Bonjour tout le monde !

Joyeux AoKaga day, si vous êtes fan du couple ! N'hésitez pas à jeter un coup d'oeil aux fictions proposées en ce jour spécial pour l'As de la génération des miracles et le tigre de Seirin ;)

Pour ceux qui apprécient le AkaKuro, nous revoici avec le chapitre 42 de "Le Papillon". Excusez-moi pour ce retard monstre. Mais voici le chapitre, soigneusement corrigé par la talentueuse Kama-chan59 que je remercie beaucoup pour son travail et les modifications apportées, t'es la meilleure ! N'hésitez pas à consulter son profil pour y retrouver ses fanfictions qui sont des merveilles !

Réponses aux reviews :

Miss Yuki 66 : J'ai adoré écrire ce passage entre Akashi et son père, en fait... j'adore juste les manier tous les deux, quand ils se font face et s'ouvre l'un à l'autre - même si ça reste mesuré, car bon, on les changera jamais ces deux-là. Et t'inquiète pas pour le sujet des enfants, le sujet est à nouveau abordé dans ce chapitre ;) Comme tu as dit, Masaomi a réussi a apporté une nouvelle réflexion et cette même réflexion a fait pousser une graine dans l'esprit des 2 persos, une idée qui germe petit à petit. Et oui, le chapitre 42 aborde la suite de l'appel de Shirogane, je te laisse découvrir ça ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Kama-chan59 : Ah quand Akashi propose à Kuroko de le quitter, niark niark. Non, je ne suis pas méchante, il y a aucune preuve ! Mais oui, tu sais mon amour pour ces persos et pour leur couple ! Je peux pas les faire se séparer voyons, quelle injustice sinon. Mais de rien pour le lemon, heureuse qu'il t'ait plu à toi aussi :D Et merci beaucoup !

Ellie27 : Hey ! Je vais bien et j'espère que toi aussi :) merci pour mon diplôme ! Et oui, la famille Akashi n'est pas connu pour faire dans la demi-mesure x) Je suis contente que tu aies apprécié la réconciliation de notre couple fétiche sur l'oreiller ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Lucynihon838 : Merci pour ton commentaire et ne t'inquiète pas. Car même si la fin est poche, il reste encore quelques chapitres pour profiter du AkaKuro et des autres :D J'espère que le chapitre 42 va continuer à te donner des frissons. Je te souhaite une bonne lecture !

Laura-067 : Merci pour ton commentaire et de ta fidélité :) Je te laisse découvrir si Kuroko continue à se tracasser au sujet des enfants, dans ce chapitre ;) Pour ce qui est de la survie de Takao... il me semble que Nijimura l'ait tué... dans sa tête xD Je te souhaite une bonne lecture !

Gloria : Ne désespère plus, le chapitre 42 est là :D Désolée du retard... Tes commentaires me touchent beaucoup et si tu veux écrire, n'hésite vraiment pas. N'hésite pas à continuer de lire des fictions, des livres pour t'inspirer et si un jour tu te sens prête, lance-toi. Tu peux déjà écrire pour toi avant de publier, c'est important de se faire plaisir à soi-même :) Encore merci pour tes mots et je te souhaite une bonne lecture !

Alicia5512 : Voici le chapitre 42 tout chaud ! Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture :)

Lisloom : Et quel plaisir ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Elaelle : Un Kiyoshi ou un bel interne à son hôpital ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture !

Vahisha21 : Pour ce qui est de Masaomi, la partie n'est pas gagnée mais Akashi reste son unique fils. Et il l'aime. Tout comme Imayoshi, c'est pas gagné vu comment le mec est une anguille xD Mais t'inquiète pas, la justice triomphe toujours ;) Merci pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture

Et merci à vous tous pour continuer la lecture de cette fiction, de l'ajouter à vos favoris ou à vos follows. Je vous souhaite à tous une bonne lecture et n'hésitez pas à commenter ;)

Prenez soin de vous !


Le Papillon

Scène 42

Regardez-moi ça... On court partout. Toujours pressés. Toujours en retard. La course infernale. La danse humaine. Ce dont on a le plus soif dans le monde, c'est le lien. Il y en a pour qui ça passe aux premiers regards, on ne peut pas se tromper, on le sait... C'est le Destin qui intervient, comme par magie. C'est super pour ces gens-là. Ils vivent carrément une chanson d'amour. Ils prennent le train du bonheur. Mais dans la vraie vie, ça ne marche pas toujours comme ça. Pour la plupart d'entre nous, c'est moins romantique, c'est compliqué, il y a des bavures, le mauvais timing, les occasions ratées et l'incapacité de dire ce qu'il faudrait dire, au moment où il le faudrait...

Une famille très moderne.


Peu convaincu par l'élan de panique de Takao, Nijimura s'était rapidement rendormi, après avoir raccroché au nez du compositeur. Quelle idée de le réveiller à trois heures du matin, aussi. Il n'allait pas se pointer à l'appartement du rouquin pour s'assurer de la survie de Kuroko à une heure pareille. Et puis connaissant la bête, c'était sa propre survie qui allait être mise en cause. Alors une fois que sa tête s'était posée contre l'oreiller, il était retombé dans les bras de Morphée et avait très bien dormi.

Mais voilà, à sept heures du matin, son café dans la main, sa conscience le mettait face à ses actes. Une suite de questions interminables circulait dans son cerveau mal réveillé. En somme, une bonne migraine qui s'annonçait et dont Nijimura décida de baisser les bras face à elle. Autant vérifier par lui-même, maintenant que le soleil était levé.

Au volant de sa voiture, cigarette à la main et vitre ouverte, Nijimura roula jusqu'à l'appartement de son ami d'enfance qui en effrayait plus d'un. Ce n'était pas la première fois que leur entourage l'appelait en supposant qu'Akashi avait pu dépasser la ligne morale imposée par la société. De toute façon, qui serait assez idiot pour se frotter à un Akashi, n'est-ce pas ? Un rictus amusé s'étira sur ses lèvres en se souvenant de toutes les farces et tous les stratagèmes qu'il avait pu élaborer pour embêter son ami de toujours.

Il fallait juste savoir brosser la bête dans le sens du poil.

« Voici ton café préféré et des gâteaux pour accompagner. »

Sans attendre d'être invité à entrer, Nijimura sourit à Akashi et pénétra dans le salon. Il balaya rapidement l'endroit qu'il connaissait comme sa poche, afin d'essayer de trouver la moindre trace d'un potentiel assassinat, mais le sourire de Kuroko l'interrompit dans son inspection. L'adolescent se trouvait dans la cuisine, attablé et profitant des restes du petit déjeuner qu'Akashi leur avait fait. Il était en uniforme, aux couleurs de son établissement scolaire et paraissait être en parfaite santé. Peut-être même un poil trop.

Un rapide coup d'œil en direction de son ami d'enfance, dont il arrivait parfois à déchiffrer les expressions camouflées sous son masque. Ce fut cependant dans sa manière d'interagir avec l'adolescent que Nijimura obtint sa confirmation : les amants avaient passé une nuit des plus mouvementées. Dans le bon sens du terme, néanmoins. Son sourire s'intensifia davantage et il tira une chaise avant de s'y asseoir et de darder son regard malicieux dans celui repu de Kuroko.

« Notre cher Takao s'inquiétait pour toi, mais je peux lui annoncer qu'il s'est fait du souci pour rien. Vous aviez mieux à faire, tous les deux. »

Sa joue calée dans le creux de sa main, Nijimura bifurqua son regard pour observer Akashi. Le réalisateur était serein, buvant tranquillement le café que le brun lui avait apporté et satisfait de ne pas y trouver du sel à la place du sucre, comme la dernière fois. L'attention de la bête était focalisée sur tout autre chose, lui permettant donc le répit nécessaire pour cuisiner Kuroko dont le visage avait pris quelques couleurs.

« Enfin, maintenant que je vois que Kuroko est toujours en un seul morceau, je ne vais pas m'attarder. Passez le bonjour au grand manitou quand vous retournerez à Kyōto, annonça-t-il tout en se redressant.

