Bonjour à tous et à toutes !
4 mois d'absence... Je suis terriblement désolée. Le temps a fusé sans que je ne m'en rende compte et la pression s'est accumulée à mon syndrome de la page blanche. Du coup, c'était impossible d'écrire quelque chose sans le supprimer après, car je trouvais ça moche et que je n'en étais pas contente. L'inspiration est un peu revenue et j'ai réussi à écrire ce chapitre après maintes efforts, vous pourrez peut-être noter qu'il est plus court que les précédents, mais c'est tout ce que je pouvais faire pour l'instant.
En tout cas, sachez que cette histoire ne sera jamais abandonnée. Je suis désolée si je vous ai fait penser cela. Vous aurez une fin et pourrez continuer à voir Akashi et Kuroko évoluer dans leur relation ou voir Kise se sortir, ou non, de ses problèmes.
Merci à kama-chan59 pour la correction de ce chapitre !
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !
Réponses aux review :
Niyu : Oui, tout c'est arrangé entre Akashi et Kuroko, mais ils vont devoir tout de même faire face à ce que Masaomi leur a dit. Comment vont-ils essayer de surmonter ces problèmes? Tu le découvriras en partie dans ce chapitre ;) Et oui, la motivation et l'inspiration sont revenues ces dernières semaines et j'espère qu'elles resteront avec moi xD Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Ryoko : Je suis contente que tu ailles bien après avoir lu CE chapitre et ce fameux lemon ;) Qui aurait cru que Masaomi soit un papa surprotecteur, hein ? xD Mais oui, après tout, il l'aime son Seijuro ! Mais il sait pas comment s'y prendre et ça retombe sur lui. Après pour ta remarque sur les "je t'aime" AkaKuro, je ne sais pas non plus qui a lancé la mode mais pour ma fiction, c'est plus la sensation d'avoir risqué de perdre l'autre (surtout pour Akashi) qui le pousse à son tour à confier ses sentiments. C'est comme si, s'il ne l'avait pas dit, Kuroko s'évaporerait à tout jamais et qu'il n'y aurait aucune solution pour le retrouver à ses côtés. Donc pour moi, à ce moment, il devait le dire à son tour. Mais je suis contente que tu aies apprécié le lemon et j'espère que cette suite te plaira ! Bonne lecture et merci pour ton commentaire !
Mence : Voici la suite :D Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture!
Laura-067 : Et oui il fallait un peu faire bouger les choses pour Kise, mais je me rends compte au fur et à mesure de l'écriture des chapitres qu'il s'en mange beaucoup et dans des délais pas si espacés que ça (preuve à l'appui avec ce chapitre :') ). Pour ce qui est de la complicité amicale entre Kagami et Kuroko, tu auras en partie la réponse à ta question dans cette review. En tout cas, Kise n'a pas fini d'en manger des vertes et des pas mûres et est-ce que ce sera Kasamatsu qui se trouvera à ses côtés pour le soutenir ou plutôt Aomine ? Telle est la question hahaha. Merci beaucoup pour tes commentaires et je te souhaite une bonne lecture !
Karma power : Je suis ravie d'apprendre que le chapitre précédent t'ait plu ! Un peu d'amour et de yaoi ne fais de mal à personne ;) Et ne t'inquiète pas pour le KiKasa, quoique... ce chapitre risque de ne pas te plaire niark niark. Mais voyons, le papa d'Akashi n'est pas un monstre ! Il ne sait juste pas comment communiquer avec son fils et le protège un peu trop, juste ça :D Mais c'est un gentil ! (comment ça je ne suis pas crédible ? :'( ). Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Momoi-san : Le AkaKuro, c'est la vie~ Je suis ravie que le chapitre t'ait plu et que tu aies apprécié le lemon ! Et comment dire que j'adore faire interagir Takao et me servir de lui pour rajouter un peu d'humour à cette fiction ? Ce personnage est parfait pour ça. Et je suis contente que tu aies aussi apprécié le petit pic de Kasamatsu sur la naïveté de Kise - le pauvre n'empêche, personne ne le soutient xD Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !
Miss Yuki 66 : Merci pour ton beau compliment ! Pour le sourire mauvais de Masaomi, dans ma tête c'était plutôt comme la confirmation des doutes qu'il avait. Lorsque Kuroko lui avait dit que jamais lui et son fils seraient dans une relation (au cours de leur première rencontre), Masaomi lui a laissé le bénéfice du doute et a décidé de lui faire confiance. Pour finalement voir qu'il aurait dû s'écouter lui-même. Il faut vraiment voir Masaomi comme un père qui veut que le bonheur de son fils, mais en l'enfermant dans un cocon et l'empêchant d'interagir avec certaines personnes. Grosomodo lui laisser les rênes de sa vie et Akashi n'a rien à dire, malheureusement ça ne se passe pas comme ça. Et je suis ravie que le lemon t'ait plu ! Perso je suis souvent incertaine quand j'écris ce genre de moments alors ton compliment me va droit au coeur ! Je te remercie pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture.
ellie27 : Et oui, le fameux lemon est enfin arrivé ! Je crois bien que Masaomi est très impopulaire dans cette fiction, le pauvre chou xD Et oui, Kagami n'est pas un méchant bougre, mais je me dois de briser tes hypothèses : Kagami et Aomine ne tomberont pas amoureux dans cette fiction xD Je suis contente en tout cas que le lemon t'ait plu et je te remercie pour ton commentaire ! Bonne lecture !
Merci à tout le monde pour continuer à lire cette histoire et je m'excuse encore pour le retard qu'elle a pris ! Je vous souhaite à tous une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter ;)
Le Papillon
Scène 38
L'enfer, c'est les autres.
Jean-Paul Sartre
La manager de Kise composa le numéro du jeune homme avant de porter son téléphone à son oreille. Cela faisait plusieurs semaines que le blond ne venait pas à son travail et qu'elle devait décaler ses shootings, recevant les remarques acerbes des photographes et des marques qui avaient fait appel à leurs services. Les plus compréhensibles attendaient une nouvelle date, alors que d'autres avaient annulé le contrat pour se tourner vers un autre mannequin. Malheureusement, il y avait plus de ruptures de contrats que de personnes compréhensibles.
Kise ne tarda pas à décrocher et elle lui expliqua la situation.
« Je suis désolé, manager… Je ne peux pas encore sortir.
— Même si je viens te chercher et te dépose dès que le shooting est terminé ? À ce rythme, tu vas perdre tous tes contrats, Kise-kun. C'est de ta carrière dont il est question.
