Voici la suite, désolé de vous faire attendre entre chaque chapitre, mais plus la fin approche, plus j'ai de la peine à avancé (l'émotion, tout ça) ^_^ J'ai également l'impression que, plus je m'en rapproche, plus je peaufine le texte et l'histoire, et donc, plus le texte s'allonge, s'allonge…. Bref, le prochain chapitre ne sera en définitif pas le dernier, car il s'agira de la troisième partie de « entre deux eaux (oui, Kadar à encore bien des choses à dire à son frère et les autres règlent gentiment leurs comptes dans les couloirs de l'hôpital.) Les choses avancent lentement mais sûrement, et plus le dénouement s'approche, plus les nœud se mêlent et se démêlent.
Avant de commencer, je souhaite tous vous remercier de me suivre et de me laisser des commentaires. Je tiens aussi à remercie nommément Fitz, car je ne peux hélas pas le remercie par PM. ^_^
Donc voila, je vous laisse à la lecture.
Chapitre XIV : Entre deux eaux 2e partie
Rebecca était effondrée. Le médecin qui c'était occupé de ses analyses sanguines venait de lui annoncer ce qu'elle savait déjà mais redoutait par dessus tout : elle était bel et bien enceinte. Le médecin, après avoir fait quelques tests de routine pour vérifier l'état de santé de la mère, s'était retiré de la petite chambre d'examen pour lui laisser le temps de bien assimiler l'information. Elle n'arrivait pas à y croire, ça ne pouvait pas lui arriver à elle. Elle sentait les larmes lui monter et eut de la peine à les refreiner. Lucy, qui était restée avec elle tout le long, posa une main qui se voulait réconfortante sur son épaule. Elle se mordit les lèvres en cherchant quoi dire, voyant parfaitement la détresse de sa meilleure amie. Après un petit moment de silence, elle finit par demander :
-Tu vas le dire à Shaun ?
Elle hocha la tête négativement, ne parvenant pas à parler de peur d'éclater en sanglot. Lucy soupira en baisant les yeux. Elle savait que ce n'était pas à elle d'intervenir dans leurs affaires, mais elle trouvait la réaction de son amie totalement absurde. On est deux pour faire un enfant, elle ne devait pas prendre sur elle seule l'avènement d'un bébé.
-Et tu comptes faire quoi maintenant ?
Rebecca leva la tête vers elle. Elle avait les yeux humides et semblait abattue mais déterminée. Depuis le temps qu'elles se connaissaient (cela devait bien faire cinq-six ans), Lucy n'eut pas de mal à comprendre le message, devinant les mots qui n'avaient pas été prononcés, et cette révélation muette la fit tiquer.
-Rebecca, tu ne peux pas avorter ! s'écria-t-elle en se relevant d'un coup (elle était assise à ses côtés).
-Et tu voudrais que je fasse quoi d'autre ?! s'exclama son amie en relevant brusquement la tête, les larmes commençant à couler.
-Je ne sais pas, mais il y a d'autres solutions… par exemple tu peux le donner à une famille aimante.
-Et qu'est-ce qui me prouvera que cette famille lui conviendra ?! Tu voudrais confier le fruit de tes entrailles à de parfaits inconnus toi ?! s'énerva la noiraude.
Cassée, Lucy ne savait pas quoi répondre. Evidement, elle ne s'était jamais réellement posé la question, mais si elle venait à tomber enceinte, la réponse serait très probablement « non ». Mais la n'était pas le sujet, elle était personnellement fortement opposée à l'avortement, et elle connaissait suffisamment son amie pour savoir qu'il en allait de même pour elle.
-Je croyais que l'avortement était un meurtre, si je me souviens bien de ce que tu me disais.
-Parce que tu crois que ça me fait plaisir, que je n'ai pas pesé le pour et le contre avant ?
-Ca ne fait que deux jours Rebecca, et tu ne le sais que depuis ce matin, alors non je ne pense pas que tu aies pris le temps d'y réfléchir correctement !
-Tu ne peux pas comprendre, ce n'est pas toi qui va sentir grandir un petit être fragile à l'intérieur de ton ventre ! commença à sangloter Rebecca
-Peut-être pas, mais ce que tu vas faire, c'est mal !
En disant cela, Lucy avait senti monter en elle une vague de colère. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais la simple idée de voir son amie avoir recourt à l'avortement la mettait hors d'elle. Depuis petite, du moins depuis l'âge où elle fut capable de penser concrètement à ce genre de problème, elle s'était sentie opposée à l'idée de l'avortement. Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche pour donner un nouveau contre-argument à la décision de son amie, l'obstétricien revint dans la salle, la déconcentrant.
