Bonsoir tout le monde, comment allez-vous ? J'espère que vous profitez des vacances d'été malgré la canicule et bonne chances pour celles et ceux qui doivent travailler !

Pour la citation de ce chapitre, j'ai eu beau chercher je n'ai pas trouvé à qui elle pouvait appartenir. En tout cas, sachez qu'elle n'est pas à moi, tout comme les personnages de cette fiction qui sont à Tadatoshi Fujimaki et l'image qui appartient à Tsuzuki Saaya (aussi appelé Praly).

Merci à kama-chan59 pour sa correction toujours aussi rapide et nickel !

Réponses aux reviews :

Absolute sweet : Bienvenue à toi et merci pour ta review, elle m'a énormément touchée ! Et je remercie ta conscience et ta mémoire pour t'être souvenue de cette fiction et de m'avoir laissé un commentaire. Après tout, mieux vaut tard que jamais ;) Merci en tout cas pour avoir sauté le pas, car tu m'as vraiment offert de très jolis compliments ! Mais je note que tu es tout de même vachement courageuse pour avoir tout relu, franchement bravo.

Mais oui, il faut savoir qu'Akashi est un personnage adorable dans le fond ;) Il a le droit comme tout le monde à un peu de bonheur et qui de mieux que Kuroko pour le lui apporter ? ~ Mais oui, rien ne pourra faire rompre le couple AkaKuro, que ce soit un père maladroit ou des anciens amours, paparazzis ou juste l'entourage des deux personnages principaux. Car après tout, c'est un peu ça la vie, non? Le danger, l'amour, le bonheur comme la tristesse peuvent arriver de partout. En tout cas, je suis contente que tu apprécies Masaomi et que tu as noté la "subtilité" du personnage. En vrai, j'apprécie beaucoup écrire sur lui car c'est un personnage complexe à sa façon qui n'est ni tout noir ni tout blanc. Comme n'importe quel autre personnage de ce manga, il a différentes nuances de gris.

J'espère en tout cas que ce chapitre te plaira comme les précédents ! Tu sauras ainsi ce qui a pu arriver à Kasamatsu, comment il le supportera ou non ;) Et ne t'inquiète pas de la longueur de tes reviews, sache que ça fera toujours énormément plaisir aux auteurs comme le plaisir que j'ai ressenti en la lisant :D A bientôt et je te souhaite une bonne lecture !

ellie 27 : Coucou ! Mais Akashi et Kuroko sont toujours adorables ! Il ne peut en être autrement pour eux, pour ce coupl Je ô si merveilleux ;) Pour le cas de Kasamatsu, tu en sauras un peu plus au cours de ce chapitre. Aura-t-il survécu ? Aura-t-il de graves séquelles? Tant de questions haha. En tout cas j'espère que ce nouveau chapitre te plaira et que le AkaKuro continuera de te faire fondre :D Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Merci à tous et à toutes de continuer à suivre cette fiction, de la mettre en favoris/follow et bien sûr de me laisser des commentaires. Vous êtes les meilleures ! Passez une bonne lecture avec ce chapitre 39 tout chaud et n'hésitez pas à commenter ;) Je vous embrasse.


Le Papillon

Scène 39


Ta solitude est une longue marche qui empreinte des chemins semés d'embûches.

Et à force de piétiner quelques cailloux, tu finis par trébucher sur le plus gros d'entre eux.

Quand viendra la main tendue vers toi pour te relever et soigner tes blessures,

Tu auras compris qu'elle te montrera par où se trouve ton âme sœur.


Kise se trouvait à présent seul dans le domicile des Kasamatsu. La mère de son ami avait laissé tomber le téléphone à l'entrée pour attraper son manteau et partir en claquant la porte derrière elle. Et lui, il avait compris. Il avait compris que quelque chose était arrivé à Kasamatsu par sa faute. Seulement, son corps refusait de produire le moindre mouvement. Il était tétanisé, alors que ses pensées affluaient, l'accusaient et le torturaient.

Kasamatsu avait eu des problèmes par sa faute.

Cette réalité ne cessait de repasser dans un coin de sa tête, de le marteler et de lui retourner le cœur. Il avait envie de vomir. Pourquoi avait-il passé ce marché avec Imayoshi ? Pourquoi avait-il été si bête et avoir pensé que tout s'arrangerait, qu'il deviendrait populaire et qu'on arrêterait de le traîner plus bas que terre par l'intervention d'un homme pareil. Kise regretta de ne pas pouvoir revenir dans le temps, de ne pouvoir être capable de se gifler lui-même, mais il savait que ce n'était pas possible. Il devait se confronter à ses propres erreurs et les assumer, prendre le blâme et s'accrocher.

Kasamatsu souffrait en cet instant, mais quelqu'un d'autre, demain ou le surlendemain, risquait de souffrir par sa faute.

Alors à son tour, Kise attrapa son manteau et sortit.

-x-x-x-

À l'hôpital, Akashi et Kuroko arrivèrent après l'appel de Nijimura qui s'y trouvait déjà. Kuroko aperçut la mère de Kasamatsu dans les bras de Moriyama, dont le visage était couvert d'ecchymoses. C'était à peine s'il parvenait à le reconnaître, tellement certaines parties de son visage avaient commencé à enfler. Dans le couloir se trouvaient des médecins, des policiers, mais aussi des proches de la famille. Kuroko continua d'étudier la situation et écouta les conversations entretenues par toutes ces personnes, découvrant quelques informations sur l'état critique de Kasamatsu et de l'arrivée miraculeuse de son ami, dont l'arrivée avait évité le plus dramatique.

Des frissons le parcoururent à cette idée.

« Que s'est-il passé ? Interrogea Akashi.

— Kasamatsu rejoignait son groupe, mais il a été interpelé par des hommes d'Imayoshi qui l'ont interrogé sur l'endroit où résidait Kise. Le petit s'est défendu comme il a pu, mais ils étaient plus nombreux. Heureusement que son pote s'est inquiété de son retard et qu'il est parti à sa recherche, si tu veux mon avis, répondit Nijimura en se frottant nerveusement la nuque.

— Comment va Kasamatsu-san ? Demanda finalement Kuroko.

— Plusieurs côtes brisées et le petit a aussi une commotion cérébrale. L'hôpital compte le garder en observation et un flic surveillera sa chambre, au cas où. »

Kuroko partit de nouveau observer Moriyama qui tentait vainement de consoler la mère de son ami, des larmes coulant sur ses joues à lui aussi. La peur et la douleur se mélangeaient et se déversaient sur leurs visages, leurs cœurs battant à l'unisson à travers cette épreuve. Kuroko parvint à entendre les mots de remerciements de cette femme, qui tremblait à vue d'œil et dont la voix était hachurée par ses sanglots.