— J'en suis parfaitement conscient… »
Au téléphone, la voix du mannequin était tremblante. La jeune femme n'insista pourtant pas plus. Elle ne savait pas exactement pourquoi Kise lui avait demandé de repousser tous ses shootings et apparitions dans des publicités, évoquant des problèmes personnels, mais elle ne pouvait définitivement pas l'obliger à sortir de chez lui.
Sans plus attendre, elle se dirigea vers le parking afin de récupérer sa voiture et rentrer chez elle. Au moment de démarrer et de s'engager dans la circulation, une autre voiture alluma ses phares et fit ronronner le moteur.
-x-x-x-
Au lycée, Kuroko entendit vaguement leur professeur les prévenir de la fin de l'année et des examens finaux. Son attention se trouvait néanmoins ailleurs et se concentrait sur le paysage qu'offrait la cour, de l'autre côté de la fenêtre. Son esprit n'avait de cesse de ressasser les propos tenus par le père d'Akashi et de l'avenir qui les attendait. Est-ce qu'il voulait s'engager là-dedans ? Était-il prêt à l'endurer ? Il aimait Akashi, c'était là un fait important dont il était certain, mais cela ne suffisait pas. Cela faisait des années qu'il n'était plus possible de vivre que d'amour et d'eau fraîche.
Et puis, bien qu'il soit retourné vivre chez Akashi et qu'ils aient continué à partager des moments intimes à l'intérieur de leur chambre, ils n'avaient pas abordé le sujet de leur avenir ensemble. Avec le lycée et le travail d'Akashi, ils n'avaient pas eu le temps d'en discuter. Ou plutôt, ils n'avaient pas pris le temps pour cela. Ils avaient préféré continuer à se rapprocher, à s'embrasser et à se découvrir de nouvelles façons.
Kuroko savait pourtant qu'il fallait qu'ils en discutent le plus tôt possible. Il avait seulement peur de ce que pourraient donner cette conversation et les décisions qui en découleraient.
« Kuroko ? »
L'appel de Kagami à ses côtés lui fit reprendre pied avec la réalité, plongeant ainsi son regard dans celui de son camarade dont l'inquiétude se lisait sur son visage. Dans l'intention de le rassurer, il rassembla rapidement ses affaires et sourit. La plupart des élèves avaient déjà quitté l'établissement scolaire, leur permettant de marcher côte à côte sans être bousculés. Pendant le chemin pour rejoindre l'extérieur, Kagami lui demanda si sa situation s'était arrangée avec ce réalisateur à la noix, ce à quoi il répondit vaguement. Kuroko savait que le rouquin lui posait ces questions sans arrière-pensée, dans l'unique but de s'enquérir de son état et être là pour lui, mais il était encore gêné par cela. Kagami semblait avoir réussi à tourner la page et vouloir préserver leur amitié, mais la culpabilité qu'il ressentait encore le rendait hésitant. Lui parler de sa vie amoureuse avec Akashi, alors que la leur n'avait pas fonctionné, le mettait mal à l'aise.
À l'entrée du parc, ils se séparèrent pour prendre chacun une direction différente. Kagami se retourna toutefois, observant la silhouette du bleuté avant de froncer les sourcils.
De son côté, Kuroko ne tarda pas à apercevoir Takao et Mari, à l'aire de jeux, le brun agitant sa main dans les airs afin d'attirer son attention. Après s'être assis à ses côtés, sur le banc en face des attractions pour enfants, il se fit harceler de questions. Après tout, cela faisait un moment qu'il n'avait pas croisé la route du compositeur. À vrai dire, il n'avait pas revu Takao depuis la fois où ils avaient passé le cap avec Akashi et, de ce fait, le brun désirait tout savoir.
« Ki-chan était tellement paniqué qu'il te soit arrivé quelque chose, c'était très drôle !
— Mais grâce à lui, tout le monde est au courant maintenant, grommela-t-il.
— Ah, ça ! Mais tout s'est bien passé ? Vous avez remis le couvert après cette fois-là ? Sei-chan est comment au lit ? »
Kuroko dirigea un regard sévère à l'intention du compositeur. Cela ne le regardait pas et il ne comptait pas déblatérer à ce sujet : c'était entre Akashi et lui.
Comprenant qu'il n'obtiendrait aucune réponse de la part du lycéen, Takao poussa un soupir déçu. Un large sourire vint toutefois étirer ses traits et il passa ses bras derrière le dossier du banc. Il était ravi pour Kuroko que ce dernier ait pu affronter ses peurs et profiter de cet instant intime avec Akashi.
Les deux amis restèrent ensemble jusqu'à ce que l'heure du repas n'arrive et que Takao attrape Mari pour la caler contre son torse, agitant tous les deux leurs mains afin de saluer Kuroko qui partait en direction de chez lui. Il ne fut pas surpris quand il fut accueilli par Nigou, qui jappa de plaisir, avant qu'il ne glisse un regard en direction de la chambre d'Akashi. La porte laissée ouverte lui permit ainsi de distinguer la silhouette de son amant qui pianotait à toute allure sur le clavier de son ordinateur et qui ne l'avait sûrement pas entendu rentrer.
Après avoir rangé ses affaires et s'être mis à l'aise, il rejoignit le rouquin et toqua contre la porte afin de signaler sa présence et éviter de le surprendre. Il inspira pour se donner du courage, alors que les yeux hétérochromes se dirigeaient dans sa direction.
« Je peux te parler de quelque chose ? Demanda-t-il tout en se rapprochant de son siège.
— Bien sûr. Il y a un problème ?
— Je pense aller chez mes parents, ce week-end. »
Akashi sembla surpris. Après tout, depuis qu'il vivait à ses côtés et malgré sa réconciliation avec ses parents, jamais il n'avait redormi là-bas depuis qu'il avait quitté leur toit. Son amant avait donc arrêté de pianoter sur son clavier et se tourna même dans sa direction, conscient que la conversation s'annonçait être importante.
« Ton père a raison, Akashi-kun. On dit que pour vivre heureux, il faut vivre cachés, mais ça ne s'appliquera pas pour notre relation. Si nous en faisons un secret, ça nous impactera nous et notre entourage.
— Tu n'as pas à t'inquiéter des journalistes, je m'en chargerai.
— Ce n'est pas ce que je veux dire… Et puis comme ton père, tu pourras étouffer un ou deux scandales, mais l'un d'entre eux finira par t'échapper, inévitablement. »
La colère s'était alors peinte sur le visage du rouquin, qui n'aimait pas que ses compétences soient remises en question, mais surtout que son propre petit ami donne raison à son père. Ce vieil homme était doué pour faire germer le doute dans l'esprit des personnes et, ainsi, pouvoir les contrôler à sa guise. Du moins, c'était ainsi qu'il le voyait avec ses œillères créées par sa rancune et sa colère envers son géniteur.
