Bonsoir tout le monde, comment allez-vous ?
Avec ce nouveau chapitre, je vous apporte une nouvelle beta : kama-chan59 !
Ça fait un moment que cette fic existe et j'ai décidé d'accélérer son rythme de parution, ce qui fait que vous devriez avoir un chapitre par mois. Peut-être deux si j'ai le temps, mais avec mon année scolaire qui me prend vachement de temps je ne garantis rien. Donc normalement, ça devrait être un chapitre par mois (deux si vous avez de la chance et moi aussi haha).
Réponses aux reviews :
Laura-067 : Et oui, peut-être que Takao aurait été l'élément déclencheur pour Kuroko et que ce dernier dépassera bientôt ses craintes. Pour tout ce qui concerne l'ex d'Akashi, tout ce trouve dans ce chapitre alors tu auras très vite tes réponses ;) Pour ce qui est de Kagami, comme tu as pu le comprendre sa relation avec Kuroko est assez bancale en cet instant de leur vie, il n'y a que le temps pour le soigner. Mais nous savons tous que Kagami n'est pas un sale type, qu'il a même un très grand coeur, alors tout devrait aller pour le mieux entre eux. Et pour tes interrogations sur Kise, et son avenir à lui, Kasamatsu et Aomine, je te laisse le deviner avec la fin de ce chapitre et les prochains mouahaha ! Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Guest : Et voici le chapitre 34, j'espère que l'attente n'aura pas été trop longue ;) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
ministukie : Bienvenue à toi ! Et ne t'inquiète pas, comme qui dirait un vieux sage : mieux vaut tard que jamais haha. Merci beaucoup pour tes compliments qui me vont droit au coeur ! Dans ce chapitre, tu comprendras mieux pourquoi l'ex d'Akashi est de retour, mais elle n'est pas l'ennemi crois moi. L'ennemi est bien caché mouahaha. Et pour ce qui est de Kise, je vais devoir m'excuser d'avance : je ne compte pas arrêter de le faire souffrir avant un certain temps. Ce chapitre en est la preuve, sorry ;) Je suis ravie en tout cas que ma fiction te plaise autant et je te remercie énormément pour ton commentaire et te souhaite une bonne lecture !
akakuro-hime : Oui, le AkaKuro c'est le meilleur ! Mais Kise n'est pas prêt à se réconcilier, ou peut-être que si, enfin tu verras haha ;) En tout cas tu devines bien pour Imayoshi : il n'en a pas fini avec Kise. Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
amelayy : Et oui, Kuroko est un gros veinard ; quoi qu'Akashi ne doit pas être facile à vivre tous les jours non plus :') Et oui, le rôle avant tout de Takao dans cette fiction, autre que faire le pitre, c'est de conseiller et de guider Kuroko. Mais j'aime les fins frustrantes/sadiques, surtout quand c'est moi qui les crée :D Comme ça, je peux voir toutes sortes de réactions différentes chez les lecteurs et c'est génial ! En tout cas je te remercie beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
PerigrinTouque : Et oui que veux-tu... Akashi est parfait *te rejoins dans ton soupir* Mais sache avant tout chose, et surtout avant de lire ce chapitre, que l'ex d'Akashi n'est pas l'ennemi. Elle a ses torts et tout, mais c'est une gentille ! Je te remercie pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture ! Ne tue pas l'ex haha.
kama-chan59 : Que veux-tu, je suis une sadique :D J'aime vous offrir des fins de la sorte de temps en temps ! Prépare-toi à les avoir en avant-première désormais ;) Encore merci pour ta correction !
Emelynn21 : Et voici le chapitre 34 ! J'espère que l'attente n'aura pas été trop longue et je te souhaite une bonne lecture!
mower : Tu auras en tout cas tes réponses à l'intérieur de ce chapitre ;) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Psychowolf : Et la voici : l'ex d'Akashi mes chers lecteurs :D Rangez vos couteaux et autres armes, elle n'est pas l'ennemi haha. En tout cas, sache que Kise n'est pas tiré d'affaires... Il s'est empourpré dans de sales histoires dont il n'est pas facile d'y échapper. Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
ellie27 : Je sens que cette fin du chapitre 33 en a choqué plus d'un haha. Tu auras toutes tes réponses au sujet de l'ex d'Akashi à l'intérieur de ce chapitre en tout cas. Et oui, l'AkaKuro c'est le meilleur. Ils sont trop kawai ensemble ! Je te remercie pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
karma power : Ce serait moins intéressant si la fiction rencontrait pas quelques péripéties, quelques retours de personnes oubliés/effacés mouahaha. Mais ne t'inquiète pas, l'ex d'Akashi n'est pas l'ennemi ;) Je suis ravie en tout cas que le chapitre précédent t'ait plu et j'espère que celui-ci te plaira tout autant. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Merci aussi à vous tous de continuer à suivre cette fiction, à l'ajouter en follow/fav et surtout de la commenter !
Je vous souhaite à tous une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter ;)
Le Papillon
Scène 34
À cette époque-là, je ne savais pas encore qu'un jour, je la blesserai irrémédiablement.
Je ne savais pas que, parfois, un être humain peut en blesser un autre, par le seul fait d'exister et d'être lui-même.
Haruki Murakami
Kuroko déposa enfin ses bagages dans la chambre de l'auberge où Akashi avait émis une réservation. Son regard balaya les lieux un instant, la nuit ayant pris possession du ciel et projetant sur les tatamis un peu de lumière grâce aux rayons de la Lune et les petites lampes posées sur la terrasse. Les quelques brises passagères laissèrent, quant à elles, entendre le doux son d'un carillon.
Un sourire triste s'étendit sur son visage et il s'avança vers les deux futons qui étaient positionnés au milieu de la pièce. Mollement, il se laissa tomber sur celui de gauche et enfouit sa tête dans l'oreiller.
Il était un idiot.
Quelques larmes pointèrent le bout de leurs nez au coin de ses yeux, mais d'un mouvement rapide il les essuya et reporta son attention sur le plafond de leur chambre. Après tout, il n'avait pas le droit de pleurer : il était celui qui avait poussé Akashi à retourner auprès de cette femme.
Sa gorge nouée laissa pourtant échapper un soupir. Il n'avait plus qu'à attendre, attendre et espérer qu'Akashi tienne sa promesse.
-x-x-x-
Un peu plus tôt dans la soirée, après qu'Akashi et Nijiko se soient fait face, le réalisateur avait apporté Nigou à Nijimura tout en lui demandant de bien s'en occuper. Il s'était ensuite retourné pour récupérer ses affaires, sans jeter un seul regard à la silhouette restée dans le couloir menant à son appartement. Personne n'osait dire quoi que ce soit en remarquant l'aura menaçante qui crépitait autour d'Akashi, et Nijimura se retira sans un mot, mais ayant jeté un coup d'œil appuyé vers Kuroko qui avait alors agité sa tête sur les côtés, ce n'était pas le moment des explications.
Puis, une fois qu'Akashi fut prêt à partir, il ordonna à Kuroko de prendre ses affaires et de le suivre. Ce dernier mit du temps à émettre le moindre mouvement, seul son regard passait du rouquin à cette femme qui essayait en vain d'obtenir l'attention du maître des lieux. Ainsi, lorsqu'Akashi passa devant elle pour sortir de l'immeuble, elle lui agrippa le bras afin de le retenir.
« Je dois te parler, s'il te plaît, quémanda-t-elle.
— Nous n'avons plus rien à nous dire. Lâche-moi tout de suite. »
Akashi agita brutalement son bras et parvint à s'extirper de son emprise, appelant une nouvelle fois Kuroko à le suivre. L'adolescent pressa donc le pas, fermant derrière lui l'appartement, puisque le rouquin avait oublié de le faire, et dépassa cette femme dont il entendit le soupir.
Ils étaient ensuite montés dans un taxi qui les emmena à la gare pour rejoindre Kyōto. Kuroko releva ses yeux en direction d'Akashi qui avait son coude appuyé contre la portière et regardait le paysage défiler, le visage fermé et les yeux qui, peu à peu, retrouvaient leur sang-froid. Démarrer ainsi leur week-end en amoureux, pour son anniversaire, n'était pas vraiment quelque chose à laquelle il aurait pu songer. Il ne désirait pas ça.
