Bonjour tout le monde, comment allez-vous ?
Aujourd'hui je vous présente sûrement le chapitre le plus long de cette fiction, et vous comprendrez très rapidement le pourquoi de sa longueur ;) Encore un énorme merci pour kama-chan59 pour sa correction !
Réponse aux reviews :
Nia hakira : Je suis heureuse de savoir que le chapitre précédent t'ait plus et j'espère qu'il en sera de même avec celui-ci ;) Je te souhaite une bonne lecture !
Ryoko : Voici le chapitre suivant ! J'espère que tu n'auras pas versé trop de larmes en l'attendant ;) Je te souhaite une bonne lecture !
Danael : Bienvenue à toi :) Je suis heureuse que ma fiction t'ait plu et que tu aies eu le courage de tout rattraper mdr J'espère que ce chapitre te plaira ! Je te souhaite une bonne lecture !
Karma-power : Merci beaucoup, j'espère que l'année 2018 sera remplie de bonnes surprise ! Mais ne t'inquiète pas pour Kise, son histoire va bientôt s'arranger, ou pas ;p Pour ce qui est du Kikas, tu en auras très vite la réponse ! Concernant Nijimura, il en faut pour tous les goûts après tout xD Faut bien que les autres personnages ont aussi leur vie sexuelle de leur côté haha. Mais je suis ravie de voir qu'Akashi bourré t'ait autant plus xD C'était vraiment plaisant à écrire, comme scène en plus. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture remplie d'AkaKuro !
LUCKY02 : Tu auras en aperçu le plan qu'ont prévu Akashi et Nijimura dans ce chapitre, j'espère que cela te plaira ! Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
mower : Akashi est toujours classe voyons ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
ellie27 : En effet, on peut décrire la relation entre Akashi et Nijimura comme fraternelle. Je pense qu'ils la décrivaient comme ça si on leur demandait xD J'espère que la suite te plaira et je te souhaite une bonne lecture !
Le Papillon
Scène 37
Derrière chaque peur se cache un désir.
Jacques Salomé.
Le majordome de la famille Akashi tria les enveloppes dont la boîte aux lettres avait été remplie dans la matinée. Une, en particulier, attira son attention et il soupira. Au fond de lui, il aurait souhaité que ce jour arrive le plus tard possible. D'un pas lent, il entra dans la demeure de son maître et se dirigea jusqu'au bureau de celui-ci. Sur les murs étaient accrochés divers tableaux retraçant l'histoire de cette grande famille, des ancêtres jusqu'à la génération actuelle.
Il s'arrêta devant l'un d'entre eux où figurait son maître et sa femme, ainsi que leur fils unique, à peine âgé de deux semaines. La jeune femme était assise sur une chaise pendant que son mari se trouvait à ses côtés, la main posée sur son épaule et un large sourire illuminant ses traits habituellement si stricts et menaçants. Le majordome se demandait comment cette histoire aurait pu tourner si Shiori Akashi n'était pas décédée à la suite de sa maladie et, de ce fait, ce que serait devenue la relation entre son mari et son fils.
Est-ce qu'elle aurait trouvé un terrain d'entente entre ces deux hommes ? Est-ce qu'elle serait parvenue à les faire se retrouver dans une même pièce sans se crier dessus ? Aucune de ces questions ne trouveraient malheureusement l'écho d'une réponse et il ne pouvait qu'assister aux joutes verbales de son maître et de son enfant.
La lettre qu'il détenait allait apporter une nouvelle raison pour se disputer et se déchirer avec son unique fils. Rien que pour cela, le majordome désirait manquer à ses obligations et perdre par inadvertance le morceau de papier.
« Je peux savoir ce que tu es en train de faire ? »
La voix sévère le tira de ses songes pour bientôt discerner la silhouette de Masaomi Akashi, à sa gauche. L'attention de son employeur se porta sur l'objet entre ses mains et se rapprocha aussitôt.
« Les photos sont arrivées ? Demanda-t-il pendant que ses yeux commençaient à se plisser de colère.
— Oui. Les voici. »
Le majordome tendit l'enveloppe à son interlocuteur qui l'attrapa sèchement. Sans attendre plus longtemps, Masaomi déchira le papier et en ressortit les trois clichés qui lui avaient coûté une petite fortune, afin d'éviter qu'ils ne soient publiés dans la presse people.
Un sourire mauvais s'étira sur le coin de ses lèvres en apercevant deux silhouettes masculines entrelacées sous les cerisiers, leur rapprochement physique ne laissant que présager un baiser partagé et consenti.
« Appelle mon chauffeur, je pars pour Tokyo. »
Il acquiesça, tandis que Masaomi le dépassa pour rejoindre son bureau d'un pas énervé. Son regard retourna ensuite vers le tableau qui peignait une famille heureuse où aucun malheur ne semblait pourvoir s'abattre sur elle.
-x-x-x-
Kuroko fut le premier à se réveiller, ce jour-là, et put ainsi observer le visage encore endormi de son amant. Les souvenirs de la veille, où Akashi était rentré alcoolisé, ainsi que l'attitude de ce dernier à ces instants, lui revinrent en mémoire et un large sourire étendit ses lèvres. Ses doigts vinrent caresser quelques mèches de cheveux qui tombaient sur le front de son petit ami, tout en se rapprochant d'Akashi qui dormait sur le dos, son bras gauche tendu vers le côté du lit pour servir à Kuroko d'oreiller de choix.
Les sourcils du rouquin se froncèrent un instant et ses yeux ne tardèrent pas à s'entrouvrir, clignant à plusieurs reprises, tout en grommelant. Kuroko s'amusait toujours du fait que le réalisateur ne soit pas du tout matinal.
Sa main, qui caressait jusqu'à présent son visage, vint se poser contre le torse de son amant et il l'observa en train de se réveiller, sa joue posée contre son épaule.
« Il est quelle heure ? Soupira la voix encore ensommeillée d'Akashi.
— Trop tôt pour toi, de toute évidence. » Se moqua-t-il.
Un grognement emporta le réalisateur qui pivota sur le côté, faisant désormais face à Kuroko. Ses yeux hétérochromes purent ainsi visualiser le sourire taquin, qui couvrait les lèvres de son vis-à-vis, ainsi que ses cheveux dans un désordre invraisemblable.
« Tes cheveux sont toujours une horreur, au réveil. »
Kuroko n'eut pas le temps de rougir ou de répondre quoi que ce soit qu'Akashi apposait sa main contre ses cheveux sarcelles, tentant tant bien que mal de les aplatir et de leur redonner une allure satisfaisante. Le sourire attendri qui couvrait les traits du réalisateur fit battre un peu plus vite le cœur de Kuroko, qui ferma les yeux et profita du touché. De sorte qu'il ne vit pas Akashi se rapprocher jusqu'à ce que ses lèvres n'atteignent les siennes.
Lorsque le contact s'éloigna, il papillonna un instant et observa le visage d'Akashi qui se trouvait au-dessus du sien et qui attendait le moindre feu vert de sa part à travers son regard. Au cours de leur voyage à Kyōto, ils avaient été si loin et, pourtant, n'avaient pas franchi ce cap dans leur relation. Kuroko se sentait à l'aise aux côtés de son petit ami et, de toute évidence, ses sentiments à son égard s'apparentaient désormais bel et bien à de l'amour.
Il désirait Akashi, c'était un fait qu'il ne pouvait nier.
Sa main, jusqu'alors posée sur le matelas, se leva pour rejoindre la joue du rouquin et il en profita pour s'allonger sur le dos. Le cœur au bord des lèvres, il les entrouvrit pour soulever un sujet des plus sérieux à son amant.
« Une fois que Kise-kun sera parti, on pourrait essayer d'aller plus loin et... »
Kuroko sentit que son visage cramait et que son cœur menaçait de s'arrêter à tout instant, de sorte qu'il fut incapable de soutenir le regard d'Akashi et détourna les yeux pour regarder un point invisible dans la chambre. Il ne voulait pas terminer sa phrase, mais son cerveau le fit à sa place. Et s'il ne le supportait toujours pas ? Et si Akashi réalisait finalement qu'il s'agissait là d'un acte salissant et indigne ? Et s'ils n'y trouvaient aucun plaisir ?
Ses yeux se fermèrent et sa main retomba contre le matelas. Il regrettait déjà d'avoir prononcé ces mots.
De plus, le silence qui occupait à présent la chambre le fit un peu plus paniquer. Il osa donc relever son regard pour le plonger dans celui d'Akashi, qui était resté muet tout ce temps. Face au regard effrayé que le lycéen lui renvoya, le réalisateur ne tarda pas à se reprendre et vint déposer ses lèvres contre les siennes.
« Je te faisais les yeux doux pour avoir un véritable baiser de ta part, en réalité. Tu m'as pris au dépourvu, excuse-moi. »
Akashi étira un sourire contrit avant de venir poser son front contre celui de Kuroko. Ils restèrent, pendant un instant, dans cette position, profitant de leur proximité et de la quiétude qui s'en dégageait. Leur petite bulle se vit pourtant éclater par la sonnette de l'appartement, les poussant à s'éloigner et à s'interroger du regard pour savoir qui désirait les voir à une heure pareille. Tous deux quittèrent la chambre et aperçurent Kise qui en faisait de même, se frottant un œil encore endormi.
Lorsqu'Akashi ouvrit la porte, le visage qui se présenta à lui le surprit.
« Je sais, tu vas me tuer pour te réveiller aussi tôt, mais c'est important. Ça concerne Kise. »
Sans une explication supplémentaire, Nijimura le dépassa et entra dans le salon où il découvrit les présences de Kuroko et de la personne qui l'intéressait. De son côté, Akashi referma la porte avant de partir vers sa cuisine pour préparer du café.
« Je ne pensais pas que tu viendrais aussi rapidement, nota-t-il.
— Le hasard a voulu que sa femme m'ait appelé un peu après ton départ, alors j'en ai profité. Salut les garçons.
— Bonjour Nijimura-san.
— B-Bonjour… »
L'hésitation de Kise vint enflammer ses joues, mal à l'aise. Il venait de comprendre qui était cet ami dont lui avait parlé Akashi et qui pouvait lui venir en aide. À vrai dire, il n'osait pas quitter le sol du regard et rencontrer celui du scénariste, car il savait que celui-ci le fixait et attendait qu'il fasse le premier pas pour lancer la conversation, qui s'annonçait importante. Une main vint tout à coup se poser contre son bras et le poussa à regarder son propriétaire, tombant dès lors sur les yeux céruléens de Kuroko qui lui étira un sourire confiant.