Kuroko savait que faire entendre raison à Akashi ne serait pas chose aisée, surtout quand il s'agissait de Masaomi, mais il n'y renonça pas.
« Je pourrais supporter les moqueries et les remarques sur mon compte, car je sais que tu seras à mes côtés, mais ce n'est pas le cas de mes parents. Je dois leur dire parce qu'ils sont en droit de savoir que je suis avec quelqu'un que j'aime, mais aussi pour qu'ils puissent se préparer.
— Tu penses qu'ils l'accepteront ? »
L'émotion dans la voix d'Akashi à ce moment-là l'avait fait sourire, comprenant que son amant se faisait du souci pour lui, qu'il subisse de nouveau le rejet de ses propres parents.
« Je regrette simplement que ma grand-mère ne soit plus de ce monde, puisqu'elle m'aurait aidé à leur faire face. Mais je sens que ma mère y réfléchira à deux fois. Elle a l'air un peu plus ouverte d'esprit que la dernière fois. Et puis, tu es Akashi Seijūrō, héritier d'Akashi Corp et réalisateur de renom, j'aurai gagné le gros lot, pour elle. »
Sa dernière remarque n'avait cependant pas fait rire l'intéressé. Akashi avait même fini par se redresser et venir se poser en face de lui.
« Et puis si jamais ils me rejettent, ça ne changera en rien mes sentiments pour toi. Il est déjà trop tard pour ça. »
Doucement, il avait posé ses lèvres contre celles d'Akashi dans l'intention de le rassurer. Jamais il ne quitterait cet endroit, ni cet homme.
Il quitta, par la suite, les lèvres d'Akashi et put ainsi discerner le sourire qui s'y était logé, gonflant un peu plus son cœur et le confortant dans sa prise de décision. La prochaine fois qu'ils iraient chez ses parents, il voulait qu'Akashi y soit reçu comme son petit ami et non l'homme qui lui était venu en aide en l'hébergeant.
Akashi passa, par la suite, ses bras derrière son dos, le ramenant contre son torse, avant de lui souffler une nouvelle fois ses sentiments à son égard.
Faisant à présent face à ses parents, Kuroko rencontrait des difficultés pour respirer. Le silence et les gouttes du robinet qui continuaient à perdurer augmenta son anxiété. Akashi avait voulu l'accompagner afin de le soutenir dans cette étape, mais il avait décliné en lui disant qu'il devait le faire seul. C'était important pour lui. Il avait donc annoncé à ses parents sa nouvelle relation en de simples mots, de façon abrupte certes, mais il n'avait pu contenir ses mots plus longtemps.
Il était samedi soir et toute la journée, il avait pu discuter et plaisanter avec sa famille. Du fait que cet abominable silence avait un réel impact sur son rythme cardiaque et sa gorge qui se desséchait à une allure fulgurante. Son père amena la tasse de thé à ses lèvres et en but quelques gorgées, avant de la reposer et de fermer les yeux. À ses côtés, sa femme, la mère de Kuroko, continua de regarder son fils sans cligner des yeux une seule fois.
De son côté, Kuroko continua à entremêler ses doigts autour de la tasse, nerveux. Il observait la réaction de ses parents tout en ayant évidemment peur de les voir s'énerver ou encore de le mettre à la porte. Il ne devait cependant pas faiblir et rester droit. Les gouttes répétitives qui s'échappaient du robinet de la cuisine étant le seul son qui occupait la demeure des Kuroko, après l'annonce de leur fils unique.
« Je voulais vous le dire de vive voix, avant que vous l'appreniez par…
— Depuis combien de temps ? »
La question abrupte de son père lui fit agrandir les yeux. Ce dernier avait gardé les yeux clos et avait à présent croisé ses bras contre son torse, son visage fermé ne lui permettant pas de lire ses expressions et ainsi supposer à quoi il pouvait bien penser. Kuroko ne put donc que se baser sur l'intonation de sa voix sévère.
« Plusieurs mois, répondit-il faiblement.
— Ce que ton père veut savoir, c'est quand vous êtes venus fêter Noël à la maison… étiez-vous déjà ensemble ?
— O-Oui. Nous nous sommes mis ensemble la veille. »
Un rire sec s'échappa d'entre les lèvres de son père. Kuroko resserra entre ses mains la tasse de thé, se renfrognant. Cette fois-ci, il n'eut pas la force de soutenir leurs regards et abaissa son menton. Il ne savait pas quoi dire pour se défendre, pour s'expliquer. Les mots lui manquaient et lui arrachaient pourtant la gorge. Ses parents allaient le rejeter, il le sentait. Les larmes commencèrent ainsi à inonder ses yeux, les brûlant.
« Quand cet homme disait prendre soin de toi, je ne pensais pas qu'il prendrait cette tâche avec autant de sérieux. »
Sans un mot de plus, son père fit racler sa chaise en se reculant pour pouvoir se relever. Il quitta la pièce sans un regard en arrière et monta dans sa chambre.
À son départ, Kuroko se ratatina davantage et ses mains vinrent enserrer son pantalon. Il essayait tant bien que mal de retenir ses larmes. Ce fut alors à ce moment qu'il entendit sa mère se relever à son tour, mais il préféra ne pas la regarder. Elle allait partir, elle aussi.
Une main vint cependant se poser contre son épaule et la chaleur qui s'en diffusa l'encouragea à relever son menton. Il put ainsi voir dans ses yeux à quel point elle était désolée de l'attitude de son mari.
« Est-ce que tu l'aimes ? Et est-ce qu'il t'aime ? Lui demanda-t-elle sérieusement, la voix profonde.
— Oui, répondit-il cette fois-ci, sans la moindre hésitation.
— Alors c'est le plus important. »
Un sourire étira les lèvres de sa mère et elle passa sa main dans son dos, voyant bien le trouble qui agitait son enfant. Elle finit même par le diriger contre elle, passant ses bras derrière son dos et lui offrant un câlin réconfortant. Elle avait échoué une fois dans son rôle de mère, en laissant son fils quitter le domicile familial, le laissant livré à lui-même. Elle avait appris de son erreur et ne comptait pas la refaire.
Après s'être reculée, elle vint caresser son visage et sécha les premières larmes qui commençaient à couler. Elle lui embrassa ensuite le front.
« Je vais parler à ton père. Si tu veux retourner chez Akashi-san ce soir, je comprendrais.
— Non… Je veux pouvoir en discuter avec papa avant d'y retourner. Je ne lui demande pas qu'il accepte tout de suite ma relation avec Akashi-kun, maman. Je veux juste qu'il y pense…
— Je le lui dirai. »
Tout en déposant un dernier baiser sur son front, Kuroko put ensuite voir sa mère se redresser pour rejoindre sa chambre et toucher deux mots à son mari. À la suite de son départ, il se laissa tomber contre le dossier de la chaise et soupira longuement. C'était fait. Il l'avait fait.
