Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? J'espère que votre rentrée c'est bien passée et que votre emploi du temps vous convient, personnellement je suis contente que l'été soit passé car j'ai pu terminer mon job saisonnier qui m'empêchait de passer du temps sur l'ordi - et donc poursuivre mes fictions. Ça me manquait tellement ! T_T

Mais me revoilà de retour sur le fandom, avec un nouveau chapitre à vous proposer ! :D

Merci à Erizu-sama pour sa correction !

Réponses aux reviews :

Sans dc : Je suis contente d'apprendre que le chapitre 32 t'ait plu et je te laisserais découvrir grâce à la suite si tes hypothèses vont se confirmer ou non ;) On va pas gâcher l'effet de surprise, voyons haha. Et ne t'inquiète pas, Nijimura et Takao se sont fait absents pour que mieux revenir ! Les deux vont avoir un rôle assez important dans les chapitres qui suivront, tu verras :) Et crois-moi, si Akashi nous offrait des cours, mon amour pour faire la cuisine exploserait (l'auteur avoue enfin qu'elle ne cuisine que lorsqu'elle n'a pas le choix et plus de sousous sur son compte en banque). Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Ryoko : Le désespoir et l'impatience peut conduire toute personne a faire un peu n'importe quoi, dans des contextes différents bien sûr. Mais Kise voulait tout, tout de suite, sans se soucier des conséquences. Du moins, il en a pris conscience que bien trop tard et le voilà dans de gros soucis. Et pour le AkaKuro, t'inquiète pas que les bisous et câlins ne vont pas plus tarder ;) Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Pouuf : Bienvenue à toi et merci d'avoir lu toute ma fiction ! Je suis contente que les liens entre les personnages, ainsi que les émotions qui s'en sont écoulées, t'aient plu. Le fait que tu aies pensé à des "side stories" est vraiment touchant. Merci merci ! Pour Takao, il reste beaucoup à découvrir sur ce personnage, en rapport avec Mari, mais aussi de sa réelle relation avec Midorima ; mais tout viendra en heure. Tout comme Nijimura par ailleurs, qui va pas tarder à faire parler de lui ;) Après je t'avouerai pour ce qui est de Murasakibara et Himuro, comme ils sont moins "centraux" ce n'est pas sûr que leurs histoires soient étoffées je t'avouerai. En tout cas, merci encore pour ta jolie review et j'espère que ce chapitre te plaira tout autant que les précédents, et je te souhaite une bonne lecture !

Psychoswolf : Comme on dit si bien : les imbéciles s'en sortent toujours ;) Mais à quel prix ? Pour la suite du AkaKuro, la voilà ! Chapitre concentré sur le couple et les problèmes de Kuroko pour certaines choses (si tu vois ce que je veux dire ;) ) Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

dal : Les scènes intimes ne devraient pas tarder, ne t'en fais pas :) Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Momoi-san : Je suis heureuse d'avoir réussi à transmettre la détresse de Kise dans ce chapitre, car en vrai j'ai eu un certain mal à l'écrire. Je trouvais pas les mots justes pour les dialogues, et je retournais le tout je ne sais pas combien de fois. Mais oui, Kise s'est mis lui-même dans la "merde" si j'ose dire haha. Tout est de sa faute, à lui et son impatience et jalousie envers son propre père. Pour le contenu de la lettre, tu en auras une rapide idée dans ce chapitre, mais surtout le prochain. Une petite surprise vous attend à l'intérieur de ce chapitre 33 :D Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

akakuro-hime : Est-ce que Kise va se réconcilier avec Aomine ? Tu verras par toi-même voyons, je ne vais pas gâcher l'effet de surprise ;) Tout comme Imayoshi aussi, je vous laisserais tous découvrir comment Kise va s'en sortir - ou pas qui sait :D. C'est tellement facile de faire du fluff avec du AkaKuro ; ces personnages sont adorables une fois mis ensemble ! Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Laura-037 : Et oui... Comme tu dis, Kise a clairement merdé. Vous verrez tous prochainement comment les choses vont évoluer, mais je dis pas un mot là-dessus haha. Pour ce qui est de Kuroko, tu verras dans ce chapitre que tous les blocages ne sont pas encore effacés, mais qui sait, peut-être que prochainement il parviendra à passer au-dessus ;) Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

amelayy : Kise en baver ? Je ne vois pas ce que tu veux dire par-là xD Mais oui, le AkaKuro est toujours mignon de toute façon ! :3 Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

karma power : Et oui, qu'est-ce que serait devenu Kise sans un dernier ami là pour le soutenir ? Voici en tout cas la suite qui j'espère te plaira ! Merci beaucoup pour ta review et je te souhaite une bonne lecture !

Clmence : Et voici la suite tout juste sortie de mes archives ! :D Merci beaucoup de ta review et je te souhaite une bonne lecture !

ptitcoeurfragile : Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

BloodyNeko4092 : Alors pour le couple de Kise, pour être honnête, j'hésite encore pas mal. J'ai une préférence pour le personnage de Kasamatsu, mais rien n'est impossible. Après je te cacherai pas que ça peut terminer en AoKise ou KiKasa, mais c'est bien d'apprendre à aimer d'autres couples ;) En tout cas merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

ellie27 : Et oui que veux-tu, Kise est un crétin haha. Je te laisserais découvrir comment toute cette histoire va se terminer, et comment Kise s'en sortira ;) En comprenant ce chapitre, tu as le suivant et ce sera fini pour "l'arc" de l'ex petite amie haha. Mais une petite surprise vous attend dans ce chapitre :D Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

kama-chan59 : C'est vrai l'image de ces deux-là cuisinant ensemble est fluff à souhait ~ Je suis contente que cette fin t'ait plu en tout cas ! Comme tu dis, Aomine et Kasamatsu vont mettre du temps à pardonner à Kise, à différents niveaux, et de différentes façons, dont je te laisserais découvrir tout cela en temps et en heure. Mais oui, pour moi les relations humaines sont composées d'erreur et de pardon, bien sur dans des contextes et des situations différentes. Mais chacun a ses raisons pour agir de la sorte, pour se comporter ainsi, et il faut juste essayer de comprendre. Comprendre et pardonner si c'est possible. Merci en tout cas pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture!

Merci aussi à tout le monde pour continuer à lire cette fiction et de l'ajouter en fav / follow ! Je n'aurais jamais pensé être suivie par autant de personnes et cela rend cette fiction encore plus spéciale dans mon coeur. Alors merci, un grand merci à vous tous qui lisez ces mots et ces chapitres.

Je vous souhaite à tous une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter ;)


Le Papillon

Scène 33


De l'amour naissent les plus fortes haines.

Properce


Les semaines s'étaient écoulées sans grabuge particulier et Kuroko avait enfin trouvé le courage de retourner à l'appartement de Kagami afin d'y chercher ses affaires et pouvoir les ramener chez Akashi. Il avait à peine échangé quelques mots avec son camarade de classe, qui avait deviné où ses vêtements allaient atterrir. Quant à Nigou, ce dernier était plus heureux que jamais de retrouver son maître, mais aussi le réalisateur, qui au fond lui avait un peu manqué.

Il avait aussi fini par s'habituer à tutoyer Akashi, pour le plus grand plaisir de celui-ci.

Depuis quelques matins, il s'était chargé de faire le petit déjeuner afin de surprendre Akashi. Kuroko commençait tout juste à être capable de sortir une assiette correcte sans la participation du rouquin. Quelques coquilles d'œufs perdues se retrouvaient encore dans leur plat, mais au moins c'était comestible et personne n'était encore tombé malade pour le moment.

