Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez tous bien.m

Voici le chapitre 43 de cette fiction, qui j'espère vous plaira autant que j'ai pris de plaisir à l'écrire. Merci à kama-chan59 pour sa correction merveilleuse !

Réponses aux review :

0803mush : Bienvenue à toi ! Ne t'en fais pas, les moments d'Akashi et Kuroko vont s'agrandir dans les prochains chapitres, puisqu'à partir de ce chapitre Kise et Kasamatsu ont enfin avancé d'un grand pas dans leur relation, je te laisse découvrir cela ! Pour le délai de participation, je ne saurais pas te le dire... J'écris quand je le peux, l'inspiration donc ça peut déprendre de beaucoup de chose...

nanatsu : Merci beaucoup de ton commentaire ! J'espère que tu adoreras aussi ce chapitre !

mower : Et non j'ai pas abandonné cette histoire :D Comme on en avait discuté en MP, voici la progression de Masaomi dans ce chapitre. Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis contente que cette fiction te plaise.

Laura-067 : Pour Kise et Kasamatsu, tu auras la réponse dans ce chapitre. Mais d'autres questions vont se poser avec celui-ci, j'ai hâte de lire tes prochaines interrogations.

Miss Yuki 66 : Oui vive le NijiAka ! Mais ici on est pour parler d'AkaKuro et merci beaucoup pour ton commentaire. Tu auras la réponse pour l'opération dans ce chapitre. J'espère que ce chapitre te plaira tout autant que les autres.

ellie27 : Voici le chapitre 43, yeah ! Et ne t'inquiète pas, cette histoire est une happy end alors tout va bien se terminer. ;)

Lady Emrys potter black : Tout va bien de mon côté et de ma famille, merci beaucoup. J'espère que tout va bien pour toi aussi. Merci beaucoup pour ton commentaire et je te souhaite une bonne lecture.

Vahisha21 : Pour Akashi, tu auras en partie la réponse dans ce chapitre. Notre rouquin préféré a pris sa décision, mais va-t-elle plaire à tout le monde ? Telle est la question ;)

Merci à tout le monde pour continuer à suivre cette histoire, les ajouts en favoris et en follow. Je vous souhaite à tous une bonne lecture et vous souhaite de passer des jours heureux. N'hésitez pas à laisser un commentaire à la fin du chapitre !


Le Papillon

Chapitre 43

Vous savez ce que ça peut provoquer, la peur ? Il y en a que ça pousse à la lâcheté, d'autres à l'héroïsme.

Louis Caron.


Kise suivit son amant dans la chambre de ce dernier. Le concert était fini depuis deux heures, mais avant de rentrer, Kasamatsu et son groupe avaient bu quelques verres avec leurs proches et le patron de l'établissement. La soirée avait été un franc succès et Kise avait pu entendre à droite, à gauche, des compliments vis-à-vis du groupe et un sourire fier n'avait su quitter son visage. À leur table, où s'étaient rassemblés Kuroko et ses amis, Kise avait pu voir Kasamatsu se mêler à tout le monde dans la joie et la bonne humeur.

Il ne comprit donc pas pourquoi, tout à coup, dans l'intimité de cette chambre, l'ambiance semblait s'être alourdie. À peine ils avaient quitté le bar pour rentrer chez Kasamatsu que celui-ci s'était mis à éviter son regard. Son petit ami avait, par la suite, ignoré toutes ses tentatives de discussions, qu'elles soient relatives à leur prestation ou ses demandes pour obtenir une explication devant ce froid calculé.

Dans un coin de la pièce, le brun rangea avec précaution sa guitare, avant de s'étirer les bras et faire rouler ses épaules. Le silence dans la maison leur indiquait que sa mère n'était pas encore rentrée d'une de ses gardes à l'hôpital. De son côté, Kise s'était docilement assis par terre, le dos appuyé contre le support du lit. Il attendait que Kasamatsu lui prête attention. Ce dernier lui tournait toujours le dos et était en train de se passer la main par-dessus sa nuque, de toute évidence ennuyé par un point dont il ignorait la raison.

« Est-ce que ça te dérangerait de prendre une douche tout de suite, maintenant ? »

Pendant un moment, Kise papillonna des cils en cherchant le pourquoi du comment de l'insistance de la demande de son petit ami. C'était ça la raison qui expliquait l'ignorance depuis facilement une demi-heure ?

« J'empeste à ce point ? Tenta-t-il avec humour pour essayer de détendre l'atmosphère chargée de tension.

— L'odeur d'un autre, ouais. Carrément. »

Le ton polaire de Kasamatsu ne rivalisa en rien avec son regard froid, tranchant, qui se posa sur sa personne. Kise en fut soufflé et regarda gauchement les vêtements qu'il portait, ceux prêtés plus tôt dans la soirée par Aomine. Évidemment que ces derniers portaient son odeur. Un frisson le traversa à la pensée que Kasamatsu puisse s'imaginer des choses. Il se redressa alors vivement, empoignant le haut pour s'expliquer.

« Ce n'est pas ce que tu crois ! La pluie nous a surpris, Aominecchi et moi, et…

— Douche. »

Kasamatsu lui pointa sa porte dans un mouvement sec avant de se retourner et de lui présenter à nouveau son dos. Tout en comprenant que la discussion ne pouvait pas évoluer dans l'état actuel des choses, Kise prit quelques vêtements propres avant de se diriger vers la salle de bain. Pendant qu'il se douchait, afin de retirer l'odeur qui ne lui appartenait pas, dans la chambre, Kasamatsu soupira longuement tout en prenant son visage dans le creux de ses mains. Il n'aimait pas cette jalousie qui lui dévorait les entrailles. Il aimait encore moins paraître aussi pitoyable aux yeux de Kise.

Le jeune homme parvenait à peine à croire que Kise lui ait retourné ses sentiments. Il avait l'impression de voguer en plein rêve et que d'un instant à l'autre, cette bulle exploserait pour le faire revenir dans la réalité. Son esprit lui faisait jouer des scènes où Kise finissait par réaliser son erreur, avant de décider de partir dans le sens inverse du sien, aux bras d'une jolie fille ou pire, d'un autre homme. Il craignait tellement de voir le blond le quitter et disparaître de son champ de vision qu'il finissait par devenir infecte et le repousser par lui-même.