Un sourire finit par étirer ses lèvres en constatant qu'il venait de révéler à ses parents entretenir une relation, mais surtout une relation avec un autre homme. Un rire nerveux finit par secouer ses épaules, le poids qui s'y trouvait jusqu'à présent se volatilisant petit à petit.
Le reste de la journée, Kuroko ne revit toutefois pas son père qui s'isolait dans la chambre parentale. Sa mère l'avait alors rejoint dans le salon, excusant une nouvelle l'habitude de son mari, mais il la rassura en lui confiant qu'elle n'y était pour rien. Il savait à présent qu'il n'y avait que le temps et une bonne dose de patience avant que son père ne remontre le bout de son nez. Le fait qu'il ne l'avait pas mis à la porte et n'avait insulté Akashi était déjà un grand pas. Sa relation passée avec Kagami avait réussi à leur faire prendre conscience de leur erreur et d'y réfléchir à deux fois avant de prononcer des paroles qu'ils pourraient regretter.
Au dîner, son père descendit pour les rejoindre dans la petite cuisine, mais ne lui adressa pas la parole à un seul instant. Ce fut tout juste si Kuroko réussit à croiser son regard plus de quelques secondes. Kuroko n'insista toutefois pas et continua plutôt de discuter avec sa mère. Il avait remarqué que lorsqu'il cessait de regarder son père et se concentrait sur sa mère, c'était au tour de cet homme de le regarder et de détourner ensuite le regard lorsqu'il revenait à lui.
Dans son regard ne se trouvait aucune trace de dégoût ou de honte et, pour Kuroko, c'était tout ce qui importait.
Dimanche arriva ainsi plus rapidement que prévu et son père et lui n'avaient pas pu reparler. À l'intérieur de sa chambre, il regroupait ses affaires pour retourner chez Akashi, avec qui il avait échangé quelques messages pour le tenir au courant et rassurer son amant. Kuroko alla pour prendre son sac et se retourner quand il marqua un temps d'arrêt. Ses yeux s'agrandirent en discernant la silhouette de son père appuyée contre la rambarde de sa porte, les bras croisés et le regardant fixement.
« Ta mère m'a dit. Vous vous aimez ? Demanda-t-il en allant directement au point crucial.
— Oui. C'est du sérieux.
— En es-tu sûr ? »
Kuroko ne comprit pas où son père voulait en venir. Pour lui, oui, il était sûr d'aimer Akashi et de poursuivre cette relation jusqu'où celle-ci pourra bien l'emmener aux côtés du rouquin. Il savait aussi qu'Akashi n'était pas du genre à mentir sur ses sentiments, à jouer un rôle et encore moins à profiter des autres. Mais son père ne connaissait pas Akashi comme lui le connaissait, il ne l'avait vu qu'occasionnellement et avait peu échangé avec celui-ci.
« Oui, papa. Tu n'as pas besoin de t'inquiéter, Akashi-kun me traite même un peu trop bien. »
Il put ainsi entendre son père pousser un soupir peu convaincu, mais il n'argumenta pas davantage et se retira de son appui.
« Ta mère a fait des cookies, emmène-les pour les lui offrir. »
Et sans un mot de plus, son père se tourna pour descendre les escaliers et rejoindre sa femme. Kuroko ne tarda pas à lui emboîter le pas et les retrouver ensemble, sa mère nouant un tissu autour du récipient qui contenait les pâtisseries. Elle vint par la suite le rejoindre pour le lui donner, caressant ensuite son visage avant de venir l'embrasser sur le front.
« Passe-lui le bonjour de notre part, demanda-t-elle.
— Je n'y manquerai pas. Merci beaucoup. »
Après avoir été accompagné jusqu'au portail, Kuroko salua une dernière fois ses parents, avant de se mettre en route pour retourner auprès d'Akashi. Levant ses yeux vers le ciel, Kuroko profita des légères brises pour respirer et profiter de cet air pur et de la sérénité qui l'habitait actuellement.
Ce ne fut que bien plus tard qu'il arriva à l'appartement, déposant la boîte à cookies dans la cuisine avant de rechercher la présence d'Akashi. De toute évidence, le rouquin était de sortie, puisqu'il ne le trouva nulle part et que même Nigou se trouvait être absent. Un sourire se forma sur ses lèvres en s'imaginant Akashi sortir son ami à quatre pattes. Kuroko se changea enfin et s'allongea sur le lit après avoir enfilé des vêtements plus confortables, ramenant l'oreiller de son amant contre son visage pour y sentir l'odeur de son shampoing.
Il espérait juste qu'Akashi soit rapidement de retour de sa promenade pour lui raconter les nouvelles et partager sa bonne humeur.
Alors que les rayons du soleil commençaient à s'affaiblir pour faire place à la lune, la porte d'entrée s'ouvrit sur Nigou et Akashi. Il détacha la laisse du collier avant de se diriger vers la cuisine et remplir ses gamelles, se rendant ainsi compte de la présence de cette boîte entourée par un tissu qui reposait sur le plan de travail. Son regard se porta alors sur le salon, puis sa chambre, recherchant à son tour la présence de Kuroko entre ces murs. Il sourit en apercevant son amant allongé sur son côté du lit, la tête enfouie dans son oreiller et un sourire bienheureux étiré sur le visage. Au son de sa respiration, Kuroko devait s'être endormi sans même s'en rendre compte.
Lentement et en tentant de faire le moins de bruit possible, Akashi s'assit par-dessus leur lit afin de pouvoir jouer avec les mèches sarcelles qui tombaient sur les yeux clos de Kuroko. Il en profita ainsi pour caresser sa joue avant d'y déposer ses lèvres. Kuroko gigota durant son sommeil, ce qui l'amusa beaucoup alors que sa main continuait de lui caresser le sommet du crâne. Il fallut de longues minutes avant que Kuroko n'émerge, se rendant compte petit à petit de la nouvelle présence à ses côtés et, ainsi, se rendre compte qu'il s'agissait de son amant.
« Bonjour. Ou peut-être devrais-je dire bonsoir. » Fit remarquer Akashi avec un sourire moqueur.
Sans ajouter quoi que ce soit, Kuroko vint entourer ses bras autour de la taille du rouquin et déposa sa tête contre son épaule. Tout d'abord surpris, le réalisateur se laissa faire et continua de passer sa main dans les cheveux rebelles, pendant que les yeux cristallins se trouvaient rivés sur lui.
« J'ai remarqué que pendant que je ne suis pas là, tu sors avec Nigou, l'embêta l'adolescent.