-J'ai encore quelques petites questions à vous poser par rapport à la grossesse…
-Très bien, répondit Rebecca en essuyant ses yeux rougis d'un revers de la main. Lucy, tu voudrais bien aller en salle d'attente, je te rejoints dès que le médecin aura fini….
Avec une moue et un regard désapprobateurs, la blonde hocha la tête et sortit de la pièce. Elle sentait une sorte de boule se former dans son estomac, elle ne savait pas du tout comment réagir face au choix de son amie. Tout en essayant de savoir si elle devait se confier à quelqu'un (Shaun par exemple, il était tout de même le principal concerné dans cette affaire) ou s'il valait mieux se taire. Alors qu'elle réfléchissait à cela, elle bifurqua à l'angle du couloir conduisant à la salle d'attente et rentra dans quelqu'un. Reculant de plusieurs pas, elle commença à s'excuser en regardant vers le sol, et cru reconnaitre les chaussures et le jeans que portait l'homme. En relevant les yeux, elle resta bouche bée en le reconnaissant. Desmond ! Décidément, elle manquait de chance en ce moment, elle n'avait justement pas envie de le voir, et sans doute le phénomène était-il réciproque. Pourtant, ce n'était pas du dégout ou de la gêne qu'elle perçu dans son regard, mais de l'affolement.
-Lucy… qu'est-ce que tu fais là ?
-Rebecca à un examen de routine, mentit-elle à moitié en désignant du pouce le couloir d'obstétrique par-dessus son épaule. Et toi ?...
-C'est Malik…
L'information atteignit en une fraction de seconde son cerveau, mais elle ne parvint pas à l'assimiler immédiatement, choquée. Elle crut d'abords avoir mal compris et demanda :
-Quoi ? Je… qu'est-ce que… Quoi ?!
Tout en balbutiant, son regard valsait dans tout les sens, cherchant un point sur lequel se focaliser. Avec l'air atterré, Desmond, lui posa les mains sur les épaules et la regarda droit dans les yeux. En voyant son regard, la jeune femme comprit qu'il ne plaisantait pas. Il parla d'une voix calme et posée (il ferait certainement un excellent médecin songea-t-elle involontairement en voyant la façon dont il gérait ses émotions).
-Malik à tenter de mettre fin à ses jours.
-Non, il ne ferait jamais…
Elle se tue en apercevant un léger hochement de tête dépréciatif chez son vis-à-vis. En fait, maintenant qu'elle y songeait, si, Malik aurait très bien pu avoir ce genre de réaction stupide face aux nombreux problèmes qu'il rencontrait ces derniers jours. Elle savait pertinemment que son meilleur ami, repoussé dans ses derniers retranchements de protection psychologique, était parfaitement capable de tenter le grand saut. Il était bien trop orgueilleux pour reconnaitre qu'il avait tort et pardonner à Altaïr… non, elle ne parvenait en fait pas du tout à croire à cette version des faits. Il devait forcément y avoir autre chose, un déclencheur. Immédiatement, elle commença à culpabiliser de ne pas avoir été plus vigilante, plus réceptive à la détresse du cadre, de ne pas avoir mieux veillé sur lui, de ne pas avoir accouru pour l'écouter et le surveiller en ne le voyant pas revenir de la réunion chez…Mais oui, ce devait être ça ! Il avait dû être confronté à son père et la rencontre s'était probablement extrêmement mal déroulée ! Ce devait être là la raison de cet acte inconsidéré de la part de Malik.
-Où est-il ? Il va bien ?! s'exclama-t-elle en regardant l'étudiant d'un air affolé.
Desmond ouvrit la bouche pour répondre, la referma, dévia le regard sur le côté, déglutit, puis raconta.
-Il a absorbé tous ses cachets d'analgésiques et une bouteille entière de whisky. Quand Altaïr l'a retrouvé, il était déjà dans un coma éthylique, et les médicaments n'arrangent rien. Il s'est réanimé quand les ambulanciers sont arrivés. J'étais dans l'ambulance avec lui quand il a replongé dans l'inconscience. En arrivant à l'hôpital, il a cessé de respirer, ils ont du l'intuber…
-L'intuber, répéta Lucy sans vraiment comprendre les paroles de son vis-à-vis.
-Oui. En gros, ils ont du lui glisser un tube dans la gorge pour assurer artificiellement la respiration.
