Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? Tout d'abord, je vous souhaite une bonne année et j'espère que vous avez tous été gâtés à Noël ! Pour ma part, je réfléchis très sérieusement à entrer en mode hibernation vu comment il fait froid ces derniers temps ç_ç J'aime pas le froid et sachez que même en été, il m'arrive de porter une petite couverture sur les épaules.

Enfin je ne vais pas vous embêter plus longtemps et je vous livre cette fois-ci le chapitre 29 de cette fiction, qui maque un tournant décisif à sa façon, que ce soit pour la relation AkaKuro ou pour notre petit Kise ;) Je vous souhaite à tous une excellente lecture ! Un grand merci à Erizu-sama pour sa correction.

Réponses aux reviews :

Une fan : Bienvenue à toi et merci beaucoup pour ton commentaire :) Je suis contente que le chapitre 28 t'ait plu et que la scène du baiser ait su te satisfaire mouahaha. Mais tu apprendras bien vite que Masaomi n'est pas le plus à craindre quant à la relation AkaKuro, pour les prochains jours ;) Je te remercie en tout cas pour tes compliments sur mon style d'écriture et je suis ravie que celui-ci te plaise et que tu prennes plaisir à me lire. Je ne peux pas mieux demander ! Pour ce qui est du temps que ça me prend, quand on aime on compte pas (ou plutôt quand on écrit, on voit réellement pas les heures défiler xD) Encore merci et je te souhaite une bonne lecture!

LUCKY02 : Bienvenue à toi et merci pour ton commentaire, je suis ravie d'apprendre que tu apprécies comment la fiction est structurée ainsi que le scénario. Mais c'est vrai que j'y vais pas doucement avec Kagami, le pauvre bout de chou... en tout cas j'espère que ce chapitre 29 te plaira et je te souhaite une bonne lecture !

IlonaDark : Bienvenue à toi et merci beaucoup pour ton commentaire, et surtout ton engouement pour avoir lu 28 chapitres en une seule journée XD Merci beaucoup pour tes compliments ! Je suis ravie que tu ne la trouves pas clichés par moment, comme c'est souvent ce que tout auteur cherche à éviter. Et puis comme certain d'entre vous, je fais partie aussi des personnes qui apprécient voir que les choses prennent leur temps pour évoluer, alors quoi de mieux de le faire moi-même en écrivant une histoire là-dessus xD La romance, c'est pas si facile que ça en a l'air parfois, et avec cette histoire je voulais insister sur ce point, entre autre. Ce chapitre saura en tout cas te répondre sur ce retour à la réalité et ce qui adviendra du AkaKuro, bonne lecture et encore merci !

Momoi-san : Et oui, enfin le petit bisou tant attendu ;) Pour ce qui est de la réaction de Masaomi quant à la disparition de son fils, le suspens ne sera pas bien long puisque tout est à l'intérieur de ce chapitre. Je te laisse découvrir cela niark niark. Mais pour Takao, t'inquiète pas que je me le demande aussi parfois et pourtant c'est moi qui le fait interargir dans cette fiction xD Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

ryoko : Je suis ravie d'apprendre que le chapitre t'ait autant plu, je peux pas demander mieux ! J'espère que ce chapitre te plaira tout autant et je te souhaite une bonne lecture !

Laura-067 : T'inquiète pas, avec ce chapitre Kagami devra cesser de souffrir autant, du moins il arrêtera de faire les montagnes russes ;) Pour le reste, entre Akashi et Masaomi, ça va bien sûr barder mais je te laisse découvrir cela en temps et en heure ! Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

LWSabaku : Et oui, mieux vaut tard que jamais mais ils se sont enfin embrassés ! Ouvrez les bouteilles de champagnes haha. En vérité, Akashi a du coup 24 ans maintenant, j'ai juste arrondi en exagérant un peu ^^' Mais pour le soucis d'âge que tu soulignes, ce sera bien sûr traiter mais ne t'inquiète pas, je ne suis pas une adepte des bad end ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

mower : Et oui enfin ;) Ils se sont enfin embrassés ! Et ne t'inquiète pas, je vous ai pas fait attendre 28 chapitre pour qu'ils jouent encore au chat et à la souris xD Je ne suis pas aussi sadique haha. Mais je suis contente que tu aies apprécié le moment où Akashi a quitté la réception, car moi-même j'adore particulièrement ce passage. Je trouve qu'il marque quelque chose de déterminent pour la suite, et bien que le baiser le fait aussi à sa façon, je trouve qu'il y a plus d'impact quand Aka se sauve :) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Rin Yumii : Bienvenue à toi et merci d'avoir cédé à la tentation haha et que le chapitre 28 t'ait autant plu. J'espère que ce chapitre te satisfera tout autant et je te laisse découvrir ce qu'il a proposé ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

nistley : Tu as parfaitement résumé ce que je cherchais à transmettre avec cette fiction ! En effet, j'apprécie moi aussi quand tout se dessine lentement et doucement, jusqu'à LE moment comme tu dis. Je trouve que c'est plus poignant et réaliste que lorsque tout va trop vite. Et oui, je dois reconnaître que je me suis amusée avec Mariko et que je voulais contourner le cliché de la fille qui arrive comme un cheveu sur la soupe ;) En tout cas merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

morissete : Bienvenue à toi et merci pour ton commentaire ! Je suis ravie que le chapitre 28 t'ait plu et je te laisse découvrir comment les choses ont-elle évolué au réveil des personnages ;) Je te souhaite une bonne lecture !

loclo4 : Bienvenue à toi et merci pour ton commentaire ! Et oui enfin le bisou tant attendu ;) Merci encore et je te souhaite une bonne lecture !

slach-nono : Bienvenue à toi et merci pour ton commentaire ! Je n'ai plus qu'à faire un chapitre encore meilleur que le chapitre 28 ;) J'espère en tout cas que celui-ci te plaira et je te souhaite une bonne lecture!

ellie27 : Haha je suis contente que le chapitre 28 t'ait autant plu :D Merci beaucoup pour ton commentaire qui en tout cas m'a fait bien sourire, je suis ravie d l'engouement que ce fiction te procure. Mais en effet, c'était pas vraiment la journée d'Akashi et Kuroko, mais je crois qu'on peut dire qu'elle s'est bien terminée nan ? xD Encore merci et je te souhaite une bonne lecture !

kama-chan59 : Et oui, le bisou est enfin arrivé ! :D Je suis contente en tout cas que tu es adoré ce chapitre, ça me fait plaisir. Je te souhaite une bonne lecture !

aakaraly maariigul : Et oui, mieux vaut tard que jamais de toute façon ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !


Le Papillon

Scène 29


Il est mon amant, mon compagnon, mon ami, tous ces mots qui signifient qu'il n'y a pas d'amour.

Véronique Olmi.


Depuis quelques jours, Kise ne décrochait pratiquement plus son attention de son téléphone. Son manager s'était débrouillée pour lui dégoter quelques auditions dans des séries télévisées. De sorte qu'il avait particulièrement travaillé les répliques qui lui avaient été fournies, en s'entraînant dans sa chambre sur son jeu d'acteur mais aussi sur sa gestuelle, afin de pouvoir présenter sa performance lors des castings aux recruteurs. Kise avait pu ainsi passer quelques castings, goûtant à nouveau à cette adrénaline qui l'avait parcouru lorsque la caméra s'était posée sur lui. Seulement, ses efforts et ses espérances retombaient à chaque fois que ses yeux lisaient la réponse négative que lui envoyaient les agents de casting.

Son profil ne correspondait pas avec le rôle pour lequel il s'était présenté ou, la raison qui l'énervait contre lui-même, il avait encore trop de fragilité dans son jeu d'acteur pour être capable d'obtenir le rôle. Kise fronça ses sourcils tandis qu'il se souvenait de ce jour où l'un des agents lui avait conseillé de prendre son temps, d'approfondir son jeu et d'obtenir ainsi plus d'expérience avant de se présenter à une nouvelle audition. En soi, cet homme avait voulu lui prodiguer des conseils afin de l'aider à s'améliorer et ne pas s'entêter inutilement, mais Kise ne voulait pas s'y résoudre.

A son âge, Kise Ryūnosuke, son père défunt, avait déjà plusieurs rôles à son actif. Kise était conscient que ce n'était pas une course, qu'il avait encore toute la vie devant lui, mais il ressentait le besoin de faire ses preuves le plus rapidement possible. Il était en train d'étouffer, de suffoquer à cause de l'ombre imposante que son père pesait contre ses épaules et qui l'empêchait de se tenir droit et fier.

Il avait besoin d'obtenir un rôle de toute urgence.

Un soupir chargé d'émotion finit par traverser la barrière de ses lèvres tandis que ses maquilleuses quittèrent leur plan de travail et sortirent de la pièce. Ses yeux caramels se relevèrent alors en direction du miroir en face de lui, apercevant de la sorte son reflet embelli par le maquillage. Diverses questions occupèrent son esprit, se demandant alors ce qui pouvait bien clocher chez lui pour être incapable de décrocher même un second rôle, ou même simplement un rôle en tant que figurant. Était-il à ce point incapable de jouer ?

De nouveau, Kise soupira et attira de ce fait l'attention du mannequin qui s'était faite maquiller en même temps que lui. Aujourd'hui, il avait un shooting avec justement la demoiselle à ses côtés, qui releva ses yeux de son magazine pour l'observer avec intérêt.

« Un problème, Kise-kun ? S'inquiéta-t-elle en remarquant son attitude morose.

— Ayumicchi… Comment tu as fait pour décrocher ton premier rôle ? »

Sa voix implorante fit s'étirer un sourire gêné à la jeune fille, qui se remémora son tout premier casting où elle était pourtant parvenue à décrocher le premier rôle. Son expression se voila subitement et elle abaissa son menton, laissant ses cheveux couvrir une partie de son visage. Tout le monde idéalisait le monde du mannequinat ou même celui des acteurs, le showbiz rempli de paillettes faisait briller les yeux des petites filles ; après tout elle avait été l'une d'entre elles, rêvant depuis son plus jeune âge de devenir comme ses actrices préférées et pouvoir un jour jouer aussi bien qu'elles, pour étinceler comme elles derrière une caméra.

Malheureusement, le showbiz n'était pas un monde où tout était rose et merveilleux ; les faux-semblants et les manipulations régissaient cet univers. Il fallait simplement obtenir les bons contacts et savoir jouer avec ces derniers. Il existait beaucoup de raccourcis pour obtenir plus rapidement l'objet convoité, mais comme partout il fallait savoir y mettre le prix ou bien donner de sa personne.

« Beaucoup de personnes ne sont pas des exemples à suivre Kise-kun… et j'en fais partie. » Avoua-t-elle faiblement alors que ses mains vinrent frotter contre ses épaules.

Kise fronça ses sourcils en remarquant avec quelle manière sa partenaire de shooting semblait se recroqueviller sur elle-même.

« Il existe des personnes qui peuvent te faire grimper plus vite que n'importe qui, mais on ne te reconnaîtra jamais pour ton talent. Tu deviendras simplement un sujet de railleries et tu perdras à jamais toute crédibilité. » Révéla-t-elle afin de dissuader son collègue d'emprunter le même chemin qu'elle.

Seulement, comme beaucoup de personne, Ayumi ne savait pas que Kise fréquentait déjà ce genre de personne un peu plus tôt sous-entendu. Imayoshi n'était assurément pas une personne à laquelle on s'adressait et qu'on demandait l'aide pour simplement le payer, même si cela pouvait concerner des sommes astronomiques. Cela n'intéressait en rien son acolyte qui possédait déjà de belles sommes d'argent sur ses différents comptes en banque.

Ayumi ne sembla pas vouloir lui en dire plus, retournant lire son magazine tandis que Kise se retrouva plongé dans ses pensées. Les personnes comme Imayoshi ne penchaient évidemment pas dans la balance des personnes respectables, n'agissant clairement pas dans la lumière des projecteurs et n'œuvrant pas non plus pour le bien de tous. Cet homme en particulier marchait plutôt au chantage, ou d'une façon plus distinguée de le dire : au marchandage. Il appréciait récolter des informations croustillantes sur ses proies afin d'en user convenablement et à des fins purement personnelles.

