Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? La canicule est de retour et la chaleur dégagée par mon PC m'assomme un peu plus... Du coup, dès que j'ai fini de vous poster ce chapitre, je refile direct sous mon ventilateur haha !

Ce chapitre est un spécial Kise ; car il faut bien faire avancer sa petite histoire, mais surtout car j'ai pris un malin plaisir à l'écrire (quoi, moi martyriser Kise ? Je déteste ça !)

Merci aussi à Erizu-sama de continuer à corriger cette fiction !

Réponses aux review :

akakuro-hime : Pour ce qui est du scénario d'Akashi, ne t'en fais pas, il est toujours d'actualité ;) Vous allez bientôt en réentendre parler, puisque monsieur l'aura bientôt fini quand même ! Concernant ta question pour Kise et Aomine, la réponse se trouve dans ce chapitre ;) Je te laisserais découvrir la suite dans ce chapitre et les suivant, en tout cas merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture ! (et ne t'inquiète pas, je ne compte pas abandonner cette fiction)

Asunaforever 3 : Merci beaucoup pour ta review ! Je suis contente que tu trouves Kuroko mignon, après tout qui ne peux pas le trouver mignon ? ;) Je te souhaite une bonne lecture !

Ryoko : Tu sauras à l'intérieur de ce chapitre si ça ira ou non pour Kise x) Mais je ne promets rien (sifflote). Bonne lecture !

Laura-067 : Ça avance doucement, mais sûrement, avec Kuroko et ses parents. Ces derniers auront donc le temps de se familiariser, d'apprendre de leurs erreurs, de se rendre compte que le bonheur de leur fils est plus important que tout, ainsi peut-être (et bien peut-être) que ça ira pour Akashi qui sait ;) Je te laisse découvrir la suite à l'intérieur de ce chapitre, merci beaucoup pour tes commentaires et je te souhaite une bonne lecture !

KrisIzzy : Ah cette lettre en aura fait réagir plus d'un des lecteurs, mouahaha. Qu'y a-t-il à l'intérieur ; un message d'excuse, une proposition pour se remettre ensemble, ou bien tout autre chose ? Mystère, mystère ;) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Momoi-san : Je suis contente que tu trouves que chaque chapitre a sa propre ambiance, vraiment c'est un très beau compliment. J'espère donc que ce sera toujours le cas pour celui-ci. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture!

Elaelle : Je te laisserai découvrir les attentes de Nijiko à travers cette lettre, mais peut-être recherche-t-elle autre chose que ce que tu laisses supposer qui sait ;) Après tout, depuis le début de cette fiction il n'y a que le point de vue d'Akashi d'exposé. En tout cas, merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Drennae : Bienvenue à toi :D Je suis heureuse que ma fiction t'ait plu au point de la lire d'une traite ! Le AkaKuro est, par définition, quelque chose d'adorable. C'est l'un des meilleurs couples de cet animé. J'espère que ce chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !

aakaraly maariigul : Voici la suite, encore toute chaude ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Psychoswolf : Que veux-tu, on aime bien être sadique de temps en temps ;) Mais oui je suis d'accord avec toi, vive le AkaKuro ! Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

ellie27 : Et Kise va pas aller en s'améliorant dans ce chapitre, crois-moi x) Je constate que cet ex te fait vraiment peur mouahah. Que va-t-elle bien vouloir à Akashi, niark niark ? Je te laisserai découvrir cela en temps voulu ma chère ;) En tout cas merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

amelayy : Quel bonheur de lire ta review ! :D Ce chapitre "spécial Kise" répondra à la plupart de tes questions à son sujet. En tout cas merci pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

mower : Et tu verras, mais Kuroko continuera d'évoluer petit à petit jusqu'au fameux moment attendu par toutes. Ce qui ne saurait tarder aussi, je vais arrêter de vous tenir en halène x) Akashi retournera-t-il malgré tout avec son ex, malgré ce qu'elle a pu lui faire ? Telle est la grande question ;) Mais sache que rien n'est très simple quand je m'amuse avec les personnages des mangas, alors attendez vous à tout ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

kama-chan59 : Et ne t'inquiète pas, AkaKuro restera ! Mais qui sait ce que contenait tout de même cette lettre, mystère mystère ;) Pour ce qui est des parents de Kuroko, ça va allait en s'améliorant en effet. Doucement, mais sûrement. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Merci à vous tous de continuer à lire cette fiction, de la commenter, mettre en follow et même en favoris !


Le Papillon

Scène 32


Si la cause est bonne, c'est de la persévérance.
Si la cause est mauvaise, c'est de l'obstination.

Laurence Sterne


Kuroko entra dans le Maji Burger et rechercha aussitôt une certaine silhouette ; l'appel qu'il avait reçu précédemment l'avait inquiété et il avait fait au plus vite pour rejoindre le fast-food en question. Son regard ne tarda pas à se poser sur son ami, dont l'expression se tordit de douleur lorsqu'il le vit en retour. Kuroko vint s'installer en face de Kise qui avait rabattu sa capuche contre ses cheveux afin de se procurer un peu d'intimité, et ainsi éviter que les personnes autour d'eux ne le reconnaissent.

A peine le bleuté fut assis que le blond lui avança son milk-shake, des sanglots ne tardant pas à faire frémir ses oreilles. Kise essuya par moment ses yeux, passant ses manches par-dessus ses joues et dévoilant ainsi l'hématome rougeâtre qui s'étendait sur celle de droite.

« Qu'est-ce qui s'est passé, Kise-kun ?

— Aominecchi… Aominecchi sait tout et… Senpai m'a frappé… »

Les paroles décousues à cause de ses sanglots, Kise bredouilla plus que ne parla et ne permit donc pas à son ami de tout saisir. Alors, afin de le calmer et de pouvoir comprendre de quoi il pouvait bien s'agir, Kuroko tenta de le réconforter. Cela prit un certain temps, la crise de larmes de Kise n'en finissait pas. Le blond rencontrait du mal à reprendre son souffle, ne rendant ses pleurs que plus bruyants encore.

Puis, n'ayant sûrement plus de larmes à écouler, Kise essuya une dernière fois ses yeux rougis avant de porter un regard vers Kuroko. Il inspira longuement, sa gorge lui faisant mal, avant de se confier au seul ami qui semblait lui rester. Il ne pouvait plus contenir tous ces mensonges, une personne devait tout entendre et soulager ses peines, le comprendre, et il n'avait vu qu'en Kuroko cette opportunité de rédemption.

Ainsi commença son histoire qui relatait les derniers jours qui avaient été de véritables montagnes russes émotionnelles, où il avait blessé ses proches et piétiné les sentiments de bien des personnes par son égoïsme.

La semaine avait pourtant commencé comme n'importe quelle autre. A travers l'écran de son ordinateur, Kise faisait défiler les réponses négatives des castings auxquels il s'était présenté. Il se trouvait avachi par-dessus son bureau, son bras supportant le poids de sa tête et ne lisant qu'en diagonal ces e-mails de refus. Depuis quelques heures, il avait dépassé le stade de la colère et se trouvait en ce moment complètement lessivé. Il avait eu son manager au téléphone et celle-ci avait tenté, en vain, de le rassurer et de lui promettre que la prochaine fois serait la bonne.

Pourquoi cela ne marchait-il pas ? Son jeu d'acteur était-il donc si épouvantable ? Kise n'avait cessé de ruminer ces questions sans entrevoir la moindre parcelle de réponse. Il ne pouvait que continuer à broyer du noir et remettre en question ses capacités. Peut-être qu'au final, il n'était pas fait pour jouer devant la caméra. Il n'allait peut-être jamais être capable de surpasser son père et de montrer au monde entier ses capacités, en tant que Kise Ryōta.

Après tout, pourquoi était-il devenu mannequin ?

