Bonjour tout le monde, comment allez-vous ?
Tout d'abord, je vous souhaite une bonne année 2018 qui j'espère sera riche en évènement et expérience. J'ai cru que je ne pourrais pas poster de chapitre ce mois-ci, mais j'ai réussi et j'en suis plutôt contente. Remerciez d'autant plus kama-chan59 pour ses corrections toujours aussi rapide !
Réponses aux reviews :
Yarney Liag : Bienvenue à toi et merci pour tes commentaires ! Je suis contente de voir que la personnalité de Kuroko dans cette histoire te plaise haha. Et j'espère que tu continueras à profiter de ces répliques ;) Je te souhaite une bonne lecture !
Nia hakira : Joyeux Noël et bonne année à toi aussi ! Je suis ravie que ma fiction t'ait autant plu et j'espère qu'elle continuera à te plaire tout autant :) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Ryoko : Je te souhaite aussi un Joyeux Noël et une bonne année 2018 ! Je suis contente que tu es apprécié le chapitre précédent et que tu en as appris un peu plus sur les autres personnages ! J'espère que tu continueras à les apprécier avec les chapitres suivants ;) Je te souhaite une bonne lecture !
Laura-067 : Tu découvriras à l'intérieur de ce chapitre si Akashi en voudra toujours avec Nijimura, pour une fois le suspens ne sera pas trop long à tenir haha. Tout comme tu sauras très vite qui se proposera à Kise et comment celui-ci y réagira ;) Mais oui, comme tu le soulignes, tout va à son rythme pour Akashi et Kuroko, en espérant que ça continue comme ça haha. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Momoi-san : Mais pendant combien de temps la tranquillité pour le couple d'Akashi et Kuroko va perdurer ? Mouahaha ! Je suis contente de savoir que l'histoire de Takao a été touchante, j'avais peur qu'elle apparaissait "too much" à vrai dire. Pour Kise, ne t'inquiète pas, la lumière au bout du tunnel apparaît à l'intérieur de ce chapitre ! J'espère que ce nouveau chapitre te plaira et je te souhaite une bonne lecture !
amelayy : Je crois que tu auras compris que j'adore utiliser Takao dans cette fiction, comme tu le fais remarquer je suis comme toi à son sujet. Je le vois rayonner malgré son histoire et les obstacles qu'il a dû surmonter, parfois grâce à l'aide de Midorima. Mais on a pas fini de découvrir son personnage, crois-moi ;) Mais ne t'inquiète pas, Midorima parviendra à trouver quelqu'un qui surpassera Takao ! Et pour le côté "sombre" de Nijimura, tu l'apercevra dans ce chapitre. On en apprend plus sur son amitié avec Akashi, quand ils étaient collégiens. Et dans ce chapitre aussi, Kise pourra voir un rayon de soleil dans ses ténèbres et il y aura encore et encore de l'AkaKuro ~ Je te remercie pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Karma power : Comme tu dis, qu'est que le AkaKuro c'est bien !~ On ne peut s'en passer une fois qu'on y a goûté ! Et non malheureusement, il n'y aura pas de MidoTaka dans cette histoire, bien que Midorima ne serait pas contre haha. Et non, ce n'était pas à cause du père d'Akashi que son oeil doré est apparu, mais qui sait ! Ça aurait très bien pu l'être. Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
ellie27 : Mais ne t'inquiète pas, je promets et certifie qu'aucun personnage n'est fondamentalement malheureux dans cette fiction (ou battu mdr). Midorima réussira à trouver quelqu'un qui lui correspond et qui dépassera largement Takao ;) La vie est ainsi, après tout. Et ne t'inquiète pas, Kise trouvera rapidement de l'aide dans ce chapitre ! Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
mower : L'histoire de Takao semble avoir touché beaucoup de monde haha. Je suis contente en tout cas si le chapitre précédent t'ait plu et j'espère qu'il en sera de même pour celui-ci ! Je te remercie pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Merci à tout le monde pour continuer à suivre cette histoire, la mettre dans vos favoris ou follows, et je vous souhaite à tous une bonne lecture !
N'hésitez pas à commenter ;)
Le Papillon
Scène 36
C'est étrange, l'amitié.
Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis, on ne parle pas d'amitié.
L'amitié, on la fait sans la nommer ni la commenter.
C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes.
Elle doit être beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en déclarations, en poèmes, en lettres.
Kuroko avait l'impression de vivre un rêve éveillé : sa vie lui paraissait si simple, il se sentait aimé et aucun problème n'avait pointé le bout de son nez depuis un certain temps. Tout roulait si parfaitement que cela lui paraissait grotesque. Il en avait parlé à Takao, qui était devenu un genre de confident et dont les conseils se trouvaient toujours avisés. Le compositeur l'avait tout d'abord charrié, voir même beaucoup, avant de lui confier la raison de son euphorie : il était amoureux.
Kuroko l'avait déjà ressenti lors de son voyage à Kyōto, il savait qu'il était amoureux d'Akashi. Du moins, il avait commencé à en prendre conscience. Penser au réalisateur le faisait sourire niaisement et il ne parvenait pas à garder son visage inexpressif plus de deux secondes. Dans son ventre, se propageait des papillons et il sentait une paix intérieure, qui ne lui était pas commune, l'envahir et le réchauffer.
Les mots de Takao, au téléphone, avaient pourtant retenti différemment. Leur écho avait traversé son corps, tout son être, et il s'était senti trembler. C'était la première fois qu'il aimait réellement quelqu'un, bien que ce soit un homme. Il aimait Akashi comme il n'avait encore jamais aimé personne. Une ombre venait tout de même se glisser dans son cœur, songeant à Kagami.
Depuis leur rupture, quelque chose s'était brisé inéluctablement. Après tout, il avait blessé Kagami. Il s'était senti perdu, incompris, et le rouquin lui avait servi de bouée de sauvetage. À ses côtés, il n'était pas complètement désœuvré, il avait un point de repère. Kuroko avait conscience de s'être servi de lui et ce poids sur sa conscience ne le laissait pas indifférent. Seulement, il ne savait pas comment se racheter, comment s'excuser auprès de l'autre adolescent. Pour l'instant, c'était plus facile de s'en tenir à quelques politesses quand leurs amis étaient dans les parages, mais le reste du temps, ils s'évitaient.
Au fond de lui, Kuroko se demanda s'il serait possible, qu'un jour, ils retrouvent leur amitié d'antan. Ces moments avant que Kagami ne se confesse à lui, qu'il accepte à mi-voix, lorsqu'ils rigolaient et passaient du temps ensemble sur le terrain de basket ou au Maji Burger. Kuroko ressentit une certaine nostalgie en repensant à tous ces instants, un petit sourire étirant le coin de ses lèvres. Il n'y avait que le temps pour panser les blessures du cœur, alors il devait se montrer patient et attendre que Kagami se montre enclin à renouer contact avec lui. Pendant ce temps, il ne pouvait qu'attendre.
Kuroko se fit toutefois sortir de ses rêveries par son téléphone qui vibra.
« Allô, Kurokocchi, tu vas bien ? S'extasia Kise à l'autre bout de fil, visiblement heureux de pouvoir discuter avec lui.
— Tout va bien et toi ?
— Très bien ! Tout se passe bien avec Mibucchi. D'ailleurs, j'ai enfin mon week-end, alors ça t'intéresserait de venir boire un verre avec moi, ce soir ? Je vais aussi appeler Momoicchi pour lui proposer, annonça-t-il joyeusement.
— Ce sera avec grand plaisir, Kise-kun.
— Super ! Je l'appelle et je te confirmerai l'heure de rendez-vous et l'endroit plus tard. Passe une bonne journée et à ce soir, du coup ! »
Sans plus attendre, Kise raccrocha et, de nouveau, le calme entoura Kuroko qui, pourtant, durant un instant, observa son téléphone en fronçant les sourcils. Il avait toujours connu Kise très enjoué et assez exubérant, mais cette fois-ci son attitude lui avait semblé forcée. La voix du blond ne lui donnait pas le sourire comme à son habitude, causé par sa joie de vivre et son éternelle bonne humeur. Est-ce que cela aurait de nouveau un rapport avec Kasamatsu ou encore Aomine ? Ou, même pire, avec ce fameux Imayoshi ?
Kuroko tenta de se rassurer en se disant qu'il verrait bien ce soir, en rejoignant le jeune mannequin. Il aurait donc rapidement la réponse à ses questions sur son attitude étrange.
Les heures défilèrent ainsi très rapidement et l'heure du rendez-vous avec Kise et Momoi arriva sans que Kuroko n'ait à s'impatienter. Il retrouva ainsi ses deux amis dans un bar que le blond avait découvert grâce aux bouches à oreille de ses collègues, où de nouveaux groupes pouvaient se produire. Ils prirent une table et une serveuse vint prendre leurs commandes avant de se retirer, les laissant discuter des dernières nouvelles de chacun. Momoi avoua ainsi avoir proposé à Aomine de se joindre à eux, mais elle n'avait obtenu de son ami d'enfance qu'un haussement d'épaules.
Momoi soupira longuement avant d'entendre le rire sans joie de Kise.
« Ne t'en fais pas, c'est déjà super adorable de lui avoir proposé. »
Leurs boissons furent apportées et Kise leva son verre, invitant ses deux amis à venir trinquer avec lui pour leurs retrouvailles, mais aussi pour les bonnes choses qui leur étaient arrivées entre temps.
Pendant que Kise et Momoi discutaient de l'emploi du temps du blond, Kuroko l'observa attentivement. Son appréhension concernant l'attitude de son ami ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure qu'il le voyait se comporter et rire. Tout semblait surjoué et loin d'être naturel, comme si Kise se forçait à paraître joyeux et que ses sourires n'étaient qu'une fichue mascarade. Il ne se voyait malheureusement pas soulever le sujet qui l'intéressait en présence de Momoi, mais surtout devant tous les efforts que produisait le mannequin pour ne laisser rien transparaître.