En agissant de la sorte, en se montrant aussi odieux, il allait lui-même entraîner sa plus grande peur : sa rupture avec l'ancien mannequin.

La porte de sa chambre s'ouvrit avant de se refermer, lui faisant comprendre que Kise en avait fini de se débarrasser de l'odeur d'Aomine. Kasamatsu l'observa alors se sécher les cheveux et sa nuque avec une petite serviette, simplement vêtu d'un pantalon. Ce qui dévoila son torse parfaitement sculpté, finement musclé, où quelques gouttes étaient parvenues à s'échapper de la serviette et finissaient leur course.

Le tricheur.

Leurs regards s'accrochèrent et Kasamatsu sentit sa gorge devenir sèche.

« Tu es prêt à m'écouter, maintenant ? »

Il le savait, le petit con. Il était parfaitement conscient de ses charmes et n'hésitait pas à les utiliser à bon escient. De sorte que Kasamatsu détourna le regard. Des bruits de pas se firent par la suite entendre et Kasamatsu se surprit à frémir lorsqu'il sentit les bras de Kise entourer ses épaules et venir nicher son visage dans le creux de son épaule. Le souffle chaud du blond contre son épiderme le fit frissonner et petit à petit se détendre.

La chaleur corporelle de Kise se propageait au fur et à mesure avec la sienne et tout crainte sembla se volatiliser. Ces images où il voyait le dos du blond s'éloigner de lui, cette peur de le voir se faire voler par une autre personne, tout disparut lorsque les lèvres de son petit ami embrassèrent la peau de son cou.

« On s'est juste fait surprendre par la pluie et il m'a prêté des fringues. Pour pas que j'arrive trempé au concert. »

Kise continua d'embrasser la peau disponible de Kasamatsu, ses bras le serrant davantage pour le coller contre lui. Il aimait sentir l'odeur épicée du brun. Cette même odeur qui était en train de l'émoustiller et de réveiller son sexe. Le brun sembla le sentir puisqu'il ne tarda pas à se cambrer et appuyer le contact entre leur bassin. Kise prit son geste pour une invitation et commença doucement à glisser sa main sous la chemise que son petit ami portait. Il caressa la peau frémissante, tout en continuant de l'embrasser sur son épaule, sa nuque et le haut de sa mâchoire.

« Et je m'en serais terriblement voulu d'avoir loupé ça. Tu as été magnifique sur scène. »

Kasamatsu émit un grognement caractéristique de son désir qui grimpait en flèche. Sentir le sexe de Kise contre ses fesses l'irradiait et l'incitait à se cambrer un peu plus pour prolonger ce contact enivrant. Sentir l'envie du blond envers sa personne lui donnait la sensation d'avoir des ailes. De sorte qu'il n'hésita pas un seul instant à se retourner et embrasser cet homme qu'il aimait depuis tant d'années qu'il s'était effacé de peur d'entacher leur amitié par ses sentiments.

Leur baiser se fit rapidement pressant et affamé. Les deux hommes se dévoraient mutuellement, tant l'envie était présente. Kise en avait rêvé depuis que Kasamatsu était monté sur scène et avait joué les premiers accords, tout comme le brun s'était retenu pour ne pas l'effrayer. Il s'agissait là de la toute première relation amoureuse de l'ancien mannequin et il ne voulait pas le précipiter. Il voulait prendre son temps, que Kise soit prêt et le désire autant qu'il le voulait.

Les mains de Kise remontèrent le haut de son amant, qui l'aida en levant ses bras pour permettre au vêtement de passer au-dessus de sa tête et de dévoiler son torse plat aux yeux de l'ancien mannequin. Ce n'était pas la première fois qu'ils se voyaient torses nus, mais cette fois-ci, le regard qu'ils portèrent sur le corps de l'autre était différent. Quelque chose de plus sauvage, de plus affamé faisait briller leurs pupilles.

Leurs lèvres ne tardèrent donc pas à se retrouver, leurs langues à se chercher et leurs mains à se toucher. Kasamatsu les enfouit dans les cheveux encore humides du blond, souhaitant l'avoir au plus près de son corps pour le sentir bien là, à ses côtés. Le brun se laissa diriger lorsque Kise se mit en mouvement pour les faire rejoindre le lit, où ils seraient clairement plus à l'aise pour la suite des événements. Une fois la douceur du matelas contre son dos, Kasamatsu posa ses mains sur le dos de Kise et rejeta sa tête en arrière lorsque ce dernier se remit à attaquer son cou à coups de baisers et de légères morsures. Il soupira le nom du blond pendant que son bassin se soulevait pour entrer en connexion avec le sien. Une danse se créa où les deux hommes gémirent à chaque frottement, s'embrassant et se caressant pour attiser leur désir.

Kise posa ses mains sur la ceinture de son petit ami et la dénoua rapidement. Il descendit ensuite son pantalon et son caleçon dans un même mouvement. Ses gestes s'arrêtèrent pour admirer le corps du brun, plus petit que le sien et dont l'érection pointait fièrement vers son estomac. Des rougeurs remplirent le visage de Kasamatsu qui se sentit subitement vulnérable, sa main venant recouvrir son sexe, alors qu'il détournait le regard pour regarder un point invisible dans sa propre chambre.

« Hey, senpai. »

L'appel du blond l'incita à plonger son regard dans le sien, à voir le sourire qui s'était étendu sur son visage et être soulagé en voyant l'envie encore présente dans ses yeux caramel. La main chaude de Kise se superposa à la sienne et l'écarta tout en liant leurs doigts ensemble, avant de venir prendre ses lèvres et d'y déposer un baiser empli douceur.

Le lubrifiant et les préservatifs furent posés contre le matelas, après que Kise ait retiré à son tour son pantalon de pyjama. Les deux jeunes hommes s'observèrent, conscients que ce soir, ils allaient avancer d'un autre pas dans leur relation. Ils s'étaient déjà touchés de manière intime, mais jamais sans aller trop loin et surtout, sans aller jusqu'à la pénétration. Seulement aujourd'hui, la mère de Kasamatsu ne rentrerait pas avant le début de matinée et ils avaient donc la maison pour eux seuls.