— Lui et moi sommes devenus bien proches depuis que tu nous as délaissés, ne nous en veux pas. »
Le rire qui emporta Kuroko fit gigoter Akashi. Le lycéen se recula ensuite pour se rallonger sur le lit, tendant les bras en direction de son amant qui comprit rapidement le message implicite. Akashi retira ainsi sa veste et sa cravate avant de se glisser entre ces derniers. Il ne fallut pas plus longtemps avant que leurs lèvres ne se rejoignent et profitent de la chaleur que dégageaient leurs consœurs. Du baiser volatile aux plus appuyés, Akashi et Kuroko prirent le temps de se retrouver, de profiter de la présence de l'autre sans dire un seul mot. Quand l'un vint nicher son visage dans le cou de l'autre, l'un caressait son dos ou le serrait simplement contre lui.
Leurs jambes s'emmêlèrent et leur corps ne firent que se rapprocher encore, dans ce besoin permanent de contact. De sorte que les mains d'Akashi ne tardèrent pas à passer sous le haut de Kuroko et, ainsi, toucher ses flancs, remonter au niveau de son torse, avant de terminer dans le creux de ses reins dans des caresses aériennes. La présence de Kuroko à ses côtés lui avait manqué. Le fait de ne pas se réveiller à ses côtés la veille, et ce matin aussi, lui avait paru étrange, lui faisant ainsi réaliser une nouvelle fois l'importance qu'avait pris le jeune homme dans sa vie et ses habitudes.
Cassant leur baiser pour plonger son regard hétérochrome dans celui clair de son amant, Akashi vint l'embrasser sur les pommettes avant de descendre au niveau de son oreille et de l'embrasser derrière celle-ci.
« Bon retour à la maison. » Souffla-t-il doucement, avant de respirer l'odeur qui émanait de la peau de Kuroko.
Kuroko étira un large sourire à ces mots, irradiant de bonheur d'être de retour chez eux et surtout en présence du rouquin qui lui avait manqué. À son tour, il passa ses mains sous la chemise d'Akashi et effleura son dos de bas en haut, le bout de ses doigts suivant les courbes de son corps. Il pouvait sentir le réalisateur frissonner à son touché et lâcher quelques soupirs d'aise, ce qui l'encouragea à poursuivre sa douce attention, tandis que les soupirs de son amant se répercutaient contre son cou.
Il continua ses petites attentions pendant plusieurs minutes, jetant de temps à autre des coups d'œil à Akashi, qui avait gardé son visage niché dans la pliure de son cou et de son épaule. Un doute prit toutefois place dans son cœur, alors que, contre lui, Akashi n'avait pas exercé le moindre mouvement depuis un certain temps. Kuroko se décala alors légèrement et put ainsi observer le visage endormi de son amant.
Amusé de voir le grand Akashi se montrer si vulnérable, mais surtout pour avoir été capable de s'endormir dans une pareille situation et position, Kuroko se promit de le taquiner à ce sujet lorsqu'il se réveillerait. Il n'en fit pourtant rien immédiatement, parvenant plutôt à s'extraire de sous le rouquin qui retomba légèrement sur le matelas. À présent assis, Kuroko passa sa main dans les cheveux rougeoyants, avant de jeter un coup d'œil vers le bureau d'Akashi où résidait son ordinateur encore allumé. Avait-il profité de son absence pour travailler sur son scénario et ne pas dormir correctement ? Après tout, cela ne l'étonnerait pas. Au début de leur rencontre, le rouquin fonctionnait ainsi et négligeait sa santé lorsqu'il était pris dans son travail.
Silencieusement, Kuroko referma la porte derrière lui et se dirigea vers la cuisine. Il allait enfin pouvoir mettre en pratique les cours qu'il avait entrepris aux côtés de Takao.
Ce ne fut que bien plus tard dans la soirée qu'Akashi sortit de leur chambre, l'esprit encore dans le brouillard. L'odeur de la nourriture avait réveillé son estomac, qui ensuite l'avait réveillé lui-même. Il fut toutefois surpris de discerner la silhouette de son amant derrière les fourneaux, lui qui n'avait jamais réussi à sortir un plat correct et qui était un danger pour ses fourneaux. Toutefois, Kuroko ne semblait pas nécessiter d'assistance, cette fois-ci. Son expression concentrée et ses gestes assurés témoignaient d'une expérience dont Akashi s'interrogea sur la provenance. Est-ce que son amant se serait entraîné pendant qu'il dormait ?
« Tu sais cuisiner, maintenant ? Interrogea-t-il après l'avoir rejoint, le faisant sursauter.
— Takao-kun m'a appris, à vrai dire. »
Kuroko agita les légumes qui étaient en train de cuire dans la poêle, un discret sourire étiré sur ses lèvres. Il n'avait rien fait cramer pour l'instant et les odeurs qui se dégageaient lui plaisaient. Peut-être que, cette fois, il servirait une assiette correcte et que, enfin, Akashi pourrait manger sa cuisine. Il demanda ensuite à Akashi s'il pouvait sortir les couverts, ce que ce dernier fit, non sans hausser un sourcil. Le rouquin apporta cependant le tout sur la table du salon, s'asseyant sur une chaise, avant de voir arriver Kuroko avec les différents plats et leurs accompagnements.
Tout en prenant ses baguettes, Akashi observa le contenu des différentes assiettes et devait bien avouer être estomaqué. Il remarqua ensuite le regard insistant que lui jetait Kuroko, qui devait sûrement attendre de le voir manger en premier pour lui donner son avis, avant de commencer lui-même. Il prit ainsi en premier les légumes qu'il apporta à sa bouche et qui fondirent immédiatement.
« Alors ? Si ce n'est pas bon, ne te force pas et…
— C'est très bon. » Le coupa-t-il aussitôt.
Kuroko le regarda comme pour savoir s'il lui disait la vérité ou si c'était juste pour lui faire plaisir. Il piocha alors à son tour dans le récipient des légumes, prenant son temps pour les déguster et s'assurer qu'il avait utilisé la bonne cuisson et les bons assaisonnements. Pendant ce temps, Akashi goûtait aux autres plats et ne fut aucunement déçu. Il allait de surprise en surprise et il comptait à présent laisser Kuroko plus souvent s'occuper de la préparation des repas, si son amant continuait sur cette lancée. Bien que le fait de le savoir passer autant de temps auprès du compositeur ne l'enchantait pas. Il voyait d'ici cette satanée fouine s'amuser de Kuroko et de continuer à le taquiner sans relâche.
Pendant qu'Akashi était en train de maudire Takao, Kuroko jeta des coups d'œil vers son amant et la boîte à cookies entreposée sur un bout de table. Il inspira donc un grand coup avant d'entamer la conversation sur son week-end et ses parents.
