Bonjour tout le monde, comment allez-vous?

Je vous propose ce chapitre avec mon nouveau PC qui j'espère tracera un bon bout de route avec moi ! Mais du coup, je dois réapprendre le clavier, car les touches sont pas au même endroit que sur mon ancien PC et ça me perturbe mais tellement !

Sinon, comme d'habitude j'espère que vous profiterez bien de ce chapitre et je vous souhaite une bonne lecture ! :)

Réponses aux reviews :

Ryoko Yukiyo : Merci beaucoup pour ton commentaire, mais ne t'inquiète pas l'instant du lemon, le pur et vrai, se rapproche petit à petit ;) Au plaisir de te revoir ! Je te souhaite une bonne lecture :)

Laure-067 : Tu auras tes réponses à l'intérieur de ce chapitre quant à la confrontation de ce beau petit monde ;) Mais oui, Kuroko et Akashi deviennent un petit couple qui s'aide à avancer et se soutiennent dans n'importe quelle épreuve. Si c'est pas beau l'amour ! Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

ministukie : Et oui, doucement mais sûrement, Akashi et Kuroko apprennent à se découvrir d'une nouvelle manière. Mais surtout Kuroko prend conscience qu'il n'a rien à craindre dans les bras de son rouquin, si c'est pas mignon ! Voici en tout cas la suite de cette fiction et je te souhaite une bonne lecture, merci pour ton commentaire !

amelayy : Pour ce que compte faire Nijimura, tu auras un aperçu dans ce chapitre ;) Mais oui, Akashi est adorable de toute façon (tout comme Kuroko tu me diras xD) mais c'est un vrai régal d'écrire sur eux maintenant qu'ils sont ensemble, tu me verrais écrire les chapitres (et surtout leurs scènes) avec un vieux sourire mièvre haha. En tout cas merci à toi pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

akakuro-hime : Kise revient dans ce chapitre, mais dans quel état et à quel moment ? Telle sera la surprise ;) Je suis ravie d'apprendre que tu t'es amusée dans ce chapitre et j'espère que ce sera le cas avec celui-ci ainsi que les prochains ! Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture :)

karma power : Tu as pleuré de bonheur j'espère ? haha Mais tu pensais qu'Akashi s'était fait son œil jaune comment ? Tes hypothèses m'intéressent :) En tout cas merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Momoi-san : Et oui, pour une fois de la douceur n'est pas de trop. La question est pourtant : est-ce que cette même douceur perdura dans ce chapitre ? Je te laisserais en découvrir la réponse ;) Merci à toi de continuer à être aussi assidue et je te souhaite une bonne lecture ~

ptitcoeurfragile : Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

ellie27 : Et oui, l'ex d'Akashi ne voulait que s'expliquer et non reconquérir notre beau rouquin ;) Ne t'en fais pas en tout cas, le véritable lemon ne devrait pas tarder, il suffit simplement que ces deux-là finissent de s'apprivoiser et à Kuroko de prendre suffisamment confiance, mais Akashi est là pour ça ! Et tu apprendras les motivations de Nijimura plus tard ne t'inquiète pas :) Et oui, comme tu auras pu sûrement le voir l'ex d'Akashi était presque devenu l'ennemi public numéro 1 xD Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

kama-chan59 : Si tu continues à prendre du plaisir en relisant les chapitres, alors je ne sais pas quoi dire haha. Merci encore pour ta correction et de ton commentaire ! Et ne t'inquiète pas, ta patience sera bientôt récompensée :D

mower : La fiction s'appelle "Le Papillon" notamment pour Akashi qui au début de la fiction était renfermé sur lui et laissait très peu de personnes approcher de son monde, de sa vie, même Nijimura qu'il connaissait depuis l'enfance se confrontait à des barrières et avait du mal à l'approcher. Donc oui, on peut aussi dire que c'est en rapport avec les sentiments de Kuroko et d'Akashi, car Kuroko s'ouvre aussi au contact d'Akashi, se dévoile véritablement grâce à ce dernier et aux personnes qu'il aura ensuite rencontré. "Le Papillon" est donc un tout, que ce soit pour Akashi, Kuroko, mais aussi d'autres personnages. Comme le dit le résumé de la fiction, ils étaient tous chrysalidés et se dévoilent au fur et à mesure dorénavant.

J'espère que mes explications t'auront aiguillé du pourquoi le choix de ce titre :) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Sayuri Ashihei : Et oui, Nijiko n'était vraiment pas dangereuse pour le couple ;) Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Guest : Bienvenue à toi et merci beaucoup pour ton commentaire ! J'espère que ce chapitre te plaira tout autant que les précédents et je te souhaite une bonne lecture !

Enfin, merci à vous tous pour continuer à poursuivre cette fiction, à la follow ou la mettre dans vos favoris, et n'hésitez pas à commenter ;) Je vous souhaite à tous une bonne lecture et je vous souhaite une bonne journée !


Le Papillon

Scène 35


Dans un couple, peut-être que l'important n'est pas de vouloir rendre l'autre heureux, c'est de se rendre heureux et d'offrir ce bonheur à l'autre.

Jacques Salomé


Quatre fois dans le mois, Takao se séparait de sa fille. Durant ces quatre jours, il tournait en rond dans son appartement à s'en ronger les ongles. Il ne craignait pas de perdre Mari, elle qui voyait si peu sa belle-famille, mais il se rendait compte à quel point l'existence de ce petit-être rythmait désormais sa vie. À chaque fois que la jeune fille montait dans la voiture, il sentait une part de lui partir avec elle. Durant son absence, il avait l'impression de suffoquer, de ne plus savoir respirer correctement.

Fort heureusement, il était parvenu à trouver une parade pour contre cet effet nocif. Pendant que sa fille passait du temps avec sa belle-famille, il en profitait pour aller boire un coup avec Midorima.

Ce soir-là, il était donc parti acheter des boissons à la supérette quand son regard fut attiré par l'animation qui agitait une pâtisserie. Ses yeux s'agrandirent en reconnaissant la silhouette de Nijimura, assis en face d'une femme dont les cheveux couvraient son visage, la tête penchée. À leurs côtés, Murasakibara s'était redressé et avait écrasé sa main contre la table. Les traits de son visage exprimaient sa colère, lui qui semblait si léthargique habituellement. Il lui était impossible d'entendre leur conversation, mais de toute évidence le violacé s'en prenait au scénariste, qui restait parfaitement impassible.

Nijimura finit cependant par se relever et se diriger vers la sortie pendant que Murasakibara le fusillait du regard.

Étonné de voir ces deux-là se disputer, Takao porta son attention sur cette femme qui lui était étrangère. Des larmes coulaient le long de ses joues et se firent bientôt récolter par un mouchoir que vint lui apporter Himuro, Murasakibara se rasseyant et semblant ruminer à voix haute. Ses yeux se tournèrent par la suite vers Nijimura qui se trouvait désormais à l'extérieur, allumant une cigarette qu'il porta à sa bouche.