Kasamatsu était conscient que c'était une première totale pour le blond, qui n'avait jamais eu de relations sexuelles et encore moins avec un homme. Un mélange de joie et de peur lui tiraillait l'estomac, mais il préféra ne pas s'y focaliser et plutôt savourer l'instant. Un sourire amusé s'étira sur ses lèvres lorsqu'il observa Kise regarder fixement le lubrifiant. Ils n'avaient jamais pris le temps de discuter sur qui préférait faire quoi durant l'acte. Kasamatsu n'en était pas à son premier coup d'essai, mais il avait toujours été l'actif dans une relation. Pourtant avec Kise, il ne désirait qu'une seule et unique chose : que ce soit le blond qui le prenne. Il désirait le sentir en lui, de ne faire qu'un avec lui.

Il se redressa alors, afin de faire face à Kise qui était assis à l'autre bout du lit. Ses jambes vinrent encadrer de part et d'autre celles de l'ancien mannequin, se superposant à lui et attirant de la sorte son regard, afin qu'il le plonge dans le sien. Tout en nouant ses mains autour de la nuque de Kise, ils s'embrassèrent à nouveau avant que Kasamatsu ne se saisisse du lubrifiant pour le remettre à Kise qui cligna un instant des yeux, comprenant par ce simple geste ce que son petit ami lui soufflait.

« T'es sûr, senpai ? Je veux dire que…

— Arrête de te poser des questions inutiles. On a mieux à faire. »

Kasamatsu prononça ces derniers mots dans le creux de son oreille, dans un murmure qui était gorgé de tous ses sentiments à l'encontre du blond. Ce même blond qui frissonna de plaisir avant de déboucher la bouteille et d'en mettre sur le bout de ses doigts. Son autre main effleura le bas du dos de Kasamatsu, jusqu'à descendre un peu plus bas et empoigner l'une de ses fesses. Le plus doucement possible, il dirigea ses doigts vers l'intimité de son petit ami qu'il sentit se raccrocher autour de son cou avec plus de ferveur.

« Préviens-moi si je m'y prends mal, senpai. »

Un hochement de tête lui répondit, alors qu'il inséra le plus lentement possible une première phalange à l'intérieur du brun. Celui-ci émit un halètement qui le fit s'arrêter immédiatement, attendant patiemment qu'il se fasse à l'intrusion. Une fois que ce fut bon, il continua l'avancée le plus délicatement possible. Kise s'arrêta dès qu'il entendit Kasamatsu soupirer d'inconfort ou vit ses traits se tordent autrement que par plaisir. Pour compenser cette douleur, il lui embrassa la surface de peau qui lui était disponible. Il avait aussi remonté son autre main de la fesse de son petit ami à son sexe qui avait perdu en vigueur, se mettant à le branler lentement. Quelques gémissements lui arrivèrent ainsi aux oreilles et le confortèrent dans l'idée de poursuivre leur échange.

À un doigt se rajouta le deuxième et Kise prit les mêmes précautions. Le bassin de Kasamatsu allait de l'avant vers l'arrière, cherchant plus de contact, que ce soit par la main de Kise autour de son sexe ou de ses doigts en lui. Des larmes de douleur et de plaisir mélangés coulaient de ses yeux, submergé par le désir qui le prenait aux tripes. Les mains de Kasamatsu prirent en coupe le visage de son amant avant de venir joindre ses lèvres aux siennes.

« C'est bon, maintenant. »

Kise put voir Kasamatsu se redresser, avant de se reculer dans le lit et s'emparer d'un préservatif qu'il ouvrit, les mains légèrement tremblantes. Une fois l'objet sorti de son emballage, les mains de Kasamatsu s'activèrent, afin de l'enrouler autour du sexe du blond. Il l'embrassa une dernière fois avant de s'allonger sur le dos, invitant Kise à le rejoindre en prenant sa main dans la sienne. L'ancien mannequin suivit le mouvement et se retrouva au-dessus de son amant, un nœud se créant dans sa gorge au moment de rendre les choses sérieuses.

Il allait perdre sa virginité avec l'homme avec lequel il sortait et qu'il aimait.

Tout doucement, Kise s'enfonça à l'intérieur de Kasamatsu. Dès qu'un semblant d'inconfort s'étendit sur le visage du brun, il arrêta sa progression tant qu'il put. Tout son être désirait entrer à l'intérieur de ce corps, de se mouvoir et soulager cette pression qu'il ressentait à son entrejambe. Toutefois, Kise désirait que son petit ami y prenne un maximum de plaisir. Il patienta donc en venant l'embrasser ou caresser son membre encore érigé.

Kasamatsu lui fit comprendre que c'était bon en agitant son bassin vers l'avant, l'incitant à plonger davantage en lui et de ne faire plus qu'un. Kise frémit de délectation lorsqu'il fut complètement à l'intérieur de son amant, venant enfouir son visage dans le creux de son cou tout en frissonnant à vue d'œil. Il se retenait de jouir trop vite, ainsi pris en étau. Cette nouvelle sensation lui était merveilleuse et il comptait la faire durer le plus longtemps possible. Lentement, il se mit à bouger en glissant sa main sous le genou du brun. Il remonta ainsi sa jambe vers l'avant, lui permettant un meilleur angle pour exercer ses va-et-vient. Leurs gémissements remplirent rapidement la pièce, entrecoupés par des baisers fiévreux et des mots d'amour que les deux jeunes hommes s'échangèrent.

Quand Kise sentit qu'il ne pourrait plus se retenir très longtemps, il se saisit du membre de Kasamatsu et cala le rythme à ses déhanchés. Le brun gémit davantage, se tortillant de plus en plus, avant que Kise ne l'entende haleter sourdement, avant de se déverser entre leurs ventres. L'étau qui serra Kise eut raison de lui et il jouit à son tour, serrant étroitement son petit ami contre lui, jusqu'à ce que son corps en ait fini avec les soubresauts.

« Senpai.

— Hmm...

— Désolé pour l'odeur. »

Un poing atterrit contre son crâne et le poussa à se reculer, indigné.