Kuroko prit donc sur lui, se promettant d'en toucher deux mots au concerné lorsqu'ils seraient seuls. Pour l'instant, autant profiter de cette sortie et changer les idées à Kise. Il se joignit donc à la conversation en mettant de côté ses inquiétudes, profitant de la musique produite par les jeunes artistes et écouta les rires de Momoi et Kise, tout en sirotant son sirop.
La soirée semblait prometteuse et sans intempérie, mais le gérant de l'établissement prit le micro afin d'annoncer l'arrivée du prochain groupe. Les musiciens se mirent donc en place sur l'estrade qui se situait à deux tables de la leur et, de ce fait, assez proche pour qu'ils puissent clairement voir leurs visages. Kuroko put ainsi entendre Kise s'étouffer avec sa boisson en reconnaissant la silhouette de Kasamatsu qui, au même instant, branchait sa guitare électrique et vérifiait les accords. La chanteuse du groupe prit place face au micro qu'elle attrapa d'une main.
La jeune femme se retourna par la suite face au public et leur envoya un magnifique sourire qui illumina tout son visage, présentant chacun d'entre eux avant que Kasamatsu ne commence à jouer quelques notes et que la chanson ne se lance. Kuroko regarda, dans un premier temps, son ami qui semblait être dans son élément, ses doigts glissant sur les cordes de sa guitare qui reposait contre son bassin, un sourire satisfait et ravi qui étirait le coin de ses lèvres et qui détendait les traits sévères de son visage.
Kuroko riva ensuite son attention sur Kise qui n'en revenait pas de trouver son ami dans un tel endroit, mais, surtout, sur le devant de la scène.
Kise avait toujours connu un Kasamatsu réservé, peu sûr de lui malgré les apparences, mais surtout excessivement timide. Il s'était toujours moqué du brun lorsque ce dernier devait s'adresser à des filles et qu'il se mettait à bégayer, voir même perdait la totalité de ses moyens et, alors, lui jetait un regard en coin pour lui demander de l'aide. À cause de toutes ces raisons et des souvenirs qui lui remontraient de ce Kasamatsu timide et mal à l'aise, Kise ne parvenait pas à en croire ses yeux.
Depuis quand il avait pris autant d'assurance ?
Il n'avait rien vu.
Les chansons s'enchaînèrent, les applaudissements du public continuèrent à retentir et la chanteuse occupait la petite scène comme si cela avait toujours été sa place. Sa voix rafraîchissante et légèrement rauque s'accordaient avec le rythme de la guitare de Kasamatsu, mais aussi du synthétiseur de l'autre garçon que Kuroko n'avait jamais vu. Il s'agissait d'un jeune homme un peu plus grand que leur ami sur scène, ses cheveux noirs retombant sur son front et devant ses yeux en amandes. Par instants, son regard croisait celui du guitariste et un sourire commun s'étirait un peu plus sur leurs lèvres, témoignant de leur complicité.
Pendant ce temps, Kise n'avait pas quitté des yeux son ami. Il ne comprenait pas. Kasamatsu ne lui avait jamais parlé de cette activité qui, visiblement, lui tenait à cœur en vue de l'expression qu'offrait son visage. Il ne l'avait jamais vu aussi heureux, aussi à sa place et il n'était même pas au courant. Une colère injustifiée circulait dans ses veines et lui fit aussitôt quitter son siège lorsque la chanteuse les remercia et descendit de l'estrade.
« Attends, Kise-kun ! »
Mais le blond n'entendit pas l'appel de Kuroko et fonça rejoindre Kasamatsu qui se dirigeait vers le bar. Le mannequin eut un nouvel élan de colère lorsqu'il vit ce type au synthétiseur entourer les épaules de Kasamatsu et, ainsi, le rapprocher contre torse, leurs deux visages éclatants de bonheur.
« Senpai ! »
Son appel trancha l'air et fit tressauter l'intéressé contre le corps de son camarade et ami de scène, dirigeant ses yeux agrandis par la surprise pour tomber sur ceux furieux de sa peine de cœur.
« Kise, mais… Qu'est-ce que tu fais…
— Oh, le fameux Kise ? Intervint l'inconnu qui resserra davantage son emprise autour des épaules de Kasamatsu.
— Lui-même. Et toi ? Répondit-il froidement, un ton qui ne lui était pas habituel.
— Le petit ami de Kasamatsu. »
Kise entendit un bourdonnement à ses oreilles et ses yeux fixèrent le profil de son ami qui essayait de se dégager de l'emprise de cette personne à grands coups de bras. Cela ne le fit pourtant que rester plus étroitement lié à cet imbécile qui ne baissait pas son regard et qui continuait de dévisager le mannequin qui apparaissait enfin en face de lui.
Moriyama avait, en effet, déjà beaucoup entendu à propos de ce garçon. La première fois que Kasamatsu lui en avait parlé fut au détour d'une soirée, après leur spectacle, fêtant cela autour d'une bière. Ce soir-là, Moriyama découvrit deux choses : la première étant que Kasamatsu ne tenait absolument pas l'alcool et la seconde étant qu'il aimait les hommes, spécifiquement l'un d'entre eux. Il apprit donc que ce Kise ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, à se demander s'il avait un cerveau, et que malgré tous ses efforts pour lui faire comprendre ses sentiments, le blond n'avait jamais rien vu. Kasamatsu lui avait alors demandé pourquoi son cœur devait être épris de cet imbécile, mais surtout pourquoi il n'arrivait pas à tourner la page.
Lorsque le regard étincelant de colère du mannequin se redirigea vers lui, le dévisageant sans outre mesure, Moriyama sourit un peu plus. Son attention se porta sur les poings contractés de son vis-à-vis, qui devait sûrement lutter contre lui-même afin de garder son calme et ne pas faire mauvaise presse. Contre son torse, il sentait Kasamatsu trembler de rage, se doutant donc qu'au départ de Kise, il lui en décocherait sûrement une. Seulement, cet instant était bien trop délectable pour que Moriyama ne s'en soucie.
Ce garçon devait comprendre que Kasamatsu ne lui était pas acquis et que, surtout, à tout moment, une autre personne pourrait le lui enlever. Si grâce à ce soir, il parvenait à faire réfléchir Kise, il mériterait le poing que lui enverrait Kasamatsu.
« Maintenant, si tu veux bien nous excuser, j'aimerais profiter de ce verre rien qu'avec lui. N'est-ce pas, mon ange ? »
Il offrit un clin d'œil à son camarade de scène qui ouvrit la bouche, sûrement pour l'insulter et lui faire regretter jusqu'à sa naissance, mais une autre présence vint s'ajouter à leur trio.
« Kise-kun, la deuxième tournée est servie. »
Kuroko saisit le poignet du mannequin et l'entraîna à sa suite, forçant un instant lorsqu'il sentit Kise lui résister. Le plus grand finit pourtant par le suivre et ses poings se détendirent, laissant dans ses paumes la marque de ses ongles jusqu'alors enfoncés. Le dos dorénavant tourné au bar et donc à Kasamatsu et Moriyama, Kise observa son verre de nouveau rempli sans vraiment l'apercevoir. Momoi posa sa main contre son bras et essaya de le réconforter, tandis que Kuroko put voir Kasamatsu frapper ce type sans aucun scrupule. De toute évidence, il s'agissait d'un mensonge.
L'expression que leur offrait Kise prouvait, cependant, qu'il avait cru les paroles de cette personne et réfléchissait à un tas de choses. Le blond repensait en effet à ce soir où Kasamatsu lui avait craché ses sentiments au visage, mais aussi du poing qu'il avait reçu après en avoir joué. Malgré toutes ces choses qui remontaient à la surface, ce qui lui faisait finalement le plus de mal était la réalisation du fait qu'il ne savait rien de Kasamatsu. Il avait toujours été celui qui se plaignait, qui parlait de ses déboires ou de ses réussites, sans jamais demander toutes ces choses au brun. Il ne s'était jamais intéressé à sa vie, à ses objectifs ni à ses rêves.
Il avait été égoïste et imbu de lui-même.
Il ne savait pas qui était Kasamatsu Yukio, l'avait-il même su un jour ?
« Excusez-moi… je dois prendre l'air. »
Sans attendre une quelconque réaction de la part de Kuroko ou de Momoi, Kise se releva et prit le chemin de la sortie. Il zigzagua entre les multiples clients et les employés avant que l'air de la nuit ne s'engouffre par la suite dans ses poumons. Il put ainsi enfin respirer, portant son attention sur le ciel obscur et les quelques étoiles qui parvenaient à filtrer les nuages pour briller de toute leurs splendeurs. Ses lèvres commençaient sérieusement à lui tirer à force de produire autant de sourires forcés, tout comme sa gorge commençait à le gratter à force de rire sans en être convaincu.
Il sentait la colère, la tristesse ainsi que la frustration de ces dernières semaines qui allaient bientôt fissurer son masque. Il en avait assez de faire croire que tout allait bien, qu'il allait bien. Ce n'était pas le cas.
Il n'allait pas bien.
« Kise, pour tout à l'heure… »
L'interpellé ferma les yeux et pria pour avoir entendu des voix. Il ne voulait pas que quelqu'un le voit en train de craquer. Il ne voulait pas que Kasamatsu soit de nouveau là pour le ramasser. Le brun en avait déjà assez fait. De sorte qu'il ne se retourna pas et fit comme s'il n'avait rien entendu, le visage toujours porté vers le ciel. Kasamatsu continua pourtant de se rapprocher, arrivant bientôt derrière son dos. Il hésita pourtant à attraper la manche du blond et, ainsi, attirer son attention.