« Je ne pensais pas que tu étais du genre à faire pleurer les femmes, Nijimura-san. »

Son ami redressa son visage un bref instant, surpris de le voir à un tel endroit. Toutefois, il n'avait pas l'esprit à plaisanter et le contourna aussitôt. Son attitude interpella Takao qui, piqué à vif d'être ainsi ignoré, s'élança afin de le rattraper.

« C'est la première fois que je vois Murasakibara s'énerver. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? S'intéressa-t-il.

— Rien qui te concerne. »

Ne lui prêtant pas plus d'attention, Nijimura accéléra son allure afin de le semer. C'était cependant mal le connaître, puisqu'il ne comptait pas abandonner aussi facilement. Nijimura était, certes, imposant et il serait sûrement dans les dernières personnes à embêter, mais son flair lui indiquait qu'il tenait un gros morceau. Il se mit donc à trottiner pour rattraper le brun et pouvoir lui passer devant, étendant par la suite ses bras afin de lui barrer la route et l'obliger à le regarder. Depuis qu'il l'avait rejoint, son regard n'avait jamais croisé le sien.

Takao le regretta pourtant dès que ses yeux rencontrèrent ceux de son homologue, un frisson traversant son corps, pantois. Il avait l'impression de devoir faire face à une bête enragée. Une lueur intense qui émanait de ses iris métalliques, les faisant briller d'une lumière puissante, lui donna la nette l'impression de se consumer à leur contact. Ses entrailles se contractèrent et il sentit ses jambes s'enraciner au sol, pendant que tous ses sens lui hurlaient de partir avant qu'il ne soit trop tard.

Malheureusement, il avait déjà fait le pas de trop. Il se trouvait dans le champ de mire de la bête.

« Il me semble avoir été clair. Ne joue pas les fouines avec moi. »

Il ouvrit sa bouche pour répondre quelque chose, pour se défendre et riposter, mais Nijimura le bouscula afin de pouvoir continuer à avancer. La silhouette du brun s'éloigna au fur et à mesure et il se retrouva complètement seul, au milieu de ce trottoir où peu de personnes circulaient, vu l'heure tardive.

Takao avait toujours su analyser les personnes qui croisaient son chemin, de sorte qu'il savait que l'avertissement de Nijimura s'apparentait à une menace. Ce n'était pas là un conseil entre amis.

Lors de sa première rencontre avec le célèbre scénariste, Takao l'avait compris : il valait mieux avoir Nijimura Shūzō de son côté.

Les larmes de cette femme ainsi que la colère de Murasakibara lui revinrent en mémoire, faisant disparaître son petit sourire habituel. Il ne savait pas pourquoi le brun les avait rejoints, mais cela semblait être assez important pour que Nijimura cesse d'être généreux. Takao pensa au fait que, au fond, Nijimura n'était assurément pas une personne gentille et avenante, bien qu'aux premiers abords, n'importe qui pourrait se faire avoir par ses sourires et sa voix suave.

La sonnerie de son téléphone l'interrompit dans le flux de ses pensées, répondant ainsi à l'appel de Midorima qui lui demandait où il avait bien pu aller acheter leurs boissons.

« J'arrive tout de suite, Shin-chan, ne t'en fais pas !

— Cesse de dire des bêtises. Dépêche-toi, plutôt.

— Quelqu'un aurait-il envie de se la coller, ce soir ? » Se moqua-t-il tout en se mettant en route pour l'appartement de son ami.

À travers son téléphone, Takao put entendre Midorima pester tandis qu'un rire finit par lui parvenir. Il fronça aussitôt ses sourcils en se demandant qui pouvait bien tenir compagnie au verdâtre, lui qui accueillait si difficilement son entourage dans son environnement personnel. Midorima était une personne dont les actes se trouvaient être tout l'inverse de ses paroles, une mauvaise foi flagrante, mais tout aussi touchante. Ils se connaissaient bien avant la naissance de Mari ou encore de sa rencontre avec la mère de celle-ci, ce qui faisait de Midorima son ami le plus proche et un pilier essentiel de son existence.

Lorsqu'il ne pouvait plus supporter son masque ou retenir ses larmes, que les crises de panique d'être père trop tôt l'empêchaient de dormir, c'était Midorima qui se tenait à ses côtés. Ce vil menteur qui était le premier à souhaiter se débarrasser de lui, mais qui malgré les années écoulées répondait toujours présent lorsqu'il rencontrait une difficulté. Son sourire recouvrit ainsi son visage et tout en sifflotant joyeusement, Takao plaça son sac plastique par-dessus son épaule et s'enfonça davantage dans les rues de Tokyo.

-x-x-x-

Le lendemain, à Kyōto, Akashi se réveilla et remarqua la présence de Kuroko dans le creux de ses bras. Un discret sourire se forma sur le coin de ses lèvres, se remémorant la veille où ils se baladaient dans les rues de sa ville natale et ce qu'il s'en était écoulé. Ils avaient aussi fait un tour aux bains publics et il avait été amusant de voir Kuroko si proche de lui, nus, l'un comme l'autre. Akashi s'était demandé si son petit ami n'allait pas tourner de l'œil lorsqu'il lui avait demandé de lui laver le dos, ce qu'il ferait en retour pour l'en remercier. Il s'amusait beaucoup à remarquer ce visage normalement si inexpressif prendre des couleurs rougeoyantes.

De sa main libre, il vint caresser la joue exposée de Kuroko. Il ne pensait pas être capable de développer encore une fois des sentiments pour une autre personne, après le fiasco de sa première relation. Sa confiance en autrui avait été détruite en même temps que son cœur qui essayait de se reconstruire, se protégeant en évitant de tisser des liens trop intimes avec un autre individu. Pourtant, malgré toutes ses barrières et tous ses ressentiments, Kuroko était parvenu à les braver et réveiller son cœur trop longtemps mis en sourdine.

Doucement, afin de ne pas réveiller le bleuté, il se décala de leur futon pour chercher son téléphone et constater de l'heure. Ses yeux se plissèrent néanmoins en remarquant le nombre d'appels manqués, tous provenant de Nijimura. Son ami n'était pas du genre à l'appeler sans raison et encore moins à insister de la sorte, sans que quelque chose ne se soit produit. De ce fait, il ne tarda pas à se relever et à quitter la chambre afin que sa conversation ne dérange pas le sommeil de son petit ami.

Après avoir refermé la porte coulissante derrière lui et s'être éloigné, Akashi rappela Nijimura.

« C'est pas trop tôt, asséna celui-ci d'une voix ferme.

— J'étais occupé. Quelque chose est arrivé ?