« Tu n'as pas à te sentir mal à l'aise Kise-kun. Nous sommes là pour t'aider et te soutenir.
— Oui et d'ailleurs, tu sauras, nous ne sommes pas les seuls, révéla Nijimura.
— Comment ça ? Interrogea Akashi.
— Aomine est au poste de police, pour tapage nocturne. »
Kise crut avoir mal entendu, mais son rythme cardiaque, qui venait subitement de s'accélérer, lui fit comprendre le contraire. Il avait très bien entendu. Aomine s'était attiré des ennuis par sa faute et, cela, malgré les propos du basané qui disait qu'il ne ferait désormais plus rien pour lui. Nijimura confia, alors, qu'après le départ d'Aomine du bar dans lequel ils s'étaient tous rendus, il était parti dans les bas quartiers pour mettre la main sur cet Imayoshi de malheur.
À force de crier son nom et d'interroger plusieurs passants, Aomine était retombé sur le groupe d'hommes qui avait failli chercher des ennuis à Kise au cours de la soirée.
« Aominecchi va bien ? L'interrompit aussitôt Kise.
— À part quelques hématomes, il va bien. En revanche, pour toi…
— Ce n'est pas le moment d'instaurer du suspens, Shūzō, gronda Akashi face à l'arrêt subit de son ami.
— Son père te veut dans son bureau, tout de suite. »
Un silence pesant s'installa dans l'appartement d'Akashi. L'entrevue avec le chef de la police était ce qu'ils désiraient, mais Kise n'avait jamais pensé devoir refaire face à cet homme, surtout avec son secret de découvert. Il sentait la peur le consumer, tordre ses boyaux et lui donner envie de rendre tout ce qu'il avait pu manger depuis sa naissance. En le voyant commencer à perdre ses moyens, Kuroko l'attira pour le forcer à s'asseoir autour de l'îlot de la cuisine.
« Qu'est-ce qu'il lui veut ? Demanda ensuite Akashi, le regard sévère.
— Ne t'inquiète pas, ce n'est pas pour l'arrêter ou quoi que ce soit d'autre. Il veut juste des explications. Son fils se retrouve encore derrière les barreaux, après avoir scandé le nom d'un criminel, et il essaie juste de comprendre le pourquoi du comment. »
Kise se remémora toutes ces fois où il avait été accueilli chez les Aomine, où il avait discuté avec le père de son ami au cours du dîner ou lorsqu'il l'apercevait tout juste, en train de circuler dans les couloirs de sa demeure. Cette famille avait toujours été si aimable à son encontre, ravie de savoir que leur fils unique s'était fait un ami et l'invitait couramment à dormir chez eux. Ils lui avaient fait confiance et lui avaient ouvert leur porte avec le sourire, mais tout n'avait été que de la manipulation de sa part.
Il avait manipulé ces personnes pour qu'ils l'apprécient et ne l'empêchent pas de revoir Aomine.
« Kise, il faut qu'on y aille, intervint Nijimura.
— Laisse-le au moins déjeuner, non ? Gronda le rouquin.
— Il s'agit du chef de la police, Akashi. Il prend déjà sur son temps de travail pour nous recevoir, car il s'agit de son fils et qu'il s'inquiète.
— Je vais m'habiller. »
Sans un mot de plus ou un regard vers qui que ce soit, Kise se dirigea vers sa chambre et referma la porte derrière lui. Son départ rajouta un peu plus de tension dans l'appartement et Akashi ne se gêna pas pour fusiller le brun du regard.
« Quoi ? De ce que je sais, personne n'avait prévu qu'Aomine agisse de la sorte, non ? Se défendit le scénariste.
— En effet. Je pensais qu'Aomine-kun aurait ruminé dans sa chambre, tout en continuant d'insulter Kise-kun, concéda Kuroko.
— Tu vois, même ton copain est d'accord avec moi. »
Le sourire qui s'étendit sur les lèvres de Nijimura fit instantanément soupirer Akashi. La lueur joueuse qui brillait dans le regard argenté du scénariste était si enfantine qu'il n'avait même pas la force de s'énerver.
« Ça t'amuse, hein ?
— De ? Dire que ton copain est de mon côté plutôt que du tien ? S'amusa davantage Nijimura, sous le regard confus de Kuroko.
— Utiliser ce terme pour désigner Tetsuya. »
Un éclat de rire emporta Nijimura, qui vint dès lors enrouler son bras autour de la nuque du lycéen.
« Je te souhaite bon courage, mon vieux ! Ça ne sera pas facile tous les jours, avec un homme comme lui. »
Pendant que les deux adultes se chamaillaient, que Kuroko assistait à ce spectacle en souriant et que Kise enfilait des vêtements pour être le plus présentable possible, une nouvelle personne utilisa la sonnette de l'appartement. Akashi se dégagea ainsi de l'emprise de Nijimura, tout en lui jetant un regard mauvais pour se permette de telles choses avec lui, avant de se diriger vers la porte et découvrir la personne qui venait à nouveau le déranger.
Depuis quand son appartement était-il devenu une sorte de quartier général où tout le monde se retrouvait ?
Cette pensée le fit néanmoins sourire, au fond de lui, ravi d'être entouré par ces personnes. Ce même sourire qui se fana immédiatement face à son père qui lui faisait face. Ses yeux hétérochromes se perdirent dans ceux de son père, qu'une colère et une rage contenue rendaient si menaçants que son souffle en fut instantanément coupé. Le réalisateur recula d'un pas et permit ainsi à Masaomi d'entrer. Les rares fois où cet homme avait ce genre de comportement et d'étincelles dans le regard n'avaient jamais rien annoncé de bon. Tout au long de son enfance, il avait reçu ce regard coléreux lorsqu'il n'arrivait pas à faire un exercice et commettait plusieurs fois la même erreur ou lorsqu'il lui tenait tête.
Le rouquin fut donc incapable de penser ou de dire quoi que ce soit, ou même de se tourner pour voir que son père se rapprochait de Kuroko d'un pas menaçant.
« Toi. C'est pour ça que je ne fais confiance à personne et surtout pas à des énergumènes de ton espèce. »
La voix qui grondait, tel un soir orageux, coupa le souffle à tout le monde, impressionné et terrorisé à la fois.
« Quand je repense que j'avais décidé de te laisser une chance, après ton discours. Si mon fils te faisait confiance, peut-être que je pourrais accepter votre amitié. »
Un rire moqueur s'échappa des lèvres de Masaomi, qui se tourna pour observer son fils resté dans l'entrée.
« Tu ne sais pas t'entourer, Seijūrō. J'ai accepté Shūzō, car tu n'en démordais pas et qu'il est finalement digne de confiance, mais ce garçon… C'est hors de question.
— Akashi-san, si vous…
— Je ne t'ai pas donné la parole, Shūzō. C'est entre mon fils et moi. Maintenant, sortez tous les deux.
— Ils sortent s'ils le désirent, père. »
Les yeux de Masaomi se plissèrent davantage et il sortit de sa mallette l'enveloppe qui justifiait sa présence entre ces murs. Kuroko fut celui qui en retira les photographies le représentant avec Akashi, sous les cerisiers, lors de leur voyage à Kyôto. Il déglutit en se souvenant de cet instant, de ce baiser échangé malgré la présence des passants et du monde extérieur. Derrière lui, il entendit le juron marmonné par Nijimura. Akashi les rejoignit et voulut s'emparer de ces rectangles en papier glacé, mais Kuroko ne relâcha pas son emprise.
Pour la première fois depuis l'arrivée du père du rouquin, leurs regards se croisèrent et Akashi put voir toute la détresse présente les yeux de son amant.
Finalement, Kuroko laissa à Akashi la possibilité de voir les clichés et se renfrogna. Ils n'auraient jamais dû se montrer aussi intime dans la rue. C'était de sa faute si ces photographies existaient.
« Elles devaient faire la une, aujourd'hui. J'ai dû débourser une forte somme d'argent pour les obtenir et faire promettre à ces fichus journalistes de ne rien publier à ce sujet.
— Merci.
— Si tu m'en es reconnaissant, vire ce garçon de chez toi. »
Le cœur de Kuroko se contracta douloureusement aux propos de cet homme. Il n'arrivait pas à penser quoi que ce soit. Il avait peur : peur de la colère de Masaomi, du dégoût qui suintait de ces pores, peur d'être la raison d'un nouveau déchirement entre ces deux hommes, mais surtout peur de devoir perdre Akashi. Ce sentiment le tenait à la gorge et le rendait incapable de respirer correctement.
Il était tétanisé.
« Tetsuya ne partira pas d'ici. Comme tu as pu le voir sur les photos, nous sommes ensemble.
— Veux-tu bien arrêter cette plaisanterie de mauvais goût. Depuis quand aimes-tu les hommes ?
— Ce n'est pas une plaisanterie. Le fait que ce soit un homme ou une femme ne te regarde aucunement, laisse-moi être avec la personne que je veux, pour une fois.
— Tu ne comprends vraiment pas… »
Masaomi soupira longuement, essayant de faire baisser sa tension. Depuis la naissance de son fils, il avait toujours cherché le meilleur pour ce dernier. Il n'avait pas toujours employé les bons mots ni les bonnes méthodes, mais jamais il n'avait pensé à mal. En tant que père, il se devait de protéger son fils, même si pour cela il devait devenir le méchant de l'histoire. Le bonheur de son fils passait au-dessus de celui des autres, au-dessus de celui de Nijiko et, aujourd'hui, au-dessus de celui de Kuroko.
« Laisse-moi te poser une question, Kuroko. »
La voix soudainement posée de cet homme fit se redresser l'intéressé, qui écouta attentivement.
