plusieurs mains à serrer avant même que la réception ne commence. Il souhaitait juste que tout ce cirque se termine au plus vite.

Plus tard, l'après-midi ne faisait que commencer et pourtant Akashi ne compta plus le nombre de mains qu'il avait serrées, ni même combien de fois il se pencha pour saluer respectueusement son homologue bien plus âgé. Que ce soit un actionnaire important, un politicien, ou bien même le chef général des forces de l'ordre, Akashi n'y prêtait aucune attention. Il se comportait simplement comme leur société l'exigeait, comme le lui avait appris au cours de son enfance son père. Tout ceci était devenu des mécanismes.

Puis, les premières étoiles apparurent dans le ciel et la voiture se dirigea vers le lieu de la réception. Akashi s'était entre-temps changé et portait désormais son smoking noir qui contrastait avec sa chevelure rougeoyante et ses yeux hétérochromes, le faisant ressortir parmi la masse. Ce soir comme jamais, sa prestance naturelle était décuplée par ce vêtement, faisant rosir les joues des invitées et sourire son père de fierté. Plus que jamais, Akashi se sentit comme dépossédé de sa propre humanité.

Ce soir, il était le pantin d'Akashi Masaomi.

Rapidement, le lieu où se déroulait la réception fut rempli par les invités conviés par son père. De nouveau, Akashi se pencha respectueusement puis échangea quelques paroles avec ces personnes qui ne l'intéressaient pas pour le moins du monde. Du coin de l'œil, il sentait le regard attentif de son père afin de s'assurer qu'il ne commettrait pas un faux pas quelconque ; sur ce point Kuroko avait totalement raison : bien que Masaomi croyait en lui, il ne lui faisait pas du tout confiance.

« Seijūrō, suis-moi. »

Un verre à l'intérieur de sa main, son père lui fit signe d'avancer et en quelques foulées Akashi se retrouva à ses côtés.

« Je vais te présenter à un très bon ami politicien, sache donc bien te comporter. Il te sera important à l'avenir.

— Oui, père. »

Sur le chemin pour rejoindre l'homme en question, Akashi apprit que cette personne s'appelait Shirogane Kōzō et était auprès de son père depuis une vingtaine d'années. Ils s'étaient tous les deux vus évoluer dans leur profession, se prêtant mutuellement de l'aide au cours des situations difficiles. Akashi retint par la suite les faits marquants que lui racontait son père, enregistrant le maximum d'informations afin de pouvoir s'entretenir aisément avec cet homme.

Shirogane Kōzō apparut par la suite dans son champ de vision après avoir traversé la moitié de la salle, son père le rejoignant le premier pour le saluer et lui présenter son fils. A cet instant, Akashi se rapprocha des deux hommes et se pencha bien bas afin de saluer poliment le politicien qui lui demanda rapidement de se redresser, riant de façon gênée devant tant de manières. Durant un instant, Akashi haussa un sourcil. Ce n'était bien évidemment pas le premier politicien avec lequel il s'entretenait, mais c'était le premier à paraître si naturel et aussi accessible. Son sourire honnête et son regard tranchant le laissèrent cependant perplexe. Pour le coup il ne savait pas sur quel pied danser.

« Masaomi-san m'a beaucoup parlé de vous ! Je suis heureux d'enfin avoir la chance de vous rencontrer. »

Tout en retournant le plaisir à cet homme, Akashi dirigea son attention vers son père qui partit regarder ailleurs. Un discret sourire se forma sur les lèvres d'Akashi en comprenant qu'en effet, ces deux hommes semblaient visiblement proches puisque Shirogane venait à l'instant même d'appeler son père par son prénom. Peu de personnes se le permettaient, et surtout, son père autorisait cela à un cercle très restreint.

« Je suis aussi un grand fan de vos films. Ma nièce m'en a fait découvrir un et avant de m'en rendre compte, je les avais tous vu.

— A présent, c'est vous qui me gênez, Shirogane-san, souffla-t-il en agitant sa main pour montrer que ses réflexions n'étaient pas nécessaires.

— Par ailleurs, nous ne sommes pas ici pour parler des films de mon fils, intervint Masaomi afin de recentrer la conversation.

— En effet, haha. »

Riant légèrement aux propos de son père, Shirogane sembla chercher un instant autour de lui la présence de quelqu'un. De sorte qu'Akashi suivit son regard lorsque cet homme trouva ce qu'il était en train de rechercher, agitant discrètement son bras après avoir appelé cette personne. Celle-ci les rejoignit rapidement et releva sa tête après les avoir salués, ses longs cheveux retombant gracieusement autour de sa taille. Un sourire gêné ornait ses lèvres légèrement maquillées d'un rose pâle.

« Voici justement ma nièce, Shirogane Mariko. Mariko, voici Akashi Seijūrō. » Présenta joyeusement Shirogane en posant doucement sa main contre le dos de la jeune femme.

Il l'invita de la sorte à se rapprocher un peu plus du rouquin, qui continua de l'observer sans dire le moindre mot.

« Je suis enchantée de vous rencontrer enfin, Akashi-san. »

Une nouvelle fois, Mariko se pencha vers l'avant alors qu'Akashi avait rivé son attention vers son père. Encore une fois, il lui présentait une femme dans l'intention évidente d'espérer par la suite des fiançailles. Il était vrai que les années s'écoulaient et Akashi se rapprochait de la trentaine sans ne s'être jamais marié. Sans parler des enfants, le fait qu'il soit encore célibataire devait préoccuper plus que ne le laisser paraître son père.

Bien qu'agacé que son paternel lui fasse encore le coup de la futur fiancée, Akashi sourit à son tour et commença à discuter avec elle. Depuis toutes ces années, et à chacune d'entre elles, il y avait le droit. De ce fait, il savait désormais comment se comporter gentiment avec ces dames et comment leur faire comprendre qu'elles n'obtiendraient rien de sa part.