Parfois, il recevait quelques coups de fil de la part de Kise qui lui racontait qu'Aomine ne répondait toujours pas à ses appels ni à ses messages. Le basané l'ignorait aussi lorsqu'il se présentait en face de lui. Aomine évitait donc toujours Kise, tout comme Kasamatsu le faisait, comme si ces deux-là s'étaient passés le mot. Kuroko essayait donc de le réconforter, lui confirmant que cette situation ne serait pas éternelle et que les deux garçons finiraient un jour par lui pardonner, ou du moins passer à autre chose. Kise relativisait alors à son tour, lui racontant comment les choses avançaient avec Mibuchi au sujet de son prochain rôle dans sa série, après avoir signé le contrat.

« Ça te dit de venir fêter ça avec moi, Kurokocchi ? Proposa joyeusement le blond.

— Bien sûr.

— Génial ! Je vais aussi appeler les autres et… »

Seulement, Kise s'arrêta et Kuroko comprit la fin de sa phrase. Il sentit son cœur se serrer en imaginant l'expression que devait avoir le mannequin, dont la langue avait fourché. Pour l'instant, il n'avait plus d'amis proches à appeler pour fêter la bonne nouvelle.

« Je suis sûr que Momoi-san serait ravie de nous rejoindre, souffla-t-il alors.

— Tu penses ? Elle est la meilleure amie d'Aominecchi et je pense que…

— Si tu ne l'appelles pas, tu ne sauras pas Kise-kun.

— Tu as raison, je vais l'appeler tout de suite ! Je te dirai par message quand je serais dispo. Merci beaucoup Kurokocchi ! »

Sans plus attendre, Kise raccrocha tout en étant bien plus enthousiaste qu'auparavant. Ce fut donc en reposant son téléphone contre la table que Kuroko se permit enfin de soupirer. Il espérait vraiment que la situation de son ami s'arrange avec le temps, Aomine et Kasamatsu ne pouvaient pas rester éternellement fâchés avec un tel personnage que représentait le blond.

Il restait toutefois le problème d'Imayoshi mais jamais Kise n'en avait reparlé avec lui.

« La situation de Ryōta s'est arrangée ? »

La voix d'Akashi lui fit relever le menton pour remarquer sa présence à quelques mètres de lui, essuyant ses cheveux humides. Il était tard et Kuroko avait remarqué qu'après une journée intensive d'écriture, le rouquin prenait toujours une douche avant d'aller se coucher, comme pour se détendre. Ses joues s'enflammèrent néanmoins à la vision qui se présentait sous ses yeux, car bien que vêtu de son pyjama, Akashi dégageait une véritable attraction : sa main qui frottait ses cheveux pour le coup désordonnés, les gouttelettes d'eau qui parvenaient à s'échapper et venir s'échouer dans le creux de ses clavicules laissées visibles par les boutons…

Kuroko déglutit difficilement. Un seul mot lui venait à l'esprit : sexy.

« I-Il a décroché le rôle que lui proposait Mibuchi-san, on doit fêter ça prochainement. »

Akashi acquiesça simplement, terminant de se sécher les cheveux tout en retournant dans la salle de bain. Kuroko se permit alors, une fois que son amant eut le dos tourné, de se tapoter ses joues qu'il sentit brûlantes. Il se redressa ensuite et se dirigea vers sa chambre afin de se changer et de revêtir son pyjama, Nigou dormant profondément au milieu de son lit. Un sourire attendrissant envahit alors son visage en observant le tableau qui s'offrait à lui.

« Pour l'instant, c'est certes mignon, mais imagine lorsqu'il aura atteint sa taille adulte. »

La remarque d'Akashi lui fit instantanément perdre son sourire, qui se retrouva toutefois sur les lèvres du rouquin, fier de lui. Kuroko suivit alors les pas du réalisateur, lui affirmant que son chien ne se comporterait pas ainsi une fois adulte. Il entra ainsi dans la chambre d'Akashi, qui se saisissait de ses couettes afin de se glisser en dessous, l'imitant rapidement.

« Tu lui fais prendre de mauvaises habitudes, c'est tout ce que j'essaie de te faire comprendre Tetsuya. Regarde, tu es parti pour dormir avec moi alors que tu n'aurais qu'à le prendre dans tes bras et le poser dans son panier.

— Si ça te dérange que je…

— Ça ne me dérange pas, loin de là. »

Kuroko le regarda un instant. Il savait mieux que quiconque qu'Akashi n'était pas du genre à mentir, encore moins lorsque cela concernait son confort personnel, mais au fond ce qu'il ne lui disait pas était que Nigou n'était qu'une excuse. Évidemment qu'il pourrait l'enlever de son lit, de lui apprendre à cesser de grimper dessus, mais il lui serait plus difficile de rejoindre la chambre d'Akashi et ainsi dormir à ses côtés. C'était plus simple comme ça, pour lui, de venir dans cette pièce.

Il se glissa donc dans le lit du réalisateur, remontant les couvertures jusqu'à son nez afin de camoufler le sourire qui s'étendait sur son visage.

La pièce fut ensuite plongée dans le noir et il sentit le matelas remuer par les mouvements que produisait Akashi afin de pouvoir se placer confortablement, dirigeant ainsi ses yeux vers la silhouette allongée à ses côtés. Il savait qu'Akashi se trouvait tourné dans sa direction, comme le lui prouva cette main qui vint délicatement caresser sa joue.

« Et puis tu sais, tu n'as pas besoin de ce genre de stratagème pour venir dormir avec moi.

— P-Pardon ?

— Tu pensais sérieusement que je ne m'en étais pas rendu compte ? Nigou t'obéit et tu me ferais croire que tu n'arrives pas à lui faire comprendre que le lit c'est non ? »

Kuroko remercia l'obscurité des lieux pour camoufler son visage rougit par la honte, ne sachant plus où se mettre ni comment faire face à Akashi lorsque la lumière reviendrait. Il pivota alors sur le côté, rabattant les couvertures par-dessus sa tête, et se recroquevilla. Il savait que son petit-ami était intelligent et qu'il pouvait manquer de tact sur certaines choses, mais Kuroko aurait fortement apprécié qu'il se taise à ce sujet.

Son corps frémit lorsque la main d'Akashi vint se poser sur le haut de la couverture, désireux de la faire partir en arrière et ainsi faire apparaître son visage. Il résista quelques instants avant de rendre les armes, sachant que son attitude était sûrement très enfantine. Ainsi malgré les ténèbres, il discerna la silhouette d'Akashi qui le surplombait légèrement ainsi que le doux sourire qui se trouvait étiré sur ses lèvres.

Ce sourire qui, au fond, l'avait toujours fait craquer.

« Je suis conscient que ce n'est pas facile pour toi… Mais tu sais Tetsuya, ce n'est pas parce que nous sommes à présent ensemble que tu dois te forcer à dormir avec moi chaque soir, je ne te reprocherais rien si tu dors dans ta chambre. »

La main contre ses cheveux se voulut réconfortante, Akashi ne désirant pas le mettre mal à l'aise, seulement Kuroko n'était pas satisfait. Il n'avait pas pensé à ce petit stratagème car il se sentait obligé de dormir avec le rouquin. Il savait qu'Akashi lui laissait le choix, mais ça n'en restait pas moins vexant. Lorsqu'il dormait dans sa chambre, dans ce lit double bien trop grand pour lui, et sachant que son petit-ami se trouvait de l'autre côté du mur, il se sentait seul. Le lit semblait même prendre quelques centimètres supplémentaires.

Sa main attrapa aussitôt celle d'Akashi, la retirant de ses cheveux pour glisser ses doigts entre ceux de son amant.

« Je ne me force pas. J'essaie juste de m'habituer à dormir avec mon petit-ami, souffla-t-il après un temps d'arrêt pour chercher ses mots. Et puis, j'aime me réveiller dans tes bras. »

Il ne savait pas vraiment comment Akashi réagirait à sa déclaration, mais il sentit contre sa main celle du rouquin se resserrer. Des lèvres vinrent ensuite se déposer contre les siennes, d'abord volatiles avant de se montrer un peu plus insistantes. Ce n'était plus la première fois que lui et Akashi s'embrassaient, mais ces derniers temps, Kuroko sentait son corps se réchauffer considérablement. Les papillons qui réchauffaient son estomac commençaient à se développer, à devenir plus voraces, réclamant davantage.