Ces dernières semaines avaient été compliquées et avaient instauré de la distance entre eux. Kasamatsu était conscient d'avoir été celui qui avait initié cela, qu'il avait même été jusqu'à dire que lui et Kise n'avaient jamais été amis, mais il avait eu mal. Il avait voulu se protéger, sauver le peu de fierté et le peu d'amour propre qu'il lui restait, mais cela n'avait servi à rien. Kise lui manquait. Et quand enfin ils se retrouvaient, ses sourires étaient devenus des mirages et jamais, jusqu'à présent, il n'avait vu le blond aussi éteint.
« Qu'est-ce qu'il se passe, Kise ?
— Rien, ne t'inquiète pas. Va plutôt retrouver ton copain. »
Kise s'en voulut immédiatement pour avoir prononcé ces mots, mais il ne voulait pas que Kasamatsu se rapproche davantage de lui et ne le voit dans un état aussi déplorable. Il ne voulait pas se reposer encore sur lui, alors que le brun avait tourné la page et s'était finalement trouvé quelqu'un qui le reconnaissait comme tel et qui se souciait de lui. Il en était venu à penser que Kasamatsu serait bien plus heureux sans lui dans sa vie.
« Et puis, de toute façon, nous n'avons jamais été amis, n'est-ce pas ? C'est ce que tu m'as dit l'autre…
— Putain, mais t'as vraiment rien compris ! »
Kasamatsu agrippa le col de Kise, après s'être complètement rapproché de ce dernier, plantant son regard illuminé par la colère dans ceux, hagards, de son interlocuteur.
« Ce que t'as raconté Moriyama n'est qu'un tissu de conneries, il n'y a pas plus hétéro que lui ! Il a juste voulu te faire réagir. Et au sujet de cette connerie de n'avoir jamais été amis, j'étais blessé, ok ? Je voulais que tu souffres aussi.
— Mais tu…
— Kise… Tu crois sérieusement que je n'aurais rien dit sur ton sale caractère si j'en avais vraiment eu marre ? J'aurais explosé depuis longtemps si tu ne comptais pas un peu pour moi, même sans prendre en compte mes sentiments pour toi. »
Le regard agrandi par la surprise, Kise intégra tant bien que mal les propos tenus par Kasamatsu, dont la colère déliait la langue avec une facilité déconcertante. Face à la mine de merlan frit de son homologue, le brun relâcha son emprise et se recula d'un pas afin de s'éloigner du mannequin et enfin pouvoir le regarder de haut en bas. Il était évident que son ami avait perdu du poids. De plus, ses traits fatigués montraient un manque de sommeil certain. Ce qui inquiéta davantage Kasamatsu était sûrement le manque de vitalité dans ces yeux ambrés, normalement si explosifs de joie de vivre. Il semblait si vide en cet instant, comme lassé de vivre.
Mais alors que Kise allait sortir de sa léthargie et enfin dire quelque chose de censé, un applaudissement retentit dans la rue dans laquelle ils se trouvaient. Ils se tournèrent tous les deux en direction du bruit répétitif et Kise tressaillit en reconnaissant la silhouette de cet homme qui, depuis des semaines, s'était mis à le suivre comme son ombre, frémissant davantage lorsqu'il constata que, cette fois-ci, il n'était pas seul et que des hommes sortirent à leur tour de l'ombre pour se glisser derrière ce qui semblait être leur chef. Kasamatsu sembla, quant à lui, le reconnaître aussi puisqu'un juron traversa ses lèvres, cherchant autour de lui un moyen de s'échapper.
Ils pourraient rentrer dans l'établissement et retrouver leurs amis, mais la menace se trouverait toujours dehors. Patiente.
« Je peux savoir quel est le problème, ici ? »
La voix grave fit se raidir Kise, qui n'en crut tout d'abord pas ses oreilles. Son cœur doubla sa cadence lorsqu'il discerna le visage d'Aomine qui s'était finalement montré. Le basané avait glissé les mains dans les poches de son pantalon et adoptait une attitude détachée, regardant en premier le groupe d'inconnus qui semblaient chercher des ennuis à Kasamatsu et Kise. Puis, de façon plus appuyée, il planta son regard dans ce qui semblait être le meneur de ce ramassis d'ordures. Il le scruta durant de longues secondes, sans faiblir, et il compta lui faire comprendre de déguerpir le plus rapidement possible.
L'autre homme se mit à jurer, à passer sa main dans ses cheveux, avant d'aboyer sur ses sbires et de faire demi-tour.
Sans plus attendre, Kise accourut pour rejoindre Aomine et le remercier. Ses yeux avaient retrouvé de leur vitalité et il tournoya autour du basané, n'osant y croire, tel un chien qui aurait retrouvé son maître après une longue période. Le spectacle fit soupirer Kasamatsu qui commença à rentrer dans l'établissement sans se faire remarquer, mais son bras fut retenu en arrière. Son cœur loupa un battement lorsqu'il plongea dans le regard enchanté du blond.
« Merci beaucoup, senpai ! »
À vrai dire, Kasamatsu ne fut pas capable de produire une phrase cohérente. Kise venait de le prendre de court et plutôt que de répondre quelque chose, il sentit son visage prendre feu. Il se recula alors vivement, décrochant la main de Kise de son bras et ne tarda pas à rencontrer un nouvel obstacle. Ses yeux s'agrandirent en remarquant enfin la présence d'une autre personne dans cette ruelle mal éclairée.
« Excuse-moi, je ne t'avais pas vu, s'excusa-t-il.
— Ne t'en fais pas, Kasamatsu-san, répondit doucement Kuroko.
— Kurokocchi ?! Depuis quand t'es dehors ?
— En même temps que Kasamatsu-san, je dirais. Nous sommes sortis au même moment.
— Attends, tu veux dire que, commença à dire le brun en repensant aussitôt à son discours animé.
—Désolé, mais oui. J'ai tout entendu. »
Le visage déjà coloré de Kasamatsu s'enflamma davantage et il s'éloigna afin d'éviter que tout le monde ne le voie dans un état pareil. Il avait tellement honte. Il avait décidé de suivre Kise pour s'assurer que ce dernier aille bien après ce qu'il avait pu voir à propos de sa fausse gaieté.
En voyant réagir son ami de la sorte, Kise ne put s'empêcher d'avoir son premier vrai rire de la soirée. Il porta, par la suite, son attention sur Kuroko qui avait rejoint Aomine et une voix stridente se fit bientôt entendre. Lassée d'être toute seule dans le bar, Momoi était finalement sortie pour voir pourquoi les garçons prenaient autant de temps dehors, découvrant ainsi la présence de son ami d'enfance qui s'était finalement montré. Elle se jeta ainsi à son cou, le taquinant sans la moindre retenue et se tourna ensuite vers Kise, ravie.
« Je savais qu'il viendrait malgré son attitude. Je le savais !
— Oui bon, c'est bon, on l'aura compris, soupira Aomine en cherchant à se défaire de l'emprise de cette sangsue.
— Tu devrais comprendre, une bonne fois pour toutes, que j'ai toujours raison, Dai-chan.
— Oui, oui, bien sûr… »
Le manque de volonté ainsi que de résistance fit s'étirer, sur le visage de tout le monde, un sourire amusé, même sur celui de Kasamatsu qui était parvenu à se calmer entre temps.
Malgré la bonne ambiance qui était revenue et le véritable Kise qui avait enfin refait son apparition, Kuroko n'oublia pourtant pas les doutes qui le submergeaient et, surtout, qui s'étaient confirmés dans la soirée. De plus, à observer tout le monde, Kuroko se rendit compte qu'Aomine et Kasamatsu avaient la même question qui tournoyait dans leurs esprits. Seulement, personne ne semblait avoir le courage de la formuler à voix haute, ou ne savait pas comment la poser sans risquer de voir Kise fuir et se débiner comme son attitude le laissait présager.
Il inspira alors longuement, préparant mentalement sa phrase, avant de finalement se faire couper par Aomine qui avait perdu patience.
« Je peux savoir qui étaient ces gars, au juste ? Demanda-t-il durement.
— Ce n'était personne, Aominecchi ! L'un d'eux a dû raconter une blague et l'autre a applaudi, essaya vainement Kise.
— Sérieusement ? T'as rien trouvé de mieux ? Renchérit mollement Aomine, peu convaincu.
— Comment je peux le savoir ? Je n'étais pas avec eux, alors…
— Kise. Je te donne une seconde chance et crois-moi, ce sera la dernière. Qui étaient ces gars ? »
Le visage du blond se décomposa petit à petit, devenant minuscule dans l'espoir de disparaître, mais de nouveau, la voix d'Aomine retentit dans la rue. Le basané cria sur le jeune mannequin, essayant de le pousser à bout pour qu'il crache enfin le morceau. Il comptait le voir crier, le voir l'insulter, mais au moins le voir réagir. Malheureusement, rien ne se produisit. Kise enterra simplement davantage son visage entre ses épaules, sans pour autant disparaître dans un coin. Tous les regards étaient même plutôt tournés dans sa direction.
« Putain, mais tu comprends pas que je veux t'aider, abruti ? Mais si tu ne me dis rien, comment tu veux que je le fasse !? Parle-moi, merde ! »
Au fur et à mesure qu'Aomine continuait de crier, les épaules de Kise tremblaient un peu plus à chaque fois. Kuroko jetait des coups d'œil à Momoi et Kasamatsu, qui les lui retournèrent. Tout le monde ne cautionnait peut-être pas les méthodes d'Aomine, qui avait fini par se rapprocher du blond et lui avait agrippé le col afin de le secouer et de le faire réagir, mais personne ne tenta de s'interposer. Ils voulaient tout autant que Kise se livre enfin, afin de pouvoir lui venir en aide efficacement.
« Tu te rends pas compte qu'en continuant comme ça, tu vas te retrouver tout seul !? On est là pour toi ! On te tend la main et toi, tu fais quoi ? Tu nous craches dessus avec ta putain d'ignorance ! C'est ce que tu veux Kise ? Tu veux te retrouver tout seul, merde !?