« Ma mère a préparé des cookies et te passe le bonjour.
— Tu la remercieras de ma part. Mais dis-moi plutôt, comment ça s'est passé, alors ? »
Sans omettre le moindre détail, Kuroko raconta la manière dont ses parents avaient pris la nouvelle et, particulièrement, son père. Il lui raconta aussi la peur qui l'avait saisi de se faire de nouveau rejeter par sa famille, mais que, finalement, sa mère avait pris place à ses côtés et l'avait rassuré.
« Quand je lui ai parlé du risque des paparazzis, elle n'était pas à l'aise.
— Car ce serait exposer le fait que son fils préfère les hommes ?
— Pas tout à fait, mais il y a encore un peu de ça. Elle nous accepte, mais ça reste nouveau pour elle. Ce sont surtout les sujets et les idioties que les journalistes pourraient raconter sur notre famille qui la dérangent. »
Akashi acquiesça en comprenant les doutes et les craintes que devaient rencontrer cette femme. Comme son père l'avait mentionné, les magazines allaient comparer la position de sa famille à celle de Kuroko et les dépeindre comme des opportunistes, peut-être même comme des rapaces en envoyant leur fils unique séduire celui du grand Akashi Masaomi. Une vague de colère traversa Akashi en réalisant que quoi qu'il puisse entreprendre pour empêcher les scandales d'arriver entre les mains de la population, ce ne serait qu'une solution à court terme.
Ses poings se contractèrent par-dessus la table.
Après avoir débarrassé la table et goûté aux cookies préparés par sa mère, Kuroko laissa son amant s'occuper de la vaisselle pendant qu'il partait dans la salle de bain pour se doucher. L'eau chaude qui roulait sur son corps eut fini de le détendre de ce week-end, fermant les yeux et soupirant d'aise. Une fois propre et vêtu de son pyjama, il retourna dans le salon pour voir Akashi, resté devant l'évier, les gants en caoutchouc toujours sur les mains.
Kuroko le rejoignit en se glissant derrière son dos, entourant sa taille par ses bras et posant son menton par-dessus son épaule. Il le sentit se raidir quelques secondes, avant de porter ses yeux hétérochromes dans les siens et de se détendre. Kuroko ne dit rien, le laissant commencer, le serrant simplement un peu plus contre lui. Au bout de quelques minutes, Akashi se retourna et lui permit de voir son expression soucieuse.
« Je n'aime pas me sentir dépassé… »
Son aveu le fit l'interroger du regard, ne comprenant pas. Ce n'était pas souvent que son amant se montrait faible ou vulnérable, comme si le sol allait se dérober sous ses pieds si la réponse qu'il attendait n'était pas celle que Kuroko prononcerait. À travers son regard, l'adolescent comprit donc que, certainement pour la première fois depuis un certain temps, Akashi n'avait plus le contrôle de la situation. Tout comme lui, il avançait d'un pas incertain, ayant peur de se tromper, de commettre une erreur et de les conduire inexorablement vers une situation où la rupture serait leur seule échappatoire.
« Les journalistes et nos familles… même la société en général. Pourquoi ne peuvent-ils pas se concentrer uniquement sur leurs existences ?
— Car l'enfer, c'est les autres. » Se moqua-t-il.
Sa réponse ne retira pourtant pas les traits tendus du visage de son amant, qui se rembrunit même plutôt. Dans le but de le rassurer, mais surtout de lui montrer qu'ensemble ils étaient plus forts et pouvaient surmonter le moindre obstacle, il se redressa légèrement afin de pouvoir atteindre ses lèvres et y déposer de multiples baisers. Ses mains se resserrèrent au niveau de son bassin, les rapprochant un peu plus. Ce n'était pas le moment de douter ou de se demander s'ils avançaient dans la bonne direction. Cela, ils le savaient déjà. Le piège à éviter étant de ne pas se laisser influencer par les autres et se concentrer uniquement sur leurs sentiments et ce qu'ils partageaient ensemble et qu'ils continueraient de partager.
« En discutant avec ma mère et mon père, j'ai compris qu'on ne pourrait jamais avoir l'approbation de tout le monde. Que ce soit sur notre relation ou sur tout un tas d'autres choses. C'est pour ça qu'on ne devrait pas se soucier des autres et simplement se concentrer sur nous, Akashi-kun.
— Je n'ai pas envie que ce que les autres diront sur nous devienne un sujet de dispute entre nous.
— Et ça arrivera peut-être, y répondit instantanément Kuroko et faisant étirer une grimace à Akashi. Mais comme en ce moment, on en discutera et on se réconciliera.
— Tu as déjà expérimenté comment je peux être cru, une fois en colère.
— Et si tu recommences, comme cette fois-là, je te frapperai. »
Akashi détailla le visage de son amant, dont les yeux cristallins brillaient de malice. Il se souvenait parfaitement de ce jour où il avait dépassé les bornes, critiquant l'orientation sexuelle de Kuroko et l'abandon de ses parents, poussant le bleuté jusqu'à ses limites. L'ecchymose qui avait par la suite recouvert tout son abdomen avait fait halluciner Nijimura, qu'il avait appelé pour que son ami lui achète de la pommade.
Un sourire s'étendit enfin sur ses lèvres et rapporta quelques couleurs à son visage.
Il ne doutait donc pas que Kuroko parvienne à le remettre à sa place, mais surtout lui tienne tête. Et c'était sûrement ce dont il avait le plus besoin dans son quotidien : quelqu'un qui saurait l'accepter dans tous ses états, qualités comme défauts, et qui sache lui dire d'arrêter et lui faire reconnaître ses erreurs. Kuroko était parfait pour cela. Cet homme qui était apparu sans prévenir dans son existence et qui, petit à petit, s'y était immiscé et avait pris racine. Il était à présent impossible de l'en déloger.
Les mains d'Akashi remontèrent jusqu'à la nuque de son amant et il le ramena ensuite contre son torse. Pour l'instant, il avait simplement besoin de le sentir à ses côtés, contre lui. Il ferma par la suite les yeux, humant l'odeur qui se dégageait des cheveux sarcelles encore légèrement humides de la douche prise plus tôt.
« Merci, Tetsuya. »
Ce simple mot remplit de joie le principal intéressé, qui se blottit un peu plus contre le corps de son petit ami. C'était tout ce qu'il fallait : être ensemble.