— C'est fini. »

L'intervention courte et simpliste d'Akashi fit marquer l'arrêt au brun, dont l'expression taquine fut vite remplacée par une plus grave. Les yeux hétérochromes de son vis-à-vis vinrent se plonger dans les siens et les doutes n'eurent plus leur place dans ses interrogations : Akashi ne comptait plus être en lien avec son père.

Sans se préoccuper du poids de sa révélation, Akashi quitta son siège pour débarrasser la table. Kuroko alla pour attirer son attention en attrapant sa main et demander de quoi il en retournait, mais il fut devancé par la voix claire et puissante de Nijimura.

« Depuis que je te connais, je n'ai jamais pris position dans ta querelle avec ton père. Mais laisse-moi te dire une seule chose, Akashi : t'es un putain d'ingrat.

— Oh, épargne-moi le discours du fils qui a perdu son père et qui jalouse son ami, s'il te plaît. »

Au milieu de la dispute qui éclatait, Kuroko put voir l'impact des mots de son amant sur Nijimura, sur cet homme qu'il avait toujours vu comme étant une personne forte, intimidante et généreuse. Jamais Nijimura n'utilisait un mot plus fort que l'autre, sa voix se trouvant toujours posée et calme. Une force tranquille qu'il ne fallait assurément pas ébranler et, de la sorte, réveiller le torrent ensommeillé.

La condescendance présente dans la voix d'Akashi était davantage blessante que ses propres paroles, comme si subitement, Nijimura ne représentait plus rien à ses yeux.

Après la douleur qui avait recouvert son visage et contracté ses poings, le scénariste se décrispa et passa une de ses mains contre sa nuque. Sa mine était ennuyée et Kuroko put observer Akashi se préparer à tout, car lui seul était réellement au courant de quoi était capable son ami. Ces deux-là se connaissaient comme les doigts d'une seule main, malgré les années qui s'étaient écoulées et les chemins différents qu'ils avaient pu emprunter durant leur enfance.

Akashi savait que durant leur adolescence, Nijimura n'avait pas traîné avec des personnes recommandables et avait plusieurs fois terminé au poste de police. Il savait aussi qu'à de nombreuses reprises, Masaomi était intervenu pour recadrer cet enfant en perdition, en colère contre le monde pour lui avoir retiré son père injustement. Sans qu'il lui ait demandé quoi que ce soit, Masaomi avait pris sous son aile son ami et pour une fois, sans arrière-pensée ou aucun stratagème.

« Je ne vais pas m'aventurer sur ce terrain-là. Sache juste que si vous n'étiez pas aussi imbus de vous-mêmes, tous les deux, votre relation père-fils se serait réglée depuis des années. »

Et sans un mot de plus, Nijimura quitta l'appartement.

« Tu ne m'as pas dit que…

— Ce n'est pas le moment, Tetsuya. »

À son tour, Akashi partit s'enfermer dans la chambre et Kuroko se retrouva seul dans la cuisine. L'adolescent regarda les deux portes closes avant de soupirer. Cette dispute ne le concernait pas et il comptait bien laisser son amant régler lui-même ses différends avec Nijimura. Il attendrait ce soir pour reparler de cette histoire au sujet de Masaomi.

-x-x-x-

Assis sur un des bancs qui bordait l'air de jeux, Takao aperçut les parents récupérer leurs enfants et se diriger vers leurs maisons. Son attention se reporta sur sa petite fille qui descendait et remontait sur le toboggan avec une amie. Il étira un léger sourire, mais ce dernier disparut aussitôt, alors que son esprit le ramenait à sa querelle avec Midorima. Son ami de longue date disait rarement ce qu'il pensait de manière claire et éloquente, mais lorsqu'il le faisait, Takao savait qu'il avait fini par trop tirer sur la corde.

Et cette fois, il avait bien peur d'avoir commis une grosse bêtise.

Takao laissa passer un long soupir, tout en s'affalant un peu plus sur le banc sur lequel il était assis depuis quelques heures.

« Un problème, Takao-kun ? »

L'intervention soudaine le fit littéralement bondir vers l'avant. Son cœur martela sa cage thoracique. Il riva son regard écarquillé vers Kuroko qui s'installa au même instant à ses côtés.

« Bon sang, Tetsu-chan, préviens de ton arrivée ou la prochaine fois, je te fais un arrêt cardiaque et t'auras qu'à te démerder avec mon cadavre. »

L'intéressé fronça ses sourcils en voyant Takao s'énerver contre lui. Il s'excusa pour lui avoir fait peur de la sorte, mais ne comprit pas l'énervement dont était pris le brun. Il aurait été pourtant le premier à en rire ou à se moquer de lui-même. Son inquiétude pour son ami ne passa pas inaperçue pour ce dernier qui soupira de nouveau, se passant ensuite la main dans ses cheveux déjà en désordre. Une certaine part de honte le submergeait à l'idée de partager sa dispute avec Midorima, car à froid et avec du recul, il savait qu'il était celui en tort.

Il avait trop tiré sur la corde et celle-ci avait fini par se séparer en deux morceaux distincts.

« Shin-chan voit quelqu'un. » Finit-il tout de même par avouer.

Pendant un instant, Kuroko chercha à comprendre le problème. Plusieurs fois, ils en avaient discuté avec Takao. Il savait que le compositeur ne voyait en Midorima qu'un ami proche, un membre de leur famille, à lui et Mari.

« Je sais que j'ai merdé, ok ? Je suis le premier à lui souhaiter de trouver quelqu'un et d'être heureux avec…

— Mais tu as peur qu'il vous mette de côté ? »

Takao poussa un cri étranglé, ses mains ébouriffant un peu plus ses cheveux. Puis subitement, le compositeur se releva et se mit à faire les cent pas devant Kuroko. Ses bras brassèrent l'air autour de lui, les agitant à vive allure, alors qu'il relatait finalement toute sa conversation avec Midorima. Kuroko avait mis le doigt sur ce qui l'avait effrayé, lorsqu'il avait pris Midorima sur le fait.

Tout était parti d'un message envoyé et du sourire qu'avait étiré l'ophtalmologue à sa lecture. C'était discret, à peine visible à l'œil nu, mais Takao connaissait suffisamment cette personne taciturne pour que cela ne lui échappe pas. Alors comme à son habitude, il l'avait taquiné à ce sujet. Prêchant le faux pour savoir le vrai, mais ce qu'il croyait être une taquinerie s'était confirmée comme étant la réalité. Depuis quelques semaines, Midorima passait du temps avec un interne de l'hôpital où il travaillait.

Et à cet instant, au lieu de féliciter son ami ou même de continuer à l'embêter et voir jusqu'à quel point son visage pouvait rougir, il s'était énervé. Non pas car Midorima le lui avait caché, il connaissait suffisamment la guêpe pour savoir que tant que ce n'était pas officiel, son ami ne lui en aurait pas parlé. Simplement, car égoïstement, il avait toujours eu Midorima pour lui.

Cet ami qui avait toujours été amoureux de lui, qui avait toujours répondu présent pour le réconforter dans toutes les phases de sa vie et dans l'éducation de Mari, allait partir. Un autre le lui volait, le lui arrachait. Et bêtement, Takao le savait, il s'était senti trahi. Attaqué en plein cœur.

« Je sais que je dois l'encourager. Je sais aussi que si Shin-chan finit par me présenter cet homme, c'est que ce sera le bon pour lui. Mais il m'a tellement énervé à me dire mes quatre vérités que j'ai attaqué en retour. Mon dieu, Kuroko… je lui ai dit de ces choses… »

Takao se laissa retomber sur le banc et enterra son visage dans le creux de ses mains. Et par l'emploi de son nom, Kuroko eut mal au cœur pour son ami habituellement toujours si enjoué. Actuellement, le compositeur n'en menait pas large et regrettait son attitude passée.