« Que va-t-il se passer pour Ryōta ? Il serait étonnant que la mère de cet enfant le laisse rester chez eux.

— Une voiture de police a été envoyée à leur domicile.

— En espérant qu'il ne fasse rien de stupide. » Compléta Akashi.

Le rouquin porta ensuite son attention sur son amant qui avait les yeux rivés sur la mère de Kasamatsu et l'ami de ce dernier. Il vit dans ces yeux clairs son envie de les rejoindre et de les soutenir, mais la peur de les déranger le faisant rester à leurs côtés. Tendrement, il lui attrapa alors la main et lui caressa la paume grâce à son pouce, capturant ainsi son regard. Nijimura vit la scène et préféra se retirer, non sans sourire en coin.

« Je t'accompagne, si tu veux. »

Kuroko acquiesça faiblement et serra sa main contre celle de son amant. Ils se dirigèrent ensemble vers le duo qui se séparèrent pour les écouter, les remercier et discuter avec eux. Pendant que Kuroko échangeait avec Moriyama et en apprenait plus sur le moment où le musicien était arrivé dans la ruelle où Kasamatsu était roué de coups, Akashi observa la porte qui le séparait du brun. La situation avait trop duré et la police se devait d'agir au plus vite, pour épargner à d'autres familles de recevoir un coup de téléphone les avertissant d'un drame. Ses yeux glissèrent de la porte jusqu'au profil de Kuroko, sa main se resserrant légèrement autour de celle de l'adolescent.

Ce même soir, Aomine finit de ramener Momoi jusqu'à la porte de sa maison. Il la salua d'un geste de main las, épuisé d'avoir marché dans tout Tokyo pour trouver des cadeaux d'anniversaire pour une personne qu'il ne connaissait même pas. Une fois que son amie d'enfance disparut et fut en sécurité chez elle, l'adolescent s'étira longuement tout en se jurant à lui-même qu'il allait finir par attraper lui-même ce fichu Imayoshi à la noix pour soulager ses peines.

Momoi et lui étant voisins depuis leur plus tendre enfance, Aomine n'eut à faire que quelques pas pour se retrouver en face de chez lui, mais il n'entra pas tout de suite. Appuyé contre leur portail, une silhouette masculine attendait. Sur ses gardes, Aomine le détailla de la tête aux pieds. Malheureusement, sa capuche et sa tête baissée l'empêchèrent de l'identifier. Les hommes d'Imayoshi, et celui-ci même, n'oseraient tout de même pas les narguer devant la maison du chef de la police, n'est-ce pas ? Un sourire moqueur vint dès lors s'étirer sur ses lèvres. Ça permettrait de résoudre cette affaire rapidement si ces personnes pouvaient se montrer aussi stupides.

L'adolescent se rapprocha alors à pas feutrés, tel un félin surveillant sa proie avant de lui bondir à la gorge. Il remercia l'obscurité ambiante pour camoufler sa silhouette, n'attirant ainsi pas l'attention de cet homme toujours appuyé contre le portail. Avec des gestes rapides et une agilité certaine, Aomine plaça son bras autour de la gorge de l'inconnu et le ramena contre son torse. Sa proie s'agita, gesticulant dans tous les sens. Ses mains finirent par se poser sur son avant-bras.

« Qui es-tu ? Demanda sévèrement Aomine, son emprise se resserrant.

— Aominecchi ? C'est moi ! Kise ! »

Le basané agrandit les yeux avant de saisir les épaules du blond, l'obligeant à se retourner et à lui faire face. La capuche tomba durant le changement de position et dévoila la chevelure dorée et les yeux noisette du mannequin qui le regardait avec interrogation.

« Qu'est-ce qui te prend t'attendre devant chez quelqu'un avec une allure aussi suspecte, aussi, grommela-t-il en le relâchant et en croisant les bras contre son torse.

— Une allure suspecte ? C'est méchant ! Je voulais juste pas qu'on me reconnaisse, s'écria Kise, vexé.

— Et je peux savoir ce que tu fais là ? »

Kise baissa d'un ton à la suite de la question de son interlocuteur, baissant le regard pour regarder le sol. Sa main attrapa par la suite son autre bras, laissant paraître son malaise et ses questions plein la tête. À vrai dire, il ne savait pas vraiment lui-même. Enfin si, il savait. Cependant, il ne savait pas par où commencer et quoi dire exactement. Alors il avait attendu, faisant les cent pas devant ce portail, préparant son récit à de multiples reprises, avant de baisser les bras et de se dire que, de toute façon, c'était une cause perdue.

De son côté, Aomine n'était pas connu pour être une personne patiente. Il ne tarda donc pas à râler, rappelant qu'il ne comptait pas camper devant chez lui, alors que son lit l'attendait de l'autre côté.

« Ton père est là ? Finit par demander Kise.

— Qu'est-ce que j'en sais, moi… T'as pas sonné pour demander ?

— Je n'ai pas osé, Aominecchi. Imagine que je dérange ?

— Tu sauras pas si t'essaies pas. »

Et sans tergiverser davantage, Aomine dépassa le portail et entra dans le jardin que possédait sa maison. Dans sa main résidait le poignet de Kise, qu'il avait attrapé pour obliger ce dernier à le suivre et, enfin, le sortir de ses questionnements infinis et surtout répétitifs. Il se ficha des réclamations de cette princesse qui hésitait entre sauter par la fenêtre ou affronter le dragon pour échapper à son donjon et enfin retrouver sa liberté d'antan. Après tout, n'était-ce pas justement le rôle du prince charmant de prendre les rênes et de la délivrer de son malheur ?

Tout en traversant les différentes couleurs de la maison et après avoir monté l'escalier, les deux adolescents firent face à la porte qui les séparait encore du chef de la police. Kise avait arrêté de se débattre et s'agitait à présent sur ses pieds, ne sachant pas sur lequel danser, ni vraiment quoi dire dans les prochaines minutes.

Aomine se saisit de la poignée et ouvrit la porte, lui signifiant que son père se trouvait entre ces murs, puisqu'elle n'était pas verrouillée. Ayant relâché le poignet de Kise lors de son avancée dans la pièce, il jeta un regard par-dessus son épaule pour discerner la silhouette du blond resté en arrière, hésitant encore et toujours. Il alla pour crier au mannequin de ramener son fessier sur le champ, mais son père lui coupa l'herbe sous le pied.