Pendant un court laps de temps, ils reprirent leur souffle, Akashi se plaçant un peu plus contre lui tout en continuant de l'embrasser ou de venir couvrir sa nuque de baisers légers, dont il savait l'endroit sensible et qui frémissait toujours à chacun de ses passages. Kuroko pinça ses lèvres lorsque les intentions du rouquin sur sa gorge lui firent presque sortir un râle de plaisir. Ainsi, pendant que la bouche d'Akashi s'activa à couvrir les zones disponibles, ses mains ne restèrent pas pour autant inactives. Elles vinrent rapidement longer les côtes de Kuroko par-dessus ses vêtements, rapprochant un peu plus leur bassin tout en venant rejoindre ses lèvres laissées trop longtemps à l'abandon.

Pour l'un comme l'autre, la fièvre de l'instant commença à monter. Leurs baisers se firent plus passionnels, plus assoiffés encore de ce contact à la fois doux et électrisant. Kuroko n'arrivait plus à réfléchir ni même à retenir les gémissements qui s'échappaient de sa bouche lorsque lui et Akashi se séparaient, ne se rendant même pas compte que son corps se trouvait toujours être à la recherche de la chaleur du rouquin et qu'il commençait ainsi à mouvoir son bassin à la recherche du sien. Il aimait la façon dont Akashi l'embrassait, cette manie qu'il avait de toujours suçoter sa lèvre inférieure avant de la relâcher pour reprendre leur souffle et revenir ensuite à la charge. Des frissons remontaient le long de son dos et lui faisait hérisser le poil de ses bras. Son corps se réchauffait à une allure folle, engourdissant tous ses membres et réveillant rapidement une zone de son corps, qui à chaque friction de leur bassin, réclamait davantage.

La main d'Akashi vint ensuite passer sous son haut, venant tout d'abord caresser son flanc de bas en haut. Akashi comptait l'habituer à ce contact avant d'aller plus loin, privilégiant toujours son bien-être avant toute chose. Kuroko savait donc qu'à n'importe quel instant le rouquin serait capable d'arrêter. Ainsi, tout en essayant de se laisser faire, il ferma les yeux pour tenter de se concentrer sur le toucher du réalisateur. C'était tout à fait normal qu'une telle chose se produise entre deux personnes ensemble, que ce soit deux hommes ou deux femmes, ou encore un couple hétéro. Ils se transmettaient leurs sentiments par ces gestes tendres, ou même parfois sauvages, laissant ainsi libre court à leurs émotions les plus primaires.

Kuroko fronça toutefois ses sourcils ; le revoilà à trop réfléchir. Il décida donc de profiter des caresses d'Akashi, dont la main lui administrait de douces caresses de plus en plus appuyées. Ses lèvres se pincèrent lorsque le bassin du réalisateur rencontra plus fortement le sien, enfouissant son visage dans l'oreiller tandis que ses propres mains agrippèrent le drap. Il se mit soudainement à gigoter lorsque la main d'Akashi se dirigea un peu plus bas, au bord de son pantalon ; son touché étant devenu brûlant.

La main d'Akashi remonta presque aussitôt, quittant ainsi le corps du plus jeune qui se maudit intérieurement.

Des lèvres vinrent néanmoins se déposer doucement contre les siennes dans un échange chaste.

« Ne t'inquiète pas. Comme je te l'ai déjà dit : nous irons à ton rythme. »

Grâce à leur proximité, il discerna le visage d'Akashi à quelques centimètres du sien et sourit. Tout en se redressant légèrement, il vint à son tour poser ses lèvres contre les siennes avant de se rallonger. Un simple remerciement, qui fit sourire en contrepartie Akashi qui se décala afin de s'allonger à son tour. Il étendit son bras et invita Kuroko à se rapprocher, embrassant une dernière fois le bleuté sur le front avant de lui souhaiter une bonne nuit.

Pendant un certain temps toutefois, Kuroko garda les yeux ouverts et observa son petit-ami. Il avait envie d'Akashi, c'était là un fait certain. Son entrejambe encore éveillée malgré l'arrêt de leur activité ne pouvait que le confirmer. Son petit-ami ne semblait pas rebuté à l'idée de toucher un autre homme, en vue de son attitude et de ses intentions à son égard. Ce n'était donc qu'à lui de donner le feu vert, d'abaisser définitivement ses barrières et de permettre à leur relation de passer un cap. Toutefois, comme cela l'avait été avec Kagami, rien n'était définitivement simple.

Kuroko était pourtant loin de se douter que la réponse à ses problèmes allait bientôt poindre le bout de son nez.

Un jour, ce fut en rentrant du lycée que son chemin recroisa celui de la petite Mari. La jeune fille jouait avec ses amis dans le petit parc où il avait fait sa rencontre il y a de ça plusieurs mois. Sans plus attendre, Kuroko regarda autour de lui si Takao ne serait pas dans les parages et le vit assit sur un banc. Le compositeur agita en premier son bras, l'ayant à son tour remarqué et en quelques minutes le bleuté eut fini de le rejoindre.

« Comment vas-tu ? Pas trop dur les cours ? S'intéressa le brun tandis qu'il s'asseyait à ses côtés.

— Je m'en sors pour l'instant. Et Mari-san ?

— Elle a fait sa première rentrée en maternelle, elle se la coule douce. »

Un sourire tendre s'étala sur le visage de Takao dont le regard partit à la recherche de sa fille, qui descendit au même instant du toboggan avant de courir pour en faire un autre tour en compagnie de ses amis. Kuroko ne perdit pas une miette de l'expression du compositeur, dont il n'avait pas l'habitude de le voir avec la figure paternel. Puis, les yeux d'un gris malicieux se tournèrent dans sa direction et il sut qu'il aurait à faire avec le Takao habituel.

« Alors avec Sei-chan, ça se passe bien ? »

La question, loin d'être innocente, le fit presque aussitôt rougir. Il détourna donc les yeux, ce qui fut une grave erreur puisque Takao revint immédiatement à la charge et enchaîna avec un interrogatoire indiscret. Kuroko se recroquevilla rapidement sur lui-même, les mains sur ses oreilles, avant de finalement éclater et révéler la vérité à cette fouine insupportable. Il put ainsi observer Takao en train de cligner des yeux, semblant tout à coup hébété.

« Wow… En vue de la tension qui se trouvait entre vous deux, je pensais que vous vous seriez jetés sur l'autre. »

Kuroko le foudroya du regard sans vergogne. Il savait que Takao n'était pas au courant de tout, même si ce dernier laissait trop souvent traîner ses oreilles, mais ils avaient droit de prendre leur temps. Takao n'eut donc aucun mal à comprendre sur quel terrain miné il venait de mettre les pieds, agitant nerveusement ses mains sur les côtés afin de se rattraper.

« Nan ce que je veux dire, c'est que tu es jeune. A ton âge, quand j'avais une copine c'était même plusieurs fois par jour !

— Je ne suis pas intéressé par ton quota, Takao-kun.

— Mais… depuis Noël, plusieurs semaines se sont écoulées. Tu vas pas me dire qu'il y a eu aucun moment où le timing n'était pas bon, hein ? »

Force est d'avouer que Takao n'avait pas tort et Kuroko repensa à toutes ces fois où Akashi et lui auraient pu passer le cap, comme cette fois-là où Akashi l'avait senti tressaillir et avait tout arrêté. Si tout c'était bien passé, qu'il avait donné son feu vert, ils auraient pu passer à l'étape suivante. Kuroko savait qu'Akashi se montrait patient, mais est-ce que cela pourrait durer indéfiniment ? Il allait bien falloir, à un moment donné, qu'il se décide.