« Je sais que si tu sors avec mon fils, ce n'est pas pour son argent, mais pour ce qu'il est. Je l'ai compris à notre première rencontre. Seulement, Seijūrō n'est pas n'importe qui. Jamais tu n'auras avec lui une relation que les adolescents de ton âge souhaitent. Tu devras l'accompagner à des galas et supporter les moqueries et les remarques déplacées du fait que vous soyez deux hommes. Les journalistes vont se jeter sur vous et publier des articles atroces, sur toi et ta famille. Vous serez décrits comme des vautours, tes parents seront critiqués et rabaissés, vous serez pointés du doigt dans la rue et j'en passe. »
Masaomi fit une pause dans son discours, en profitant pour reprendre son souffle et observer les visages qui l'entouraient. Il savait qu'Akashi comprendrait, puisqu'avec Nijiko, ils avaient déjà rencontré ce genre de soucis. La presse s'était jetée sur la situation de la jeune fille et de sa mère souffrante, supposant sans fondement qu'elle s'était liée avec le rouquin pour son argent et, ainsi, obtenir les soins nécessaires pour la sauver.
« C'est la relation qui t'attend avec mon fils. C'est la situation que n'a pas pu supporter son ex-petite amie et qui a engendré l'existence de cet œil. Alors voici ma question, Kuroko : est-ce que tu te sens prêt à supporter tout ça ? Ces photos te montrent que ça a déjà commencé. J'ai pu étouffer, cette fois-ci, le scandale que cela aurait provoqué, mais je ne pourrai pas le faire à chaque fois. »
Kuroko regarda cet homme qui protégeait son enfant, tout en comprenant ses intentions. Il réalisa ainsi que, jamais, il n'avait réfléchi à la position d'Akashi dans la société, à son métier de réalisateur ni, surtout, à sa position sociale due à son nom. La famille Akashi était puissante, respectée. Ils dînaient avec des politiciens, des hommes comme le père d'Aomine et avec les plus grands. Le moindre scandale entacherait leur réputation et pourrait avoir un réel impact sur leurs vies. Des investisseurs pourraient se retirer et impacter la société de Masaomi, si jamais Akashi en prenait un jour la tête.
Il avait toujours vu, en Akashi, un homme comme un autre, mais la réalité le rattrapait. Son regard se dirigea alors vers son amant qui se taisait. Le rouquin savait, il avait compris.
Ils avaient pris leur relation trop à la légère.
Au milieu de cette querelle familiale, Nijimura avait gardé le regard rivé sur ce garçon qui n'avait rien demandé, à part être heureux. Il le voyait trembler et perdre ses moyens. Ces photographies remettaient sa relation avec Akashi en question et cela lui serra le cœur. Une grande douceur se dégageait pourtant de ces clichés et dévoilait tout l'amour que ces deux personnes se portaient et, en temps normal, Nijimura aurait charrié son ami à ce sujet, devant le bonheur que celui-ci devait ressentir à cet instant, mais il n'en aurait jamais l'opportunité.
Pour l'instant, il devait sortir Kuroko de là.
Il se rapprocha ainsi du jeune homme qui n'avait pas lâché Akashi du regard, le visage décomposé et des larmes au coin de ses yeux. Il le tira ainsi à lui avant que le lycéen ne dise quoi que ce soit d'irréversible, se dirigeant par la suite vers la chambre où se cachait Kise.
« Shūzō, qu'est-ce que tu fais ? »
Celui-ci ignora les appels de son ami et ouvrit en grand la porte de la chambre, faisant sursauter Kise. Le blond posa par la suite son regard sur Kuroko, dont le poignet était entouré par la main puissante du scénariste.
« On y va. »
Tout d'abord hésitant, Kise finit par se relever pendant que Nijimura se dirigea vers la sortie. La main du brun tenant fermement son poignet, Kuroko fut ainsi obligé de le suivre. Ils durent néanmoins s'arrêter lorsqu'Akashi se trouva en face de la porte.
« Qu'est-ce que tu fais ?! Se répéta Akashi, furieux.
— Le père d'Aomine nous attend.
— Tetsuya n'a pas besoin de venir avec vous.
— Non, en effet. Mais dans l'état actuel des choses, si tu tiens à votre relation, il vaut mieux que vous ne vous voyiez pas pendant quelques temps. »
Akashi voulut demander à Kuroko si c'était ce qu'il souhaitait, mais sa voix mourut dans sa gorge en remarquant que l'adolescent fuyait son regard. Il sentit son cœur exploser, mais son visage n'en montra pas la moindre information. Tout était en train de recommencer. Encore une fois, il blessait la personne qu'il aimait et, encore une fois, cette même personne passait le pas de sa porte, le laissant derrière, seul.
La tête baissée, Akashi finit par se décaler et permit à Nijimura et aux deux autres de partir. Le silence s'abattit aussitôt dans l'appartement et seul Masaomi put voir son fils se laisser glisser contre le mur, ses mains venant enfermer son visage entre ses genoux.
« Pourquoi ça recommence…
— Beaucoup de personnes envient nos statuts sans se douter du poids de ces derniers, mais rien n'est de ta faute, Seijūrō. »
Masaomi se rapprocha de son fils et s'agenouilla à ses côtés, posant une main sur son épaule qui tressautait par intermittence. Les pleurs de son fils lui brisaient le cœur, comme à n'importe quel parent soucieux du bien-être de son enfant. Son geste fut pourtant sèchement rejeté par le dos de la main d'Akashi, dont les yeux hétérochromes brillaient de tristesse et de rancune, qui furent un véritable coup de poignard dans le cœur de l'homme d'affaires.
« Je ne cherche que ton bonheur, tu sais, essaya-t-il.
— Mon bonheur ?! J'ai l'air heureux en ce moment ? Je l'étais avant que tu n'arrives, avant que Tetsuya ne parte. En fait, je le suis dès que tu n'es pas avec moi. »
Les lèvres d'Akashi s'étirèrent d'un sourire moqueur, provocateur, avant qu'il ne se redresse et remette en place ses habits. Toute tristesse avait disparu de ses traits, pour ne laisser place qu'à son ancien masque, tombé grâce à la présence de Kuroko.
« Maintenant, pars. Tu n'as jamais été le bienvenu ici. »
Akashi s'enferma dans sa chambre sans avoir raccompagné son père à la porte. De sorte que Masaomi se retrouva désormais seul entre ces murs, les derniers mots de son fils lui faisant regarder différemment cet endroit. Il savait pour quelles raisons le rouquin avait cherché à quitter leur maison familiale pour un appartement. Ce n'était pas uniquement pour pouvoir y cohabiter avec sa petite amie, mais pour le fuir.
Alors qu'il observait ces lieux et les décorations, Masaomi fit taire la douleur de son cœur. Sans un bruit supplémentaire, il quitta le domicile de son fils en refermant la porte derrière lui.
-x-x-x-
Dans la voiture de Nijimura, aucune personne ne parlait. En jetant quelques regards à son rétroviseur, le scénariste observa la silhouette de Kuroko, assis sur la banquette arrière. L'adolescent était plongé dans ses pensées, mais au moins il avait retrouvé quelques couleurs. Rester dans l'appartement d'Akashi n'aurait rien apporté de bon, ni pour l'un, ni pour l'autre. Ils auraient même très bien pu décider de rompre sous la pression dégagée par Masaomi.
Nijimura offrait ainsi au couple un peu de temps pour réfléchir à leur avenir, un peu de répit que Kuroko méritait amplement.
Finalement, la voiture s'arrêta devant une maison que le lycéen connaissait parfaitement, ramenant un peu de vie dans son regard. Au pas de la porte, Takao l'attendait.
« Je lui ai envoyé un message. Il est d'accord pour t'héberger quelques temps, si tu le souhaites, lui indiqua le brun.
— Merci beaucoup. Et désolé…
— Pourquoi tu t'excuses, Kurokocchi ? Intervint Kise en se tournant dans sa direction, jusqu'alors assis à côté de Nijimura, dans la voiture.
— Je continue d'abuser de la gentillesse de tout le monde. »
Sans laisser à qui que ce soit le temps de répondre, Kuroko sortit de la voiture et partit rejoindre Takao qui l'accueillit les bras grands ouverts. L'adolescent réagit à peine à l'étreinte du compositeur, mais celui-ci ne s'en soucia pas et attrapa plutôt sa main pour le tirer chez lui.
Nijimura resta un instant à regarder la porte désormais close avant de soupirer. Il se passa une main dans les cheveux, tout en penchant la tête en arrière.
« Vous n'avez pas à vous inquiéter, Nijimuracchi. Pour avoir vécu quelques jours avec eux, je peux vous certifier qu'ils ne vont pas rompre.
— Tu le penses vraiment ? Car si c'est le cas, Akashi va être…
— Ils s'aiment. C'est évident, non ? Kurokocchi a juste besoin de réfléchir, mais je vous donne deux jours. Dans deux jours, ils seront ensemble et cette histoire les aura fait se rapprocher encore plus. »
Le sourire étincelant qui s'installa sur le visage du mannequin finit par convaincre Nijimura, qui sourit à son tour. Il remit, par la suite, sa voiture en route pour rejoindre le domicile des Aomine et tout raconter au père du basané. Sur la route, le sourire de Kise retomba, mais il ne comptait pas abandonner. Il s'était juré à lui-même de se sortir de cette situation et d'endosser les conséquences qui pourraient lui retomber dessus.
Cela commençait en se confrontant au père d'Aomine.
Chez Takao, le brun installa Kuroko dans son salon et revint, quelques minutes après, avec des boissons. Dans un coin de la pièce, Mari dessinait sa famille avec un immense soleil qui irradiait tout le monde de bonheur.
« Tiens, ça va te réchauffer. »
Kuroko but quelques gorgées de chocolat chaud, tout en remerciant son ami, avant que le silence ne retombe dans la pièce. Il ne voulait ni parler ni expliquer pourquoi il se trouvait là, pourquoi il n'était pas avec Akashi en train de le soutenir et affronter ensemble son père, mais surtout, pourquoi il n'avait pas pu répondre à la question de Masaomi.
« Tu sais, Kuroko, ce n'est pas bon de tout garder pour soi… Si tu veux crier, tu peux. Si tu veux pleurer, je suis là pour te réconforter. Et si tu veux retrouver Akashi, je t'y conduirais sans rien dire à Nijimura. Mais qu'est-ce que tu veux faire ? »
Aucune réponse n'arriva à Takao, malgré les minutes qui s'enchaînaient et les allées et venues de Mari. Le compositeur retourna ainsi à ses tâches, s'occupant de sa fille ou poursuivant quelques-unes de ces partitions, tout en jetant, par intermittence, des coups d'œil en direction de Kuroko qui n'avait pas changé de position. De son côté, Kuroko réfléchissait. Il pesa le pour et le contre à propos de sa relation avec Akashi, des nouvelles informations qui venaient de lui parvenir et du futur qui l'attendait.