« Pourquoi tu ruines l'ambiance, crétin ? J'étais passé à autre chose. »

Un rire léger secoua les épaules de Kise en voyant les rougeurs sur le visage de Kasamatsu, mais surtout son air débraillé. Il était celui qui l'avait rendu comme ça, lui qui avait apporté le rouge à ses joues et ce liquide poisseux entre leurs ventres. Une fierté certaine enveloppa son cœur et il s'allongea sur le côté pour venir embrasser le brun.

Les deux garçons continuèrent longuement à se chamailler, s'embrasser et se caresser. Et Kise avait à présent découvert une nouvelle manière pour s'excuser.

-x-x-x-

Akashi observa son storyboard, sans pour autant distinguer les images qui se jouaient sous ses yeux hétérochromes. Il n'arrivait pas du tout à se concentrer sur son travail. Dans sa tête se brodait sa dernière conversation avec Midorima et la présence des prospectus sur la greffe de cornée, rangés à double tour dans un tiroir de son bureau. Dire qu'il ressentait de la peur était un euphémisme. Il était pétrifié. Des milliers de scénarios se jouaient dans son cerveau où il finissait complètement aveugle, si jeune. Comment allait-il gagner sa vie ? Comment allait-il tout bonnement réussir à vivre ? Son cœur s'accéléra en songeant voguer dans l'obscurité la plus totale, sans le moindre éclat de lumière.

Il plongea ses mains dans ses cheveux rougeoyants et expira longuement. Une vaine tentative pour se décharger de ce poids qui pesait contre son estomac. Son comportement suspect avait commencé à inquiéter Kuroko, qui s'était mis à lui poser des questions. Il avait alors menti à son amant, en lui expliquant que c'était à cause de son travail, qu'il rencontrait quelques difficultés, s'accordant ainsi quelques jours de répit. Seulement, Kuroko n'était pas stupide et ne se satisfaisait pas de cette piètre excuse. Akashi en était conscient et il avait vu la résignation traverser le visage du bleuté. Son petit ami n'avait accepté ses mots que pour lui laisser de l'espace, le laissant venir à lui quand il serait prêt.

Ses cachotteries ne tiendraient pas longtemps et le rouquin en était conscient. Cela ne rajouta que davantage de soucis, de questions et d'aigreurs d'estomac.

Son attention se reporta sur le storyboard qu'il était parvenu à terminer. Serait-il même capable de réaliser ce film dont il avait mis des mois à établir le scénario ? Serait-il même capable d'en tourner un autre ? Jusqu'à présent, sa vie se résumait à réaliser des films, ne se concentrant que là-dessus pour ignorer tous les autres aspects que pouvait lui offrir la vie. Il n'avait que ça et il ne savait pas ce qu'il deviendrait si on le lui retirait. Au fond, savait-il faire autre chose ? La peur noircissait tellement son esprit qu'aucune réponse ne lui vint. Ce vide intensifia davantage son malaise et Akashi aurait souhaité crier, jeter des objets par terre ou même pleurer, afin de pouvoir se décharger de ce trop plein d'émotions qui l'assaillait, mais rien n'arriva.

Il restait assis là, fixant ce storyboard qui, tout à coup, semblait lui rire au nez.

Au lycée, Kuroko n'était pas attentif au cours qui se déroulait dans la salle. Son regard voguait au fil des nuages défilant dans le ciel clair. Le comportement de son petit ami l'inquiétait, mais malgré sa tentative pour en savoir davantage, ses craintes ne furent pas rassurées. Il avait remarqué l'hésitation dans les yeux habituellement si assurés d'Akashi. Ce moment avait été court, une unique seconde, mais il l'avait senti. Akashi lui avait menti en prétextant que c'était son travail qui minait son moral. Kuroko le connaissait suffisamment pour savoir que si cela avait été le cas, Akashi ne lui paraîtrait pas aussi perdu. Agacé peut-être, mais pas perdu dans ses pensées comme il semblait l'être depuis bientôt une semaine. Une chose tracassait l'esprit de son amant et il en ignorait la raison. Son père ? Le réalisateur semblait être complètement en accord avec sa décision de couper les ponts avec ce dernier, ne la regrettant pas. Sa querelle avec Nijimura ? Celle-ci semblait s'être réglée lors du concert organisé par Kasamatsu et sa bande. Il avait pu voir les deux amis de longue date discuter et plaisanter au cours de la soirée sans la moindre tension. Et hormis son travail, Kuroko n'arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui pouvait perturber son petit ami.

Et ça l'ennuyait profondément. Il aurait aimé en connaître la raison pour aider et soutenir Akashi. Malheureusement, ce dernier lui cachait son mal-être. Était-ce parce qu'il ne lui faisait pas confiance ? Ou qu'il ne voulait pas l'ennuyer avec ses problèmes ? Son inquiétude ne cessa de croître et de prendre des teintes colériques d'être ainsi laissé dans l'obscurité, sans justification. Kuroko souhaitait qu'Akashi s'appuie davantage sur lui et qu'il cesse de le considérer comme un enfant effrayé.

Un soupir irrité passa ses lèvres et fit se tourner Kagami, assis devant lui, dans sa direction. Son camarade l'interrogea du regard, mais Kuroko préféra agiter sa tête en signe de négation. Ce serait cruel de parler des problèmes qui le préoccupaient envers Akashi auprès de son ex-petit ami. En y pensant, il ne pouvait même pas en parler à Takao, qui avait d'autres choses à penser et à gérer que ses petits problèmes existentiels. La seule personne avec qui il pouvait avoir cette conversation était le principal intéressé, mais ce dernier préférait lui mentir.

-x-x-x-

Akashi avait donné rendez-vous à Shirogane, le producteur exécutif de la plupart de ses films, dans la pâtisserie tenue par Murasakibara. Le serveur venait de leur apporter leurs thés et leurs gâteaux quand l'homme âgé releva ses yeux vers son interlocuteur. Sa petite fourchette resta en suspens dans les airs suite à l'annonce qui venait de tomber.

« Peux-tu répéter, s'il te plaît ? Il me semble avoir mal entendu, révéla-t-il en un vain espoir.

— Tu m'as bien compris. Je me retire.

