Et donc, comme promis, le dernier chapitre de ce cycle avant la « fin du monde » (rire). Je ne fais pas de grand blabla cette fois et vous laisse découvrir.
Je remercie encore tous ceux qui m'ont suivi dans cette aventure !
Bonne lecture !
Chapitre XVI : Choc en retour
Quatre jours s'étaient écoulés depuis cette nuit de folie. Seuls dans la chambre de Desmond, Assia, l'air profondément attristée, aidait l'étudiant à nouer sa cravate. Elle portait une petite robe noire, et l'autre un costume tout aussi sombre. Elle termina de nouer le nœud réticent, puis, prise d'une nouvelles crise de larmes silencieuse, le jeune homme la prit dans ses bras et lui frotta tendrement les cheveux. Lui-même avait envie de s'effondrer, mais il fallait bien que l'un d'eux reste fort pour soutenir l'autre. Il n'avait pas pleuré, pas encore du moins. On disait que le deuil passait par cinq phases distinctes. Il devait encore être bloqué à l'étape de la colère. Il avait envie de hurler, de sortir de la pièce et de tout détruire dans l'appartement. Mais ça l'aurait avancé à quoi ? Ils restèrent un petit moment comme ça, silencieux. Au bout de quelques minutes, la porte s'ouvrit et Léonardo entra, lui aussi en tenu de deuil.
-Ca va être l'heure, marmonna-t-il, les yeux rougis par le manque de sommeil et le chagrin.
-On arrive, répondit Desmond en tournant les yeux vers lui.
- Je vous attends en bas.
-Ok.
Sans un mot de plus, il partit, les laissant encore un peu seuls. Il s'écoula à nouveau quelques minutes. Le jeune homme aurait tellement aimé que le temps s'arrête, qu'ils n'aient pas à y aller, qu'ils puissent rester ainsi le temps que la douleur disparaisse. Mais cela était impossible, il le savait. Il embrassa le front de la secrétaire, puis demanda d'une voix à peine audible :
-Ca va aller ?
Des larmes brillant encore au coin de ses yeux clos, elle releva la tête, se pinçant les lèvres. Elle approuva d'u petit hochement. L'étudiant soupira, lui prit la main, puis ils sortirent de la pièce. Dans le salon, il manquait le canapé, la table basse, le tapis, ainsi que deux étagères et plusieurs pièces de décoration. Quant à la vaisselle, la moitié (de ce qui n'avait pas été détruit lors de la dispute) avait disparue des placards. L'endroit semblait bien plus vide et austère, mais Ezio avait obéit à la requête de son ex et emporté toutes ses affaires. L'appartement avait été plongé dans un silence de mort durant deux jours. Léonardo avait passé le plus clair de son temps enfermé dans sa chambre, et Desmond restait le plus tard possible dehors, déambulant tel un zombie dans la ville jusqu'à ce que la nuit soit largement tombée.
Ils empruntèrent l'ascenseur jusqu'au hall d'entrée, puis rejoignirent le blond, déjà installé au volant de sa voiture électrique. Arriver dans une voiture de course au rouge flamboyant ne semblait pas très approprié pour un enterrement, mais ils n'avaient pas vraiment le choix. La Porche grise aurait sans doute été plus adaptée à la situation, mais Ezio ne répondait même plus au téléphone, et personne ne savait où il se trouvait en se moment. Il s'était chargé de toute l'administration inhérente aux funérailles, avait assuré qu'il s'y trouverait, puis avait embarqué ses affaires et ses meubles dans un camion de location avant de disparaitre de la surface depuis un peu plus de quarante-huit heures. Léonardo démarra le moteur et pris la direction du cimetière. Durant le trajet, Desmond, regardant le paysage par la fenêtre, resongea la nuit d'enfer à l'hôpital.