Un lourd soupir traversa ses lèvres tandis que la porte de sa chambre s'entrouvrit sur sa mère, venue lui apporter un chocolat chaud. Il ne lui jeta qu'un rapide coup d'œil pendant qu'elle déposait la boisson chaude sur un coin de son bureau, avant de voir son fils enterrer son visage entre ses bras. Sa main vint alors entourer son épaule dans un geste qui se voulut réconfortant.

« Ça va aller, souffla-t-elle suavement.

— Pourquoi c'est si dur, maman ? C'était pas les propositions qui manquaient pour papa et moi j'arrive même pas à en décrocher une… »

Doucement, la main de sa mère bifurqua de son épaule pour se poser contre ses cheveux et les lui caresser affectueusement. Il pivota doucement son visage de sorte à pouvoir observer celui de sa génitrice, les yeux mouillés de larmes de frustration.

« Ton père vivait grâce aux caméras. C'était son oxygène. Au quotidien, il était une personne morne qui passait inaperçu. »

Tout en écoutant le récit de cette femme qui avait été la compagne du célèbre Kise Ryūnosuke jusqu'à la mort de celui-ci, Kise vit le regard de sa mère se perdre dans ses songes.

« Jouer un rôle était devenu quelque chose de vital pour lui. Il avait besoin de ça pour vivre. C'est pour ça qu'il nous a toujours fait passer au second plan, bien que ce ne soit pas volontaire. Tu sais Ryōta, même si tu es son portrait craché, tu lui es radicalement opposé. »

Sa mère sourit et il sentit comme un électrochoc parcourir son corps.

« Tu n'as pas besoin d'une caméra ou d'un appareil photo pour vivre ou pour briller. Tu es une personne chaleureuse qui est entouré d'amis. Ce n'était pas le cas de ton père qui était toujours seul et qui ne savait pas s'exprimer autrement qu'avec un script entre les mains.

— Mais même si c'est le cas, ce que je veux c'est…

— Ton père donnait sa vie lorsqu'il jouait, il abandonnait tout pour son rôle. Il n'était plus Kise Ryūnosuke, mais le personnage qu'il interprétait. Il se mettait dans le corps de ce personnage et lui donnait vie. C'est peut-être cela qui plaisait tant à ces réalisateurs et ce qui l'a rendu si célèbre. »

Puis, sa mère lui avait une dernière fois caressé les cheveux avant de prendre le chemin de la sortie. Après avoir entendu la porte se refermer et buvant quelques gorgées de son chocolat chaud, Kise pianota quelques mots clés sur son moteur de recherche et il put voir différentes images de son père, dans de multiples rôles. Il en avait agrandi certaines pour observer cet homme, que ce soit habillé en tenue d'époque ou futuriste, les cheveux parfois teint, jouer des centaines de personnages. Chaque image représentait une personne complètement différente de la précédente. Le visage était pourtant le même, quelques expressions pouvaient se ressembler entre deux rôles, mais Kise pouvait clairement voir la nette différence.

Il avait par ailleurs fini par lancer un des films dans lequel son père avait joué, mettant son casque par-dessus ses oreilles. Cette fois-ci, au cours du visionnage, il n'allait pas se concentrer sur sa rancœur ni même sur le jeu d'acteur de son père, mais plutôt de ce qui se dégageait de son personnage. Ainsi, film après film, ne se souciant pas des aiguilles qui suivaient leur route autour du cadran, ou encore du soleil qui se levait, Kise avait enchaîné les court-métrages pour se rendre compte par lui-même de ce que sa mère venait de lui révéler.

C'était peut-être ça la solution à son problème.

Grâce à sa mère, à ce moment-là, Kise pensait entrevoir la lumière au bout du tunnel. Cette lumière qui toutefois s'était faite rapidement aborder par les ténèbres qui l'entouraient, lui arrachant tout brin d'espoir avec une gourmandise insatiable.

Le lendemain, de bonne humeur malgré son manque de sommeil évident à la vue des cernes qui avaient élu domicile sous ses yeux, Kise avait déjà oublié sa dépression passagère de la veille. Il salua chaleureusement son manager qui fut surprise par son attitude joviale, mais ne put retenir davantage son sourire en comprenant que Kise ne se laissait finalement pas abattre. Ensemble, ils avaient discuté des prochains shootings mais aussi des quelques castings dont le rôle pourrait l'intéresser. Tout n'était définitivement pas perdu et Kise comptait bel et bien réussir à percer dans l'univers du cinéma.

Ce fut donc avec une motivation nouvelle que Kise travailla ses nouvelles répliques, allant parfois chez Kasamatsu pour s'entraîner et apprendre son texte, et jouant quelques parties de baskets avec Aomine afin de pouvoir se détendre.

Tout aurait pu se dérouler tranquillement et laisser le temps suivre paisiblement son cours, et il n'aurait pas fait appel à Kuroko pour l'écouter, mais à cet instant précis Kise avait complètement oublié les démons auxquels il s'était lui-même lié par le passé.

Ainsi, un soir, en rentrant d'un de ses shootings, Kise put entendre cette voix dissonante qui lui avait aussitôt donné la chair de poule.

« Ça faisait longtemps mon petit Kise. »

Lentement, il redressa son visage pour apercevoir Imayoshi appuyé contre le muret qui se trouvait à côté du portail menant à sa maison. Son regard avait ainsi croisé celui de cet homme qui s'était rapproché de lui en quelques enjambées, la lumière du lampadaire venant éclaircir ses traits et donner un air inquiétant au sourire qui se profilait au coin de ses lèvres. Il n'en fallut pas plus pour que Kise ne se sente en danger.

« Ta vie me semble bien paisible depuis que j'ai fait un peu de ménage. Seulement, y a comme qui dirait quelque chose qui cloche… »

Il vit ensuite ce type pencher sa tête sur le côté, faisant mine de réfléchir à ce qui pourrait bien déranger. C'était bien sûr une question rhétorique et Kise n'avait pu décrocher son attention des yeux sombres de son interlocuteur, qui les avait ouverts pour l'occasion. Il se souvenait encore de cette impression de vide qui l'avait traversé, lorsque son regard avait plongé dans celui de son interlocuteur, par ces iris d'un noir sombre où seul le néant régnait. Toute lumière disparaissait de son champ de vision, ne se focalisant que sur ces yeux qui le mitraillaient et qui le laissaient là, bêtement pantois.

« Oh mais oui ! Ta part du contrat, que suis-je bête. »

Un rire sec s'échappa des lèvres du brun avant de refermer ses yeux. De sorte que bientôt, son visage redevint indéchiffrable. Seule sa simple présence rendit les choses anormalement inquiétantes. Tous les sens en alerte, Kise entendit subitement cette petite voix qui s'égosillait à lui ordonner de prendre ses jambes à son coup et de s'éloigner au plus vite de cet homme.

Malheureusement, Imayoshi savait où il habitait et lui avait fauché tout endroit de replis.

« Ça fait un moment que je t'ai demandé de m'obtenir des renseignements, mais à part te voir t'amuser avec son fils, je ne vois aucun progrès notable.

— Aominecchi ne m'emmène pas souvent chez lui et je ne peux quand même pas aller au poste de…

— Des excuses et encore des excuses… Si tu voulais aller chez lui, il te serait facile d'en créer l'opportunité. Mais je peux comprendre… Tu as fini par t'attacher à lui, n'est-ce pas ? Tu n'as plus envie de l'utiliser pour ton petit caprice d'enfant délaissé par son père, n'est-ce pas ? »

Avec une voix aiguë et une attitude maniérée exagérément, Imayoshi se fichait sans la moindre retenue de Kise. Bien sûr qu'au départ il n'avait vu en Aomine qu'un moyen d'obtenir ce qu'il désirait, puisqu'il ne connaissait pas la personne qui se trouvait derrière ce nom. Seulement, à force de passer du temps avec lui et de jouer au basket à ses côtés, de manger au fast-food ou même de faire des sorties en sa compagnie et celles des autres, bien sûr qu'il s'était attaché. Derrière son attitude sèche et grossière, Aomine était quelqu'un de bien qui cherchait simplement à faire ce qu'il aimait sans se poser de questions triviales. Le basané n'aimait pas qu'on lui dicte des choses ou qu'on lui trace à sa place sa destinée. Il voulait vivre librement.