La blonde semblait complètement effondrée par ces révélations. Visiblement, elle était en train de lutter contre une crise d'angoisse, sa respiration s'accélérait tout en se saccadant légèrement et elle palissait à vu d'œil. Desmond avait eu envie durant une seconde d'annoncer fièrement que les traumatologues des urgences lui avaient laissé assister à l'intubation lorsqu'il leur avait annoncé être en troisième année à la faculté de médecine, mais à voir son état, il préféra tenir sa langue.
-Où est-il ?! redemanda-t-elle en se dégageant un peu brusquement de son emprise, reculant d'un pas.
-Il est encore aux urgences, ils essayent de relancer ses poumons…
Elle ne l'écoutait déjà plus et avait tourné les talons, prête à partir en courant dans la direction du service de traumatologie de l'hôpital. La voyant s'élancé, il la saisit par le bras et la tira légèrement en arrière. Elle tourna sur lui un regard autant surpris qu'énervé en tentant de dégager son bras, mais il ne lâcha pas.
-Qu'est-ce que tu veux faire ? demanda-t-il calmement.
-Je veux le voir, lâches-moi !
-Lucy, dans l'état où il est, tu ne veux pas le voir.
-Comment ça ? Quel état ?!
-Il a des fils et des tubes de partout, je t'assure que tu n'es pas en état de supporter 4à tout de suite.
Il l'attira à lui et la pris dans ses bras, lui frottant le dos pour la rassurer. Pendant une seconde, la jeune femme dû reconnaitre qu'elle se sentait bien, collée contre lui, dans ses bras protecteurs… mais elle repoussa rapidement la pensée saugrenue qui germait dans son esprit en pensant à Connors. C'était dans ses bras à lui qu'elle désirait se trouver maintenant.
-Viens, on va aller se poser à la salle d'attente et tu vas te calmer un peu.
-Mais, mais, mais… et Malik ?
-S'il y a quoi que ce soit, les médecins nous préviendrons, ne t'en fait pas. Il est entre de bonnes mains, répondit l'étudiant en la poussant vers la salle prévue pour les proches avec un sourire rassurant. Les autres ne vont pas tarder à arriver aussi.
oOoOoOo
Kadar avait traversé tout le terrain de football sans un mot, son frère ainé sur ses talons, et avait traversé le chemin pour rejoindre le stade de baseball. Malik se demandait à quoi rimait tout cela. Il trouvait cela aberrant d'avoir été obligé de se rendre sur la pelouse sacrée des footballers si c'était pour ce rendre juste en face (les deux terrains se jouxtant, juste séparés par le chemin de ciment menant au lycée. Kadar emprunta le premier escalier des gradins, faisant grincer la structure métallique, et gravit rapidement les marches. Le cadre le suivit sans piper mots, il voulait savoir ce que son frère mort tenait tellement à lui montrer. En arrivant à la sixième rangée, l'adolescent se glissa le long des bancs jusqu'à une place relativement bien centrée et s'assis sans autre forme de procès. Malik, septique, se posa à côté de lui et le regardant sortir une cigarette, médusé.
-Alors même mort tu continue à te foutre en l'air les poumons, railla-t-il en le regardant l'allumer et en tirer une grande bouffée.
-Entre nous, ça ne peut pas me faire plus de mal à présent, et ce n'est pas moi qui suis actuellement en arrêt respiratoire…
-Quoi ?!
-Tu crois que tu serais entre deux eaux si t'étais en pleine forme ? T'es toujours dans le coma et en plus t'a arrêter de respirer.
L'autre ne répondit pas, baissant les yeux sur ses chaussures. Après un court silence, le « fantôme » reprit :
-Et pour les cigarettes, je te signalerais que si j'en fume, c'est que TU le veux bien. Je peux t'apparaitre que comme tu te rappelle de moi.
-Tu veux dire que c'est de ma faute si tu fumes, s'insurgea mollement Malik.
-Non, mais c'est comme ça que tu te souviens de moi, c'est triste.
-Tu voulais que je me souvienne de toi comment d'autre ?! s'exclama soudain l'autre, énervé de cette discussion qu'il jugeait inutile. La dernière image que tu aies laissée de toi était celle d'un junky suffisamment défoncé pour tenter de négocier avec un dangereux gangster ! Evidement que dans mes souvenirs tu fumes !
-Calme toi, je ne disais pas ça pour t'énerver, se moqua quelque peu Kadar en soufflant un nuage de fumée.
Malik fut surpris de constater qu'en fait, la cigarette ne produise aucune chaleur, ni aucune odeur. Elle semblait aussi hétèrée que tout le reste ici. Tâchant de se calmer le plus possible, serrant les poings et fermant les yeux le temps de souffler, le cadre demanda :
-Bon, sinon, qu'est-ce qu'on fait ici ? Quelle est cette chose que tu tenais tellement à me montrer.