— Lâche-moi ! »
Kise envoya son bras bousculer celui d'Aomine et il parvint à se détacher, foudroyant du regard cet homme qui se dressait face à lui. Ses yeux ambrés brillèrent par ses larmes contenues difficilement, mais aussi par la colère qu'Aomine était parvenue à faire sortir de son être. Cette colère qu'il avait contre lui-même, mais aussi contre les autres.
« Arrête de faire l'hypocrite ! J'ai essayé de m'excuser et tu m'as toujours rejeté ! Qu'est-ce que tu cherches à faire ce soir au juste, Aominecchi ? Ta rédemption ? Ou c'est Momoi qui a trouvé une bonne carotte pour te faire avancer ? »
Un sourire difforme trancha en deux parties le visage de Kise, dont la fureur lui faisait dire des méchancetés.
« Tu sais quoi ? Je vais même pas m'abaisser à te répondre. Tu veux pas de mon aide, très bien, j'ai compris. C'était mon erreur de venir. Salut. »
Aomine se détourna de Kise sans lui jeter un autre regard, demandant simplement à Momoi si cette dernière comptait le suivre pour qu'il la ramène. Comprenant que la soirée était de toute façon terminée, la jeune femme suivit les pas de son ami après avoir salué tout le monde. Les deux silhouettes ne tardèrent pas à disparaître et ne laissèrent que Kuroko et Kasamatsu en présence du mannequin qui jura à de multiples reprises, les poings serrés et la mâchoire contractée.
« Pourquoi tu ne lui as pas simplement dit que c'étaient les gars qui nous avaient agressés ? Souffla finalement Kasamatsu.
— Pardon ? Renchérit Kuroko, espérant avoir mal entendu.
— J'ai retrouvé Kise coincé dans le fond d'une impasse, quelques-uns de ces gars étaient d'ailleurs…
— Senpai. Il n'a pas besoin de savoir ça, le coupa fermement Kise.
— Alors si. Je veux savoir. Tu as été le premier à m'appeler quand Kasamatsu-san et Aomine-kun t'ont rejeté, ou à m'appeler pour sortir et te changer les idées, alors maintenant, accepte mon aide.
— Mais…
— Je ne sais pas pourquoi tu as refusé l'aide d'Aomine-kun, mais ne refuse pas la mienne. Est-ce que ces personnes ont un rapport avec cet homme ?
— De quoi vous parlez ? Interrogea Kasamatsu en voyant la mine grave de Kise à l'entente de ce nom.
— Imayoshi. »
Ce nom ne sembla pas inconnu aux oreilles de Kasamatsu puisqu'il se mit à son tour à crier sur le blond, se rappelant de la soirée de tous les trois avec Aomine, lorsque ce dernier avait découvert le pot aux roses.
« Si ces hommes ont un rapport avec Imayoshi, il faut faire quelque chose, Kise-kun. Il faut même demander de l'aide aux adultes.
— Quoi !? Non, je peux très bien me…
— Ah bon ? Excuse-moi, mais on ne dirait pas. Tu es l'ombre de toi-même ces derniers jours et tu ne trompes personne. Alors maintenant, tu vas nous écouter.
— Mais si j'en parle ils vont me le faire payer et…
— Cela dépend à qui on en parle. »
Kuroko se voyait mal, en effet, prévenir les parents de Kise ou encore les autorités. Les autorités ne seraient pas suffisamment discrètes dans leur investigation et, de ce fait, attireraient davantage de problèmes à Kise. Le jeune homme se mit donc à réfléchir à toute allure au fait qu'Imayoshi semblait intéressé par le poste du père d'Aomine. Une idée germa alors dans son esprit et il attrapa son téléphone pour composer un numéro. Il s'éloigna ainsi des deux autres, qui le regardèrent faire avant de se regarder mutuellement.
Kise poussa un long soupir et prit finalement sa tête entre ses mains et, sans tarder, les larmes coulèrent. Il avait épuisé ses dernières forces et n'en pouvait plus. Ces hommes ne le laisseraient jamais seul et il venait sûrement de détruire sa dernière chance avec Aomine en se comportant comme un imbécile. Kasamatsu vint alors gentiment déposer sa main contre son dos, y exerçant des mouvements de bas en haut afin de le consoler.
Peu de temps après, Kuroko revint à la hauteur des deux garçons et les surprit autant l'un que l'autre.
« Akashi-kun est d'accord pour t'héberger le temps que cette histoire se règle. Tu devras cependant lui expliquer toute la situation, sans omettre quoi que ce soit.
— P-Pardon ? Tu veux bien parler de...
— Oui. Akashi Seijūrō, articula-t-il soigneusement.
— Mais, mais… Comment tu…
— Il n'est pas très patient alors nous devrions nous mettre tout de suite en route. On passera chercher tes affaires chez toi demain. » Éluda-t-il.
Kise ne parvenait pas à comprendre ce qu'il était en train de lui arriver ni comment Kuroko pouvait obtenir un tel privilège de la part du réalisateur. Kuroko lui avait parlé, il y avait de ça longtemps, qu'il aidait le rouquin avec son nouveau script et que ces deux-là semblaient bien s'entendre, mais Kise était loin de se douter de la réelle relation qui unissait son ami et l'homme dont il admirait, depuis des années, le travail. Ils saluèrent de la sorte Kasamatsu avant de prendre un taxi, comme le lui avait conseillé Akashi.
De toute évidence, Kise semblait être suivi. Son amant lui avait donc soufflé l'idée de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que ces hommes ne les suivent jusqu'à son appartement.
Une fois dans la voiture qui les emmena jusqu'au domicile d'Akashi et aussi, accessoirement, celui de Kuroko, Kise n'en revenait toujours pas.
« Mais comment Akashicchi peut m'aider ?
— De ce que j'ai appris avec le temps et en le côtoyant, il a le bras très long. C'est pour ça que tu devras tout lui dire, Kise-kun. Si ma présence te gêne, je pourrais partir, mais dis-lui tout. Il gardera tes secrets pour lui. Tu peux lui faire confiance.
— À t'entendre, on dirait qu'il peut résoudre n'importe quel souci, essaya Kise dans une tentative d'humour.
— Akashi-kun a aidé beaucoup de personnes, dans l'ombre. »
À plusieurs reprises, Kise inspira et expira afin de calmer les battements de son cœur. Il devait enfin saisir la main qu'on lui tendait, comme Aomine avait essayé de faire, mais qu'il avait plutôt rejetée en se montrant grotesque. Cette fois-ci, il devait saisir celles de Kuroko et d'Akashi. Ses mains se contractèrent autour de son pantalon, à la fois stressé et complètement perdu, mais celle de Kuroko vint gentiment se poser sur le dos de la sienne.
Un discret sourire se forma sur les lèvres de son ami et le rassura pourtant plus que de raison.
La voiture s'arrêta peu de temps après et, malgré son hésitation et ses pieds chancelants, ils terminèrent dans l'ascenseur qui monta jusqu'à l'étage où résidait le célèbre réalisateur. À plusieurs reprises, Kise répéta qu'il allait mettre les pieds chez Akashi Seijūrō et qu'il n'en revenait toujours pas, amusant un peu plus, à chaque fois, Kuroko. Il était vrai qu'il voyait plus en Akashi l'homme qu'il était que pour son métier, de ce fait il ne s'était jamais retrouvé dans un état tel que l'était en cet instant Kise.
Une fois les portes ouvertes et se dirigeant vers l'appartement du réalisateur, Kise fut pris d'un léger doute qui le fit s'arrêter. Ce n'était pas une bonne idée. De toute façon, que pouvait faire Akashi pour lui ? Il doutait fortement que celui-ci connaisse personnellement Imayoshi et, qu'en quelques paroles et mains serrées, son sort soit enfin plus clément. L'idée même qu'Akashi puisse ne serait-ce que connaître Imayoshi lui paraissait déjà farfelue et invraisemblable.
« Ne t'en fais pas, Kise-kun. Respire et sois naturel.
— Facile à dire… » Soupira-t-il.
Kise agita ses bras en espérant qu'en agissant de la sorte sa nervosité quitterait les pores de sa peau et le laisserait tranquille et serein. Malheureusement, cette technique ne marcha qu'un laps de temps et le stress revint au grand galop lorsqu'il entendit Kuroko toquer. Son souffle se coupa et les secondes devinrent de très longues heures, sa gorge se mettant à s'assécher, lorsque la porte s'ouvrit pour laisser apparaître une chevelure sanguine accompagnée d'un regard perçant, leurs couleurs hétérochromes se posant immédiatement sur lui et le faisant déglutir.
Depuis la première fois où il avait entendu parler d'Akashi, Kise avait toujours trouvé cet homme inatteignable et d'une prestance gigantesque. Leurs routes s'étaient quelques fois croisées au détour d'un gala, mais le réalisateur était toujours accompagné par des hommes influents ou tout aussi réputés que lui, le rendant davantage inaccessible. Akashi était, pour Kise, ce genre de personnes qui réussissaient dans n'importe quel domaine. Leur confiance en eux et leur instinct les guidant sur la voie du succès ou de la richesse.
Il allait à présent entrer dans la zone de confort de l'une de ces personnes, où Akashi passait ses journées et où il élaborait ses scénarios. Il allait entrer dans la vie intime de cet homme qu'il admirait depuis ses tous premiers films.
« Pardonne-le, Akashi-kun. Kise-kun n'arrive pas à croire que tu sois en face de lui en ce moment, confia Kuroko pour briser le silence qui s'était installé.