Finalement, Takao était parvenu à le faire douter. Que ce soit la patience de Kagami, ou celle d'Akashi, elle avait ses limites.

« Tetsu-chan ? » S'enquit son homologue en remarquant son trouble.

Kuroko repensa à toutes ces fois où Akashi avait dû prendre sur lui. Le réalisateur était conscient que ce n'était pas le fait qu'il ne l'intéressait pas, qu'il n'avait pas envie de lui, mais ça devait plus ou moins le blesser. Ainsi, les sourires doux que son petit-ami lui offrait, se trouvaient-ils être réellement sincères ? N'était-ce pas plutôt du dépit ?

« A vrai dire… je ne suis pas à l'aise avec… ça. » Avoua-t-il en apportant sa main contre son torse, afin de se désigner lui-même.

Sa déclaration soudaine fit se froncer les sourcils de Takao, dont toute malice déserta son regard qui se fit aussitôt plus sérieux. Il observa ainsi cet adolescent qui commençait à se confier, à lui dire implicitement que son homosexualité n'était pas tout à fait acceptée par lui-même. Au fond, Takao trouva cela touchant. Le compositeur ne s'était jamais posé de question sur sa sexualité, il avait toujours aimé les femmes et n'avait donc rencontré aucun souci à l'encontre des mœurs de leur société. Seulement, Kuroko était différent ; il était un adolescent en pleine recherche de sa propre identité, sur ce qui était bien et à l'inverse ce qui était mal.

« Qu'est-ce qui te dérange ? »

Kuroko releva ses yeux pour rencontrer ceux du brun qui brillaient d'une flamme protectrice. Se confier à Takao Kazunari n'était pas foncièrement la meilleure idée, certains le lui confirmeraient avec véhémence, mais en l'instant précis le regard de cet homme était dépourvu de fourberie.

Finalement, doucement mais sûrement, Kuroko commençait à cerner le personnage que semblait être Takao Kazunari ; un homme qui avait été père trop tôt et qui désirait plus que tout le bonheur des autres, prêt à mettre la main à la patte afin de faire s'accélérer les choses au risque de justement trop les bousculer. Mais au-delà de ça, de ces intentions parfois incomprises, résidait un homme qui essayait toujours de voir la coupe à moitié pleine, relativisant toujours afin de trouver le bon côté, souriant à pleines dents lorsque des problèmes lui tombaient dessus afin de ne pas inquiéter son entourage.

Peut-être que se confier à lui n'était pas une si mauvaise idée que ça, tout compte fait. Il se mit donc à réfléchir, à savoir ce qui pouvait autant le rebuter pour le braquer, et leva donc les yeux vers le ciel qui commençait à s'assombrir.

« Je sais que ce n'est pas mon partenaire le problème, Akashi-kun me plaît vraiment beaucoup et j'ai envie de passer au-dessus de ça avec lui. Mais c'est que je ne sais pas comment faire…

— Prendre les devants ou… laissa traîner le compositeur afin qu'il puisse compléter sa phrase.

— Accepter d'être touché par lui. »

Un léger silence s'installa entre eux deux où quelques passants passèrent devant eux sans leur prêter la moindre attention, Mari continuant de jouer de son côté, tandis que Takao réfléchissait à la situation afin de mieux comprendre le nœud du problème. Dans le cas présent, Kuroko ressentait un blocage à être touché par ses amants, malgré ses sentiments à leur encontre. Une idée sur la question vint traverser son esprit et il se tourna vers le bleuté, qui par sa soudaine précipitation, avait agrandi ses yeux.

« En fait ton problème, c'est que tu as quelque chose que les femmes n'ont pas et que tu ne veux pas que tes amants s'en rendent compte ? »

Kuroko fronça ses sourcils, le débit de parole de Takao l'ayant fait perdre le fil.

« Ce que je veux dire, c'est que tu ne veux pas qu'Akashi se rende compte que tu bandes ? Comme une femme ne peut pas avoir ce genre de réaction physique. »

Takao réfléchit ensuite à voix haute, sans que cela n'ait vraiment de sens, sans remarquer le visage enflammé de l'adolescent. Les mots abrupts du brun lui avaient retiré toute capacité à produire le moindre son. Pourtant, il allait bien devoir formuler une phrase rapidement puisque le regard de Takao se tourna de nouveau vers lui, un petit rire échappant à ce dernier en remarquant son état.

« Enfin tu sais, tu n'as pas besoin d'autant te prendre la tête si c'est vraiment ça le problème. Je pense même que pour Akashi, ou même n'importe quelle autre personne, savoir que son partenaire est réceptif à nos caresses est une très bonne chose ! Je me souviens d'une de mes ex qui mouillait beaucoup et qui… »

Seulement, Kuroko ne l'écoutait déjà plus et pesa plutôt le pour et le contre de ce que venait de soulever Takao. Était-ce réellement cela son problème ? Il ne s'était jamais interrogé sur le fait d'être une femme, que cela aurait rendu les choses un peu plus faciles. Mais au-delà de ça, le brun ne semblait pas avoir tout à fait tort. A chaque fois, que ce soit avec Kagami ou bien plus récemment avec Akashi, à chaque fois que les événements prenaient une tournure plus sérieuse et que son bas-ventre se réveillait, son corps se mettait à gigoter pour s'éloigner.

Mari vint ensuite les rejoindre et fut bientôt mise à leur hauteur après que son père l'eut attrapée dans ses bras. Un large sourire vint couvrir ses traits arrondis lorsque sa joue rencontra celle de Takao, c'était sans conteste que ces deux-là s'aimaient plus que tout, les étoiles qui brillaient dans les yeux de Mari lorsqu'elle regardait Takao ne pouvaient mentir.

« Enfin en tout cas sache que si tu as besoin de quelque chose, hésite pas à me le demander. Ce sera ma manière pour excuser mon indiscrétion. » Lui proposa Takao tout en tirant sa langue.

Kuroko l'en remercia et ils commencèrent ensuite à s'éloigner, Mari agitant énergiquement sa main dans tous les sens afin de le saluer. L'information n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, mais sur l'instant le lycéen ne vit pas ce qu'il pourrait demander au brun, hormis quelques ragots dont il n'avait que faire en réalité. A son tour il se dirigea donc vers l'appartement d'Akashi, qui à cette heure devait sûrement être en train de travailler sur son scénario.

Ce qui ne loupa pas puisque dès qu'il eut passé la porte d'entrée, il vit le rouquin afféré sur son ordinateur. A présent, Akashi travaillait avec la porte de sa chambre ouverte, laissant ainsi la possibilité de communiquer et d'éviter de s'enfermer dans sa bulle. Kuroko put ainsi le voir pianoter sur son clavier ou encore s'ébouriffer les cheveux, attraper son bloc note sur lequel il avait écrit quelques idées avant de retourner marteler les touches qui produisaient un son rythmique.

Kuroko sourit faiblement face au tableau qui se dressait face à lui, Akashi n'ayant sûrement pas remarqué son entrée dans l'appartement. Le jeune homme repensa à sa conversation avec Takao et se rappela que malgré le temps qu'il pourrait mettre à s'accepter, Akashi n'allait pas disparaître de son champ de vision et encore moins tout faire pour passer à l'étape suivante. Au cours de tous ces mois passés à ses côtés, si Kuroko était bien conscient d'une chose : Akashi était doté d'une gentillesse camouflée sous ses grands airs, une délicatesse peu commune que quiconque ne saurait déceler si la glace ne se trouvait pas brisée.