« Quand il m'a dit que je n'avais pas de leçon à lui donner… que je me satisfaisais dans mon statut de veuf, car j'avais la trouille… Je lui ai sorti des choses épouvantables. Et Mari a tout vu. Mon dieu. »

Entrouvrant suffisamment ses doigts pour apercevoir sa fille qui jouait avec d'autres enfants, Takao culpabilisa davantage.

Alors que lui et Midorima se criaient dessus, Mari pleurait à chaudes larmes en leur demandant d'arrêter. Elle avait même fini par se rapprocher de lui, tirant sur son pantalon pour attirer son attention.

« J'ai pas fait attention. J'étais tellement remonté contre Midorima que j'ai pas regardé, s'étrangla Takao en sentant un nouvel élan de honte le submerger.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Takao frissonna en se rappelant. Il avait senti l'emprise qu'exerçait sa fille contre sa jambe, sa voix brisée par les larmes qui coulaient à flot contre ses joues rougies. Cette même jambe qu'il avait décalée sciemment pour que sa fille cesse, lui faire comprendre qu'elle devait rester éloignée. Seulement, dans la précipitation et l'effet de surprise, tout s'était déroulé à toute vitesse.

Mari avait trébuché avant de s'étaler contre le sol dans un bruit sourd, terrifiant. Ses pleurs redoublèrent d'intensité et paralysé par ce qui venait de se passer, il avait pu voir Midorima se ruer vers la petite et vérifier que tout allait bien.

« Mari va bien ?

— Elle m'a pardonné, en disant que je ne l'avais pas fait exprès et que je pouvais pas savoir qu'elle allait tomber. Cette petite est un ange. Mais ça m'a fait réaliser que je suis un ami horrible et un père tout aussi horrible.

— Vous étiez tous les deux énervés, Midorima-kun doit aussi regretter ses paroles. »

Même si les paroles de Kuroko étaient réconfortantes, Takao n'était qu'à moitié convaincu. Il avait vu la douleur dans les yeux de son ami, de sa jalousie mal placée qui devait le faire souffrir un peu plus. Takao était vraiment content. Il ne souhaitait que le bonheur de son ami qui parvenait peut-être, grâce à cet interne, à passer au-dessus des sentiments à son encontre. Si Takao était jaloux, ce n'était définitivement pas amoureusement parlant et cela, Midorima l'avait compris.

En fait, leur dispute allait sûrement devenir un prétexte pour l'ophtalmologue pour couper là leur relation qui pouvait paraître malsaine. Après tout, depuis des années, Midorima ressentait des sentiments forts pour lui, un homme qui ne ressentait du désir que pour les femmes et qui avait une petite fille. Et puis qui sait, peut-être que le futur petit ami de Midorima ne verrait pas leur amitié d'un bon œil et ne souhaiterait pas qu'ils se revoient.

Au fond, Takao avait peur d'avoir lui-même emmené Midorima sur le chemin où leurs routes se sépareraient définitivement.

« Peut-être que si tu disais tes réelles craintes à Midorima-kun, il comprendra. Vous avez toujours été proches et disponibles pour l'autre et tu l'as toujours connu célibataire. Parlez-en ou en effet, à rester sur des non-dits, vous risquez de ne pas garder contact longtemps.

— Dit celui qui a fui une potentielle dispute avec Sei-chan, se moqua Takao.

— Et tu as vu ce qui est arrivé. Mais après votre départ, nous en avons discuté. Je lui ai dit mes craintes et il m'a compris.

— Papa, je commence à avoir faim. »

Revenue de l'air de jeux, Mari salua Kuroko en lui demandant de la prendre dans ses bras. La jeune fille étira par la suite un large sourire à son père. Elle n'aimait pas ne pas voir de sourire sur le visage du brun. Alors comme elle l'avait fait une fois à Kuroko, elle agita ses petites mains au niveau des yeux de Takao.

« Oust, oust, le chagrin. Vite, le sourire. »

Takao se força, afin de rassurer sa fille, mais le résultat ne fut pas au goût de la petite qui gonfla ses joues avant de bouder. Le compositeur l'attrapa rapidement par la taille et Kuroko put ainsi voir le père et la fille se chamailler, mais surtout entendre leurs rires.

Kuroko agita sa main pour saluer la petite famille qui se mit en route pour rentrer chez elle et ainsi satisfaire ce petit ventre impatient. Pendant un instant, il les observa s'éloigner. Bien qu'ils en aient discuté avec Akashi, les paroles du père de ce dernier avaient laissé des traces dans ses réflexions. Quel genre de père serait Akashi ? Donnerait-il la même éducation que lui-même avait reçue, par effet de mimétisme ou justement, se forcerait-il à faire tout l'opposé ? Sourirait-il à son enfant comme Takao le faisait avec Mari ?

Mais cette fois-ci, à l'inverse de toutes les fois précédentes, un sourire se dessina sur le coin de ses lèvres. L'image d'un Akashi sous le charme de son bébé lui était venu à l'esprit.

Ses pensées s'envolèrent lorsqu'il sentit son téléphone vibrer dans la poche de son pantalon. Un message envoyé par Kasamatsu, qui l'invitait à un concert où son groupe jouait ce week-end.

-x-x-x-

Akashi observa Midorima, assis derrière son bureau. L'homme en blouse le regardait, l'air grave.

Il était venu pour son rendez-vous avec l'ophtalmologue au sujet de son œil gauche, celui qui avait reçu des brisures de son vase lors de sa dispute avec son ex-petite amie. Des corps étrangers dans son œil qui, au fur et à mesure que le temps passait, abîmaient sa vision. Depuis des années, Midorima le prévenait de la finalité de son cas, mais il ne s'y était jamais résolu. Tout simplement, car tant qu'il pouvait encore voir, il n'allait pas perdre cette faculté.

« À ton expression, mes résultats ne sont pas bons. »

Comme à son habitude, Akashi aimait montrer qu'il avait les choses en main, qu'il maîtrisait tout. Mais à l'intérieur, il paniquait. Il craignait les prochains mots de l'ophtalmologue. Lui-même s'en était rendu compte depuis quelques jours. Jusqu'à présent, il parvenait à voir les formes et les silhouettes à partir de son œil gauche, mais aujourd'hui, tout était devenu bien plus sombre. C'était à peine s'il distinguait ses propres mains, lorsqu'il fermait son œil encore valide.

Lorsqu'il était à l'hôpital au sujet de son père, Shirogane l'avait appelé au sujet de son prochain film. Le producteur comptait savoir quand le story-board serait terminé, afin de commencer à lancer les démarches pour la production du film. Seulement, comment pouvait-il lui répondre et continuer à exercer son métier, alors qu'il allait bientôt perdre la vision d'un de ses yeux ? Comment allait-il pouvoir continuer à vivre normalement quand, une fois son œil gauche complètement aveugle, celui de droite aura à son tour une épée de Damoclès ? Sans parler des migraines infernales que Midorima lui avait prédit.

Akashi ferma un instant les yeux et inspira. Il devait calmer les battements affolés de son cœur. Comme le disait son père, il y avait toujours une solution. De plus, ce n'était pas l'argent qui manquait à la famille.

« Tu dois songer rapidement à la greffe de la cornée. »

Akashi fronça les sourcils. Ce n'était pas la première fois que Midorima lui parlait de cette opération, mais il n'avait jamais été convaincu. Le terme de la greffe le laissait mitigé, mais surtout, il avait peur. Et si l'opération échouait et qu'il terminait complètement aveugle ? Si tous leurs efforts les amenaient dans le pire des scénarios envisageables ? Il ne voulait pas être diminué. Il ne le supporterait pas.

En voyant le trouble dans lequel était plongé le rouquin, Midorima regroupa des documents qu'il avait préparés sur son bureau. Il les tendit par la suite à Akashi, afin que ce dernier se renseigne sur la greffe de la cornée, tout en lui refilant le numéro d'un confrère qui se chargeait justement de ce genre d'opération.