Kise avait appris toutes ces choses à force de le côtoyer, mais il savait désormais que si Aomine apprenait le pot aux roses, il ne s'en tirerait pas facilement. Son ami, si seulement il pouvait l'appeler ainsi, était connu pour avoir le sang chaud. De sorte que Kise était certain de recevoir quelques coups avant de voir Aomine disparaître de son champ de vision.

Du moins, c'était ce à quoi il pensait avant que le fameux jour n'arrive ; où Aomine verrait clair dans son jeu.

« Mais tu vois le problème, mon petit Kise, c'est que j'en ai rien à faire. Tu apprécies ce type, quelle belle affaire. Tu voudrais rompre le contrat ? A la bonne heure. Je n'ai qu'à relâcher les chiens qui auparavant te martyrisaient et dont j'ai dû administrer quelques coups de bâton pour les calmer. Comment penses-tu qu'ils réagiront en apprenant que je ne suis plus là ? »

Ces chiens dont parlaient Imayoshi représentaient ces mannequins qui l'avaient bizuté, déchirant ses tenues de shootings ou le coinçant dans une ruelle pour venir l'attaquer à plusieurs. Toutefois, leurs attaques n'étaient pas simplement physique mais aussi de l'ordre moral. Plusieurs fois Kise avait dû faire la sourde oreille alors qu'il entendait des conversations exagérément fortes à son encontre, remettant en doute ses capacités et rappelant toujours et encore l'existence de son père, sans oublier tous ces regards noirs et les insultes qu'il avait aussi reçus. A cette époque, il étouffait. Ces personnes le rendaient malade et chaque matin était une réelle épreuve pour se lever.

Il en avait eu assez et avait alors fait la rencontre d'Imayoshi. Seulement, peut-être qu'à ce moment, c'était une solution rapide et efficace, mais aujourd'hui il regrettait son choix.

« Et puis j'ai ouï dire que les paparazzis raffolaient des scandales concernant les idoles du moment… C'est si facile de créer un scoop, même infondé, mais bonjour les dégâts ! »

Kise écarquilla les yeux suite à la menace explicite d'Imayoshi qui sourit de toutes ses dents. Il se mit alors à réfléchir à toute allure, se demandant comment il pouvait faire pour se sortir de là et tenter de renverser la balance. Après tout, Imayoshi trempait du côté des méchants et la police pouvait être intéressée par son profil. Ça lui semblait être une bonne idée mais il se dit bien rapidement que son entourage pourrait ensuite s'interroger sur le comment du pourquoi il connaîtrait une telle personne.

Ainsi, bien qu'il continua à chercher une porte de sortie, l'évidence n'avait pas tardé à s'imposer à lui. Pour son bien et celle de sa carrière, il allait devoir obtenir des informations sur le père d'Aomine et enfin arrêter ce contrat, pour ensuite fuir.

Imayoshi entrouvrit ses yeux pour se rendre compte que Kise avait penché sa tête vers le bas, comme résolu à l'écouter et lui obéir. Un rictus s'étira dès lors sur le coin de ses lèvres, abattant sa main contre la chevelure d'or du mannequin, qui tressauta au contact répété.

« Bon petit. »

Sans dire quoi que ce soit d'autre, Imayoshi disparut dans l'obscurité. Kise ne put que réfléchir à comment aller chez Aomine sans éveiller les soupçons de celui-ci et surtout pouvoir trouver des informations sur son père.

Il était conscient d'avoir fait une bêtise.

Un jour, Kise parvint finalement à se faire inviter pour la nuit chez la famille Aomine. Il avait concocté un petit stratagème et espérait que ce dernier fonctionne comme sur des roulettes, souriant ainsi le plus naturellement du monde à la mère du basané qui était une femme adorable et d'une délicatesse qui contrastait sur tous les points à celle de son fils unique.

« Bon c'pas tout maman, mais il est pas venu pour toi, grommela sèchement Aomine.

— Mais ce n'est pas tous les jours que tu ramènes un ami pour la nuit ! Le contra-t-elle.

— C'est pas la première fois qu'il dort ici, arrête…

— Justement. Kise-san, mon fils est un peu rustre mais merci de le supporter. »

Aomine pesta bruyamment tout en finissant par tirer sur le bras du mannequin afin de les faire monter dans sa chambre et ainsi l'éloigner de cette harpie qui agita joyeusement sa main dans les airs pour les saluer, tandis que Kise ne put que se résoudre à rire de la situation. Ces deux-là interagissaient toujours de manière adorable, Aomine se plaignant parfois de sa mère mais au fond il n'avait pas le moindre mal à se rendre compte que son ami l'aimait profondément.

Ils entrèrent ensuite dans la chambre du basané, dont les murs étaient recouverts par certaines équipes de basket dont notamment la NBA. Ce n'était en effet pas la première fois qu'il mettait les pieds dans cette pièce, mais Kise prit soin de tout détailler avec soin tandis que son expression se fit un instant plus morne. Au fond, la voix dans sa tête lui soufflait que c'était la dernière fois.

Cette après-midi, ils jouèrent aux jeux-vidéos et regardèrent quelques séries qu'ils appréciaient mutuellement, la mère d'Aomine étant passée brièvement pour leur apporter des en-cas ainsi que des boissons. Puis, une voix autoritaire monta jusqu'à la chambre d'Aomine dont Kise remarqua letressaillement soudain ; son père venait de rentrer du travail et discutait en cet instant avec sa femme. Kise jeta un coup d'œil vers la porte avant d'entendre le basané soupirer brusquement, tout en se passant une main dans ses cheveux.

« Ça ne se passe toujours pas mieux avec ton père ? S'enquit-il en voyant l'expression sévère chez son ami.

— Comme d'hab. Il m'a encore pris la tête hier pour que je fasse ma carrière à ses côtés… »

Kise savait que la relation père-fils au sein de cette famille était tendue ; ce qui lui faisait un autre point en commun avec Aomine. Ils parvenaient à se comprendre, et bien que leur situation avait bien sûr leurs différences comme leurs similitudes, par moment ils leur arrivaient d'en discuter et de proposer des alternatives. Aomine se confiait à lui comme il lui arrivait de le faire parfois.

« Je demande ça comme ça mais… est-ce que tu as déjà invité ton père à te voir jouer au cours d'un match de ton club ?

— Pour quoi faire ? Il dira non, répondit aussitôt Aomine.

— Peut-être que s'il te voit jouer et remarque ton niveau, il se rendra compte de ton talent. »

Kise étira un large sourire confiant, tournant son visage vers Aomine. En ce moment, ils étaient tous les deux assis l'un à côté de l'autre, leurs épaules se frôlant par instant, et l'ordinateur de son ami trônait sur la table basse à quelques mètres d'eux. Cependant, Kise n'obtint du basketteur en herbe qu'une pichenette contre son front avant de l'entendre râler. Les larmes aux yeux et demandant les raisons d'une telle attaque injustifiée, Aomine qui en avait assez de l'entendre geindre l'attrapa donc par la nuque avant de fourrer sa main dans la chevelure dorée et la décoiffer.

Bientôt, leurs rires emplirent la pièce.

Ce ne fut que le soir, après avoir mangé le repas aux côtés de toute la famille, dont surtout le père avec qui il avait échangé quelques mots, que Kise décida de mettre son plan à exécution. Le père de famille avait dû retourner au commissariat après l'appel de l'un de ses collègues et Aomine et lui étaient remontés dans sa chambre pour se préparer à dormir. Kise attendit que le basané soit complètement endormi pour quitter le futon qui lui avait été préparé, refermant le plus silencieusement possible la porte derrière lui et se retrouver dans le couloir où l'obscurité avait envahi les lieux.