Afin de les laisser faire connaissance, Shirogane et Masaomi disparurent silencieusement et laissèrent les deux jeunes ensemble.

Après les avoir vu s'éloigner, Akashi redirigea son attention vers Mariko pour lui avouer sans détour qu'il ne comptait pas se fiancer tout de suite.

« Excusez-moi Akashi-san, mais je ne compte pas me fiancer avec vous. »

Pris de court, Akashi en resta sans voix. Il observa alors d'un œil nouveau cette femme qui le regardait d'un regard convaincu. Une volonté forte qui allait sûrement avec le caractère que possédait Mariko. Le haut de ses lèvres ne tarda alors pas à s'étirer, faisant froncer les sourcils de son interlocutrice qui pensa ne pas avoir été prise au sérieux.

« Ça me convient très bien. J'allais justement vous annoncer la même chose, l'arrêta-t-il tout de suite en la voyant s'énerver.

— Vraiment ? Demanda-t-elle cependant, suspicieuse.

— Oui. Je déteste quand mon père agit de la sorte. »

Convaincue par l'assurance dans la voix de cet homme, Mariko soupira longuement et évacua ainsi toute la pression qui s'était accumulée en elle suite à ses propos. Un véritable sourire se forma par la suite sur ses lèvres, loin de ceux qu'avait reçu quelques minutes plus tôt Akashi. Cette fois-ci, la jeune femme rayonnait de bonheur. Néanmoins, ils savaient tous deux que leurs parents continuaient à les regarder en biais, s'assurant que tout se portait pour le mieux.

Tous deux soupirèrent au même instant, avant de remarquer leur synchronisation quasi parfaite. Mariko rit durant quelques secondes avant de prendre un verre que transportaient les serveurs d'un bout à l'autre de la salle, invitant ensuite Akashi à faire de même et de suivre ses pas qui les emmenèrent jusqu'au balcon. Après avoir ouvert les fenêtres et profité de l'air frais de la nuit, Mariko se retourna vers Akashi qui referma la grande fenêtre derrière lui, un verre à la main.

« Nous voilà cependant enchaînés l'un à l'autre, s'amusa-t-elle.

— Je suis tout de même surpris. Vous êtes la première à refuser ces fiançailles, annonça Akashi dont la curiosité avait été piquée.

— Oh vraiment ? Enfin… c'est vrai que vous êtes promis à un bel avenir. Sur tout un tas de points, vous êtes le mari idéal.

— Mais pas pour vous ? » Demanda-t-il, un sourire moqueur étiré sur les lèvres.

Mariko pencha sa tête sur le côté, le regardant un instant de la tête aux pieds avant de sourire et de laisser tomber sa tête en arrière. Ses yeux furent bientôt illuminés par les milliers d'étoiles au-dessus de leur tête.

« A vrai dire, je suis une vraie fan de vos films. Vous êtes parmi ma liste des réalisateurs les plus doués et les plus attirants de cette génération. »

La franchise de cette femme plut à Akashi, qui un court instant lui fit penser à Kuroko. Il leva à son tour ses yeux vers le ciel ; être à l'extérieur lui faisait du bien, il se sentait moins écrasé par toutes ces personnes s'intéressant à lui que par intérêt.

« Seulement vous voyez, je fréquente déjà quelqu'un. Et quand il a appris que je vous rencontrerai ce soir, pour de possibles fiançailles, et en sachant que je vous estime beaucoup… il m'a fait une superbe crise de jalousie ! »

Au souvenir de son petit-ami lui criant son amour et essayant de la retenir à ses côtés pour lui éviter de venir à cette soirée, Mariko pouffa de rire avant de se reprendre. Elle dirigea de nouveau son attention vers Akashi qui comprenait désormais pourquoi elle avait refusé cette situation aussi rapidement, ses sentiments pour cet homme ayant été plus importants qu'une bonne position et une situation financière assurée. Akashi avait toujours méprisé ce genre de personnes vénales qui ne s'intéressaient qu'à ses biens, toutes les femmes qu'il avait jusqu'alors rencontrées avaient été ainsi. La plupart lui avaient même demandé quand il comptait arrêter sa carrière de réalisateur pour reprendre l'entreprise de son père.

« Et vous, Akashi-san ?

— Pardon ? Interrogea-t-il puisqu'il avait été perdu dans ses pensées.

— Vous avez aussi quelqu'un dans votre vie pour refuser ces fiançailles ? »

La question de Mariko était légitime puisqu'il lui avait posé la même question quelques minutes plus tôt, mais alors qu'il allait répondre que personne ne partageait sa vie, sa voix mourut à l'intérieur de sa gorge. Le visage de Kuroko lui revint en mémoire et il sentit son cœur se contracter, ses lèvres se refermant par la suite sans avoir répondu quoi que ce soit. Surpris lui-même pour avoir songé à Kuroko comme partenaire de vie, Akashi chercha à comprendre cette espèce de logique qui s'était insérée dans son cerveau.

Son silence qui se prolongea finit par faire froncer les sourcils de Mariko, avant que celle-ci ne fasse claquer ses doigts en comprenant la situation du rouquin.

« Vous l'aimez mais elle n'est pas encore au courant ? Demanda-t-elle joyeusement, ravie d'en apprendre davantage sur l'un de ses idoles.