« Les taux de succès de cette opération sont élevés. Tu devras simplement suivre un traitement antirejet sous forme de gouttes pour les yeux durant les deux années qui suivront l'opération. Appelle cette personne, elle répondra à toutes tes questions. »

Akashi saisit les morceaux de papier, acquiesçant simplement pour remercier l'homme en face de lui. Il se releva et quitta le cabinet pour se retrouver à l'extérieur. Il en profita pour observer un instant son environnement, voir tous ces personnages circuler d'un point vers un autre au rythme de la circulation et des feux de signalisation. Le réalisateur fit attention à toutes ces couleurs qui faisaient partie du décor et que la population finissait par occulter par habitude.

Cette fois-ci, il allait sérieusement réfléchir à cette greffe de la cornée. L'idée de finir aveugle le terrifiait. Qu'allait-il faire de sa vie ? Et ses films, ses projets ? Le regard des autres, de Kuroko ? Akashi rangea les documents dans sa veste, après les avoir pliés et se dirigea vers les taxis. En rentrant à l'appartement, il prendrait soin de ranger les papiers, afin que Kuroko ne tombe pas dessus. Tout d'abord pour éviter au bleuté de s'inquiéter inutilement, mais surtout pour lui éviter de se comporter différemment en sa présence.

Une fois arrivé chez eux, il tomba sur Kuroko attablé à la table à manger. Le lycéen était plongé dans ses exercices, plusieurs boulettes de papiers témoignant de ses essais infructueux. Il fit un rapide passage dans leur chambre afin de ranger les documents de Midorima dans un tiroir, qu'il ferma à double tour, avant de retrouver son amant. Un rapide coup d'œil lui permit de comprendre que Kuroko séchait sur des exercices de mathématiques et qu'il commençait à perdre patience, au vu du nombre de marmonnements indistincts qu'il pouvait entendre.

« Tu veux que je t'aide ? J'avais de très bons résultats pendant mes études.

— S'il te plaît, Akashi-kun. »

Un sourire se glissa sur le coin de ses lèvres devant l'air déprimé du plus jeune. Il passa rapidement sa main dans les cheveux bleus et tira une chaise pour se retrouver à ses côtés. Il prit connaissance de l'énoncé avant de formuler ses premiers conseils à Kuroko, sans pour autant lui mâcher tout le travail. Les deux amants continuèrent ainsi sur le reste des exercices de Kuroko, qui profita de la présence du rouquin pour lui demander son aide sur d'autres sujets. Son absence prolongée au lycée avait creusé l'écart de niveau entre ses camarades et lui. Kuroko devait donc se préparer doublement aux examens finaux qui approchaient à grand pas et il ne souhaitait pas redoubler.

À la fin de tous les exercices, Kuroko regroupa les différents papiers et livres sur un coin de la table. Il jeta par la suite des coups d'œil vers Akashi qui se relevait pour se diriger vers le réfrigérateur et commencer à préparer le repas pour ce soir. Ils n'avaient pas fait attention durant les exercices, mais il était tard et ils devaient encore manger avant d'aller se coucher.

« Akashi-kun, je peux te poser une question ?

— Cela concerne les exercices ?

— Non. »

Les yeux hétérochromes du réalisateur se tournèrent vers l'adolescent qui se trouvait toujours assis sur la chaise, mais cette fois-ci, le jeune homme était tourné dans sa direction. Son air était sérieux et de toute évidence, la conversation n'allait pas lui plaire. Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre que Kuroko allait se référer à la dispute de ce matin avec Nijimura. À présent, est-ce que cela allait tourner vers le brun et qu'il allait devoir s'excuser auprès de ce dernier ou vers son père et ce qu'Akashi ne lui avait pas dit de leur dispute ?

« Je me suis disputé avec mon père. J'en ai eu assez, alors c'est terminé. Et Shūzō n'a qu'à se mêler de ce qui le regarde.

— Vous vous êtes disputés au sujet de notre conversation entre ton père et moi ? Au sujet des enfants, termina-t-il en parlant un peu plus bas.

— Tu n'es pas responsable, Tetsuya. Mon père veut à tout prix un descendant pour prendre sa relève. Alors si je ne le fais pas, au moins, il fera en sorte que son possible petit-fils le fasse à ma place. Et crois-moi, si un jour j'ai bien un enfant, qu'importe par quel moyen, je le laisserai choisir son avenir. Je ne ferai pas un enfant pour qu'il soit utilisé comme un vulgaire pantin. »

Kuroko put entendre l'émotion dans la voix de son amant qui n'avait pas pour habitude de parler autant. Le réalisateur s'exprimait toujours par des phrases courtes, des mots justes où il n'avait pas besoin d'extrapoler pour se faire comprendre. Il put aussi voir ses poings contractés trembler légèrement. Ces mêmes poings qu'il vint recouvrir de ses mains, attirant ainsi le regard atypique dans le sien.

« Je ne te dirais pas quoi faire, Akashi-kun. Je souhaite juste que tu sois heureux.

— Dans ce cas, n'écoute pas les mots de mon père à ton sujet. Tu es parfait pour moi. »

Les joues de Kuroko se colorèrent de rouge et l'adolescent abaissa son regard. De toute évidence, les mots du rouquin le touchaient autant qu'ils le gênaient. Il ne releva ses yeux que lorsqu'il sentit les lèvres chaudes d'Akashi contre son front, avant de voir le sourire que lui offrit le réalisateur. Un sourire simple, heureux. Le poing d'Akashi se desserra pour venir entrelacer ses doigts avec les siens.

« Ça te dérange si je commande à livrer ? Je n'ai pas la tête à cuisiner.

— Non, pas du tout. Je vais ranger mes affaires de cours. »

Akashi acquiesça en le voyant rapporter ses manuels et cahiers scolaires dans la deuxième chambre qui, visiblement, servait de bureau à présent. Un sourire s'étira sur le coin de ses lèvres, alors qu'il chercha sur son téléphone des applications pour livrer à domicile.

« D'ailleurs, Akashi-kun. Kasamatsu-san tient un concert samedi soir, ça te dit d'y aller ?

— Un concert ? »

Kuroko reprit le message envoyé par Kasamatsu, afin d'expliquer l'événement à son amant. Sortir leur permettrait de se changer les idées et Kuroko sentait que son amant en avait grand besoin, l'esprit de celui-ci semblait occupé par des pensées obscures. Il savait cependant qu'Akashi n'était pas du genre à se plaindre sans raison, alors il se dit que cela ne devait pas être si important pour que le rouquin ne le tienne pas au courant.

Du moins, Kuroko l'espéra.

-x-x-x-

Dans la chambre de Kasamatsu, un certain blond sautillait de joie avant de se jeter sur lui et de recommencer son manège, encore et encore. Le brun était habitué aux effusions d'amour et de joie qu'extériorisait Kise à tout bout de champ, que ce soit en tant que personne, mais aussi en tant qu'ami, alors maintenant, le découvrir en tant que petit ami ne le dépaysait pas tellement. Au bout d'un certain temps, c'était toujours aussi pénible. Ainsi, sans surprise, le blond se retrouva avec le pied de Kasamatsu abattu contre son épaule, l'empêchant de lui sauter une énième fois dessus.

« Mais senpai, c'est une superbe opportunité ! S'écria l'ex-mannequin en tendant ses bras dans le but d'atteindre son amant.

— Je le sais très bien, imbécile. Mais t'es sur le même disque depuis une heure.

— Mais c'est génial ! Avec ton groupe, vous allez monter sur scène toute une soirée et animer… »

Cette fois-ci, Kasamatsu passa à la vitesse supérieure et effectua une prise de catch pour faire taire cette pipelette. À force de répéter encore et encore la même chose, il allait commencer à paniquer et douter de ses capacités. Ce n'était pourtant pas du hasard si le patron du bar leur avait proposé d'animer leur soirée d'anniversaire, car c'était le même bar où Kasamatsu et ses amis avaient l'habitude de jouer quelques morceaux. Seulement, c'était souvent en tant que première partie et ensuite, d'autres musiciens, plus expérimentés et plus connus, prenaient la relève.

Ce serait la première fois pour eux d'être au-devant de la scène, sous le feu des projecteurs du début jusqu'à la fin.