« Kise, que fais-tu ici ? »

Mais seul le silence répondit à cet homme, qui ne s'attendait pas à recevoir un pareil invité à une heure pareille et aux vues des circonstances. Son expression ne tarda donc pas à se faire plus sévère qu'elle ne l'était déjà, ses sourcils se fronçant et creusant davantage ses rides. Il quitta son siège et contourna son bureau pour se rapprocher de ce garçon qui n'en faisait définitivement qu'à sa tête, ignorant ses conseils pour préserver sa sécurité. Il avait passé un coup de fil à ses hommes pour qu'ils aillent chercher cet adolescent insouciant, mais ils l'avaient rappelé pour lui signaler que personne n'avait répondu à la maison des Kasamatsu.

Bon, le plus rassurant était de savoir que l'adolescent ne s'était pas mis en danger.

« Assieds-toi, veux-tu bien ? Je vais aller préparer du café. »

Aomine fut surpris en entendant la voix de son père se radoucir, mais surtout de voir un sourire conciliant s'étirer sur ses lèvres charnues. Depuis quand ce type qui lui servait de père se montrait-il humain ? Il l'avait toujours vu analysant ses émotions, n'ayant sur son visage que cette expression tirée toujours ennuyée dont il avait hérité certains traits. Sa douceur apparente, et choquante, sembla pourtant plaire à Kise et lui faire baisser sa garde. Le blond s'avança donc dans la pièce, se pencha respectueusement vers l'avant tout en excusant son intrusion, avant de prendre place sur l'un des sièges en face du bureau.

Son père sortit par la suite pour se diriger vers la cuisine, les laissant tous les deux dans la pièce qui semblait, tout à coup, immense sans la présence de son propriétaire.

Quelques instants plus tard, après qu'Aomine ait finalement pris place sur le deuxième siège proposé, son père revint en compagnie de Wakamatsu, tenant un plateau avec plusieurs tasses de café posées par-dessus. Son garde du corps, et pour le moment majordome, déposa le tout sur le bureau avant de se reculer et de caler le plateau, à présent vide, contre sa hanche. Aomine l'épia toutefois du regard, les bras croisés contre son torse. Ses parents avaient des cuisiniers, des aides ménagères et un véritable majordome à leur service, alors pourquoi ce type était présent dans la pièce ?

Ainsi, pendant qu'il observait cette sangsue à l'apparence humaine, son père reprit la conversation avec Kise.

« Je suis désolé pour ton ami Kasamatsu. Mes hommes parcourent le quartier et essaient de trouver des témoins.

— Merci…

— Attends, il est arrivé quelque chose à l'autre ? S'écria Aomine, ce qui, par ailleurs, fit soupirer son paternel et baisser la tête de Kise davantage.

— Kasamatsu Yukio a été victime d'une agression et tout porte à croire qu'il s'agit des hommes d'Imayoshi. »

Assemblant les faits et en repesant à ces fois où il s'était senti suivi et l'appel de Kuroko, Aomine jura à voix haute et tapa du pied. Évidemment que cet homme avait ciblé tous les proches de Kise et qu'il était tombé sur celui qui n'était pas accompagné, tel le lâche qu'il semblait être. Malheureusement, sans preuve ni témoin, la police ne pouvait pas attraper Imayoshi. Cette personne arriverait à ressortir aussitôt, sans même devoir lever le petit doigt ou se fouler. Cela mettait Aomine hors de lui en sachant qu'à l'inverse des forces de l'ordre, cela ne dérangeait pas Imayoshi et ses hommes pour frapper à grands coups.

En voyant son fils fulminer sur son siège, ses poings attrapant et serrant fermement les accoudoirs, le père d'Aomine chercha à tempérer son fils.

« C'est pour ça qu'il faut que tu fasses plus attention qu'avant, Daiki. Arrête de suivre Momoi dans tous ses déplacements.

— Et la laisser se démerder toute seule ?! Et puis quoi encore ! File-lui Wakamatsu et on pourra en reparler.

— Oï, gronda l'intéressé qui n'aimait pas être traité comme un jouet que l'on s'échangeait.

— Wakamatsu est là pour ta sécurité.

— Alors s'il fait si bien son travail, il n'a qu'à continuer de me suivre pendant que moi, je surveille Satsu. Tu veux qu'elle finisse comme ce Kasamatsu ou quoi !? »

Sous le coup de l'énervement, Aomine bondit sur ses pieds et sa main claqua contre le bureau. Cela fit sursauter Kise qui, au cours des échanges virulents, s'était ratatiné sur son siège. Il sentait les larmes inonder ses yeux et menacer de dévaler sur son visage, alors pour éviter un tel moment de faiblesse, il se pinça la jambe à travers son pantalon. Ses oreilles bourdonnaient des joutes verbales entre Aomine et son père, qui avaient oublié le monde qui les entourait pour faire valoir leurs arguments.

« De toute façon, si tu faisais bien ton travail, Imayoshi serait déjà derrière les barreaux et on aurait pu éviter l'épisode kidnapping. »

Aomine savait que son reproche était facile, que son père n'y était pour rien puisque les lois de leur pays l'empêchaient d'arrêter simplement et purement cet homme qui le narguait depuis des années. Mais il avait eu ce qu'il cherchait : le regard blessé de cet homme qui lui avait donné la vie. Cet homme dont il n'avait jamais été particulièrement proche depuis sa naissance, mais qui se permettait de le sermonner et de lui dicter sa vie future sans son consentement.

Un silence palpable recouvrit la pièce où personne n'osa reprendre la conversation. Kise fronça les sourcils et jeta un coup d'œil vers le profil d'Aomine, qui reflétait encore sa colère, pour ensuite observer l'expression émue de son père, les yeux baissés. Avait-il bien entendu ? Kidnapping ? Il n'eut pourtant aucune autre information au sujet d'un probable enlèvement, car Wakamatsu s'était rapproché pour attraper le bras d'Aomine, dont la main était sur le bureau, obligeant l'adolescent à cesser ce combat de regards pour le regarder droit dans les yeux.

« Tu n'as pas à parler à ton père de la sorte. Tu es vivant, non ? Remercie-le, plutôt. »

Par un geste aussi sec que violent, Aomine parvint à se dégager de l'emprise de cet impertinent. Il jura plusieurs fois, donna un coup de pied contre la chaise, avant de la contourner et de sortir de cette maudite pièce. Il claqua la porte derrière lui et s'éloigna. À l'intérieur de la pièce, les trois hommes restés se fixèrent sans ajouter quoi que ce soit. Finalement, ce fut le père d'Aomine qui brisa en premier le silence en soupirant longuement, excusant le comportement de celui-ci.

« Vous savez, mon idée de vous servir d'appât pour coincer Imayoshi tiens toujours, reprit Kise.

— Ce n'est pas possible. Il y a trop de risques et peu de résultats qui nous confirmeraient que l'opération serait un succès. Je ne peux pas jouer avec ta vie et ta sécurité.