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Malik venait de se réanimer, la résidante en chirurgie retira le tube enfoncé de sa trachée. Du moment qu'il respirait tout seul, la présence de l'intubation devenait dangereuse car il s'agissait tout de même d'un corps étranger. Le cadre semblait complètement perdu, déstabilisé. Tout devait très probablement être en train de l'agresser. Se réveiller d'un coma, même que de quelque heures, devait être une épreuve assez terrible songeai l'étudiant en observant la scène de derrière la vitre. Les médecins vérifièrent les constantes, puis expliquèrent au cadre ce qui s'était passé. Il n'avait pas vraiment l'air de comprendre, mais hocha la tête. Lorsque l'équipe médicale sortit de la chambre, la jeune femme indiqua qu'ils pouvaient aller le voir, mais qu'il ne fallait pas trop le fatiguer. Desmond lâcha enfin sa partenaire de sexe et elle se rua, toutefois calmement, jusqu'au chevet du patient. L'étudiant le salua simplement avec un sourire de soulagement. Voyant qu'Assia prenait la main de Malik dans la sienne et lui caressait tendrement le front, posant sur lui un regard plus qu'amical, il ressentit une fois de plus un pincement au cœur. Était-ce de la jalousie ? Peut-être bien.
-Je vais prévenir les autres, lâcha-t-il en sortant de la pièce.
S'arrêtant sur le pas de porte pour leur jeter un rapide coup d'œil, il constata que visiblement, sa présence ou son absence ne représentait rien du tout car les deux autres ne réagirent même pas. En longeant le couloir menant à la salle d'attente, ne se doutant pas un seul instant de la terrible nouvelle qu'il allait apprendre, il se répétait pour se calmer qu'il n'avait aucune raison d'être jaloux. Après tout, leur relation se résumait au SM, ils avaient été d'accord sur ce point.
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Ezio gara sa voiture devant l'église évangéliste. Il portait une chemise noir, il n'aimait pas la veste de complet, surtout en cette saison. Soupirant, tâchant de se calmer, il ferma la portière, ferma les yeux quelques secondes pour se calmer. Il ne savait ce qui était le plus dur, le fait d'avoir perdu un ami assez proche, ou bien d'avoir rompu et d'être obligé de l'affronter. Sans doute perdre un ami, mais il n'arrivait plus à faire la différence dans ses sentiments, il y avait eu trop de chose ses derniers temps. Après un moment à tenter de s'auto-persuader que tout irait bien, il s'engagea sur le chemin de gravier conduisant au cimetière.
Celui-ci s'étendait derrière le bâtiment, dans le centre historique de la ville. A l'époque de sa fondation, lorsque ses ancêtres et ceux des autres familles fondatrices s'étaient installés dans la région, ils avaient bâti la mairie, l'église, la mosquée, le cimetière, le parc, l'école (aujourd'hui réservée uniquement aux collégiens) et les premières maisons de manière groupée. Et au cours des cent cinquante années suivantes, la ville s'était agrandie autour de cette zone centrale.
Un peu à l'écart du cœur du cimetière, une tente avait été dressée et des chaises alignée pour les « invités » (le mot avait toujours beaucoup amusé Ezio de par son ironie morbide). Normalement, on ne préparait pas réellement de cérémonie dans la ville, le pasteur récitait quelques passages de son foutu bouquin devant le cercueil, parfois un membre de la famille ou un ami faisait un petit éloge funèbre sans conviction, puis on mettait le coffre à cadavre (à l'arrivée, c'était juste ça, un cercueil) et on le couvrait de terre. Rien de plus. Sauf qu'Ezio n'avait pas voulu qu'un de ses amis soit enterré aussi rapidement, sans hommages. D'autant plus qu'il savait le Britannique très attaché aux coutumes mortuaires de son pays. Il méritait au moins qu'on lui fasse honneur, avant qu'il ne pourrisse six pieds sous terre, rongé par les asticots.
Le cercueil, un magnifique écrin en merisier sombre, reposait sur des trépieds à une extrémité de latente. Il y avait une photo de lui posée sur une table d'honneur, noyée au milieu de gerbes de fleurs magnifiques apportées pour la plupart par de parfaits inconnus rameutés par l'avis mortuaire paru dans le journal. L'Italien avait essayé de rendre la cérémonie plus privée, mais les médias avaient été top rapide, ne lui en laissant pas le temps. Le couvercle de la boite mortuaire avait été scellé la veille au soir, en sa présence. Il supposait que chacun des membres de la DaVinci était passé lui dire adieux, car il y avait le bon nombre de roses laissées sur sa poitrine. Des roses, la fleur préférée du défunt, de toutes les couleurs disponible. Une seule rouge, certainement laissée par Rebecca. Ils s'étaient tous concertés pour lui laisser cette marque de respect, après tout, ils s'aimaient éperdument.