Les informations qui pourraient intéresser Imayoshi devaient se trouver dans un espace réservé au père d'Aomine ; sûrement son bureau. Malheureusement, Aomine ne lui avait pas fait le tour de la maison lors de sa première venue et il ne put donc que raisonner afin de trouver la localisation de cette pièce. Il pouvait cependant procéder par élimination, retirant ainsi la chambre de son ami, la salle de bain ainsi que les toilettes et la chambre des parents. Kise pouvait aussi retirer les espaces de vies comme le salon et la cuisine de sa liste, ne laissant ainsi que très peu de possibilités pour la position du bureau.

Grâce à la lumière que diffusait son téléphone, Kise s'orienta dans les couloirs. Il savait que ce qu'il était en train de faire était mal, mais la voix dans sa tête lui répétait que c'était pour la bonne cause ; avec cela il allait enfin pouvoir se défaire d'Imayoshi. Après tout, il pourrait avoir de la chance et ne rien trouver malgré ses investigations nocturnes.

Il se redonna ainsi du courage et poursuivit sa traversée, terminant en face d'une porte dont il ne connaissait pas l'utilisation : le bureau pourrait donc se trouver derrière ce morceau de bois. Sans plus tarder, sa main entoura la poignée et il l'abaissa. Malheureusement, la porte ne s'ouvrit pas ; l'existence d'un verrou stoppa net les attentes du blond. Son visage se déconfit, sa main retentant une dernière fois, encore et encore, d'ouvrir cette maudite porte. Il avait beau insister, le résultat ne changeait pas, ne laissant qu'au désespoir le soin de lui retirer tout espoir de se dépêtrer de cette situation.

« J'aurais espéré que tu retournes dans la chambre d'Aomine sans tenter quoi que ce soit. »

La soudaine voix fit se raidir Kise qui en lâcha son téléphone portable, dont la rencontre avec le sol fit un peu plus de bruit que le cri qui s'échappa de ses lèvres. Si avec ça il n'avait pas réveillé qui que ce soit, en soi, il était chanceux.

Il était toutefois pris la main dans le sac. Cet homme se pencha pour ramasser son téléphone et le lui redonner, laissant à Kise l'opportunité de voir son visage et surtout de le reconnaître, voyant sous ses yeux le garde du corps d'Aomine qui était toujours à proximité lorsqu'ils sortaient ensemble ; un certain Wakamatsu si Kise avait bien retenu, en vue du nombre de fois qu'Aomine avait pu le crier.

« Je…

— Cherche pas d'excuses. Tu voulais quoi derrière cette porte ? L'interrompit brusquement Wakamatsu, sa voix forte le faisant sursauter.

— Ce n'est pas ça… Je… »

Kise perdit ses moyens et n'arriva plus à réfléchir, craignant d'être découvert par la famille Aomine avant d'avoir pu faire quoi que ce soit envers Imayoshi. Il tenta alors de fuir en rejoignant la chambre d'Aomine, de s'éloigner de cet homme, mais Wakamatsu saisit violemment son bras pour l'en empêcher. Ses questions ne cessèrent de défiler, perdant définitivement son calme, et donnant des frissons à Kise lorsqu'il entendit clairement le nom d'Imayoshi être prononcé par sa bouche.

« Qu'est-ce que…

— Arrête de faire l'idiot ! Je t'ai posé une question ! Qu'est-ce que tu foutais là ? »

Kise se débattit afin de se libérer de l'emprise de cet homme, mais cela eut plutôt l'effet inverse et Wakamatsu raffermit sa prise. Une grimace recouvrit bientôt ses traits en sentant les ongles de cet homme se planter dans sa peau malgré le tissu de son haut, lui réclamant de le lâcher. Seulement, Wakamatsu n'était pas prêt à le faire et prévoyait même d'appeler son supérieur lorsqu'une main vint brusquement s'abattre sur son poignet. Ses yeux se levèrent aussitôt vers cette personne indésirable, qui se révéla être le fils de son employeur.

Aomine venait de surgir de l'obscurité, dévisageant sans la moindre retenue son garde du corps et exerçant une force suffisante contre son poignet pour le forcer à relâcher son ami. Simplement, ce ne fut pas que la force du jeune homme qui fit se reculer Wakamatsu, mais bel et bien son regard cinglant, qui lui soufflait de maintenir une distance de sécurité s'il ne voulait pas se voir égorgé sur place.

Kise sentit par la suite le bras d'Aomine entourer ses épaules et être ramené contre son torse, comme pour le protéger et lui indiquer qu'il ne craignait plus rien à présent. Il leva alors ses yeux interloqués en direction de son ami qui faisait face à son garde du corps, assurant sa défense à sa place.

« C'est quoi ton problème bordel ?! T'as jamais vu quelqu'un se tromper de porte la nuit pour aller pisser ?

— Ce n'est pas la première fois qu'il passe sa nuit ici, crétin.

— Et alors ? Il était à moitié endormi, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? »

La voix ennuyée d'Aomine fit pester Wakamatsu qui jeta un regard furieux vers Kise, qui n'avait pas lâché le profil du basané une seule seconde. Puis, comprenant qu'il ne remporterait pas cette bataille, Wakamatsu prit congé en continuant d'insulter cet ignare qui était pourtant l'enfant dont il avait promis la protection. Ce fut dès qu'il eut complètement disparu que Aomine se tourna vers Kise.

Son visage resta crispé et sa voix grave ne tarda pas à faire frissonner le mannequin. Kise savait que malgré les apparences, Aomine n'était pas si stupide que son attitude désinvolte le laissait présager. Il était ainsi conscient que dans le regard de son vis-à-vis, le doute avait été implanté.

« Qu'est-ce que tu foutais ? Demanda-t-il sans détour.

— C'est comme tu as dit Aominecchi… Je pensais que les toilettes étaient par là mais… »

Kise sentit contre sa peau le regard dubitatif d'Aomine, mais ce dernier finit par marmonner dans sa barbe tout en se grattant l'arrière de son crâne avant de retourner dans sa chambre. Pendant un instant, il observa le dos de son ami s'éloigner et un sourire amer s'étendit sur le coin de ses lèvres. Aomine lui avait permis d'échapper à Wakamatsu, mais de toute évidence le garde du corps l'avait à présent dans sa zone de mire. Sans compter Aomine qui n'était pas dupe, mais qui manquait de preuves.

Avec du recul, Kise était conscient qu'il avait accumulé les mauvaises décisions, le regard critique de Kuroko au fil de son discours ne put que le certifier dans cette prise de conscience. Après tout, en y réfléchissant sérieusement, pourquoi n'avait-il pas décidé de tout révéler au père d'Aomine qui était chef de police et ainsi voir à ses côtés un moyen d'arranger les choses ? Mais il ne l'avait pas fait. Il avait peur et se sentait pris au piège dans un étau qui n'avait de cesse de se refermer autour de lui.

Il suffoquait.

De sorte que lorsque Wakamatsu vint le rencontrer sur son lieu de travail afin d'éviter d'être dérangé par Aomine ou qui que ce soit, Kise s'était retrouvé coincé entre quatre murs. Le garde du corps semblait connaître Imayoshi, ainsi que les agissements de ce dernier dans les quartiers sombres de Tokyo.

« Je te demande juste d'arrêter de tourner autour de la famille Aomine. Ce n'est pas sain pour toi aussi, gamin. Si tu pars sans faire d'histoires, je promets de tenir ma langue et de ne rien répéter. »

Ce jour-là, Kise avait longuement regardé son interlocuteur qui ne semblait pas vouloir lui jouer un mauvais tour. Visiblement, Wakamatsu était sincère et voulait simplement que son chemin se sépare de celui d'Aomine, sans plus jamais se côtoyer. Wakamatsu lui offrait ainsi une porte de sortie, en somme quelques éclaircies dans ces ténèbres qui avaient fini par le posséder, mais Kise était à présent incapable de les voir.