— Mais…

— Wakamatsu a déjà pu travailler aux côtés d'Imayoshi, il a gardé quelques contacts avec certains de ses hommes. Nous sommes en train de faire des descentes dans leurs points de rencontres, il suffit d'être patients. Rien de bon ne ressort dans la hâte et l'impatience. »

Kise put voir d'un nouvel œil cet homme qui se tenait à sa gauche, le regardant de haut en bas. À vrai dire, il n'était pas rassuré d'apprendre une telle chose. Le père d'Aomine eut beau lui expliquer que Wakamatsu avait fréquenté les quartiers sombres au cours de son adolescence, il y avait de ça une dizaine d'années à présent, il resta toutefois sur ses gardes. Après tout, Imayoshi lui avait demandé de se rapprocher du fils de cet homme pour lui soutirer des informations et être capable ensuite de le faire chanter, d'avoir un moyen de pression contre le chef de la police.

Pourquoi Imayoshi n'aurait-il pas fait la même chose avec ce Wakamatsu ?

« Mais dis-moi, Kise, as-tu un autre endroit où dormir et passer tes journées ?

— Non. Et je ne veux pas… Je ne veux pas qu'une autre personne souffre à cause de moi.

— As-tu assez d'argent pour vivre dans un hôtel ?

— Je peux taper dans mes économies, oui. »

Ainsi, la suite de leur conversation se poursuivit sur le logement de Kise et des prochains jours. Comme précédemment, il ne devait pas sortir ou, du moins, cacher son visage grâce à des capuches ou des écharpes. La famille de Kise allait aussi être protégée par des policiers qui surveilleront leur maison, mais aussi leur lieu de travail et les protégeront de loin. Puis, une fois la conversation terminée et quelques promesses de Wakamatsu sur le fait que, bientôt, ils réussiront à coincer Imayoshi, Kise quitta la pièce pour se retrouver dans l'immense couloir.

Une fois la porte fermée derrière lui, il laissa ses épaules basculer vers l'avant tout en poussant un soupir à fendre l'âme. Si seulement il était possible d'appuyer sur un bouton pour tout accélérer et laisser cet épisode enfin derrière lui, il appuierait sans la moindre hésitation dessus. Cependant, la technologie d'aujourd'hui n'était pas encore arrivée à ce niveau. Il ne pouvait donc que prendre son mal en patience, faire confiance à la police et éviter qu'Imayoshi ne lui tombe dessus et, ainsi, éviter le game over.

Kise finit par diriger son attention vers la chambre d'Aomine, apercevant le faible faisceau lumineux qui passait sous la porte. Il se mordilla les lèvres un instant, hésitant à aller rejoindre le basané et s'enquérir de son état. Après tout, de multiples questions continuaient à passer dans sa tête au sujet du kidnapping mentionné, surtout en vue des réflexions prononcées par Wakamatsu. Il ne faisait plus aucun doute qu'Aomine avait un rôle dans cette histoire passée, mais Kise savait, en autre, que la curiosité était un vilain défaut. Et puis le basané ne souhaiterait sûrement pas le voir. Leur dernière conversation, à l'extérieur du bar où se représentaient Kasamatsu et ses amis, lui restait en mémoire.

« Tu sauras pas si t'essaies pas »

Les paroles d'Aomine lui revinrent en mémoire et le poussèrent à se rapprocher de la porte menant à sa chambre. Il inspira plusieurs fois, se donnant le courage nécessaire pour amener son poing contre le morceau de bois. Il toqua et le son produit lui remonta jusqu'aux oreilles et le fit frissonner d'appréhension. Le râle de l'adolescent remplaça, par la suite, le silence qui s'était installé, maudissant si c'était son père qui venait le déranger. Kise put ainsi le voir hausser les sourcils en le voyant à la place de son paternel.

« Qu'est-ce que tu me veux ? »

La voix était lasse, fatiguée, mais à travers l'embrasure de la porte, Kise put identifier une manette de console branchée et la musique d'un jeu qu'il reconnut. Après tout, il avait passé de nombreuses après-midis à jouer aux côtés d'Aomine et avancer ensemble dans les niveaux. Un sourire s'étendit dès lors sur ses lèvres et il reprit du poil de la bête.

« Tu as réussi à avancer, depuis la dernière fois ? Demanda-t-il en pointant du doigt la manette.

— Comme tu dois t'en douter, je ne suis pas d'humeur à causer de trucs inutiles. Si t'es venu pour ça, tu peux te casser.

— Je voulais juste m'assurer que tu…

— Et si c'est pour parler de ce que tu as entendu, tu peux aussi te casser. Tu connais le chemin vers la sortie. »

Sans ajouter quoi que ce soit, Aomine se retourna et referma la porte sans cérémonie. Kise cligna des yeux un instant, surpris, mais pensa ensuite que ce n'était que justice.

« Si tu ne veux pas en parler, il n'y a pas de soucis. Je pensais juste que faire une partie de basket pourrait être… »

Il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase qu'Aomine venait de rouvrir sa porte, un ballon contre sa hanche et le visage sévère lui signalant de ne rien dire. Mais c'était mal connaître Kise qui ne put retenir un éclat de rire, surpris et exaspéré que le basané soit si facile à faire venir à soi.

« Ah, mais attends ! Tu peux pas sortir, grogna par la suite Aomine qui commença alors à revenir sur ses pas.

— Je n'aurais qu'à garder ma capuche sur la tête et…

— Et devoir t'arrêter au bout de cinq minutes, car tu vas crever de chaud… non merci. »

Se trouvant devant un dilemme, un silence s'établit où les deux garçons cherchèrent une alternative à leur problème. Kise poussa un nouveau soupir à fendre l'âme. Une partie de basket contre Aomine lui aurait fait du bien, après tout ce temps à rester cloisonné chez Kasamatsu, mais cela lui aurait peut-être aussi permis de réparer les pots cassés avec Aomine. Sa déception et sa peine durent visiblement se lire sur son visage, puisqu'Aomine finit par se retourner, l'invitant à entrer dans sa chambre.

D'abord surpris, Kise n'attendit pas qu'on le lui dise deux fois et referma la porte derrière lui. Il sourit en voyant qu'Aomine n'avait pas évolué dans le rangement, puisque des vêtements, des magazines et même des cartons de pizzas continuaient à reposer à peu près partout. Tout en faisant attention où il mettait les pieds, il finit par s'asseoir aux côtés du basané et attrapa la manette qu'il lui tendait. Sous les effets sonores du jeu et des éclats de voix d'Aomine, peu satisfait de perdre, Kise continua de faire de son mieux.