— L'aimer… »

Sa voix remplie d'interrogation fit s'agrandir les yeux de Mariko, qui détailla aussitôt avec la plus grande des attentions les émotions qui traversaient le visage du réalisateur. Les yeux hétérochromes furent tout d'abord perdus, essayant encore de comprendre pourquoi c'était le visage de Kuroko qui lui apparaissait en premier. N'était-ce pas simplement le fait de vivre en colocation avec l'adolescent qui faisait douter son cœur ? Après tout, il avait quelqu'un avec qui partager sa vie, sans le côté charnel de la chose. Le matin, il retrouvait Kuroko dans le salon, et le soir ils se retrouvaient avant de recommencer ce cercle perpétuel. Mais pouvait-il vraiment dire qu'il partageait sa vie avec Kuroko ?

Les personnes qui utilisaient cette formulation étaient souvent en couple, habitant ensemble dans un petit appartement et vivant des premiers mois sur un petit nuage. En réfléchissant de la sorte, Akashi se souvint des propos tenus par Kagami et une vague d'énervement l'emporta. Il s'imagina le lycéen profiter de la situation et tenter de se rapprocher de Kuroko, qui tomberait alors dans ses filets et déciderait de rester aux côtés de son camarade. A cette pensée, Akashi sentit son cœur se contracter et apporta sa main au niveau de sa poitrine, serrant un instant sa veste.

En remarquant le changement d'attitude du réalisateur, Mariko décolla son dos de la rambarde sur laquelle elle s'était appuyée jusqu'alors et vint se rapprocher d'Akashi qui ne fit pas attention à sa soudaine proximité.

Akashi se souvenait de la provocation dont il avait usé pour fermer le clapet à ce garçon. Tout simplement car il n'avait pas supporté son audace de lui faire face, mais aussi car, au fond, il ne supportait pas l'idée que Kuroko aille vivre chez son petit-ami. Il repensa alors à sa conversation avec Murasakibara, qui justement l'avait interrogé sur sa réaction devant un tel phénomène. Laisser Kuroko retourner chez Kagami ? Au plus profond de lui-même, Akashi était convaincu que ce serait une mauvaise idée.

Kuroko ne serait jamais heureux aux côtés de cet individu qui ne semblait pas apte à le comprendre et le rendre heureux. Akashi ne pouvait pas laisser cet imbécile bénéficier de la douce présence de Kuroko à ses côtés, sachant qu'il ne comprenait pas ce dernier.

« Votre situation est compliquée ? Demanda suavement Mariko, prête à tendre l'oreille.

— Le mot est faible. Disons même que je me suis jamais demandé si je l'aimais ou non, car elle était toujours à mes côtés jusqu'à aujourd'hui, se moqua Akashi en dirigeant son regard dans le sien.

— Je pense que avant de sortir avec une personne, on ne se demande pas si on l'aime ou non. Si nous ressentons en effet des sentiments pour cette personne, n'est-ce pas logique de la vouloir toujours à nos côtés sans la moindre interruption ? »

Le sourire de cette jeune femme fut si communicatif qu'Akashi étira un discret sourire, sans utiliser un quelconque masque. L'innocence, et peut-être même la naïveté de cette personne le touchait et l'obligeait à se comporter naturellement, sans artifice. Au fond de lui, Akashi pensa que le petit-ami de Mariko était chanceux ; c'était là une bonne personne qui restait fidèle à ses sentiments et ses convictions.

Il releva ensuite ses yeux vers les étoiles. Cette femme avait raison : pourquoi s'arracher les cheveux à savoir si oui ou non il avait commencé à aimer Kuroko, quand il désirait le voir retourner à son appartement ? Le fait de le savoir chez Kagami, qui l'aimait encore, ne lui plaisait absolument pas. Après tout, il lui avait bien proposé de l'héberger dans une chambre d'hôtel le temps du séjour de son père, ce n'était pas pour rien. Se mordillant alors les lèvres en repensant à cela, Akashi se maudit intérieurement de n'avoir pas plus insisté là-dessus.

« Et puis, vous savez Akashi-san… Si vous réfléchissez autant à savoir si oui ou non vous aimez cette personne, c'est que vous êtes déjà tombé dans ses filets. Vous n'auriez même pas conscience de son existence, si vous ne ressentiez rien pour elle. »

De nouveau, Mariko se rapprocha de la rambarde et observa les alentours en laissant la brise la rafraîchir. Son attention fut rapidement attirée par un point lumineux qui clignotait par intermittence, disparaissant l'instant d'une seconde pour réapparaître celle d'après. Tout en plissant des yeux et se penchant vers l'avant, elle discerna une silhouette derrière cette lumière et un sourire vint tout de suite couvrir ses lèvres.

« Akashi-san, l'appela-t-elle joyeusement.

— Qu'y a-t-il ?

— Êtes-vous plutôt du genre à sauter dans l'arbre qui est à côté de nous, ou allez-vous plutôt entrer dans la salle et risquer de vous faire attraper par votre père ? »

Akashi fronça ses sourcils devant les propos tenus par cette femme. Il décida alors de la rejoindre et regarda à son tour ce qui avait beau tant attirer son attention, remarquant alors les clignotements incessants d'une lampe torche qu'on allumait et éteignait presque aussitôt. Ses yeux s'agrandirent davantage en reconnaissant les traits de cette personne à plusieurs mètres d'eux, éclairé quelques secondes par les flashs qu'il créait.

Plaquant sa main contre la rambarde, Akashi n'en crut pas ses yeux. Il calcula à toute vitesse les choix qui s'offraient à lui, entre le fait de rester à cette réception en compagnie de Mariko par obligation, ou rejoindre Kuroko qui de toute évidence était venu le chercher. Un autre souci se confronta tout de même à lui et il comprit ainsi la question que lui avait posée quelques minutes plus tôt la jeune femme. Leur étage était au premier et bien qu'il serait risqué de sauter de la rambarde, l'arbre qui se trouvait à leur droite était suffisamment proche pour qu'Akashi puisse y grimper et descendre en toute sécurité.