— Demande-lui s'il préfère du thé ou du café pendant que je vais à la cuisine. Il retrouvera peut-être ses esprits, d'ici là. »
Kuroko répondit au sourire que lui envoya son amant avant de se tourner vers Kise qui n'avait plus produit le moindre mouvement depuis plusieurs minutes. Il passa ainsi sa main devant ses yeux, essayant de le faire réagir, avant de voir le blond se ressaisir et cligner plusieurs fois des yeux. Les deux jeunes hommes entrèrent par la suite dans l'appartement d'Akashi et Kise n'en loupa pas une miette. Il intégra dans sa rétine les meubles et les décorations du réalisateur, se promettant intérieurement de ne jamais oublier ce jour.
Son attention se tourna par la suite sur la silhouette de cet homme qui l'accueillait chez lui et qui pouvait peut-être lui venir en aide. Il examina chacun de ses gestes, comme s'il découvrait pour la première fois une personne préparant du café.
« Du coup, que préfères-tu ? L'interrogea Akashi.
— Pardon ?
— Thé ou café ?
— Celui qui vous convient. Ne vous dérangez pas pour moi.
—Si tu dois passer quelque temps ici, il serait préférable que je sache ce que tu préfères boire, non ? Tu n'as pas besoin de faire de manières, ici.
— Akashi-kun en fait déjà suffisamment à lui tout seul, de toute façon, se moqua affectueusement Kuroko.
— C'est pour ça que ton ami n'a pas besoin d'en faire. » Poursuivit l'intéressé.
Kise observa l'échange des deux hommes sans y revenir. Kuroko usait d'une telle aisance et facilité pour s'adresser à l'adulte que cela lui parut invraisemblable. Il finit tout de même par répondre à la question du rouquin qui lui tendit, peu de temps après, une tasse avec de l'eau chaude versée à l'intérieur, ainsi qu'un sachet de thé. D'un geste de la main, Akashi l'invita par la suite à s'asseoir autour de la table, à quelques mètres de leur emplacement, et il sentit son estomac se contracter sous la nervosité qui atteignait des sommets en cette soirée.
Il soupira pourtant longuement, essayant de s'en décharger, pour ensuite prendre place face au rouquin qui jeta un coup d'œil vers Kuroko, resté en retrait.
« Tu peux t'asseoir aussi, Kurokocchi. Autant que vous le sachiez tous les deux. »
L'adolescent ne se fit donc pas prier et prit place aux côtés de son amant. Il observa Kise, dont les doigts jouaient par-dessus la tasse, glissant pour ensuite remonter jusqu'aux rebords du morceau de vaisselle. Le blond n'était, de toute évidence, pas à l'aise, mais par ses sourcils froncés et ses lèvres se pinçant par intermittence, Kuroko sut qu'il ne s'agissait que de quelques minutes pour que son ami trouve ses mots et leur raconte enfin son histoire.
De sorte que lorsqu'il ouvrit finalement la bouche, les aiguilles du cadran tracèrent leur chemin. Cela prit un certain moment, mais Kise dévoila le premier jour où il avait rencontré Imayoshi et comment il était entré en contact avec lui. Il expliqua en détail les termes de leur contrat : Imayoshi s'occupant essentiellement des autres mannequins qui s'en prenaient à ses affaires, ou qui l'attendaient à la sortie des studios pour s'en prendre à lui, pendant que lui devait regrouper des informations sur le père d'Aomine. De ce qu'il avait compris, les autorités mettaient trop souvent leur nez dans les affaires d'Imayoshi et ce dernier comptait obtenir des noms, des renseignements et ensuite les faire chanter à son tour.
Malheureusement, il n'y était jamais parvenu et Aomine avait découvert ses intentions derrière leur soi-disant amitié.
« Cela fait plusieurs semaines que les hommes d'Imayoshi me suivent et me font comprendre que ça ne fera qu'empirer. Si senpai ne m'avait pas secouru ce jour-là, j'aurais très bien pu terminer à l'hôpital. Ils savent où j'habite et je commence à avoir peur… Vous pensez qu'ils peuvent s'en prendre à ma famille ? S'inquiéta Kise.
— Honnêtement, ça ne m'étonnerait pas. Ce sera sûrement la prochaine étape si tu continues à leur résister ou à les fuir, confirma Akashi.
— Mais on peut l'en empêcher, n'est-ce pas ? » Espéra Kuroko.
Pendant un instant qui parut une éternité pour Kise, il vit le rouquin croiser ses bras contre son torse et fermer les yeux. Le réalisateur réfléchissait à une solution en créant différentes hypothèses dans son esprit, essayant de trouver celle qui serait la plus efficace tout en étant la plus rapide. Il ne connaissait qu'une seule personne qui avait, tout comme Kise, trempé dans ce genre de milieu et qui était parvenu à s'en sortir. Malheureusement, sa relation avec cette personne n'était actuellement pas au beau fixe.
Kuroko sembla remarquer son air contrarié puisque, discrètement, Akashi sentit contre sa main celle de l'adolescent. Kise ne put rien voir de cet échange puisque tout se déroulait sous la table, mais ce simple geste de la part du lycéen permit à Akashi de se détendre.
« Je connais quelqu'un qui pourrait nous aider, mais je ne vais pas te mentir, Ryōta. En plus d'être capricieuse, cette personne est encore plus fière que moi. Et en ce moment, je ne suis pas en bonne relation avec elle.
— Ne vous en faites pas, Akashicchi, sourit Kise tout en se forçant à paraître détaché. Je ne m'attendais pas vraiment à ce que vous...
— Je n'ai pas dit que je ne pourrais pas, trancha l'intéressé. Ça prendra juste un peu plus de temps, mais il n'a jamais su me refuser quoi que ce soit. »
Tout en observant le profil du rouquin, Kuroko chercha à définir l'identité de cette personne. Il était conscient qu'Akashi connaissait du beau monde, grâce à la réputation de son père et de son métier de réalisateur, mais pour demander une telle faveur, le rouquin devait personnellement connaître cet homme. Pour cela, Kuroko connaissait à peu près tous les amis proches de son amant.
Cela l'étonnerait que Takao soit cette fameuse personne, mais il ne serait qu'à moitié étonné de l'apprendre. Après tout, le brun semblait regorger de secrets.
Il fut par la suite convenu que Kise occupe l'ancienne chambre de Kuroko, ce dernier ayant élu domicile dans la chambre d'Akashi. Au départ, Kise avait insisté pour prendre le canapé et ainsi éviter de déranger Kuroko, mais surtout Akashi, ce qui fit ainsi comprendre au rouquin que le mannequin n'était pas au courant de la nature de leur relation. Il avait donc attendu de voir la réaction de Kuroko, afin de ne commettre aucune erreur et étira un sourire ravi en voyant Kuroko pousser Kise pour que celui-ci termine dans la pièce désirée.
Bien que plus grand qu'eux, Akashi prêta une de ses chemises au blond, qui considéra le tissu comme la huitième merveille du monde. Kuroko fronça cependant ses sourcils en voyant quelques rougeurs se profiler sur le visage de son ami lorsque ce dernier apporta le vêtement à son visage. Bien sûr, elle portait l'odeur de son amant.
« Suis-moi au lieu de le foudroyer du regard, lui souffla discrètement Akashi avant de se diriger vers leur chambre.
— Je ne le foudroyais pas du regard, démentit Kuroko.
— Pas le moins du monde. »
Le sourire taquin qui prit place sur les lèvres du réalisateur fit un peu plus grommeler l'adolescent qui referma la porte derrière lui et se dirigea de son côté du lit pour commencer à se changer. Ce fut en attrapant le haut de son pyjama qu'il réalisa qui était la personne décrite par Akashi. Un homme fier, peut-être même davantage que son amant, sans parler du fait que leur dernière conversation s'était révélée être une dispute… cela ne pouvait être que lui.
« Il s'agit de Nijimura-san, n'est-ce pas ?
— Quel indice t'a mis sur la voie, s'amusa Akashi devant son air étonné.
— Takao-kun est capricieux, mais pas aussi fier que toi. Et tu n'as pas beaucoup d'amis à qui tu irais demander des faveurs.
— Sous-entendrais-tu que je n'ai pas d'amis, Tetsuya ? »
Lentement, Akashi vint rejoindre l'adolescent de son côté du lit. Le réalisateur n'était vêtu que d'un bas de pyjama, ce qui laissait son torse complètement visible aux yeux de Kuroko qui n'en perdait jamais une miette. Son regard se fit donc attraper par cette peau qui captait la lumière et qui l'attirait à lui, mais il tenta de résister au stratagème posé par son amant fourbe. Il voulait savoir pourquoi son choix se portait sur le scénariste. Le cas de Kise n'était pas anodin ni sain. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi Akashi se tournait donc vers lui.
« Kise-kun a des contacts avec des personnes qui peuvent se montrer dangereuses, alors je ne te voyais pas demander cela au premier venu. Mais pourquoi Nijimura-san ?
— Car Shūzō a eu une adolescence qu'on qualifierait de… rebelle ? Enfin, le mot est faible. Mais oui, il connaît le milieu de la rue.
— Il a déjà été dans des histoires comme celle d'Imayoshi ?
— Dans le cas de Shūzō, il s'agissait plutôt de combats de rue. Même si ces derniers étaient illégaux, il n'a jamais touché ou vendu quoi que ce soit. »
Akashi repartit de son côté du lit et s'allongea, invitant par la suite Kuroko à venir le suivre. Une fois la couverture rabattue sur leur corps, il remarqua le visage resté curieux de son amant et soupira. Il pouvait bien reconnaître à Kuroko qu'il était difficile d'imaginer le célèbre et respecté Nijimura Shūzō en garçon bagarreur qui cherchait des ennuis aux délinquants de leur quartier.
« Comme tu le sais, mon père a énormément de défauts, mais je lui serais toujours reconnaissant sur un point.
— Il est intervenu pour aider Nijimura-san ? »
Un léger rire emporta Akashi qui se tourna pour faire face à son amant, passant son bras autour de sa taille et calant son front contre le sien.