Il hocha simplement la tête, apercevant ensuite le sourire soulagé du garde du corps sur son visage habituellement si sévère. Toutefois, à cet instant, le blond n'en pensait pas un mot et compta bien évidemment rester en relation avec Aomine, même si à présent il ne pouvait plus aller chez ce dernier.

De sorte que leurs sorties se résolurent à se passer chez lui. Aomine se plaignait de ne pas pouvoir jouer au basket, mais Kise prétendait avoir trop à faire à cause de son travail pour jouer une partie. Aomine avait alors gentiment accepté, bien qu'il continuait à râler, parvenant à semer Wakamatsu afin de pouvoir être tranquille et n'avoir de comptes à rendre à personne.

Cependant, Kise n'avait pas remarqué les regards inquisiteurs d'Aomine. Il n'avait donc pas pu voir l'inquiétude se former dans les iris bleutées de son ami.

Puis un jour, son manager lui apprit de la soirée où des réalisateurs, scénaristes et acteurs en tout genre se réunissaient. Bien évidemment, il demanda à y être inscrit et se retrouva le soir même convié à l'événement. Il y trouva certains visages connus, dont notamment Nijimura qui avait été pris pour cible par de nombreuses actrices qui tentaient vainement d'obtenir ses bonnes grâces à coup de décolletés ou en se montrant aux petits soins avec lui en resservant son verre. Kise avait beau chercher autour de lui, il ne parvint pas à discerner la silhouette d'Akashi ; qui de toute évidence n'avait pas désiré se rendre à ce genre de commodités.

Il soupira avant de se remettre d'aplomb et trouver une personne qui pourrait l'embaucher ; comme ces femmes il pouvait user de ses charmes pour séduire un professionnel et peut-être obtenir une promesse d'embauche pour un futur rôle. Un verre à la main, il se rapprocha ainsi de sa première cible et s'intéressa à son travail ou aux choses que cette femme pouvait lui raconter, lui souriant et la resservant lorsque son verre se faisait vide. Il la laissa aussi toucher son épaule, puis petit à petit ses gestes se firent plus appuyés. Peut-être avait-il touché le jackpot.

Du moins, ce fut à quoi il pensa jusqu'à ce qu'un jeune homme n'attrape le verre de cette femme, un doux sourire couvrant ses lèvres. Toutefois, l'éclat dans ses yeux bleus le dévisagea clairement.

« Vous devriez arrêter de boire, ma jolie. Ce n'est pas bon pour votre peau.

— Voyons Mibuchi-san ! Nous sommes là pour nous amuser ! »

Comprenant que cette cible ne lui était pas adressée, Kise cessa de la travailler mais son attention ne quitta pas ce Mibuchi qui lui avait fait louper une proie facile. Il ne s'en formalisa toutefois pas davantage et repartit à la chasse, ses yeux parcourant de nouveau la salle.

Un verre apparut cependant sous ses yeux alors qu'il s'était déplacé, relevant ainsi son regard pour savoir à qui appartenait ce bras et ainsi tomber nez à nez avec Mibuchi dont tout sourire avait quitté ses traits.

« Si tu veux mon avis, ce n'est pas la meilleure façon pour toi d'obtenir un rôle. A ce train-là je te dirais même de plutôt te reconvertir, soupira le jeune scénariste.

— Et en quoi ? Lui demanda-t-il, cherchant à camoufler son énervement.

— Gigolo… Ou hôte. A toi de voir. »

Il plissa ses yeux et dévisagea sans vergogne ce type qu'il ne connaissait pas et qu'il rencontrait pour la première fois. Cependant, Mibuchi avait cessé de le regarder en coin et apporta un instant son verre à ses lèvres, portant son attention sur Nijimura qui cherchait tant bien que mal à s'extraire de ces harpies.

« Tu n'as pas besoin de te rabaisser à leur niveau pour décrocher un rôle. »

Kise ne put retenir le rire amer qui se déroba de ses lèvres, attirant ainsi l'attention de Mibuchi. C'était si facile à dire…

« Vous ne savez rien de mon parcours ou de mes attentes alors, excusez-moi. »

Finalement, Kise posa le verre que Mibuchi lui avait apporté et regroupa ses affaires pour quitter les lieux. Cependant, une main entoura son bras et le stoppa rapidement dans son élan, l'obligeant à froncer ses sourcils en voyant le brun le retenir.

« Tu es bien Kise Ryōta, non ?

— Oui. Et si la fin de votre question est : le fils de…

— Non, non, je m'en fiche de ça. Je commence tout juste dans le milieu et je me suis dit que t'engager pour un rôle serait une bonne idée ! Bien sûr rien n'est sûr, tu devras passer les castings, mais… »

Le retournement de situation lui parut surréaliste. Mibuchi comprit alors qu'il avait piqué sa curiosité et lui expliqua son raisonnement, espérant ainsi jouer sur la popularité de son nom, en tant que mannequin, afin d'attirer l'audimat féminin sur la série qu'il préparait. Au final, Kise passa le reste de sa soirée à discuter avec le scénariste qui se montra bien plus agréable qu'au début, agitant joyeusement ses bras lorsqu'il parlait de son projet.

Le premier rayon de soleil éclaira son champ de vision, un éclairci qui n'était pas des moindres et dont la signification représentait beaucoup pour Kise. Il avait fini par échanger ses coordonnées avec Mibuchi et avait quitté le lieu de la soirée avec un large sourire collé sur le visage. Il avait bien sûr envoyé des messages à Aomine, Kasamatsu, et Kuroko, pour leur apprendre la bonne nouvelle.

Rien n'aurait su faire redescendre sa bonne humeur, malheureusement il ne fallait jamais dire jamais. A peine le carrefour traversé pour retourner à sa maison qu'Imayoshi l'attendait au même emplacement que la dernière fois. Toute trace de gaieté fut immédiatement retirée de son visage, comme si elle n'y avait jamais existé.

« Je n'aime pas me répéter, Kise.

— Excusez-moi… Je comptais vous appeler demain et…

— Et me dire quoi ? Je suis là alors si tu as quelque chose à me révéler, c'est le moment. »

Imayoshi quitta son point d'appui et se rapprocha de Kise. Il en avait assez d'attendre une chose qui ne semblait pas être capable d'arriver, alors il allait devoir secouer un peu le tout pour espérer obtenir quelque chose de concret. Sa main épousseta ainsi la chemise du mannequin, semblant y retirer une poussière, avant de lui souffler à l'oreille.

« Tu penses sincèrement que je ne peux pas ruiner ta petite carrière ? Je t'ai aidé, mais je peux tout aussi bien faire en sorte que plus personne ne veuille de toi.

— Laissez-moi encore un peu de temps… Aominecchi me parle de plus en plus de ses problèmes et de son père, et je pense que…

— Ce n'est pas assez rapide. Plus vite. »

Kise se pinça les lèvres et chercha un moyen pour faire accélérer les choses. Malheureusement, Aomine était assez réservé sur certains sujets et l'emmener à discuter de son père était presque tabou : un terrain miné où le basané finissait toujours par s'énerver et fuir la conversation.

« Je sais que je peux réussir à le faire parler. Laissez-moi encore un peu de temps ! »

Un sourire perfide se dessina sur les lèvres d'Imayoshi, qui vint glisser sa main contre la joue de Kise et y administrer quelques claques légères.

« Je peux savoir ce qui se passe au juste ? »

Le son de la voix fit sursauter Kise dont les yeux rencontrèrent instantanément ceux méfiants de Kasamatsu, qui à la suite de son message avait sûrement voulu fêter la bonne nouvelle à ses côtés. Depuis le temps que le blond le bassinait avec ça, l'obligeant à lui rendre la réplique à plusieurs reprises, Kasamatsu avait bien l'intention de clore ce dossier et passer à autre chose, et pour cela rien de mieux que quelques gâteaux apéros et des sodas.