Après tout, il savait qu'Aomine appréciait le challenge et la compétition. Ce n'était donc pas le moment de le laisser gagner pour lui faire plaisir. Même s'il se faisait menacer par le principal intéressé et qu'il recevait parfois des coups dans les côtes, pour le distraire et lui faire manquer son coup.

À la suite d'une énième défaite d'Aomine qui proclama que, de toute façon, ce jeu était truqué, Kise essuya les larmes qui perlaient du coin de ses yeux à cause de ses multiples fous rires.

« Ça m'avait manqué de jouer avec toi, confia-t-il dans un souffle.

— Ouais. Moi aussi. »

Aomine laissa son dos tomber contre le rebord de son lit. Il avait pris l'habitude de jouer à sa console en étant assis à même le sol, son lit lui servant de dossier. Se trouvant à sa gauche, il observa le visage que Kise avait tourné dans sa direction, ses yeux normalement si pétillants se trouvant éteints en cet instant. Aomine se doutait que le blond s'en voulait, qu'il avait appris la leçon et ne désirait que se racheter. Après tout, cet idiot était facile à comprendre et tout se lisait sur son visage.

« Tu sais, la dernière fois… je suis vraiment…

— Ouais. Je sais. »

Le mannequin fronça les sourcils, peu ravi de se voir interrompre de la sorte, alors qu'il cherchait à s'excuser et expliquer son attitude. Mais Aomine se fichait de tout cela. Il avait toujours été plus tourné vers les actes que les paroles. C'était si facile d'utiliser de jolis mots, de belles promesses, mais ce n'était que du vent. Lui aussi était capable de promettre la lune et de disparaître le lendemain, sans crier gare et sans avoir tenu parole.

« J'ai rien contre toi, tu sais. Juste que tes actions et ton attitude ne me plaisent toujours pas. J'ai pas besoin de ce genre de merde dans ma vie. Si t'es là ce soir, car ça te pèse sur la conscience et que t'arrive pas à dormir, mais qu'en vrai tu seras capable de recommencer à l'avenir, tu peux partir tout de suite.

— N-Non ! Bien que sûr que non !

— Et comment tu le sais, hein ? »

Un sourire tendant à la grimace se glissa sur les lèvres d'Aomine, dévoilant qu'il ne croyait même pas un mot des propos de Kise. Cela énerva donc l'intéressé, dont l'emprise autour de la manette se raffermit avant qu'il ne décide à la poser par terre.

« Je sais que j'ai merdé ! Que je vous aie fait du mal à tous et… putain à cause de moi, Kasamatsu senpai est à l'hôpital… tu te rends compte !? Je… Je veux que tout s'arrête et que tout le monde aille bien. Je veux que plus personne ne soit blessé par ma faute. C'est pour ça que je suis venu voir ton père. J'aurais pu me rendre directement à Imayoshi, lui donner ce qu'il veut, mais je suis venu ici.

— Attends. Je dois applaudir ? Demanda Aomine, après un temps où le silence avait repris ses droits.

— Pourquoi tu ne me crois pas, s'énerva alors Kise.

— Car es-tu allé voir ton ami pour voir comment il allait et t'excuser ? Es-tu allé voir sa mère ? Ces personnes t'ont protégé au détriment de leur propre sécurité et tu es là à jouer à la console avec moi. Je t'accorde la partie avec mon père, tu as bien fait. Félicitations. »

Kise grinça un peu plus des dents devant le ton qu'employait Aomine, surjouant et tapant dans ses mains pour le féliciter. Il ne demandait pas à ce que le basané le traite comme un enfant capricieux, à la recherche de reconnaissance.

« Tu n'arrêtes pas de prendre encore et toujours, sans donner le moindre retour. Un conseil : remets-toi en question. »

Après avoir pris la manette que Kise avait posé sur le sol, Aomine commença à ranger rapidement et à la va vite. Un message pour que le blond comprenne que c'était le bon moment pour mettre les voiles. Kise sembla par ailleurs le décrypter, puisqu'il se redressa, le remercia pour la soirée et sortit sans ajouter autre chose. Une fois hors de la maison des Aomine et dans cette ruelle où les lampadaires s'étaient éteints en vue de l'heure tardive, Kise remit sa capuche au-dessus de sa tête et ferma la fermeture jusqu'à son maximum, pour ensuite y enfouir son visage.

Au fond de lui, il savait qu'Aomine disait la vérité. Plusieurs personnes lui avaient tendu la main pour l'aider, que ce soit Akashi et Kuroko, Nijimura et la famille de Kasamatsu. Et parmi toutes ces personnes, il avait continué à abuser de leur gentillesse, continuant de les faire se soucier de son état. Il était quelqu'un d'égoïste et d'ingrat.

En fait, Aomine l'avait complètement compris : il était un gamin capricieux qui voulait l'attention de tous, recevant des cadeaux à outrance et qu'on ne parle que de lui et cela à toute heure. Et aujourd'hui, il en payait les frais. Il avait voulu jouer à se frotter à plus forts que lui et il avait lamentablement perdu. Devant se cacher pour survivre, pour éviter à ses proches d'être davantage blessés.

-x-x-x-

À l'hôpital, Kasamatsu avait fini par se réveiller et avait dû subir les assauts de Moriyama et de sa mère qui avaient pleuré à chaudes larmes contre ses épaules. Après le lycée, Kuroko et Momoi, accompagnée par Aomine, lui avaient aussi rendu visite et lui avaient apporté des pommes et des gâteaux. Le seul à ne pas être venu était Kise. Il avait essayé de l'appeler plusieurs fois, lui laissant des messages vocaux comme des messages écrits, mais jamais le blond ne lui répondit. Kasamatsu avait aussi interrogé ses proches, leur demandant si jamais Kise avait essayé de lui rendre visite, mais personne ne sut la réponse et les policiers placés à sa porte lui avaient certifié ne l'avoir jamais croisé.

Il n'aimait pas ça. Malheureusement, l'hôpital voulait encore le garder pour faire des examens, mais aussi pour surveiller son bras qui avait pris un méchant coup. Il allait sûrement devoir porter un plâtre pour les mois à venir.

« Kise-kun ne m'a toujours pas rappelé, lui confia Kuroko aussi inquiet au sujet du blond.

— Mais que fait cet imbécile, maugréa-t-il.

— J'ai aussi demandé autour de moi, mais personne ne l'a vu, ces derniers temps. Après avoir vu Aomine-kun, c'est comme s'il s'était volatilisé. Je n'aime pas ça.

— Moi non plus. Et le connaissant, il a peut-être fait une connerie plus grosse que lui. »

Les visages des deux garçons se firent plus sombres, soucieux de la santé de leur ami. Kuroko avait cherché à joindre la famille de Kise pour savoir si au moins eux avaient des nouvelles, mais la sœur aînée de la famille ne lui fournit aucune information. Comme eux, elle n'avait pas de nouvelles.

