One-shot écrit dans le cadre de la cent-trente-troisième nuit d'écriture du FoF (Forum Francophone), sur le thème "Chou". Entre 21h et 4h du matin, un thème par heure et autant de temps pour écrire un texte sur ce thème. Pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un MP ! Texte écrit en une heure deux jours après la Nuit.

Je me suis soudainement aperçu que j'avais besoin de petit Corrin – bébé Léo dans ma vie. U.A léger, du coup. Parce que même si les années dans Fates sont bancales, j'imagine qu'à aucun moment cette configuration n'est possible dans le canon.


Corrin était un enfant réservé, fuyant et inquiet, tout le monde à la cour du roi Garon l'avait remarqué. Pourtant, on aurait pu croire le contraire, avec les grands yeux rouges curieux qu'il posait sur le monde, mais il passait le plus clair de son temps à se cacher et à fuir les gens, comme s'il en avait peur. Bon, c'était vrai aussi que son arrivée en Nohr était très récente. Personne ne connaissait la concubine hoshidienne avec laquelle le roi l'avait conçu, mais puisqu'elle n'était pas avec lui, c'était que leur séparation avait dû être brutale et traumatisante. Peut-être même qu'elle avait été tuée devant les yeux de son fils…

Pour l'instant, même la douceur et la tendresse de deux des aînés du roi, Xander et Camilla, ne paraissaient pas avoir beaucoup d'effet sur le caractère farouche de Corrin, mais il y avait une femme, en Nohr, qui avait remarqué que c'était peut-être par un autre moyen qu'ils pourraient rendre le sourire au petit prince. Cette femme était une nounou, celle du prince Léo, âgé de sept mois, et à plusieurs reprises, elle avait aperçu le petit garçon qui l'observait depuis le seuil de la nurserie royale. Caché derrière le rideau crème qui délimitait une des sections de l'immense pièce, il regardait le bébé tout blond comme leur père qu'elle berçait ou nourrissait au biberon. Plusieurs fois, elle avait essayé de l'appeler et il s'était aussitôt enfui, mais peut-être qu'en tentant une autre approche…

Ce jour-là, le prince Léo faisait un peu de fièvre. Ses petites joues étaient rouges comme deux tomates et, s'il ne pleurait pas plus fort que d'ordinaire quand il avait faim ou mal quelque part, il refusait obstinément de s'alimenter. Sa nounou soupira et remarqua soudain que le petit Corrin était encore tapi à l'extérieur, à l'observer avec de grands yeux inquiets. Ça ne devait pas lui plaire de savoir que le bébé était malade, et il esquissa même quelques pas incertains sur les dalles rêches, qui devaient être bien froides sous ses petits pieds nus. La nounou sourit et en profita pour l'appeler :

« Messire Corrin ? Si vous en avez le temps et l'envie, j'aurais besoin de votre aide. Votre petit frère n'a pas beaucoup de fièvre, mais sa gorge doit lui faire mal et il a peur, donc il refuse de manger. Il se sentira peut-être mieux en voyant son grand frère. »

Le petit Corrin ouvrit de grands yeux surpris et, sembla-t-il à la nourrice, pleins d'espoir.

« Tu crois ? demanda-t-il en faisant quelques pas vers elle, avant de se raviser. Mais si jamais il a peur de moi ? On se connaît à peine…

-Vous n'apprendrez jamais à vous connaître si vous restez chacun dans votre coin, l'encouragea la brave femme. Venez, Messire Corrin. Ça vous fera plaisir à tous les deux. »

Le petit prince ne se le fit pas dire deux fois et se précipita dans leur direction, abandonnant les dalles rêches de l'entrée pour les tapis doux et moelleux sur lesquels la nourrice s'agenouilla. Corrin en fit de même et ouvrit de grands yeux curieux en observant bébé Léo, comme s'il voulait graver le moindre détail de son visage dans sa mémoire.

« C'est la première fois que je le vois d'aussi près ! s'enthousiasma-t-il avec une énergie qui surprit et rassura la nourrice tout à la fois. Est-ce qu'il a vraiment très mal à la gorge ? Est-ce que je peux le prendre ? S'il te plaît ?