Cependant, Imayoshi ne tarda pas plus longtemps et laissa à Kise le privilège de s'expliquer à ce sujet. Ses yeux s'entrouvrirent néanmoins lorsqu'il heurta un autre convive surprise, son sourire retombant de ses lèvres lorsqu'il croisa le regard de cette personne.

« Ne t'en fais pas senpai ! C'était un ami.

— Un ami ? Il est douteux, ne manqua pas de relever Kasamatsu.

— Mais non ! Il a juste une attitude un peu bizarre, mais il est pas méchant. » Continua Kise tout en se forçant à rire.

Afin de changer rapidement de sujet, Kise s'intéressa au contenu du sac plastique que détenait son ami qui l'observa un certain temps avant de répondre à ses questions. Ils allèrent pour rentrer chez lui lorsqu'une toux exagérée les fit se retourner pour discerner la silhouette d'Aomine, étant apparemment venu aussi fêter la bonne nouvelle. Kise agrandit ses yeux tandis que Kasamatsu les rétrécit, visiblement peu enchanté de voir que le basané avait eu la même idée que lui mais surtout que Kise l'avait aussi prévenu. Pour le coup, il se sentait moins spécial.

Finalement, accompagné de ses amis, Kise rejoignit sa chambre et proposa aux deux autres de s'installer. Aomine sortit, à l'inverse de Kasamatsu, des canettes de bières qu'il avait piquées à sa famille. Ils trinquèrent tous ensemble, félicitant Kise pour son exploit, mais derrière les rires forcés du blond, Aomine perdit patience. Il était évident que Kise comptait passer cette entrevue nocturne sous silence, mais il ne comptait pas le laisser faire.

« Et donc, c'était lui Imayoshi ? »

Pour le coup, Kise manqua de s'étouffer avec les chips qu'il comptait manger. Ses yeux se dirigèrent vers son ami qui le dévisageait sans la moindre honte, les sourcils froncés et la voix cassante. Visiblement, Aomine avait dû entendre les propos de Wakamatsu le soir où il avait prétendu se tromper de chemin. Pendant un temps, il toussa, beaucoup trop longtemps pour que ce soit normal, mais il profitait de cette diversion pour réfléchir et trouver une explication censée.

Kise commença cependant à s'agiter, intriguant davantage Kasamatsu sur l'identité de ce type, mais agaçant un peu plus le basané.

« Tu penses sérieusement qu'avec tout le boucan qu'a pu faire ce crétin de Wakamatsu, j'avais rien entendu ? Tu me prends vraiment pour un con… »

Un rire amer traversa les lèvres d'Aomine, qui passa ensuite une main contre son visage. Il en avait assez. Plusieurs fois il avait laissé une chance à Kise de s'expliquer, de lui dire qu'il se trompait et que ses doutes ne s'avéraient être que de mauvaises pensées, il l'aurait très certainement cru. Son père lui avait toujours appris à se méfier de son entourage, de ces personnages qui pourraient profiter de lui à cause de son statut, mais il était loin de s'imaginer que cet idiot heureux que semblait représenter Kise se révélerait être en réalité une de ces personnes.

« Putain… Ça veut dire que dès le début tu me manipulais, assena-t-il sèchement.

— Attends Aominecchi, je…

— Quoi !? Choisis bien tes mots Kise, je suis à deux doigts de t'en décrocher une…

— Laisse-le s'expliquer, sollicita Kasamatsu.

— Toi le nain, la ferme ! C'est entre Kise et moi, cracha aussitôt Aomine.

— Pardon ?! » Grinça le plus petit, les tempes ayant doublé de volume.

Prêt à en découdre, Kasamatsu se rapprocha de ce fichu basané qui lui avait toujours tapé sur le système. L'atmosphère remplit d'électricité affola davantage Kise qui voyait ses deux amis s'approcher dangereusement, les poings serrés et les mâchoires contractées.

« Attendez ! Ce n'est pas ce que tu crois Aominecchi ! Imayoshi-san est juste un collègue à ton père et…

— Tu en as pas assez de mentir ? Putain ! Tu voulais m'entendre te dire quoi ? Comment mon père a intégré la police ? Comment il est rapidement monté en grade ? Si c'était de manière légale ? »

Au fur et à mesure qu'Aomine supposait à voix haute, crachant ses questions à la figure de Kise qui se décomposait au compte-goutte, son énervement se volatilisait. En réalité, plus qu'être en colère, il était déçu. Il avait vu en Kise un ami sur lequel il pourrait compter, un adversaire avec lequel partager sa passion et ainsi profiter ensemble des parties de baskets échangées. Il avait trouvé quelqu'un avec qui discuter de ses projets d'avenir en tant que basketteur professionnel, mais au fond tout ceci n'avait été que du vent.

Le mannequin désirait devenir acteur, s'était-il entraîné sur lui en jouant un rôle dès le départ ?

Un long soupir s'échappa de sa bouche et Aomine décida finalement de se redresser, époussetant un instant son jean avant de glisser ses mains dans les poches de son pantalon.

« Tu sais quoi, bon courage pour ta carrière d'acteur. Tu as tout pour réussir. »

Se dirigeant vers la sortie, Aomine entendit derrière lui Kise se relever brusquement et ainsi chercher à le retenir. Seulement, à peine le blond eut-il attrapé son bras qu'il se détacha violemment en esquivant son geste. Il planta dès lors ses yeux où s'échappaient des éclairs menaçants, prévenant ainsi l'autre de ne pas retenter une telle tactique.

« Tente encore une fois de me toucher et crois-moi que c'est mon poing dans la gueule que tu auras. » Cracha-t-il sèchement.

La porte se referma brusquement derrière lui, n'ayant pas besoin d'être raccompagné puisqu'à présent il connaissait la composition de cette maison comme sa poche. Un juron traversa ses lèvres, au risque de réveiller les autres occupants, mais il n'en avait que faire à présent. Aomine ne désirait plus que s'éloigner de ce type, aussi loin que cela lui était possible, où il risquait de perdre le peu de sang-froid qu'il lui restait.

Kise ne put retenir un sursaut lorsqu'il entendit la porte d'entrée se refermer violemment, dirigeant ensuite son regard vers Kasamatsu qui avait assisté à la scène sans toutefois tout comprendre. Il se rassit ensuite silencieusement, attrapant sa boisson malgré ses tremblements pour essayer d'en boire le contenu et sauver les apparences. Il dut pourtant s'y résoudre lorsque sa vue commença à se brouiller et qu'il ne vit plus le bout de son nez. La main de Kasamatsu vint alors doucement caresser son dos, cherchant à le réconforter d'une manière ou d'une autre. Les gestes attentionnés du brun à son égard étaient des cas rarissimes dont Kise profitait toujours pleinement, mais cette fois-ci cela lui était impossible.

Il avait été un tel idiot ; son esprit lui répétant inlassablement cette phrase.

« Tu peux m'expliquer ? »

La voix étrangement suave de Kasamatsu attira son attention, lui qui continuait à lui caresser le dos tandis qu'il essuyait ses larmes. Il acquiesça alors plusieurs fois avant d'expliquer la réelle identité d'Imayoshi et ce que celui-ci avait pu faire dans les premiers temps, avant de lui demander sa part du marché : tout ce qui pouvait concerner de près ou de loin le père d'Aomine.

Pendant un long moment, Kasamatsu n'ajouta rien et le laissa simplement s'expliquer. Ce ne fut que lorsqu'il termina son récit par un long soupir que Kasamatsu cessa de frotter son dos de manière réconfortante. Inquiet, Kise avait relevé un œil timide dans sa direction et il avait ainsi pu discerner l'expression redevenue sévère du brun.