Takao avait raison : qu'est-ce qu'il voulait faire ?
-x-x-x-
Kise regarda le père d'Aomine qui réfléchissait. Il venait de terminer son récit en lui précisant le moindre des détails, comme il l'avait fait en compagnie d'Akashi et de Kuroko. Il avait ainsi décrit ses rencontres nocturnes avec Imayoshi, le contrat qui avait été établi et pourquoi il était venu chez eux. Il n'avait omis aucun détail et confia ainsi son entrevue avec Wakamatsu, lorsqu'il avait tenté d'entrer dans son bureau. Désormais, le jeune homme patientait.
À ses côtés, Nijimura s'était fait silencieux et observait la scène.
« Si j'ai bien compris, tu as manipulé mon fils pour te rapprocher de moi ?
— Oui, avoua-t-il tout en se penchant une nouvelle fois vers l'avant pour s'excuser.
— Et bien que mon fils soit au courant de ta manipulation à son encontre, il se retrouve derrière les barreaux après avoir cherché à te venir en aide. Et cela, malgré le fait qu'il ait dit n'en avoir plus rien à faire de toi.
— Je suis sincèrement désolé. » Poursuivit-il tout en restant penché.
Un long râle sortit de la bouche du père d'Aomine.
« Qu'est-ce que tu attends de moi, à présent ? Demanda l'adulte.
— Pardon ?
— Tu n'es pas venu m'avouer tes mauvais choix sans rien me demander en retour, n'est-ce pas ?
— Comme Kise vous l'a expliqué, les hommes d'Imayoshi le menacent, à présent, et risqueraient de s'en prendre à sa famille, intervint Nijimura.
— Ce n'est pas à toi que je m'adresse. » Le coupa le père d'Aomine.
Kise vit Nijimura contracter ses poings, mais le brun ne rajouta rien d'autre.
« Je souhaiterais racheter mes fautes à l'égard de votre famille, mais surtout auprès d'Aominecchi.
— Et comment comptes-tu faire cela ?
— Si ces hommes en ont encore après moi, c'est qu'Imayoshi veut me voir. Ou plutôt, je dois le revoir pour en terminer. »
Les deux adultes regardèrent cet enfant qui proposait de jouer l'appât. Nijimura voulut donc arrêter les délires de Kise qui, décidément, avait regardé trop de séries et lui faire comprendre qu'ils n'évoluaient pas dans un épisode où personne ne mourrait réellement. Si le mannequin se lançait là-dedans, il pourrait ne pas s'en sortir si jamais Imayoshi le désirait.
Seulement, Kise avait déjà pris sa décision et ne comptait pas changer de position.
« Si j'arrive à rencontrer une dernière fois Imayoshi, vos hommes n'auront plus qu'à l'attraper. C'est ce à quoi j'ai pensé.
— Tu penses que cet homme se laissera avoir par un piège aussi gros que le monde ?
— Si vous avez une meilleure idée à proposer, je vous écoute. »
Pour la première fois depuis leur rencontre, Kise se tint droit et ne faiblit pas. Son regard resta plongé dans celui de son interlocuteur, assis derrière son bureau, les mains jointes. Le père d'Aomine réfléchit longuement à toutes les possibilités que la situation présente leur offrait, mais aussi à tous les risques. Il finit alors par se redresser et rejoignit cet enfant qui avait emprunté la mauvaise voie et qui tentait aujourd'hui de rectifier son tir.
« Je vais en discuter avec mes hommes. En attendant, ne fais rien. Ne vois plus mon fils, non plus. Et ne retourne pas vivre chez tes parents, pour l'instant.
— Est-ce que vous pourriez dire à Aominecchi que je suis vraiment désolé ?
— Tu le lui diras toi-même. Mais seulement quand ton affaire sera close. Il a assez pris de risques pour toi. »
Le visage de Kise s'illumina en comprenant que cet homme ne l'empêcherait pas de rester en contact avec Aomine. Un large sourire couvrit ses lèvres et il se pencha à de nombreuses reprises vers l'avant, remerciant son interlocuteur, avant de se tourner vers Nijimura et en faire de même.
En compagnie du scénariste, ils quittèrent le bureau du chef de la police et rejoignirent la mère d'Aomine, restée dans le salon. Avant que Kise ne passe les portes, il fut surpris lorsqu'elle le prit dans ses bras.
« Merci, lui souffla-t-elle.
— Pourquoi ? Vous devriez plutôt…
— Mon fils est arrogant et égoïste. Pour ces raisons, il n'en fait toujours qu'à sa tête et n'agit que dans son propre intérêt. Pourtant, ce soir-là, il a peut-être agi sur un coup de tête, mais c'était dans ton intérêt. Votre rencontre l'a un peu changé, alors pour cela, merci. »
À ces mots, le cœur de Kise se gonfla devant la gentillesse de la mère de son ami. Il lui rendit ainsi son étreinte, s'excusant encore et la remercia par la suite.
Ce fut l'âme un peu plus légère qu'il remonta dans la voiture de Nijimura. Le scénariste ne démarra pourtant pas tout de suite et se tourna plutôt dans sa direction.
« Tu sais où tu vas dormir, pour les prochains jours ? »
Kise n'avait pas pensé à ce sujet et ouvrit bêtement la bouche, sans qu'aucun son n'en sorte. Retourner dans l'appartement d'Akashi, avec les évènements actuels, n'était pas la meilleure des choses à faire. Il pourrait séjourner à l'hôtel, mais il ne savait pas combien de temps cette histoire pourrait prendre.
« Est-ce que je peux appeler un ami ? Demanda-t-il en sortant son téléphone de sa poche.
— Bien sûr, prends ton temps. »
À ces mots, Kise ressortit de la voiture et composa le numéro de Kasamatsu. Il espérait que son ami serait d'accord avec le fait de l'héberger quelques temps, mais aussi que cela ne dérangerait pas sa famille. Et puis, au fond de lui, Kise trouvait que c'était le meilleur moyen pour en apprendre davantage sur ce garçon qu'il connaissait depuis des années, mais dont il savait que très peu de choses.
Parmi ses nouvelles résolutions, Kise comptait se rattraper à l'égard de Kasamatsu.
-x-x-x-
Une nouvelle semaine avait débuté et Kuroko remercia le lycée pour lui changer les idées. Pendant tout le week-end, il n'avait cessé de repenser aux paroles de Masaomi, au point qu'il n'avait pu fermer l'œil de la nuit. Takao avait cherché à lui changer les idées, à le faire réagir, avec l'aide de sa fille, mais cela avait été en vain. Kuroko leur avait à peine décroché quelques mots, à part pour les formules de politesse. Il n'avait eu de cesse de regarder son téléphone, le contact lui permettant de joindre Akashi toujours ouvert. Toutefois, ni lui ni le rouquin n'avait communiqué. Aucun des deux n'avait cherché à joindre l'autre.
Kuroko sentait son cœur souffrir de ce silence et il ne ressentait aucune envie, comme le besoin de manger ou de boire. De sorte qu'à la pause de midi, lorsqu'il rejoignit ses amis et Kagami sur le toit, il toucha à peine au bentô que lui avait préparé Takao. Furihata essaya de savoir ce qui n'allait pas, mais comme pour tous les autres, Kuroko ne répondit pas et resta muet, le regard dans le vide.
Il était en train de se demander ce qu'était en train de faire Akashi. Est-ce que celui-ci s'acharnait encore au travail pour se couper du monde ? Est-ce que Nijimura était revenu le voir pour le soutenir, là où lui avait préféré s'enfuir et rester chez un ami ? Est-ce qu'Akashi était aussi triste que lui ?
« Vous avez rompu, finalement ? »
La question abrupte de Kagami imposa le silence auprès du groupe d'amis. Et, pour la première fois de la journée, Kuroko leva son regard dans celui d'une autre personne.
« Pardon ? Demanda-t-il, pensant avoir mal entendu.
— Je suis en train de te demander si, finalement, vous avez rompu avec ce réalisateur à la noix, répéta Kagami tout en continuant de manger son sandwich.
— Non. Nous n'avons pas rompu, clarifia Kuroko.
— Si tu le dis. »
De manière détachée, Kagami broya le papier qui protégeait jusqu'alors son repas. Il se redressa, tout en s'étirant, observant leurs camarades embarrassés par la tournure de la conversation, avant de retourner son attention vers Kuroko. Ce dernier ne l'avait pas lâché du regard et le dévisageait même, à présent.
« C'est un aspect de ta personnalité que j'ai toujours détesté, tu sais. Ta façon de fuir quand tout part en vrille. »
Kuroko comptait maintenir que son couple avec Akashi allait pour le mieux et que, de toute façon, ça ne le regardait pas, quand Kagami l'interrompit.
« Si tu m'avais parlé, ça aurait pu s'arranger. On en aurait discuté et trouvé une solution ensemble. Au lieu de ça, comme tu es en train de le faire à présent, tu te renfermes et prends tout sur toi.
— Ce n'est pas vrai, contra Kuroko.
— Tu crois que je ne t'ai pas entendu pleurer, cette fois-là ? »
L'agressivité présente dans la voix de Kagami fit tressaillir Kuroko. Il avait compris de quel instant parlait le rouquin : cette fois où il s'était enfermé dans la salle de bain après qu'ils aient couché ensemble. Ce jour où il s'était senti sale, hors norme, mais surtout répugnant. Une image de lui qui lui collait encore à la peau, qui l'empêchait de vivre pleinement sa relation avec Akashi et qui, comme pour Kagami, le poussait à s'éloigner du réalisateur.
Et si, finalement, il ne gâchait pas la vie de ces hommes ? C'était la question qui tournoyait dans sa tête depuis sa conversation avec Masaomi.
« Dès que ça devient un peu trop compliqué pour toi, tu fuis. Tu te réfugies dans ta carapace en te fichant bien du mal que tu peux faire aux personnes que tu as laissé tomber !
— Kagami-kun, l'appela Furihata d'une voix tremblante.