— Disons que j'ai fait une rencontre intéressante. »

La voix du brun était moqueuse, ce qui fit soupirer Akashi. Il était la personne qui connaissait le mieux Nijimura et, de ce fait, qui avait le mieux connaissance de son mauvais caractère. Bien que chamboulé par l'arrivée soudaine de Nijiko dans le couloir de son appartement, Akashi n'avait pas oublié que son ami était arrivé au même instant afin de récupérer Nigou. Son attitude avait donc dû attiser sa curiosité et, le connaissant, Nijimura avait dû entrer dans le tas.

« Pourquoi tu ne m'as rien dit ?! Tu sais que j'aurais été là pour toi ! J'aurais pu vous aider avec ton père ou j'aurais aussi très bien pu l'éloigner de toi, vu comment ça s'est terminé. Mais non, comme d'habitude, tu t'es renfermé sur toi-même et tu as laissé les choses dégénérer. C'était quoi le souci ? Que je sois en Amérique et que j'avais d'autres choses plus importantes à gérer ? Te fous pas de moi, Akashi. »

Sachant qu'il valait mieux laisser à Nijimura le temps de cracher tout son venin avant de dire quoi que ce soit, Akashi se tut et laissa les injures faire écho dans le couloir où il se trouvait. Son ami avait toujours eu une voix forte et n'avait jamais rencontré de mal à se faire comprendre, seulement il n'était pas comme tout le monde. Il n'avait jamais eu peur du grand Nijimura Shūzō, dont le charisme avait soufflé bien des personnes. Akashi l'avait toujours respecté et il continuait toujours à l'apprécier énormément, mais Nijimura s'investissait bien trop dans sa vie personnelle.

« Je ne t'ai rien dit justement pour éviter ce genre de situation.

— Excuse-moi !? Tu crois que ça m'enchante de te faire une scène ?

— Tu n'as pas besoin de te sentir vexé parce que je ne t'ai rien dit. Je savais comment tu aurais réagi et que tu aurais fait plus de dégâts qu'autre chose.

— Et quand je t'ai rejoint à l'hôpital alors ! Pourquoi à ce moment-là tu ne m'as rien dit ? Lui demanda le brun, énervé.

— Je niais tout ce qui était en train de m'arriver, Shūzō… »

Il soupira longuement, n'aimant certainement pas cet épisode de sa vie. Lorsqu'il avait appris que son œil gauche ne servirait plus à grand-chose, ne parvenant plus qu'à discerner les silhouettes : il avait tout refoulé. Il ne voulait pas y croire, espérant qu'une fois que les médecins lui auraient enlevé son cache-œil, il pourrait voir comme au premier jour. Un espoir vain dont la réalité lui était apparu comme un immense mur en béton qu'il s'était pris en plein visage.

Nijimura sembla comprendre puisque sa voix se radoucit.

« Tu aurais pu au moins m'appeler, je t'aurais fourni des conseils. J'ai toujours pensé que tu ne savais pas t'y prendre avec les femmes, j'ai l'air d'un idiot, maintenant ! »

Akashi ne put s'empêcher de rire, s'imaginant sans grand mal la moue que devait avoir son ami en cet instant.

« Je présume que tu as parlé à Nijiko, puisque tu m'as harcelé d'appels hier soir, annonça-t-il.

— Tu me poses sérieusement la question ? Je savais que tu ne me dirais rien, même aujourd'hui, alors je suis allé la rencontrer.

— Et tu lui as dit ses quatre vérités sans détour.

— Peut-être aussi que si elle osait encore t'ennuyer, je serais là pour m'interposer. Murasakibara a pris sa défense et après je suis parti, révéla Nijimura.

— Je devine juste en supposant que tout ceci ne s'est pas fait aussi calmement que tu me l'annonces ? »

Il y eut un moment de silence où Akashi soupira, mais cette fois-ci il était énervé. Nijimura n'avait pas à se mêler de toutes ses affaires, comme le ferait une mère un peu trop protectrice. Le brun lui était important, que ce soit dans le passé ainsi que pour le futur, mais il ne devait pas outrepasser les limites. Ce qui, malheureusement, semblait avoir été le cas.

« Pour qu'Atsushi prenne sa défense, tu as dû y aller fort, n'est-ce pas ? »

Sa question, qui n'en était pas vraiment une, récolta quelques grognements de la part du brun.

« Je sais que tu veux me protéger, mais tu n'es pas ma mère. Et nous ne sommes plus des enfants, Shūzō. Sur ce, je vais rejoindre Tetsuya. »

Puis, sans attendre une réponse, Akashi raccrocha et revint sur ses pas. Il était en colère contre Nijimura, qui ne pouvait pas continuer d'agir de la sorte malgré ses bonnes intentions présumées. Son histoire avec Nijiko était désormais close, il était donc inutile de remuer ciel et terre pour chercher la petite bête.

Il referma la porte coulissante un peu sèchement, ne remarquant que l'instant d'après les yeux céruléens de son amant qui était en train de le fixer. La lueur dans son regard était curieuse, sûrement voyait-il l'énervement peindre ses traits. Akashi le rejoignit dans le futon, replaçant la couverture sur son corps avant de passer son bras autour de la taille de Kuroko et ainsi le ramener contre lui.

« Ne t'inquiète pas. C'est juste Shūzō qui n'en a fait qu'à sa tête.

— Je suis certain qu'il ne pensait pas à mal, soupira Kuroko en venant se placer confortablement contre son torse.

— Cette fois-ci, ce n'est pas le cas. Il n'est pas aussi gentil qu'il le laisse transparaître, tu sais.

— Je ne le vois pas s'en prendre à votre ex-petite amie pour autant... »

Parfois, Kuroko pouvait se montrer si naïf et innocent qu'Akashi en était presque touché. Ils pourraient en débattre, lui exposant ainsi les raisons qui le faisaient parler de la sorte au sujet de son ami d'enfance, mais ce n'était ni l'endroit ni le moment pour entretenir ce genre de conversation.

Il dirigea plutôt son attention sur son petit ami, principalement sur ses lèvres dont la saveur lui manquait déjà. Kuroko se les pinça par ailleurs en sentant l'intérêt qu'il leur prêtait, mais le jeune homme fut comblé lorsqu'il se décida à les retrouver. Leur échange se fit tout d'abord en douceur, se retrouvant amoureusement, avant de devenir plus agressif : leurs sens s'éveillant, réclamant toujours plus. Akashi rencontrait le besoin de toucher son amant, de le sentir proche de lui. Cette envie vorace se fit ressentir jusque dans sa façon d'embrasser l'adolescent.

Kuroko était en train de se faire assaillir de baisers, lui coupant le souffle à chaque rafale. Son corps s'engourdissait et ses lèvres le brûlaient, un contraste euphorisant qui lui faisait perdre pied avec la réalité. Il voulait davantage, réclamait davantage. Ils avaient par ailleurs changé de position sur le futon au cours de leur échange, Akashi s'étant glissé entre ses jambes. Kuroko put ainsi voir au-dessus de lui le visage du rouquin, dont les yeux brillaient de désir dirigé à son encontre. À cette simple vision, son sang s'échauffa davantage et ses mains agrippèrent le tissu de son yukata, le rapprochant de lui pour mettre à son tour plus d'ardeur dans leur baiser. Leurs soupirs remplirent bien vite la chambre, se séparant brièvement afin de respirer et revenir à la charge. Leurs langues se mouvaient l'une contre l'autre, se caressant, se cherchant un peu plus au fil des secondes pour mieux s'électriser.