« Est-ce que tu connais ses endroits préférés, Kasamatsu-kun ? Aussi bien, Kise doit y passer ses journées.

— Pas bête ! »

S'emparant d'un papier et d'un stylo, Kasamatsu nota les noms de différents lieux où il savait que Kise appréciait passer des moments. Comme le karaoké en centre-ville, le vieux cinéma qui repassait des films de son père et différentes arcades où le jeu Dance Dance Revolution était proposé. Kuroko le remercia avant de le laisser se reposer, quittant l'hôpital pour rejoindre Akashi qui l'avait attendu à l'extérieur.

Le rouquin n'aimait pas particulièrement les hôpitaux qui lui rappelaient la mort de sa mère, hospitalisée durant les derniers mois, mais aussi de son propre passage lorsqu'il perdit son œil gauche. Il ne comptait pas laisser son amant se balader dans les rues de Tokyo seul, surtout pas après ce qui était arrivé à Kasamatsu. Ainsi, alors que Kagami venait le chercher le matin pour ensuite le ramener le soir, Akashi s'occupait du reste.

Kuroko présenta ensuite la liste des lieux établis par Kasamatsu à Akashi, qui l'étudia avant de se mettre en route.

« On commence par quoi ? Demanda tout de même le lycéen.

— Je pense que l'on peut éliminer le karaoké. Ryōta aime être entouré et cela lui rappellerait trop sa solitude. Nous pouvons donc jeter un coup d'œil sur le cinéma et les arcades. »

Après avoir sorti son téléphone et taper le nom des établissements pour avoir leur localisation, le couple commença leur recherche en prenant quelques fois le taxi pour se diriger d'un bout à l'autre du centre-ville. N'ayant sûrement pas beaucoup de liquide sur lui, Kise ne devait pas être parti dans un autre quartier ou même une autre ville. Il devait donc se trouver quelque part. Akashi put ainsi se rendre compte que le nombre d'arcades à Tokyo était terrifiant. Après avoir appris que le réalisateur n'avait jamais joué à un de ces jeux, Kuroko fit la promesse d'y retourner pour voir son amant faire une partie de Dance Dance Revolution ou pour le voir en train de mitrailler des zombies.

Les salles d'arcades n'ayant rien donné, Akashi et Kuroko se rapprochèrent du cinéma projetant des films cultes, parfois même en noir et blanc. À défaut de ces cinémas proposant les derniers blockbusters américains, cet établissement se concentrait sur des films d'auteurs. Les noms sur les affiches lui parlaient bien évidemment, de grands noms qui l'avaient inspiré et aiguillé dans ses propres choix scénaristiques, mais surtout encouragé à poursuivre dans cette voie et de s'imposer auprès de son père.

Il reconnut par ailleurs, parmi les noms d'acteurs, celui du père de Kise. Pourquoi n'avaient-ils pas commencé par là tout de suite ? Il y avait plus de chances que le blond s'y trouve.

Ainsi, après avoir interrogé le vieil homme qui tenait le guichet au sujet d'un grand jeune homme blond qui aurait pu passer, ils eurent enfin la réponse qu'ils souhaitaient. S'enfonçant alors dans les couloirs pour rejoindre la salle indiquée, Kuroko pressa le pas. Il entra ainsi dans la pièce où un film était projeté, laissant le reste dans la pénombre. À l'écran, un homme et une femme dansaient une valse, tout en étant couvert par des masques qui rendaient leurs identités inconnues. Toutefois, les cheveux blonds et les yeux noisette de l'acteur suffirent à Kuroko pour comprendre.

Quelques personnes étaient venues voir la séance, certains jurant à l'encontre d'un spectateur qui passait son temps à sangloter. Kuroko suivit donc le son des remontrances de ces personnes pour finalement trouver Kise, recroquevillé sur son siège, le visage en larmes et le nez coulant. Un faible soupir dépassa ses lèvres, détendant ses épaules de voir son ami en un seul morceau. Un discret sourire soulagé tira ses lèvres vers le haut, tandis qu'il tendait sa main vers l'avant, invitant Kise à la saisir et le rejoindre.

« Kurokocchi ! »

Le mannequin se redressa de son siège pour se projeter dans ses bras et éclater un peu plus fort en sanglot. Les autres spectateurs s'impatientèrent, leur crièrent dessus de sortir sur le champ et Kuroko s'excusa pour deux. Sa main se pressa sur le dos de Kise, pendu à son cou. Tout en reniflant bruyamment, Kise et lui retrouvèrent Akashi, resté à l'entrée de la salle, amenant un peu de la lumière dans la pièce et les aidant à se repérer.

Une fois dans le hall du cinéma, et après être passé rapidement aux toilettes pour chercher du papier, Kise se moucha et s'essuya le visage. De leur côté, Akashi et Kuroko lui laissèrent le temps dont il avait besoin pour reprendre son souffle. En attendant, ils l'observèrent de la tête aux pieds et purent se rendre compte que le blond avait dû passer ses nuits et ses jours dans ce cinéma, en vue de ses vêtements sales et froissés de toutes parts, mais aussi par l'odeur qui s'en dégageait. Les cheveux en pagaille et le visage fatigué, mais aussi rougi à cause des larmes, il était bien loin le temps où Kise brillait par sa seule présence.

« Je suis désolé… vraiment… désolé… je… »

Ne pouvant pas énoncer une phrase construite malgré ses efforts, Kise laissa tomber pour se remettre à pleurer. Il avait tellement honte de lui qu'il avait espéré se terrer dans ce cinéma jusqu'à la fin de sa vie. Après tout, tout avait commencé dans cet endroit où il avait décidé de prendre sa revanche et de dépasser son père, coûte que coûte. C'était aussi ici que cela devait se terminer. C'était dans l'ordre naturel des choses.

Seulement, Akashi n'avait jamais supporté les personnes qui s'apitoyaient sur leur sort. Il y avait toujours un moyen de s'en sortir, même si cela demandait des efforts et une volonté de fer.

« Ce n'est pas en pleurant que ta situation va se mettre à changer, Ryōta. Et encore moins en te cachant dans ce cinéma et en souhaitant la fin du monde pour abréger tes souffrances. Si tu veux qu'il y ait du changement, tu dois le provoquer par toi-même.

— J-Je sais, mais…

— Il n'y a pas de mais qui tienne. Arrête un peu de te morfondre et relève la tête. On fait tous des erreurs. Là où tu montreras ton intelligence et ta détermination sera dans ta façon de les réparer. »

Kise passa la paume de ses mains sur ses yeux, apercevant la silhouette dédoublée de son idole qui lui tenait une leçon de morale afin de le faire évoluer. Il se moucha à plusieurs reprises, se tapa les joues afin de se reprendre, avant de se pencher vers l'avant et de s'excuser platement.