Un cri finit par lui échapper et il relâcha aussitôt Kise, pour couvrir son visage par ses propres mains et se tortiller dans son lit.

Ça y était, il paniquait.

« Un problème, senpai ?

— Oui, c'est toi le problème. Et si je finissais par me tromper dans les accords ? Qu'un des fils de ma guitare se casse et que je sois incapable de suivre ? Et qu'est ce… »

Une paire de mains chaudes vint encadrer son visage et sans pouvoir dire un mot de plus, le blond l'embrassa. Tout d'abord surpris, leur échange ne ressembla à rien avant qu'il ne se ressaisisse et profite de l'échange. Ses mains se placèrent ainsi contre les omoplates de son vis-à-vis, allongé contre lui. Le baiser resta chaste, ayant servi dans un premier temps à le faire taire et cesser de raconter des inepties. Ce qui fut une réussite complète puisqu'une fois séparés, il demeura muet et observa le visage souriant de Kise.

Au fond de lui, Kasamatsu ne parvenait toujours pas à y croire. Kise et lui. Dans son lit, à s'embrasser. Ils étaient même allés plus loin que juste s'embrasser, sans pour autant aller jusqu'au bout.

« Tu réfléchis encore beaucoup trop, senpai, s'amusa le blond en remarquant ses sourcils froncés.

— C'est mieux que toi qui ne réfléchis pas assez, imbécile.

— Peut-être bien, peut-être pas. En attendant, j'aurai des rides beaucoup plus tard que toi. »

Le ton rieur, Kise approcha son index et l'apposa entre les sourcils fournis de son amant. Il appuya ainsi légèrement sur le point où les plis s'étaient formés et lui donnaient un air plus sévère qu'à l'accoutumée. Il rit davantage en apercevant Kasamatsu en train de loucher, avant que ce dernier n'enlève sa main avec la sienne par un mouvement sec. Par-dessus les joues de Kasamatsu, quelques rougeurs s'étaient superposées et Kise adorait le voir rougissant.

À présent assis sur le rebord du lit, les yeux plongés vers sa guitare rangée dans un coin de la pièce, Kasamatsu serra ses poings contre les draps.

« Tu pourras venir, alors ? Demanda-t-il presque timidement, si bas que Kise dut tendre l'oreiller pour le comprendre.

— Évidemment ! Je manquerai pour rien au monde le concert de mon copain. »

Le rouge sur les joues de Kasamatsu s'accentua et bien que Kise ne put en voir qu'une petite partie de là où il se trouvait, il sourit davantage en voyant Kasamatsu simplement acquiescer. Tendrement, sa main vint caresser le dos du brun, glissant ensuite sur son bras pour finalement arriver à sa main qu'il recouvrit par la sienne. Le concert se déroulerait le lendemain soir et il savait que son petit ami allait s'entraîner avec son groupe toute la journée de samedi. Mais cela ne lui posait aucun problème, il avait déjà prévu de passer par son ancienne agence de mannequinat, afin de récupérer des documents administratifs.

« Ta mère rentre tard, ce soir ? Interrogea-t-il en voyant l'heure qui se faisait tardive.

— Pas que je sache. Mais il doit y avoir des restes dans le frigo, si tu as faim. »

Kasamatsu se redressa, pour finalement s'asseoir sur son lit et dirigea son attention vers le visage de son amant. Les yeux caramel de Kise brillaient d'une étincelle qui ne lui annonçait rien de bon. Et en effet, il ne fallut pas plus longtemps pour qu'il se retrouve à nouveau allongé sur les draps, le corps de Kise surplombant le sien et ses lèvres qui vinrent s'apposer contre les siennes. Le brun frissonna lorsque la langue tentatrice de l'ancien mannequin vint caresser sa lèvre inférieure. Il ne tenta même pas de lui résister.

Un gémissement lui échappa lorsque la main de Kise vint se glisser sous son haut pour venir effleurer son flanc en des caresses aériennes et délicates. Ses jambes ne tardèrent pas à venir se glisser autour de la silhouette du blond, rapprochant un peu plus leurs bassins l'un de l'autre. Un frisson le parcourut lorsqu'il sentit la virilité de Kise qui se réveillait au même rythme que la sienne et que leur baiser devint plus pressant. Ses mains se dirigèrent vers la ceinture de Kise, pour faire passer leur relation à l'étape suivante, pour enfin le sentir en lui, quand il fut interrompu par des à-coups à sa porte.

« Bonsoir, les garçons, je viens de rentrer. Vous avez besoin de quelque chose ? »

Le couple avait arrêté toute manœuvre au premier coup sur la porte, se regardant un instant, avant que Kasamatsu ne soupire bruyamment avant de poser son front contre l'épaule du blond. Il aimait ses parents, mais qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour avoir son propre appartement. Surtout dans des instants comme celui-ci.

« Bonsoir, Chiyo-san ! Tout va pour le mieux ici, ne vous en faites pas, intervient Kise après un certain silence qui se faisait trop long.

— Super, alors. Je vais commencer à préparer le repas. »

Le bruit de ses pas s'estompa au fur et à mesure qu'elle s'éloignait de la chambre de Kasamatsu. Le silence continua quelques minutes, avant que les deux jeunes hommes ne se regardent, toujours entrelacés intimement. Un rire commença à secouer les épaules de Kise, avant que Kasamatsu ne le rejoigne. Ils avaient échappé de peu à une situation qui aurait pu se révéler fort problématique si sa mère n'avait pas eu la délicatesse de toquer.

« Ce sera pour la prochaine fois, alors, confia le blond en venant picorer une dernière fois ses lèvres.

— Car tu penses qu'il y aura une prochaine fois ? »

L'expression scandalisée de Kise étira un sourire satisfait sur les lèvres de Kasamatsu. Le brun s'échappa rapidement de son amant pour descendre dans la cuisine et proposer son aide à sa mère pour la cuisine de leur repas, ne doutant pas un seul instant qu'il y aurait une prochaine fois. Peut-être que ce jour-là, toutefois, il ferait attention de savoir à quelle heure sa mère comptait rentrer à la maison. Tout en préparant le repas, Kasamatsu invita sa mère au concert.

Malgré ses craintes, il avait vraiment hâte d'être à demain et de jouer devant tout le monde et tous ses proches. Le bar leur offrait une réelle opportunité pour son groupe et lui.

Le lendemain, Kasamatsu se réveilla avec la boule au ventre. Il se demanda comment il allait pouvoir tenir sur ses pieds devant tous ces inconnus, tous ces regards lancés dans sa direction, sans se mettre à trembler. Ce n'était pas la première fois qu'il allait se produire sur scène avec Moriyama et les autres garçons du groupe, mais c'était bien la première soirée qu'ils allaient faire du début jusqu'à la fin. Les inquiétudes qui pourrissaient son cerveau d'idées noires le rendirent malheureusement exécrable au réveil, auprès de Kise, mais aussi de sa mère. Ces derniers avaient donc compris qu'ils devaient laisser le brun à ses réflexions, puisque de toute évidence, Kasamatsu n'écoutait rien et les envoyait balader dès qu'ils ouvraient la douche. Ils mirent cela sur le dos du stress, avant de voir le brun regrouper ses affaires et retrouver leur lieu de répétition pour ce soir.

« Et toi, mon garçon, tu as prévu quelque chose jusqu'à ce soir ? Demanda finalement la mère de Kasamatsu, après que ce dernier eut fermé la porte derrière lui.

— Je dois passer voir mon agent pour récupérer des documents et après, je pensais voir qui serait libre parmi mes amis.

— Tu as quelqu'un pour t'accompagner ? Il me semble que la police court toujours derrière celui qui te voulait du mal…

— Je compte prendre un taxi jusqu'au bureau de l'agence, ne vous inquiétez pas. »

Kise lui sourit pour rassurer la mère de Kasamatsu, mais celle-ci resta dubitative. Elle n'aimait pas l'idée de savoir le blond se baladant en ville tout seul, sans aide à portée de main. Elle le vit pourtant regrouper ses affaires et mettre son manteau, avant de la saluer chaleureusement, la remerciant encore de son hospitalité.

