One-shot écrit dans le cadre de la cent-cinquantième nuit d'écriture (du Chaos) du FoF (Forum Francophone), avec pour contraintes "Quinquet" et Le texte doit finir par la première phrase d'un OS précédent.

Entre 21h et 4h du matin, un thème par heure et autant de temps pour écrire un texte sur ce thème. Pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un MP !


Robin n'était pas qu'un stratège hors-pair. Il était aussi ingénieux, intelligent et doué de ses mains.

Pendant ses longues semaines dans sa cellule, il avait perfectionné, avec les quelques objets qu'on lui avait jetés, la lampe à huile qui constituait sa seule et unique source de lumière.

Ce n'était pas que ce qui se trouvait de l'autre côté de la grille était spécialement réjouissant, au contraire.

Depuis que, possédé par la main vengeresse de Grima, il avait tué Chrom, le corps de son ami était toujours étendu, froid et sans vie, sur les dalles de la pièce.

Évidemment, Robin était mort d'angoisse et de douleur à l'idée de voir son ami se décomposer et, surtout, de savoir que c'était lui qui l'avait tué. De savoir aussi que Chrom ne reviendrait plus.

Mais il fallait qu'il continue de voir les choses qu'il avait faites. Sinon, Grima parviendrait à le posséder complètement et il refusait que ça arrive.

Qui sait ? S'il tenait assez longtemps, peut-être que ses amis parviendraient à le retrouver et à l'occire quand il en était encore temps.

C'était pour ça que le stratège avait fabriqué ce quinquet, pour économiser l'huile qu'il avait à disposition.

Et, depuis, il attendait, étendu à plat ventre sur les dalles rêches de sa cellule, au milieu de toutes les autres, qui étaient vides.

Il attendait que sa réserve de lumière s'épuise et que tout soit perdu ou bien que quelqu'un vienne le délivrer et que la menace qu'il représentait cesse d'exister.

Il attendit longtemps, très longtemps.

Le niveau d'huile diminua.

Le corps de Chrom commença à pourrir et Robin cria et pleura longtemps de culpabilité et de désespoir.

La lumière continua de brûler dans le quinquet.

Au bout de plusieurs semaines, le stratège sentit soudain la présence de sa femme, Tharja, qui se rapprochait de lui, qui le trouvait presque.

Ce fut cette présence qui le décida à changer radicalement d'avis et de se laisser aller aux ténèbres.

En effet, Tharja ne pourrait jamais se résoudre à mettre fin à ses souffrances, à moins de se suicider juste après, pour le rejoindre dans la mort.

Il n'était pas sûr que leurs deux petites filles, Noire et Linfan, sauraient la convaincre de rester.

Son épouse bien-aimée ne devait pas le retrouver. Il en devait de la sécurité et du bonheur de leurs enfants.

Alors, il ramena la lampe près de lui et souffla la flammèche.

Il se retrouva dans le noir et attendit que la mauvaiseté de Grima l'emporte.

Désormais, il ne faisait presque qu'un avec la nuit et le désespoir.

Robin avait l'impression de sentir la puanteur de ces geôles – un mélange de terre, de sueur et de sang –, jusque sur sa langue.