Son cœur se gonfla en se rappelant toutes ces choses, son amour pour Akashi grandissant aussi au fur et à mesure qu'il découvrait un peu plus son amant. Il voulait rendre Akashi heureux, le faire se réconcilier avec l'Amour et avoir plus facilement confiance avec autrui. Peu importe le temps que cela pourrait prendre, Kuroko désirait rester aux côtés de son petit-ami pour continuer à le voir évoluer mais surtout pour pouvoir continuer à le chérir.

Finalement, Akashi se sentit épié et délaissa son ordinateur pour se retourner, remarquant ainsi le regard insistant que Kuroko rivait sur lui depuis un certain temps déjà. Ses sourcils se froncèrent en voyant l'expression que projetait le plus jeune ; le sourire tendre qui couvrait ses lèvres ainsi que les légères rougeurs présentes sur ses joues renvoyaient une image des plus attirantes. Il ne savait pas s'il devait appeler ou non son homologue, au risque de briser l'atmosphère qui semblait l'englober, de briser cet instant en prononçant le mot de trop.

Ce fut pourtant Kuroko qui parla le premier, se rapprochant de sa chambre.

« Tu as pu avancer ? S'intéressa-t-il.

— Le plus gros est écrit je dirais, mais il me reste la chute. »

Doucement, Kuroko se rapprocha de lui et vint le rejoindre à ses côtés. Akashi ne lui avait jamais dit clairement quel était le thème de son film, hormis le fait que ce soit de la romance puisque c'était la thématique qui les avait fait cohabiter ensemble. Kuroko sentit alors le regard interrogateur du rouquin contre sa peau, son attitude ayant sûrement piqué sa curiosité. Les bras du réalisateur vinrent alors entourer sa taille, le ramenant contre lui qui se trouvait toujours assis, et il le vit ensuite pencher sa tête sur le côté pour le détailler davantage. Kuroko savait qu'Akashi essayait de lire en lui, de comprendre ce qui lui arrivait sans que quoi que ce soit ne soit dit, et cela lui valut d'étirer un sourire amusé.

Si un jour on lui avait dit qu'Akashi Seijūrō pouvait se comporter de façon attendrissante, il ne l'aurait jamais cru.

« J'ai croisé Takao-kun en rentrant à l'appartement, répondit-il bien qu'aucune question ne lui soit posée véritablement.

— Et c'est lui qui semble t'avoir mis de si bonne humeur ?

— Pas du tout. C'est en te voyant travailler. »

Les yeux hétérochromes se rétrécirent, ne comprenant pas où il voulait en venir et renforçant ainsi son sourire amusé. Il ne désira toutefois pas en dire plus à Akashi et commença à se reculer pour rejoindre le salon, mais les bras qui l'étreignaient déjà se resserrèrent davantage contre lui.

« J'ai une surprise pour toi, attends. »

Akashi se redressa sans dire un mot de plus à ce sujet, lui faisant froncer des sourcils et le suivre du regard. Il le vit ainsi rejoindre le salon où était entreposée une pile de courriers sur la table basse, attrapant une des enveloppes avant de revenir sur ses pas et lui tendre le papier. Tout d'abord désarçonné, Kuroko chercha ce que pouvait contenir l'objet qui se trouvait entre ses mains, sous l'amusement certain d'Akashi.

« Une seconde lettre de ton ex-petite-amie ? Demanda-t-il de but en blanc, ne voyant que cela.

— S'il te plaît Tetsuya…. Je ne suis pas aussi vicieux. Ouvre et tu verras. »

La voix dans sa tête marmonnait cependant que cela n'aurait pas été impossible, puisqu'après tout il ne savait pas si finalement Akashi avait répondu ou non à cette femme. Il ne savait même pas s'il avait fini par lire sa lettre. Ses doigts déchirèrent pourtant soigneusement le papier, tombant sur deux tickets de réservation pour une auberge familiale à Kyōto. Le papier en main, il releva ses yeux en direction d'Akashi en essayant de comprendre le pourquoi du comment.

Devant son étonnement, le rouquin finit par soupirer.

« C'est bientôt ton anniversaire, non ? »

Kuroko reconsidéra les réservations qui se trouvaient entre ses mains, réalisant qu'Akashi comptait passer du temps seul avec lui dans cet endroit qu'il ne connaissait pas, où ils ne connaissaient personne et où rien ne saurait les déranger.

« Nous pourrons partir vendredi après tes cours et revenir dimanche en fin d'après-midi. »

A vrai dire, il entendait à peine la voix d'Akashi en cet instant. Il fêtait chaque année son anniversaire avec ses amis ainsi que sa famille, mais quelque chose changeait avec ces billets entre ses mains. Il n'arrivait pas à réaliser leur existence, trouvant cela trop beau. Akashi ne comptait pas s'envoler ou encore s'éloigner de lui, il pensait même fêter son anniversaire avec lui.

Finalement, il abaissa son visage et serra les tickets contre son cœur. Est-ce que tout cela était bien réel ?

« Merci… »

Sous ses yeux, Akashi put constater de l'effet que son cadeau produisait chez Kuroko. L'adolescent n'osait pas le regarder afin de cacher ses émotions. Sa main vint pourtant se glisser contre cette joue rougie, décalant quelques mèches bleutées, avant de se rapprocher et de passer son autre bras contre le dos de Kuroko afin de l'étreindre.

« Si cela te fait plaisir, c'est tout ce qui compte. »

Contre son torse, il sentit Kuroko acquiescer et lui caressa doucement le dos. Deux petits yeux céruléens se levèrent ensuite dans sa direction, mouillés par des larmes qu'il espérait de joie et, de son pouce, il en essuya une qui commençait à tomber.

« A ce point ? Demanda-t-il, amusé.

— C'est juste que… Takao-kun m'a fait peur sur une chose et…

— Qu'est-ce qu'il a bien pu te dire encore ? »

Akashi n'était pas énervé contre le compositeur, après tout il savait avec le temps comment ce dernier était. Seulement, il n'appréciait pas le fait que cet entremetteur de pacotille se glisse au sein de son couple ; plus loin se trouvait Takao par rapport à lui et mieux il se portait. Kuroko finit tout de même par tout lui avouer, des doutes qui l'avaient submergé et de sa patience qui pourrait atteindre ses limites, mais aussi que ses sourires dirigés à l'intention du plus jeune pouvaient être mal interprétés. Tous ces petits non-dits qui sur le long terme pouvaient faire des ravages sur n'importe quelle relation, comme cela avait été le cas avec Kagami par ailleurs.

A la fin de son récit, Kuroko releva des yeux timides dans sa direction afin de constater sa réaction.

« Je ne suis pas comme Taiga, tu sais. Puis même sans ça, je ne vois pas l'intérêt de te forcer si tu n'es pas prêt, ça ne sera pas plaisant. Ni pour toi ni pour moi.

— Oui, mais…

— Et surtout, si ça doit arriver, alors ça arrivera. Pour l'instant, t'avoir simplement à mes côtés me suffit. »

Kuroko savait qu'Akashi n'était pas le genre de personne à mentir, encore moins lorsqu'il le regardait aussi sérieusement qu'à l'instant. Ses traits se détendirent alors, le soulagement retirant les dernières traces de sa panique passagère, un sourire finit même par poindre le bout de son nez sur le coin de ses lèvres.

Il était heureux d'avoir croisé la route d'Akashi, d'avoir tenu bon en vue de comment leur relation avait commencé.

« Tu es rassuré maintenant ? Voulut confirmer le rouquin.

— Oui, merci beaucoup. Et j'adore mon cadeau. »

Cette fois-ci, un large sourire s'étendit sur ses lèvres et il agita les tickets entre eux. Son attitude amusa Akashi qui baisa son front avant de se reculer, satisfait que les pendules soient remises à l'heure et que tout malentendu se soit vu éclairci.