Les mains de Kuroko glissèrent du torse d'Akashi pour venir se placer dans le creux de son dos et celui-ci frémit. Akashi se recula dès lors, ses yeux venant détailler ce visage sous le sien qui transpirait la luxure. Kuroko lui renvoya sa façon de l'observer : le dévorant du regard. Un frisson vint aussitôt le saisir lorsqu'il sentit l'adolescent remuer une nouvelle fois son bassin. Les mains sur son dos lui administraient des caresses, l'incitant à se rapprocher une nouvelle fois. Kuroko se trouvait si désirable, si attrayant en cet instant qu'Akashi ne put s'empêcher de déglutir.

S'appuyant sur ses mains qui se trouvaient de chaque côté du visage du bleuté, Akashi commença à onduler ses hanches. La poigne de son amant contre son dos s'affermit immédiatement et un gémissement étouffé parvint jusqu'à ses oreilles. Il aperçut ensuite Kuroko enfouir son visage dans l'oreiller. La rougeur déjà présente sur ses joues ne fit que se renforcer, devenant écarlate. Il désirait ce garçon à tel point que ça lui faisait mal, que sa poitrine se nouait férocement. C'était la première fois qu'il se trouvait dans cette position avec un autre homme et il ne s'était jamais retrouvé dans un tel état d'excitation sans qu'aucun geste intime ne soit effectué.

Son bassin continua ainsi d'entrer en contact avec celui de Kuroko, dont les gémissements se firent plus éloquents. Ce petit jeu était en train de les consumer tous les deux, tout allait bien trop vite et Akashi savait que le chemin de non-retour pointerait bientôt le bout de son nez, mais c'était comme si son corps ne lui répondait plus. C'était comme si le frottement de leurs deux érections l'une contre l'autre lui faisait perdre toute maîtrise de lui-même. Son cerveau avait décroché et s'était rangé de lui-même dans le placard pour laisser à son corps l'opportunité de répondre à ses besoins primaires, à cette soif appelée Kuroko Tetsuya.

Une de ses mains vint alors entourer une jambe de l'adolescent, la décalant légèrement afin de pouvoir mieux s'insérer et de poursuivre ses déhanchés et rapprocha son visage de son amant. Il ne put bientôt plus retenir les grognements qui remontaient de sa gorge.

« Akashi-kun... »

L'appel du plus jeune lui fit relever son regard dans sa direction, mais aucune parole ne franchit ses lèvres. Il n'arriverait sûrement pas à aligner une phrase compréhensible dans l'état actuel des choses, ses seules forces résidant dans le fait de mouvoir son bassin. Son corps le brûlait et pourtant il se sentit trembler de la tête aux pieds, l'excitation lui faisant perdre le contrôle. Il n'arrivait pas à empêcher ses hanches d'entrer en contact avec celles de Kuroko, comme si ces dernières étaient douées de leur propre conscience.

« Pas comme ça. Est-ce que tu peux te reculer ? »

Le souffle rauque et l'excitation à son paroxysme, Akashi mit un certain temps à traiter l'information. Il parvint tout de même à retrouver une infime partie de son self-control en croisant le regard de Kuroko peu sûr de lui. Il savait qu'il ne devait pas le brusquer, que ça ruinerait tous ses efforts mais aussi ceux de l'adolescent qui sortait doucement mais sûrement de sa torpeur. Son corps s'éloigna ainsi du sien, s'asseyant plus loin et essayant de reprendre son souffle et surtout le contrôle de ses sens. Il attrapa ainsi son front dans le creux de sa main, les yeux baissés vers le bas de son corps où le yukata laissait clairement entrapercevoir son érection.

Il avala néanmoins de travers en voyant Kuroko rejoindre cette partie de son anatomie, un frisson venant mordre son échine lorsque la main de l'adolescent passa à travers les tissus pour rejoindre son membre gonflé.

« Qu'est-ce que... »

Akashi ne put terminer sa phrase, sa mâchoire se contractant lorsque Kuroko exerça son premier mouvement de va-et-vient. En lui demandant de se reculer, il pensait que tout était terminé, que Kuroko avait pris peur. Ses ongles s'enfoncèrent dans le futon, basculant sa tête sur le côté tout en essayant de garder les yeux ouverts. Le feu qui l'animait jusqu'alors prit un peu plus d'ampleur, lui faisant davantage perdre la tête. Ce garçon ne cesserait jamais de le surprendre, mais Akashi était loin de se douter de ce que celui-ci comptait encore lui réserver.

Kuroko comptait aller un peu plus loin cette fois-ci. Il désirait plus que tout qu'Akashi prenne du plaisir, mais pas seulement grâce à sa main. Le rouquin avait tellement fait pour lui, respectant ses envies au détriment des siennes, comme à l'instant. À vrai dire, il n'avait jamais fait de fellation de toute son existence, il n'avait que la théorie, mais il désirait plus que tout l'expérimenter avec le rouquin.

Il l'aimait et il désirait qu'Akashi soit comblé.

Sa main continua ses va-et-vient et il redressa tout d'abord son regard vers le visage rougi du réalisateur. Les petits soupirs qui sortaient de sa bouche le rassurèrent et l'encouragèrent à continuer sa tâche. Puis, son attention retomba sur le membre qui se trouvait dans le creux de sa main.

Il pouvait le faire.

Rapprochant ainsi sa bouche de la verge de son amant, il préféra fermer les yeux. Ses lèvres épousèrent la forme du gland, venant tout d'abord l'embrasser, avant de descendre et faire rencontrer le bout de sa langue avec la turgescence d'Akashi.

Tout d'abord hésitant, Kuroko prit davantage d'assurance lorsqu'il croisa le regard de son amant. Leur intensité le réchauffa et gonfla son cœur. Il remonta sur le sommet et le prit en bouche, descendant petit à petit, ne se forçant pas. Un juron remplit la chambre et l'amusa : ce n'était pas dans les habitudes d'Akashi de s'exprimer de la sorte. Sa main à la base du sexe de son amant, sa bouche entama ses mouvements de va-et-vient. Les soupirs poussés par Akashi le motivèrent davantage et le rendirent plus audacieux. Par moment, seule sa main s'activait le temps qu'il reprenne son souffle, observant avec délectation le visage rougi de son amant et la passion qui animait ses yeux. Il revenait ensuite à la charge et sa langue se faisait plus aventureuse, plus téméraire, repassant encore et encore à certains endroits sensibles, écoutant attentivement la respiration du rouquin qui se faisait plus rapide.