« L'histoire que je vais te raconter remonte à très longtemps, lorsque je n'étais que collégien et que j'ai fait la rencontre d'un délinquant appelé : Nijimura Shūzō. »
Et tandis qu'Akashi commençait son histoire, Kuroko observa son visage et sentit son cœur se gonfler davantage pour cet homme qui lui livrait son enfance, ses secrets et un peu plus de son jardin secret. Il mit donc un point d'honneur à écouter attentivement le récit de son amant, blotti dans ses bras et son parfum venant ravir ses narines. Un jour, il le lui dirait. Ces trois mots qui démangeaient furieusement ses lèvres, mais pas maintenant.
Maintenant, il allait en apprendre plus sur Nijimura et sur sa relation si spéciale avec la famille Akashi.
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Le lendemain matin, Akashi et Kuroko déjeunèrent en tête en tête. Les deux amants avaient décidé de laisse le blond se réveiller au gré de son envie, puisque celui-ci devait sûrement manquer d'une véritable nuit de repos, à ne pas s'inquiéter pour le lendemain. Ils se préparèrent en produisant le moins de bruit possible, se frôlant légèrement et se souriant avant que Kuroko n'enfile son manteau et ne se dirige vers la sortie pour rejoindre son lycée. Il embrassa toutefois Akashi une dernière fois, lui souhaitant une bonne journée et le remerciant encore pour accueillir Kise chez lui, avant de refermer la porte derrière lui.
Akashi ne se retourna pas tout de suite. Dans son dos, il avait entendu la porte de la chambre s'ouvrir pendant que Kuroko avait déposé ses lèvres sur les siennes. De sorte que, lorsqu'enfin il se tourna, la silhouette de Kise lui apparut, non sans surprise. Le jeune homme avait la bouche ouverte et les yeux agrandis. Le réalisateur plaça son index par-dessus ses lèvres avant de rejoindre sa cuisine.
Il prépara ainsi un thé pour leur invité, glissant ensuite la tasse sur la table pendant que Kise continuait à le regarder fixement. Le blond ne posa aucune question, mais l'expression de son visage était passée de la surprise à l'émerveillement des plus sincères et enfantins.
« J'aimerais te poser une question, Ryōta. Pourquoi as-tu signé un contrat avec cet homme ? »
Le sourire du mannequin se volatilisa immédiatement et son regard se fit absent. Il savait que c'était stupide et qu'il méritait sa situation actuelle. Après tout, il l'avait bien cherché, n'est-ce pas ? Pourtant, Kise savait que s'il devait recommencer, il ferait de nouveau les mêmes choix.
« Vous devez savoir qui est mon père et…
— Je t'arrête tout de suite, je me fiche de qui est ton père. Ce que je te demande, c'est à quoi tu pensais en t'associant à cet homme. »
Kise regarda son idole et ouvrit la bouche pour lui répondre, sans pour autant qu'un mot n'en sorte. Son père avait toujours été la raison de ses problèmes, mais au fond, cette raison était devenue sa principale excuse pour justifier ses actes et ses abandons. Si malgré ses efforts il ne parvenait pas à réussir, c'était la faute de son père. C'était la faute de son père si ces autres mannequins en avaient après lui, si les producteurs et scénaristes les comparaient et ne le retenaient pas.
Le premier jour où son chemin avait croisé celui d'Imayoshi, à quoi avait-il pensé ? Il savait déjà que ce serait une mauvaise décision. Cela ne l'avait pourtant pas empêché de serrer la main de cet homme. Mais quelles avaient été ses pensées, à cet instant précis ? Kise était rempli de rancœur : contre son père, contre ces mannequins et ces professionnels qui ne le reconnaissaient pas, contre lui-même pour ne pas réussir à décrocher un rôle et s'écraser.
De son côté, Akashi étudia les multiples expressions qui défilaient sur le visage du jeune homme. Par instant, Kise contractait ses poings selon le fil de ses pensées, avant de les desserrer. Le rouquin pouvait aussi voir l'étincelle furieuse qui défilait dans les yeux ambrés, mais aussi remplis d'une tristesse infinie.
« Je voulais qu'ils paient. »
La voix de Kise était profonde, sérieuse. Akashi cessa, de ce fait, son observation pour se concentrer sur ce que ce garçon allait lui révéler.
« J'en avais assez de courber le dos et je voulais que l'on me voie pour ce que je suis.
— Et tu penses que tu as réussi à accomplir ces choses-là ? Interrogea sincèrement Akashi.
— Oui. Mibucchi m'a proposé un rôle et des chasseurs de tête commencent à appeler ma manager.
— Et est-ce que tu as eu besoin d'Imayoshi pour que Reo te propose ce rôle ? De ce que j'ai compris, la seule chose que cet homme a fait pour toi, c'est d'éloigner tes collègues qui te cherchaient des ennuis. Cependant, ce problème, tu aurais pu t'en occuper toi-même.
— Comment ?! C'est facile à dire pour des personnes comme vous qui ont tout.
— Tu crois réellement que ma vie a été un long fleuve tranquille depuis que je suis né ? Ton souci, Ryōta, c'est que tu te soucies bien trop de l'avis de ton entourage. Jamais tu n'auras l'approbation absolue. Tu dois apprendre à continuer de tracer ta route sans te soucier de l'avis de tout le monde, concentre-toi juste sur le tien et celui des personnes qui te sont importantes. »
Kise détourna le regard, mais la colère illuminait ses iris. Il n'était pas venu ici pour avoir une leçon de morale. Son langage corporel ne passa pas inaperçu à Akashi qui soupira.
« Si tu le souhaites, ma porte est ouverte. Je ne te retiens pas prisonnier, mais tu dois savoir que si tu la passes, ne viens pas te plaindre auprès de Tetsuya ensuite.
— Et je peux savoir pourquoi ?
— Tu ne peux pas continuellement t'apitoyer sur ton sort et refuser que l'on t'apporte de l'aide. Tetsuya se fait beaucoup de soucis pour toi, alors accepte son aide. Ne gâche pas tout. »
Un juron traversa les lèvres du jeune homme, trop énervé pour pouvoir entendre raison maintenant. Akashi se releva alors et se dirigea vers son entrée, afin d'enfiler son manteau.
« Aujourd'hui, je vais rejoindre mon ami et voir s'il peut nous aider. Et ne t'inquiète pas, cette histoire sera bientôt derrière toi, fais-nous confiance. »
Akashi le salua avant de sortir de son appartement. À la sortie du réalisateur, Kise poussa un soupir et il regarda autour de lui. À une autre époque, il aurait fouillé chaque recoin pour trouver des merveilles et ainsi mieux connaître son idole, mais aujourd'hui, il se sentait las. Les paroles d'Akashi tournaient dans un coin de son esprit, mais il ne voulait pas y songer. Kise termina donc son petit-déjeuner avant de repartir se coucher. Il avait encore de nombreuses nuits d'insomnies à récupérer.
Au bout de plusieurs minutes, de son côté, Akashi se rapprocha de l'appartement de Nijimura. Reparler de son enfance aux côtés du brun à Kuroko lui avaient fait remonter tous les bons et mauvais souvenirs. Malgré leurs multiples désaccords, il savait que, jamais, il ne pourrait rester éternellement fâché contre le brun. Ils se supportaient depuis suffisamment longtemps pour savoir qu'à présent, ils étaient condamnés à se voir vieillir.
Il toqua donc avec assurance à la porte de son ami, mais rien ne vint. Cela faisait un certain temps qu'il venait de signaler sa présence et il n'avait rien obtenu, pas même la voix de Nijimura lui demandant d'attendre. Akashi retenta donc une deuxième fois, avec plus de force, et toqua à nouveau.
Une voix injurieuse ne tarda pas à parvenir jusqu'à ses oreilles et il patienta quelques secondes supplémentaires, voyant par la suite la porte s'entrouvrir sur un Nijimura qui tenait, à bout de bras, son pantalon et qui marqua un temps d'arrêt en le reconnaissant.
« Akashi ? Qu'est-ce que tu fais…
— Nijimura-san ? »
Une voix féminine provenant de la chambre fit se retourner Nijimura pendant qu'Akashi sourit.
« Tu veux que je repasse ? Demanda-t-il, amusé.
— Attends deux secondes. Et retire ce putain de sourire de ton visage. »
La porte se referma brusquement et Akashi rit en entendant distinctement la voix de son ami, mais aussi celle de cette femme excédée de se faire mettre à la porte. Le rouquin ne fut donc pas étonné lorsque la jeune femme le foudroya du regard, sifflant rageusement alors que ses talons claquaient contre le trottoir. Akashi la regarda partir avant de se tourner vers Nijimura, qui avait laissé la porte ouverte et qui, au même instant, regroupait ses affaires éparpillées sur le sol afin de faire un peu de rangement.
Akashi partit s'asseoir pendant que le brun renfila son T-shirt avant de venir le rejoindre.
« Je peux, à présent, connaître la raison de ta présence ? Demanda Nijimura, assez sèchement en vue de leur précédente conversation téléphonique.
— Rassure-toi, je ne viens pas pour reparler de Nijiko.
— Et donc, à part pour niquer mon coup, pourquoi tu es ici ?
— Je ne peux pas venir boire un café avec mon ami, chez lui ? »
Le regard de Nijimura se plongea dans celui hétérochrome d'Akashi, jugeant la véracité de ses propos. Il se plongea néanmoins dans la contemplation de cet œil doré dont il avait le fin mot et il se mordilla les lèvres avant de détourner les yeux. Akashi sourit en saisissant le fil de ses pensées, avant de reprendre la parole.
« Tu sais, Shūzō, je t'en aurais parlé si j'avais trouvé le courage de faire face à la réalité. Mais à cette époque, je ne voulais pas croire que j'étais devenu borgne…
— Tu l'es vraiment, alors ? Formula Nijimura afin d'entendre ces mots et être sûr une bonne fois pour toutes, la voix chargée d'émotions.