— Quoi ? Arrêtez-moi si j'ai tort, mais c'est pour ça que nous avons rompu. Tu sais Kuroko, une relation sérieuse, ce n'est pas tous les jours roses et remplis de paillettes. Au début, c'est le cas, mais un jour, des problèmes arrivent. Tu comptes te trouver un nouveau copain à chaque fois que ça se complique ? »
Kuroko contracta ses poings pendant que son regard s'enflammait. Il avait compris que Kagami le provoquait pour le faire réagir, pour le sortir de sa torpeur et, qu'enfin, il prenne la situation en main au lieu d'attendre que celle-ci s'en aille par elle-même. Seulement, il ne fit rien. Il ne parla ni ne s'éloigna pour cesser d'entendre son camarade.
Son continuel manque de réaction ne fit pourtant qu'énerver davantage Kagami, qui jura à son encontre à de nombreuses reprises.
« Bordel, Kuroko ! Si t'attends que la solution se résolve toute seule, tu vas jamais t'en sortir ! Tu vas juste continuer à passer à côté d'histoires qui auraient pu être fantastiques, avec tes conneries.
— Je le sais très bien, finit par confier l'intéressé.
— Alors pourquoi tu continues à rien faire ? Si vous vous êtes engueulés, rejoins-le et parle-lui calmement.
— Ce n'est pas aussi simple.
— Rien n'est jamais simple, Kuroko. Le tout, c'est d'essayer ou tout sera perdu. »
Les mains du bleuté continuaient de serrer son pantalon au point d'en faire blanchir ses phalanges. Il ne désirait quitter Akashi pour rien au monde, mais l'avenir prédit par Masaomi l'effrayait. Il ne savait pas s'il serait capable d'endurer les journalistes, les scandales engendrést par ces derniers, mais aussi les railleries et les regards de travers des politiciens et des autres lors des galas. Plus que tout, il ne voulait pas être la raison du malheur d'Akashi ou de ses soucis d'affaires.
Il en venait à se demander si le rouquin ne serait pas plus heureux sans lui dans sa vie. Le réalisateur ne tarderait pas à trouver quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ? Après tout, son amant était un bon parti, financièrement parlant, mais aussi dans son domaine de travail. Akashi était reconnu et respecté. Kuroko mesurait toute la chance qu'il avait de pouvoir dormir aux côtés de cet homme, de pouvoir le voir se réveiller et de l'embrasser. Sa mémoire lui fit revoir tous ces instants partagés avec le rouquin, leurs baisers, leurs regards complices et à quel point il se sentait à sa place entre ses bras.
Au fond de lui, Kuroko ne désirait pas que ces jours s'arrêtent. Mais il avait peur.
Silencieusement, les larmes coulèrent une à une sur ses joues. La question de Masaomi continuait de tournoyer dans son esprit et augmenta le débit de ses larmes, quelques hoquets le prenant alors qu'il plaçait une main contre son cœur au bord de l'implosion. Il sentit la présence de ses amis se rapprocher, de Furihata qui posa une main contre son dos et exécuta des mouvements de bas en haut pour le rassurer. De Tsuchida et Fukuda qui grondèrent Kagami pour l'avoir fait pleurer, pendant que Kawahara lui fournissait quelques conseils pour se réconcilier avec l'élu de son cœur.
Finalement, Kagami vint s'accroupir à quelques mètres de Kuroko. Sa main se mêlant avec la chevelure sarcelle. Kuroko sécha ses yeux pour pouvoir discerner la silhouette de son ami, reniflant peu gracieusement. Il fut étonné de voir sur le visage de son camarade un sourire ravi.
« Ça fait du bien, non ? Personne te demande de te retenir tout le temps, Kuroko. Arrête d'avoir peur de ce que tu ressens ou de ce que les autres pourront en penser. Tu as le droit, comme n'importe qui, de vivre ta vie, d'aimer et de te faire aimer. »
Le jeune homme acquiesça faiblement, la gorge trop nouée pour prononcer le moindre mot. Son geste fit pourtant rire Kagami qui fourragea davantage ses cheveux. Au même instant, la cloche annonça la reprise des cours et les garçons commencèrent à ranger leurs affaires. Comme ses amis, Kuroko commença à se diriger vers la porte métallique avant de se retourner. Il vit ainsi Kagami qui n'avait pas bougé, hormis pour se redresser et qui, en cet instant, se massait nerveusement la nuque.
Lorsque leurs regards se croisèrent une nouvelle fois, Kagami soupira longuement.
« J'étais en train de penser que j'enviais ce fichu réalisateur, avoua-t-il devant l'air interrogateur du bleuté.
— Pourquoi donc ?
— C'est con, hein… Moi qui veux te faire réagir pour un autre. »
Un rire ironique s'échappa des lèvres de Kagami qui, en cet instant, se trouvait ridicule. Il savait très bien pourquoi il tenait ce discours maintenant et pas au cours de sa relation avec Kuroko. Il ne désirait pas perdre le bleuté en le mettant face aux faits, qu'ils se disputent à ce sujet et que leur couple parte en fumée. Il avait donc préféré se taire et prendre sur lui, comme l'avait fait Kuroko, pour, au final, les conduire à leur rupture.
« Si tu l'aimes vraiment, ne gâche pas votre histoire avec des non-dits. Ce serait dommage. »
Kagami se rapprocha de Kuroko et posa sa main par-dessus son épaule, avant de le dépasser et de rejoindre les autres dans leur salle de cours. Il sourit en entendant Kuroko s'excuser, avant de disparaître de la vue de ce dernier.
Dorénavant seul sur le toit, Kuroko leva le menton pour observer le ciel. Il ferma un instant ses yeux et profita des légères brises qui vinrent refroidir son visage et sécher les dernières traces laissées par ses larmes. Un discret sourire vint finalement étirer le coin de ses lèvres alors qu'il prenait sa décision. Il se mélangea bientôt parmi les autres lycéens qui retournaient dans leur classe et dépassa la sienne sans y entrer, ou y jeter un regard, se dirigeant plutôt vers la sortie.
Il devait voir Akashi. Il devait lui dire ce qu'il ressentait.
Ses pas se transformèrent rapidement en foulée et il se mit à courir pour rejoindre l'appartement du rouquin. Le sourire aux lèvres.
Au même instant, Akashi reposa sa tasse de café par-dessus le socle. En face de lui, Shirogane lisait le scénario de son prochain film avec un sérieux religieux. Il avait rejoint le producteur dans la pâtisserie de Murasakibara, observant dès lors les serveurs et les clients aller et venir. Le rouquin ne désirait pas rentrer chez lui et ruminer, ou encore repenser à tous ces instants passés avec Kuroko entre ces murs en imaginant que cela n'arriverait plus. Il avait tant désiré lui envoyer un message, ou aller chez Takao pour le récupérer, mais il avait peur qu'en agissant de la sorte, il ne fasse davantage souffrir le bleuté.
Akashi n'avait donc rien fait d'autre que d'observer son téléphone, espérant que Kuroko soit celui qui envoie le premier message.
« Je peux parler franchement ? Lui demanda Shirogane, le faisant ainsi sortir de ses pensées.
— Bien sûr.
— Change la fin. Elle ne te ressemble pas.
— Comment ça ?
— La fille s'enfuit en laissant tout derrière elle, ça ne colle pas avec sa personnalité du début. Elle est entêtée, voire butée. Même si elle sait la situation désespérée, de ce que j'ai pu lire, elle l'affronterait quand même. »
Shirogane lui pointa le passage qui le dérangeait, exposant son avis et divulguant quelques pistes qu'Akashi pourrait utiliser pour changer la donne. Les deux hommes se quittèrent par la suite et Akashi prit le chemin pour rentrer chez lui. Il avait écrit la chute de son film après le départ de son père et de Kuroko, espérant se changer les idées dans le travail. Au final, il n'était parvenu qu'à projeter ce qui était arrivé dans son appartement à l'intérieur de son scénario. Son personnage n'avait fait que reproduire l'attitude de Nijiko et celle de Kuroko, mais aussi une part de la sienne.
Après tout, il n'était pas parti à la poursuite de Kuroko et n'avait pas empêché Nijimura de l'emmener avec lui. Il aurait pu s'interposer davantage, mais il ne l'avait pas fait. Il aurait aussi pu aller chez Takao pour lui reprendre Kuroko, mais il était resté chez lui. Il n'avait même pas été capable d'envoyer un message. Akashi avait peur de la réaction du bleuté, que celui-ci ait pris peur et ne souhaite plus entendre parler de lui. Il ne savait pas comment il réagirait si cela recommençait pour de bon, s'il allait de nouveau se retrouver seul et rejeté.
Pour toutes ces raisons, il préférait ne pas interagir avec Kuroko. Ce silence lui offrait la possibilité d'y croire, de penser que sa relation n'allait pas arriver à son terme.
Akashi entra dans son immeuble avec cette manière de penser, espérant au fin fond de lui que Kuroko souhaite encore de lui et se demandant, au cas contraire, ce qu'il allait bien pouvoir faire. Il crut toutefois que son cœur allait lui échapper lorsqu'il reconnut la silhouette de Kuroko, assis devant sa porte et la tête enfouie dans ses genoux.
« Tetsuya ? »
Le cœur au bord des lèvres, Akashi se rapprocha doucement de l'adolescent qui releva aussitôt son visage. Le réalisateur put ainsi voir les yeux rougis de son petit ami, mais surtout l'air soulagé qui recouvrit tout son visage. Kuroko se redressa d'un seul bond et vint passer ses bras autour de son corps, tremblant contre lui.
« Je pensais que tu ne voulais pas m'ouvrir la porte. J'ai cru que… tu ne voulais plus entendre parler de moi et… je suis tellement désolé. Excuse-moi, Akashi-kun. J'aurais dû dire quelque chose et…
— Tu vas trop vite, Tetsuya. »
Tout en se reculant légèrement, Akashi passa ses mains sur les joues baignées de larmes de l'adolescent. Il les essuya délicatement du bout des doigts pendant que Kuroko ferma les yeux et reprit son souffle. Une fois calme et maître de ses moyens, Kuroko les rouvrit et plongea son regard dans celui hétérochrome de son amant. Ces pupilles qui l'avaient toujours hypnotisé et qu'il trouvait splendides. Ces yeux qui l'avaient toujours regardé sans ciller, qui l'avait couvé, aimé et tant choyé.