Ezio avança dans l'allée laissée entre les rangées de chaise et alla donner ses condoléances à la mère de Shaun, venue d'Angleterre spécialement pour la cérémonie. Elle avait l'air effondrée intérieurement, mais ce forçait à garder la tête haute et à sourire lorsque tous ces inconnus, sales charognards attirés par la détresse des autres, venaient lui serrer respectueusement la main. Pour la soutenir, il prit place à côté d'elle. Lorsque Léonardo et les deux autres arrivèrent, il croisa le regard de Léonardo et y décela du dédain. Le blond ne le salua pas, se contentant de serrer la main de Madame Hastings, puis alla prendre place au deuxième rang, dans l'autre colonne. Son amant soupira intérieurement, il le méritait en un sens, mais il avait espéré que leurs problèmes de couples soient restés en dehors de ce moment. De toute façon, il n'allait pas se prendre la tête maintenant. Il avait d'autres soucis, comme par exemple de savoir si elle viendrait ou non. Vu comme elle avait réagis, cela ne l'étonnerait pas si elle décidait de ne pas venir.
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Ils attendaient, réunis dans la salle d'attente. Rebecca avait fini par les rejoindre après son examen, elle était allée directement parler à Lucy au sujet de dieu sait quoi. La blonde n'avait pas répondu, on venait juste d'emmener Shaun et Altaïr en salles d'opérations. Elle semblait vraiment mal à l'aise, et son amie le remarqua, lui demandant ce qui se passait. L'autre n'arrivait pas à trouver les mots, elle chercha le soutien d'Ezio du regard. Rebecca se tourna vers lui, voyant que tout le monde tirait une tête de six pieds de long. Prenant son courage à deux, mains, l'Italien avait expliqué la situation. Elle avait commencé par ne pas comprendre, ne pas réussir à assimiler les paroles de son interlocuteur, puis la réalité l'avait finalement rattrapée et elle s'était laissée tomber dans un fauteuil, le regard dans le vague. Fadhila s'était assise à côté d'elle, lui tenant la main. Elles étaient dans la même situation. L'une inquiète pour son homme et l'autre pour son fils.
Peu de temps après, peut-être un quart d'heure tout au plus, une chirurgienne s'approcha du groupe. Tous se levèrent, attendant de bonnes nouvelles, mais elles ne le furent pas. La femme, à la peau couleur moca, parla d'une voix calme et empli de compassion.
-Vous êtes de la famille de Monsieur Hastings ?
Ils échangèrent un regard et Rebecca s'avança d'un pas.
-Je suis sa compagne.
-Bonsoir, je suis le Dr. DeGrandpré. Peut-être devriez-vous vous assoir.
-Non (le ton était un peu sec, mais ce n'était pas volontaire.) Docteur, s'il vous plait, dites-moi simplement comment il va.
La femme respira calmement. Il paraissait que c'était le pire moment aussi bien pour eux que pour les familles. Après quelques secondes de silence, elle déclara :
-Nous avons fait tout notre possible…(en entendant ce début, Rebecca comprit et les larmes perlèrent aux coins de ses yeux) …mais je suis dans le regret de devoir vous annoncé que malgré tous nos efforts, votre compagnon a succombé à ses blessures.
Rebecca vacilla, elle répétait de petit « non » à peine audibles en hochant la tête. La première phase du deuil venait de commencer, le déni. Lucy vint la soutenir car elle semblait prête à s'effondrer, mais elle restait figée sur place. La chirurgienne poursuivit son petit discoure, déjà répété des centaines de fois à autant de familles.
-Je vous prie de croire en l'expression de nos regrets les plus sincères et de recevoir nos condoléances.
Ayant fini son petit discourt, elle jeta un dernier regarda Lucy (un regard étrangement hargneux), puis s'éloigna. Desmond arriva à ce moment, plutôt joyeux, prêt à leur annoncer le réveil de Malik. Léonardo se tourna vers lui, la mine sombre. Ni lui ni Assia n'avaient été mis au courant de la fusillade, il était temps, hélas, de le leur dire et de leur annoncer la terrible nouvelle.