-A toi de me dire ce que l'on fait là, répondit Kadar, énigmatique en fixant le terrain des yeux.
Son voisin prit une profonde inspiration et se retint difficilement de rétorquer violement, mais parvint à garder sa contenance. Prenant sur lui, il questionna à nouveau calmement :
-Comment ça, « c'est à moi de te le dire » ? C'est quoi ces salades ?
-Je te l'ai dis, moi je suis juste l'intermédiaire…
-Bon, maintenant ça suffit, j'en ai ras le bol ! s'énerva définitivement Malik en se levant d'un bond, toisant son cadet, furibond. Tu vas me dire ce que je suis censé comprendre de manière à ce que je puisse remonter tranquillement !
-Je te l'ai déjà dis pourtant, rétorqua l'autre en se levant à son tour, le regardant droit dans les yeux avec mépris. Le monde ne se plie pas à ta volonté ! Tu crois être le premier à te retrouver en ces lieux, il n'y aurait aucun intérêt à vous y amener si c'était pour vous donner la solution directement ! Le rôle de cet endroit et de pousser les gens comme toi à réfléchir un peu plus loin que le bout de leur foutu nez !
Le cadre empoigna son frangin par le col et l'attira à lui, prêt à lui envoyer son poing dans la figure. L'autre souriait dédaigneusement, le regardant droit dans les yeux avec cette pointe d'arrogance qui le caractérisait, l'air de lui indiquer « Vas-y, fais le si tu l'ose ! » Il finit par se reprendre et le lâcha, intimement persuadé que, bien que la chose lui apporte une grande satisfaction personnelle, frapper son frère ne servirait strictement à rien en ces lieux.
-C'est marrant quand même, railla Kadar en se rasseyant, toi qui étais le gars discret et son trop d'histoire, tu sembles maintenant tout régler à coup de poings… en plus tu ne sais pas frapper correctement.
-Je ne règle pas tout à coup de…
-Pas à moi frérot, je sais tout ce qui c'est passé là-haut durant mon absence. Je t'observe tu sais. Et ce pauvre Altaïr se retrouve avec des bleus partout. Note qu'il t'a pas raté non plus, t'as vu la cocarde que t'as encore à l'œil ?
Instinctivement, Malik porta sa main à son visage et effleura l'hématome à son œil gauche. Celui-ci avait légèrement dégonflé depuis deux jours, mais il n'était pas encore totalement résorbé. Il se rassit à son tour et respira encore profondément. Après un court silence à observer les bases disposées en carré, il tourna la tête vers son frère et lui demanda :
-Dis-moi sincèrement… tu pensais quoi de moi ?
-Je pense toujours, pouffa à moitié le lycéen. De mon point de vu, t'as toujours aimé que les gens se plient à ta volonté autant que moi, même si toi tu jouais le type gentil BCBG. T'avais beau faire le petit « Monsieur Parfait », sans reproches, hurler sur tous les toits que tu ne voulais pas qu'on t'encense à cause de ta situation familiale, moi je savais que tout au fond de toi-même, tu jouissais des privilèges que cela t'apportais.
-Et comment peux-tu en être aussi sûr ? Surtout que je ne me rappelle pas m'être constitué un groupe de faux amis plié à mes pieds comme toi tu en avais, rétorqua son ainé en le dévisageant durement, profondément vexé de ce que l'autre venait de dire.
- Peut-être pas, mais tu savais en user d'une autre manière toi, continua Kadar avec un sourire en coin, s'allumant une seconde cigarette. Toi tu as toujours su être bien plus subtile dans ta façon de profiter.
-Je ne profitais pas !...
-Tssst, siffla le sportif en faisant claquer sa langue, dévisageant à son tour son frère. Tu me demandais mon avis, alors maintenant assume et écoute jusqu'au bout !
Devant cette argument, Malik ne put que se mordre les lèvres et détourner à nouveau le regard sur la base du receveur. Il songea à l'époque où il venait assister au match d'Altaïr et fut presque mélancolique durant une seconde, mais la voix mordante de son frère poursuivait son monologue.
-Je te l'accorde par contre, tu faisais probablement jouer ton statut familial sans même t'en rendre compte, persuadé de ton intégrité. Mais ça ne change rien au fait que tu t'en es servis plus d'une fois pour soumettre le corps enseignant à tes idées.
-A quel moment par exemple ?!