Finalement, Kise se savait à peu près bien tombé. Des personnes de la trempe d'Imayoshi utilisaient d'autres techniques pour accélérer son ascension et Ayumi semblait avoir traversé l'un des plus redoutables, le malaise qu'avait soudainement ressenti la jeune fille permit du moins à Kise de songer à une possibilité, afin d'en expliquer la cause. C'était une chose connue parmi les mannequins ; une solution vieille comme le monde qui se reposait sur les charmes d'une personne et comment celle-ci les utilisait. Parfois cela allait simplement d'escorter les personnes influentes telles que les agents de casting ou, en visant directement plus haut, les scénaristes et les réalisateurs en soirée ou aux restaurants. D'autres, en revanche, offraient leur corps en échange d'un rôle. Kise observa discrètement Ayumi qui rabattit au même instant une nouvelle page, loin d'être attentive à sa propre lecture ; visiblement c'était le cas pour la jeune femme.

Dans le showbiz, il était possible de charmer une personne afin d'obtenir des avantages. Un jeu de séduction dans lequel Kise ne ressentirait aucune difficulté, puisqu'il n'avait aucun mal à entretenir une conversation et se lier facilement à autrui. Ce n'était qu'un rôle après tout, un instant où il se transformait et devenait un séducteur, qu'importe la personne qui lui ferait face. Cependant, il refusait d'agir de la sorte hors caméras ; il n'était pas le genre de personne à tromper son entourage sur ses intentions.

Du moins, c'était ainsi qu'il se considérait avant de devoir croiser la route d'Imayoshi.

A son tour, il retourna son attention sur son téléphone. Son amitié avec Aomine était factice et il ne l'avait approché que pour gagner sa confiance et ainsi pouvoir se rapprocher de sa famille. De son père ; avant tout le chef général des forces de l'ordre. Évidemment pour un homme de la trempe d'Imayoshi, œuvrant dans l'obscurité et à l'opposé même des principes instaurés par la police, toute information croustillante à l'égard du père d'Aomine, pouvant le décrédibiliser aux yeux de tous, se trouvait être une chose importante à savoir.

Personne n'est ni tout blanc, ni tout noir. Le chef de la police n'a sûrement pas atteint son poste en gardant les mains propres.

La chose qu'attendait Imayoshi de sa part, la raison pour laquelle il lui venait en aide, était qu'il entoure la famille Aomine. Il devait se rapprocher du fils pour ensuite rejoindre le pèreet en apprendre davantage sur ce dernier, même si pour cela il devait trahir la confiance d'Aomine. Finalement, qu'est-ce qui était plus important pour lui : une amitié comme il pourrait trouver ailleurs ? Ou parvenir à battre son père sur son propre terrain et montrer à tout le monde qui est réellement Kise Ryōta ?

Mais tu sais, peut-être que ton père n'est pas aussi blanc que tu le penses.

Un rire inquiétant avait pris Imayoshi ce jour où il avait fait sa rencontre. Kise se souvenait parfaitement du frisson glacial qui avait traversé son épiderme face aux yeux entrouverts de son interlocuteur, qui avait sifflé ces paroles remplies de venin, semant à grande vitesse le doute dans chaque coin de son être. Finalement, le succès de son père pourrait aussi bien reposer sur des manigances, ou encore des jeux de séduction, dans lequel il en serait ressorti vainqueur et avec un rôle à la clé.

Peut-être que son père était de la même trempe qu'Ayumi et tant d'autres. Cet homme, qu'il avait à la fois tant adulé et tant détesté, pouvait finalement n'être qu'un mirage. Au fur et à mesure que cette idée malsaine plantait ses racines dans son esprit pour ne plus s'y déloger, les yeux de Kise perdirent de leur superbe et s'assombrirent petit à petit. Pourquoi devait-il sagement attendre qu'une personne veuille bien de lui ? Après tout dans la vie, du moment qu'une personne désirait fermement quelque chose, n'était-il pas normal qu'elle donne tout afin de l'obtenir ?

Tout en observant, sans réellement y faire attention, son reflet dans le miroir, Kise se dit que finalement ce n'était pas une si mauvaise idée que ça. Sans forcément aller jusqu'à vendre son corps pour un rôle, il pouvait aisément jouer de ses charmes. Il n'aurait car voir cela comme un rôle, un enjeu amusant à relever et gratifiant.

-x-x-x-

Pour Akashi, le réveil fut des plus difficiles. C'était comme si une personne s'amusait à jouer des cymbales à l'intérieur de sa tête, perpétuant la désagréable mélodie malgré son agonie. Comme chaque personne un lendemain de soirée, Akashi se promit silencieusement de ne plus toucher à l'alcool avant un certain temps et remua un instant dans le lit. Les souvenirs de la veille lui remontèrent en mémoire et un sourire discret se forma sur le coin de ses lèvres. Il savait que la prochaine fois qu'il verrait son père, il allait sûrement entendre ses oreilles siffler, mais encore un peu, il voulait encore profiter de cet instant juste un peu plus.

Deux voix de l'autre côté de la porte le firent pourtant dresser l'oreille, remarquant ensuite le vide qui occupait l'autre côté du lit. Le regard dirigé vers l'emplacement qu'avait utilisé Kuroko pour dormir, un sentiment de solitude s'empara de son cœur. Se réveiller aux côtés du bleuté avait été une pensée agréable, mais Kuroko semblait s'être réveillé le premier et avait quitté le lit.

Sa main vint recouvrir par la suite son visage tandis qu'il se rappelait de la veille, de sa main tenant celle de Kuroko et de leurs baisers échangés. C'était la première fois qu'il embrassait un autre homme, mais plus que ça, c'était la première fois qu'il avait ressenti l'envie d'être encore plus proche d'une autre personne. Une proximité que de simples amis ne pouvaient atteindre.

Se décidant finalement à sortir du lit à son tour, Akashi ouvrit la porte pour ensuite voir Nijimura en train de déjeuner dans la cuisine. A son arrivée, sans poser la moindre question, Nijimura lui tendit un verre d'eau ainsi qu'un cachet d'aspirine qu'Akashi prit sans la moindre hésitation. Son regard parcourut ensuite l'appartement du brun à la recherche d'une silhouette. Il était certain d'avoir entendu une autre voix que celle de son ami.

Le voyant faire, Nijimura plaça son menton dans le creux de sa main et ainsi masquer son sourire grâce à celle-ci.