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Lucy arriva au cimetière dans une robe noire achetée la veille. Elle n'avait jamais imaginé en avoir un jour besoin dans sa garde robe. Elle n'avait aucune envie d'être ici. En plus de se laisser submerger par la tristesse, elle ne voulait pas les croiser. Elle s'avança jusqu'au cercueil, regarda un instant la photo du rouquin souriant, déposa un bouquet de chrysanthèmes. Ensuite, elle salua respectueusement la mère du défunt et alla prendre place derrière Ezio. Elle jeta un regard à l'autre colonne. Ils étaient là, et lui la regardait. Elle détourna le regard, se mordant vivement l'intérieur de la joue. Il restait encore dix bonnes minutes avant le début de la cérémonie. Elle avait horriblement envie d'aller le rejoindre, mais l'autre était là aussi. Son esprit vagabonda. Elle se souvenait de leur rencontre.
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Après bien des heures passée au chevet de Malik et à tenté de réconforter Rebecca, Lucy avait rejoint Connor à la cafétéria. Il l'attendait et la regarda avec tendresse alors qu'elle se laissait enfin aller. Elle avait joué les filles forte pour soutenir tout le monde dans le chagrin, mais là, c'était son tout de craquer. Il lui caressa les cheveux alors qu'elle sanglotait dans ses bras. Après de longues minutes de pleurs incontrôlés, elle se calma enfin, s'essuyant les yeux avec un mouchoir en papier, son mascara ayant coulé, laissant des trainées noires le long de ses joues. L'Amérindien la regarda étaler d'avantage le maquillage en tentant d'éponger les coulées. Pour la calmer alors qu'elle était à nouveau prise d'hystérie (elle en était aux négociations avec elle-même) il l'embrassa, la faisant taire par la même occasion. Ils échangèrent une myriade de baisers, plus ou moins passionné. Elle était assise en travers de ses genoux. C'était à ce moment qu'elle était arrivée. Sa voix résonna dans leur dos et ils sursautèrent tous deux, se retournant.
-Je vous dérange peut-être.
Il s'agissait de la chirurgienne qui avait annoncé la mauvaise nouvelle. Elle semblait entre l'énervement (prête à exploser) et le « je suis navrée que ça arrive maintenant ». Connor resta bouche bée, l'air plus terrifié que surpris. Il laissa échapper un nom.
-Aveline…
-Bonsoir chéri, lâcha sèchement la femme en le foudroyant du regard.
Lucy ne comprenait pas bien ce qui se passait, elle répéta le mot qu'elle venait d'entendre sans le comprendre, regardant alternativement son copain et la chirurgienne.
-Chéri… ?
-Désolée, je crois que nous n'avons pas été présentée correctement, fit lâutre en la regardant avec condescendance, lui tendant la main. Je suis Aveline DeGrandpré-Kenway. Et j'imagine que vous êtes la femme qui baise avec mon mari…
Les mots avaient été prononcés rudement, sans se préoccupé réellement de ce qu'elle pouvait ressentir. Trop choquée pour se confronter, la blonde regarda encore une fois les deux autre et pris la fuite. Elle sortit de l'hôpital, le souffle court, avec le sentiment de suffoquer. Connor arriva à sa suite et tenta de se justifier, lui révélant l'odieuse vérité qu'il lui avait cachée. Oui, il était marié avec cette Aveline, depuis deux ans déjà, au moins il ne cherchait pas à nier. Dans un sens, elle comprenait mieux à présent pourquoi depuis trois jours, ils n'avaient jamais mi une seule fois les pieds chez lui. De ce qu'il racontait, son couple allait de plus en plus mal, et il avait l'intention de demander le divorce. Même s'il avait l'air sincère en disant cela, la phrase ressemblait trop à une réplique de série TV (de celle où le mec promet de quitter sa femme pour continuer avec sa maitresse, mais ne le faisait jamais) pour qu'elle le croie. Enervée et humiliée, elle le gifla avec la force du désespoir, puis retourna dans l'hôpital en déclarant qu'elle allait rejoindre ceux qui comptaient vraiment et qui avaient besoin d'elle. Elle ajouta qu'elle ne voulait plus lui parler, mais elle savait que ce serait absolument impossible étant donné qu'ils travaillaient au même endroit.
Après cela, elle avait passé deux jours à désespéré d'avoir été aussi conne et se maudit intérieurement.