À l'extérieur, Kise ne tarda pas à rejoindre la zone où travaillaient les taxis, afin d'en attraper un et rapidement arriver à l'agence. Malgré son attitude optimiste, il craignait tout de même de tomber nez à nez avec Imayoshi ou l'un de ses subalternes. Ainsi, quand il s'assit sur la banquette arrière du taxi et après avoir donné l'adresse, il appela Aomine pour savoir si le basané était disponible.

Aomine lui répondit, la voix encore chargée de sommeil. De toute évidence, il venait de le réveiller.

« Bonjour, Belle au bois dormant, bien dormi ?

— Donne-moi une raison de ne pas raccrocher et bloquer ton numéro, répondit froidement le brun.

— Je dois aller à mon agence de mannequin, mais après, un basket, ça te dit ?

— Ok. À toute. »

Kise cligna plusieurs fois des yeux en regardant son téléphone, mais en réalité, il ne fut pas réellement surpris de l'attitude rustre du basané. Il lui enverrait un message, quand il en aurait fini avec son ancien manager, pour convenir d'une heure et d'un endroit où se retrouver. Il soupira d'aise et détendit ses épaules qui s'étaient crispées depuis qu'il avait quitté le foyer de la famille Kasamatsu.

Son rendez-vous avec son ancien employeur fut rapidement réglé. Kise avait dû signer divers documents et s'excuser à de nombreuses reprises, puisqu'à cause de sa situation, il avait dû abandonner différents shooting et donc diverses marques qui comptaient sur lui pour promouvoir leurs vêtements. Cela était évidemment retombé sur son ancien manager qui avait dû expliquer la situation officielle, donnée par la police. Kise salua certaines collègues qui furent contentes de le revoir après tout ce temps. Le blond passa donc un certain temps à traverser les couloirs jusqu'à la sortie, puisqu'il se trouvait interpelé à chaque pas par une nouvelle personne. Il reçut de la part de certains collègues et amis des mots d'encouragements et des promesses d'aller boire un verre, de passer du temps ensemble.

Ce ne fut donc que bien plus tard que Kise sortit d'une période de sa vie, en profitant pour envoyer un rapide message à Aomine pour le prévenir.

Il se tourna un instant pour observer la façade de l'agence de mannequinat et sentit son cœur se charger d'émotion. Cela faisait des années qu'il travaillait pour eux, il avait servi certaines marques populaires pour promouvoir leurs articles. Il avait rencontré de nombreuses personnes, de nombreuses personnalités et des caractères bien trempés qui avaient pu lui en faire voir de toutes les couleurs. Un sourire fendit son visage, malgré ses yeux humides.

Une part de lui manquerait certainement tous ces moments.

« Allez, fais pas cette tronche. C'est qu'une fichue page qui se tourne pour une bien meilleure. »

Kise sursauta en sentant un bras se nouer autour de sa nuque, reposant ensuite contre son épaule. Ses membres se détendirent en apercevant le sourire franc d'Aomine et voyant par la suite le ballon de basket qu'il maintenait contre son flanc. Wakamatsu se tenait à quelques mètres d'eux, en tenue de tous les jours, afin de passer inaperçu. Alors Kise sourit à son tour. Un sourire qui se voulut franc, comme celui du basané, mais qui fut trahi par les larmes présentes derrière ses cils.

Aomine le nota, mais ne pipa mot. Il libéra Kise de son poids et se mit en direction du terrain de basket le plus proche. Le basket avait toujours fonctionné quand il avait besoin de se changer les idées, de se dépenser pour éviter de frapper le premier venu et de décharger son trop plein d'émotions, de ressentiments. Ce sport était un réel exutoire pour lui et il espérait faire ressentir la même chose à Kise aujourd'hui.

Peu de temps après, les deux garçons commencèrent à jouer pendant que Wakamatsu passait les lieux au peigne fin. Il s'arrêta uniquement quand il fut certain que personne de suspect ne tournait dans les environs, en profitant par ailleurs pour s'assurer qu'Imayoshi ou ses subalternes ne tentaient pas d'approcher Kise. Une telle manœuvre l'étonnerait en sachant que toutes les forces de police étaient à leurs recherches, mais rien n'était impossible quand il s'agissait d'Imayoshi. De sorte que Wakamatsu préféra redoubler d'attention, alors que les deux garçons se défoulaient sur le terrain de basket, le sourire aux lèvres.

Wakamatsu nota par ailleurs que c'était l'une des rares fois où il pouvait apercevoir un sourire sur le visage d'Aomine. Dans la résidence de la famille Aomine, le visage de l'adolescent se refermait et ne laissait transparaître que de la froideur et du mépris. Un mur que le basané avait construit entre lui et ses propres parents, mais surtout son père. Une fracture avait eu lieu et elle ne s'était jamais résorbée. Être le fils du chef de la police japonaise n'avait jamais été un privilège pour Aomine, qui avait senti très tôt les coups d'œil vers sa personne. Des regards méfiants, apeurés. Des enfants qui ne venaient pas jouer avec lui par crainte de s'attirer des problèmes, d'être surveillés, de ne pas pouvoir être eux-mêmes.

L'ancien délinquant et à présent garde du corps d'Aomine observa le basket des deux lycéens. Les passes étaient rapides, les lancers de plus en plus éloignés et leurs corps dansaient l'un avec l'autre tout en essayant d'attraper le ballon des mains de l'autre. Ils lui donneraient presque envie de les rejoindre, de jouer une partie avec eux et de goûter à la joie de toucher le ballon que visiblement ils ressentaient. De ces éclats de rire qu'ils partageaient.

Wakamatsu se souvint du jour où il avait finalement retrouvé le petit Aomine Daiki tremblant, apeuré. Il se souvint de ses yeux rouges et des bleus qui recouvraient ses petits bras, des hématomes créés par des coups de pieds, de poings, afin d'obtenir des informations.

Être le fils du chef de la police japonaise avait blessé Aomine autant sur le point physique qu'émotionnel. Cet épisode avait fait disparaître le garçon souriant et toujours de bonne humeur.

« On va aller bouffer, avec Kise. »

Wakamatsu cligna un instant des yeux et se retira des instants du passé pour observer le jeune homme en face de lui. Il acquiesça simplement, avant de suivre de loin les deux garçons qui se dirigèrent vers un fast-food à proximité. Leur repas fut rapidement expédié et les deux garçons flânèrent un instant dans les rues de Tokyo, le ballon de basket toujours entre les mains d'Aomine. Le basané s'amusait à le faire tournoyer au-dessus de son index.

Après avoir suffisamment digéré, Aomine et Kise retournèrent sur le terrain de street basket et découvrirent que durant leur absence, des collégiens s'étaient mis à jouer.

« On leur demande si on peut intégrer chacun une équipe ? Proposa Kise en voyant l'étincelle dans le regard du brun.

— T'as bien vu que seul, t'arriverais pas à me battre, alors maintenant, tu veux y parvenir grâce au nombre ? »

Aomine vit Kise lui faire un clin d'œil, son sourire étiré jusqu'aux oreilles, avant que le blond ne parte à la rencontre des collégiens. Ces derniers le zieutèrent ensuite, avant d'acquiescer vivement, gagnant chacun dans leur équipe un allié de choix. Resté en arrière, Wakamatsu observa de nouveau le match se dérouler sous ses yeux. Cette fois-ci, le match fut moins rapide, puisqu'Aomine et Kise prirent en compte l'âge de leurs coéquipiers et qu'à présent, ce n'était plus un one-to-one. Toutefois, les éclats de rire étaient toujours aussi francs et le plaisir de jouer sur le visage des joueurs toujours aussi flagrant.