« Akashi-kun…
— Ne dis rien. »
Cette fois-ci, il ne s'agissait pas d'un ordre mais plutôt d'une demande. Akashi était conscient de son comportement et qu'il n'avait pas réagi de la bonne façon, mais comment aurait-il pu faire autrement ? Il n'aimait pas être pris par surprise. Il n'avait jamais aimé ça. Ses yeux se fermèrent afin de retrouver un semblant de calme intérieur, mais avant tout pour son cœur.
Le taxi avait donc poursuivi sa route jusqu'à la gare dans le plus grand des silences. Une fois arrivé, leurs bagages en main, Kuroko observa la silhouette de dos du rouquin qui avançait pour rejoindre leur train. C'était une opportunité qui s'offrait à Akashi et ce dernier l'avait refusée, ou plutôt comptait l'ignorer et passer au-dessus. Dans quelque temps, il allait le regretter, Kuroko en était conscient. Cette page qui concernait sa relation passée, cette histoire qui ne s'était jamais véritablement terminée, il lui était possible aujourd'hui de la refermer. Akashi allait pouvoir comprendre pourquoi cette femme s'était comportée de la sorte avec lui, comment ils en étaient arrivés là, et ainsi pouvoir être capable de faire table rase du passé.
À ce jour, Akashi détenait encore trop de rancœur et d'amertume pour être capable d'avancer complètement vers le futur. Il avait besoin de cette conversation pour l'avenir. Kuroko en était persuadé, il le savait puisque cela avait été à peu près pareil avec Ogiwara, mais son cœur avait peur. Akashi avait toute sa confiance, il savait parfaitement que le rouquin ne retournerait pas avec son ex-petite amie, mais et si ? Et si cette conversation le changeait totalement et lui ouvrait les yeux sur sa relation avec lui ? Et si Akashi se rendait compte qu'il faisait fausse route sur tout un tas de plans et décidait de changer cela ?
Sa tête était remplie de ces questions hypothétiques, le faisant finalement s'arrêter au milieu de la gare.
« Akashi-kun. »
Ce dernier se retourna et agrandit ses yeux en remarquant l'expression grave de son vis-à-vis.
« Retourne-s-y. Tu as besoin de parler avec elle. »
Si Akashi l'avait fait taire la première fois, dans le taxi, c'était justement pour éviter qu'il ne lui dise ces mots. Il l'avait deviné, avant même que Kuroko ne le formule complètement pour lui-même.
« Je ne veux pas qu'on fête mon anniversaire alors que tu songeras à elle tout du long. »
Doucement, le réalisateur se rapprocha de Kuroko qui, au même instant, pencha son visage vers le bas. Évidemment, au fond, il désirait qu'Akashi reste à ses côtés et qu'ils aillent ensemble à Kyōto, mais c'était sûrement la meilleure chose à faire. Une main posée contre sa joue l'invita pourtant à relever sa tête et ainsi rencontrer les yeux hétérochromes de son homologue, dont les lèvres lui renvoyèrent un sourire désolé.
« Je prendrai le premier train pour te rejoindre, lui assura son amant.
— Je te fais confiance. »
Ces paroles lourdes de sens, Akashi les comprit parfaitement. Sa main caressa davantage la joue de cet adolescent peu sûr de lui, ses yeux céruléens se montrant assurés alors que sa bouche retenait les mots qui le feraient rester à ses côtés. Ses lèvres vinrent ensuite trouver le front de Kuroko, se fichant bien des personnes qui les entouraient et qui, de toute façon, étaient bien trop occupées pour ça.
Puis, après quelques dernières paroles, Akashi l'emmena jusqu'à leur wagon et attendit que le train ne parte et disparaisse complètement pour sortir de la gare et appeler un taxi.
Il fut bientôt de retour au bas de son immeuble où il ne tarda pas à remarquer la silhouette de Nijiko, assise sur un banc. Savait-elle qu'il allait revenir ?
« Je suis désolée. Je ne pensais pas que mon timing serait aussi mauvais.
— Tu ne t'es pas dit que si je n'avais pas répondu à tes lettres, c'est que je ne voulais plus entendre parler de toi ? »
Akashi n'était pas revenu pour tourner autour du pot et il comptait bel et bien rejoindre au plus vite Kuroko. Son attitude ne sembla pas désarçonner Nijiko, puisqu'elle se redressa simplement, époussetant sa longue jupe avant de relever ses yeux noisette dans sa direction. Cette fois-ci, toutes traces d'hésitation disparues de son regard.
« J'ai à te parler. »
Les yeux hétérochromes se plissèrent en comprenant que Nijiko ne dirait pas quoi que soit d'autre à l'extérieur. Il se dirigea alors vers son appartement, le silence régnant entre eux le temps que l'ascenseur monte à leur étage et qu'il ouvre la porte, Kuroko lui ayant rendu ses clés dans le taxi. Une fois rentré, il remarqua que Nijiko regardait autour d'elle avec une lueur nostalgique à l'intérieur de son regard.
« Tu n'as rien changé à la décoration à ce que je vois…
— Je n'en ai pas vu l'utilité. Celle-ci me convient.
— Depuis le temps, tu aurais pu changer d'appartement aussi, confia-t-elle en faisant un tour sur elle-même pour être sûre d'avoir tout vu.
— De quoi veux-tu me parler, Nijiko ? » La rappela-t-il.
La jeune femme cessa son cirque pour se reconcentrer sur lui, se dirigeant ensuite vers le canapé où elle s'assit sur celui-ci, après en avoir demandé l'autorisation. Ne comptant pas rester debout tout au long de leur conversation, qui s'annonçait particulièrement longue, Akashi prit place à ses côtés tout en laissant une certaine distance. Le temps où ils se chamaillaient, leurs épaules se heurtant joyeusement, se trouvait loin derrière eux.
Son attention se porta sur la bague qui ornait l'annulaire de son ex-petite amie, qui jouait par ailleurs avec celle-ci en la faisant rouler. Il repensa alors que dans les moments importants, la jeune femme avait le tic de devoir toujours garder ses mains occupées afin de rester concentrée, mais aussi pour ordonner ses pensées. Ainsi, malgré les années qui s'étaient écoulées et la distance qui s'était installée entre eux, elle avait toujours ce genre de réflexe.
« Je m'en suis toujours voulue, tu sais… Ce qui est arrivé, comment ça s'est terminé entre nous et pour ton…
— Je n'ai pas besoin de tes excuses, la coupa-t-il sèchement.
— Mais à cause de ton comportement je n'ai pas pu tourner la page, Akashi. Tu ne m'as jamais laisséem'exprimer et t'expliquer le pourquoi du comment. À chaque fois que je toquais à ta porte, c'était votre majordome qui me recevait pour me congédier. Même quand tu étais à l'hôpital, ton père… »
Nijiko réprima un frisson lorsqu'elle croisa le regard doré de son interlocuteur. Elle se revoyait des années en arrière, le jour de l'accident qui avait créé cet œil difforme, défectueux. Son esprit lui rejouait sans difficulté le ton ferme et menaçant du père d'Akashi, lui interdisant de remettre les pieds dans cet hôpital sous peine de représailles. Tout au long de sa relation avec le rouquin, son paternel l'avait toujours intimidée, mais elle était toujours parvenue à lui faire face et se faire entendre. Seulement, cette fois-ci, la culpabilité et les remords l'avaient poussée à acquiescer et finalement disparaître.
« Mon intention, en étant ici, ce n'est pas d'obtenir ton pardon.
— Alors, pourquoi es-tu venue ? »
Un silence palpable s'installa dans le salon, Akashi attendait sa réponse tandis que Nijiko observa de nouveau le paysage qui se trouvait autour d'elle. Rien n'avait bougé de place. La seule différence notable était cette bague signant son futur engagement et le fait qu'Akashi et elle ne s'entendaient plus.