« Je t'aime. »
Dans ce couloir, le monde s'arrêta de tourner. Seul eux deux comptaient et avait de l'importance.
« Je t'aime, Akashi-kun. »
Ne s'arrêtant plus, Kuroko resserra son emprise et se blottit davantage contre son amant. Il ne désirait plus le lâcher ou être éloigné de lui. Il ne recommencerait plus jamais cette erreur.
Ces mots. Ces trois petits mots que venaient de prononcer le lycéen, Akashi en resta sans voix. Il réalisa toutefois qu'il ne pouvait pas continuer ainsi, au risque d'effrayer Kuroko. Il le prit alors, à son tour, dans ses bras. Il nicha son visage dans ses cheveux, humant son odeur et se rassurant ainsi que cet instant n'était pas un rêve. L'adolescent se trouvait bien dans ses bras et, surtout, venait de lui confesser ses sentiments à son égard.
Kuroko n'allait pas le quitter.
« Akashi-kun ?
— Ne bouge pas. Restons comme ça, s'il te plaît. »
La voix chargée par l'émotion, Akashi resserra un peu plus son emprise au risque de faire mal à Kuroko. Ce dernier chercha alors à voir le visage de son amant, qu'il sentait trembler contre son corps, mais ce fut un effort vain. Son petit ami le tenait si fort que le moindre mouvement de sa part relevait d'un exploit. Il plaça ainsi ses mains entre les omoplates du rouquin, lui répétant encore ces mots magiques, sans se lasser, le sourire dans la voix.
Akashi finit ainsi par se reculer, le regarder et Kuroko émit un petit rire en apercevant ses yeux rougis. Ce fut ainsi au tour du bleuté de passer une main sur la joue de son amant et d'essuyer les quelques larmes qui roulaient par-dessus.
« J'ai envie de t'embrasser, avoua-t-il doucement.
— Qu'est-ce qui t'en empêche ? S'amusa le rouquin.
— C'est la première fois que je vois tes larmes et je les trouve magnifiques. Je n'ai pas envie de les quitter des yeux. »
Les yeux hétérochromes brillaient par les larmes retenues, offrant une brillance que Kuroko n'avait pas encore eu le privilège d'étudier. La joie qui enveloppa son cœur en cet instant le fit sourire et sentir en même temps ses yeux se remplir de larmes nouvelles. Être dans les bras d'Akashi n'avait jamais été aussi plaisant. Sa chaleur faisait disparaître entièrement la peur qui l'avait envahi à l'idée de le perdre. Il se rapprocha ainsi du rouquin afin de pouvoir embrasser ses joues mouillées, avant de faire pareil sur ses paupières, pour finalement rejoindre ses lèvres.
Akashi se laissa docilement faire, poursuivant les baisers chastes en gardant le corps de Kuroko contre le sien. Ils s'embrassèrent de la sorte à de multiples reprises, se rassurant.
Ils ne seraient plus séparés.
Leur baiser prit un autre tournant lorsque Kuroko passa ses mains dans les cheveux rougeoyants de son amant, collant davantage son torse contre le sien. Les mains du réalisateur vinrent se placer sous la chemise du lycéen, glissant sur cette peau qui tressaillit à son contact. Kuroko n'émit aucune résistance lorsqu'il mordilla ses lèvres pour en quémander l'entrée.
À l'instant où leurs langues se touchèrent pour venir se caresser et se mêler à l'autre, ses mains glissèrent des flancs du bleuté pour saisir sa taille. Leurs gestes se firent plus désordonnés, plus urgents et Kuroko trouva appui contre le mur. Son gémissement retentit dans le couloir lorsqu'Akashi glissa une de ses jambes entre les siennes, rapprochant un peu plus leurs bas-ventres qui se réveillaient. L'adolescent se cambra contre le torse de son amant lorsqu'il sentit les mains de celui-ci passer par-dessus son pantalon, au niveau de ses fesses.
Kuroko brisa l'échange et reprit son souffle. Ils ne pouvaient décidément pas continuer en restant postés devant l'appartement et puis, il ne désirait pas se faire interrompre par qui que ce soit.
« Akashi-kun… tes clés… »
Un soupir conclut son début de demande, fermant les yeux lorsqu'il sentit Akashi mordiller la peau de son cou, les mains toujours posées contre ses fesses et leurs bassins étroitement liés.
Akashi partageait l'avis de son amant sur le fait de poursuivre leur affaire dans l'appartement et non pas devant celui-ci, mais il ne se séparerait pour aucune raison de ce garçon. Même si cela devait être pour chercher son trousseau. Il plongea ainsi ses mains dans les poches de son pantalon à la recherche de ces fameuses clés, sans cesser ses affaires principales : soit le cou de Kuroko. Il allait y déposer sa marque, dans l'espoir que plus jamais Kuroko ne puisse lui échapper.
Un claquement sonore retentit dans le salon après que le couple ait dépassé le seuil d'entrée, sans jamais cesser de s'embrasser. Comme si demain n'arriverait jamais, comme si c'était là leur dernière et unique chance de partager un tel instant.
Au cours de leur trajet pour rejoindre la chambre, ils retirèrent leurs vêtements les uns après les autres et les laissèrent piteusement tomber à même le sol. Ils ne regardaient pas vraiment où leurs pieds les menaient, se cognant ainsi contre le canapé ou la bibliothèque, mais ils n'arrêtèrent sous aucun prétexte de se dévorer les lèvres. Ils reprenaient à peine leur souffle que leurs mains continuaient leur exploration.
Lorsqu'ils arrivèrent finalement dans le lit, ils ne leur restaient que leur sous-vêtement et le sourire lumineux que renvoya Kuroko, allongé sur le dos.
L'adolescent plaça ses mains sur les joues d'Akashi et le regarda droit dans les yeux, tout son amour pour lui se lisant à travers ses yeux limpides.
« Je t'aime. »
Ces mots que Kuroko avait tant retenu et avait tellement peur de prononcer, qu'il avait même pensé n'avoir jamais l'opportunité de le faire, coulait à présent comme de source. Il comptait le répéter à Akashi à la moindre occasion, cesser de taire ses sentiments et les faire partager au rouquin demain et après-demain encore. Il comptait faire comprendre à cet homme à quel point il était exceptionnel, mais aussi doux et attentionné et à quel point il était devenu vital pour lui.
Il s'appuya ainsi sur ses coudes, l'embrassant sur les lèvres avant de poursuivre sa trajectoire sur sa mâchoire, sa gorge, son torse. Le réalisateur laissa quelques soupirs rauques lui échapper alors que la langue de son petit ami s'attardait sur certains endroits. Les mains présentes dans son dos lui administraient des caresses aériennes, le faisant frémir de plaisir. Ses yeux se fermèrent pour profiter de l'instant, laissant libre cours à Kuroko de frôler, par ses lèvres, la peau sensible de son ventre, son nombril, ainsi que ses clavicules. Il se laissa même faire lorsque Kuroko désira changer de position.
Désormais allongé sur le lit avec son amant qui embrassait et caressait chaque parcelle de sa peau disponible, il frissonna lorsque la main de Kuroko frôla l'extrémité de son caleçon, anticipant la suite. Les doigts de l'adolescent jouaient avec l'élastique du vêtement, mais ne le dépassa jamais outre-mesure. Cette main, qui aurait pu être salvatrice, remontait pourtant caresser le bas de son ventre à chaque fois qu'elle descendait trop bas. Son regard se plongea dans celui de Kuroko et il put discerner le sourire amusé qui se trouvait contre ses lèvres, mais aussi l'étincelle joueuse présente dans ses yeux clairs.
De toute évidence, son petit ami était d'humeur joyeuse.
Loin d'être en reste de son côté, Akashi fit lentement descendre ses mains sur le dos laiteux de Kuroko, remontant et descendant par instant, avant d'atteindre le dernier rempart textile. Il put sentir Kuroko tressaillir de plaisir, ses hanches se mouvant contre les siennes et faisant se rencontrer leurs virilités. Kuroko laissa s'échapper quelques soupirs de bien-être suite à cette friction, les yeux clos et les mains prenant appui contre le torse du rouquin.
Doucement, Akashi apposa de nouveau ses mains sur les fesses de l'adolescent et souleva son bassin afin de renouveler le frottement. Kuroko laissa, cette fois-ci, sortir de réels gémissements, se laissant choir contre le corps sous le sien. Ils purent ainsi picorer les lèvres de l'autre, leurs langues se caressant avant même que leurs bouches ne soient scellées. Leur petit jeu perdura pendant un certain temps, s'allumant mutuellement, en accentuant davantage la friction de leurs deux virilités à chaque passage. Akashi sentit toutefois un éclair le traverser lorsque Kuroko vint mordiller à son tour son cou, embrassant ensuite la peau maltraitée avant de laisser sa langue tracer le chemin jusqu'à sa mâchoire.
Le corps du réalisateur ne répondait plus qu'aux caresses de l'adolescent qui se libérait enfin de ses démons. Un fait qui ravissait au plus haut point Akashi, puisqu'il était conscient que c'était avec lui personne d'autre que Kuroko désirait sauter le pas.
« Si tu savais à quel point j'ai envie de toi. » Soupira-t-il contre l'oreille de son amant.
L'adolescent sentit une bouffée de chaleur envahir son estomac, mais surtout son visage. Akashi continua de l'embrasser, ses mains jouant avec l'élastique de son caleçon, n'attendant que son feu vert pour abaisser définitivement le vêtement. Sans hésiter davantage et ressentant la même envie que le rouquin, Kuroko souleva ses hanches. Il put ainsi sentir son dernier habit glisser de ses cuisses à ses pieds.
Un frisson le traversa lorsque la main d'Akashi remonta sur le haut de sa jambe, juste en bas de ses fesses.
« Je ne ferais rien qui puisse te blesser, tu le sais, n'est-ce pas ? »
Il acquiesça avant de rejoindre les lèvres de son amant, se laissant renverser pour retrouver la douceur des draps contre son dos. Un frisson le parcourut lorsque la main d'Akashi se plaça sous son genou avant de venir embrasser l'intérieur de sa cuisse. Ses mains agrippèrent le tissu du matelas tandis qu'il regardait, du coin de l'œil, son petit ami se rapprocher de sa virilité dressée.