« Kuroko vient de partir. Son petit-ami l'a appelé mort d'inquiétude. »

Akashi redirigea son attention vers Nijimura. Il s'attendait à ce que le brun lui pose des questions, mais le silence avait déjà recouvert la pièce et le scénariste ne faisait que le regarder.

« Bien dormi ? Finit tout de même par demander Nijimura.

— Je me tiendrais simplement éloigné des bouteilles pendant un certain temps. » Maugréa-t-il.

Il n'était pas difficile à comprendre que Nijimura attendait que ce soit lui qui entame le sujet et que sa précédente question n'était que pour ouvrir la conversation. Akashi n'avait aucune idée de ce qu'avait pu dire Kuroko avant lui, ou si même le bleuté en avait discuté avec l'adulte. Il ne pouvait que supposer. Ainsi durant le temps où le rouquin réfléchissait à toutes les éventualités possibles, Nijimura continua de l'observer avec une attention particulière.

Kuroko ne lui avait rien dit, mais les rougeurs présentes sur ses joues avaient parlé pour lui. Son regard fuyant ayant fini de le vendre par la suite. Quelque chose s'était passé dans sa chambre et l'appel de son petit-ami lui avait simplement permis de s'enfuir et d'échapper à son interrogatoire. Toutefois, à présent, Akashi se trouvait en face de lui et Nijimura avait toujours la possibilité d'obtenir le fin mot de cette histoire. La tâche ne serait pas aisée, faire cracher le morceau à Akashi allait être difficile, mais Nijimura était optimiste.

« Que veux-tu savoir ? »

Sur le coin de ses lèvres, son sourire s'élargit bien qu'il resta caché par sa main couvrant la partie inférieure de son visage. Nijimura se redressa alors, feignant la surprise avant de croiser ses bras contre sa table.

« Vous sembliez drôlement proches au cours de la soirée, avec Kuroko, confia-t-il en se remémorant les épaules rapprochées des deux garçons et leurs mains cachées par sa table basse.

— Et donc, quelle est ta question ? Se répéta Akashi, loin d'être ravi d'être interrogé de la sorte.

— Tu t'intéresses à lui finalement ? Ou c'était l'alcool ? »

Comme si la précision était nécessaire, l'insistance de Nijimura sur ce point fit soupirer Akashi. Le réalisateur laissa ensuite son regard dévier jusqu'à sa main qui avait tenu celle de Kuroko, une sensation de froid occupant à présent cette partie de son corps qui réclamait la présence de sa compère. Un picotement désagréable qui poussa Akashi à refermer ses poings et retourner son attention vers Nijimura.

« Si j'ai décidé de quitter la réception de mon père pour suivre Kuroko, n'est-ce pas évident ? Répondit-il finalement.

— Ce que j'ai surtout envie de savoir c'est : est-ce que tu es sérieux à son propos ? »

Akashi fronça ses sourcils. Est-ce qu'un jour il ne s'était pas montré sérieux lorsqu'il entreprenait quelque chose ? La question de Nijimura le blessait et il plissa alors ses yeux, faisant comprendre à son interlocuteur qu'il se trompait. Nijimura laissa alors tomber sa tête vers l'avant, les mèches de ses cheveux gigotant de droite à gauche au mouvement de sa tête. Puis, le brun se redressa et partit regarder ailleurs tandis que sa main vint retrouver la base de son cou, se le grattant tandis qu'un sentiment d'inconfort se répandait dans son corps.

« Je ne suis pas le mieux placé pour parler de fidélité… mais est-ce vraiment raisonnable ? Kuroko sort déjà avec un autre.

— Leur couple bat de l'aile, révéla aussitôt Akashi.

— Ce n'est pas une raison… Il est sorti immédiatement après avoir raccroché. S'il ne tenait pas à lui, il serait resté avec nous. »

Sans passer par quatre chemins, Nijimura expliqua les faits. Ses paroles n'étaient pas blessantes, en réalité il ne cherchait qu'à protéger le rouquin et lui éviter de s'engager dans une relation qui pourrait tout autant le blesser lui que Kuroko. Lui-même avait plusieurs fois entretenu des relations avec des femmes mariées, ou simplement aux bras d'un autre homme. Il était ainsi le mieux placé pour connaître les ravages qu'une relation adultère instaurait.

Aucun n'en ressortait sauf.

« Et tu penses sérieusement que ton père validera cette relation ? » Finit par demander Nijimura, comme son ultime argument.

Le silence retrouva ses droits. Akashi savait qu'il avait raison, que jamais son père ne permettrait une telle chose ; après tout, cet homme s'était déjà invité chez la famille Kuroko pour discuter de ce fait, et bien que finalement il appréciait la personnalité du lycéen, ça s'arrêtait là.

« Si tu as compris, réfléchis-y sérieusement s'il-te-plaît.

— Pourquoi me dire tout ça ? Tu ne devrais pas plutôt être content et m'encourager ? Interrogea Akashi d'une voix froide, laissant comprendre son agacement.

— Si tu décides de continuer, je te soutiendrais. Je serais toujours de ton côté Akashi, même si comme à présent tu as tort.

— En quoi j'ai tort ? Répéta-t-il, son ego ayant été touché.

— Réfléchis à la situation dans laquelle se trouve Kuroko et ce que tu lui apporteras si vous sortez finalement ensemble. Si tu lui apportes plus de mal que de bien, cette relation vous détruira. »

Akashi était conscient que Nijimura se comportait de la sorte pour son bien, mais il ne pouvait empêcher un sentiment emplit de colère de faire trembler son corps. Il n'avait jamais apprécié qu'on lui fasse la morale, qu'on le remette à sa place ; ça lui était insupportable. Quelques heures auparavant, c'était si simple, il avait arrêté de réfléchir et s'était laissé porter par le mouvement. Cependant, la réalité l'avait rattrapé de plein fouet et le mettait dès à présent au pied du mur.

Ils avaient besoin d'en parler avec Kuroko, de savoir où ils en étaient et surtout savoir si un futur ensemble était envisageable. Une nouvelle peur naquit néanmoins dans le cœur d'Akashi, qui se souvint que pour l'instant Kuroko dormait chez Kagami. Et si finalement cette opportunité allait permettre au couple de se retrouver, de devenir plus fort, et que Kuroko se sente plus à l'aise avec Kagami à ses côtés ?