— Combien de temps ? Si ce sont des vacances que tu souhaites, il y a pas de problème. Je peux même te conseiller des endroits pour te redonner de l'inspiration et…

— Je ne réaliserai plus aucun film. »

De manière exagérément lente, comme s'il cherchait quoi répondre pour le faire changer d'avis pendant ce temps, Shirogane posa la petite fourchette et changea sa manière de s'asseoir. Il croisa l'une de ses jambes sur l'autre et tira sur les manches de sa chemise, replaçant même un instant sa cravate. Le producteur était de toute évidence pris au dépourvu et s'en trouvait décontenancé. Il y avait quelques semaines, Akashi lui avait présenté son scénario et il lui avait fait part de quelques remarques pour améliorer certains passages. Son regard se plongea dans celui atypique de son vis-à-vis, se demandant un instant si c'était la cause de la décision radicale du réalisateur. Cela faisait des années qu'il travaillait aux côtés de celui-ci et il connaissait son comportement fier et autoritaire. Cependant, ce n'était pas la première fois que lors de l'un de leurs entretiens, il lui fasse part de son point de vue. Avait-il dit un mot de travers lors de leur rendez-vous précédent ? Au téléphone, il avait vite compris qu'il avait dérangé le rouquin, mais il ne s'était pas attendu à de telles retombées. Pourtant, il se souvint que la conversation s'était terminée sans un mot plus haut que l'autre et de manière cordiale.

« Je ne comprends pas, parvint-il finalement à répondre.

— Je ne t'ai pas proposé de nous rencontrer pour que tu comprennes. Je préférais simplement te l'annoncer en face à face parce que j'estime ta personne et ton travail.

— Si ce que tu dis est vrai, n'est-ce justement pas pourquoi je mériterais de savoir de quoi tu me parles ? »

Shirogane comprit que son insistance agaçait Akashi, mais il désirait savoir pourquoi l'un des meilleurs réalisateurs de cette génération était décidé à passer l'arme à gauche. Son regard s'agrandit brusquement à cette pensée.

« Tu es mourant ? Je connais de très bons médecins et…

— Ce n'est pas ça. »

La réponse polaire d'Akashi le fit grimacer. À moitié convaincu.

« Akachin va mourir ? »

La soudaine intervention poussa Shirogane à regarder sur le côté pour voir un géant. Un homme si grand qu'il dut presque se tordre le cou pour atteindre son visage encadré par une chevelure violacée. Sans plus de cérémonie, Murasakibara tira une chaise et s'assit pour se joindre à leur table.

« Akachin vient toujours dans ma boutique quand il ne va pas bien. Tu es malade ?

— Je vais parfaitement bien, Atsushi. Tu n'as pas du travail à faire en cuisine ?

— C'est pas important. Je veux pas qu'Akachin meure.

— Je ne vais pas mourir. »

Akashi se pinça l'arête du nez tout en penchant sa tête en arrière. Il voulait juste manger ces pâtisseries tout en abordant un sujet sensible, espérant que le sucre atténuerait la douleur par un peu de douceur.

« Alors peux-tu nous expliquer pourquoi tu comptes arrêter de filmer, si tu n'es pas malade ? Renchérit Shirogane, qui comptait bien avoir le fin mot de cette histoire.

— Tu n'es que l'un de mes producteurs, Eiji. Ni ma famille, ni mon médecin. Rien ne m'oblige à te répondre. Et toi, Atsushi, avant de renchérir quoi que ce soit, rien ne m'oblige à te répondre non plus. »

L'intéressé referma sa bouche avant de bouder. Il n'appréciait pas quand le rouquin le grondait sans qu'il ait fait quoi que ce soit pour le mériter.

Akashi engloutit plus qu'il ne savoura sa pâtisserie, ainsi que sa tasse de thé, avant de déposer les billets sur la table, plus que le nécessaire. Il se redressa et jeta un regard sévère aux deux hommes qui entouraient la table.

« Les raisons qui expliquent mon retrait du cinéma ne concernent que moi-même. Ce fut un plaisir, messieurs. »

Et sans un mot de plus, le rouquin sortit de l'établissement sans jeter un regard en arrière. Personne ne chercha à le retenir. Sa décision d'arrêter le cinéma était assez pénible pour que des personnes le harcèlent de questions ou critiquent ses choix. Dans le meilleur des cas, il ne s'agirait que d'une longue pause et il pourrait reprendre ses travaux si l'opération se déroulait bien et qu'il recouvrait la vue. Seulement, Shirogane n'avait pas besoin de connaître ce détail. Akashi ne voulait pas se bercer d'espoirs et se réveiller dans l'obscurité la plus totale.

Il comptait simplement régler certaines affaires avant de passer sur la table d'opération.

Les jours qui suivirent sa prise de décision se déroulèrent sur la même dynamique. Akashi rencontrait certains collaborateurs, comme Mibuchi, pour leur indiquer qu'il se retirait de la réalisation, sans jamais préciser de date de retour. La plupart de ses interlocuteurs baignèrent dans la confusion la plus totale, parfois en s'énervant, mais Akashi gardait toujours ce calme froid qui le caractérisait avant de partir. Il ne savait pas si ces personnes allaient en profiter pour partager l'information à la presse et donc s'attendre à faire les gros titres, mais il préféra songer à ce point dans un second temps.

Il n'alla toutefois pas tout de suite prévenir Takao de son retrait, puisqu'il connaissait les liens d'amitié qui liaient le compositeur à Kuroko. Il savait aussi à quel point Takao pouvait parler à droite et à gauche et il préférait être celui qui annoncerait la nouvelle au bleuté.

Une nouvelle qui allait avoir du mal à passer, il en était conscient. Il sentait l'agacement de son amant monter au fur et à mesure que les jours défilaient. Kuroko avait remarqué son comportement distant à son égard, mais il ne lui avait posé aucune question. Sûrement que le jeune homme savait qu'il n'obtiendrait rien de sa part et il avait raison sur ce point. Il n'était pas prêt à lui annoncer ce qu'il comptait lui dire aujourd'hui. En réalité, il ne l'était toujours pas. Akashi avait pourtant tout préparé, chaque mot, chaque intonation. Il avait répété devant le miroir de la salle de bain, pendant que le lycéen était parti pour étudier.

Pourtant, son cœur lui hurlait de ne pas le faire, d'y renoncer. Akashi savait pourtant que c'était la bonne chose à faire. Kuroko était encore si jeune.