« J'étais vraiment amoureuse de toi, tu sais… Tout ce que j'ai pu te dire, ou tout ce que j'ai pu dire à ton père, je le pensais. Tu sais que je ne mens pas sur ce genre de choses. Je ne suis pas si horrible. Seulement, c'était trop pour moi. Je n'ai pas pu… Toi. Ton père. Mes propres faiblesses. La pression était trop forte. »
Nijiko vint triturer ses doigts nerveusement. Elle n'aimait pas se souvenir de cette époque où Akashi se battait contre son père afin de pouvoir devenir réalisateur, se concentrant uniquement sur ses scénarios et son objectif en l'effaçant complètement de son champ de vision. Nijiko avait compris que pour lui, elle n'existait plus dès lors qu'il allumait son ordinateur. Les premiers temps, elle avait supporté l'idée puisqu'elle comprenait parfaitement les enjeux, mais elle aurait dû se douter que Masaomi ne comptait pas s'arrêter là. Ce dernier ne lui avait jamais posé d'ultimatum à proprement parlé, mais il lui rappelait par de petites remarques épineuses, et placées avec justesse, le statut de son fils qui risquait de perdre son héritage et son avenir par sa faute.
Selon lui, elle n'avait pas les épaules pour soutenir son unique enfant.
Au fond, Masaomi avait finalement eu raison sur son compte. Elle n'avait pas pu. Dès lors que les yeux d'Akashi se détournaient d'elle, elle se sentait faible et inutile. Des sentiments qui l'avaient toujours révulsée et qui, pourtant, s'appliquaient à son cas. Elle n'était qu'un vulgaire poids pour l'épanouissement de son petit ami, que ce soit pour l'avenir que son père avait tracé pour lui ou celui en tant que réalisateur.
Lentement, elle exposa tous ces points à Akashi qui l'écouta attentivement, sans l'interrompre.
« Tu ne remarquais même pas lorsque je m'absentais pendant une semaine. J'en venais à me demander si tu m'aimais encore, si je t'importais encore ne serait-ce qu'un peu. Et lorsque tu daignais faire attention à moi, c'était toujours pour me faire des reproches ou pour me dire que je te dérangeais dans ton travail. »
Toutes ces piques qu'ils avaient pu se lancer, ces mots blessants dont l'unique but était de mutiler l'autre, Akashi s'en souvenait parfaitement. Quelque chose clochait bien avant cela dans leur relation, mais il avait été trop pris par son travail pour s'en rendre compte avant que cela ne lui explose au visage.
« Je t'aimais vraiment, mais tu étais si… inaccessible, souffla-t-elle d'une voix enrouée par l'émotion.
— Le plus triste dans cette histoire, c'est que si je travaillais si durement, c'était pour nous. »
Nijiko le regarda, confuse.
« Je voulais prouver à mon père que je pouvais réussir en tant que réalisateur, mais aussi à garder ma relation avec toi. Je ne voulais pas lui donner l'avantage. Mais ce n'est qu'avec le recul que je me suis rendu compte que c'était trop tard, que j'étais déjà pris dans son piège. »
Ce qu'il avait expliqué à Kuroko ce soir-là, dans l'Onsen, Akashi le répéta à Nijiko qui étira un sourire crispé. Cela ne l'étonnait pas du grand Akashi Masaomi, mais cela renfloua sa colère envers cet homme qui se croyait au-dessus de tout et qui se permettait de jouer avec les êtres humains comme on jouerait avec des marionnettes.
« Seulement, notre rupture n'a pas seulement été causée par ton père.
— Où veux-tu en venir ?
— Akashi, soupira-t-elle. Tu as la capacité de cerner très rapidement les gens et d'appuyer où ça fait mal. Que tu ne fasses plus attention à moi était blessant et frustrant, mais le pire, c'est ce que tu m'as dit ce jour-là. »
Nijiko se tut, laissant à Akashi le soin de réfléchir à la scène qu'elle sous-entendait, le jour de l'accident. Il n'eut par ailleurs aucun mal à s'en souvenir, son visage se renfrognant tandis que les images lui revenaient en tête.
Il était parvenu à bien avancer son script et s'était donc accordé une pause afin de pouvoir manger, se rendant ainsi compte que Nijiko mettait la table au même instant. Doucement, il s'était alors approché d'elle afin de l'éteindre par-derrière, désireux de se faire pardonner et profiter de sa petite amie. Seulement, après le sursaut qui avait pris Nijiko, de cette assiette qui s'était brisée par terre, la jeune femme s'était retirée. Elle lui avait craché au visage que ce n'était pas selon son bon vouloir, qu'il ne pouvait pas revenir de la sorte après l'avoir ignorée pendant tout ce temps.
Une dispute avait alors éclaté, plus violente que les précédentes. Ils étaient arrivés au point de rupture où Nijiko rencontrait ses limites et lui, celles de sa patience. La jeune femme lui avait crié tous ses défauts, lui demandant si, un jour, il l'avait véritablement aimée, si elle lui importait encore un peu, si tout cela avait encore un sens. Son visage était recouvert par des larmes de colère et de tristesse, ses yeux lui hurlant de la rassurer, de lui dire qu'elle était importante à ses yeux, que rien n'avait changé, mais il avait fait tout l'inverse.
« Je n'ai jamais eu besoin de toi pour avancer, répéta Nijiko. Ce sont les mots que tu m'as adressés. »
Akashi resta silencieux. Il avait pensé ses mots. Il les avait prononcés avec la plus grande sincérité et avait ainsi pu voir le visage de sa petite amie se tordre au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient. Il avait vu la haine remplir le corps de ce bout de femme. Une flamme brûlait à l'intérieur de ses yeux et prenait de l'ampleur à chaque fois que leur débat virulent prenait de l'ampleur.
« J'avais tant pris sur moi pour faire face à ton père, pour ne pas trembler face à lui et lui donner l'avantage. Je voulais me montrer forte à tes yeux et te prouver que tu pouvais compter sur moi. Je t'ai défendu corps et âme lorsque ton père se moquait de ton rêve. Lorsque tu hésitais, je te rassurais et souriais en te voyant y retourner. J'ai dû penser naïvement que ma présence à tes côtés servait au moins à quelque chose, que nous avancions ensemble, à la même allure. Mais surtout, que nous regardions dans la même direction. »
Les injures fusaient, Nijiko se trouvant hors d'elle après qu'il eut prononcé ses mots. Cela avait été la goutte d'eau de trop. Ses bras s'étaient mis à gesticuler dans tous les sens, le menaçant de prendre ses affaires et de disparaître à jamais de sa vue. De son côté, il l'encourageait à mettre ses paroles en pratique. L'atmosphère dans l'appartement s'était transformée en une véritable cacophonie d'injures de toute sorte, des objets que l'on jette par terre et qui se brisent en mille morceaux, tout comme leur relation qui volait en éclat, tout comme leurs cœurs qui se séparaient en cet instant.
Puis, dans tout ce tumulte, le geste de trop arriva. Nijiko avait fini ses valises et s'apprêtait à partir, à passer la porte de l'appartement et de disparaître définitivement, quand Akashi essaya de la retenir. Elle s'était alors retournée sèchement, envoyant balader cette main indésirable qui s'était posée contre son épaule. Tout s'était ensuite enchaîné à une vitesse impressionnante. Il avait perdu l'équilibre après avoir trébuché sur un des multiples objets balancés plus tôt, cherchant alors à se rattraper à quelque chose pouvant retarder sa chute imminente.
La dernière chose que son œil gauche put distinctement voir fut ce vase qui se brisait en mille morceaux, l'un de ses fragments venant se loger dans sa cornée.
« Je n'avais vraiment pas fait exprès ! Dès que j'ai vu ton visage en sang, j'ai tout de suite appelé les secours, mais…
— Cette histoire est derrière nous, la coupa-t-il une nouvelle fois.
— Elle ne l'est pas puisque tu n'as rien changé dans cet appartement ! »
Nijiko se redressa brusquement, balayant l'espace d'un geste de la main.
« Si nous avions, tous les deux, vraiment tourné la page, tu ne voudrais pas continuer à vivre dans cet endroit. Et surtout, tu ne laisserais pas ta nouvelle relation vivre dans le cocon de notre histoire passée. »
À ces mots, Akashi agrandit ses yeux. La jeune femme soupira longuement, ses bras venant se croiser sous sa fine poitrine.
« Quand tu as ouvert la porte à ce garçon, tu avais ce sourire… Le sourire que je pouvais aussi avoir lorsque nous étions encore étudiants. Je te connais Akashi, tu n'as jamais été démonstratif dans tes émotions, hormis pour les personnes importantes pour toi. C'est pour ça que tu devrais songer à quitter cet endroit, pour toi, mais aussi pour lui.