-x-x-x-

De son côté, Aomine avait rarement quitté sa chambre depuis sa dispute avec Kise. Il avait même fini par éteindre son téléphone, de toute façon hormis Momoi ou Kise peu de personnes essayaient de le joindre. Depuis toujours le basané avait très peu d'amis, mais il ne s'était jamais soucié du nombre et profitait de ceux qui composaient son champ de vision, répondant présent lorsque ces derniers rencontraient des problèmes.

Au fond, ce qui l'énervait concernant l'attitude de Kise était le fait que ce dernier ne lui avait pas fait confiance et avait préféré lui mentir. Si Kise lui avait parlé de ses problèmes, de ce que lui avait demandé cet Imayoshi concernant son père, ils auraient pu trouver une solution ensemble. Pourquoi le blond s'était-il entêté à vouloir le questionner et tout faire dans son dos, au risque de lui planter un couteau comme un traître ?

Seulement, à présent, Aomine n'en avait plus envie. Kise s'était lui-même mis dans une situation catastrophique, il pouvait donc s'en sortir par lui-même. Un grognement s'échappa cependant de son corps, comme si son cœur essayait de lui faire comprendre quelque chose et se trouvait à l'opposé de sa fierté. Après tout, ce n'était qu'une question de fierté mal placée, Aomine en était à moitié conscient. Il savait que Kise n'était pas une mauvaise personne et que malgré le fait que leur rencontre fasse partie de son plan, ils avaient tissé des liens qui eux ne mentaient pas.

Les bruits contre sa porte le firent cependant arrêter de réfléchir, n'ayant même pas besoin d'effectuer le moindre mouvement puisqu'une tête rosée vint bientôt apparaître dans son champ de vision. Momoi cessa pourtant bien vite de respirer, se pinçant le nez, et se dirigea d'un pas vif vers la fenêtre. Brusquement, elle tira les rideaux sur les côtés et ouvrit les vitres afin de permettre à l'oxygène de se renouveler et ainsi retirer cette odeur nauséabonde qui occupait l'espace.

Elle se tourna ensuite vers la forme humanoïde étalée sur le lit, un oreiller sur le visage dont la bouche était prise par un défilé d'insultes.

« Cesse de faire l'enfant, Dai-chan ! Si tu comptes rester enfermé dans ta chambre jusqu'à la fin de tes jours, aie au moins la délicatesse de répondre à mes messages.

— Trop fort, grommela-t-il.

— Quoi donc ?

— Tu parles trop fort, crétine. »

Momoi gonfla ses joues afin de retenir une injure de passer ses lèvres. Elle rejoignit par la suite le lit de son ami d'enfance et tira sur l'oreiller afin de l'extraire de son visage, mais bien évidemment le camp adversaire montra quelques réticences. Seulement, cela faisait plusieurs jours qu'Aomine mangeait à peine les repas apportés par sa mère, et ses nuits se trouvaient occupées par ses ruminements. De sorte que rapidement, et pour la première fois, Momoi réussit à prendre l'avantage sur lui et envoyer balader l'oreiller à l'autre bout de la pièce.

Tout d'abord surprise, la jeune femme regarda l'objet échoué dans un coin en clignant plusieurs fois ses yeux. Son attention se retourna aussitôt vers Aomine qui jura pour la forme, se retournant pour montrer son dos à la rosée dont le visage peignait son inquiétude grandissante envers son ami.

« Dai-chan… »

Tout en s'asseyant sur un coin de son lit, Momoi apporta sa main contre l'épaule musclée d'Aomine et la lui caressa tendrement.

« Si te disputer avec Ki-chan te met dans cet état, pourquoi ne pas lui parler et arranger la situation ? »

Après le coup de fil à Kuroko, Kise avait appelé la jeune femme afin de l'inviter à leur prochaine sortie. Il en avait donc profité pour lui demander des nouvelles d'Aomine et avait fini par lui résumer la situation, de ce fait Momoi était au courant de tout et avait aussi une vague idée de l'état dans lequel se trouvait psychologiquement son ami d'enfance. Après tout, ils avaient grandi ensemble, se voyant mûrir et grandir, et elle le connaissait donc mieux que personne.

En plus de perdre, si Aomine détestait bel et bien une chose, c'était le mensonge. Malgré les apparences et son attitude abrupte, Aomine savait écouter. Ainsi, elle ne se gêna pas pour lui exposer son point de vue.

« Si Ki-chan ne t'a pas parlé de ses problèmes, c'est qu'il avait peur de te perdre si tu découvrais tout. Et regarde ce qui est en train de se passer, il avait raison.

— Il n'avait qu'à pas faire le con, souffla-t-il en même temps qu'un juron.

— Il y a certaines choses qui sont compliquées à avouer, Dai-chan… Regarde, tu es bien incapable de parler à ton père par rapport au basket.

— Ça n'a rien à voir Satsu. »

Cette fois-ci, Aomine se tourna afin de pouvoir apercevoir le visage de son amie.

« Kise avait qu'à me dire dans quoi il trempait et s'il voulait vraiment s'en sortir, alors on aurait pu trouver une solution. C'est juste qu'il s'est muré dans sa connerie, alors qu'il y reste. J'accorde pas de seconde chance. »

Puis, sans un mot de plus, il se retourna et se remit dans sa position initiale. Il n'avait pas envie de discuter davantage et désirait simplement dormir ; dormir pour oublier, pour espérer passer à autre chose sans émettre le moindre effort, et espérer un lendemain meilleur. Contre son dos, il ressentait encore la présence de la jeune femme et entendit sans mal le soupir que celle-ci poussa avant de se redresser.

« Il a fini par décrocher un rôle et m'a invité pour fêter ça. Ce serait bien que tu viennes, ça te fera sortir en plus de ça.

— T'es pas ma mère… »

Momoi ne se démonta toutefois pas et se promit intérieurement que le jour où Kise officialisera une date, elle en toucherait deux mots à Aomine. Elle ne comptait pas que l'amitié entre son ami et Kise se termine pour si peu ; sachant parfaitement qu'Aomine ne pensait pas un mot de ce qu'il avait pu lui sortir un peu plus tôt. Au fond, ne réfléchissait-il pas déjà à comment pouvoir aider Kise avec son problème ?

A peine Momoi referma derrière elle la porte qu'Aomine se redressa dans son lit. Il se passa rapidement une main sur son visage, râlant contre son amie et ses leçons de morale. Son regard se dirigea ensuite vers son téléphone qui était tombé de son lit et son visage se fit pensif, approchant ensuite lentement sa main jusqu'à attraper l'objet en question. Il ne le ralluma toutefois pas tout de suite, le regardant simplement en songeant à Kise.

Aomine savait que Momoi n'avait pas tort, qu'elle ne cherchait que son bien et celui de Kise, mais sa fierté mal placée parlait pour lui. Le coup de Kise lui restait encore en travers de la gorge.

Pourquoi ne s'était-il pas appuyé sur lui ? Pourquoi ne lui avait-il pas fait confiance ?

Agacé que les mêmes questions tournoient toujours dans un coin de son esprit, il se releva afin de prendre une douche et espérer que l'eau chaude fasse évacuer tous ses problèmes.

-x-x-x-

Pour sa part, Kise regarda son téléphone qui lui confirma une énième fois que personne n'avait cherché à le joindre. Il poussa un long soupir tout en s'affalant sur la table en face de lui. Des maquilleurs et d'autres mannequins circulaient autour de lui, ne lui prêtant guère attention, comme si Kise était coupé de ce monde et se trouvait être plongé dans une bulle à part.

Cette même bulle qui finit par exploser lorsque son manager se présenta à ses côtés, un dossier en main. Les yeux ambrés du mannequin quittèrent ainsi son téléphone pour se reporter sur la couverture du document, dont le nom de la série dans laquelle il avait obtenu un rôle figurait.