De plus, rentrer à l'intérieur pour sortir était du pur suicide ; son père ou même Shirogane, ou d'autres invités, risqueraient de l'interpeller pour discuter avec lui et ne le laisseraient jamais rejoindre la sortie. Et puis son père, qui l'avait toujours à l'œil, ne permettrait pas une telle chose non plus.

Pendant ce temps, les appels lumineux de Kuroko continuèrent, ne sachant même pas si Akashi pouvait le voir et maudissant les plans de Takao.

« Vous ne devriez pas autant faire attendre cette personne, Akashi-san. » Lui chuchota Mariko.

Bien qu'Akashi ne ressentait que l'envie de s'échapper de cette soirée pour retrouver Kuroko, ses pieds ne voulurent pas bouger. Il savait que s'il rejoignait Kuroko, s'il quittait la réception, ce choix signifierait beaucoup. Et au fond, il avait peur de cette signification. Mariko sembla remarquer le trouble qui déferlait à l'intérieur du rouquin, puisque elle déposa délicatement sa main par-dessus son bras, comme pour le rassurer. Un sourire tendre s'était formé sur ses lèvres, encourageant par son unique présence le réalisateur.

« C'est comme mon petit-ami qui a fait une scène pour que je ne vienne pas à cette réception, seulement ici votre ami vole à votre rescousse. C'est comme un preux chevalier venant sauver sa princesse. » S'amusa-t-elle à noter.

Sachant parfaitement quel rôle il tenait dans cette scène, Akashi n'arriva cependant pas à s'énerver contre les paroles de Mariko. Au fond, peut-être avait-elle raison. A son tour, un sourire amusé s'étira sur les lèvres en imaginant Kuroko en prince charmant, devant affronter un dragon pour sauver sa belle. Puis, sans plus le faire attendre, Akashi se dirigea vers le bord de la rambarde qu'il enjamba après avoir attrapé une branche solide.

Avant de disparaître toutefois, il se tourna rapidement vers Mariko qui l'observait avec des yeux pétillants. Rien que pour ce retournement de situation, elle était plus que ravie d'être venue à cette réception.

« Merci beaucoup pour notre conversation, elle m'a ouvert les yeux. Votre petit-ami est chanceux, confia-t-il.

— Merci à vous avant tout ! Amusez-vous et joyeux anniversaire, Akashi-san. »

Acquiesçant afin de remercier la jeune femme, Akashi s'enfonça dans l'arbre et malgré l'obscurité, il fit de son mieux afin de ne pas déraper. Voyant le sol se rapprocher de plus en plus, Akashi posa un peu trop durement son pied sur une branche qui se brisa lorsqu'il y déposa tout son poids, lui faisant ainsi perdre l'équilibre et le fit tomber à la renverse. Son dos rencontra durement le sol, et du haut du balcon, Mariko apposa sa main contre sa bouche alors qu'elle voyait les clignotements lumineux cesser et une voix inconnue rejoindre le réalisateur.

« Akashi-kun ? Appela Kuroko.

— Une minute… je crois que je me suis cassé quelque chose. »

Allumant la lampe que lui avait donnée Takao, Kuroko éclaira autour d'Akashi qui était resté allongé à même le sol. Le lycéen vérifia si le rouquin ne s'était pas blessé quelque part, le regard inquiet, tandis qu'Akashi l'observait avec la plus grande des attentions.

« Je ne vois rien d'étrange en tout cas… pouvez-vous marcher ?

— Bien sûr. »

Pour appuyer son affirmation, Akashi se redressa et fit quelques pas, mais son dos l'élança rapidement. Il dut le courber un instant, maugréant différentes injures avant d'entendre la voix de Mariko exagérément forte qui discutait avec Masaomi, l'interrogeant sur la soudaine disparition de son fils. Rapidement, Akashi attrapa le poignet de Kuroko et le colla contre l'arbre de sorte à paraître invisible aux yeux aiguisés de son père, la lumière de la lampe étant éteinte. Sa main vint ensuite recouvrir la bouche du bleuté en l'entendant pousser un cri de surprise, qu'il fit ainsi taire rapidement avant de coller son corps au sien.

« Akashi-san ? Il m'a dit chercher un de vos amis pour me le présenter, mentit Mariko.

— Il ne me semble pas l'avoir vu pourtant, insista Masaomi.

— Vous vous êtes sûrement croisés sans vous voir. »

Puis, les voix se firent de plus en plus basses avant de disparaître complètement. Mariko et son père avaient dû rentrer à l'intérieur, à sa recherche. Kuroko vint ensuite poser sa main contre celle d'Akashi pour lui demander de le relâcher, remerciant l'obscurité pour cacher ses rougeurs. Il se décolla par la suite de l'arbre après qu'Akashi ait repris ses distances et commença à s'éloigner du lieu de la réception avec cette fois-ci Akashi à ses côtés, qui ne tarda pas à lui demander où ils allaient et surtout ce qu'il pouvait bien faire ici.

« C'est une surprise, Akashi-kun.

— Une surprise ? Le reprit-il alors, intrigué.

— Ne me faites pas répéter, s'il-vous-plaît… C'était assez gênant de me trouver seul en bas à utiliser cette lampe. Heureusement que vous étiez sorti sinon je ne sais pas comment j'aurais fait. »

Ayant rejoint les rues éclairées par les lampadaires, Akashi pouvait désormais discerner les rougeurs sur les joues de Kuroko. Le bleuté prenait soin de marcher devant et surtout à ne pas porter son regard dans celui du réalisateur, alors qu'il était pourtant le premier à le regarder droit dans les yeux lorsqu'ils discutaient. Et au fond de lui, savoir Kuroko à ses côtés, ravit plus qu'il ne devrait le cœur d'Akashi. Il était tard et la majorité des personnes se trouvaient déjà en train de dormir, les élèves ayant cours le lendemain, et pourtant Kuroko était là. Il n'était pas à l'appartement de cet idiot, mais bel et bien avec lui.