Akashi sentit la jouissance se rapprocher et décida d'alerter l'adolescent, apposant ainsi sa main contre l'épaule de celui-ci. Ce fut pile à cet instant que Kuroko décida pourtant de remonter en haut de sa verge, suçotant plus fermement le haut.

Sa poigne autour de l'épaule de son amant se raffermit, le poussant à se reculer et, les yeux grands ouverts, Kuroko fut obligé de s'exécuter. De justesse, Akashi était donc parvenu à ne pas jouir dans la bouche de son petit ami, mais lorsque les dernières vagues de son orgasme désertèrent son esprit et lui permirent de reprendre pied avec la réalité, son sang le chauffa en voyant Kuroko essuyer son visage avec un mouchoir.

Leur regard se croisa et Kuroko ouvrit la bouche pour parler le premier, mais il fut interrompu par les mains d'Akashi qui vinrent se poser contre ses joues. Dans un échange chaste, le rouquin vint déposer ses lèvres contre les siennes, à plusieurs reprises. Son corps se crispa lorsqu'il sentit la main d'Akashi descendre de son torse pour finalement s'enrouler autour de son membre oublié.

« À mon tour de te faire du bien. »

Ses mains agrippèrent le drap de son futon après qu'Akashi lui ait intimé le mouvement de s'allonger sur le dos. Il frissonna lorsque les lèvres de son amant suçotèrent ses mamelons dressés en même temps que son érection subissait de douces attentions. Son esprit ne tarda pas à prendre les voiles et c'était bien la première fois qu'il se sentait aussi bien dans les bras d'un autre homme.

-x-x-x-

Tout au long de la journée et avant de retourner à Tokyo, Akashi et Kuroko restèrent intimement liés. Ils continuèrent à s'embrasser, à se caresser, ne se séparant qu'en extrême nécessité. Au fond, aucun des deux ne désirait quitter ce petit cocon qu'ils avaient créé. Malheureusement, la réalité les rattrapait et Kuroko ne pouvait décidément pas louper davantage de cours, puisque la fin de l'année approchait à grand pas.

Ce ne fut qu'en fin d'après-midi qu'Akashi et Kuroko rentrèrent à leur appartement, déposant leurs affaires dans leurs chambres respectives avant de se retrouver dans le salon. Le bleuté soupira d'aise, tout en s'étirant, pendant que le réalisateur le regardait se mélanger parmi ce décor, de cet endroit qui avait vu les prémices de sa relation avec Nijiko ainsi que les paroles que cette dernière lui avait tenu à ce sujet. C'était un fait que cet endroit n'avait pas bougé depuis le départ de son ex-petite amie : les meubles étaient les mêmes, tout comme les tableaux accrochés aux murs.

Akashi ne savait pas comment Kuroko pourrait réagir en apprenant la nouvelle. Il ne savait pas comment aborder le sujet ni comment réagir si cela tournait à la dispute.

« À quoi tu penses ? »

Ses yeux hétérochromes croisèrent aussitôt ceux céruléens de Kuroko, qui avait remarqué son état pensif. Il se décida alors à le retrouver sur le canapé, attrapant sa main dans le creux de la sienne sans rompre leur contact visuel. Les sourcils du lycéen se froncèrent, se demandant ce qu'il pouvait bien lui prendre, mais Akashi avait décidé de se montrer honnête. Il en avait assez des non-dits, des quiproquos, qui pouvaient détruire n'importe quelle relation, solide ou non.

« Avec Nijiko, c'est terminé. Une bonne fois pour toutes. Elle a été mutée à Tokyo, alors tu pourras la croiser dans la rue, mais plus rien ne me lie à elle, à présent.

— La croiser ne me dérange pas, avoua l'adolescent. Si tout va bien pour toi, Akashi-kun, tout me va.

— Justement. Je dois te parler de quelque chose. »

Son ton grave inquiéta Kuroko, qui sentit son cœur doubler de cadence. Il chercha ainsi un indice dans le regard de son petit ami, mais il n'aboutit à rien. Il ne put donc qu'attendre qu'Akashi reprenne la parole et sentir sa gorge s'assécher.

« J'ai pris cet appartement pour avoir mon indépendance, mais surtout pour pouvoir y vivre avec Nijiko et éviter que mon père soit sur mon dos. Comme elle me l'a fait remarquer le soir où on en a discuté, rien n'a changé entre ces murs depuis notre séparation. Et selon elle, c'est un manque de respect envers toi que de vivre ici, maintenant que nous sommes ensemble.

— Et pour toi ? Tu en penses quoi ?

— Pardon ? »

Akashi ne savait pas comment réagirait Kuroko à son aveu, de sorte que différents scénarios avaient eu le temps de traverser son esprit. Il ne s'était cependant pas attendu à une telle réponse, sa main relâchant légèrement celle de son amant, l'observant d'un œil nouveau pour voir s'il s'agissait là d'une question piège. Le regard de Kuroko le fixait sans détour, d'un sérieux à le faire hésiter même sur les choses les plus évidentes. Il n'aimait pas ça.

Cette situation inconfortable le fit stresser et perdre ses mots. Il ne voulait pas se disputer avec Kuroko. Cette simple possibilité lui contracter déjà le cœur.

Puis, contre toute attente, Akashi l'entendit étouffer un rire. Ses yeux s'agrandirent davantage et il se recula, ne sachant plus sur quel pied danser.

« Je suis désolé, Akashi-kun. C'est la première fois que je te vois paniquer et je dois avouer que je ne m'y attendais pas.

— Ce qui veut dire… tu me faisais marcher ? Articula-t-il.

— Désolé. Tu parlais avec un ton si sérieux que je me suis attendu au pire. » Révéla l'adolescent en essayant de retrouver son calme.

Vexé dans son amour propre, Akashi croisa les bras contre son torse et se décala davantage. Il n'aimait pas qu'on le prenne pour un idiot ou qu'on lui joue des tours, surtout quand il se faisait prendre. Il avait voulu jouer la carte de l'honnêteté et voilà comment Kuroko le remerciait. Sa petite bouderie ne fit pourtant qu'aggraver la situation pour Kuroko, qui garda un large sourire sur ses traits tandis que ses yeux se trouvaient illuminés de mille feux. De toute évidence, il se retenait encore de rire.

« Excuse-moi, ce n'était pas contre toi. Merci beaucoup pour m'en avoir parlé, j'apprécie vraiment. »

Tout en se rapprochant doucement de lui, Kuroko prit cette fois-ci sa main à l'intérieur de la sienne. Par son pouce, il en caressa le dos avant de venir cueillir ses lèvres. Le réalisateur papillonna un instant des yeux, c'était sûrement la première fois que son amant se comportait de la sorte et, surtout, aussi naturellement.