-x-x-x-
Au milieu de deux rayons féminins, Aomine observa Momoi qui hésitait entre deux tenues. Par moment, la jeune fille se tournait dans sa direction pour lui demander son avis, alors il agitait évasivement sa main dans la direction de l'une avant de regarder ailleurs. Il n'était jamais friand des sorties shopping de son amie d'enfance et les évitait la plupart du temps, mais cette fois-ci, à la plus grande surprise de Momoi, il avait insisté pour l'accompagner. Elle n'avait pas été difficile à convaincre par la suite et le voici à présent, traînant des pieds et se demandant quand elle aurait fini cette torture infâme. En plus, ses pieds commençaient à le démanger d'être debout depuis trop longtemps et de faire les cents pas inutilement.
« Pourquoi tu as tenu à m'accompagner si c'est pour tirer la tronche, Dai-chan ? S'enquit son amie tout en réglant ses derniers achats à la caisse.
— Car sans moi, t'achèterais que des trucs hideux. J'ai pas le choix.
— Oh oui, c'est vrai que tu m'as été d'une très grande utilité dans ma décision, ironisa-t-elle.
— Tu vois, je suis indispensable. »
Aomine ne tarda pas à prendre le chemin de la sortie et enfin retrouver sa liberté, ne remarquant donc pas Momoi lever les yeux au ciel avant de se saisir des sachets que lui tendaient la vendeuse. Évidemment, jamais le basané ne lui proposerait de les lui prendre, en véritable gentleman. Elle le retrouva dans la rue, regardant autour de lui avec une expression sérieuse gravée sur le visage. Ses sourcils se froncèrent, n'ayant pas l'habitude de le voir agir de la sorte.
« Il y a un problème ? Tu cherches quelqu'un ?
— Une véritable bombe est passée devant moi, je la cherchais juste. »
À nouveau, Momoi leva les yeux au ciel, avant de se détourner de son ami et de reprendre sa marche. À sa suite, Aomine finit de la rejoindre tout en continuant de zieuter à droite et à gauche. Au détour d'une ruelle, il discerna la silhouette de Wakamatsu qui continuait de le protéger de loin, prêt à intervenir, comme le bon garde du corps qu'il était. Son garde du corps qui le rendait intouchable et qui, par extension s'il était aux côtés de Momoi, la rendait à son tour intouchable.
Le conseil que son père lui avait fourni après le passage de Nijimura et Kise dans leur maison continuait de tourner dans son esprit. Il devait faire attention à son environnement, à ce qui l'entourait, afin d'éviter le moindre problème.
Au lycée Seirin, Kagami commençait à réellement s'inquiéter au sujet de Kuroko. Après que la cloche libératrice ait retenti dans les couloirs et que les autres élèves aient commencé à ranger leurs affaires, le rouquin se dépêcha afin de pouvoir marcher aux côtés de son camarade. Ils sortirent ensemble de l'établissement scolaire, dépassant le portail où quelques lycéens montaient dans la voiture de leurs parents ou rejoignaient leurs amis et formaient quelques groupes. Kagami continua de regarder autour de lui, ignorant les questions que lui posaient Kuroko qui finit par s'arrêter et le regarder.
« Tu cherches quelqu'un, Kagami-kun ? Demanda-t-il tout en tirant sur sa manche.
— Hein ? Quoi ?
— Tu n'arrêtes pas de regarder autour de toi. Tu attends quelqu'un ? »
Plongeant son regard vermeil dans celui de Kuroko, Kagami se mordilla les lèvres. Il n'avait aucune preuve, mais depuis plusieurs jours, il se sentait épié. Du moins, il avait pensé cela le premier jour où il avait senti être suivi, avant de finalement se rendre compte qu'il s'agissait de Kuroko. À chaque fois qu'il déposait son ami au parc, qu'il le voyait rejoindre cet homme devant l'aire de jeux pour enfants et qu'il retournait chez lui, cette sensation disparaissait.
C'était Kuroko qui était suivi. Mais il ne savait pas par qui, ni à quoi pouvait ressembler cette personne. Il n'arrivait pas à la retrouver parmi toutes ces personnes qui les entouraient.
« Tu vas rejoindre cet homme au parc, après ? Demanda-t-il, déconcertant Kuroko.
— Normalement, oui. De toute façon, je dois passer par-là pour retourner chez Akashi-kun. »
Kagami acquiesça brièvement avant de se mettre en marche. Si cet homme ne se trouvait pas au parc, il raccompagnerait Kuroko jusqu'à chez ce réalisateur à la noix. Il héla même Kuroko après avoir remarqué que celui-ci ne le suivait pas, lui ordonnant de se dépêcher. Une fois dans le parc, Takao, comme Mari, ne s'y trouvaient pas. Tout en regardant autour de lui, Kagami chercha de nouveau cette présence qui les suivait toujours et encore. Son instinct mettait ses sens à l'affût, mais encore une fois, il y avait trop de monde, trop de passants qui circulaient dans ce parc pour rentrer chez eux à leur tour.
« Bon, Kagami-kun, j'en ai assez. Qu'est-ce qu'il se passe ? »
La voix ferme de Kuroko le fit sursauter. Une grimace tira les traits du rouquin face au regard désapprobateur que lui envoyait le bleuté.
« C'est juste que… Comment te dire…
— Avec des mots, peut-être ? »
Des éclairs passèrent à travers les yeux de Kagami, face au sourire moqueur que lui lançait Kuroko. Il jura plusieurs fois, formulant des phrases remplies de non-sens, avant de s'arrêter et de retrouver son sérieux. Son changement d'attitude poussa Kuroko à le jauger du regard, se demandant si son interlocuteur était sain d'esprit.
« Akashi est chez lui ? Finit-il par demander clairement.
— Hein ?
— Tu m'as très bien entendu.
— Oui, je pense, mais pourquoi ?
— Car je te ramène jusqu'à chez lui, c'est plus sûr. Et il faudra que je lui cause, aussi.
— Quoi ? »
Ce fut au tour de Kuroko d'être sans voix, se demandant bien pourquoi son camarade de classe désirait s'entretenir avec son petit ami. Il essaya donc de lui soutirer les réponses, mais Kagami resta silencieux, alors qu'ils sortaient du parc et voyaient la façade de l'immeuble où résidait le réalisateur. Après avoir compris que Kagami ne prononcerait plus le moindre mot, Kuroko continua néanmoins de le regarder du coin de l'œil. La dernière interaction entre Akashi et Kagami ne s'était pas bien passée, alors il ne comprenait pas pourquoi son camarade de classe désirait parler avec son amant. Que pouvait-il avoir à lui dire ?
La réponse allait bientôt lui apparaître puisqu'il ouvrit la porte menant chez Akashi et lui, appelant ce dernier qui sortit de leur chambre et dont l'expression se noircit en reconnaissant Kagami.
« Que fait-il ici ?
— Kagami-kun voulait te parler, répondit doucement Kuroko afin d'essayer de lui faire comprendre que tout allait bien.