« Tetsuya, l'appela-t-il doucement en approchant sa main pour faire s'arrêter le bleuté et lui parler sérieusement.

— Ah ! J'ai failli oublier. »

Brusquement, Kuroko se retourna pour lui faire face. Toute trace de gêne avait disparu de son visage et il chercha quelque chose dans son blouson. Ce qu'il en ressortit fit grimacer Akashi, ne comprenant définitivement plus la situation.

« Je dois vous couvrir les yeux avec cette cravate, Akashi-kun.

— Pardon ? Demanda-t-il, bien qu'il ait très bien entendu.

— Comme c'est une surprise, il faut que ça le reste jusqu'au bout. Faite-moi confiance Akashi-kun. »

Comme s'il s'agissait là de mots magiques, Akashi soupira bruyamment avant de rendre les armes. Il laissa ainsi Kuroko couvrir sa vision des choses, et bien que peu à l'aise de ne pas voir ce qui pouvait l'entourer, sa main droite fut bientôt recouvert d'une douce chaleur : Kuroko venait de la lui saisir afin de pouvoir le guider, sa voix le prévenant lorsque des obstacles se présentaient à eux.

De la sorte, Akashi ne sut combien de temps ils marchèrent. Il ne ressentit même pas les vibrations de son téléphone, son père cherchant sûrement à le joindre. Toute sa concentration résidait vers cette main qui entourait chaudement la sienne, lui faisant oublier la fraîcheur mordante de l'hiver et éloignant toutes pensées négatives de son esprit. Le trajet lui sembla même amèrement court lorsque Kuroko lui indiqua qu'ils étaient arrivés, leurs mains toujours liées. Akashi voulut retirer la cravate, puisqu'ils étaient arrivés à destination, mais Kuroko lui demanda une nouvelle fois de patienter.

Il entendit alors Kuroko toquer à une porte, et une voix parvint ensuite à leurs oreilles. La porte s'entrouvrit et Kuroko et cette personne discutèrent un instant avant de les laisser entrer, Akashi suivant les pas du bleuté en gardant sa main à l'intérieur de la sienne. Puis, le bleuté l'aida à retirer la cravate et peu à peu Akashi put voir ce qui l'entourait et reconnaître la voix qui les avait accueilli. Ses yeux s'agrandirent brusquement et son cœur eut un loupé lorsqu'il vit ses amis autour d'une large table basse dans le salon, où différents plats reposaient, ainsi que de nombreuses bouteilles qui attendaient l'invité d'honneur avant leur ouverture.

Contre leurs mains toujours liées, Kuroko sentit Akashi resserrer l'étreinte et abaissa un instant ses yeux pour les observer. Son visage s'empourpra en réalisant qu'ils se tenaient toujours par la main, mais son attention fut bientôt attirée par la voix enrouée d'émotion d'Akashi qui s'adressait à tout le monde.

« La cravate était-elle vraiment nécessaire ?

— Hé, je sais que t'es jamais venu chez moi mais ça immortalisera davantage cette soirée. » Assura Nijimura en venant engouffrer sa main dans ses cheveux.

Akashi se laissa faire, surprenant un court instant le scénariste avant qu'un large sourire n'apparaisse sur son visage et qu'il n'attrape le rouquin sous son bras pour intensifier son attaque. Il emmena de la sorte Akashi auprès de Murasakibara qui avait été invité, et qui avait fait un gâteau pour l'occasion, et Takao qui sans plus tarder ouvrit la première bouteille. Akashi s'installa par la suite à leurs côtés tandis que Kuroko était resté en retrait, préférant pour l'instant observer le tableau qui se dessinait sous ses yeux avant que Takao ne vienne le rejoindre pour lui proposer un verre, lui offrant un clin d'œil.

« Je suis mineur, Takao-kun.

— Et moi je te dis que demain, tu n'iras pas au lycée. »

Le non-sens de leur conversation amusa Kuroko, qui dut se résoudre à prendre le verre afin que Takao s'éloigne de lui. Toutefois avant de partir rejoindre les autres, Takao s'arrêta une nouvelle fois et se tourna vers Kuroko, un large sourire dessiné sur son visage.

« Tu vois quand je te disais que Sei-chan ferait n'importe quoi pour toi, j'avais pas tort ! »

Takao rit de ses propres paroles et alla servir tout le monde, laissant derrière lui Kuroko qui rougit de plus belle en se souvenant des mots que lui avait chuchoté à l'oreille le brun, ce jour où ils avaient mangé ensemble et que le compositeur lui avait exposé leur plan. Il agita toutefois sa tête sur les côtés afin de retourner sur Terre et retrouva ensuite tout ce beau monde, Nijimura se décalant afin de permettre à Kuroko de pouvoir se mettre à côté d'Akashi.

Comme c'était la première fois que le scénariste et le réalisateur fêtaient ensemble l'anniversaire de ce dernier, Nijimura s'en donna à cœur joie. Et Kuroko apprit ainsi qu'Akashi tenait plutôt bien l'alcool, surprenant même Nijimura plus heureux que jamais. C'était aussi la première fois que Kuroko voyait un pareil sourire sur le visage du rouquin ; sincère et radieux, tout le visage d'Akashi étincelait. Se laissant alors prendre par l'ambiance, Kuroko se joignit à leurs petits jeux et trinqua avec eux, écoutant les histoires d'enfance de Nijimura et d'Akashi qui normalement ne devaient jamais sortir de leurs souvenirs. Takao avait ainsi assurément plusieurs dossiers à ressortir pour les prochaines années. N'étant pas en reste non plus, Murasakibara raconta les quelques fois où Akashi s'était retrouvé en mauvaise posture à l'université, une période où Nijimura avait perdu de vue le rouquin.