— Tu n'as aucune leçon à me donner. N'es-tu pas venue me retrouver alors que tu es fiancée ?
— Je suis venue te retrouver justement pour changer. Je ne veux plus regretter quoi que ce soit. J'en avais besoin pour avancer, pour ouvrir un nouveau chapitre dans ma vie. Je t'ai aimé Akashi, mais nous nous sommes trop blessés mutuellement. Il est temps que nos plaies cicatrisent pour de bon, c'est pour ça que je suis venue.
— Tu veux simplement te donner bonne conscience, oui, ricana-t-il sèchement. Je ne suis pas comme toi, mes blessures ne disparaîtront pas.
— Et crois-moi, je m'en voudrais éternellement. C'est pour ça que je te l'ai dit, je ne cherche pas ton pardon. »
Nijiko le regarda droit dans les yeux et ne faiblit pas un seul instant. Il était évident qu'avec les années, la jeune femme avait pris de l'assurance et semblait même être plus fiable. À l'inverse, pendant ce temps lui s'était enfermé dans une bulle et rejetait tout en bloc, stagnant durant toutes ces années. Si Kuroko n'était pas entré dans sa vie, il n'aurait sûrement jamais réalisé cela, Nijiko ne faisant que le confirmer.
Il était temps de rabattre la page et d'avancer.
À son tour alors, il se redressa et riva ses yeux hétérochromes surcette personne qui appartenait à son passé. Ils s'étaient tous les deux blessés, mentalement comme physiquement, leur relation était devenue malsaine et ils s'étaient détruits l'un comme l'autre. Rien ne pourrait changer leur passé, il n'était pas encore possible pour la nature humaine de voyager dans le temps et de modifier certains événements et, pour combler cela, ils ne pouvaient qu'enterrer la hache de guerre et avancer vers un lendemain meilleur.
« Tous mes vœux de bonheur. »
Nijiko cligna plusieurs fois des yeux, surprise, avant de jeter un coup d'œil à sa bague. Un large sourire vint ensuite couvrir ses traits, illuminant tout son visage comme ça lui arrivait au tout début de leur relation. Seulement, cette fois-ci, Akashi n'était pas celui qui lui procurait tant de joie. Nijiko avait trouvé son bonheur autre part et ne comptait pas commettre les mêmes erreurs, cette fois-ci.
« Je suis désolée d'avoir un timing aussi mauvais. Comment je peux me faire pardonner ?
— Ne m'envoie plus de lettres, s'il te plaît. »
Tout en riant légèrement, Nijiko lui promit de ne plus le déranger et le salua avant de prendre congé. Finalement, la porte se referma doucement contre sa silhouette qui disparaissait silencieusement dans le couloir, clôturant enfin leur relation et permettant à un nouveau jour de se présenter. Leur mémoire n'oublierait certainement jamais ce qui s'était passé entre eux, les bons comme les mauvais moments, seulement Akashi sentait son cœur bien plus léger. Son œil gauche le démangerait sûrement encore, mais un poids se trouvait enlevé.
Son attention se porta sur ses bagages posés à l'entrée et il songea à Kuroko. L'heure sur son téléphone lui indiqua qu'il était trop tard pour qu'un train puisse circuler, mais après tout il avait une autre carte en main. Le réalisateur fouilla ainsi son répertoire pour appeler l'agence de taxi dont il allait faire un grand heureux, de nombreuses heures sur la route l'attendaient, mais il était trop impatient pour tourner en rond dans son appartement dans l'attente qu'un train aille jusqu'à Kyōto.
-x-x-x-
Kuroko s'était finalement endormi sur le futon sans même mettre la couverture par-dessus son corps, le visage fermé où parfois s'échappaient quelques mots de sa bouche. Derrière ses paupières se jouaient différentes scènes où Akashi disparaissait de son champ de vision, que ce soit en compagnie de cette femme ou simplement seul. Il avait beau courir pour le rattraper, l'appeler ou essayer de le faire rester à ses côtés, le rouquin parvenait toujours à s'en aller.
Dans son sommeil, il se recroquevilla sur le côté et marmonna le prénom du réalisateur. Il se sentait seul et terrorisé. Une douce chaleur se répandit pourtant à travers son corps, sortie de nulle part et le faisant chercher autour de lui la raison à cela. Il ne tarda pas à entrouvrir un œil, l'obscurité encore ambiante ne lui permettant pas de voir clairement ce qui se trouvait en face de lui. Néanmoins, une silhouette assise se trouvait juste à ses côtés, sa main continuant à lui caresser ses cheveux rebelles.
« Akashi-kun ? »
Sa voix endormie fit s'étirer un sourire attendri sur les lèvres du réalisateur. Toutefois, Kuroko pensa qu'il s'agissait encore de l'un de ses rêves. Le voilà enfin à ses côtés, tout proche, au point qu'il pouvait ressentir sa chaleur. Une nouvelle fois, il tenta d'attraper cet Akashi, saisissant ainsi son pantalon et se collant davantage à lui. Il referma ensuite son œil resté ouvert et reposa sa tête contre son oreiller, heureux.
« Je te tiens enfin, sourit-il plus que satisfait.
— Je ne savais pas qu'il t'arrivait de parler en dormant, Tetsuya. »
Le tintement de ce rire cristallin, comparable au carillon dans le jardin, réveilla d'un seul coup l'intéressé. Cette fois-ci, il eut les yeux grands ouverts et discerna plus correctement le visage du véritable Akashi Seijūrō, très loin de ses copies immatérielles qui avaient occupé son esprit. Sans plus attendre, Kuroko étendit ses bras vers l'avant et les enroula autour du cou du rouquin qui fut obligé de s'allonger sur le dos, les cheveux sarcelles venant lui chatouiller le bas de son visage.
« Quel accueil, se réjouit Akashi.
— Je savais que je pouvais te faire confiance, mais il y avait cette petite voix dans ma tête et… »
Il fut cependant interrompu par son petit ami qui passa le bout de ses doigts contre ses lèvres. Kuroko comprit donc qu'ils parleraient plus tard de ce qui avait bien pu se passer à Tokyo, qu'Akashi ne comptait pas le lui cacher, mais ce n'était pas le moment pour ça. Ainsi, sans plus tarder, ils s'embrassèrent.
Akashi vint glisser ses mains de part et d'autre du visage de Kuroko tandis que celui-ci s'appuya sur ses avant-bras afin de ne pas l'écraser. Leur position ne dérangea pas le plus jeune qui avait d'autres choses à penser, profitant du retour de son petit ami pour découvrir une nouvelle fois sa bouche et profiter de cette chaleur qui inondait désormais son corps, mais surtout son cœur qui avait pris peur.
Les positions ne tardèrent cependant pas à se voir inversées et Kuroko fut celui qui se retrouva le dos contre les tatamis, levant son regard pour retrouver celui de son amant qui le regarda avec une passion non dissimulée. Ces yeux hétérochromes qui continuaient à l'hypnotiser, malgré le temps passé à les côtoyer et qui, en cet instant, le réchauffaient considérablement. Il fut même plus que ravi lorsqu'Akashi revint l'embrasser, ses mains cherchant les siennes afin de pouvoir lier leurs doigts.
« Il me semble que je ne te l'ai jamais dit, mais merci. Merci beaucoup Tetsuya.
— Pour quelle raison ?
— Pour ce que tu fais et qui tu es. Maintenant, je souhaiterais que tu cesses de t'effacer pour mon bien. Sois un peu plus égoïste. »
Kuroko fronça un instant ses sourcils. C'est vrai qu'il avait poussé Akashi à retourner vers son ex-petite amie au détriment de leur week-end organisé, mais il savait que c'était pour le meilleur. Son amant n'aurait pas été heureux et n'aurait pas pu profiter du week-end avec lui s'il n'était pas revenu sur ses pas. De sorte qu'intérieurement, Kuroko savait qu'il recommencerait malgré les paroles d'Akashi. Son bonheur était le plus important, et puis si le réalisateur lui faisait de telles surprises, il recommencerait autant de fois qu'il le faudrait.