Une nouvelle fois, ses yeux hétérochromes se plongèrent dans ceux océans de son vis-à-vis et sa main libre ne résista pas plus longtemps, venant ainsi se poser contre sa nuque pour l'inviter à se pencher et échanger un autre baiser, beaucoup plus intense que le précédent. Le contact se fit un peu plus osé lorsqu'Akashi dirigea le corps de Kuroko pour que celui-ci s'installe par-dessus ses cuisses, posant ses mains au niveau de ses hanches pour le maintenir contre lui tandis que celles du lycéen se confondaient avec ses cheveux. Kuroko avait voulu se moquer de lui, mais lui aussi y arrivait très bien et cette pensée lui fit glisser un sourire mutin sur le coin des lèvres.

Ses doigts passèrent en dessous du T-shirt de Kuroko, effleurant de la sorte son dos et ressentant le tressaillement dont fut victime son amant. Des rougeurs avaient pris possession du visage de Kuroko qui se retrouva bien vite à bout de souffle, le regard hagard.

« Je te savais rancunier, mais quand même…

— Mais c'est une douce punition, n'est-ce pas ? »

Les joues de Kuroko s'enflammèrent davantage et il détourna son regard, avant d'opiner légèrement. Ce garçon était adorable et à chaque fois qu'Akashi se disait qu'il ne pouvait pas l'être davantage, Kuroko parvenait à le contredire. Leur relation avait avancé d'un pas si grand au cours de leur week-end qu'en cet instant, encore sur son petit nuage, le rouquin ne comptait pas relâcher son étreinte autour de cette personne qui lui était devenue si chère.

« Mais pour te répondre sérieusement, je m'en fiche d'où je vis. Nous pouvons faire de cet appartement un autre nid, un autre cocon, rien que pour nous. La décoration, ça se change. Les souvenirs à l'intérieur aussi. Je ne verrais pas différemment cet endroit parce que tu y as vécu ta première relation amoureuse. »

Akashi ne sut quoi répondre à cela. La sincérité présente dans les yeux de Kuroko lui prouvait que l'adolescent pensait chacun de ses mots et qu'il n'avait aucune sombre pensée derrière, faisant, de la sorte, battre un peu plus vite son cœur pour ce petit bout d'homme bien plus mature que des personnes de son âge. Un soupir traversa ses lèvres et il vint poser son front contre l'épaule de Kuroko, le serrant davantage contre lui.

Bon dieu, il ne le remercierait jamais assez pour avoir insisté à entrer dans sa vie.

-x-x-x-

« Et alors, et alors ? Il s'est mis à pleurer d'émotion, après ça ? »

Takao s'agita à côté de lui, faisant rencontrer leurs épaules alors qu'il essayait de se concentrer à ne pas faire brûler la nourriture qui se trouvait sous son nez.

Quelques jours s'étaient écoulés depuis son retour à Tokyo et il avait demandé l'aide du compositeur pour lui apprendre à cuisiner, afin de surprendre Akashi en lui préparant de bons petits plats. Takao avait été la première personne à qui il avait pensé pour une telle tâche, puisque, après tout, il était père d'une petite fille et qu'il devait donc savoir préparer divers plats équilibrés. À peine Kuroko l'avait-il appelé pour lui demander ce service que le brun avait répondu par l'affirmative, lui demandant en échange un compte rendu de son voyage à Kyōto avec le réalisateur.

« Si je peux me permettre, ça m'étonnerait qu'Akashi pleure pour si peu, intervint Midorima qui épluchait les haricots de son côté.

— Oh, j'suis certain que Sei-chan est quelqu'un d'émotif derrière ses airs froids !

— Il n'a pas pleuré…

— Ah. Tu vois, releva Midorima tout en remontant ses lunettes.

— Mais ? Laissa traîner Takao, un large sourire étiré sur le coin de ses lèvres tout en regardant son ami.

— Mais il a été étrange tout le restant de la soirée. Dès que je m'éloignais pour aller chercher quelque chose, il me suivait, par exemple. »

Sans se soucier de ce qu'il était en train de faire auparavant, Takao bondit sur Kuroko afin de le serrer dans ses bras. L'adolescent lui avait fait part de ses petites expériences au cours de leur voyage et même s'ils n'avaient pas été jusqu'au bout, il était aux anges d'entendre ces choses. Doucement, mais sûrement, Kuroko avait suivi son conseil et l'avait mis en pratique pour se sortir de sa plus grande peur. Il avait pris conscience qu'il pouvait faire confiance à Akashi, qu'il pouvait se livrer de diverses manières à lui sans craindre de se faire rejeter ou juger.

« Je suis tellement content pour toi ! Mais tu ne regrettes rien, sûr de sûr ? S'enquit Takao.

— Non… C'était agréable, chuchota-t-il.

— Arrête de lui poser des questions aussi intimes, tu vois bien que ça le gêne, rouspéta pour sa part Midorima.

— Tetsu-chan sait qu'il peut tout me dire, jamais je ne me moquerais ! D'ailleurs toi, quand est-ce que tu te trouves quelqu'un ? En comptant Nijimura-san, vous êtes mes derniers amis à être encore célibataires ! »

Kuroko se détourna de son plan de travail pour regarder en arrière, observant ainsi cet homme qui était le meilleur ami de Takao et, de ce qu'il avait pu apprendre, avait été une aide essentielle pour Takao à la naissance de Mari. Le brun ne s'était pas étendu sur le sujet, de toute évidence il n'était pas très à l'aise de parler de ça.

Toutefois, Kuroko n'avait pas encore parlé directement au verdâtre. Cette personne était, de toute évidence, distante, ne se mêlant que très peu à leurs conversations. Cela l'avait surpris lorsque Takao l'avait décrit comme étant son meilleur ami, puisque leurs personnalités se trouvaient radicalement opposées sur tout un tas de point. Midorima était sérieux et dans la retenue pendant que Takao était tout l'inverse, exagérément ouvert et la langue bien pendue.

Suite à la question du compositeur, Midorima cessa son activité et soupira longuement. Il se redressa ensuite pour leur apporter le bol contenant les légumes avant de regrouper ses affaires pour prendre congé.

« Si tu veux à ce point jouer les entremetteurs, ouvre ton entreprise. Dans le cas contraire arrête de jouer les cupidons. Sur ce, je vais vous laisser. Il y en a qui ont du travail. »

Son ton était froid et ne laissa pas la possibilité à Takao de répondre quoi que ce soit, puisque la porte se refermait déjà derrière lui. Puis, le brun soupira longuement avant de l'inviter à reprendre leurs activités, lui indiquant les démarches à suivre pour réussir leur plat. Cependant, Kuroko continua de regarder brièvement le profil du compositeur tandis qu'une question démangeait ses lèvres.

« Ne t'inquiète pas pour Shin-chan, il parle toujours très sèchement, mais ce n'est jamais méchant.

— Il semblait pourtant vraiment énervé, à l'instant.