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Les chaises étaient presque toutes occupées, et le pasteur arriva, proclamant le début de la cérémonie à l'heure prévue. L'homme de foi commença son petit laïus sur « tu es poussière, tu retourneras poussière… » et autres joyeusetés du Livre sacré. Rebecca était finalement venue. Elle semblait fatiguée et complètement effondrée. Elle se plaça au premier rang gauche, à côté de la mère de Shaun et sanglota en silence, les yeux embués de larmes tout au long du discourt. Elle avait mal, tellement mal à l'intérieur. Son cœur était en miette et son âme saignait. Les paroles du maître de cérémonie ne l'atteignaient même pas. Elle essayait de ne pas penser, à rien, absolument rien, mais le visage de Shaun, allongé dans le lit mortuaire de l'hôpital, lui revenait sans cesse en tête.
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-Tu es sûr que ça va aller ? demanda Lucy, inquiète pour son amie.
-Oui, laisse-moi je t'en supplie, murmura Rebecca, refoulant un flot de larmes.
La blonde lui pressa doucement la main pour lui faire savoir qu'elle compatissait et qu'elle était là au cas où, puis la lâcha et s'assis sur l'une des chaises du couloir. Rebecca déglutit difficilement, puis fit un petit signe de tête à l'infirmière qui appuya sur le bouton de la porte automatique donnant sur la morgue. La cloison de verre coulissa et la noiraude, faisant un effort monstrueux de volonté, leva un pied (il semblait peser trois tonnes et ses jambes étaient en coton) et le reposa un peu plus loin, puis l'autre, et ainsi de suite dans ce qui ressemblait à une marche saccadée. La porte se referma avec un affreux bruit de sas. L'air ici semblait immobile est irrespirable, oppressant. Il y avait de chaque côté de petites salles destinée à recevoir les corps et leurs familles pour de derniers adieux avant les enterrements. A travers un hublot, elle aperçut une famille réunie autour d'un lit où reposait un enfant. Rien que cette vision fit ressurgir une vague d'émotion et elle dut se faire violence pour ne pas tourner les talons et partir en pleurant. L'infirmière désigna une porte et la lui ouvrit, lui faisant part de ses condoléance et qu'elle serait dans le bureau au bout du couloir s'il fallait quoi que ce soit. Rebecca la remercia et, retenant son souffle, entra dans la pièce alors que la femme refermait derrière elle.
La pièce était sobre, mais au moins, elle ne ressemblait pas à un simple dépôt à macchabées. Le sol était recouvert de moquette, les murs peints en beige léger et le plafond était couvert de lambris avec un lustre à LED. Des rideaux sobres étaient tirés devant une fausse fenêtre et le lit en était bien un et non pas un de ces chariots ambulatoire. Shaun, yeux fermés, le visage détendu, reposait allongé sous la couverture, les bras le long du corps. Les personnes qui s'étaient occupée de l'installer avait vraiment fait du bon travail. Ils avaient refermé la poitrine et laver le corps avant de le glisser sous les draps et de le disposer de façon à ce qu'il semble dormir paisiblement. Personne n'aurait pu se douter, en le voyant comme cela, qu'il venait de se faire tirer dessus et qu'une chirurgienne lui avait ouvert le torse et enfoncé ses mains à l'intérieur.
La jeune femme s'approcha du lit et, prenant son courage à deux mains, se pencha près de son visage, déposant un baiser sur le front encore tiède (c'était affreux, on aurait vraiment dit qu'il était toujours en vie). Puis, sentant monter la douleur, la peine et la colère tout à la fois, elle lui murmura à l'oreille, les yeux s'emplissant de larmes.
-Je t'ai menti… je suis enceinte.
Le sanglot remonta dans sa gorge avec violence et elle se laissa tomber à genoux. Elle prit la main du mort et colla à son visage, prise de tremblement alors que toute sa tristesse s'exprimait, les larmes roulant sur ses joues pour s'écraser sur le drap immaculé. Après plus d'une heure, Lucy était finalement venue la rechercher et l'avait trouvée allongée dans le lit, le visage blotti dans le creux de l'épaule de Shaun. De grandes traces de sel se dessinait le longs de son visage et ses yeux rougis étaient secs tant elle avait pleuré. Il lui semblait impossible de se relever, de le quitter, de sortir de cette pièce. Si elle faisait tout cela, alors il serait vraiment mort, et cela signifierait qu'elle l'acceptait. Hors, elle ne l'acceptait pas. Lucy s'était assise sur une chaise et avait déclaré qu'elles resteraient autant de temps qu'il lui faudrait. A l'aube, Rebecca n'avait toujours pas bougé.