-Le club de journalisme, par exemple. Tu sais comme-moi que le président n'est « jamais » un élève de terminale. Les profs estiment que les dernières années doivent se concentrer d'avantage sur leurs examens. Mais tu as insisté un peu, en amenant sournoisement le nom de notre père dans le courant de la discussion avec le proviseur. Il y a aussi eut l'organisation de la soirée à thème dont tu étais forcément le responsable : tu as imposé tes idées aux autres organisateurs, et ils n'ont rien osé dire. Ou encore le club d'échec. Tu étais très loin d'être le meilleur joueur du club, mais il t'on nommé capitaine parce que tu aimais tout régenter et que le prof en charge a eu trop peur de Papa. Tu savais à chaque fois que les autres se pliaient à cause du nom des Al-Sayf, mais tu n'as jamais rien dis, jamais décidé de laisser leur chance à des plus méritants, ça t'arrangeait bien mieux comme ça.
Un nouveau silence s'abattit sur eux, Malik ne savait pas quoi répondre. Maintenant que Kadar le faisait remarquer, c'était absolument vrai. A chaque fois il s'était fait la réflexion qu'il ne méritait pas la place, mais il ne l'avait jamais fait savoir. Il savait aussi pertinemment que, malgré tout ses efforts, en dehors d'Altaïr et deux trois autres, tous lui faisaient des courbettes de faux-culs dans ce lycée, à commencer pas les professeurs. Il ressentit un puissant pincement au cœur et baissa à nouveau les yeux sur ses chaussures. Soudain, il sentit une tape amicale dans son dos. Il tourna la tête vers son frère, qui lui souriait à moitié, son regard semblait plus chaleureux.
-Allez frangin, haut les cœurs ! Tous ces cons asservis sont derrière maintenant, et tu sais désormais ce qu'il faut changer chez toi. Et vois le point positif, malgré tout ça, tu as réussi as trouvés de vrais amis, qui ne se préoccupent pas de savoir d'où tu viens. Des gens qui connaissent ton passé, crois en ton avenir et au présent, te prennent comme tu es. Ca c'est une chose précieuse que j'aurais aimé pouvoir connaitre. D'ailleurs, ils sont tous inquiet pour toi en ce moment même, alors dépêche toi de me dire pourquoi on est ici et de trouver la solution pour retourner auprès d'eux !
En finissant sa phrase, il désigna le terrain du menton. Ce qu'il venait de dire avait ému son ainé, qui sentit une vague d'émotion l'envahir. Il regarda le terrain de terre et d'herbe en cherchant à comprendre ce que voulait savoir son frère. Il se creusa la tête un moment, cherchant dans ses souvenirs. La solution se trouvait peut-être dans un souvenir de match. Alors qu'il se concentrait un maximum, ressassant les années lycées, la voix de Kadar intervint :
-Je te donne un indice, ça à avoir avec Altaïr. Et pour les matchs, tu sais aussi bien que moi que tu étais toujours posté au premier rang pour le supporter.
-C'est vrai… admis Malik en plissant les yeux.
Il se remémora rapidement toute les fois où il avait été sur ses gradins. Il se souvenait de la foule hurlante les soirs de match, de l'agitation, des acclamations. Oui, il avait toujours été au premier rang. Donc, la sixième rangée de sièges ne correspondait à aucun souvenir de rencontre sportive, sauf si… Soudain, ça lui revint en tête, il était toujours au premier rang pour les matchs, mais pas pour ça.
-Je sais ! s'exclama-t-il à moitié en relevant la tête.
oOoOoOo
Le petit groupe était désormais presque au complet (sauf Rebecca qui se trouvait encore avec son médecin) dans la salle d'attente. Un interne en chirurgie était en train de leur donner les dernières nouvelles. Malik ne respirait toujours pas par lui-même et son ECG connaissait quelques soubresauts inattendus. Le jeune homme expliqua calmement que la procédure habituelle face à un empoisonnement au médicament était normalement le lavage d'estomac, mais dans le cas présent, si le patient ne pouvait pas assurer par lui-même son approvisionnement en oxygène, la procédure ne pouvait être effectuée.
-Donc, on attend et on regarde, résuma Ezio, qui c'était imposé comme le porte parole du groupe.
-C'est cela, approuva l'interne avec un léger hochement de tête. Dans la situation actuelle, nous ne pouvons pas faire grand-chose de plus. Mais nous essayons de limiter les dégâts que risque de causer les médicaments et l'alcool chimiquement.
-Chimiquement ? interrogea Shaun, déconcerté en repositionnant ses lunettes sur son nez.
-Avec des intraveineuses, lui traduisit Desmond, qui était maintenant familiarisé au langage médical.