— N'est-ce pas ? »

Takao le regarda et rit, mais dans le fond Kuroko sut que c'était forcé. Il commençait à connaître son homologue et ce dernier se rendit ainsi compte que sa tentative de ne rien laisser paraître ne fonctionna pas. Un long soupir s'échappa alors de ses lèvres et il regarda le couloir qui menait aux chambres, mais avant tout celle de Mari qui jouait tranquillement.

« Pour être honnête avec toi, Kuroko, j'ai déjà pensé à abandonner ma fille. »

Plus que le fait d'entendre son nom par la bouche de Takao, qui s'amusait toujours à donner des surnoms à tout le monde, ce fut bien le sens de sa phrase qui le surprit et le prit à la gorge. Un maigre sourire vint couvrir les lèvres du brun lorsqu'il vit son expression, continuant à parler à voix basse afin que sa fille n'entende rien.

« Bien sûr, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Si on me l'arrachait, je n'y survivrais pas. Mais ça n'a pas toujours été comme ça. »

Takao lui raconta au sujet de la mère de Mari, une fille qu'il avait rencontrée grâce à des amis et avec qui il avait tout de suite sympathisé, ayant rapidement échangé leurs numéros et se voyant à l'extérieur. Il lui parla de toutes ces soirées qu'il faisait en sa compagnie, tout cet alcool qu'ils ingurgitaient sans se soucier des conséquences.

« Pour que ce soit plus simple à comprendre, sache que Midorima est comme toi. Il préfère les hommes aux femmes. »

De sorte que déjà, son ami voyait d'un mauvais œil cette femme avec qui il sortait. À l'époque, lui n'avait rien remarqué. Il passait tellement de temps à jongler entre ses études, sa petite amie actuelle et leurs soirées qu'il l'avait délaissé. Midorima avait toujours été un ami avec lequel la distance ne changeait rien. Des mois pouvaient passer sans qu'ils échangent le moindre mot, mais dès qu'ils se retrouvaient, aucune gêne n'était présente. Son ami était aussi le genre de personne qu'il pourrait appeler très tard dans la nuit pour une urgence et qui répondrait instantanément présent.

« Encore aujourd'hui, il ne m'a jamais rien confessé sur ses sentiments. De manières explicites, je veux dire. Mais il y a certains signes qui ne trompent pas, on est d'accord ? Je veux dire, je ne le voyais pas à l'époque, mais il rejetait mes copines avant même d'apprendre à les connaître. Midorima est quelqu'un de froid mais pas méchant. Mais pour le coup, il était très sec avec elles. Plusieurs fois on s'est disputé à leurs sujets, car il leur trouvait des défauts là où il n'y en avait pas.

— Il était jaloux ?

— Oui. Après tout, on était jeune, on entretenait nos premières relations amoureuses. Et puis lui, il s'agissait d'un homme dont il était amoureux. Tu dois savoir que ce n'est pas facile à gérer… »

Takao avait été un véritable coureur de jupons pendant ses études, que ce soit au lycée ou à l'université. Seulement, la mère de Mari avait été spéciale. Il était vraiment tombé amoureux d'elle et parlait de se marier, de fonder une famille, et de finir leurs vies ensemble. Il criait ses projets de vie à tue-tête, les partageant avec Midorima, sans se douter un seul instant du voile qui couvrait ses yeux ni de ses lèvres qui se pinçaient. Takao nageait tellement dans son propre bonheur qu'il s'était mis des œillères.

En repensant à tous ces instants où l'évidence était sous son nez, Takao pourrait se taper la tête contre les murs.

Midorima devait autant l'aimer que le détester.

« La famille de mon ex-copine a toujours eu une santé fragile, ce qui est, malheureusement, héréditaire. Ce qui fait que mon ex-copine était rapidement essoufflée et n'arrivait pas à reprendre son souffle correctement. Du coup, elle s'évanouissait très facilement. Pourtant, malgré ça, j'ai continué à me comporter et à sortir comme je l'ai toujours fait. Et elle m'a suivi. Shin-chan m'a beaucoup engueulé !

— Pourquoi ça ? S'intéressa Kuroko.

— Il se destinait déjà à une carrière en médecine, alors il avait beaucoup plus de connaissances que moi à ce sujet. Il me disait que si je n'étais pas capable de prendre soin d'elle, alors il valait mieux que je la quitte pour qu'un autre sache mieux le faire.

— Mais tu ne l'as pas écouté, devina-t-il tout en suivant les indications que Takao lui donnait concernant leur plat.

— Non. Je l'ai même mise enceinte… »

Un long silence s'installa dans la cuisine où seul le bruit des aliments en train de cuir remplissait les alentours. Kuroko ne comptait pas presser Takao et celui-ci canalisait les émotions qui le traversaient. Cette période de sa vie n'était pas tabou, même s'il n'aimait pas en parler. Il avait tellement honte de lui. Son comportement était celui d'un jeune complètement inconscient de lui-même et des autres.

« J'ai perdu le compte du nombre de fois que Midorima m'a ramassé à la petite cuillère après chaque rupture, mais quand on nous a annoncé que la mère de Mari était enceinte et qu'il nous était impossible d'avorter… Je sais pas… J'ai paniqué. En plus, ma belle-famille et mon ex-copine comptait le garder car, justement, ils ne savaient pas si elle pourrait vivre assez longtemps pour porter un autre enfant.

— C'est normal de perdre ses moyens dans ce genre de situation. Je pense que tout le monde aurait…

— Je sais. Ce que je veux dire par-là, c'est que lorsque les médecins sont venus nous voir après l'accouchement… c'est que… »

La voix enrouée, Takao perdit le fil de son récit. Il serra les bords de son plan de travail jusqu'à ce que ses jointures deviennent complètement blanches, se mordant la lèvre afin de retenir les larmes qui manquaient de quitter ses cils. Il avait à peine besoin de fermer les yeux pour revoir ces médecins lui annonçant que son ex-copine n'avait pas survécu, qu'il y avait eu des complications et que son cœur ne s'était pas relancé malgré leurs tentatives. Il entendait encore les pleurs de sa belle-famille, de sa belle-mère qui s'était laissée tomber à même le sol et tenait fermement son cœur qui menaçait d'éclater, mais aussi de son beau-père pourtant habituellement si réservé qui avait attrapé le col du médecin en le traitant d'incompétent et de meurtrier.

Fort heureusement, l'enfant n'avait rien.

Heureusement…

« Je n'étais pas prêt. Déjà que devenir parent me terrorisait, mais être le seul parent en charge…

— Mais la belle famille ?