— Qu'il parle, alors. »
Kagami roula des yeux devant l'amabilité dont faisait preuve ce fichu rouquin. Il ne comprenait vraiment pas ce que Kuroko pouvait lui trouver, mais il n'était pas là pour ça. L'adolescent prit donc sur lui et finit par leur raconter ce qui le tracassait depuis deux semaines.
« Au début, je pensais juste que c'était moi qui me faisais des films. Mais que ça dure sur plusieurs jours et que je continue à le ressentir, je trouve ça suspect. Si Kuroko est suivi comme je le pense, je voulais te prévenir. Je peux le raccompagner après le lycée, mais c'est toi qui vis avec lui.
— Merci à toi. J'en prends note. »
Le calme d'Akashi à ce sujet ne plut pas à Kagami, le faisant siffler, mais il n'ajouta rien. Il salua froidement le réalisateur avant de se tourner vers Kuroko, lui demandant de faire attention à lui et d'éviter d'être seul le moins possible, avant de se faire raccompagner par son ami et quitter l'immeuble.
À présent tous les deux dans l'appartement, Kuroko se tourna vers Akashi qui avait déjà porté son téléphone à son oreille.
« Oui Shūzō, c'est moi. Ryōta n'est jamais sorti de chez son ami ?
— Pas que je sache. J'ai été très clair à ce sujet et le père d'Aomine aussi. Mais pourquoi tu me demandes ça ?
— Car quelqu'un semble suivre Tetsuya. »
Akashi put entendre Nijimura jurer. Ils le craignaient et c'était arrivé. Cacher Kise et lui conseiller de ne sortir sous aucun prétexte était la seule solution pour préserver sa sécurité, mais sa soudaine disparition allait inévitablement agacer Imayoshi et ses hommes. À défaut de trouver la trace du jeune mannequin, ils avaient décidé de suivre les amis de ce dernier, au cas où l'un d'entre eux l'amènerait à leur cible.
Après avoir poursuivi la conversation un peu plus, Akashi finit par raccrocher et se tourner vers son amant, qui l'observait avec une inquiétude distincte. Il avait fini par saisir l'ampleur de la situation. Sa gorge était devenue sèche et ses mains moites.
« Peux-tu appeler les amis de Ryōta que tu connais ? Il faut les prévenir et leur indiquer d'être accompagnés le plus possible.
— O-Oui. »
Les mains tremblantes, Kuroko attrapa son téléphone pour appeler Aomine et Momoi. Le rire grave du basané le surprit et il pensa que le garçon ne le croyait pas et s'énerva. Ce n'était pas une situation où il était possible d'en rire et encore moins de s'en moquer. Mais la voix grave d'Aomine lui fit finalement comprendre que ce n'était ni l'un ni l'autre.
« Je le sais déjà. C'est pour ça que je colle Satsu comme un fichu toutou. T'inquiète pas pour nous et l'appelle pas, s'il te plaît. Ça sert à rien de l'inquiéter.
— Ce serait mieux de la prévenir aussi, je trouve. Tu ne peux pas être tout le temps avec elle, non ?
— Tu doutes de moi, Tetsu ? »
Le rire goguenard qui sortit de la bouche d'Aomine fit s'inquiéter un peu plus Kuroko, mais pour un tout autre registre. Finalement, il ne savait pas s'il ne devait pas plus s'inquiéter d'Aomine pour cette pauvre jeune femme. Il finit tout de même par raccrocher, demandant toutefois à Aomine de mettre au courant Momoi et éviter de tout gérer tout seul.
« C'est bon ? S'enquit Akashi en se rapprochant de lui.
— Aomine-kun se charge de la protection de Momoi-san. Et je n'ai pas le numéro de Kasamatsu-san, mais je peux appeler Kise-kun.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée… Il risque de faire n'importe quoi.
— Mais il faut prévenir Kasamatsu-san. C'est lui qui est le plus proche de Kise-kun et qui l'héberge.
— Tu as un moyen de le joindre autrement que par Ryōta ? »
Tout en réfléchissant à comment prévenir Kasamatsu, Kuroko se souvint de cette soirée où ils avaient découvert le brun sur cette scène, jouant un morceau avec son groupe de musique. Il y avait peut-être une chance pour que Kasamatsu y soit pour répéter ou pour offrir un spectacle. C'était le seul moyen pour lui de le contacter, espérant ainsi de tout cœur que le brun soit dans cet établissement ou qu'il puisse trouver une personne ayant son numéro.
Après en avoir parlé à Akashi, ils se vêtirent et se mirent en route le plus vite possible.
Ainsi, pendant qu'Akashi et Kuroko circulaient dans les rues pour rejoindre le bar où jouaient Kasamatsu et ses amis, Moriyama était attablé au bar, le téléphone contre son oreille. Une injure passa ses lèvres alors qu'il tombait une nouvelle fois sur le répondeur. Leur chanteuse se pencha par-dessus son épaule, lui demandant des nouvelles de leur bassiste qui était en retard. Ce qui n'était pas dans ses habitudes et cela les inquiétait. D'ordinaire, Kasamatsu était toujours le premier à arriver et à leur taper sur les doigts après cinq minutes de retard.
Une demi-heure. Cela faisait une demi-heure que leur ami devrait être à leurs côtés.
À la fois inquiet et énervé que Kasamatsu ne lui réponde pas, Moriyama finit par quitter son siège et sortir du bar. Il allait le ramener, même si cela signifiait aller jusqu'à chez lui et l'attraper par le col de sa chemise. Au moins, il se serait assuré que le brun était chez lui et en bonne santé. Un peu plus tard dans la soirée, Akashi et Kuroko arrivèrent dans l'établissement qui produisait quelques petits concerts. Ils zigzaguèrent parmi les clients afin de trouver Kasamatsu, demandant même au barman s'il ne l'avait pas vu.
Malheureusement, personne ne sut leur répondre et Kuroko ne trouva ni Moriyama, ni leur chanteuse pour leur poser des questions.
Chez la famille Kasamatsu, Kise avait décidé de prêter main forte dans les tâches ménagères afin de se montrer utile, mais aussi pour faire passer le temps un peu plus vite. En cet instant, il aidait donc la mère de son ami à préparer le repas. L'écho de leur conversation et de leurs rires fut interrompu par la sonnerie du téléphone à l'entrée. Kise ne s'en formalisa pas et continua plutôt de surveiller la cuisson de leur repas, tout en sifflotant joyeusement pendant que la maîtresse de maison répondait, son sourire perceptible dans l'intonation de sa voix.
Ce même sourire qui ne tarda pas à s'effondrer quand le policier lui annonça que son fils était en route pour les urgences.