Ses yeux se fermèrent et il se pinça les lèvres lorsqu'Akashi déposa des baisers sur toute la longueur, puis lorsqu'il vint embrasser le sommet, avant que sa langue ne vienne suivre la veine dorsale. Il enfouit son visage dans l'oreiller et ne put contenir un gémissement sonore lorsque sa verge fut emprisonnée dans l'antre buccal de son amant, dont les mains ne restaient pas inactives et caressaient son ventre. Akashi maintint un rythme soutenu, prenant son temps pour privilégier le bien-être de Kuroko.
Leur première fois devait être parfaite et, pour cela, ils devaient prendre leur temps. Ne sauter aucune étape. Akashi souhaitait que Kuroko se sente comme sur un nuage, porté par tout l'amour qu'il ressentait à son égard. Il creusa ainsi ses joues, continuant à faire coulisser sa bouche sur la turgescence qui palpitait contre son palais. Sa main venait par moment remplacer l'activité de sa bouche, lui permettant ainsi de reprendre son souffle mais aussi observer le visage de Kuroko et son corps qui s'arquait, se tirant sur les draps et se pinçant les lèvres pour tenter de retenir ses gémissements.
Il ne le trouva jamais aussi beau qu'en cet instant : ainsi étendu dans leur lit, suintant la luxure.
Akashi retourna s'occuper de l'érection du bleuté, comptant l'emmener au septième ciel et plus encore. La main de Kuroko vint toutefois se poser contre ses cheveux, accompagnant ses va-et-vient, avant de glisser contre son épaule et y exercer une faible pression. Il ne désirait pas venir de la sorte. Pas cette fois-ci. Akashi se redressa alors et jeta un coup d'œil aux mains de Kuroko qui caressaient ses poignets, remontant jusqu'à ses bras avant de recommencer.
Ses lèvres partirent aussitôt rejoindre celles de son homologue pour un échange candide, d'une douceur euphorisante.
« Tu es prêt à aller plus loin ? S'assura-t-il.
— Je ne me suis jamais senti aussi prêt, Akashi-kun. »
Après un dernier baiser, Akashi s'éloigna pour rejoindre le tiroir de sa table basse. Kuroko le suivit du regard et le vit revenir avec un tube de lubrifiant et des préservatifs, un sourire venant s'étirer sur le coin de ses lèvres.
« Ils étaient là depuis tout ce temps ? Demanda-t-il alors que son amant se rallongeait sur lui, l'embrassant par la même occasion.
— Mieux vaut prévenir que guérir, non ? »
Ils s'échangèrent un sourire complice avant que leurs mains ne reprennent leur droit. Akashi s'attelait à mordiller et taquiner les mamelons de Kuroko qui laissait ses mains voyager sur le dos de son amant jusqu'à ses reins. Ses doigts butèrent néanmoins contre le caleçon dont son petit ami était toujours pourvu et cette réalisation lui déplut. Il commença à tirer sur le vêtement, poussant Akashi à arrêter sa tâche pour lui jeter un coup d'œil avant de se redresser. Le rouquin plaça ainsi ses mains par-dessus celles de Kuroko et, ensemble, ils firent descendre son dernier rempart. Kuroko décida de ne pas louper une miette du spectacle, observant ce torse finement musclé sur lequel il fit glisser ses mains pour en dessiner les contours. Des pectoraux jusqu'aux flancs, ses doigts effleurèrent la peau frissonnante d'Akashi qui avait fermé les yeux, profitant du touché de son amant.
Ce n'était pas la première fois qu'ils se voyaient nus ou qu'ils se touchaient de la sorte, mais aujourd'hui était différent. Ils le ressentaient tous les deux.
Doucement, Akashi se rallongea sur Kuroko et l'embrassa jusqu'à plus soif. Leurs mains avaient rejoint leurs virilités et se prodiguaient de douces attentions, ne cessant de s'embrasser, de soupirer de plaisir, mais surtout, ils continuaient à s'échanger des regards remplis de tendresse et des sourires complices.
« Tu es prêt ? »
Akashi fit couler du lubrifiant dans la paume de sa main et regarda attentivement Kuroko, qui acquiesça tout en écartant légèrement les jambes. Le rouquin se pencha vers son amant et croqua son lobe d'oreille, laissant, par la suite, sa langue épouser les contours de sa gorge avant de venir grignoter ses lèvres.
« On arrête quand tu veux. Si tu as mal ou si…
— Vas-y Akashi-kun. J'ai envie de toi, moi aussi. »
Un grand sourire vint illuminer le visage du rouquin, qui revint embrasser les lèvres pleines et rougies de son petit ami. Sa main se glissa ainsi entre ses jambes et, délicatement, son index vint dessiner des cercles autour de cette entrée qui allait bientôt l'accueillir. Akashi observa attentivement l'expression de Kuroko, prêt à arrêter à tout moment lorsque son amant montrera le moindre signe d'inconfort ou de douleur. Il put ainsi le voir se tortiller, suivre les mouvements de son doigt, mais surtout soupirer de plaisir. Kuroko en avait tout autant envie que lui et, pour cela, Akashi décida de passer à l'étape suivante.
Un gémissement sonore retentit dans la chambre lorsqu'Akashi fit entrer son premier doigt, embrassant et mordillant la gorge de son amant pour lui changer les idées, les yeux rivés sur lui.
Kuroko ne mentirait pas en disant que ça faisait mal, que ce n'était pas naturel, mais il essaya d'outre-passer les idées reçues. Il désirait Akashi et il comptait enfin ne faire qu'un avec celui-ci. Il essaya de se détendre en inspirant et expirant longuement et put ainsi sentir l'index s'enfoncer un peu plus en lui. Lentement, Akashi commença les allers-retours. De petits gémissements commencèrent à couvrir les bruits de leur activité, se faisant de plus en plus bruyants au fur et à mesure que le rouquin accélérait la cadence. Un véritable cri échappa à Kuroko lorsqu'un second doigt se rajouta et qu'Akashi embrassa une deuxième fois sa virilité.
L'adolescent fut bientôt incapable de rester immobile et son bassin se mit à gigoter à la recherche de plus de plaisir, que ce soit par la bouche de son petit ami ou par les doigts de celui-ci. Son corps était en feu et ses sens se trouvaient être sens dessus dessous. Les doigts qui se trouvaient à l'intérieur de lui continuaient leurs allers-retours, continuant de le préparer pour la suite des évènements, allant toujours plus loin et ainsi le détendre le plus possible. Les vagues de plaisir qui le submergeaient le faisait parfois griffer le dos d'Akashi, surtout lorsque le rouquin accélérait les mouvements de ses gestes en lui. Des larmes coulaient sur le coin de ses yeux, mais elles étaient dû au bonheur qu'il ressentait en cet instant.
Le nom du réalisateur lui échappa alors qu'il se rapprochait de la délivrance, mais il ne souhaitait pas venir de la sorte. Il arrivait à bout de patience et désirait plus que jamais Akashi en lui, là, maintenant.
« A-Akashi-kun… s'il te plaît…
— Mmm ? »
Le son de sa voix se répercuta sur sa turgescence que le rouquin n'avait pas lâchée, rivant sur lui son regard hétérochrome qui fut un véritable électrochoc. Il se sentit frémir de la tête aux pieds et les allers et venues des doigts eurent raison de lui. Un immense flash l'envahit et, à bout de souffle, il rouvrit les yeux sans s'être rendu compte de les avoir fermés. Sur son ventre résidait la preuve de son plaisir.
« Qu'est-ce que tu voulais me dire ? Vint lui demander Akashi tout en le bécotant.
— Prends-moi. »
Akashi cessa subitement tout mouvement, pensant avoir mal entendu, avant de river toute son attention sur Kuroko qui le dévisageait.
« C'était ce que je voulais te dire, mais tu m'as coupé dans mon élan.
— Si tu savais le coup sanguin que tu viens de me faire avoir…
— Dépêche-toi, alors.
— Oui, mon amour. »
Le nouveau surnom fit frissonner Kuroko qui joignit ses lèvres à celles d'Akashi, ses mains caressant ses épaules, son dos, pour finalement se nouer autour de sa nuque. Puis, tout en se redressant, Akashi se saisit d'un sachet plastique pour en ressortir un préservatif. Kuroko l'observa en train de l'enfiler sur sa virilité et son désir pour cet homme lui fit tendre sa main vers celle-ci. Akashi ferma les yeux et laissa à son amant le soin de le caresser, de le toucher sous toutes les coutures.
Ils se rallongèrent par la suite l'un sur l'autre, Kuroko sur le dos, et s'embrassèrent encore et toujours. Délicatement, Akashi plaça sa main sous le genou de son amant et décala sa jambe sur le côté. De son autre main, il prit en main son sexe et le dirigea vers l'entrée de son petit ami, sans le lâcher du regard. Il put lire dans son regard une certaine part d'appréhension, de peur, justifiées. Pour combler cela, Akashi se pencha et vint l'embrasser, caressant au même instant ses flancs et triturant ses tétons. Les gémissements de Kuroko reprirent alors qu'il cherchait la bouche de son petit ami, désireux d'un autre baiser, ses mains se mêlant avec sa chevelure rougeoyante humidifiée par les degrés qui avaient augmenté dans la pièce.
Ils n'avaient pas besoin de se presser, juste de profiter et de s'aimer librement. C'était les deux seules choses les plus importantes à ses yeux.
Doucement, il put sentir Kuroko se détendre et être plus réceptif. Il replaça ainsi sa virilité en face de son entrée, poussant contre celle-ci afin d'en franchir le seuil.
Kuroko se crispa malgré lui, ses reins se retrouvèrent en feu suite à la soudaine intrusion. Il souffla afin de se détendre, mais c'était plus dur qu'il ne le pensait. La main d'Akashi vint entourer son sexe dressé et entama des mouvements de va-et-vient réguliers, essayant de lui changer les idées afin de pouvoir continuer son avancée. À force de patience, de caresses et de mots doux afin de le rassurer, Kuroko finit par totalement le recevoir.
À cette pensée, il fut pris d'un rire incontrôlable où se mêla, à ce dernier, quelques larmes.