— J'ai perdu ma petite amie ce jour-là, mais eux ont perdu leur fille unique… C'était une période très compliquée. Heureusement que Midorima était là, vraiment. »

Takao lui avoua ainsi ses crises de paniques, le nombre de fois où Midorima avait été appelé en urgence et avait finalement passé la nuit chez lui, car il ne pouvait plus supporter les pleurs de Mari ou qu'il se trouvait lui-même en pleine crise d'angoisse et ne savait pas comment s'occuper de ce bébé. Les premières semaines de son existence, ce fut plus Midorima que lui-même qui s'en était occupé. Takao ne parvenait pas à lui faire face, revoyant le visage de sa petite amie avec qui il voulait faire sa vie, mais qui était partie la première en lui laissant sur les bras un enfant qu'il ne désirait pas, pas tout de suite, en tout cas.

« J'ai pour habitude de mettre Midorima dans tous ses états. Mais à cette époque-là, je m'en suis pris des claques, crois-moi ! Je n'aurais pas assez d'une vie pour le remercier car grâce à lui, j'ai su me ressaisir et être un véritable père pour Mari. Je l'ai pourtant tellement laissé derrière moi quand je sortais avec des filles, ne l'appelant que lorsque j'avais un problème et pourtant il venait à chaque fois. Quand on se disputait, c'était même toujours lui qui revenait le premier, même si c'était de façon détournée, pour arranger la situation… Je me suis rendu compte que je n'étais pas juste avec lui… Alors, c'est pour ça que je le pousse à trouver quelqu'un. Pour qu'il cesse de m'aimer et qu'il soit heureux. Il mérite plus que n'importe qui de trouver le bonheur.

— Mais toi, Takao-kun, que ressens-tu à son encontre ?

— Je l'aime. Mais comme tu aimerais un frère. Je ne ressens aucun désir physique pour lui et je sais qu'il l'a compris, que ça n'arrivera jamais. Mais que veux-tu, je suis quelqu'un d'exceptionnel dont il n'arrive pas à se détacher ! »

Sa tentative d'humour fit s'étirer un demi-sourire sur les lèvres de Kuroko.

« Shin-chan mérite d'être heureux, mais pas avec quelqu'un comme moi. Et puis, je suis le père d'une petite fille. Et je suis déjà suffisamment un poids dans son existence en étant juste son ami, alors imagine en tant que petit ami !

— Tu es un idiot, Takao-kun, souffla-t-il affectueusement.

— C'est ma marque de fabrique, que veux-tu ! Oh et attends, voici mon astuce secrète pour qu'Akashi te tombe dans les bras avec cette recette ! »

Takao s'éloigna un instant pour rejoindre son placard où il rangeait différentes épices, avant de revenir à sa hauteur et lui faire part de sa petite botte secrète. Bien qu'il l'écoutait attentivement, Kuroko observa plus son profil qu'il ne le vit s'occuper de leur recette. Il était triste pour Midorima qui avait des sentiments envers Takao depuis des années, sans jamais que ces derniers ne deviennent réciproques. Avec tout ce que venait de lui révéler Takao, Kuroko se rendit une nouvelle fois compte que ses problèmes pouvaient paraître bien minimes.

Tout le monde avait déjà dû faire face à des épreuves plus difficiles les unes que les autres, mais ils avaient combattu, s'étaient parfois faits soutenir et aider à continuer d'avancer, mais jamais personne n'avait jusqu'alors abandonné. Il ne comptait pas être le premier sur cette liste et, de ce fait, il sortit son téléphone de sa poche pour chercher un document qu'il avait préalablement enregistré.

« Pour le dessert, je voulais essayer ça, rebondit-il.

— Montre-moi ça. »

Étudiant la recette que Kuroko avait dégotée sur Internet, Takao lut chaque ligne avec soin pour être sûr de bien la comprendre et savoir s'il serait capable de la réaliser. Pendant ce temps, Kuroko l'observa avant de sourire un peu plus. Beaucoup de personnes jugeaient trop rapidement Takao, mais très peu devaient connaître l'histoire qui se cachait derrière ses sourires. Il avait commis des erreurs comme il avait pu se tromper de chemins, avant de retomber sur ses pieds.

Kuroko pouvait assurément compter cet homme dans ses plus belles rencontres au cours de l'année. La première place étant, bien sûr, adressée à Akashi.

Pour le reste de la journée, Kuroko et Takao continuèrent de s'entraîner en cuisine. Il y eut des loupés, les obligeant à ouvrir la fenêtre, ou Takao dut aussi se résoudre à racheter d'autres ustensiles de travail, mais la dernière assiette sortie par Kuroko était une réussite. Le jeune homme pourrait cuisiner ce plat à Akashi sans risquer une intoxication alimentaire ou la destruction massive de la cuisine du rouquin. Ce fut donc avec un large sourire satisfait que Kuroko prit congé, remerciant encore le brun pour son aide, et lui promettant de lui apporter un rapport détaillé une fois qu'il aurait mis ses cours en pratique.

Il ne tenait qu'à lui de prendre sa vie en main et d'être heureux pour ensuite faire son maximum pour rendre son entourage tout aussi heureux.

-x-x-x-

À bout de souffle, Kise laissa son dos reposer contre la porte qu'il avait violemment fermée derrière lui. Ses jambes finirent par le lâcher et il descendit contre le morceau de bois jusqu'à se retrouver à même le sol, ses mains s'engouffrant dans sa chevelure alors que sa tête vint se caler entre ses genoux. Depuis plusieurs jours, il se sentait suivi et épié, sans réellement avoir de preuves. Il avait alors mis ça sur le compte de sa dernière agression avortée par l'intervention de Kasamatsu, qu'il était peut-être devenu un peu paranoïaque. Seulement, depuis la veille, il en avait la certitude : les hommes d'Imayoshi le suivaient où qu'il aille. À sa sortie du studio, lorsqu'il rejoignait des collègues autour d'un café ou même lorsqu'il allait faire les courses pour sa famille à la supérette en bas de chez eux.

Il avait reconnu cet homme qui l'avait coincé dans une ruelle et qui lui avait pris son script des mains. Il avait vu son sourire malsain, lui soufflant silencieusement que rien n'était encore terminé. Maintenant que ses chances pour obtenir des informations sur le père d'Aomine étaient nulles, Kise ne savait pas à quoi s'attendre. Imayoshi devait savoir qu'il ne lui était, désormais, plus utile. Dans ce cas-là, qu'est-ce que cet homme souhaiterait de sa part ? Il n'avait rien. Ce manque de réponse accentuait son angoisse, lui coupant le souffle et lui causant, la nuit, des cauchemars de plus en plus réalistes. Même dans sa chambre, il avait l'impression qu'une autre présence occupait les lieux et qu'elle attendait le moment opportun pour lui sauter dessus.

Des larmes de frustrations finirent par rouler sur ses joues.

Il désirait que tout s'arrête.

Cet appel à l'aide se cachait malheureusement derrière ses sourires et son comportement enjoué, le plongeant un peu plus dans la solitude et l'isolation qui faisait de lui une proie facile à atteindre. Une proie qui ne tarderait pas à se faire dévorer si elle ne se décidait pas à échapper aux griffes de son assaillant.