Il devait retrouver une personne chère.

Apercevant la silhouette du blond disparaître au détour d'une ruelle, Kuroko jeta un coup d'œil vers Akashi et aperçut sur les lèvres du réalisateur un sourire satisfait. Un plus joueur se glissa sur les siennes.

« Tu admets donc que, toi aussi, tu as commis des erreurs, Akashi-kun ? »

Le regard hétérochrome se dirigea dans sa direction, fronçant un instant les sourcils avant de remarquer son ton moqueur et les yeux pétillants de Kuroko. Le petit fourbe se moquait de lui, puisque l'adolescent savait parfaitement à quel point il aimait tout contrôler et surtout son côté perfectionniste.

« Je parlais dans un sens général, voyons. Tu dois bien t'être rendu compte que je suis l'être parfait. »

Étant le premier à se remettre en route pour retourner à leur appartement, Akashi ne put qu'entendre le rire léger de Kuroko. Un son cristallin qui le fit davantage sourire, faisant flotter son cœur d'un bonheur sans pareil. De retour chez eux, dans leur intimité propre, Akashi n'hésita pas à faire partager sa bonne humeur et son élan d'amour pour cet adolescent qui lui avait fait reprendre goût à la vie, aux couleurs que pouvaient offrir ce monde à qui désirait les voir. Il avait été dans l'erreur trop longtemps en s'isolant, en paraissant froid et en usant du strict minimum pour s'adresser à autrui. En Kuroko, il avait trouvé la réponse à ses problèmes et la solution pour avancer sur le bon chemin. Il ne manquait plus à Kise de prendre exemple et de s'en sortir par lui-même ou avec l'aide de quelqu'un.

Ce fut avec grand plaisir et y répondant avec joie que Kuroko retourna le baiser et les caresses de son amant. Mutuellement, les deux hommes s'étaient apportés plus qu'ils ne le pensaient, se tendant la main à plusieurs reprises et se soutenant dans les instants difficiles et pénibles et cela sans jamais perdre de vue leur trajectoire finale : être ensemble. Car après tout, dans un couple, peut-être que l'important n'est pas de vouloir rendre l'autre heureux, c'est de se rendre heureux et d'offrir ce bonheur à l'autre.

Et en cet instant, Kuroko était plus heureux que jamais.

De son côté, et après avoir couru jusqu'à l'hôpital, Kise tenta de retrouver son souffle. Il entra finalement dans l'établissement médical, allant rejoindre la femme à l'accueil pour demander la chambre de Kasamatsu et prendre l'ascenseur pour le retrouver. Son cœur tambourinait follement, semblant pourvoir s'arrêter à tout instant pouvoir s'arrêter à tout instant. Chacun de ses pas le rapprochant un peu plus de Kasamatsu résonnait dans sa tête, se demandant s'il n'était pas en train de faire une erreur. Après tout, le brun avait été blessé par sa faute et s'était retrouvé dans un tel endroit. Peut-être qu'il ne désirait plus jamais entendre parler de lui.

Mais une nouvelle fois, le conseil d'Aomine fit écho dans sa mémoire : Tu sauras pas si t'essaies pas.

Alors il inspira, essayant de calmer ses pensées tumultueuses et continua d'avancer. Il reconnut la silhouette de la mère de Kasamatsu et celle de son ami Moriyama, dont les traits se tendirent en le voyant arriver. Aucun son n'eut le temps de sortir de sa bouche que le poing du brun s'enfonça contre sa joue, poussant son visage à se décaler sur le côté et à faire quelques pas pour se réceptionner contre le mur à sa droite.

« Qu'est-ce que tu fous ici ?! »

Tout en se massant sa joue à présent douloureuse, Kise observa le visage furieux du jeune homme. Ses yeux le dardaient d'éclairs, d'insultes non prononcées, mais dont Kise ne manqua pas d'en saisir le sens, mais aussi de menaces plus virulentes les unes après les autres. Les policiers restés au niveau de la porte menant à Kasamatsu s'éloignèrent pourtant, séparant les garçons pour éviter le scandale et éviter de déranger le personnel sur leur lieu de travail. Ce n'était ni l'endroit ni le moment pour un règlement de compte.

Préférant donc passer outre l'attitude de l'ami de Kasamatsu, Kise coula un regard incertain en direction de la mère de son ami. Elle avait été si gentille et attentionnée à son encontre, depuis toujours. Elle était comme une seconde mère pour lui. Son avis lui importait, son attitude envers lui aussi. Alors il se rapprocha timidement, le regard bas.

« Je suis sincèrement désolé… Pour ce qui est arrivé et pour ne pas être venu m'excuser plus tôt. »

Attendant une quelconque réaction de la mère de Kasamatsu, que ce soit par des gestes ou des paroles, Kise resta penché. Derrière son dos, il entendait encore les accusations de Moriyama et celles des policiers lui demandant de se montrer moins bruyant.

« Mon fils veut te voir. »

Après s'être redressé, Kise n'eut pas le temps de voir l'expression de la mère de famille puisqu'elle le dépassa sans ajouter quoi que ce soit d'autre. Elle rejoignit alors Moriyama, posant une main sur son épaule, avant que tous deux ne s'éloignent sans faire de bruit. Bien que son cœur se chargea d'émotions, Kise porta son intérêt sur la porte qui le séparait encore de Kasamatsu. Il toqua fébrilement, entendit sa voix, prit son courage à deux mains et entra.

La surprise prit place sur le visage de Kasamatsu. Au fond de lui, il remercia Kuroko qui, visiblement, avait mis la main dessus. Il remarqua tout de même que Kise n'était pas dans son état normal, hésitant dans sa façon de marcher, la tête basse et les mains serrant les pans de son pantalon. De toute évidence, Kise n'arrivait pas à relever sa tête pour le regarder, pour voir les dégâts que son comportement avait causés, même si c'était une tierce personne qui l'avait roué de coups.

« Tu t'es finalement rappelé de mon existence, essaya-t-il pour briser le silence pesant qui s'était instauré dans la chambre d'hôpital, entrecoupé par des sons mécaniques.

— J'avais juste honte… et peur.

— Honte ? Honte de quoi ? Rit le brun.

— Car c'est ma faute si tu es dans cet état et… senpai… ça aurait dû être moi à ta place. Tu ne méritais pas ça et… »

Éclatant de nouveaux en sanglots en face de Kasamatsu, Kise passa ses mains contre ses yeux pour essuyer ses grosses larmes. Il jeta toutefois un coup d'œil vers le brun, après avoir entendu son nom, le voyant tendre un bras dans sa direction pour l'inviter à s'asseoir sur le lit. Doucement et évitant de l'écraser ou de lui faire mal, Kise s'assit de moitié sur le matelas, n'y mettant pas tout son poids. Cependant, à présent, il était à portée de mains de Kasamatsu qui n'hésita pas un seul instant.