« Je te savais idiot, mais à ce point…

— Senpai…

— Quoi ? C'est un fait. Tu viens encore de le prouver. »

Puis, un ricanement secoua les épaules de Kasamatsu qui passa rapidement sa main contre son visage. Son attitude étrange fit froncer les sourcils de Kise, se demandant ce qui pouvait bien se passer dans sa tête pour rire de la sorte, dans une telle situation.

« Enfin, ça m'apprendra à m'enticher d'un idiot pareil. Bordel… J'aimais pas te voir tourner autour de ce type, mais tu le collais juste pour cet Imayoshi. »

Les yeux de Kasamatsu se posèrent une nouvelle fois sur Kise qui le regardait, interloqué. Seulement, la cause de l'hilarité de Kasamatsu n'était assurément pas du fait qu'il était amusé par la situation, loin de là ; tout comme Aomine, il était simplement amèrement déçu. Il connaissait parfaitement les doutes de Kise concernant son travail, de la pression qui reposait sur ses épaules à cause de la popularité de son père, de son manque de confiance en lui malgré les apparences, mais rien n'excusait son contrat avec Imayoshi ainsi que ses manipulations.

Cet adolescent qui se trouvait sous ses yeux, est-ce qu'il le connaissait réellement ? Ce Kise Ryōta, cette personne qui n'hésitait pas à se servir d'autrui pour arriver à ses fins, au risque de blesser les sentiments de ces personnes, il ne l'aimait pas. Finalement, il aurait presque préféré apprendre que Kise avait flashé sur cet idiot d'Aomine plutôt que d'apprendre la vérité.

« Je vais y aller aussi. Je n'ai pas envie de fêter la bonne nouvelle avec la personne que tu es devenue.

— Attends, senpai ! Je ne voulais pas…

— Tu ne voulais pas le blesser ? Arrête tes fausses intentions. Tu croyais quoi sérieux ? Qu'il allait l'accepter avec le sourire ? Te fous pas de moi Kise ! Ce que tu as fait est mal, merde.

— Mais tu aurais fait quoi à ma place ? Tu ne sais pas à quel point c'était épuisant ! Je n'avais rien fait à tous ces gars et pourtant ils arrêtaient pas de s'en prendre à moi. C'est normal que je me défende, non ?

— Et c'est pour ça que tu avais besoin de cet Imayoshi de merde ? Tu pouvais pas simplement lever tes poings et les frapper ?

— Ils étaient beaucoup plus nombreux que moi ! » Cria finalement Kise.

Brusquement, Kasamatsu attrapa le col de sa chemise et le força à se baisser pour avoir son visage en face du sien. Kise contracta immédiatement sa mâchoire, se préparant au coup, mais rien n'arriva. Il lança un coup d'œil interrogateur à son ami qui le foudroyait du regard, ses yeux bleus le dévisagèrent avec une telle force qu'il sentit ses entrailles se tordre.

« Et alors ? Dans ce genre de querelle, c'est pas le nombre qui compte. Tu devais te faire respecter Kise. Tant pis si tu finis tabassé à la fin, mais ils auront compris que tu ne te laissais pas faire. Au lieu de faire ça, tu as fui la queue entre les jambes.

— C'est facile à dire ! Je ne suis pas comme toi qui frappe sur tout ce qui bouge quand une chose ne te plaît pas. » Contra-t-il avec véhémence.

La prise autour de son col se raffermit, mais Kise n'abandonna pas. Il sentait clairement les signaux d'alertes dans le regard de Kasamatsu, mais à l'inverse de ces mannequins qui le brutalisaient, Kise ne le craignait pas. Il soutint ainsi le regard meurtrier de son vis-à-vis, par pure provocation.

« Tu sais quoi Kise : va te faire foutre. »

Ne désirant pas jouer à son petit jeu, lessivé par la bêtise du blond, Kasamatsu finit par le relâcher et regroupa ses affaires pour quitter à son tour les lieux. Ça ne servait plus à rien de discuter ce soir et il espérait pouvoir disparaître avant que les choses n'atteignent leur point de non-retour. Kise se leva en même temps que lui, dans l'intention de poursuivre cette conversation, mais cela se révéla être les mots de trop.

« De toute façon vous êtes tous les mêmes. Quand tout va bien, c'est tant mieux, mais lorsque les choses s'enveniment…

— Tu peux répéter !? »

Il plaisantait, n'est-ce pas ? Est-ce qu'il oubliait toutes ces fois où il avait répondu présent lorsque le blond était au bord du gouffre, car personne ne le voulait en tant qu'acteur ? Ou même bien avant, pendant leurs études où le blond allait encore au lycée et qu'il avait toujours été là pour lui ? Et puis, n'était-ce pas chez lui que Kise venait se réfugier lorsqu'il se disputait avec sa famille ? Sa mère le connaissait et avait l'habitude de le voir, lui demandant souvent de ses nouvelles à table.

En plus d'être un idiot irrécupérable ce soir, ce crétin avait désormais la mémoire courte ?

« Tu m'as très bien entendu, senpai. »

Kasamatsu pesta. Décidément, qu'est-ce qui lui avait pris de succomber aux charmes de ce crétin ? Il ne le reconnaissait même pas en ce moment.

« T'es vraiment trop con.

— Et alors quoi si je suis con ? J'en ai pas le droit ? De toute façon tu vas faire comme Aominecchi non ? Tu vas me tourner le dos et me laisser tout seul !

— Tu ne récoltes que ce que tu sèmes Kise. Assume-le.

— Si tu étais vraiment amoureux de moi, tu ne me tournerais pas le dos comme ça ! »

L'information n'étant décidément pas tombée dans l'oreille d'un sourd, Kise n'eut pourtant pas le temps de terminer sa phrase qu'un poing s'était abattu contre sa joue droite. Il manqua de trébucher avant de plaquer sa main contre sa joue endolorie, rivant son attention sur Kasamatsu qui cette fois-ci l'incendiait du regard.

Kasamatsu resserra ensuite son poing et se retint de justesse de ne pas frapper une nouvelle fois Kise, ce dernier n'ayant assurément pas le droit de chercher à le retenir pour éviter d'être seul en utilisant ses sentiments. Ainsi, au lieu de le frapper, il jura une dernière fois avant de prendre le chemin de la sortie. A l'inverse d'Aomine, il se fit plus silencieux lorsqu'il dépassa la chambre de Kise.

Désormais seul dans cette pièce qui lui parut étrangement immense, les boissons et les gâteaux apportées par les deux adolescents trônant encore sur sa table basse, Kise se laissa tomber en arrière. Il enterra son visage dans ses bras qu'il croisa par-dessus ses genoux et laissa le flot d'émotions s'écouler. Il en avait assez. Est-ce que tout cela méritait finalement de devenir acteur ? En une soirée il venait de perdre deux amis, jouant sur leurs sentiments pour s'assurer d'arriver à ses fins.

A travers ses pleurs et ses injures dirigées à l'encontre de sa personne, Kise entendit toutefois les sonneries de son téléphone. Il venait de recevoir un message et espéra que ce soit l'un de ses deux amis, se précipitant alors sur son téléphone avant de se rendre compte qu'il s'agissait de Kuroko qui le félicitait.

-x-x-x-

Ainsi se termina son histoire qui relatait les derniers jours qui avaient été de véritables montagnes russes émotionnelles, mais où il avait blessé ses proches et piétiné les sentiments de bien des personnes par son égoïsme. Il inspira une nouvelle fois, reprenant son souffle après avoir autant parlé et attendit sa sentence. Au fond, il ne s'attendait pas à ce que Kuroko le réconforte ou prenne son parti.

Il voulait simplement vider son sac. De sorte qu'en cet instant, Kuroko était devenu la personne à savoir le fin mot de toute cette histoire.

Après un long soupir et prenant une gorgée de son milk-shake à la vanille, Kuroko s'exprima.

« Kasamatsu-san a eu raison de te frapper. Je suis même étonné qu'Aomine-kun ne l'ait pas fait.