Akashi sentit son cœur battre douloureusement à l'idée de ne plus revoir Kuroko. Ce n'était pas possible. L'adolescent devait revenir à son appartement et ils devaient reprendre leur quotidien. Il ne pouvait pas laisser le jeune homme à Kagami, plus à présent. Toutefois, Akashi fut rapidement arraché à ses pensées par son téléphone qui indiqua qu'un de ses contacts chercha à le joindre.

Un instant, il regarda l'appareil et le nom de l'appelant. Nijimura sembla remarquer son trouble et vint poser sa main contre son épaule, comme pour le soutenir, tandis qu'il le dépassait pour rejoindre son évier et commencer à faire la vaisselle.

Inspirant longuement avant de décrocher, Akashi répondit à son père. La voix polaire et visiblement fortement agacée de son père ne l'étonna pas, il s'était attendu à se faire agresser par son paternel le lendemain. De sorte que pour l'instant, il ne pipa mot et accepta simplement de retrouver cet homme à son appartement sous les plus brefs délais. Akashi se tourna ensuite vers Nijimura et prit congé, le remerciant une dernière fois pour la soirée avant de mettre son manteau et d'appeler un taxi.

De nouveau seul, Nijimura cessa un instant de faire la vaisselle et leva ses yeux vers son plafond. Il connaissait suffisamment le rouquin pour savoir que ce dernier pouvait se montrer excessif ; tel un enfant unique qui n'a jamais été privé de quoi que ce soit et qui a toujours pu obtenir ce qu'il désirait sans le moindre effort. Au fond, est-ce qu'Akashi aimait réellement Kuroko ou ne voyait-il en adolescent qu'un moyen de s'améliorer, un outil bon jusqu'à l'obtention de son objectif et rendu inutile après ça ? Visiblement, Akashi avait connaissance de l'existence du petit-ami de Kuroko alors n'était-ce pas seulement de la jalousie mal placée, comme un enfant qui n'apprécierait pas qu'un autre joue avec son jouet ?

Le scénariste agita toutefois sa tête sur les côtés et reprit sa besogne. Il essaya ainsi de chasser cette idée tordue, mais continua à espérer silencieusement que ce ne soit pas le cas ; même si c'était inconscient de la part d'Akashi, cela ne promettrait rien de bon.

Plus tard, Akashi regagna son appartement et y retrouva son père. Ce dernier l'attendait sur le canapé, lisant le journal qu'il referma cependant en le voyant le rejoindre. Ses yeux acérés se plissèrent et dévisagèrent son unique enfant, réfléchissant afin de bien peser ses mots.

« Es-tu fier de toi ?

— Ce n'est pas une question de fierté. Je vous ai déjà parlé que je ne comptais pas me marier pour l'instant et vous continuez à me présenter ces filles, rappela calmement Akashi.

— Je pourrais retourner tes paroles contre toi, Seijūrō. Je t'ai plusieurs fois ordonné d'arrêter tes films et entrer dans l'entreprise, mais tu continues.

— Vous savez que ce n'est pas la même chose.

— Depuis que tu fais ces films, tu as changé. Ce n'est pas le garçon que j'ai élevé et éduqué. » Assena Masaomi.

Il détailla de bas en haut ce jeune adulte qui lui faisait face et qu'il ne semblait même pas pouvoir reconnaître. Masaomi avait conscience que son éducation n'avait pas été facile, sa femme défunte et son entourage le lui en avaient fait plusieurs fois la réflexion, mais il s'en était toujours détaché. Cela ne les regardait pas comment il élevait son enfant unique, son héritier. Depuis la naissance de son fils, il avait eu de grandes attentions et plus Akashi grandissait et répondait à ses attentes, plus il en était fier.

Cependant, tout avait volé en éclat. L'attitude de son enfant hier soir avait fragilisé le piédestal sur lequel il se trouvait jusqu'alors. C'était comme un château de cartes dans lequel une personne aurait malicieusement retiré des cartes porteuses, fragilisant indéniablement tout l'édifice de façon irrécupérable. Cela ne tenait plus qu'à un fil avant que tout ne s'écroule à jamais.

Plus qu'énervé, Masaomi était en réalité déçu.

« Depuis que tu es né, tu bénéfices de beaucoup de privilèges mais sois conscient qu'un jour tout pourrait disparaître.

— Vous me menacez de me déshériter ? » Interrogea-t-il en révélant clairement le fond de la pensée de son père.

Un silence s'abattit dans son appartement où Akashi observa d'un œil attentif son père, ne s'étant jamais vraiment attendu à ce que de tels mots puissent traverser ses lèvres un jour. Son regard rencontra ainsi pour la première fois celui de son paternel, se regardant mutuellement pour la première fois depuis une éternité. Cette fois, c'était deux hommes sans leur renommée et leur statut qui se fixaient, seulement un père à un fils.

« C'est une option, en effet. »

Puis, Masaomi se redressa et alla chercher sa valise qui se trouvait dans la chambre qu'il avait occupée jusqu'à ce jour. Il prit ensuite le chemin de la sortie, marquant un dernier arrêt devant la porte pour jeter un dernier coup d'œil en direction du rouquin qui l'avait suivi du regard. Ses lèvres s'entrouvrirent pour dire quelque chose, mais elles se refermèrent presque aussitôt. Finalement, il ne savait même pas quoi dire dans un instant pareil. Masaomi se retourna alors et quitta l'appartement d'Akashi pour retrouver à l'extérieur son chauffeur qui le ramènerait à Kyoto.

Seul dans son appartement, Akashi était pris de court. Jamais, ô grand jamais, il n'aurait pensé que son père puisse songer à l'idée de le déshériter. Cela lui paraissait si insensé après toutes les années mises en œuvre pour qu'il soit un successeur parfait, de toutes ces heures passées ensemble à lui inculquer les principes de bienséance. Son attitude à la soirée n'avait finalement que creuser davantage la distance déjà présente entre lui et son père.

Ainsi, l'idée de perdre un père vint le frapper en plein visage ; une idée bien ironique en vue de leur situation conflictuelle actuelle. Seulement, Akashi se trouva incapable d'ironiser la situation et observa plutôt d'un air pensif la porte close par laquelle était parti son dernier parent.