« Du moment que tu es heureux, tout me va. »
Ce fut, cette fois-ci, au tour d'Akashi d'être momentanément surpris par les propos du bleuté. Les paroles de Kuroko le touchaient, mais il ne voulait pas être le seul à profiter de ce bonheur, le seul à être bien traité et couvé. Pour une fois, il allait faire les choses proprement et avancer au même rythme que son amant. Cette fois-ci, il ne se concentrerait pas uniquement sur ses objectifs et son confort personnel, aujourd'hui ils étaient un « nous » qu'il comptait chérir et entretenir.
« Dans ce cas-là, je serais égoïste pour deux.
— J'ai hâte de voir comment Akashi-kun va s'y prendre, s'amusa Kuroko.
— Serait-ce un défi que tu me lances ? »
Un sourire mutin se glissa contre les lèvres de l'adolescent. Il avait comme l'impression de nager dans un océan de bonheur où rien ni personne ne saurait l'en déloger. Ses doigts se séparèrent ainsi de ceux d'Akashi pour venir une nouvelle fois s'enrouler autour de la nuque de celui-ci et l'attirer contre lui. Loin d'être habitué à voir son amant aussi entreprenant, Akashi se laissa tout de même faire et savoura la sensation de la langue du plus jeune qui essayait de se frayer un chemin jusqu'à la sienne. Les baisers de Kuroko se trouvaient être plus timides et désordonnés que les siens, faisant parfois s'entrechoquer leurs dents lorsque le bleuté désirait changer d'angle, mais il s'en ficha.
Ses mains vinrent parcourir ce corps allongé sous le sien, se glissant sous le vêtement pour toucher la peau de ce garçon qui le faisait définitivement craquer. Akashi ne savait pas encore exactement où se trouvait les limites de son amant et il ne pouvait donc se fier qu'à ses réactions et ses soupirs. Lentement, afin d'être certain de ne pas louper le moindre signal, il remonta ses mains le long du torse de Kuroko et vint longer ses côtes, tel le passage d'une plume afin de ne pas le brusquer. Entre temps, Kuroko avait attrapé son dos et continuait de l'embrasser ou encore de soupirer son bien-être, son souffle chaud rencontrant ainsi son épiderme. À chaque fois que cela arrivait, Akashi se sentait frémir de la tête aux pieds.
Cependant, Kuroko avait ressenti son tressaillement, les mains du réalisateur s'étaient soudainement raffermies contre sa peau. Il jeta ainsi un rapide coup d'œil à ce cou qui lui pendait au nez, cette partie d'Akashi qui semblait visiblement sensible et qui l'appelait de plus en plus. Il ressentit dès lors l'envie d'y goûter, d'y mettre son empreinte. Cette envie commença à le dévorer de l'intérieur, à agiter ses sens, et ne se trouva assouvie que lorsque ses dents attrapèrent un morceau de peau, qu'il mordilla timidement avant d'entendre le soupir du rouquin contre son oreille.
Voyant que son petit jeu fonctionnait à merveille, Kuroko y alla cette fois-ci plus franchement et commença à suçoter l'endroit précédemment mordu. Il entendit Akashi étouffer un gémissement, ce qui ne lui fit pas plaisir. Il partit donc à la recherche d'un autre emplacement, comptant bel et bien décrocher un véritable cri de la part de son amant, mais la gorge s'éloigna à cet instant et des yeux vairons croisèrent les siens.
Kuroko s'attendit à ce qu'Akashi lui dise quelque chose, voir même le prévienne qu'il venait de lui faire mal, car il s'y était mal pris. Il le vit ainsi se redresser, s'appuyant sur ses genoux afin de pouvoir être à moitié debout. Malgré l'obscurité, les rayons de la Lune qui s'engouffraient dans leur chambre lui permirent d'apercevoir Akashi dénouer sa cravate sans le lâcher du regard ne serait-ce qu'une seconde. L'accessoire fut ensuite déposé sur le côté, Kuroko ressentant un pic de chaleur agiter son bassin lorsque les doigts d'Akashi commencèrent à déboutonner sa chemise. Les premiers boutons se firent ainsi enlever, exposant à sa vue le haut du torse de son amant qui étira un sourire amusé en le voyant le regarder avec insistance, ses yeux céruléens se voilant du désir qui le consumait.
Le second vêtement retrouva bien vite le premier et Kuroko déglutit difficilement. Il n'arrivait pas à décrocher son attention d'Akashi bien que la gêne grandissait un peu plus en lui. Il ne savait pas quoi faire ni quoi dire et s'en voulut pour cela. Il n'était pas accoutumé à ce genre de situation, et s'il faisait mal quelque chose ? S'il ne répondait pas aux attentes de son petit ami ? De multiples questions vinrent polluer son esprit et la panique commença à couvrir son excitation : il avait peur.
La main d'Akashi vint tout à coup attraper la sienne pour la diriger vers sa poitrine. De sorte que bien vite, il put sentir contre sa paume les battements endiablés de son cœur.
« Tu n'es pas le seul à être nerveux, Tetsuya. »
Cette façon que son petit ami avait de prononcer son prénom le fit frémir avec volupté. Son cœur devait battre tout aussi rapidement que celui d'Akashi, peut-être même plus, mais il était rassuré de savoir qu'il n'était pas le seul dans cet état. Il lui sourit avant de voir Akashi entrelacer leurs doigts et venir l'embrasser. Puis, doucement, étant prêt à s'arrêter à n'importe quel instant, Akashi souleva son haut. Ils furent ainsi bientôt tous les deux torses nus.
Kuroko pinça ses lèvres lorsque les mains du rouquin vinrent découvrir son torse, enterrant son visage dans l'oreiller. Il sentait le regard d'Akashi contre sa peau, contre son corps qui n'avait rien à voir avec celui d'une femme. Ses pensées obscures disparurent néanmoins lorsque les mains du rouquin lui procurèrent d'agréables frissons qui remontèrent le long de son dos. Un soupir lui échappa lorsque les lèvres de son amant vinrent jouer avec le lobe de son oreille.
Des baisers papillons furent ensuite déposés sur ses lèvres, puis il put voir Akashi descendre et venir embrasser sa clavicule avant de faire de même sur son mamelon. Un spasme plus important que les autres lui fit arquer le dos. Akashi comprit alors qu'il pouvait approfondir et ne perdit pas plus de temps, le bout de sa langue venant taquiner ce téton qui se durcit face à la douce torture. Sa main droite vint ensuite à la rencontre du deuxième, le faisant rouler entre son index et son pouce pendant que les soupirs de Kuroko commencèrent à remplir la pièce.
Sans s'en rendre compte, Kuroko bougea son bassin à la recherche de celui de son amant.
Akashi se sépara de lui pour venir voler ses lèvres, leurs langues dansant un nouveau ballet où aucun ne retint ses soupirs de bien-être. Ils finirent néanmoins par s'éloigner, leurs nez se frottant l'un contre l'autre délicatement. Akashi fut ravi lorsqu'il constata la lueur ardente qui brillait dans les yeux céruléens de son petit ami, ses mains continuant à caresser son corps, montant de bas en haut pour en connaître le moindre des recoins. Il pouvait sentir contre sa jambe le renflement du pantalon de son vis-à-vis et il y jeta un rapide coup d'œil par-dessous son épaule, constatant que ses caresses n'avaient pas laissé insensible son partenaire. Son regard se retourna alors vers les yeux céruléens qui n'avaient pas quitté un seul instant son visage.
Malgré l'envie évidente de franchir le cap, Akashi sentit Kuroko hésiter. Ses petites mains tremblaient contre ses bras et il pouvait voir son torse se baisser et se redresser vivement, dévoilant ainsi sa respiration saccadée.
« Nous ne sommes pas obligés d'aller jusqu'au bout. C'est toi qui décides. »
Ses lèvres vinrent se déposer contre celles entrouvertes du plus jeune. Un chaste échange afin de lui faire comprendre qu'à n'importe quel moment ils pourraient tout arrêter. Il put ensuite voir Kuroko opiner, lui montrant qu'il avait bien entendu, et sentit alors tout à coup sa main appuyer contre son épaule afin de lui intimer de se reculer. Akashi l'écouta ainsi sans poser de question, mais il fronça rapidement ses sourcils en le voyant se redresser.