-Je suis désolé, mais maintenant il faut que j'y retourne, s'excusa le jeune médecin. Je viendrais vous informer s'il y a le moindre changement.
Il salua aimablement, avec autant de détachement qu'on lui ait appris à avoir, et repartit. Assia avait gardé une main collée contre sa bouche tout le long du discoure, encore sous le choc. Desmond, inquiété par sa pâleur, lui saisit la main libre et la pressa doucement, la faisant s'assoir. Ezio resta debout, se mordant l'intérieur de la joue en réfléchissant. Comment en était-on arrivé là ? Il n'en avait pas la moindre idée. Depuis le début de la semaine, les choses avait été crescendo. Il se tourna vers les autres, regardant chacun d'eux tout à tour, essayant d'avoir un sourire compatissant, mais lui-même n'avait pas le cœur à rire. En plus de voir un de ces amis hospitalisé en urgence, il ne savait pas quoi faire avec Léonardo. Celui-ci se tenait le plus loin possible de lui et fuyait son regard. Connor avait pris Lucy dans ses bras et lui caressait les cheveux. Elle pleurait à moitié dans le creux de son épaule. Desmond tenait toujours la main d'Assia en regardant le vide d'un air absent, Shaun nettoyait ses lunettes pour s'occuper les mains. L'Italien soupira en s'asseyant à son tour dans un des fauteuils disposés dans la pièce à l'attention des personnes attendant des nouvelles. Il croisa enfin le regard vif de son amant. Il y avait quelque chose dans ses yeux bleus, quelque chose à mi-chemin entre la colère, la tristesse et le dégout. Le peintre émit un claquement de langue sonore et s'éloigna à pas lourd, déclarant :
-Bon, ça suffit, je les appelle cette fois !
En disant cela, il avait sorti son portable et se dirigeait vers l'entrée pour aller téléphoner dehors.
oOoOoOo
-C'était un jour d'entrainement, raconta Malik. Je me mettais toujours au sixième rang pour observer et encourager l'équipe.
-Et surtout un en particulier, sourit son frère.
-C'est vrai, reconnu l'autre, souriant à son tour. J'admirais Altaïr…
-Ce n'était que ça ?
Interloqué par cette réflexion, le cadre tourna la tête et posa un regard interrogateur à son interlocuteur.
-Comment ça ?
-A toi de me le dire…
-Tu vas bientôt finir de me répéter ça en boucle ?
-Je ne peux pas, mon but c'est que tu réfléchisses et trouve les réponses par toi-même. Alors dis-moi ce qui c'est passé ici précisément qu'on puisse avancer.
Malik reporta son attention sur le terrain, il ne voyait vraiment pas ce que son frère voulait qu'il comprenne. Ne venait-il pas de lui avouer admirer Altaïr, sa franchise, sa naturalité avec les autres, sa facilité à se faire des amis, son assurance ? Déjà, rien que de reconnaitre cela lui faisait mal à l'orgueil, alors qu'est-ce que Kadar pouvait bien vouloir l'entendre dire ? Il repensa à la phrase troublante de son cadet. « Ce n'était que ça ? » Il avait beau se creuser l'esprit, il ne comprenait pas. Après un petit moment, l'adolescent se leva, s'étirant, et lui fit signe de le suivre. Déconcerté, Malik se redressa à son tour et emboita le pas à son frère, demandant :
-Où on va maintenant.
-Autre part, répondit l'autre avec un sourire amusé en lui jetant un regard par-dessus l'épaule.
Il descendit les gradins en sautant les marches deux à deux et traversa à nouveau le terrain. Il longea ensuite le chemin de ciment et retourna dans l'école. Toutes les portes étaient ouvertes cette fois. Il tourna deux fois à gauche, puis grimpa une volée d'escaliers jusqu'au deuxième étage. Là, il emprunta le couloir de droite. Malik regarda les étiquettes sur les portes, il savait parfaitement où il était, à l'étage des laboratoires de sciences et de chimie. Il se demanda pourquoi son « guide » le conduisait ici, il ne se rappelait pas d'avoir déjà vécut de scène importante de sa vie par ici. Arrivé au bout du couloir, Kadar s'arrêta devant la porte de la classe d'audiovisuel, la main sur la poignée. Il ouvrit la porte et laissa son frère entré le premier. La pièce était exactement comme il s'en rappelait. Les stores baissés, la pièce plongée dans la pénombre, les chaises s'alignant en rang serré devant le mur blanc, le bureau du prof avec le PC, les armoires avec tout le matériel audio-visuel, et le projeteur visé au plafond. Il se rappelait que cette pièce poussiéreuse avait une atmosphère lourde et une odeur de renfermé, mais dans ce monde situé entre deux eaux, il n'y avait pas d'atmosphère, pas d'odeur, pas de poussière volant en tout sens dans les raies de lumière passant entre les lattes du store. Il n'y avait que cette sensation d'immatérialité et la sensation tactile et olfactive de se trouver dans la brume.