Wakamatsu sentit subitement contre sa joue une goutte, puis une autre encore. Des gouttes d'eau tombèrent au compte-goutte avant de s'abattre sur le sol avec violence. Il leva les yeux vers le ciel qui s'était assombri, avant de reporter son attention sur Aomine et Kise. Les deux garçons avaient été contraints d'arrêter leur match avec les collégiens qui couraient dans tous les sens pour rentrer au plus vite chez eux. De leurs côtés, les deux amis le rejoignirent et ils parvinrent à s'abriter sous un petit préau et regarder la pluie torrentielle.

Kise jeta un coup d'œil sur son téléphone et réalisa l'heure tardive. Le concert de Kasamatsu était dans quelques heures seulement et il ne voulait pas être en retard.

« Attendez-moi, les garçons. J'appelle le chauffeur et on quitte cet endroit. »

Wakamatsu s'éloigna légèrement avant d'apporter le téléphone à son oreille. De leur côté, Kise s'agita et regarda autour de lui rapidement. La maison de Kasamatsu n'était pas si loin que ça et il pouvait aisément y passer rapidement pour prendre une douche chaude et se changer. Il s'apprêta à partir en courant quand la poigne d'Aomine sur son haut le retint.

« Aominecchi, je suis pressé ! Kasamatsu-senpai tient un concert et je dois y aller, expliqua-t-il en se débattant pour s'échapper de l'emprise du brun et partir.

— Et choper la crève le temps de rentrer ? Connerie. Attends mon chauffeur et on te ramène. »

Kise hésita un instant, mais il vit Wakamatsu revenir à leur hauteur. Le garde du corps les informa que la voiture était en route et ne devrait pas tarder, ce qui fit se détendre le blond et concevoir l'idée de patienter un peu plus. Une fois dans la voiture, il regarda à nouveau l'heure de son téléphone et soupira de soulagement. Le concert commençait à vingt et une heures et devait se terminer à vingt-trois heures. Il avait encore une heure devant lui avant de rejoindre le bar où jouait son petit ami et son groupe.

Son visage se rembrunit en ne reconnaissant pas le paysage. Il se tourna en catastrophe vers Aomine, qui regardait par la fenêtre avant de se faire secouer par le blond.

« Quoi ?! Grogna-t-il.

— On me ramène pas où il faut. Vous me kidnappez ou quoi ?

— Tch. Chez toi, chez moi, qu'est-ce que ça change ? Je te prêterai des fringues et t'ira à ton concert, t'en fais pas. »

Sans lui prêter davantage son attention, Aomine repartit observer le paysage qui défilait au fur et à mesure de l'avancée de la voiture. Il était vrai qu'il n'avait pas précisé à Wakamatsu, et encore moins au chauffeur, qu'ils devaient déposer Kise avant de repartir à la maison. Mais qu'est-ce que cela changeait, après tout ? Kise faisait à peu près la même taille que lui et il pourrait lui prêter à nouveau son chauffeur pour l'emmener à son concert de pacotille.

Arrivés à la résidence de la famille Aomine, Kise trépigna davantage sur place que sous le préau. Il embrassa sur les joues la mère du basané, qu'il avait plusieurs fois rencontrée et avec laquelle il s'entendait particulièrement bien, avant de lui demander l'emplacement de la salle de bain.

« Je suis désolé de paraître aussi rustre, mais je suis pressé. Je suis attendu et je…

— Pas besoin d'explication, mon chéri. Monte l'escalier, tourne à gauche et ce sera la deuxième porte à droite. Mon fils va te préparer des vêtements secs.

— Merci ! »

Un sourire solaire illumina le visage du blond qui ne se fit pas prier. La mère d'Aomine, ainsi que ce dernier, purent ensuite l'entendre répéter à voix haute les indications données pour la salle de bain, les faisant tous les deux sourire. Aomine monta par la suite dans sa chambre pour chercher des vêtements propres pour Kise, avant de se diriger vers la porte en bois, où il put ensuite entendre le jet d'eau fonctionner.

« Oï, Kise. Je te mets les fringues par terre. T'auras qu'à sortir et les prendre. »

Il s'éloigna aussitôt, sans attendre une réponse de la part de Kise. Lui aussi avait besoin de se débarrasser de ses vêtements trempés qui lui collaient à la peau et de prendre une bonne douche chaude. Il se dirigea donc vers les quartiers réservés à ses parents, afin de leur emprunter leur salle de bain, comme la sienne était à présent occupée par la présence de Kise.

Ce ne fut que bien plus tard que le basané sortit de la douche, réchauffé et habillé par des vêtements secs. Il se dirigea vers le hall d'entrée où il perçut la voix paniquée de Kise, en pleine conversation avec leur majordome. En l'apercevant à son tour, le blond le rejoignit au pas de course et tira sur la manche de son haut.

« Aominecchi, aide-moi. Il est possible que ton chauffeur m'emmène au concert, s'il te plaît ?

— Tu peux pas appeler un taxi ?

— Kasamatsu-senpai va monter sur scène dans moins d'un quart d'heure. Le temps que j'appelle le taxi, qu'il vienne me chercher et m'emmène… »

Aomine passa sa main libre par-dessus sa nuque, visiblement ennuyé. Il ne comprenait pas pourquoi Kise tenait tant à aller à ce concert et surtout pourquoi y arriver en retard était si catastrophique. Le concert de Kasamatsu ne devait pas durer qu'une demi-heure, alors où était le problème ? Son regard perçut les larmes qui commençaient à apparaître derrière les cils de son interlocuteur, qui le regardait droit dans les yeux à la recherche d'une réponse sur son visage.

« C'est vraiment si important que ça, ce concert ? Demanda-t-il, ennuyé.

— Oui. »

La réponse immédiate de Kise le fit soupirer. Il secoua son bras que tenait toujours le blond et descendit les dernières marches, s'adressant par la suite au majordome pour que celui-ci prévienne le chauffeur. À la fin de sa conversation, il sentit un poids contre son dos et devina que Kise venait de lui sauter dessus avant de se remettre sur ses deux pieds.

« Merci, Aominecchi, t'es le meilleur !

— Évidemment. Qu'est-ce que tu crois, toi ? »

Un sourire arrogant couvrit les lèvres du basané et Kise se mit à rire, les larmes disparaissant de son regard.

Quelques minutes plus tard, le majordome vint les informer que le chauffeur attendait Kise dans la cour, où le véhicule était stationné. L'ancien mannequin l'en remercia avant de se diriger vers la sortie. Il marqua un temps d'arrêt avant de franchir la porte et se tourna vers Aomine qui était resté au même endroit, les mains dans les poches. Son ami haussa un sourcil, se demandant ce que pouvait encore faire Kise chez lui, alors qu'il semblait si pressé auparavant.

« Tu… Tu veux m'accompagner ?

— Et écouter une musique de merde à m'en faire saigner les oreilles ? Puis quoi encore.

— Kasamatsu-senpai ne joue pas mal.

— Ah ! Il ne joue pas si bien que ça non plus, alors, rétorqua-t-il un large sourire se dessinant sur ses lèvres. »

Kise gonfla ses joues, visiblement pas amusé par ce petit jeu.

« J'suis pas certain que ton copain soit ravi de me voir. Déjà que tu portes mes fringues. Va pas lui faire imaginer des trucs, souffla-t-il avant de commencer à remonter les escaliers pour retourner dans sa chambre.

— Mais je…

— Bonne soirée, Kise. »

Kise le vit s'éloigner sans en être ravi. Il aurait pu expliquer la situation à Kasamatsu en sachant que ce dernier aurait compris, après tout, qu'avait-il fait de mal ? Ils avaient pris la pluie et Aomine l'avait ramené chez lui pour une douche et ainsi lui éviter d'attraper froid, le tout en lui prêtant des vêtements secs pour éviter de remettre ceux trempés. Pourtant, il ne sut quoi dire pour retenir le brun, mais aussi pour le faire venir avec lui au concert. Il ne pouvait pas le forcer, mais voir ainsi son dos s'éloigner ne lui plaisait pas.