« Enfin. On le fait enfin…
— Oui, nous sommes en train de faire l'amour Tetsuya. » Lui répondit Akashi tout en picorant ses lèvres par des baisers appuyés.
Kuroko passa ses mains sur le dos d'Akashi, enfouissant son visage contre son cou alors que le rouquin entamait ses premiers va-et-vient. Leurs gémissements se mêlèrent ensemble, partageant une étreinte des plus intimes. Leurs corps se mouvaient dans une synchronisation quasi parfaite, dans un naturel qui aurait pu paraître déroutant, mais les deux acteurs de cette danse se trouvaient à des années lumières de cela.
Mêlés l'un dans l'autre, leurs gémissements trouvèrent écho chez l'autre. Kuroko ne s'était jamais senti aussi bien et au bon endroit. Les allers et venues d'Akashi changeaient parfois de rythme, se faisant plus lents pour profiter davantage de cette sensation nouvelle, ou plus rapides lorsque le besoin se faisait sentir plus urgent. Un cri, plus fort que les précédents, trancha l'air de la pièce et un sourire taquin vint aussitôt couvrir les lèvres d'Akashi, avant que Kuroko ne se torde définitivement de plaisir.
Les coups de butoirs d'Akashi se firent plus précis, plus sauvages et Kuroko manqua rapidement d'air. Son amant avait saisi ses jambes et s'enfonçait toujours plus loin en lui, avec toujours la même trajectoire, le poussant à se cambrer et serrer les draps du lit. Sa prostate se faisait marteler avec le plus grand des soins et il sentait la pièce tourner autour de lui, ou bien c'était son cerveau qui ne parvenait plus à traiter la moindre information. C'était tellement bon. Pourquoi il avait attendu autant de temps pour partager cet instant magique avec Akashi…
Ses mains vinrent agripper les poignets de son amant, prêt à se tenir à cette bouée de sauvetage lorsque la prochaine vague le submergerait. Son bassin se soulevait si naturellement, en parfaite symbiose avec la cadence de son petit ami, les rapprochant davantage pour démultiplier leur plaisir. Il croyait nager en plein rêve.
« Tetsuya. »
L'appel du rouquin lui fit relever les yeux, découvrant ainsi son visage déformé par l'orgasme qui s'annonçait. Il ne le trouva jamais aussi beau qu'en cet instant, les sourcils froncés et cet air concentré, animé par un désir brûlant, à la limite du contrôlable. Akashi était en train de perdre la tête, à ne plus être capable de contrôler les mouvements de son bassin. C'était tellement bon, tellement serré autour de sa virilité, qu'il n'avait jamais connu pareille sensation. Il n'en revenait pas d'avoir autant attendu pour partager un tel moment charnel, d'être passé à côté d'autant de plaisir. Il ne pourrait définitivement plus s'en passer, s'enterrant par la même occasion dans le corps de Kuroko, qui continuait à appeler son nom et à partager son plaisir.
La main de Kuroko partit rejoindre le visage de son amant pendant que les bras de celui-ci vinrent se glisser dans son dos pour le serrer plus fort contre lui. Dans un dernier élan, qui frappa de plein fouet sa prostate, il se déversa entre leurs deux ventres. Il ne fallut que quelques allers-retours supplémentaires pour qu'Akashi en fasse de même, la contraction des muscles de Kuroko ayant entraîné sa jouissance.
Tous les deux à bout de souffle, Akashi vint enfouir son visage dans le cou de son amant.
Son souffle revint enfin à la normale, après plusieurs minutes, et la fatigue s'abattit sur lui. Il n'avait pas réussi à avoir une nuit complète ces derniers jours, la peur l'ayant maintenu éveillé. À la simple pensée que cela puisse recommencer, Akashi resserra son emprise autour de Kuroko. La main qui vint se poser contre ses cheveux et qui joua avec quelques-unes de ses mèches finit de le rassurer. Cela n'arriverait plus jamais. La douleur qui avait, jusqu'ici, emprisonné son cœur s'envolait au fur et à mesure que son petit ami lui prodiguait des caresses.
« Moi aussi, finit-il par soupirer.
— Pardon ? Le relança Kuroko tout en continuant de jouer avec les cheveux sanglants de sa main gauche.
— Moi aussi. Je t'aime. »
Avec un amusement certain, malgré la fatigue qui le faisait lutter pour garder les yeux ouverts, il put voir l'expression surprise se peindre sur le visage de Kuroko. Cette réaction le fit sourire avant de remonter jusqu'aux lèvres de l'adolescent qui sentait ses oreilles bourdonner. Leur baiser fut chaste, à peine appuyé, mais il signifia, pour eux, énormément de choses. C'était la première fois qu'ils confessaient leur amour et qu'ils partageaient un tel instant, encore transpirants de leur activité précédente.
Après s'être allongés l'un à côté de l'autre et avoir tiré les couvertures sur eux, malgré le soleil toujours haut dans le ciel, Akashi et Kuroko ne tardèrent pas à s'endormir. Leurs cœurs rassurés allaient enfin leur permettre d'avoir un sommeil récupérateur. Le couple, fraîchement retrouvé, était pourtant loin de se douter qu'à quelques kilomètres, un autre cœur se trouvait en peine et complètement angoissé.
Kise triturait son téléphone après que son énième appel n'ait pas encore abouti. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire ? Cela faisait plus de deux jours depuis son départ de l'appartement d'Akashi et il n'avait aucune nouvelle du rouquin ni de Kuroko. Il avait bien sûr essayé de joindre Kagami, puisque celui-ci allait au même lycée que leur ami, mais l'adolescent lui avait raccroché au nez en lui disant de voir ça directement avec Kuroko. Il avait par la suite appelé Takao, mais le compositeur avait ri à gorge déployée avant de raccrocher.
À présent, Kise avait peur de devoir appeler Nijimura pour excuser son audace et aller vérifier ensemble qu'Akashi n'avait rien à voir avec la disparition de Kuroko. Ou peut-être devait-il appeler la police.
Qu'est-ce qu'il devait faire ?
« On peut savoir à quoi tu penses pour être prêt à faire un arrêt cardiaque à tout instant ? Lui demanda Kasamatsu, après avoir retiré son casque de musique de ses oreilles.
— Senpai… Je crois qu'il est arrivé quelque chose de grave à Kurokocchi, chouina-t-il.
— En vue de ce que tu m'as raconté, ça ne m'étonnerait pas d'apprendre qu'il se soit fait dévorer. En effet. »
Un sourire ambigu s'étira sur les lèvres du brun et fit froncer les sourcils de Kise. Une idée surgit dans son esprit et son attention retourna sur son téléphone, avant de pousser un cri et le laisser tomber par terre dans un bruit retentissant.
Il n'arrivait pas à le croire. Akashi et Kuroko auraient…
« Ça te dégoûte ? »
La question de Kasamatsu le coupa dans son flux de pensées pour se tourner dans sa direction. Son ami avait une expression grave et Kise comprit immédiatement que sa réponse aurait un réel impact sur leur relation. Un simple mot qui influencerait énormément de choses.
Ses lèvres ne tardèrent donc pas à s'étirer et venir illuminer son visage. Il se pencha en arrière, se rapprochant ainsi de ce garçon assis devant son bureau, le nez auparavant plongé dans ses devoirs et qui se trouvait pendu à ses lèvres.
« Pourquoi ça me dégoûterait ? Kurokocchi aime qui il veut et puis, sa relation avec Akashicchi me permet de voir mon idole quand je veux !
— T'es qu'un opportuniste, en fait. »
Kasamatsu se retourna afin de reprendre ses exercices, le cœur plus léger et les joues légèrement rougies. Le sourire de Kise était sa faiblesse et il se trouvait complètement démuni face à celui-ci. Il sentit toutefois son visage s'enflammer davantage lorsqu'il entendit le rire du plus jeune.
Une fois rassuré que son ami soit en sécurité auprès d'Akashi et qu'il se soit réconcilié avec celui-ci, Kise se laissa tomber en arrière et se retrouva allongé dans la chambre du brun. Tout était en train de s'arranger pour tout le monde et il en était ravi. Le sourire aux lèvres et le regard dirigé vers le plafond, il brisa à nouveau le silence qui s'était installé, où seul le crayon du brun entretenait un rythme soutenu contre la feuille remplie de ratures.
« Dis, senpai, ça te dirait un ciné ? »
La mine du crayon s'arrêta et la chaise grinça, mais aucune réponse ne lui parvint. Son sourire s'étendit néanmoins contre ses lèvres et il poursuivit, le cœur en joie.
« J'ai envie de t'emmener en rendez-vous avec moi, senpai. »
Pendant ces quelques jours où il avait dormi chez la famille Kasamatsu, Kise avait pu énormément discuter avec son ami. Ils avaient ainsi pu mettre beaucoup de choses à plat et Kasamatsu avait pu lui parler de son rêve de devenir un musicien reconnu, de ses répétitions avec Moriyama et leur chanteuse, lui racontant comment leur groupe s'était formé et d'autres petites histoires dont Kise n'avait pas loupé un mot. Et au fond de lui, il s'était dit que ce garçon était une véritable perle. Un joyau qui se façonnait par les épreuves rencontrées et, par la suite, surpassées par la seule force de sa détermination.
« Si tu m'aimes encore un peu, est-ce que tu pourrais y…
— Tais-toi. »
La voix était sèche, menaçante et le poussa à se retourner sur le ventre pour observer le dos de Kasamatsu. Il avait trop tardé, c'était ça ? Le brun ne l'aimait plus et il n'avait qu'à s'en mordre les doigts, après tout ce n'était que justice. Il l'avait bien mérité.
« Je te promets que si une de tes fans se ramènent ou que si tu trouves une excuse pour ramener une troisième personne, je te casse la gueule.
— Hein ? »
Kise n'eut pas besoin de voir le visage de Kasamatsu pour deviner à quel point le brun était gêné, ses épaules recroquevillées parlant pour lui. Ce fut alors qu'un rire libérateur retentit entre les murs, pleurant presque de joie de savoir que tout n'était pas perdu et que Kasamatsu lui laissait une dernière chance. À quelques mètres de lui, Kasamatsu se laissa finalement tomber contre son bureau et maudit le blond pour causer à son cœur de tels vols planés.
C'était lui qui allait faire une crise cardiaque à cette allure.