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La cérémonie était finie, le cercueil avait été descendu dans le trou fraichement creusé. Les uns après les autres, les invités se levèrent et, faisant comme le voulait la tradition, jetèrent chacun une pelletée de terre dans la tombe. Une fois ce petit rituel accompli, la foule se dissipa rapidement. Quelques groupes de quatre à cinq personnes discutaient de-ci de-là.
-Lucy, s'il te plait, j'aimerais rentrer… marmonna Rebecca en se penchant à l'oreille de son amie.
Elle semblait fatiguée, sans doute avait-elle beaucoup pleuré et peu dormi ces derniers jours. La blonde, voyant Connor s'éloigné de Aveline (en pleine discussion avec Madame Hastings) pour sans doute tenter de venir lui parler, se tourna vers la noiraude et approuva. Elle ne voulait pas lui parler, et en plus, Lucy avait promis à sa meilleure amie de la ramener chez elle. Rebecca ne se sentait pas bien lorsqu'elle était seule dans son appartement. Il manquait quelque chose (ou plutôt quelqu'un en particulier) pour lui donner l'impression d'être chez elle. Lui prenant le bras pour la soutenir moralement, elle s'emmena jusqu'au parking où les attendait la voiture, plantant Connor sur place.
-Chéri, rentrons ! lui lança sa femme en le voyant regarder la blonde s'éloigner d'un air dépiter.
Un à un, les membres de la DaVinci Incorporation partirent, laissant les fossoyeurs terminer leur travail avec soin. Ezio, serrant les mains, remerciant les gens de s'être déplacé, fit part de ses regrets une fois de plus à la mère de Shaun, puis s'n alla à son tour, regagnant sa porche. Il avait élu domicile dans l'affreux motel et déposé ses affaires dans un garde-meubles de location. Il n'avait aucune envie de regagner l'affreuse chambre décrépie et son odeur de renfermé, aussi décida-t-il de retourner à l'hôpital voir les autres. Il mit la clé dans le contacte et démarra. Le moteur rugit et il prit la direction du centre de soins.
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Lentement, l'homme ouvrit les paupières avec difficulté. Elles étaient horriblement lourdes : la faute aux doses massives de médicament qu'on lui administrait pour cédater la douleur. Cédater la douleur, le terme le faisait doucement rire. A ce niveau là, droguer aurait paru plus juste. La lumière, bien que tamisée par les rideaux tirés, l'agressa dans un premier temps, le forçant à plisser les yeux, puis il s'habitua doucement et les ouvrit un peu plus.
Il était allongé dans son lit d'hôpital, confortablement installé sous les couvertures (tirée seulement jusqu'à son ventre). Il reconnu l'affreux plafond blanc et stérile, tellement triste et dépriment, ainsi que les sensations laissées par le matériel médical. Le petit bruit de ventilateur, à peine audible, qu'émettait le tuyau d'air logé dans son nez, le pincement de l'aiguille de sa perfusion lorsqu'il bougea le bras droite, le désagrément que causait la sonde urinaire, le suintement de l'ECG, branché en mode silencieux (il ne commencerait à faire du bruit que s'il faisait un arrêt cardiaque), et la présence de quelqu'un à son chevet. Et il savait qui.
Souriant, il tourna la tête sur la gauche (il se sentait encore grogui) et l'aperçu, assis dans le petit canapé pour les visites, lisant un livre, ses lunettes sur le nez. Voyant que son ami s'était réveillé, il glissa le marque page, ferma le bouquin et retira ses lorgnons. Ils se fixèrent en silence quelques secondes, puis Malik se leva et s'approcha du lit, demandant :
-Comment ça va ?
-Tu es là depuis longtemps ?
Voilà, il recommençait et le cadre tiqua. Il détestait que l'on élude par une autre question. Pourtant, il répondit quant même.
-Pas tellement, peut-être un quart d'heures. L'infirmière m'a dit que tu te réveillerais bientôt.
-Tu me veille maintenant, c'est étrange de ta part, se moqua un peu Altaïr avec un sourire malicieux.
-Je pensais t'étouffer avec ton coussin pendant ton sommeil, mais j'ai eu peur de l'alarme de l'ECG, lâcha l'autre sur le même ton.