-Là je te le demande quant même, finit-il par lâcher en se tournant vers son cadet, que fait-on ici ? Parce que je n'ai aucun souvenir marquant de cette pièce, je n'y étais presque jamais…
-Tais-toi et assied-toi, répondit calmement Kadar en lui désignant un siège.
Sans un mot de plus, Malik obéit, se laissant choir sur le siège inconfortable en plastique noir. Le lycéen ferma la porte, se qui plongea la pièce dans l'obscurité (seul passait un peu de lumière au travers du hublot au verre teinté découpé dans la porte.) Le jeune homme se posa sur une chaise plus deux rangées derrière son frère, qui lui jeta un regard par-dessus l'épaule. Il croisa les bras et les jambes, s'installant confortablement. Après quelques secondes, le projecteur s'alluma et projeta sa lumière pâle contre le mur. Ce qui marqua Malik, se fut de constater une fois encore qu'aucun son n'émanait de la ventilation de l'appareil, et la lumière ne tremblait pas, comme s'il fonctionnait sans vraiment fonctionner. Il y eut encore un moment de battement, puis les images commencèrent à s'animer sur l'écran. Le cadre fut surpris du contenu de cette projection et tressaillit en voyant le spectacle qui se jouait devant ses yeux.
oOoOoOo
Léonardo raccrocha et regarda son téléphone cellulaire un instant avant de le glisser dans sa poche. Fadhila avait été très surprise de son appel, mais rapidement, la surprise s'était muée en panique lorsqu'elle avait entendu son discourt. Elle avait déclaré bondir immédiatement en voiture et arriver dans la demi-heure.
Il regarda la ville, qui s'étendait au bas de la colline. L'hôpital sur l'extérieur du côté opposé à la zone industrielle, en haut d'une butte naturelle agréablement aménagée pour que les séjours soient plaisants autant que possible.
Il soupira en levant les yeux au ciel. Les derniers rais de lumière violacée s'estompaient à l'ouest. Il était vingt-deux heures déjà, mais il avait l'impression que cette journée avait duré bien plus longtemps. Il se sentait fatigué, très fatigué, à la limite de l'épuisement. Il se demandait s'il n'aurait pas mieux fait d'écouter son amant dès le début et de ne pas engager Altaïr. Ezio l'avait pourtant prévenu que cela causerait des problèmes avec Malik, mais il ne l'avait pas cru, n'imaginant pas que les choses dégénéreraient à ce point. Sauf que tout c'était au définitif déroulé exactement à l'opposé de tout ce qu'il avait espérer. Bien sûr, il pensait bien qu'il y aurait eu des petites taquineries et des disputes, mais il aurait pensé qu'ils se seraient servis de leurs cerveaux et que tout ce soit fini sur un happy end avec tout le monde réconcilié. Mais non, à la place, il se retrouvait avec un de ses employés dans le coma, un dépressif, ceux qui couchait ensemble pour tenter de se cacher de la misère de la situation et pour couronner le tout, son couple partait en lambeaux ! Ô joie !
La porte automatique s'ouvrit dans son dos. Il se doutait de qui était en train de s'approcher de lui. Il n'avait pas envie de discuter avec maintenant, mais d'une manière où d'une autre, l'affrontement serait inévitable et ils devraient avoir cette discussion. Il resta immobile à contempler le crépuscule passer à la nuit et attendit. Ezio s'était stopper à environ un mètre de lui, dans son dos et regardait ses pieds, ne sachant pas quoi dire. Ce fut Léo qui fit le premier effort, se tournant lentement sur lui-même pour lui faire face. Il le dévisagea un moment, attendant qu'il se décide à ouvrir la bouche. Enfin, après encore une bonne minute de silence pesant, l'Italien releva la tête et regarda celui qu'il aimait droit dans les yeux.
-Léonardo (sa voix était serrée) je voulais te dire…
-Me dire quoi ? Que tu m'aime ? Que tu regrette ce que tu as fait ? Ou peut-être m'expliquer à quel moment tu as décidé que je ne te convenais plus ?
-S'il te plait Léonardo, écoute-moi au moins. (Il semblait désespéré). Je te jure, je te promets que ce n'était pas prémédité, que ce n'était pas ce que je voulais.