« Je pense que me retrouver en dessous me bloque un peu alors est-ce que je peux… »
Le visage enflammé, Kuroko arrêta là sa phrase et détourna son regard. Akashi se demanda alors où il voulait en venir, si cela concernait les positions en elles-mêmes ou si c'était le fait d'être le passif qui le dérangeait. Dans le deuxième cas, il ne savait pas s'il était réellement fermé à l'idée ou non. Après tout, c'était là sa première relation homosexuelle. Il ne s'était tout simplement jamais posé la question avant de croiser le chemin de Kuroko.
Ses yeux s'entrouvrirent davantage lorsque le lycéen vint s'installer en face de lui, son regard cherchant timidement le sien.
« Ça ne me dérange pas de continuer, mais…. Pas jusqu'au bout. »
Le visage rouge et la nervosité présente dans sa voix eut fini de l'achever. Ses mains prirent en coupelle le visage de cet adolescent qui sortait enfin de sa zone de confort, de sa crainte la plus vorace, et il était celui pour qui il faisait cela.
« C'est d'accord. Rapproche-toi de moi dans ce cas. »
Il passa tendrement son bras dans le dos de Kuroko et l'invita donc à s'installer par-dessus ses jambes. Ayant tout d'abord peur de lui faire mal, Kuroko fit en sorte de ne pas trop s'appuyer dessus. Il surplombait de quelques centimètres Akashi qui revint baiser son torse, mais avant tout ses mamelons, croquant délicatement l'un d'eux pendant que ses mains flattèrent ses flancs et se glissèrent par moment dans son dos. Ne désirant pas rester sans rien faire, Kuroko pencha sa tête sur le côté et retourna à l'assaut de ce cou qui frémissait à son contact. Son bassin recommençait quant à lui sa danse effrénée, venant ainsi à la rencontre de celui du rouquin qui émit un grognement rauque.
Les mains d'Akashi descendirent pour finir par atterrir sous ses fesses, l'invitant à se redresser après une légère pression sur ces dernières. Timidement, le bleuté s'exécuta tout en détournant son regard, frémissant lorsqu'il sentit la ceinture de son pantalon se défaire et le bouton de son vêtement sauter. Il entoura bien vite le cou d'Akashi par ses bras, enfouissant finalement son visage dans le creux de sa nuque.
« Si tu veux que j'arrête, dis-le-moi, lui confia Akashi.
— Non… c'est bon. »
Sa voix était mal assurée, mais il ne se forçait pas. Il en avait envie, envie qu'Akashi le touche et pouvoir davantage ressentir sa chaleur. Son amant sembla le comprendre puisqu'il vint l'embrasser amoureusement, d'une douceur qui le détendit un peu. Son corps tressaillit néanmoins lorsque les mains du rouquin vinrent se saisir du haut de son caleçon, le faisant descendre jusqu'à ses cuisses et découvrir ainsi son érection.
Kuroko enterra davantage son visage afin de le camoufler à son amant, qui l'observa du coin de l'œil afin de s'assurer que c'était réellement bon. Akashi vint alors embrasser ses cheveux, ses mains se plaçant derrière son dos pour lui administrer des caresses à la fois rassurantes et plaisantes, attendant qu'il soit plus à l'aise avant de commencer quoi que ce soit. Ce fut seulement quand il sentit le bleuté se détendre qu'il descendit sa main plus bas et ainsi entourer cette colonne de chaire qui réclamait un peu plus d'attention.
Les va-et-vient se firent tout d'abord lents, s'assurant que tout aille bien pour Kuroko. Akashi avait senti la prise de celui-ci se raffermir autour de sa nuque, mais le souffle chaud qui rencontrait de nouveau son épiderme le mit en confiance et il poursuivit sa tâche. Son coup de poignet se fit ainsi plus ferme, plus rapide, et Kuroko sortit ses premiers gémissements.
« Akashi-kun… Pas seulement moi… »
Ses yeux hétérochromes purent ainsi rencontrer ceux de son partenaire, qui s'était finalement détaché de son perchoir pour le regarder. Le jeune homme avait visiblement retrouvé son courage puisque ses mains se dirigèrent vers son pantalon, essayant vainement de l'enlever mais ses mains tremblotantes l'en empêchaient. Sa propre main relâcha donc l'érection suintante, déboutonnant son dernier vêtement qui se retrouva bientôt au niveau de ses cuisses, tout comme son propre sous-vêtement. Il releva par la suite son regard en direction de Kuroko, qui pour sa part regardait plus bas, et un sourire vint étirer le coin de ses lèvres.
Délicatement, Akashi se saisit de la main de Kuroko et baisa le creux de sa paume. Son attitude fit davantage rougir son vis-à-vis, d'autant plus lorsqu'il le dirigea vers sa propre érection.
Embarrassé, Kuroko se laissa guider tout en déglutissant rapidement, sa main libre se resserra autour du futon mis à disposition par l'auberge. Il était nerveux. Il n'avait jamais fait cela pour une autre personne et avait donc peur de mal s'y prendre et finalement blesser Akashi.
« Tu n'as pas besoin d'autant réfléchir, Tetsuya. Fais-le comme tu le ferais pour toi. »
Akashi vint baiser ses joues avant de rejoindre sa bouche, laissant à son petit ami le temps nécessaire pour s'habituer et de se lancer. Un frisson le traversa lorsque le premier mouvement eut lieu, à la fois hésitant et mal assuré, mais la chaleur qui se dégageait de cette paume et les mouvements qu'elle pratiquait le lui firent instantanément oublier. Ainsi, afin d'encourager son partenaire, Akashi entoura de nouveau sa turgescence et reprit son rythme soutenu.
Cette fois-ci leur chambre se remplit de leurs gémissements. Kuroko se basa sur les réactions d'Akashi pour accélérer ou non la cadence, observant par intermittence le visage concentré de son amant qui se trouvait couvert par quelques rougeurs. Par moment, leurs bouches se rejoignaient pour des baisers fiévreux et complètement désordonnés. Kuroko sentit la fin arriver lorsque des spasmes vinrent parcourir l'intégralité de son corps, son bassin se balançant frénétiquement, presque désespérément. Sa bouche vint alors rejoindre ce cou irrésistible pour y laisser sa trace.
La jouissance ne tarda pas à venir le faucher et lui faire voir des étoiles, se laissant tomber contre le torse d'Akashi qui se crispa suite à la morsure dont il était victime et qui lui administrait de véritables décharges électriques. Le rouquin ne tarda finalement pas à le suivre et vint récupérer ses lèvres pour l'embrasser avec toute la passion que l'orgasme lui conférait. Ils ne se séparèrent qu'à bout de souffle, le visage rougi l'un comme l'autre et un sourire des plus bienveillants s'étirant sur celui d'Akashi.
Aucun mot ne fut pourtant prononcé, leurs regards discutant à leur place, et Kuroko fut celui qui engagea le second baiser. Beaucoup plus doux que leurs précédents échanges, d'une candeur presque hypocrite en vue de leur récente activité. Ils se mirent ensuite en pyjama avant de se coucher dans les futons, Kuroko se rapprochant de son amant en se servant de son bras étendu comme oreiller. Il serra à l'intérieur de sa main le haut que portait Akashi, camouflant son visage sous les couvertures afin de cacher le sourire qui illuminait son visage.
-x-x-x-
Le lendemain matin, ce fut sous les tintements du carillon que Kuroko fut le premier à entrouvrir un œil. Il tomba nez à nez avec le visage encore endormi d'Akashi, quelques-unes des mèches rougeoyantes venant couvrir son visage. Les souvenirs de la veille ne tardèrent pas à lui revenir à l'esprit et il sentit aussitôt ses joues rougir. Il avait tellement eu peur qu'Akashi ne vienne pas le rejoindre que finalement le voir en face de lui avait débloqué quelque chose.
Kuroko observa attentivement cet homme qui dormait à ses côtés, un sourire timide venant couvrir ses lèvres. Délicatement, afin de ne pas le réveiller, sa main vint écarter quelques mèches qui l'empêchaient de le voir clairement sous toutes les coutures. Pouvoir être capable de voir Akashi de la sorte, aussi sans défense, était un privilège dont Kuroko avait parfaitement conscience. Il se sentait spécial, important, et son cœur n'en finissait pas de se gonfler de bonheur. Sa main continua de coiffer un peu ses cheveux en bataille, dérivant sur ce visage et caresser du bout des doigts la peau qui composait ses traits.