« Mibuchi-san m'a envoyé ton script. Il aimerait réunir tous les acteurs pour une première lecture demain, n'apprends pas ton texte d'ici là. Il veut que tout soit nouveau quand vous vous retrouverez tous.

— O-Oui. »

Comme si le document allait se briser dès qu'il poserait un doigt dessus, Kise le prit avec le plus de précaution possible. Seulement, il n'arrivait pas à s'en réjouir complètement et sauter tout autour de son manager, comme il le ferait d'habitude. Il avait fini par décrocher un rôle, sans l'intervention d'Imayoshi. Est-ce que tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent en valait donc le coup ? Imayoshi avait certes éloigné les autres mannequins, instaurant un système de terreur qui les tenait éloigné dès à présent. De plus, Aomine était dorénavant au courant de ses manigances et il ne pourrait donc plus rien apprendre de lui par rapport à son père.

Il devait se retirer et arrêter son contrat avec Imayoshi au plus vite. Seulement, il ne savait pas comment faire et le brun lui avait clairement fait comprendre que ce n'était pas possible. Imayoshi avait fait sa part du marché et comptait donc qu'il lui rende la pareille ; leur arrangement résidait sur le système du donnant-donnant. Kise remonta de nouveau ses yeux en direction de son manager, comme si celle-ci allait lui donner la solution à tous ses maux.

Malheureusement, la femme ne fit que froncer ses sourcils avant de prendre congé en lui souhaitant une bonne soirée.

Kise se retrouva une nouvelle fois seul, reportant son attention sur le script qui se trouvait entre ses mains. Demain était un autre jour et il avait une réunion avec Mibuchi. Un sourire s'étendit ainsi sur son visage et il se mit en route pour rentrer chez lui, le document contre son torse afin d'être sûr de ne pas le perdre. Il inspira par la suite une bonne bouffée d'air frais, essayant de penser à des choses plus réjouissantes.

Son intention se fit pourtant bientôt anéantir lorsque son épaule rencontra brutalement celle d'un autre passant, du moins ce qu'il crut après s'être excusé. Seulement, son regard tomba dans celui de son homologue qui étira un large sourire, ses yeux se rétrécissant en vue des plans qu'il projeta pour ce blondinet.

« Imayoshi a un message pour toi. Ou plutôt, un avertissement. »

Le regard acéré du sous-fifre d'Imayoshi se posa sur les papiers que détenait Kise, toujours apposés contre son torse. Il se recula aussitôt, protégeant cette fois-ci de ses deux bras le script qu'il détenait. Kise se retourna pour prendre la fuite mais son interlocuteur n'était pas venu seul, comme ces animaux chassant en meute. Son nez heurta donc le torse d'une autre personne.

Un large sourire étira aussi le visage de cet homme et Kise se remit à reculer, à regarder autour de lui, mais il était coincé. Il voulut donc appeler de l'aide, mais les rares passants, en voyant la bagarre arriver, changeaient de trottoir. L'un des deux hommes attrapa alors fermement son bras, l'emmenant à sa suite malgré ses protestations et ses tentatives pour s'extraire de son emprise.

Ils furent bientôt arrivés dans une petite ruelle qui se finissait en impasse, acculant davantage Kise en le mettant le dos contre le mur. L'un deux faisait déjà craquer ses poings, se préparant à s'en servir, tandis que le premier qui lui était apparu prit la parole.

« Imayoshi t'avait prévenu que si tu ne remplissais pas ta part du contrat, il allait s'en prendre à ta petite carrière. Alors sois gentil et donne-moi ce que tu tiens. »

Kise serra à l'inverse son script contre son torse. Il ne comptait pas aller à la réunion de Mibuchi les mains vides et renvoyer une mauvaise impression, tout comme il comptait éviter les coups afin de ne pas abîmer son visage qui, après tout, était la raison de ses revenus. Seulement, il savait par expérience que discuter avec ce genre de personnes ne mènerait à rien, alors il ne vit que la fuite comme option.

Il allait bien trouver une ouverture, n'est-ce pas ?

Tout en se concentrant sur la gestuelle de ses opposants, Kise se prépara à bondir vers l'avant et courir le plus vite possible. Il parvint ainsi à éviter le premier coup de poing en l'esquivant sur le côté et ne comptant pas perdre de son élan, il se servit de sa pirouette pour déboussoler son adversaire avant de se mettre à courir. Le second homme fut néanmoins plus vif que son collègue et parvint à enfoncer son poing dans son abdomen, lui faisant cracher sa salive.

Ayant le souffle coupé, l'autre put prendre le loisir de le plaquer contre le mur et de son autre main lui arracher son script. Son avant-bras appuyant sans délicatesse contre sa gorge, Kise ne put respirer correctement et tenta tant bien que mal de happer l'air.

« Vous êtes tous comme ça les stars. Vous désirez tout et n'importe quoi, sans donner en échange. »

Un rire grotesque s'échappa de cette bouche vulgaire et Kise y vit ainsi une ouverture. Il releva ainsi une de ses jambes et frappa son vis-à-vis qui fut forcé de se reculer, lui permettant ainsi de se décoller du mur et de reprendre son souffle. Des injures fusèrent à son intention, mais il se concentra plutôt sur le script que détenait toujours son assaillant. Dans une vaine tentative, il essaya donc de le récupérer mais l'autre se recula davantage et donna quelques directives à son complice qui ne se fit pas prier.

Le bruit que provoquait leur affrontement remontait le long de la ruelle, attirant quelques oreilles curieuses et pressant le pas des passants qui ne voulaient pas être mêlés à ça. Seulement, ce n'était pas le cas de ce jeune homme qui s'était arrêté, observant son ami esquiver tant bien que mal les coups et cherchant à récupérer ce morceau de papier qu'agitait son adversaire en le narguant.

Un juron finit par traverser sa bouche tandis que sa main se resserra contre l'anse de l'étui qui protégeait sa guitare. A l'inverse de tous ces passants qui s'étaient détournés du problème, lui entra dans cette ruelle. Sa voix rugit à Kise de se baisser qui, sans demander quoi que ce soit, suivit l'ordre qui lui était adressé. Le mannequin put ainsi voir l'un des deux hommes être renvoyé contre le mur après avoir reçu l'instrument en plein ventre.

Son camarade, ahuri, avait son attention rivé sur son collègue. Cela permit donc à Kise de se saisir du script sans la moindre difficulté avant de se retourner et apercevoir Kasamatsu qui lui indiqua d'un mouvement de tête de prendre leurs jambes à leur cou. Ainsi, sans dire quoi que ce soit, il se retrouva à courir aux côtés du brun malgré les injures et les menaces de ces deux hommes qui tentèrent de les poursuivre sur plusieurs mètres.

Puis, une fois distancés et à bout de souffle, Kasamatsu et Kise s'arrêtèrent.

« Merci senpai ! Sans toi j'y serais encore. »

Un large sourire couvrait les traits de Kise, dont de la sueur s'écoulait de son front à cause de leur course folle. Ses cheveux se trouvaient aussi éparpillés un peu n'importe comment, reprenant vainement mon souffle. Kasamatsu se redressa pourtant le premier, s'éloignant sans ajouter quelque chose pour rentrer chez lui après ses leçons de guitare.

Il était venu en aide car il n'avait jamais aimé l'injustice, et encore moins lorsque des individus s'étaient regroupés pour s'en prendre à une seule et même personne. Cela aurait été Kise ou quelqu'un d'autre, il aurait réagi de la même façon. Il savait toutefois que son attitude allait blesser Kise, il se doutait même de l'expression que ce dernier devait avoir en le voyant partir de la sorte, mais ça lui apprendra.

En effet, Kasamatsu ne lui avait toujours pas pardonné. Plus que son attitude envers Aomine, de son changement de personnalité, et de son chantage à deux sous pour le retenir à ses côtés, tout cela l'avait profondément déçu.