-Bien sûr ! répondit-elle en s'efforçant d'empêcher son cœur de chavirer devant tant de tendresse. Venez par ici. Vous serez mieux sur cette banquette. »

Elle se redressa et l'enfant grimpa aussitôt sur le canapé qu'elle lui indiquait, directement entre les coussins multicolores et les peluches. Il tendit ensuite les bras avec impatience et elle lui remit doucement le bébé dans les bras, calant sa tête sur le bras de son frère avec une multitude d'oreillers. Corrin pencha la tête sur son cadet et un unique soupir lui échappa.

« Il est tellement petit ! remarqua-t-il avec un amour qui émut la bonne femme aux larmes. Je peux essayer de lui donner à manger ?

-Évidemment, Messire Corrin. Mais ne vous en voulez pas trop s'il refuse de s'alimenter. Comme je vous l'ai dit, sa gorge est un peu irritée. »

De son côté, bébé Léo avait cessé de pleurer pour observer cette nouvelle personne qui le tenait dans ses bras et qu'il ne connaissait pas. Ses yeux bruns se fixèrent sur le visage pâle de son frère avec la même curiosité que Corrin quand il le regardait. Puis, il fourra une de ses petites mains dans sa bouche et tendit l'autre dans sa direction.

« Il m'a souri ! se réjouit le petit garçon qui interpréta aussitôt ce geste comme un signe d'affection. Tu as vu ? Il m'a souri ! »

Tout heureux, il prit les petits doigts doux et lisses du bébé dans les siens et les embrassa plusieurs fois, puis il se pencha pour faire de même avec son front.

« Son biberon, Messire Corrin, l'interpela la nourrice. Tenez. Gardez-le bien incliné pour qu'il puisse boire mais pas trop pour lui éviter de s'étouffer.

- Regarde, Léo, c'est moi qui ai ton biberon, annonça Corrin à son petit frère en lui présentant la bouteille de lait. Tu veux bien en boire un peu pour moi ? Je sais que ça te fait mal, mais à nous deux, on devrait pouvoir y arriver. »

Le bébé le regarda encore de ses grands yeux, puis il posa ses petites mains sur la bouteille et ouvrit sa bouche minuscule. Le visage de Corrin s'illumina et il pencha le biberon vers lui, le regardant marquer un instant d'hésitation avant de mordre dans la tétine et de boire lentement le lait que son frère lui présentait.

« Ça marche ! se réjouit l'enfant en posant un regard ému sur son petit frère. Tu crois que ça lui a fait du bien de me voir ?

-J'en suis sûre, Messire Corrin, lui assura la nounou en souriant. Il sait que vous êtes son grand frère et vous deviez lui manquer.

-Je suis désolé… Je suis désolé, Léo, répéta le petit prince au bébé. À partir de maintenant, on fera autant de choses ensemble que possible ! Ça te va ? »

Bébé Léo continua de le dévisager en engloutissant le lait. C'était vraiment beaucoup trop chou. Spontanément, la nourrice posa sa main sur les mèches blanches de Corrin et, pour une fois, il ne se déroba pas.

« Vous avez fait du très bon travail, Messire Corrin, le complimenta-t-elle. La vie dans ce château n'est pas toujours facile, mais je suis rassurée de savoir que vous veillerez toujours sur Messire Léo.

-Bien sûr, tu peux compter sur moi !

-C'est parfait. Alors que diriez-vous de lui lire une histoire quand il aura terminé, pour l'aider à s'endormir ?

-Oh, avec plaisir ! »

Après toutes ces semaines, le petit prince s'éveillait enfin. Il n'était plus apeuré, distant ou réservé, plus maintenant qu'il avait un tout petit frère à tenir dans ses bras. Au contraire, il devenait gentil, volubile et attentionné. Il se disait sans doute que, puisque Léo avait besoin de lui, il ne devait pas se montrer faible. Avoir un petit frère semblait lui donner de la force, dont celle de surmonter toutes ses peurs.