Cette soirée haute en couleurs où tout le monde avait rejeté sa raison au loin, terminant une à une les bouteilles et picorant les mets apportés par Murasakibara et Takao, se déroulait à merveille. Lorsque toutes les assiettes furent vidées, le gâteau fut annoncé. Nijimura alla ainsi le chercher à la cuisine et Takao éteignit les lumières du salon, surprenant un instant le reste des convives avant de voir Nijimura revenir avec le dessert et les bougies qui illuminaient à elles seules toute la pièce. Takao se mit alors à chanter en l'honneur d'Akashi, et fut bientôt suivi par Nijimura et Kuroko, pendant que Murasakibara fredonnait simplement la célèbre chanson. Malgré que ses amis avaient l'air parfaitement ridicules et que ses oreilles le démangeaient, Akashi n'avait même pas la force d'émettre un commentaire ironique pour cacher sa gêne. Tout cela, toutes ces choses qui l'entouraient et dont il était en train de profiter, il n'en revenait pas. S'il n'avait pas sa fichue fierté, il les aurait très certainement tous remercié. Seulement, il était Akashi Seijūrō, et même avec de l'alcool dans le sang, il avait encore sa retenue légendaire.

Murasakibara fut ensuite chargé du découpage, à la régulière. Tout le monde faisant attention à ce que le pâtissier ne se prenne pas la plus grosse part en douce, et tout en grommelant du peu de confiance qui régnait dans cet appartement, Murasakibara prit soin à légèrement se donner une plus grosse part mine de rien. C'était à peine visible, surtout avec leur degré d'alcoolémie, mais il le savait et c'était tout ce qui importait.

« C'est n'importe quoi, soupira une nouvelle fois Akashi après que tout le monde se soit rassit.

— C'est votre anniversaire Akashi-kun. Et le premier que vous fêtez réellement avec vos amis. » Précisa par la suite Kuroko.

La main de l'adolescent vint de nouveau couvrir la sienne, le faisant diriger son regard vers ces dernières. Les paroles de Mariko lui revinrent alors à son esprit, ainsi que la signification du choix qu'il avait fait en rejoignant Kuroko. Pourquoi autant s'interroger s'il était ou non attiré par l'adolescent, quand en cet instant ce fait était pratiquement une évidence. Au bout de sa main, Akashi sentit son cœur battre.

Il décala alors sa main, espérant que Kuroko ne retire pas la sienne. Pendant un instant, les sourcils du lycéen se froncèrent, regardant tout comme Akashi leurs mains liées ensemble. Le changement de position effectué, Akashi eut à peine à écarter ses doigts pour que ceux de Kuroko s'y glissent naturellement. Akashi entendait les battements de son cœur jusqu'à ses oreilles, se demandant même un instant si les autres personnes qui l'entouraient ne les entendaient pas, et surtout Kuroko.

« Hé, Akashi. »

Sursautant légèrement, l'interpellé releva sa tête vers Nijimura qui lui tendait son assiette ; son sursaut ayant provoqué le resserrement de sa main contre celle de Kuroko, mais malgré tout, l'adolescent ne chercha pas à s'extraire de la prise.

Akashi récupéra alors l'assiette, la déposant ensuite devant lui avant de reporter son attention sur Kuroko qui reposait tout comme lui la part de gâteau qu'il venait de récupérer. Leurs mains toujours liées.

Le gâteau de Murasakibara était des plus délicieux, se retrouvant rapidement avalé avant que les jeux ne reprennent et que de nouvelles bouteilles virent leur contenu se vider à toute vitesse. Murasakibara fut le premier à tomber, ayant promis à Himuro de ne pas rentrer trop tard, et surtout sans être trop éméché puisqu'ils travaillaient le lendemain. Saluant tout le monde, Nijimura l'aida à entrer dans le taxi qu'il lui avait appelé.

Takao resta un peu plus longtemps, tenant plutôt bien l'alcool lui aussi, et essayant de savoir auprès d'Akashi si son père lui avait présenté une fille pour de possibles fiançailles. Après avoir lancé ce sujet, Akashi sentit la main de Kuroko se resserrer faiblement contre la sienne. De façon à peine visible, une légère pression qu'Akashi avait à peine ressenti, mais qui avait bel et bien existé. Il prit ainsi un certain plaisir à parler de Mariko Shirogane, et de la façon immédiate de comment la jeune femme avait rejeté ces fiançailles.

« Tu t'es pris un vent magistral, Sei-chan ! Se moqua à gorge déployée Takao.

— De quoi ? De quoi ? » Demanda Nijimura qui rentrait au même instant.

Se déchaussant à l'entrée, il releva ensuite son regard pour voir dans son salon ses invités tandis que Takao lui racontait l'histoire qu'il venait d'entendre. Nijimura ne manqua évidemment pas de remarquer les bras étrangement proches d'Akashi et de Kuroko, dont les mains se trouvaient cachées par sa large table basse. Cependant, le brun n'était pas stupide, et surtout pas né de la dernière pluie. Il sourit simplement davantage, écoutant l'histoire de Takao et ne loupant pas l'occasion de se moquer à son tour d'Akashi.

Puis, à contrecœur, Takao fut le suivant à quitter les lieux. Dans une vaine tentative, il demanda à Nijimura s'il ne pouvait pas dormir à tout hasard dans son appartement, même si c'était sur le sol, une couverture lui suffirait, mais le sourire glacial de Nijimura lui suffit comme réponse.

« En revanche vous deux, vous dormez ici, assura Nijimura sans même leur laisser le choix.