« Senpai, attends s'il-te-plaît ! »

Seulement, le brun ne compta pas l'écouter et poursuivit sa trajectoire. Il avait seulement oublié avec le temps que Kise pouvait se montrer obtus, son bras se faisant ainsi saisir par la main du mannequin qui le força donc à lui faire face et à écouter ce qu'il avait à lui dire.

« Je ne pensais pas ce que j'ai dit ce soir-là, je suis désolé. Et…

— Et tu t'attends à ce que les choses rentrent dans l'ordre avec de simples excuses ? Le coupa-t-il en le voyant reprendre la parole.

— Mais je…

— Tu t'es excusé alors ça doit tout excuser ? Ce n'est pas à cause de ton comportement envers Aomine ou envers moi qui me pousse à m'éloigner de toi, Kise. Tu as changé. Et je n'aime pas ce qui se trouve sous mes yeux.

— Mais ça va bientôt s'arrêter ! Je vais trouver une solution et alors on pourra redevenir…

— Bordel Kise, quand est-ce que tu vas le comprendre ?! Tu n'as jamais été un ami pour moi. »

Brusquement, Kasamatsu se dégagea de l'emprise du mannequin qui avala tant bien que mal l'information. Il avait mal entendu, n'est-ce pas ? Le brun n'était pas adepte des plaisanteries, mais il avait décidé de changer lui aussi, hein ?

Pour sa part, après avoir calé un peu mieux son étui par-dessus son épaule, Kasamatsu jeta un coup d'œil vers Kise qui essayait de se remettre de son choc. Dans le regard ambré brillait une petite lueur, un petit espoir d'avoir mal entendu et lui demandant de revenir sur ses paroles. Un véritable regard de chien battu qui saisit le cœur du brun. Il entrouvrit alors ses lèvres, mais sa gorge bloqua ce sur quoi il allait approfondir.

Je t'aime depuis trop longtemps pour que tu ne sois qu'un ami.

Cette phrase qui passa dans son esprit, qui résonnait dans tout son être, se trouvait pourtant incapable de dépasser ses lèvres. Kasamatsu ne désirait pas donner l'avantage à Kise, de se montrer vulnérable. Il avait une fois exposé son cœur, par inadvertance ce soir-là, et Kise avait joué là-dessus pour tenter de le faire rester à ses côtés. Un chantage odieux qui l'avait révulsé et blessé, mais surtout qui lui avait permis de prendre sa décision : cesser d'aimer ce garçon qui n'avait jamais posé un regard intéressé sur lui et laisser la chance à un autre.

De la sorte, Kasamatsu n'ajouta rien d'autre et s'éloigna en silence. Il contracta sa mâchoire et se jura de ne pas se retourner lorsqu'il entendit Kise l'appeler malgré tout. Après tout, même un amour à sens unique pouvait atteindre sa date de péremption.

-x-x-x-

En cette journée radieuse qui annonçait le début du week-end et le départ d'Akashi et Kuroko pour l'anniversaire de ce dernier à Kyōto, tout était bien parti pour annoncer un vendredi merveilleux. Les cours s'étaient enchaînés à une allure folle, Kuroko attendait que le timing soit bon pour retenter l'expérience avec Akashi, sa conversation avec Takao lui ayant peut-être ouvert les yeux, et il se sentait merveilleusement bien. Ce sentiment de bien-être, presque d'euphorie, ne lui était pas habituel. A plusieurs reprises dans la journée, ses amis lui avaient fait remarquer qu'il souriait niaisement, lui qui d'ordinaire était considéré comme impassible.

Rien n'aurait su stopper sa bonne humeur.

Ce fut donc avec une impatience certaine que Kuroko traversa les couloirs de son établissement afin de rejoindre au plus vite Akashi, et partir ensemble à Kyōto.

Au même instant, dans la pâtisserie tenue par Murasakibara, une cliente demanda au serveur l'addition. Un sourire délicat couvrit ses lèvres lorsque l'employé lui souhaita une bonne journée, adressant par la suite un signe de tête au violacé qui la vit prendre ses affaires et se mettre en chemin. Pendant un instant elle couvrit ses yeux tandis qu'elle les levait en direction du ciel, profitant d'un bain de soleil afin de recharger ses batteries mais surtout pour se préparer psychologiquement.

Cela faisait des années qu'elle n'était pas retournée à Tokyo et bien des choses avaient changé, tout comme d'autres étaient restées les mêmes. Elle se mit ensuite en route pour affronter son passé.

Fort heureusement, lorsqu'elle atteignit le bas de l'immeuble, un adolescent arriva au même instant qu'elle et déverrouilla les portes automatiques. Elle s'engouffra ainsi dans l'établissement, saluant ce jeune homme par un délicat sourire lorsque leurs regards se croisèrent dans l'ascenseur, n'ayant même pas besoin d'appuyer sur le bouton de l'étage puisque ce garçon semblait aller au même.

Son attention fut cependant attirée par l'expression rayonnante de cet enfant ; un sourire éblouissant qui ne pouvait pas passer inaperçu et qui la fit automatiquement sourire sans même avoir besoin d'en connaître la raison. Au fond, il n'y avait pas diverses possibilités pour qu'une personne sourit de la sorte : ce lycéen devait sûrement rejoindre sa petite-amie. Son sourire se renforça sur le coin de ses lèvres en songeant à l'Amour, sa main droite venant faire rouler la bague qui se trouvait à son annulaire.

Elle devait se donner du courage, s'appuyer sur ses sentiments pour aller de l'avant et affronter les démons du passé.

Les portes de l'ascenseur finirent par s'ouvrir et le garçon la salua poliment avant de sortir le premier et tourner au même couloir qu'elle. Par moment, ils se jetèrent quelques regards gênés, en toute innocence, avant qu'elle ne le voie s'arrêter à la porte qui l'intéressait. Son cœur s'arrêta un court instant, réexaminant cet adolescent qui toqua et qu'une voix connue lui répondit.

Elle vit ensuite la poignée s'abaisser, à une allure si lente que cela lui parut grotesque. L'air ne parvenait déjà plus à ses poumons, mais à vrai dire elle n'avait même pas conscience de faire de l'apnée lorsque finalement, la personne qu'elle était venue voir apparut à son tour.

« Akashi… »

A vrai dire, son nom lui avait échappé. Malgré toutes ces années qui s'étaient écoulées et qui l'avaient elle-même changé, à l'inverse lui n'avait pas bougé d'un cil. Sa chevelure sanguine était restée coiffée de la même façon. Seuls ses yeux n'étaient plus les mêmes, différents de cette époque universitaire où ils étaient curieux de tout, attentifs à la moindre attention et souriants. Outre cette couleur dorée qui se tourna dans sa direction, les yeux du rouquin n'étaient plus que froideur et amertume.

De son côté, Kuroko observa les deux adultes se regarder longuement sans se dire quoi que ce soit. Il avait remarqué le changement d'expression d'Akashi qui l'avait accueilli tout aussi rayonnant que lui, pour devenir ce qu'il était en ce moment : l'Akashi qu'il avait rencontré ; glacial et acerbe. Il se tourna alors en direction de cette femme qui l'avait accompagné dans l'ascenseur et qui restait dans le couloir, le visage blême.

« Que fais-tu ici, Nijiko ? »

La voix était polaire, agressive et tranchante. L'œil doré brûlait d'une flamme meurtrière, de mauvais augure, mais la jeune femme résista. Au loin, le son d'un sifflement leur parvint aux oreilles et sans plus tarder Nijimura apparut à son tour dans le couloir, étant venu récupérer Nigou pour le week-end. Seulement, même le scénariste ne trouva rien à dire lorsqu'il découvrit le tableau qui se dévoila sous ses yeux.

Parfois, les cadavres cachés dans le placard sortaient se rafraîchir à l'extérieur. Pour le meilleur, comme pour le pire.