Ils se regardèrent et eurent un petit rire, puis Malik ajouta :
-Ezio est passé avant.
-Ca a été l'enterrement ? Rebecca ?
-Elle était effondrée, évidemment.
Son sourire s'effaça, il avait l'air attristé et songeur. L'alité lui prit la main et la pressa doucement (de toute façon, il n'avait pas de force).
-Tu n'as pas à te sentir coupable.
-Je n'aurais pas dû être hospitalisé, Shaun serait peut-être encore en vie et toi, tu n'aurais pas besoin de garder le lit trois semaines…
-On se parle de nouveau, et bien que je sois triste pour Shaun, je ne regrette qu'à moitié.
En disant ça, Altaïr avait semblé tenter de se persuadé lui-même de ne pas regretté. Malik trouva ça presque attendrissant de le voir aussi vulnérable, lui qui avait toujours fait semblant d'être insensible aux autres. Mais peut-être avait-il raison en un sens. Cette mésaventure avait permis de mettre à plat beaucoup de choses. Principalement dans leurs sentiments. La veille, comme les médecins avaient enfin autorisé les visites, ils avaient eu une grande conversation pour mettre tout ça au clair. Pour une fois, ils s'étaient parlés honnêtement, se révélant l'un à l'autre. Malik avait même parlé de « l'entre deux eaux » et de ce qu'il y avait vu, sans toutefois révéler du fait qu'ils aient déjà couché ensemble un soir en rentrait d'une fête trop arrosée. Ca, il aurait préféré ne jamais s'en rappeler (car le lendemain il s'était réveillé chez lui sans aucun souvenir de la soirée, et espérait que l'autre ait également oublié). Pour le coup, toutes ces années à se tourner autour en ayant peur que l'autre ne ressente pas la même chose semblaient absurdes. Mais tout n'était pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Shaun était mort, plus rien ne serait comme avant.
Voyant son ami perdu dans ses pensées, Altaïr l'appela doucement. Il sortit avec un petit sursaut de ses réflexions et posa le regard sur l'autre.
-Tu as l'air songeur.
-C'est mon père…
-Bachir, qu'est-ce qu'il a encore fait !? interrogea le responsable marketing, vivement surpris que celui-ci revienne dans la conversation.
-Ma mère a trouvé une lettre ce matin. Il a quitté l'Etat et est parti s'installer à Washington. Il ne veut plus nous revoir, ni moi, ni elle.
-Et alors ? Tu es triste ?
-Non…déçu.
Altaïr eut une moue attendrie et pressa de nouveau la main de l'autre. Il y eut un nouveau silence, puis il demanda :
-Les médecins comptent te laisser partir bientôt ?
-Le psychiatre ne veut pas prendre de risque. Il tient à me garder encore une semaine pour s'assurer que je ne vais pas m'ouvrir les veines ou me pendre sitôt franchies les portes de l'hosto. Mais il n'a pas l'air ravi de savoir que je vais me retrouver seul dans mon appart.
-C'est compréhensible.
-Et toi ?
-Je dois rester dans ce lit et ne pas faire d'effort pendant deux semaines, puis j'aurais le droit de rentrer mais il faudra que je fasse le moins de mouvement brusque possible. Le toubib estime que je serait parfaitement rétabli d'ici un mois..
-Autant ?!
-J'ai quant même un trou raccommodé dans le foie.
-C'est vrai.
-Et pour dire la vérité, le médecin aimerait aussi savoir qu'il y ait quelqu'un chez moi pour m'aider afin que je puisse me ménager.
Malik, s'humecta les lèvres. Cela lui donnait une idée. Il proposa :
-Si tu veux, on peut… emménager ensemble.
Une expression de surprise passa sur le visage d'Altaïr, qui se muta en un sourire ravi. Avec amusement, il demanda :
-C'est une déclaration ?
Le cadre ferma les yeux, soupira profondément d'exaspération, puis se pencha en avant en soufflant.
-Ferme-la.
Altaïr crut sans doute à un baiser, car il souleva la tête pour aller à sa rencontre. Sauf qu'au lieu de l'embrasser, l'autre actionna le bouton du lit et le fit descendre. Altaïr se retrouva à plat, incapable de bouger car, dans cette position, se relever appuierait sur les points de suture et lui ferait un mal de chien. Il tourna la tête vers l'autre, qui déposa tout de même un bec sur son front, puis se dirigea vers la porte en lâchant depuis le palier :
-J'ai encore besoin d'un peu de temps pour m'habituer. Sois patient.