-Pas ce que… Pas ce que tu voulais !? s'exclama le blondinet en le toisant férocement. Alors qu'est-ce que tu voulais exactement ?! Explique-moi, peut-être que je ne comprends pas ?!
-Ce que je veux, c'est toi Léonardo. Sauf que ces derniers temps, tu n'étais plus toi, tu n'étais plus celui dont j'étais tombé amoureux il y a neuf ans.
-Mais c'est normal ! s'insurgea l'autre. C'est normal ! Les gens changent avec le temps ! Toi aussi tu as changé, est-ce que je te l'ai reproché ?!
Ezio ne savait pas quoi répondre, dans un sens, le peintre avait raison, mais il y avait changement et changement radicaux. Ce que Léonardo avait modifié dans son caractère, c'était bien plus que simplement de nouvelles manies, il avait changé quasiment entièrement sa personnalité. Heureusement, leurs disputes de ces derniers jours avaient semblé avoir un effet positif. Le blond n'avait à aucun moment fait le précieux de la journée, et il lui parlait maintenant sans ajouter d'intonations saugrenues à sa voix.
-Je te le répète, je suis vraiment désolé…
-Et alors, qu'est-ce que ça change ? demanda Léonardo en se calmant un peu, les larmes brillants aux coins de ses yeux. Le mal est fait.
-Ce n'était qu'un baiser chaste…
-Ca fait des années que tu me répète la même chose ! Ce n'est pas la première fois que tu te laisses retenter par des femmes, et chaque fois je pardonne, je me fais violence pour laisser couler, mais je n'en peux plus Ezio. Je n'en peux plus…
Il baissa le regard sur le sol, l'air désespéré, les larmes commençant à couler. Il s'humectait les lèvres. Le cœur de son amant s'emballa. Il redoutait la suite du discourt, il avait peur d'entendre les trois mots qui le plongeraient dans une détresse sans nom. Le peintre commença à sangloter, Ezio, en l'entendant, eut un élan de tendresse et le prit dans ses bras. Il se laissa faire, relevant le visage. L'Italien posa une main sur sa joue et la caressa de ses doigts, lui murmurant en le regardant dans les yeux.
-S'il te plait Léo, laisse moi encore une chance, juste une, une dernière. (Il sentait lui aussi monter les larmes). On y arrivera, ensemble, on surmontera ça… Je vais faire des efforts, autant que tu voudras pour changer, pour me faire pardonner. Je t'aime.
Léonardo ferma les yeux et soupira silencieusement, frottant son front contre celui de l'autre, repoussant sa main. Il regarda vers le bas, prit une grande respiration, hésita un instant, puis parla :
-Je suis désolé…
-Non pitié, ne dis pas ça ! supplia le brun avec un éclat de profonde détresse dans le regard.
-Je ne vais pas y arriver cette fois. Dès que Malik sera hors de danger, j'aimerais que tu récupères toutes tes affaires et que tu partes de l'appartement.
Pour faire bonne mesure, et parce qu'il en crevait d'envie, il posa doucement ces lèvres sur celle de celui avec qui il avait partagé neuf années de sa vie, lui offrant un dernier baiser d'adieu. Il s'éloigna ensuite lentement de lui, le contournant pour retourner vers l'entrée. Ezio resta pétrifié, incapable de dire ou de faire quoi que ce soit. C'était trop, il attendait à présent en silence que les trois mots qu'il ne voulait pas entendre surgissent. Léonardo, avec un pincement énorme au cœur, la gorge nouée, prêt à partir en gros sanglots, s'arrêta à mi-chemin de la porte et s'immobilisa quelque seconde, le temps de conclure la discussion.
-C'est fini. Je suis désolé.
Et il rentra, laissant son amant seul et désespéré dans la nuit grandissante.
Voilà, les choses bougent, et si tout va bien, la troisième partie marquera la fin de « entre deux eaux. » Et la fin suivra toute seule. En bien ou en mal, je ne vous le dis pas, je vous rappelle seulement que je HAIS cordialement les happy end ! ^_^
Donc, à très bientôt pour la suite !
PS : Pour te répondre Fitz, oui, j'écrirais d'autres fics AC (c'est mon secteur de prédilection), j'ai déjà deux trois idées dont j'explore la faisabilité. J'en parlerais plus en détaille dans la postface. En attendant, je t'invite à lire mes autres fics Altaïr-Malik si tu ne l'a pas encore fait ^_^ (oui, ça fait un peu publicité, mais bon XD ) Encore merci de me suivre et j'espère que la suite te plaira !