Un cri de surprise remplit la pièce lorsque le nez de Kise rencontra le torse du brun, la main de ce dernier appuyant contre le sommet de sa tête pour l'empêcher de s'extraire à son emprise. De son autre main, Kasamatsu la passa contre le dos du mannequin et le serra fort dans ses bras. Kise put alors le sentir trembler contre lui, essayant de voir son visage, sans malheureusement y parvenir. Ce fut la voix enrouée qu'il entendit qui lui fit comprendre que Kasamatsu retenait ses larmes.

« Ne disparais jamais plus comme ça. Et réponds toujours à ton téléphone. »

Ayant pensé qu'il était arrivé quelque chose de grave au blond, au même titre que ce qu'il lui était arrivé, Kasamatsu s'était imaginé les pires scénarios. La pression et le soulagement se mélangeaient, provoquant des picotements à ses yeux auxquels il avait du mal à faire face. Sentir le souffle de Kise contre lui, mais aussi son cœur battre et sa chaleur se propager contre son corps, lui suffisait pour se calmer et se rassurer.

Touché par l'attitude du brun, Kise ne tarda pas à attraper la tenue médicale que portait Kasamatsu et le serra un peu plus contre lui. Quelques larmes silencieuses coulèrent le long de ses joues, mais elles n'étaient plus douloureuses. La joie et le bonheur prenaient le dessus. Ainsi, il ne sut pas vraiment combien de temps il resta dans cette position, mais il ne s'en plaignit pas et sourit même à pleines dents lorsque Kasamatsu desserra son emprise et lui permit de pencher la tête de sorte à voir son visage. Il rit légèrement en voyant les yeux rouges de son homologue, recevant un petit coup sur la tête, avant de reposer sa tête plus confortablement sur le torse du brun.

« Je suis tellement désolé, senpai… Quand j'ai appris qu'il t'était arrivé quelque chose par ma faute, je n'arrivais plus à réfléchir.

— Car tu as déjà réfléchi dans ta vie ? Se moqua l'intéressé en passant négligemment sa main dans les cheveux blonds, les yeux rivés vers le plafond.

— C'est vrai. »

Les deux garçons se mirent à rire en écho, d'un rire léger et heureux. Kise aurait pu rester dans cette position pendant des heures, en plus des caresses prodiguées par Kasamatsu qui le détendaient et le faisait planer sur un petit nuage. Cependant, une infirmière vint rompre le charme idyllique qui s'était emparé de la chambre, poussant les deux adolescents à se séparer pour la laisser faire son travail.

Quelques temps après, de nouveaux seuls, Kise se redressa après s'être assis sur le siège à côté du lit. La nuit commençait à tomber et Kasamatsu avait besoin de repos. Toutefois, avant de partir et de le laisser se reposer, il se saisit de la main du brun et en caressa une partie à l'aide de son pouce. Pendant un instant, les yeux clairs du brun observèrent leurs mains liées et s'interrogea sur la signification d'un tel geste, causant un léger sourire sur le coin des lèvres de Kise. Ce même sourire qui s'étendit un peu plus après avoir senti la main de Kasamatsu se resserrer contre la sienne, ne désirant pas le voir partir aussi vite.

Alors il se pencha doucement, décalant de sa main libre quelques mèches brunes qui le gênèrent, avant de déposer ses lèvres contre le front de Kasamatsu. Le baiser fut appuyé, long, avant que Kise ne se recule et remarque les rougeurs qui avaient recouvert le visage du brun, dont la main vint aussitôt se poser contre l'endroit où le blond venait de l'embrasser.

« Je repasserai demain, si ça te va. »

Sa main commença à se détacher de celle de Kasamatsu, prêt à prendre le chemin de la sortie. Pourtant, il sentit une force derrière lui le tirer en arrière et le faire retomber contre le lit. Ses yeux s'agrandirent en voyant l'expression furieuse de son vis-à-vis, ne comprenant pas ce qu'il avait pu faire de mal. Finalement, Kasamatsu ne ressentait plus rien pour lui ? Il n'avait pas aimé son baiser ? Mais toutes ces questions moururent dans sa tête lorsque les lèvres du brun se posèrent contre les siennes pour un baiser appuyé, mais furtif, violent au cours de l'impact, mais qui s'adoucit lorsque Kasamatsu se recula, les yeux timides et prenant en compte son geste impulsif.

« T-Tu peux repasser s-si tu veux… »

Bégayant sous l'effet de la gêne, Kasamatsu préféra observer avec intérêt la couverture que jeter un coup d'œil vers Kise. Il se renfrogna quand il perçut le petit rire du blond, toujours assis sur un bord du lit et dont la main vint caresser sa joue pour lui souffler de tourner la tête dans sa direction. Peu convaincu, Kasamatsu se laissa pourtant guider et regarda les lèvres du mannequin, ne désirant toujours pas fixer ses yeux.

« À demain alors, senpai. »

Tout en prononçant cette promesse, Kise se rapprocha et vint délicatement embrasser Kasamatsu. Sur les lèvres, cette fois-ci. Il découvrit ainsi leur douceur, leurs contours, avant de se séparer à nouveau. Il plongea son regard noisette dans celui clair du brun, qui brillait d'une lueur nouvelle qu'il n'avait jusqu'alors jamais aperçu. Une flamme de désir qui le concernait et qui fit gonfler son cœur plus que de raison. Mais il devait partir et le laisser se reposer, venant alors poser une dernière fois ses lèvres contre les siennes, avant de se redresser et de lui promettre une deuxième fois que demain, il reviendrait.

Lorsqu'il sortit de la chambre, il retrouva la mère de Kasamatsu de l'autre côté du couloir. Moriyama semblait être rentré chez lui, puisqu'il ne l'aperçut pas. Tout en se penchant vers l'avant, Kise s'excusa une nouvelle fois à l'intention de la mère du brun et s'éloigna. Son visage avait repris des couleurs et son cœur se trouvait plus léger, plus serein, lorsqu'il mit les pieds à l'extérieur.

Mais toute cette sérénité retrouvée se volatilisa aussi vite qu'elle était apparue, se brisant en mille morceaux, alors que l'air de la nuit venait mordre la peau tendre de sa nuque et que ses yeux reconnurent cette silhouette de mauvais augures à quelques mètres de lui.

Imayoshi se trouvait là. Et avec lui, plusieurs de ses hommes.