Ils n'étaient pas allés jusqu'au bout, mais ils avaient tout de même fait un grand pas dans leur relation. Kuroko ne ressentait ni l'envie de vomir ni l'envie de disparaître, il se sentait tout simplement bien, à sa place. Il ne savait pas ce qu'Akashi pouvait bien lui trouver, mais du moment que cela durait, il ne s'en formaliserait pas. Tout ce qui comptait pour l'instant, c'était leur bonheur.
Se rapprochant ainsi du réalisateur pour venir embrasser ses lèvres, Kuroko se vit pourtant interrompre par le bruit de quelqu'un frappant à leur porte.
« Bonjour, je viens vous apporter le petit-déjeuner. Je vous le laisse devant, bonne journée. »
Kuroko put ensuite voir l'ombre de cette femme s'éloigner de la porte coulissante, reportant ensuite son attention vers Akashi qui s'agita dans son sommeil. Il alla néanmoins chercher ledit déjeuner et attrapa ainsi le plateau qui se trouvait bel et bien devant leur porte, l'odeur et la diversité des assiettes le mettant rapidement en appétit. Après avoir ramené le tout sur la table située dans un coin de leur chambre, il se retourna vers Akashi qui ne s'était pas encore réveillé.
Devait-il l'embrasser pour lui faire ouvrir les yeux ? Des rougeurs vinrent colorer son visage tandis que son imagination lui fit visualiser la scène, le faisant aussitôt agiter son visage sur les côtés. Puis, un grognement parvint jusqu'à ses oreilles et il put ainsi voir Akashi se redresser, se passant une main dans les cheveux et dirigeant ses yeux hétérochromes dans sa direction. Visiblement l'odeur de la nourriture lui était parvenue et avait réveillé son estomac.
« Bonjour. »
Il savait qu'Akashi n'avait jamais été matinal, ainsi ne recevoir que le hochement de tête de ce dernier ne le dérangea pas. À l'inverse, cela l'amusa même beaucoup plus. Toutes ces petites choses que leur entourage ignorait sur le compte du réalisateur, ces petits secrets, plaisaient à Kuroko. Il se sentait davantage spécial grâce à eux.
« Je leur avais demandé de nous l'apporter, mais je n'ai pas assez dormi, se plaignit le rouquin avant de se rallonger et tirer les couvertures pour camoufler son visage.
— On aurait pu le demander plus tard et…
— J'avais prévu de te faire visiter Kyōto toute la journée. Certains endroits sont magnifiques le matin. »
Akashi retira finalement les couvertures de son visage, essayant de se motiver à quitter ce cocon de chaleur pour rejoindre son amant qui s'attabla finalement en le voyant arriver. Kuroko lui tendit alors sa tasse de café, lui souriant. Ils purent ainsi prendre leur petit-déjeuner, reprenant pied avec la réalité à leur rythme. Akashi s'étira plusieurs fois, essayant de réveiller tant bien que mal ses muscles et ainsi éviter de repartir pour le monde des songes.
« Rien ne presse, Akashi-kun. Nous pouvons très bien nous recoucher après avoir fini de manger, lui proposa-t-il.
— Ce serait dommage de passer le jour de ton anniversaire au lit. »
Bien qu'Akashi parlait du fait de se reposer, le sous-entendu possible que laissait imaginer cette simple phrase fit rougir Kuroko. Il abaissa donc son visage afin de camoufler son rougissement aux yeux du rouquin, apportant ses baguettes à sa bouche afin de se concentrer sur la nourriture. Cependant, ce fut sans compter sur son homologue qui réalisa tout à coup quelque chose de primordiale, son cerveau s'étant finalement mis en route.
Akashi se rapprocha ainsi de son amant, venant poser sa main contre sa joue pour l'inviter à redresser son visage et plonger son regard dans le sien.
« Par ailleurs, joyeux anniversaire Tetsuya. »
Ses lèvres vinrent se poser sur les siennes, des baisers papillons qui réchauffèrent davantage l'adolescent qui abaissa toutes ses barrières. C'était presque effrayant à quel point il pouvait se détendre aux côtés d'Akashi, de ne se concentrer que sur lui et oublier tout le reste. Après s'être éloigné de l'autre, se regardant sans émettre le moindre bruit, Kuroko se saisit timidement de la main de son amant.
« Merci. »
Ce simple mot qui pourtant couvrait tant de choses, ces mêmes choses qui illuminaient son regard et qui fit sourire Akashi qui comprit parfaitement. Kuroko devait le remercier pour tout ce qu'avait pu faire Akashi depuis leur rencontre, que ce soit pour l'avoir abrité ce soir de pluie dans cette chambre d'hôtel, de lui avoir finalement offert un toit en échange de ses services, mais aussi pour l'avoir soutenu lors du décès de sa grand-mère et de lui avoir ouvert les yeux par rapport à Kagami.
Pour la première fois de sa vie, il avait envie de pleurer parce qu'il était heureux. Ce sentiment était si étrange qu'il ne réussit tout d'abord pas à l'identifier, à mettre un nom dessus, et resserra simplement son emprise contre la main d'Akashi. Il était désormais incapable de détourner son attention de sa silhouette, de chacun de ses gestes et cela tout simplement parce qu'il était amoureux. Il était tombé amoureux de cet homme d'apparence bourru et distant, mais qui finalement se révélait être une personne attentive à son entourage et les poussant discrètement vers l'avant afin que ces personnes puissent voler de leurs propres ailes.
Une gentillesse dissimulée qu'Akashi l'avait autorisé à entrapercevoir à de multiples reprises, inconsciemment.
Leurs lèvres se retrouvèrent bien vite pour terminer cet échange candide, terminant ensuite leur repas pour profiter de Kyōto. Ils furent bientôt arrivés dans les rues de cette ville qui avait vu grandir Akashi, privilégiant la marche que les moyens de locomotion. Le réalisateur amena ainsi son amant dans les coins qu'il préférait, profitant du matin pour se balader tranquillement et sans être dérangé par l'effervescence des habitants. Kuroko put ainsi écouter les histoires de son petit ami, lorsqu'en compagnie de Nijimura il découvrait ce qu'était un combini. Le brun l'avait ainsi initié aux habitudes et au quotidien des personnes lambda, qui n'étaient pas nées avec un père comme Akashi Masaomi.
« Ça confirme ce que je pensais à votre sujet, s'amusa Kuroko.
— Où veux-tu en venir ?
— Nijimura-san a toujours pris soin de toi comme l'aurait fait un grand-frère. Et il continue encore à le faire même si maintenant vous êtes deux adultes accomplis, je trouve ça formidable. »
Akashi étira un sourire embarrassé. Kuroko n'avait pas tout à fait tort, mais le rôle qu'avait eu le scénariste au cours de son enfance s'étendait à beaucoup plus. Il se saisit de la main de son amant et l'emmena à sa suite pour lui faire découvrir son endroit préféré. S'agitant tout d'abord en regardant autour de lui si personne ne les voyait, Kuroko se laissa pourtant faire et observa autour de lui les premiers cerisiers qui apparaissaient dans son champ de vision.
Bien évidemment, ce n'était pas encore la saison de floraison où les arbres étaient couverts de couleurs rosés, mais Kuroko n'eut aucun mal à comprendre pourquoi Akashi chérissait cet endroit. Cela devait être magnifique. Les cerisiers entouraient le passage piéton sur toute sa longueur, laissant imaginer à l'adolescent la beauté de cet endroit lorsque les pétales de sakura s'envoleraient, portés par le vent.
« Tu as dû te rendre compte que je ne parle jamais de ma mère, n'est-ce pas ? »
Akashi se tourna légèrement dans sa direction, assez pour voir son expression mais surtout l'acquiescement de son visage. Il l'avait en effet remarqué, mais n'avait jamais osé aborder le sujet qui semblait sensible. Leurs mains toujours jointes, Kuroko sentit celle d'Akashi serrer la sienne.