— Même si mon père est à mon appartement, nous pouvons toujours aller à…

— Tu dors ici. Pourquoi payer une chambre d'hôtel quand j'ai une chambre de libre ici, hein ?

— Donc le canapé est libre ? Enchaîna aussitôt Takao, des étoiles pleins les yeux.

— Toi, tu rentres chez toi. »

Takao grommela rapidement quelques mots tout en rangeant ses affaires, trouvant la situation injuste et maudissant les deux privilégiés qui se trouvaient sous son nez. Il les salua pourtant chaleureusement, boudant toutefois Nijimura qui ricana cependant de son attitude alors que Takao refermait la porte derrière lui. Ne se retrouvant plus que tous les trois à l'appartement de Nijimura, et toutes les bouteilles ayant été bien attaquées au préalable, le scénariste s'étira un instant avant de les observer avec un sourire amusé étiré sur ses lèvres.

« Quoi ? Demanda finalement Akashi face au regard insistant du brun.

— Oh rien. Vous préférez dormir ensemble ou je sors un futon ? Ou si tu le souhaites Kuroko, tu peux aussi venir dormir avec moi.

— Nous allons prendre ta deuxième…

— Je peux vraiment ? » Enchaîna Kuroko, tout en coupant la parole à Akashi.

Nijimura ne tarda pas à exploser de rire, la fureur qui venait de passer dans le regard d'Akashi à son intention avait été des plus magnifiques à voir. Le meilleur était le fait que Kuroko ne faisait pas marcher Akashi, mais il le faisait littéralement courir. En remarquant qu'il était entré dans le piège du bleuté, Akashi jura à voix basse tout en détournant les yeux. Le sourire amusé de Kuroko souffla pourtant avec une rapidité déconcertante sa mauvaise humeur passagère.

Ils commencèrent ensuite à ranger le plus gros, jetant les déchets et ramenant la vaisselle à la cuisine. Nijimura les emmena par la suite à leur chambre, rappelant plusieurs fois que les murs étaient fins et que sa chambre à lui se trouvait juste de l'autre côté du mur. Son insistance finit par agacer Akashi tandis que Kuroko continuait d'afficher son visage impassible, du moins, il s'en força. Depuis un certain temps Akashi et lui avaient cessé de se tenir la main, mais de toute évidence le scénariste s'était rendu compte de quelque chose.

Une fois dans la deuxième chambre de Nijimura, Kuroko observa Akashi qui retirait la veste de son smoking avant de s'attaquer à sa cravate. Pris dans le mouvement de la soirée, il n'avait même pas pensé à se mettre à l'aise. Il commença ensuite à retirer les premiers boutons de sa chemise et se relâcha complètement, se sentant définitivement mieux ainsi.

L'ambiance subitement pesante attira l'attention d'Akashi, qui se retourna en direction de Kuroko qui regardait ses pieds avec une soudaine grande concentration.

« Je ne vais pas te sauter dessus, n'aie pas peur, tenta-t-il de le rassurer.

— Ce n'est pas ça… tout à l'heure… »

Rapidement, Akashi eut rejoint Kuroko et lui fit face. Le bout de ses doigts vint recouvrir la bouche du bleuté, qui agrandit ses yeux sans pour autant chercher à s'extraire de la douce emprise.

« Nous en parlerons un autre jour, d'accord ? Simplement ce soir, laissons-nous porter. »

Aux paroles d'Akashi, Kuroko acquiesça pour témoigner son accord. Le rouquin fit ainsi glisser sa main délicatement sur la joue du lycéen, tout en lui souriant d'un petit sourire que Kuroko découvrit pour la première fois. C'était discret, presque invisible, mais il transcrivit tout le bonheur dans lequel nageait actuellement Akashi. La main du réalisateur s'éloigna ensuite de son visage et il continua de se déshabiller, retirant dès à présent ses chaussures et son pantalon. Il ne resta bientôt sur son dos que sa chemise déboutonnée des trois premiers boutons et son caleçon. Kuroko ne parvint pas à détacher ses yeux de la silhouette d'Akashi, même quand celui-ci rejoignit le lit et couvrit son corps par la couverture.

« Tu comptes dormir habillé ? »

La question d'Akashi, qui n'en était pas vraiment une, suffit comme déclic à Kuroko, qui commença à retirer sa veste puis ses chaussures. Il sentit néanmoins le regard d'Akashi contre son corps et ses joues s'enflammèrent. Bientôt, ses mains attrapèrent la ceinture de son pantalon, tremblant légèrement.

« Akashi-kun…

— Oui ?

— Pouvez-vous détourner le regard s'il-vous-plaît ? C'est gênant, avoua-t-il d'une voix faible.

— Tu penses que je ne me suis pas senti gêné quand tu me regardais toi aussi ? » Se moqua aussitôt le rouquin.

Il put ainsi assister à l'ébullition du visage de Kuroko et décida alors de lui venir malgré tout en aide. Il se retourna alors, montrant son dos à Kuroko sans toutefois étouffer le rire qui lui avait pris. Étant dorénavant sûr qu'Akashi ne le regarderait pas, Kuroko retira à son tour son pantalon et rejoignit le réalisateur dans le lit. La nouvelle intrusion fit alors se tourner Akashi une seconde fois, faisant désormais face à Kuroko qui enterrait son visage dans l'oreiller. L'attitude gênée et mal à l'aise du lycéen l'amusa beaucoup, mais il refréna cependant ses envies de le taquiner.

Cela ne servait à rien de le braquer plus qu'il ne l'était déjà.

« J'éteins la lumière, annonça-t-il avant que le noir ne remplisse subitement la chambre.

— Akashi-kun, murmura doucement Kuroko.

— Oui ?