Si jeune et encore tant de choses à découvrir.

Ce jour-là, il attendit donc que Kuroko rentre à l'appartement avec la boule au ventre. Son regard naviguait entre la pendule accrochée au mur et ses mains qu'il triturait. Dans un coin de la pièce, Nigou dormait comme si de rien n'était.

Son cœur fit un bond sans précédent quand il entendit la porte d'entrée s'enclencher et vit apparaître Kuroko sur le seuil. Le lycéen marqua un temps d'arrêt lorsqu'il vit le rouquin assis sur le canapé, dans un silence pesant qui ne présageait rien de bon. Il aurait pu faire demi-tour et marcher sans but dans les rues de Tokyo, afin d'éviter la conversation douloureuse qui semblait se présenter à lui, mais il ne le fit pas. Il en avait assez de cette attente insoutenable qu'avait instauré Akashi par son mutisme.

L'adolescent referma la porte avant de poser son sac de cours à côté du canapé, puis de prendre place aux côtés d'Akashi. Son regard céruléen plongea dans celui hétérochrome du rouquin. Un regard qui pourtant ne le vit pas.

« Rompons. »

Kuroko ferma les yeux durant un long instant, accusant le coup. Plus que de la surprise, ce fut la colère qui l'emporta. Il n'était pas vraiment pris au dépourvu. En réalité, il avait même songé au fait qu'Akashi souhaitait arrêter là leur relation, après que le rouquin se soit montré aussi distant avec lui ces derniers jours. Au début, il ne répondait qu'à moitié aux conversations qu'il lançait, puis le rouquin s'était mis à ne plus le regarder et il faisait en sorte d'occulter sa présence dans les lieux.

Il ne comprenait pas pourquoi le rouquin agissait de la sorte, mais cela devait être suffisamment grave pour changer son comportement ainsi. Akashi était intransigeant et parfois cruel, mais jamais sans raison. Et cette raison, Kuroko l'avait patiemment attendue. Malheureusement, le rouquin continuait à l'en tenir éloigné, refusant son aide et son soutien.

« Cette relation n'était qu'une perte de temps, au final. Je ne sais pas ce qui a pu me passer par la tête, peut-être une curiosité mal placée. Mais je ne vois plus l'intérêt de perdre mon temps avec un lycéen qui ne connaît rien à la vie. Tes valises sont déjà faites et n'attendent que toi. »

Akashi se concentra pour ne pas battre en retraite, contenant son rôle jusqu'à ce que Kuroko ait franchi sa porte pour toujours.

« Non.

— Non ? Le reprit Akashi avec surprise, s'étant attendu à tout comme réaction, à l'exception de celle-ci.

— Je ne te laisserai pas m'écarter de ta vie, car visiblement, tu es effrayé par quelque chose, Akashi-kun. »

Soufflé par la perspicacité du jeune homme, Akashi resta sans voix quelques secondes. Kuroko profita de cette ouverture pour s'approcher de l'homme assis à ses côtés, allant jusqu'à poser sa main par-dessus la cuisse du rouquin. Un geste pour le retenir à lui, lui faire comprendre une ultime fois qu'il était là pour lui, prêt à le soutenir quoi qu'il arrive.

« Tu sais que je suis là, hein ? Tu peux tout me dire.

— Qu'est-ce que tu ne comprends pas quand je dis que j'en ai assez de toi ? Va-t'en. »

Akashi balaya la main de Kuroko d'un geste sec, avant de se redresser et de faire plusieurs pas, afin d'instaurer une distance entre eux. Il ne devait absolument pas craquer et garder son personnage. Durant des années, il avait dû faire face à d'innombrables acteurs et les conseiller pour garder leur justesse, il savait donc comment faire.

« De toute manière, une relation entre hommes… sérieusement ? Je suis Akashi Seijūrō. Cette erreur n'était qu'une folie passagère et je suis à présent maître de moi-même.

— Akashi-kun, j'ai compris que tu cherchais à me blesser et à m'énerver. Énervé, je le suis déjà, mais pas contre les bêtises que tu sembles réciter. Je suis en colère contre toi qui me tiens éloigné de ce qui te tracasse au point de te rendre exécrable.

— Va-t'en. »

Les mots étaient fermes, dits avec colère, mais Kuroko discerna une pointe de tristesse derrière l'attitude du rouquin. Son cœur souffrit en comprenant que cette conversation ne mènerait nulle part, que le rouquin avait déjà fait le choix pour lui. Akashi était une personne têtue qui ne revenait jamais sur ses paroles, quoi qu'il puisse entendre ou voir. Cela avait toujours été le défaut que Kuroko avait tenté d'atténuer en lui montrant de nouvelles perspectives, en lui apprenant à vivre sa vie et l'importance de créer des liens avec d'autres personnes.

Il décida alors de battre en retraite pour le moment et se releva à son tour, replaçant son sac par-dessus l'une de ses épaules.

« Je vais partir, si c'est ce que tu souhaites vraiment. Mais sache que de mon côté, je ne romps pas avec toi. J'attendrai que tu me laisses comprendre pourquoi tu agis de cette façon. »

Akashi entendit le bruit des clés qu'on agite, avant de retentir contre la table basse. Il suivit du regard Kuroko qui entra dans leur chambre pour chercher ses valises avant d'appeler Nigou, qui sortit de sa torpeur pour rejoindre son maître. Et si au début, le chiot agitait gaiement sa queue dans les airs en pensant qu'il était l'heure de la balade, il s'arrêta quand il vit la mine grave des deux hommes.

Ses petites oreilles s'affaissèrent sur le côté, alors qu'il emboîtait le pas du bleuté, se tournant un instant vers Akashi, avant que la porte ne se referme.

-x-x-x-

Deux semaines s'étaient écoulées depuis qu'Akashi avait décidé de rompre avec Kuroko. Quatorze jours qu'il n'avait donc plus de nouvelles du bleuté, qu'il ne savait même pas où ce dernier habitait désormais. Le rouquin espérait que le lycéen soit retourné chez ses parents, cela leur permettrait sûrement de passer des jours en famille. Les relations entre Kuroko et ses parents s'étaient améliorées et même si les mots n'étaient pas oubliés, Kuroko avait décidé de leur laisser une seconde chance et leur donnait des nouvelles de temps en temps. Akashi avait pu donc le voir appeler sa mère quelques fois, dans le salon.