— Qu'est-ce je dois faire Kurokocchi ? Demanda-t-il désespérément.

— Kasamatsu-san est celui qui te connaît le plus, il doit donc savoir que tu parlais sous le coup de la colère. Laisse-lui le temps de se calmer et rediscutez-en, calmement, insista Kuroko sur ce point.

— Mais il a aussi dit que… »

N'arrivant pas à terminer sa phrase, Kise préféra enterrer son visage à l'intérieur de ses mains. Sa joue droite l'élançait encore, mais il avait mérité le coup cette fois-ci.

« N'y pense pas ce soir et repose-toi. Mais oui, tu devrais penser à lui fournir une réponse.

— Mais il s'est pas vraiment confessé. Je veux dire, on peut s'enticher de quelqu'un simplement en toute amitié, non ? »

Le regard désapprobateur de Kuroko fut son unique réponse. Il n'allait pas dire à Kise quoi faire, c'était son histoire et celle de Kasamatsu. Il ne pouvait que le conseiller, et puis de toute façon il n'était pas un exemple à suivre et n'avait assurément pas de leçons à donner à ce sujet.

Kise porta alors son regard vers l'extérieur et parut subitement très loin, réfléchissant à des choses et autres avant de se retourner vers son ami.

« Je dois aussi régler mes comptes avec Aominecchi, soupira-t-il.

— Oui.

— Ce ne sera pas facile, hein ?

— Je ne pense pas, en effet.

— Kurokocchi, arrête ça, se plaignit Kise en gémissant.

— Que veux-tu que je te dise Kise-kun ? A ta place, je réfléchirais plutôt à comment me défaire de cet Imayoshi avant de résoudre mes problèmes avec mes amis. Le réel souci, c'est cet homme. »

A l'entente de ce nom porteur de malheurs, Kise enterra de nouveau son visage entre ses bras et s'agita par-dessus son siège. Le début de ses problèmes ne faisait que commencer et il allait assurément se coltiner quelques maux de tête avant de pouvoir s'en sortir.

-x-x-x-

Le lendemain matin où Kuroko était parti rejoindre Kise au fast-food, Akashi se réveilla avec un incroyable mal de tête. Son sang pulsait contre son crâne et il se retourna, se positionnant de côté sur son lit avant que sa main vienne couvrir son œil gauche. Il retint de justesse un juron, sachant que l'écho que cela procurera à sa tête ne le ferait que souffrir davantage. Pour l'instant, il devait simplement trouver les forces nécessaires pour quitter son lit et retrouver ses médicaments.

Ce fut donc en titubant légèrement, son œil droit à peine ouvert afin de ne pas se faire agresser par la lumière du jour et sa main supportant toujours sa tête et camouflant son autre œil, qu'Akashi rejoignit la cuisine où Kuroko s'y trouvait déjà.

L'adolescent fronça ses sourcils en voyant l'état du réalisateur, mais il ne pipa mot et le vit plutôt chercher hâtivement quelque chose dans les tiroirs. Il quitta seulement sa chaise lorsqu'il remarqua Akashi en train de s'impatienter et de jeter précipitamment certains tubes remplis de médicaments par terre afin de libérer l'espace. Tout en proposant son aide en se mettant aux côtés du rouquin, Kuroko fut pourtant royalement ignoré par Akashi qui s'empara enfin de l'objet de ses désirs.

Sans plus attendre, Akashi retira le capuchon et goba la gélule sans même prendre le temps de se servir un verre d'eau. Son empressement n'étonna que davantage Kuroko, qui lui laissa le temps d'avaler proprement avant de l'interroger sur son attitude étrange.

« Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Juste un mal de crâne. C'est toujours passager, ne t'inquiète pas. »

Sachant que ses maux de tête passeront dans les minutes à venir, Akashi soupira. Ses yeux se levèrent ensuite vers Kuroko qui ne semblait pas convaincu par son explication en vue de son froncement de sourcils et de son expression soucieuse. Il tenta alors de sourire afin de le rassurer complètement, mais il pensa toutefois à appeler Midorima pour avoir un nouveau rendez-vous et que ce dernier lui fournisse l'ordonnance de ses médicaments afin de ne pas en manquer.

« Ton ami va bien ? Interrogea-t-il ensuite afin de changer de sujet.

— Il rencontre des problèmes après avoir pris de mauvaises décisions, mais j'espère qu'il trouvera rapidement une solution. »

Bien que Kuroko lui ait répondu, Akashi sentit encore contre sa peau le regard curieux que lui lançait l'adolescent. Cependant, il fit comme si de rien n'était et observa plutôt ce qu'il était en train de manger pour le petit-déjeuner et ainsi remarquer ce qui devait sûrement être des œufs. Un mince sourire s'étira sur le coin de ses lèvres et, remarquant à son tour l'intérêt que portait le rouquin à son repas, Kuroko rougit et cacha rapidement son assiette.

Son attitude ne fit pourtant qu'amuser davantage Akashi qui se rapprocha, dont l'odeur brûlée lui monta ensuite aux narines pendant que Kuroko s'évertuait à le distancer et cacher cette horreur.

« Si tu veux, je peux t'apprendre à cuisiner, lui proposa-t-il gentiment.

— Je suis un cas irrécupérable, Akashi-kun. »

Pour seule réponse, le rouquin haussa un sourcil. Il était certain qu'avec un peu d'entraînement et de pratique, son petit-ami parviendrait à sortir un plat correct.

« Ma grand-mère et Kagami-kun m'ont plusieurs fois donné des leçons de cuisine, mais il semblerait que je sois maudit à ne sortir que des plats indigestes.

— Ils ne devaient pas t'apprendre de la bonne façon dans ces cas-là. » S'amusa-t-il.

Délicatement, il attrapa la main de Kuroko et l'emmena avec lui jusqu'au réfrigérateur. Tout en étudiant le contenu, Akashi sortit les aliments dont il aura besoin et en tendit certains à Kuroko qui les saisit. Akashi commença ensuite à expliquer quel outil de cuisine utiliser pour préparer le petit-déjeuner avec ce qu'ils avaient choisi. Dans les premiers temps, Kuroko l'écouta attentivement en acquiesçant juste, mais rapidement Akashi requerra sa participation alors que de la nourriture cuisait au même instant.

Tout d'abord surpris, puis dépassé par ce qui lui tombait entre les mains, Kuroko s'agita nerveusement avant que les mains d'Akashi ne viennent se poser contre les siennes. Immédiatement, il se raidit en sentant la chaleur de son petit-ami se répandre contre son dos, tournant son visage sur le côté afin d'apercevoir le sien et ainsi sentir ses joues rosir. Il dut pourtant se concentrer sur ce qui se trouvait sous son nez, Akashi lui apprenant à préparer le petit-déjeuner en faisant bouger ses mains apposées contre les siennes.

La situation intime et cette proximité chaleureuse fit rapidement oublier à Kuroko les soupçons qui l'avaient assailli en vue de l'attitude fuyante d'Akashi.

Le repas étant prêt, Akashi déposa ses lèvres contre sa joue tout en lui soufflant de sortir les couverts tandis qu'il coupait le gaz et apportait le tout sur la table. Les joues encore légèrement rougies par cet instant de complicité, Kuroko s'exécuta tout en flottant sur un petit nuage. Ce genre d'instant lui faisait prendre conscience qu'il n'avait pas besoin de se prendre la tête, qu'il pouvait simplement profiter de sa relation avec le rouquin sans se soucier du fait que celui-ci soit aussi un homme. Après tout, quel était le problème ? Si tous les deux ressentaient les mêmes sentiments à l'égard de l'autre, tout allait pour le mieux, n'est-ce pas ?

Ainsi, lorsque son regard croisa de nouveau celui d'Akashi, Kuroko sourit. A travers ce sourire, il essaya de transmettre à son vis-à-vis toute la reconnaissance qu'il lui portait, mais aussi toute son affection.