-x-x-x-

Pendant ce temps, Kuroko était retourné à l'appartement où Kagami l'attendait. Le bleuté était conscient d'avoir commis une erreur. Il ne lui avait donné aucune nouvelle depuis hier matin, lorsqu'il était sorti précipitamment de chez lui pour s'expliquer avec le père d'Akashi. Kagami ne savait donc pas qu'il avait finalement passé la soirée avec Akashi et ses amis, mais qu'en plus il avait fini par embrasser le réalisateur, encore et encore.

Se trouvant dès à présent dans le salon de son ami, Kuroko le remercia lorsque ce dernier lui apporta un thé avant de s'asseoir en face de lui. Kagami posa ensuite son coude contre sa table et apporta par la suite sa joue dans le creux de sa main, les sourcils froncés et de toute évidence en colère. De son côté, Kuroko se fit le plus petit possible. Ses épaules affaissées vers l'avant et sa tête basse montraient au préalable à Kagami qu'il était désolé, et avait surtout conscience d'avoir fauté.

« Tu es allé fêter son anniversaire, je suppose.

— Oui… »

Le regard de Kuroko était porté sur la tasse qui comportait son thé, loin d'être prêt et assez fort pour affronter le regard de son vis-à-vis. Le simple fait par ailleurs de l'entendre soupirer lourdement l'atteignit en plein cœur. Cela ne servirait à rien de raconter des mensonges que de toute façon Kagami ne croirait d'aucune façon ; ce serait même davantage insultant de le penser bête à ce point. Il ne lui restait donc plus que son honnêteté.

« Et il s'est passé quelque chose ? »

Frappant en plein dans le mile, Kuroko se fit plus petit encore. Il attendait que Kagami s'énerve, que sa voix puissante retentisse dans l'appartement jusqu'à en faire trembler les murs, ainsi il pourrait tenter de le calmer en s'excusant, de raconter qu'il était le seul responsable, mais rien de tout cela n'arriva. Ses lèvres avaient pourtant répondu à la question du rouquin de façon nette et précise, un simple mot qui avait suffi pour changer intégralement l'atmosphère de la pièce.

Kuroko ressentit dès à présent la froideur qui émanait de Kagami, comme si le Soleil avait cessé de briller pour laisser place aux ténèbres de la nuit, plongeant tout être vivant dans un sommeil glacé. Le manque de réponse commença tout de même à l'inquiéter, ses poings se contractant par-dessus son pantalon pour se donner de la force et, petit à petit, ses yeux migrèrent vers son ami. Il désirait expliquer la situation, préciser que ce n'était pas de la faute de Kagami. Tout était de sa faute et uniquement de la sienne. Kuroko avait l'impression de pouvoir imploser à tout moment tant sa culpabilité lui tordait les intestins et lui retournait le cœur. Il devait le lui dire. Seulement, l'horreur de la situation le frappa de plein fouet. Elle fit mourir sa voix dans sa gorge lorsque son regard croisa celui éteint de son camarade ; toute sa gaieté et sa force qui faisaient de lui qui il était, qui avaient tant plu à Kuroko, s'étaient subitement volatilisés.

Les yeux éteints de Kagami lui ôtèrent toute capacité à prononcer le moindre mot.

Kagami continua de le regarder, sa joue toujours soutenue par sa main accoudée à la table. Un air concentré couvrait ses traits virils alors que pourtant, son regard se trouvait absent. Kuroko sentit son cœur se faire violemment broyer en voyant le mal-être dans lequel se trouvait Kagami. Ses yeux ne parvinrent plus à quitter ceux de son camarade de classe, comme avalés par cette souffrance muette. Il était le responsable de cette tristesse, sa confusion envers ses sentiments les ayant entraînés dans cette situation.

Ses poings se contractèrent un peu plus contre son pantalon, faisant blanchir ses jointures.

« Est-ce que tu l'aimes ? » Demanda finalement Kagami, sa voix faible faisant se contracter une nouvelle fois le cœur de Kuroko.

Aimer Akashi ? A vrai dire, Kuroko ne le savait pas. La seule chose dont il était sûr était son attirance pour le rouquin et son besoin de l'avoir à ses côtés. Seulement, était-ce de l'amour ? Son cerveau n'arrivait pas à réfléchir à ce sujet. Son esprit s'embrumait et le néant obscurcissait ses pensées. Aucune réponse ne lui vint et Kuroko demeura silencieux, son attention étant repartie observer avec un grand intérêt sa tasse de thé, espérant au fond de lui que celle-ci lui fournisse une solution au dilemme dont il faisait face.

L'idée de perdre Kagami et de mettre en péril leur amitié brisait tout autant le cœur de Kuroko que d'être prêt à perdre Akashi durant un mariage arrangé. Il tenait aux deux hommes et désirait les avoir à ses côtés et être capable de les soutenir en retour. Seulement, Kuroko était conscient que ce n'était pas possible. Une personne ne pouvait en posséder deux en même temps. En choisissant l'un, il perdrait l'autre.

Et ça l'horrifiait.

Puis, brusquement, Kagami passa sa main à l'intérieur de ses cheveux avant de se relever et contourner la table. Kuroko le suivit du regard, ne sachant pas ce qu'il devrait dire dans ce genre de situation. Ce fut quand il vit le rouquin mettre son blouson et entourer son cou d'une écharpe qu'à son tour, Kuroko se redressa pour le suivre.

« Ne me suis pas ! »

Marquant un temps d'arrêt, Kuroko se figea sur place. C'était la première fois que Kagami lui hurlait dessus avec une telle force, le rejetant clairement. Kagami ne le regardait même pas, mais à présent ses poings s'étaient contractés et il fusillait du regard sa porte.

Jusqu'à présent le rouquin avait réussi à se contenir, à ne pas exploser, et sa voix venait pourtant de lui échapper. Il avait besoin de prendre l'air, de se changer les idées, et surtout ne pas voir le visage de Kuroko pour l'instant.

« Ne me suis pas, s'il-te-plaît. »

En cet instant, Kagami demandait une faveur à Kuroko. Il l'implorait de ne pas le retenir, de le laisser partir, et le bleuté sembla le comprendre. Sans que Kagami ne le voit, Kuroko acquiesça et resta à sa place. L'appartement lui semblait indéfiniment beaucoup trop grand lorsque la porte se referma après la sortie de Kagami, le laissant seul dans le salon.