« Monsieur, le chauffeur vous attend. »

Le rappel du majordome le ramena néanmoins à la réalité, lui faisant par la même occasion réaliser qu'Aomine ne se trouvait plus dans son champ de vision. Il acquiesça alors et suivit les pas de l'employé qui l'emmena jusqu'à la magnifique voiture noire aux vitres teintées. Une fois à l'intérieur, Kise alluma son téléphone pour y consulter l'heure. Cela allait être juste, mais il ne devrait pas arriver trop en retard. Il envoya un message à Kasamatsu pour le prévenir qu'il était en chemin, portant par la suite son attention sur l'extérieur.

Une part de lui n'aimait pas savoir Aomine seul.

-x-x-x-

Akashi et Kuroko venaient d'arriver devant le bar où Kasamatsu et son groupe jouaient leur premier véritable concert. Il était vingt et une heures et de nombreuses personnes se trouvaient déjà à l'intérieur de l'établissement, leur faisant ainsi comprendre de ne pas tarder s'ils souhaitaient avoir une table bien placée. Kuroko sentit son téléphone vibrer et lut le message que venait de lui envoyer Kise, lui demandant de lui réserver une place à ses côtés.

Il était en train de lui répondre, lorsqu'il entendit la voix de son amant, à ses côtés.

« Tetsuya. Aurais-tu proposé à Shūzō de sortir, ce soir, à tout hasard ?

— Oui. Tout à fait. »

Mentir ne servait à rien et il n'avait rien à se reprocher. De sorte qu'après avoir envoyé sa réponse à Kise, Kuroko leva ses yeux pour apercevoir Nijimura arriver à leur hauteur.

« Je sais que tu tiens à Nijimura-san et que lui aussi tient à toi. Alors je vous laisse discuter, je vais chercher Kasamatsu-san pour lui souhaiter bonne chance. »

Et sans un mot de plus, l'adolescent s'éclipsa à l'intérieur pour retrouver le brun et essayer de lui soudoyer une table, afin de pouvoir loger tout leur petit groupe.

Restés à l'extérieur, les deux hommes se jaugèrent sans prononcer la moindre parole. Akashi n'était pas connu pour s'excuser ou remettre ses actes et paroles en question, mais sa rencontre avec Kuroko avait amélioré certains de ses traits de caractère. Il restait néanmoins d'une très grande mauvaise foi et ne voulait pas être celui qui ferait le premier pas. Il continua donc d'observer son plus vieil ami qui avait ses mains enfouies dans son manteau et qui faisait exactement la même chose que lui.

« Tu n'es qu'un petit con. »

Akashi haussa un sourcil.

« On rentre ? Lui proposa ensuite Nijimura.

— C'est tout ?

— Quoi ? Tu ne vas pas t'excuser et je ne vais pas m'excuser de m'inquiéter pour toi et ton père. Alors avançons, confia le brun avant de se diriger vers l'entrée du bar.

— Grand con. »

À ces mots, Nijimura se retourna et le foudroya du regard. Seulement, Akashi ne broncha pas et poursuivit sa marche avec un sourire amusé sur le coin des lèvres. Ils retrouvèrent ainsi Kuroko qui, par miracle, avait trouvé une table en face de la scène aménagée pour l'occasion. Les deux hommes se débarrassèrent de leurs vêtements chauds, avant de demander au bleuté comment il avait réussi à faire.

« C'est simple. J'ai juste dit à Kasamatsu-san qu'on attendait Kise. C'est la table que Kasamatsu-san lui a réservée.

— Petit malin ! »

Nijimura passa sa main dans la chevelure de Kuroko, avant de se relever et d'annoncer qu'il payait la première tournée. Enfin du moins, des bières pour lui et Akashi et du soda pour le bleuté. Leurs boissons entre les mains, le scénariste retourna à leur table pour apercevoir deux nouvelles têtes. Takao et son ami aux cheveux verts les avaient rejoints, sûrement prévenus par Kuroko. Enfin, cela ne lui importait pas. Il venait de payer la première tournée pour tous les trois, les autres n'avaient qu'à aller se servir. Il avait réussi à bien choisir son moment et s'en félicita mentalement.

Les conversations s'enchaînèrent entre les différentes personnes qui composaient leur tablée et pendant un instant, Nijimura se tut pour observer la scène. C'était peut-être la première fois qu'il voyait Akashi dans ce type d'établissement, décontracté et le sourire aux lèvres. Son regard glissa du rouquin pour se diriger vers Kuroko qui était en train de discuter avec Takao, sûrement au sujet de son ami qui l'accompagnait, puisque le compositeur jetait de nombreux coups d'œil dans sa direction.

« J'y suis arrivé ! »

Le cri de Kise les fit tous s'interrompre pour voir le mannequin, le poing levé vers le plafond. L'ancien mannequin regarda ensuite rapidement autour de lui, remarquant que les musiciens n'étaient pas encore montés sur scène, soupira longuement, avant de se tourner vers la table et de saluer tout le monde.

« Vous m'excusez, mais je dois vite retrouver senpai. »

Aussitôt apparu que le blond disparut tout aussi rapidement, cherchant son petit ami avant que celui-ci ne monte sur scène. Une serveuse lui indiqua le chemin pour rejoindre la petite loge qui avait été fabriquée pour accueillir le groupe et l'un des membres tapota contre l'épaule de Kasamatsu, avant de lui montrer la présence de Kise, à quelques mètres d'eux. Le brun eut juste le temps de poser sa guitare et de se relever que le blond lui sauta dans les bras, se retenant in extremis de l'embrasser dans un lieu public.

Durant cette étreinte, toutefois, Kasamatsu sentit une odeur qui n'appartenait pas au blond. Une odeur plus sauvage, l'odeur d'un autre homme. Il ne se souvenait pas non plus que Kise possédait ce T-shirt ample, gris. Kise avait plus l'habitude des couleurs vives.

« Tu vas tout déchirer, senpai ! T'es le meilleur. »

Kasamatsu voulut poser des questions et comprendre pourquoi Kise portait les vêtements d'un autre, mais aussi qui était cet autre homme. Seulement, il se souvint où ils étaient et des personnes qui les entouraient. Ce n'était ni l'endroit, ni le lieu pour ce genre de conversation. Alors il se tut. Il se tut et fit taire cette voix de mauvaise augure et cette douleur à son cœur. Il devait se concentrer sur le sourire de Kise, faire confiance à son petit ami.

Il ferma les yeux et respira.

Lorsqu'il les rouvrit, on les appela pour monter sur scène. Il entendit ses camarades prendre leurs instruments et se diriger vers la scène, lui laissant quelques secondes d'intimité. Ce court instant que Kasamatsu saisit pourtant pour attraper le haut de Kise et l'amener à se pencher dans le but de venir couvrir ses lèvres par les siennes.

« Ne regarde que moi, ce soir, compris ? »

Ses yeux clairs plongèrent dans ceux écarquillés de Kise, qui hocha son visage sans pour autant réellement comprendre pourquoi le brun était tout à coup si sérieux. Ce même brun qui ne tarda pas à prendre sa guitare et rattraper au petit trot ses camarades. Pris de court, Kise le regarda faire avant de réaliser, après quelques secondes, qu'il ferait mieux de retourner à la tablée de Kuroko et des autres. Le blond retourna ainsi dans la salle principale où les lumières avaient été baissées au profit des projecteurs dirigés vers la scène.

L'ancien mannequin s'assit sur le siège que lui avait gardé Kuroko, l'ayant placé de sorte que le blond puisse mieux voir Kasamatsu sur scène. Un large sourire se forma sur son visage, alors qu'il vit Kasamatsu jouer les premières notes. Un sentiment de fierté envahit son estomac pour remonter jusque dans son cœur, alors qu'autour d'eux, les gens se mirent à danser et profiter de la musique et de la soirée. Et malgré les conversations qui se tenaient autour de lui, Kise ne lâcha pas du regard Kasamatsu.

Kise n'avait qu'une seule envie à présent : que le concert se termine au plus vite, afin qu'il puisse embrasser son petit ami. Et qu'en rentrant, la mère de Kasamatsu ne soit pas chez elle.