Depuis le départ du jeune homme, son appartement lui paraissait exagérément grand. Akashi avait beau tenter de se persuader que c'était pour le bien-être futur de Kuroko, il regrettait sa présence au fur et à mesure que les jours se succédaient. La date de l'opération était fixée et il avait plusieurs rendez-vous programmés pour la préparer, lui permettant de se concentrer sur autre chose que ce manque qui le rongeait de l'intérieur. Il avait pu rencontrer tout le personnel qui allait se chargeait de son opération et surtout le chirurgien qui lui avait expliqué toutes les étapes, une à une et de la manière la plus claire possible, afin de le rassurer.

C'était la bonne chose à faire.

Ainsi, si jamais l'opération ne se déroulait pas correctement et qu'il se retrouvait diminué, personne ne s'inquiéterait ou n'aurait pitié de lui. Il allait mener cette bataille seul et s'éclipser.

Ce jour-là, il rentra chez lui après l'un de ses rendez-vous médicaux et tomba nez à nez avec Nijimura. Combien cet homme avait-il de doubles de ses clés, au juste ? Son ami de longue date se trouvait assis sur son canapé, une jambe repliée sur l'autre et un calme aussi faux que le fut son sourire quand il l'accueillit.

« Bah mon pote, j'avais deviné que t'allais avoir une sale tronche, mais à ce stade… t'es sûr que t'es pas mourant ? »

Murasakibara avait donc mis de côté sa flemme légendaire pour contacter le scénariste. Cela aurait pu amuser Akashi, si seulement il n'était pas au fond du gouffre. Au lieu de cela, il s'avança jusqu'à Nijimura et s'assit à ses côtés. Il n'avait pas la force mentale pour se battre avec le brun. Cela n'échappa évidemment pas à ce dernier qui, interpelé, déplia ses jambes et se pencha vers l'avant.

« C'est si grave que ça ? Où est Kuroko, d'ailleurs ? J'ai pas vu Nigou et en fouillant un peu, j'ai vu que ses affaires avaient disparu.

— Je l'ai quitté.

— Excuse-moi ?

— Tu m'as bien entendu. »

Akashi s'affala sur son canapé et se massa un instant l'arête de son nez. Il était épuisé. À quand remontait sa dernière nuit de sommeil complète ? Il l'ignorait.

« T'es vraiment mourant ? Il te reste combien de temps ? S'inquiéta Nijimura, dont le visage grave valait le détour.

— Ça dépendra si l'opération est une réussite.

— Attends, attends. Laisse-moi deux minutes… Comment ça si l'opération réussit ? »

La colère dans le ton de son ami était terrifiante. Nijimura était un personnage terrifiant une fois mis en colère. Un fleuve tranquille qui, une fois éveillé, déversait son torrent et dévastait tout sur son passage. De nombreuses personnes en avaient subi les coups durant sa jeunesse. Ainsi, quand le brun posa sa main contre son épaule pour le maintenir en place, lui faisant ressentir un peu de chaleur humaine, plus la fatigue accumulée, Akashi parla.

Il lui révéla tout. De l'annonce de son ophtalmologue, de la greffe de la cornée et des risques de l'opération. Cette cécité qu'il ne pourrait pas assumer et qui l'avait fait rompre avec Kuroko, pour ne pas infliger au jeune homme d'assister un être diminué et vulnérable. Il avait mieux à lui offrir et pour cela, il lui avait rendu sa liberté. Au risque que Kuroko le déteste à présent et que si l'opération réussissait, il ne souhaite plus le revoir.

À la suite de ses confidences, Akashi essuya les quelques larmes qui lui avaient échappé. Il était terrorisé et le voir ainsi enleva l'envie de crier à Nijimura. Le rouquin n'avait pas besoin d'un sermon, mais d'une personne qui le comprenait. Alors Nijimura inspira, calmant de la sorte ses nerfs, avant de prendre dans ses bras cet homme qui tremblait.

« Je ne te dirai pas que t'es un imbécile, mais tu n'as pas à traverser cette épreuve tout seul.

— Mais si l'opération est un échec et que je finis aveugle… je… »

Akashi ne fut pas capable de finir sa phrase et tandis qu'il se dégageait de l'emprise de Nijimura, il prit son visage dans le creux de ses mains. Il espérait de tout cœur que la greffe prenne et qu'il puisse récupérer une vue correcte, mais il était réaliste. Cela faisait des années que son œil gauche était abîmé, que cet éclat minuscule de vase était ancré dans sa rétine. N'était-il pas déjà trop tard ? Il ne voulait pas se créer des espoirs inutiles et souffrir davantage en se réveillant et se rendant compte que tout cela n'avait été qu'un échec.

Il n'avait jamais supporté les échecs.

« Et ça, il s'agit de l'étape deux. Concentre-toi sur la première qui est l'opération. »

Le regard hétérochrome d'Akashi observa le scénariste et finit par acquiescer. Ce fut à peine distinct, mais cela suffit à Nijimura. Ce dernier lui proposa de passer le reste de la soirée ensemble, mais Akashi refusa, prétextant devoir se reposer. Le brun ne s'imposa donc pas plus longtemps et après une dernière étreinte, il sortit de l'appartement du rouquin, le cœur lourd. Ses paroles de mauvais augures n'avaient de cesse de tournoyer dans son esprit et craignant le pire, il se saisit de son téléphone pour composer son numéro.

Si Akashi pensait sérieusement au suicide, il devait employer les grands moyens.

De sorte que quelques jours plus tard, lorsque Kuroko quitta le lycée pour se retrouver face à la route passante, il ne s'attendait pas à y voir cette splendide berline d'un noir si profond que son reflet était distinct comme dans un miroir. La présence d'un tel véhicule avait attiré de nombreux curieux, qui gravitaient autour sans toutefois trop s'approcher de l'homme qui se trouvait appuyé contre la portière. Un homme d'un certain âge, habillé avec goût et dont la prestance insufflait à ces jeunes personnes de respecter un certain périmètre entre eux et lui.