Les heures commencèrent à s'enchaîner et Kuroko avait décidé de retourner s'asseoir autour de la table. Il n'avait ni allumé la télévision ni pris un de ses livres qui se trouvaient toujours dans son sac. Cette nuit, ce fut au tour de Kagami de découcher. Kuroko avait eu beau lui envoyer des messages pour lui demander quand est-ce qu'il rentrerait, s'il désirait même qu'il s'en aille, mais aucune réponse ne lui parvint. Même lorsque le bleuté chercha à le joindre en l'appelant, il tomba directement sur sa messagerie.

Inquiet pour Kagami, Kuroko hésita à partir à sa recherche dans les endroits qu'ils avaient l'habitude de fréquenter.

Observant d'un œil impatient son téléphone, Kuroko croisa ses bras par-dessus la table basse et se laissa tomber par-dessus. Nigou vint peu de temps après poser sa petite tête contre sa cuisse, couinant en remarquant la solitude de son maître et essayant de le soutenir à sa façon. Kuroko le remarqua cependant à peine, plongé dans ses pensées.

A l'époque où ils ne sortaient pas encore ensemble, tout avait été beaucoup plus simple. Pourquoi sortir avec une personne compliquait-il tellement les choses ? Kagami lui avait offert son cœur, mais il lui avait aussi permis de le connaître mieux que personne.

Kagami était un ami sur lequel il avait pu compter ; avant de sortir ensemble, son camarade de classe avait guéri son cœur meurtri grâce à sa chaleur. Il lui avait fait réaliser qu'aimer un homme n'était pas impossible, qu'ils pouvaient être acceptés par leur famille et vivre leur vie comme tout le monde. Toutes ces choses que Kagami lui avait faite comprendre sans pour autant prononcer le moindre mot, simplement en lui souriant, Kuroko les avait enregistré et se réparait à son contact.

Et Kuroko l'avait trahi ; en embrassant Akashi, mais aussi en choisissant de se reposer uniquement sur le réalisateur.

Contractant une nouvelle fois ses poings, Kuroko ne réfléchit pas davantage. Soudainement, il se releva et enfila rapidement ses affaires d'hiver avant de mettre un pied dehors. Surpris par la vitesse de son maître à disparaître d'un endroit, Nigou regarda un instant autour de lui alors que Kuroko venait de fermer à clé derrière lui pour partir à la recherche de Kagami. Dans sa précipitation, il oublia de prendre son téléphone.

Il ne sut que bien plus tard qu'Akashi avait essayé de le joindre.

Courant dans les rues éclairées de Tokyo, Kuroko regarda à travers les vitres du Maji Burger afin de savoir si Kagami se trouvait à l'intérieur. Il alla jusqu'au parc, au cas où Kagami irait sur le terrain de street basket, mais ce dernier était désert et le froid mordant de l'hiver n'incitant de toute façon pas à jouer à une heure pareille. Kuroko continua alors à courir, réfléchissant aux endroits où pourrait se trouver son ami, et continua à visiter plusieurs lieux qui se résolurent tous par des échecs.

Montant plus tard les marches qui l'emmèneront sur le pont, qu'il avait plusieurs fois emprunté en compagnie de Kagami pour rejoindre leur lycée, Kuroko s'arrêta un instant pour reprendre son souffle au sommet de celui-ci. Sa respiration laborieuse se répandit en de petits nuages blancs qui flottèrent un instant dans les airs avant de disparaître complètement. Ses mains entourèrent ensuite la rambarde avant que son regard ne se perde dans l'horizon.

Le désespoir commençait à remplir son cœur. Il était en colère contre lui-même, contre sa stupidité et sa naïveté. Plus que l'envie de retourner dans le temps et éviter de faire les mêmes erreurs, Kuroko voulait simplement retrouver Kagami pour s'excuser.

« Bordel… »

Kuroko n'était pas le genre de personne à prononcer facilement des injures, même en situation critique il parvenait normalement à garder son calme et se trouvait plutôt être le médiateur de tout le monde ; mais pas cette fois. Il ne savait plus où chercher. Il avait tout fait. Il était même retourné à l'appartement au cas où, mais la porte encore fermée à clé lui avait ri au nez. Ses mains resserrèrent la rambarde, n'appréciant pas du tout de se retrouver dans une telle impasse. Embué par ses réflexions et son inquiétude pour Kagami, Kuroko ne remarqua pas la présence de cette seconde personne qui se trouvait à présent sur le même pont que lui, ni même la surprise qui recouvrit son visage. Cette surprise qui se volatilisa aussitôt, les traits fins se renfrognant pour exprimer sa colère.

Sa main se contracta autour des lanières de son sachet plastique, à la fois satisfait et furieux de trouver la présence du garçon à quelques mètres de lui.

« Kuroko-san. »

Son nom soudainement appelé, Kuroko se raidit avant de se tourner vers la source de la voix. Malgré son faible espoir, il ne s'agissait pas là de Kagami. Ses yeux s'agrandirent brusquement en reconnaissant Himuro qui était en ce moment même en train de le dévisager sans la moindre retenue. Ne comprenant pas pourquoi le serveur de Murasakibara l'avait interpellé avec tant de froideur, Kuroko entrouvrit ses lèvres pour l'interroger.

Cependant, Himuro ne lui en laissa pas le temps. C'était la première fois qu'il parvenait à croiser Kuroko sans la présence d'Akashi à ses côtés, ni même celle de Murasakibara. Rien ne pouvait l'arrêter et Himuro n'allait certainement pas louper une pareille opportunité.

« Ça faisait un moment que je voulais qu'on parle tous les deux, Kuroko-san.

— Y a-t-il un problème ? Demanda-t-il innocemment, ne sachant pas qu'Himuro avait un lien direct avec Kagami.

— Assez important en effet. J'aimerais que tu arrêtes de jouer avec les sentiments de Taiga. »

Kuroko fronça ses sourcils. Il avait clairement entendu ce que le serveur venait de lui dire, pourtant son cerveau ne semblait pas être capable de traiter l'information. Les yeux toujours écarquillés, Kuroko réfléchissait. Son esprit était embrouillé, se demandant à la fois comment Himuro pouvait connaître Kagami pour être capable de l'appeler par son prénom, mais aussi pourquoi le brun comptait-il intervenir dans cette situation qui ne le regardait en rien.