— Pratiquement, oui. Mon œil discerne encore les silhouettes, mais c'est flou. »
Nijimura passa sa main autour de sa nuque et jura. Cette femme lui avait tout raconté et cela, dans les moindres détails, mais le brun était frustré. Il aurait aimé pouvoir revenir en arrière et intervenir pour éviter que le drame ne se produise. Mais ce n'était malheureusement pas possible et ils ne pouvaient que continuer de tracer leur route par-dessus leurs erreurs et leurs choix.
« J'ai raconté à Tetsuya comment on s'est rencontré et comment nous sommes devenus amis, au fait, avoua subitement Akashi.
— Quand ces gamins te volaient tes affaires et que je te les ramenais ? Je le lui avais déjà raconté, il y a longtemps, ricana l'intéressé.
— Pas seulement. Je lui ai aussi parlé de tes combats de rues. »
À cette révélation, Nijimura cessa de rire et cligna plutôt plusieurs fois des yeux. Il n'avait pas honte de son passé et avait réussi à se remettre en question et devenir l'homme qu'il était actuellement, mais cela le surprenait qu'Akashi aborde un tel sujet avec son petit ami.
« Ryōta a des problèmes avec un homme qui s'appelle Imayoshi et il aimerait s'en débarrasser.
— Attends, tu veux m'envoyer à ce gars et que je lui casse la gueule, c'est ça ? »
Le regard désabusé que reçut Nijimura lui fit comprendre qu'il faisait fausse route. Il demanda alors à Akashi de lui raconter toute l'histoire, mais avant cela, il allait leur apporter de la bière. Ainsi, une fois assis et prêt à tout entendre, le rouquin répéta l'histoire que Kise lui avait confié la veille. Cela prit du temps et, à plusieurs reprises, Nijimura sermonna ce blond stupide et inconscient, sous le regard rempli de reproches d'Akashi.
« Tu étais pareil à son âge, je te rappelle, souligna le réalisateur.
— Oui, mais je n'entraînais pas les autres dans mes… Arrête de me regarder comme ça !
— Si tu n'entraînais pas les autres dans tes problèmes, tu m'expliques pourquoi mon père en est venu à te gifler ? »
Nijimura se ratatina dans son canapé, les bras croisés contre son torse et marmonna diverses injures. Il savait que le rouquin avait raison et que sa propre stupidité avait entraîné beaucoup de personnes avec lui. Son souvenir le plus important et le plus déterminant pour sa vie actuelle représentait justement le père d'Akashi, ayant fait le déplacement de sa grande demeure pour mettre les pieds chez la famille Nijimura.
Une mère qui se battait et cumulait plusieurs emplois pour nourrir ses trois enfants après la mort de son mari, un fils aîné qui s'était décoloré les cheveux pour obtenir un blond tape à l'œil et qui se battait dans la rue pour quelques billets, tandis que les deux plus petits avaient besoin de couches et de nourritures appropriées : voilà ce que représentait la famille Nijimura. Une famille qui luttait pour survivre, qui n'avait pas les moyens de s'acheter des consoles ou des glaces pour se faire plaisir. Dès son plus jeune âge, Nijimura avait appris à se battre et à défouler sa colère d'avoir perdu son père trop tôt et d'être devenu la figure paternelle de la famille sans en avoir les épaules.
Il revenait couvert d'ecchymoses et ensanglanté, mais sa mère, qui travaillait tout le temps, n'avait pas le temps de le voir. À chaque fois qu'il rentrait à la maison, cassé en deux, il prenait toutefois soin de glisser les billets gagnés dans le portefeuille de sa mère. Au moins, sa bêtise ramenait de l'argent. C'était ce qu'il se disait. Il parvenait à aider sa maman et à la soulager. Malheureusement, les professeurs avaient fini par appeler sa mère à cause de son visage tuméfié.
« Les professeurs et ta mère ne voulaient que te venir en aide, mais tu as tout rejeté en bloc.
— Akashi, soupira-t-il. On a déjà eu cette conversation.
— Oui, mais regarde. Tu dis encore que tu n'as entraîné personne dans tes bêtises. Tu crois que c'est qui la personne qui a prévenu les professeurs ? Ils ne voulaient pas me croire quand je leur disais que ce n'était pas contre des élèves que tu te battais. Et comment crois-tu que mon père ait fini par l'apprendre, aussi ? Tu étais ce garçon qui me rapportait toujours mes affaires volées, qui me taquinait et qui avaient toujours le visage recouvert de pansements et de blessures, mais jamais je ne te voyais te battre ou manquer de respect à qui que ce soit. Je t'ai donc suivi un jour, Shūzō.
— Bien que m'avouer ce genre de choses des années après me fasse flipper, je t'en remercie. Mais pourquoi cet élan d'émotion ? Tu vas m'annoncer que t'es en phase terminal ? S'inquiéta-t-il faussement.
— Car la situation que traverse, en cet instant, Kise m'a rappelé la tienne. Vous pensez tous les deux n'entraîner personne, sans prendre conscience que les personnes pour qui vous comptez sont mortes d'inquiétude. »
Nijimura sourit en coin. Akashi tenait, aujourd'hui, le discours de son père lorsqu'ils étaient tous les deux collégiens. Masaomi et sa mère se trouvaient dans la cuisine et avaient tenté de le raisonner. Elle avait ensuite éclaté en sanglots à cause de l'épreuve morale et physique qu'elle traversait, mais aussi la résistance qu'elle rencontrait face à son fils aîné qui prenait la mauvaise voie. Nijimura s'était alors davantage énervé contre elle, contre ces larmes qui coulaient. Il ne faisait pas ça pour la faire pleurer. Ce n'était pas son but.
Ce fut à cet instant que Masaomi le gifla sèchement. Une gifle qui retentit dans toute la pièce et la maison, imposant son silence et le regard interloqué de tous. En face d'eux, droit sur ses jambes et le regard sérieux, Masaomi prononça ces mots qui avaient, à coup sûr, influencé sa vie.
« Regarde ces larmes et dis-moi que tu n'as entraîné personne dans ta stupidité. Maintenant, ouvre-les yeux et saisis l'opportunité que je t'offre pour te relever. »
Ce jour-là, que ce soit pour Akashi ou Nijimura, Masaomi brilla. Sa voix était furieuse et son regard aurait fait fuir n'importe quelle personne censée, mais la main que cet homme lui avait tendue paraissait chaleureuse et sereine. C'était la bonne décision à prendre et Nijimura le savait. La poigne s'était donc faite sans attendre et Masaomi l'avait rapproché contre lui, afin de lui souffler des paroles que les autres n'avaient pas besoin d'entendre.
« Par contre, la prochaine fois que tu mêles mon fils à tes histoires, ne compte pas sur lui pour te défendre. Ma colère sera sans pitié. »
Nijimura se souvint qu'à cet instant, il avait dégluti et avait pris peur pour sa vie. À présent il comprenait pourquoi le père d'Akashi avait prononcé ces propos, puisqu'il n'était pas au courant que le rouquin l'avait suivi un jour dans ces rues mal fréquentées. Après la venue de Masaomi et des conversations avec sa mère, Nijimura avait donc arrêté de se battre et avait reteint ses cheveux pour qu'ils redeviennent bruns.
Il avait ensuite attendu d'avoir l'âge requis pour trouver un petit boulot. Grâce à l'intervention d'Akashi, de son père, mais aussi de sa mère, Nijimura était parvenu à reprendre en main sa vie et cesser de prendre les mauvaises décisions.
« Et donc, pourquoi tu viens me voir pour ce garçon ? Si la police le connaît déjà, pourquoi ne pas aller les voir, plutôt ? S'intéressa-t-il.
— Le problème est que Kise est une célébrité. Les médias se jetteront sur ce genre d'informations et sa carrière peut en être anéantie.
— Mais il y a des choses plus importantes, non ?
— Tu connais bien la famille Aomine, n'est-ce pas ? »
Akashi lui avait parlé du contrat liant Kise à cet Imayoshi et, de ce fait, Nijimura ne mit pas longtemps à saisir le raisonnement que semblait avoir élaboré son ami.
« Tu veux que j'aille directement en parler avec le père d'Aomine ? Comme ça on passe la case dépôt de plainte et paparazzi ?
— Tout à fait.
— Tu ne veux pas plutôt appeler ton père, que celui-ci file une gifle à Kise ? Ça a bien marché pour moi, rigola-t-il par la suite.
— S'il te plaît, sois sérieux. »
Les deux amis continuèrent de parler de leur passé, mais aussi de l'affaire Kise en développant divers points, tout en écoulant plusieurs bières et bouteilles de vins. Cela faisait une éternité qu'ils ne s'étaient pas retrouvés de la sorte, discutant de tout et de rien, profitant de l'instant ensemble. Akashi se demanda même s'ils l'avaient fait une seule fois. Nijimura lui parla ainsi de cette fille de tout à l'heure, mais aussi des autres avec qui il passait du bon temps, sans attachement.
En retour, Nijimura lui demanda comment s'était finalement passé son petit séjour à Kyōto, avec Kuroko. Le petit sourire qui s'étendit aussitôt sur les lèvres du réalisateur fit se redresser le brun, afin de mieux le voir mais surtout discerner un peu mieux l'expression ravie qui couvrait ce visage habituellement si fermé. Le regard hétérochrome d'Akashi se plongea dans le sien en comprenant son manège et le rouquin but plusieurs gorgées d'affilée.
« Attends… t'es gêné, là ? Demanda Nijimura, incrédule.
— Et puis quoi encore.
