Fête - 174 mots

C'était une grande fête comme il y en avait déjà eu des dizaines, et Montaigne ne pouvait nier qu'il appréciait bien plus celle auxquelles il avait participé à Paris. Là, au moins, il était plus libre, et puis il n'était pas encombré par cette charge de magistrat qui ne l'avait jamais enchanté vraiment.

"Monsieur de Montaigne, mon ami, l'interpela monsieur de Lur. Venez donc par ici un instant."

Montaigne le rejoignit volontiers et se retrouva face à un homme à peine plus âgé que lui, qu'il n'avait jamais vu de sa vie et qui le dévisageait avec curiosité.

"Vous êtes Montaigne ? s'enquit l'inconnu.

-Vous êtes La Boétie ? répliqua Montaigne sans savoir comment il l'avait su."

L'inconnu sourit.

"Je vous connais avant de vous avoir vu ! s'exclama alors le jeune magistrat, enchanté de rencontrer enfin ce pair dont il avait tant entendu parler.

-Je vous devinais, répondit La Boétie en lui serrant la main."

Montaigne n'en n'avait pas tout à fait conscience encore, mais c'était son frère d'âme qu'il venait de rencontrer.

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Balade - 117 mots

Montaigne n'était pas un grand marcheur, mais il aimait toujours les balades qu'il faisait avec La Boétie. Ce n'était pas juste marcher sur un chemin inégal, essayer de s'intéresser à une conversation en rêvassant à moitié, ou finir éreinté et mort de soif. Avec son frère d'alliance, c'était différent. C'était tellement agréable, c'était l'un des moments de la journée qu'il préférait, quand ils rentraient chez eux après leur journée de travail au Parlement. Ou, plutôt, qu'ils essayaient de rentrer chez eux. En fait, si leur trajet de retour pouvait faire office de balade, c'était parce qu'ils ne faisaient que se raccompagner d'une maison à l'autre, sans s'arrêter. Ils avaient toujours des tonnes de choses à se dire.

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Pizza - 118 mots - UA moderne

Ils avaient encore passé la soirée à discuter, et au final, La Boétie s'aperçut beaucoup trop tard qu'il aurait dû être rentré chez lui depuis un bon moment, à cette heure. Sa femme Marguerite était compréhensive et elle savait à quel point son époux était attaché à son meilleur ami, mais parfois, elle manifestait, en soupirant, son désappointement de ne pas le voir plus souvent. La Boétie regarda de nouveau l'heure. Puis Montaigne qui était toujours avachi dans le canapé à côté de lui, le téléphone à la main, un haussement de sourcils interrogatif sur le visage. La Boétie soupira.

"Très bien. Commandons des pizzas."

Au point où il en était, il pouvait bien tarder encore un peu.

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Vendanges - 157 mots

C'était l'époque des vendanges au domaine des Montaigne, et Pierre Eyquem, le père du jeune magistrat, avait décidé que son fils aîné devrait se charger lui-même de superviser les opérations, cette année. Bien sûr, le seigneur du domaine avait aussi vu Monsieur de La Boétie débarquer avec son fils, ce qui ne l'avait pas surpris puisque les deux hommes étaient inséparables depuis le jour même de leur rencontre. Mais, lorsque Pierre Eyquem revint sur les lieux quelques heures plus tard, il trouva l'ami en train de surveiller les vendanges et non pas son aîné.

"Monsieur de La Boétie, puis-je vous demander où se trouve mon fils ? s'enquit-il en fronçant les sourcils.

-Il avait quelques... affaires urgentes, répondit le jeune magistrat avec sérieux et aplomb."

Ce faisant, il jeta un coup d'oeil agacé vers l'endroit où son frère d'alliance s'était sauvé en compagnie d'une jolie paysanne. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour son frère d'âme !