« Es-tu conscient que depuis plusieurs semaines, Taiga n'est plus le même ? Et tu es le responsable de son changement. »

La voix accusatrice d'Himuro n'avait rien à voir de la dernière fois où Kuroko l'avait rencontré. C'était comme si le sourire commercial du brun devenait un mirage, un instant fugace qui s'effaçait davantage dans l'esprit de Kuroko à chaque seconde qui défilait et qu'il continuait à faire face à l'expression furieuse du serveur. Ses mots n'étaient pas mâchés, il n'était pas là pour ménager l'adolescent, et sincèrement il n'en avait pas la moindre envie.

Kuroko faisait souffrir Kagami et en tant qu'ami, Himuro ne pouvait regarder les choses se faire sans intervenir. Tout comme Nijimura serait toujours là pour Akashi, même lorsque ce dernier se trouverait dans une situation où il aurait parfaitement tort, Himuro ferait la même chose avec Kagami.

« A cause de ta confusion, il ne sait pas sur quel pied danser. Alors il continue d'espérer que tu lui reviennes, mais cette lueur d'espoir est en train de le déchirer. Tu es en train de le détruire.

— Désolé… »

Himuro fit claquer sa langue contre son palet, n'étant assurément pas la réponse qu'il désirait entendre. Quelques foulées lui permirent ensuite d'écraser la distance qui le séparait de Kuroko, lui faisant désormais face et plongeant son regard féroce dans celui de son interlocuteur.

« Tu penses sérieusement que ce que je veux entendre ce sont des excuses ? Je me fiche pas mal de tes remords. Ce que je veux t'entendre dire, c'est que tu lâcheras Taiga. Arrête de piétiner les sentiments qu'il te porte et sois clair à son sujet ! Clama-t-il afin de faire réagir ce garçon qui blessait l'une des personnes les plus chères à son cœur.

— Je ne sais pas quel lien vous entretenez avec Kagami-kun, mais rien ne m'oblige à vous répondre. »

Regagnant du poil de la bête, Kuroko ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds sans répondre quoi que ce soit. Sa réponse sembla même faire mouche durant un court instant, puisque l'unique œil visible d'Himuro s'agrandit avant de se plisser et de le fusiller du regard. Kuroko soutint néanmoins son regard, ayant décidé d'affronter cette personne.

« Sache seulement que tu es en train de le briser. Lui, il t'aime. Alors arrête de jouer avec son cœur et pour une fois, sois franc avec lui. Même si c'est pour rompre et rejoindre Akashi-san. »

Himuro s'écarta par la suite de Kuroko, il n'avait plus grand-chose à lui dire. Le serveur disparut ensuite du champ de vision de Kuroko, qui l'avait vu s'en aller sans rajouter quoi que ce soit. Cela ne servait à rien hormis de rentrer dans le jeu du brun et de sortir de ses gongs. Se retrouvant de nouveau seul, Kuroko replongea son attention sur l'horizon qui s'étendait autour de lui. De légères brises hivernales vinrent faire gigoter ses cheveux ainsi que ses vêtements, refroidissant davantage son corps, mais il s'en fichait.

Plus que de faire un choix entre Akashi et Kagami, Kuroko devait découvrir ce que lui cherchait réellement. Trouver une femme à aimer ne lui semblait pas concevable, il ne les avait jamais trouvé attirantes, alors il devait se faire une raison. L'être humain ne pouvait évoluer seul, que ce soit sur un plan professionnel ou personnel ; la solitude étant sa plus redoutable ennemie.

Penchant sa tête vers l'arrière, Kuroko soupira longuement avant de fermer les yeux et laisser les étoiles ainsi que les rayons de la Lune éclairer son visage.

Puis, se doutant qu'il ne trouverait pas Kagami, Kuroko décida de rentrer à l'appartement de ce dernier. Ses yeux s'agrandirent toutefois lorsqu'il reconnut la silhouette apposée contre le mur, une jambe repliée et les mains enfouies dans les poches de son manteau. Accélérant son allure, le bruit retentissant de ses pas firent relever la tête de Kagami qui vit Kuroko le rejoindre.

« Je t'ai appelé, mais tu répondais pas, lui annonça Kagami.

— Désolé… Je l'ai oublié à l'intérieur. »

Durant un instant, les deux camarades de classe se regardèrent sans dire le moindre mot. Mutuellement, ils se demandaient ce que l'autre faisait là. Un discret sourire se forma néanmoins sur les lèvres de Kuroko, qui retourna à la porte afin d'en déverrouiller l'accès et pouvoir se réchauffer à l'intérieur. Ils se déchaussèrent et aussitôt Kagami retourna à la cuisine afin de se préparer une boisson chaude, ouvrant quelques tiroirs afin d'en ressortir ce dont il avait besoin. Il ne sentit pas Kuroko se rapprocher de lui.

Le rouquin tressaillit de la tête aux pieds lorsqu'il sentit deux bras entrelacer son corps. Aussitôt Kagami chercha à se retourner, à voir le visage du bleuté, mais celui-ci l'avait enfoui dans le dos de son ami. Ne comprenant pas ce qui était en train d'arriver, Kagami laissa ses bras en suspens, l'une de ses mains tenant la poignée d'un tiroir.

« Excuse-moi Kagami-kun… J'ai été cruel. »

Comprenant que cette fois-ci Kuroko comptait s'ouvrir à lui et enfin communiquer, Kagami resta silencieux. Il pencha dès lors sa tête vers l'avant et ferma ses yeux, savourant malgré lui la chaleur qui reposait contre son dos. Au fond de lui, il savait ce que Kuroko allait lui annoncer. Ainsi, il profita de cette soudaine et imprévue proximité.

Puis, les mots tant redoutés sortirent enfin de la bouche de Kuroko et bien que son cœur se serra, étrangement, un poids sur ses épaules semblait aussi s'enlever. Il avait mal, ses larmes commençaient à brouiller sa vue. Autour de sa taille, l'étreinte se renforça et il ressentit les soubresauts dont était victime Kuroko. Toutefois, Kagami ne dit rien et garda ses yeux clos ; une de ses mains vint simplement couvrir les bras du bleuté.