Et il sortit sur les plaintes geignardes du souffrant :
-Malik, c'est pas drôle, redresse-moi s'il te plait ! Malik !
Mais l'autre ne l'écoutait pas, avançant dans les couloirs pour regagner sa propre chambre, au service psy de l'hôpital. Peut être le fait d'avoir lui-même échapper à la mort le rendait plus distant face au deuil, mais il avait entamé la phase de l'acceptation. Il était triste pour Shaun, et Rebecca lui en voudrait probablement d'être en vie et pas lui. Mais il sentait monter en lui une pointe d'allégresse à l'idée que tout soit fini. La police avait arrêté et enfermé Judith. Tout allait bien… en apparence. Il était loin de se douter ce que son père avait fait avant de partir, et la roue du destin leur réservait encore des surprises. Les prochain mois seraient terribles.
Mais ça, c'était une autre histoire…
Epilogue : A la prison d'état.
Abbas, regardant la télévision dans la salle commune, fut soudainement appeler par la direction. Deux gardes le conduisirent jusqu'au bureau du directeur et le firent entrer. Il rit calmement place devant le grand homme maigre, qui le regardait avec un savant mélange de mépris et de pitié (idéalement dosé après des années d'exercice de ce métier) et attendit quelques instants pour laisser planer une atmosphère d'incertitude. Après quoi, il se racla la gorge, remis ses affreuses lunettes rondes sur son nez cassé, croisa les mains sur le bureau puis parla :
-Je ne sais pas comment vous avez réussi un coup pareil, mais vous avez des amis haut placés.
-Je vous demande pardon ? demanda calmement le criminel en levant un sourcil.
Etrangement, il n'était pas étonné, il y avait tout le temps des histoires bizarres dans cette prison, et le sombre bonhomme radotait de plus en plus.
-Ne me prenez pas pour un idiot Abbas, je sais que votre réseau de corruption est étendu. Je suis simplement surpris de constater que même qu'un membre du conseil d'Etat soit derrière vous. Je ne peux, à mon grand regret, pas aller contre ses ordres, mais vous êtes libre…
-Pardon ?! sursauta l'homme en costume orangé.
Celle la, on ne la lui avait jamais faîtes. Il s'attendait à ce que cette tête de rapace lui annonce qu'il s'agissait d'une blague, mais il fit signe au garde de lui retiré les menottes.
-On va vous rendre vos affaires, vous pouvez y aller. Mais croyez bien que si jamais je vous revoie ici, je m'assurerais que vous receviez la dose cette fois. Maintenant houst !
Ne comprenant toujours pas, ce qui venait de ce passer, ni qui était son bienfaiteur, on lui redonna ses effets personnels, et en moins d'une demi-heure, il était à la porte de la prison. Un sourire étira ses lèvres lorsqu'il sentit la brise et qu'il vit cette grande étendue sans barreaux, ni barbelés, ni gardiens. Il sentait monter l'ivresse da la liberté, perdue depuis six ans. Il ne savait pas encore ce qu'il allait faire (il avait une petite idée sur la question), mais il savait déjà où il allait se rendre en premier.
Fin du cycle
Note : « L'acceptation de la mort et du deuil passe toujours par les cinq mêmes étapes : le déni, la colère, les négociations, la dépression, l'acceptation » Five Stages of Grief, Elisabeth Kübler-Ross
Nous voici donc à la fin de ce Cycle, basé sur la rédemption. Altaïr et Malik se sont réconciliés, mission accomplie. Mais ce n'est, comme je le laisse présager, pas la fin de cette histoire. Je vous annonce déjà un autre cycle, qui fera office de suite. J'en parlerais plus en détail dans la postface demain.
D'ailleurs, je vous incite à me poser toutes vos questions, faire toutes les propositions de scénario ou de situations que vous aimeriez voir. Faites-le avant demain, c'est votre dernière occasion de vous exprimer ^_^ Je ferais la synthèse de tout et je répondrais à toutes vos question si elles sont postées avant 21h30 et je posterais la postface vers 22h30-23h00.
Voilà, encore merci. Bonne soirée ou journée !