— Il est gêné ! »
Le brun partit dans un rire tonitruant et se ficha éperdument du regard assassin qu'Akashi lui envoya. Ce n'était pas tous les jours que le grand Akashi Seijūrō montrait ses émotions et encore moins quand ces dernières concernaient sa vie intime. Puis, une fois calmé et s'être essuyé ses larmes de joie, Nijimura soupira longuement, tout en fixant son compagnon de boisson. Un sourire tendre avait pris possession de ses lèvres.
« Tu sais, Akashi, tu mérites d'être heureux. Je dis pas ça par rapport à ton histoire avec Nijiko, mais pour tout. Kuroko est quelqu'un de bien, qui te voit pour ce que tu es. Rien que pour ça, je suis tellement heureux pour toi.
— Qui devient émotif, à présent, se moqua le rouquin.
— Oh, arrête, tu veux, ricana Nijimura. Je suis juste content que tu sois sorti de ton cocon et que tu tentes à nouveau une relation avec quelqu'un. C'est vraiment super. »
Un sourire à peine visible s'étira sur les lèvres d'Akashi et Nijimura le couva du regard. Il ne serait définitivement pas la personne qu'il était aujourd'hui si son chemin n'avait pas croisé la route de ce garçon, qui avait débarqué dans un collège en parlant bien trop poliment aux élèves à la suite de son éducation et des règles de bienséance qu'il avait reçu de son père.
Dans les couloirs, à cette époque, Nijimura entendait tous ces garçons qui se moquaient du nouvel arrivant, quand celui-ci avait le dos tourné. Les filles avaient, quant à elle, appris la richesse que détenait la famille Akashi et voyait donc en ce dernier le prince charmant venu les délivrer. Évidemment, tous les garçons finissaient par en vouloir à ce garçon qui attirait le regard de chaque fille et les faisait disparaître. De son côté, Akashi déambulait dans les couloirs tout seul et s'asseyait silencieusement à sa place, sans parler à qui que ce soit.
Nijimura l'avait, en effet, longuement observé avant de lui venir en aide. Il ne comprenait pas pourquoi ce garçon se faisait ainsi ignorer et persécuter, mais surtout, comment ce même garçon parvenait à rester aussi digne et détaché de tout ça.
« C'est à toi ça, non ? »
Il se souviendrait toujours de la première fois où il lui avait adressé la parole, lui tendant sous le nez sa paire de chaussures grâce aux lacets. Les yeux sanglants s'étaient alors dirigés dans sa direction et il le vit acquiescer pour toute réponse, avant de lever la main pour récupérer son bien. Toutefois, Nijimura n'avait pas voulu que cet échange se termine aussi vite alors il leva bien haut la paire de chaussures, de sorte qu'Akashi ne puisse pas l'attraper, sous peine de devoir sauter et tenter malgré tout de les lui piquer. Ce qui ne lui aurait pas ressemblé.
Nijimura se souvenait parfaitement de ce premier regard noir qu'il avait reçu de la part d'Akashi Seijūrō, mais assurément pas le dernier.
Le scénariste apporta son verre à ses lèvres et but tranquillement, le silence envahissant la pièce.
C'était reposant.
-x-x-x-
Plus tard dans la journée, Kuroko revint à l'appartement et découvrit Kise sur le canapé, mais ne parvint pas à trouver la moindre trace d'Akashi. Il déposa d'abord ses affaires dans le salon avant de faire le tour des pièces, Nigou entre les pattes.
« Akashicchi est sorti peu après toi, mais il n'est toujours pas revenu. Il est chez son ami, normalement. » L'avertit Kise.
Kuroko le remercia avant de venir s'installer à ses côtés, regardant à son tour la télévision. Il ne fit pas attention au regard que Kise posa sur lui. Le blond s'était en effet rappelé de ce matin, quand il avait aperçu son ami embrasser Akashi. Tant de questions le démangeaient, mais si Kuroko n'avait jamais abordé le sujet, ce n'était pas à lui de le faire. Kuroko était si gentil et attentionné à son encontre, il ne pouvait pas se permettre de le mettre mal à l'aise. Kise ne désirait pas cela.
Il adorait son Kurokocchi.
La porte s'ouvrit à nouveau, quelques minutes plus tard. Les deux adolescents se redressèrent aussitôt pour accueillir le maître des lieux, avant d'agrandir leurs yeux devant le spectacle qui s'offrait à eux. Au cours de son chemin, Akashi avait frôlé le porte-manteau et s'excusait auprès de celui-ci. Le rouquin se pencha vers l'avant, persuadé qu'il s'agissait là d'une personne.
« Veuillez m'excuser, je ne voulais pas vous faire de mal, parvint-il à prononcer en se baissant respectueusement une nouvelle fois.
— Kurokocchi, tu crois qu'il…
— Qu'il a bu avec Nijimura-san pendant tout ce temps ? C'est tout à fait ça. »
Sans ajouter quoi que ce soit d'autre, Kuroko rejoignit Akashi qui titubait dans le couloir de l'entrée. C'était la première fois qu'il voyait son amant aussi alcoolisé, lui qui tenait si bien habituellement. Une fois en face d'Akashi et remarqué de ce dernier, un large sourire vint se répandre sur les traits fins du réalisateur et décondensa aussitôt le lycéen.
« Kuroko ! »
Entendre son nom de cette bouche qui avait toujours prononcé son prénom le fit tressaillir. En voyant Akashi approcher de lui avec une telle expression bienheureuse, Kuroko sentit son cœur s'emballer, mais n'oublia pas la présence de Kise derrière lui. Il se décala alors sur le côté lorsqu'Akashi essaya de le prendre dans ses bras, s'excusant mentalement auprès de son petit ami, dont le sourire était retombé.
« Pourquoi tu m'évi…
— Viens avec moi. »
Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, Kuroko attrapa sa main et l'emmena à sa suite pour lui faire gagner sa chambre. Il passa devant Kise tout en se forçant à ne pas regarder le blond qui étira, quant à lui, un sourire face à la situation. Quelques rougeurs avaient pris possession des joues de son ami tandis qu'un sourire bienheureux se trouvait sur le visage de son idole.
Lorsque la porte menant à la chambre d'Akashi se referma, Kise retourna à la télévision et ricana. Il regrettait toutefois de ne pas avoir pris de photo avec son téléphone, afin de pouvoir les montrer au principal concerné lorsqu'il se sentirait mieux.
« Akashi-kun, soupira doucement Kuroko afin que Kise ne puisse rien entendre.
— Hmm ? Fredonna simplement celui-ci, ses mains posées sur la taille de l'adolescent.
— Allonge-toi sur le lit, s'il te plaît.
— Tu es devenu plus audacieux depuis mon départ, on dirait. »
Un léger rire emporta Akashi qui fit cependant ce qu'on lui demandait, titubant légèrement avant de se laisser tomber sur son lit et pousser un soupir de soulagement sans s'en rendre compte. Il avait moins l'impression que le monde tournait à toute allure autour de lui. Kuroko se rapprocha ensuite de lui et l'aida à retirer sa cravate, desserra aussi sa ceinture et enleva ses chaussures. Lorsqu'il eut fini et qu'il eut tout rangé, il ne fut pas surpris en voyant que le rouquin avait fini par s'endormir.
Kuroko s'assit à même le sol et déplaça quelques mèches rougeoyantes qui tombaient devant les yeux clos de son petit ami. Un sourire amusé étira enfin ses lèvres à ce nouveau souvenir d'Akashi.
« Merci pour tout ce que tu fais. Et merci pour être juste là, à mes côtés. »
Le réalisateur papillonna un instant des cils, prouvant, qu'en réalité, il ne dormait pas. Ce qui fit instantanément sursauter Kuroko. Son visage tourna au rouge écrevisse en un temps record.
« C'est moi qui devrais te remercier…
— On joue au jeu de celui qui est le plus ? S'amusa-t-il.
— Non merci, rigola faiblement Akashi.
— Mais merci pour te donner autant de mal, j'apprécie beaucoup. »
Malgré le fait que le rouquin soit réveillé, Kuroko continua à caresser du bout de ses doigts le visage de son petit ami.
« Tu ne veux pas venir te coucher avec moi ? Demanda finalement Akashi, d'une voix à peine audible.
— Mais Kise-kun est à côté et…
— Je me sentirais mieux si je t'ai dans mes bras. »
Kuroko sourit face au chantage affectif qu'Akashi était en train de lui faire, les yeux à peine ouverts et brillants à cause de l'alcool. Le lycéen céda pourtant à cet homme qui était définitivement adorable alcoolisé, se glissant à son tour dans les draps avant que le rouquin ne vienne entourer sa taille et le rapprocher de lui. Seulement, cette fois-ci, ce fut la tête d'Akashi qui reposa contre le torse de Kuroko et la main de celui-ci qui effleurait le dos de l'adulte.
« Si chaud… »
Sans plus tarder, Akashi s'endormit. Kuroko put entendre sa respiration régulière et vint caresser ses cheveux. En cet instant, son petit ami apparaissait comme un enfant qui avait besoin de réconfort parce qu'il était malade. Cette version d'Akashi était définitivement adorable.
Plus tard dans la soirée, lorsqu'Akashi et Kuroko sortirent de leur chambre, Kise avait préparé à manger et les accueillit avec un drôle de sourire. Le réalisateur préféra ne rien relever et remercia simplement son amant qui lui tendit un verre d'eau où un doliprane avait été mis à l'intérieur. Amusé, Kise put voir son ami être au petit soin avec Akashi. C'était la première fois qu'il voyait Kuroko aussi heureux, sans parler de son idole sur qui il apprenait tant de choses en l'espace de deux jours à dormir chez lui.
Il était tellement reconnaissant auprès d'Akashi, mais surtout de Kuroko. Pour ne plus l'inquiéter et lui faire du souci, Kise s'était promis, dans la journée, de faire des efforts.
Il allait réparer ses bêtises.
Et pour cela, il devait changer. Il le voulait.