— Joyeux anniversaire. »

Malgré l'obscurité ambiante, les rayons lunaires qui filtraient des rideaux permirent à Akashi de discerner le sourire heureux que lui offrit Kuroko. Devant une expression pareille, et depuis longtemps, son cœur fit un gigantesque looping qui lui fit aussitôt enterrer son visage dans l'oreiller, à son tour. Comment c'était possible d'être aussi adorable et attirant en même temps ?

Le son étouffé fit froncer les sourcils de Kuroko, qui se redressa légèrement tout en se rapprochant du côté du rouquin.

« Akashi-kun ? L'appela Kuroko, inquiet.

— J'ai trouvé… le cadeau que je veux.

— Qu'est-ce donc ? »

La question naïve de Kuroko fit étirer un sourire sur les lèvres d'Akashi, qui fut dissimulé à l'intérieur de l'oreiller dans lequel il était toujours enterré. Puis, roulant sur le côté, Akashi se retrouva à faire face à Kuroko tout en ayant son dos allongé contre le matelas. Sa main quitta la chaleur de la couverture pour en ressortir et venir caresser du bout de ses doigts la joue du bleuté, l'habituant dans un premier temps à ce léger contact afin de tester ses limites.

D'abord surpris par la caresse du réalisateur, Kuroko se raidit. Il se détendit toutefois au fur et à mesure que les doigts d'Akashi remontaient et descendaient contre sa joue, fermant un instant ses yeux pour profiter du contact. Akashi crut même entendre un léger soupir d'aise s'échapper des lèvres de Kuroko.

Puis, légèrement, comprenant qu'il avait l'accord du jeune homme, ses doigts migrèrent lentement de la joue de Kuroko pour effleurer le bout de ses lèvres et y tracer leurs contours. Comprenant petit à petit où voulait en venir le rouquin, Kuroko rouvrit ses yeux mais ne s'échappa pas pour autant. La demande silencieuse était pourtant claire, mais l'esprit de Kuroko s'était mis en arrêt. Le réalisateur lui demandait-il réellement cela ?

Au fur et à mesure que les secondes s'enchaînaient et que Kuroko se rendait de plus en plus compte du cadeau que quémandait Akashi, son cœur s'accéléra encore et encore. Il atteignit même une cadence jusqu'alors méconnue par le plus jeune, qui se sentit rapidement fébrile. Son corps commençait à avoir chaud, trop chaud.

« As-tu compris ou je dois le dire ? » Souffla doucement Akashi, sa voix n'étant qu'un simple murmure dans la pièce.

Kuroko agita sa tête sur les côtés, la main d'Akashi retournant caresser sa joue.

Se laisser porter par les événements, juste profiter de l'instant, ces paroles tournèrent dans l'esprit de Kuroko. Les rayons de la lune éclairaient le visage d'Akashi, lui apportant une beauté presque mystique. Ses yeux ressortaient plus que jamais dans la noirceur de la pièce, l'attirant plus qu'à l'origine. Tout ceci accompagné par la main d'Akashi, qui continuait d'effleurer agréablement sa joue, était le plus doux des encouragements qu'il n'avait jusqu'alors jamais reçu.

Kuroko ferma les yeux. Il avait décidé de laisser sa raison derrière lui et se pencha dès lors pour poser ses lèvres contre celles du réalisateur. Une simple pression ; une caresse aussi éphémère que le battement d'ailes d'un papillon.

Contre ses lèvres, il sentit Akashi sourire. Se décalant légèrement, Kuroko put sentir le souffle du rouquin lui chatouiller le visage, apportant une légère fraîcheur qui n'était pas de refus en vue de son rougissement excessif. Puis, la main d'Akashi qui était restée jusqu'alors contre sa joue vint recouvrir sa nuque et y appliquer une légère pression qui fit de nouveau se pencher l'adolescent. Leurs lèvres se retrouvèrent, se rencontrant une nouvelle fois pour en apprendre davantage sur leurs compères. Tout restait chaste, de simples baisers aériens qui pourtant ravissaient plus que jamais les deux acteurs de cet échange candide, d'une pureté bercée par les rayons de l'astre lunaire.

Une douce chaleur s'était emparée de leur corps, oubliant les effluves d'alcool qui avaient rempli la pièce, leur esprit se focalisant simplement sur les sensations que leur procuraient ces baisers et les fourmillements qui avaient atteint leur corps. Pour la première fois, Kuroko ne pensa pas si ce qu'il était en train de faire était une erreur. Tout se trouvait derrière lui, rien d'autre n'importait. Tout ce qui comptait, c'était lui et Akashi, et ce bien-être qui avait envahi son corps engourdit.

Les deux hommes s'éloignèrent finalement, pour mieux se regarder. A l'intérieur de la chambre, un rire léger vit le jour et Kuroko fut ébloui par l'expression du réalisateur.

« Si l'année prochaine est comme celle-ci, j'ai hâte de fêter mon prochain anniversaire. »

Leurs mains liées l'une à l'autre, Kuroko fut plus que ravi d'entendre ces mots. Il se rapprocha rapidement d'Akashi, son visage contre le torse de ce dernier, et en huma l'odeur. Les bras du rouquin l'entourèrent par la suite, le rapprochant davantage contre lui. Ce fut ainsi que Kuroko comprit. Cela ne servait plus à rien de lutter ni même de se mentir, il savait dès à présent que sa place se trouvait entre les bras d'Akashi et qu'il désirait continuer à voir ce dernier évoluer, le voir s'ouvrir davantage à la société qui lui tendait les bras, mais surtout de continuer à être capable de se rapprocher de lui.

Fermant les yeux pour se laisser emporter par les bras de Morphée, il ne s'était jamais senti aussi heureux qu'en cet instant.