Kuroko observa Masaomi sans pour autant s'approcher. Derrière son dos, il sentit la présence de Kagami qui lui parlait sans qu'il n'entende sa voix.

« Monte dans la voiture. »

Alors qu'il faisait un pas en avant, la main de Kagami se posa par-dessus son épaule. Kuroko se tourna dans sa direction et vit l'inquiétude tendre les traits de son ami qui n'avait jamais vu cet homme à la superbe voiture.

« Tout va bien. Je gère. »

Bien que dubitatif, Kagami relâcha son emprise, tout en lui demandant de le tenir au courant. En passant à côté de l'homme d'un certain âge, le rouquin ne baissa pas le regard, tandis qu'il prenait le chemin pour rentrer chez lui. Le comportement de Kuroko de ces derniers jours l'inquiétait. Le bleuté s'était montré présent, mais son esprit était visiblement ailleurs. Il ne participait à aucune de leurs conversations et mangeait silencieusement sa boîte repas. De toute évidence, quelque chose s'était passé avec Akashi et Kuroko en était malheureux.

Kuroko observa une dernière fois Masaomi, essayant par là de découvrir la raison de sa présence. Leur dernière conversation n'avait pas été agréable, puisque le vieil homme était sur son lit d'hôpital et lui avait demandé de quitter son fils pour que ce dernier fasse perdurer leur nom. Il savait aussi que suite à cette discussion, Akashi avait décidé de couper définitivement les ponts avec lui. Était-il présent pour lui demander des renseignements sur son fils et ainsi rentrer dans ses bonnes grâces ? Allait-il tenter de le soudoyer pour y parvenir ? Un sourire teinté de tristesse se forma sur ses lèvres en songeant que malgré toutes les tentatives qu'aurait Masaomi pour le faire flancher, ce serait inutile, aujourd'hui.

Il monta néanmoins dans la voiture, sur la banquette arrière. Masaomi ne tarda pas à en faire de même, sur l'autre siège disponible, avant que son chauffeur ne ferme la portière et n'allume le contact pour s'engager sur la route.

« Pour vous éviter une perte de temps, sachez qu'Akashi-kun a rompu, annonça-t-il de but en blanc.

— Je sais. Nijimura m'en a parlé. »

Kuroko fronça ses sourcils. Il n'avait parlé à personne de sa rupture avec le réalisateur, pas même à sa propre famille ou à Takao. Sûrement que ses parents l'avaient deviné en le voyant rentrer le visage en larmes et ses valises dans les mains, mais ils n'avaient posé aucune question et sa mère l'avait accueilli en le serrant dans ses bras.

« Où m'emmenez-vous, dans ce cas ? Il me semble que vous avez obtenu ce que vous désiriez.

— Tout ce que j'ai toujours voulu était le bonheur de mon unique enfant. Je ne m'attends pas à ce que l'on comprenne mes agissements.

— Vous n'avez pas répondu à ma question.

— Je t'emmène le voir. »

Cette fois-ci, la surprise fut des plus grandes. En effet, il ne comprenait absolument pas le raisonnement de cet homme pour obtenir le bonheur de son fils. Ne devait-il pas justement être ravi d'apprendre qu'Akashi avait rompu avec lui et qu'il était à présent libre de rencontrer une femme et de fonder une famille ? Son cœur s'accéléra pourtant à l'idée de revoir Akashi. Ce n'était pas l'envie qui lui avait manqué ces dernières semaines, mais il ne savait même pas si le rouquin aurait accepté de lui ouvrir la porte. Il avait plusieurs fois essayé de lui envoyer un message sur son téléphone, mais les mots ne sonnaient jamais comme il fallait.

La voiture continua sa route jusqu'à l'appartement d'Akashi et chaque mètre parcouru intensifiait les battements de son cœur. Un mélange d'excitation et d'anticipation qui noua son estomac et le rendit vaseux.

« Mais je dois t'avouer que tu me déçois, Kuroko. Après tous tes grands discours sur la manière dont tu aimais mon fils et que tu ne renoncerais pas à lui, tu l'as laissé t'abandonner.

— Je ne l'ai pas quitté !

— Peut-être pas, mais en attendant, tu es ici, dans ma voiture, et non à ses côtés. Quand il a le plus besoin de toi. »

Il n'y avait pas de reproches dans la voix de Masaomi, qui ne faisait que résumer les faits. Et au fond, cela fit davantage mal que si l'homme s'en était pris plus furieusement à lui. Il ne suffisait pas de hurler et d'insulter à tout vent pour que les mots se révèlent aussi tranchants qu'une lame de rasoir. Pour une fois, il manqua de répartie et se ratatina sur son siège. Kuroko passa ses mains contre ses bras, mal à l'aise.

« Nijimura a tenu des propos inquiétants au sujet de mon fils. Il a plus que jamais besoin des personnes qui comptent pour lui à ses côtés. C'est la raison de ma présence et du fait que je te conduise jusqu'à lui. »

Kuroko jeta un regard écarquillé vers Masaomi, qui continua de regarder devant lui avec ce regard typique des Akashi. Si assuré. Loin de l'émotion qui traversait les yeux hétérochromes d'Akashi ces derniers jours, voilés par une terreur qui lui était inconnue. Cette terreur qui l'avait fait le quitter et, comme un imbécile, il avait rendu les armes trop vite.

La voiture finit sa course devant la façade de l'appartement d'Akashi. Le moteur continua de tourner dans un ronronnement sourd, comblant le silence qui s'était établi sur la banquette arrière. Kuroko se savait arrivé à destination, mais c'était comme si le siège le retenait prisonnier. Il sentait le regard lourd de Masaomi contre sa peau. Le père d'Akashi devait se demander ce qu'il attendait pour retrouver son fils.

Alors en prenant son courage à deux mains, Kuroko ouvrit la portière et sortit du véhicule. Il regarda l'immense façade qui lui faisait face, qui semblait pouvoir l'engloutir en une seule bouchée.

« Une dernière chose, Kuroko. »

L'intéressé tourna la tête pour apercevoir la vitre abaissée et le visage de Masaomi qui avait pris son ancienne place. Entre ses doigts se trouvaient une paire de clés, visiblement celles de l'appartement du rouquin.

« Prends soin de lui. »