« À l'inverse de mon père, elle était très douce et s'opposait à lui pour que j'ai un peu plus de liberté. Elle aurait souhaité que j'aie une enfance comme les autres. Elle était aussi la chose la plus précieuse à mes yeux. »
Écoutant religieusement le récit du réalisateur, il observa son profil qui n'avait rien à voir avec son apparence habituelle. En cet instant, Akashi lui ouvrait son cœur et des souvenirs bien gardés, presque jalousement. Sous ses yeux se trouvaient peints les traits d'un enfant qui retrouvait sa ville natale, les yeux brillants de mille feux dont rien n'aurait su affaiblir leur ardeur. Akashi marqua toutefois une pause dans son récit et, comme pour l'encourager à continuer, Kuroko resserra sa main contre la sienne et ils s'échangèrent un regard.
Il avait bien sûr compris pourquoi Akashi ne parlait jamais de sa mère. La chute paraissait de plus en plus évidente à ses yeux maintenant que le rouquin abordait enfin le sujet avec lui.
« Un proverbe m'a toujours paru d'une cruelle réalité, mais sa mort n'a fait que la confirmer un peu plus.
— Quel proverbe ?
— Les meilleurs partent toujours les premiers… »
Un lourd soupir traversa les lèvres d'Akashi qui retira sa main de la sienne. Le rouquin fit ensuite quelques pas vers l'avant et apposa sa main contre le tronc d'un des cerisiers, relevant par la suite ses yeux pour observer les bourgeons qui ne tarderont plus à éclore et faire resplendir leur beauté. Il se souvenait à quel point sa mère aimait ses fleurs grâce à leur éphémérité qui les rendait d'autant plus belles et précieuses. Un phénomène qui ne se produisait qu'une fois par an et qui ne couvrait que quelques mois avant de disparaître.
« Elle est décédée quand je n'avais que huit ans. À cause de son travail et de son deuil, mon père m'accordait très peu de temps. Même si les domestiques s'occupaient très bien de moi, ça ne suffisait pas. Rien ne la remplaçait à mes yeux. »
Kuroko sentait l'émotion le gagner, sa gorge commençait à le démanger. Il ne dit pourtant rien et ne fit aucun mouvement pour rejoindre son petit ami. Akashi n'en avait pas besoin, il avait déjà fait son deuil, même si la perte de sa mère avait fait disparaître une part de lui-même.
« Ce que je veux dire par-là, c'est que Shūzō est plus qu'un simple frère. Il a été le seul à réellement me soutenir, nous avons traversé cette épreuve ensemble et je crois que si je ne l'avais pas rencontré ou s'il n'avait pas été là à ce moment, j'aurais été une personne radicalement différente à aujourd'hui. »
Soudainement, Akashi se retourna et sourit en le voyant essuyer le coin de ses yeux. Kuroko savait qu'il ne devait pas pleurer, ce n'était pas ce qu'attendait le rouquin. À vrai dire, il ne savait même pas pourquoi les larmes l'avaient gagné, si c'était à cause de la mort de la mère d'Akashi ou de la déchirure qui se faisait ressentir dans la voix du rouquin quand il en parlait. Il n'aimait pas le voir souffrir. Après tout, il désirait plus que tout son bonheur. Malheureusement, il ne pouvait pas ramener les morts à la vie et encore moins effacer la mémoire d'Akashi à ce sujet.
« Je ne te confie pas ça pour que tu pleures, voyons, se moqua gentiment Akashi en le rejoignant.
— Je le sais très bien. C'est juste que je me rends compte que tu me fais suffisamment confiance pour me faire part de cette histoire.
— Tu veux dire que tu es ému au point d'en pleurer, car je te livre un de mes secrets ?
— Peut-être. »
Un sourire tendre vint recouvrir le visage d'Akashi, qui fit un pas supplémentaire et se retrouva ainsi très proche de lui. Ses mains vinrent prendre en coupe son visage et grâce à ses pouces il vint essuyer ses larmes. Puis, comme si rien autour d'eux n'existait hormis ces cerisiers, Akashi vint déposer ses lèvres contre les siennes.
« Quel piètre petit ami je fais, si je te fais pleurer le jour de ton anniversaire.
— En effet. »
Les yeux hétérochromes brillaient pour la première fois d'une lueur qu'il n'avait jusqu'alors jamais vu. C'était à la fois intense et d'une douceur incomparable. Kuroko sentit son cœur s'accélérer en se noyant dans ce regard. Ainsi, lorsque les lèvres d'Akashi se posèrent une nouvelle fois sur les siennes dans un échange passionnel, bien qu'ils soient en extérieur, il y répondit. Plus que jamais, son cœur lui criait à quel point il était tombé amoureux de cet homme.
Ils quittèrent ainsi la rue des cerisiers pour continuer leur balade. Akashi avait encore à faire découvrir certains endroits à Kuroko qui enregistrait tout cela très soigneusement dans un coin de sa tête. C'était sûrement le plus beau jour de sa vie.
-x-x-x-
Pendant ce temps, à Tokyo, Nijimura alluma sa cigarette avant de ranger son briquet à l'intérieur de sa poche. Il redressa son visage tout en expirant une fumée blanche lorsque son regard remarqua cette silhouette féminine qui entrait dans une pâtisserie.
Pendant de longues années, il avait arrêté de côtoyer Akashi en partant vivre en Amérique. Il avait cependant toujours pris de ses nouvelles malgré la distance, mais un beau jour tout s'était arrêté, Akashi ne lui avait plus répondu. Ayant pensé que le rouquin devait être submergé par le travail, il ne s'était pas inquiété. Puis, à son retour au Japon, après que son père ait été complètement guéri et rétabli de sa maladie, il avait retrouvé son ami.
Cet œil jaune qui le fixait comme on regarderait un fantôme lui avait fourni des frissons des plus désagréables. De plus, la personnalité du rouquin s'était aussi métamorphosée en quelque chose de cassant, de glacial, comme celle de son père.
Jamais Akashi ne lui avait fourni d'explications. Il continuait simplement à le regarder, sans pour autant concrètement le voir, cet œil gauche défectueux ne lui servait plus à rien. Il était cassé et plus rien autour de lui n'avait d'importance. Nijimura avait eu le souffle coupé en voyant son ami d'enfance, ce petit garçon qui avait perdu trop tôt sa mère et qui s'était vu délaissé par son père, dans cet état.
— Qui que ce soit, je vous le ferais payer, fut sa première pensée lorsqu'il retrouva le rouquin.
Sa cigarette terminée, il entra à son tour dans la pâtisserie où cette femme discutait joyeusement avec Murasakibara. Ce dernier releva son regard quand une ombre apparut et sentit l'orage s'abattre lorsque Nijimura tira une chaise pour s'asseoir. En face de lui, Nijiko observa cet homme qu'elle n'avait encore jamais rencontré, et qui pourtant la dévisageait de bas en haut. Le regard métallique de son homologue se trouva si tranchant qu'elle avait l'impression qu'une lame se trouvait appuyé contre sa gorge, prête à la lui trancher à tout instant.
Suite au décès d'Akashi Shiori, Nijimura s'était fait une promesse : rien ni personne n'était autorisé à blesser Akashi.
« Tu dois être Nijimura Shūzō, n'est-ce pas ? Akashi m'a beaucoup parlé de…
— Pour ma part, il ne m'a rien dit sur toi. » Trancha-t-il d'une voix polaire.
À côté d'eux, Murasakibara se tâta à appeler Akashi. L'atmosphère se trouvait écrasante et bien que de nombreuses personnes se soient éloignées pour sauver leurs peaux, il ne décampa pas pour autant. De son côté, Nijiko comptait se montrer forte, son regard plongé dans celui orageux de Nijimura. Sa bague de fiançailles roulait néanmoins entre ses doigts. Au fond, elle s'était toujours doutée que son chemin croiserait un jour celui de cet homme, vu ce qu'Akashi avait pu lui raconter à son sujet.
Nijiko comprit alors que l'apparition du brun n'était pas une coïncidence, il y avait peu de chances qu'ils soient tous les deux de fervents admirateurs de pâtisseries. Elle finit donc par inspirer pour rassembler son courage et, dès lors que ses yeux entrèrent de nouveau en contact avec ceux de son homologue, elle lui confirma ce qu'avait deviné Nijimura : elle était la responsable de l'œil jaune d'Akashi.
