Des amis pour la vie
Mission en Russie
Il était à peine 5h du matin. En cette belle matinée de printemps, Heero, Duo, Trowa, Quatre et Wufei avaient été convoqués par leurs mentors. Ils se trouvaient tous les cinq dans le bureau des ingénieurs et attendaient patiemment que ces derniers daignent faire leur apparition. Les réveiller aussi tôt en tambourinant à la porte de leur cabine, et les faire patienter aussi longtemps par la suite était impardonnable !
-Ils vont se bouger les papis ! Lâcha Duo, énervé.
-Du calme Duo, fit Quatre, encore un peu endormi. Si ils nous ont réveillé si tôt, ils doivent avoir leur raison.
-Ils ont intérêt, enchaîna Wufei, l'œil assassin.
Trowa et Heero restèrent silencieux. Ils n'étaient pas non plus très heureux d'avoir été réveillés aux aurores pour rien. Pour changer de sujet, Quatre demanda :
-Duo, as-tu réussi à avoir des nouvelles de Réléna ?
L'effet escompté par Quatre ne fut pas celui qu'il attendait. Duo devint encore plus énervé.
-Non ! Ça fait deux semaines qu'elle ne répond pas à mes messages !
-Duo, ça va bientôt faire deux ans qu'elle est partie en Russie. Fiche lui la paix ! Lâcha Heero durement. Elle n'a pas besoin d'un chaperon !
Duo lui lança un regard noir et répondit :
-Je prends des nouvelles de mon amie ! Mais je comprends ton point de vue puisqu'elle n'a jamais été la tienne !
-Ça c'est sûr ! Rétorqua Heero, stoïque.
-Calmez-vous ! Fit Quatre, d'une voix douce. Vous n'êtes pas ennemis.
Heero et Duo ne répondirent pas mais évitèrent de se regarder à nouveau. Puis Wufei déclara :
-Si elle ne répond pas, elle doit avoir une raison valable Duo. D'habitude, tu as des nouvelles régulièrement, il n'y a pas de raison que ça change.
Duo lui fit un sourire et répondit plus calmement :
-Tu as raison Wufei, merci.
-Elle est probablement en mission, ajouta Trowa. Elle te donnera elle-même de ses nouvelles dès qu'elle le pourra.
-J'espère qu'elle va bien, ajouta Duo, un peu inquiet.
Quatre allait ajouter quelque chose pour le rassurer, mais la porte du bureau s'ouvrit. Les mentors firent leur apparition, accompagnés de Sally.
-Excusez-nous pour ce léger retard, fit J.
-Léger ? Lâcha Duo, dépité.
-Sans commentaire ! Répondit G, son mentor, à l'encontre de son élève.
Duo laissa tomber mais l'expression blasée qu'il laissait apparaître voulait tout dire. Les scientifiques invitèrent les jeunes à s'installer autour de la table, puis prirent place à leur tour. Sally s'assit à côté de J, et ce dernier déclara :
-Nous avons une mission en urgence à vous confier !
Les jeunes étaient toute ouïe. Bizarrement, après avoir entendu les mots « mission » et « urgence », ils étaient complètement réveillés.
-Sally vient d'avoir les coordonnées d'une ancienne usine d'Oz, en Russie. Oz est en train de la faire rénover afin de construire des Armures Mobiles. Votre mission : la détruire le plus rapidement possible. Les travaux de rénovation sont déjà bien entamés. Mais ce ne sera pas une mince affaire de la détruire. Vous devrez fouler le sol russe discrètement, le pays étant très surveillé par l'Alliance en ce moment suite à plusieurs attaques contre les structures d'Oz établies dans ce pays. Vous allez donc devoir agir sans Armures Mobiles, et vous devrez vous fournir en armes sur place. Quant à l'usine, elle est également bien surveillée.
Les cinq jeunes se regardèrent aussitôt. Est-ce qu'il plaisantait ? Se fournir en armes sur place ? Mais J semblait très sérieux, il ne souriait pas. Quant aux autres mentors, ils paraissaient également très sérieux. Duo reprit :
-Bon, d'accord, c'est une mission en urgence. Mais pourquoi nous avoir réveillés aussi tôt ? Ça ne pouvait pas attendre quelques heures ?
-Non, ça ne pouvait pas attendre. Vous partez dans un tout petit peu plus d'une heure, répondit J, c'est la raison pour laquelle nous vous avons réveillé aussi tôt. Préparez-vous et prenez le minimum vital avec vous. Vous allez prendre une navette de voyageurs afin d'être discrets. Je vous transmettrai les coordonnées de votre planque et celles de l'usine à détruire une fois que vous serez arrivés en Russie. Il ne faudrait pas que lors d'un contrôle, on fouille vos affaires et qu'on trouve ces cordonnées. Vous seriez foutus.
-Combien de temps allons-nous rester sur place ? Demanda Wufei.
-Aucune idée, répondit O. Cela va dépendre de la tournure que va prendre cette mission. Il sera plus difficile de vous faire revenir que de vous faire partir.
-Vous pouvez disposer, termina S. Préparez vos affaires rapidement, vous partez dans une demi heure maximum.
-Nous vous souhaitons bonne chance, termina J.
Les jeunes se levèrent aussitôt et détalèrent dans leurs cabines afin de préparer leurs affaires. J se tourna vers Sally et demanda :
-Comment se porte ton ancienne élève ?
-Elle se porte très bien, répondit Sally en souriant. Elle est actuellement en infiltration pour Dimitri.
-Comment es-tu au courant ? Demanda G, surpris.
-Dimitri m'a téléphoné hier soir et quand je lui ai demandé des nouvelles de mon élève, il m'a tout raconté. Sa mission se termine dans quelques heures normalement. Ça fait deux semaines qu'elle se fait passer pour une ennemie de Dimitri auprès de plusieurs petits groupuscules opposés à son chef. Ils n'acceptent pas la suprématie de Dimitri sur le marché du trafic d'armes en Russie. Vraisemblablement, il semble qu'il y ait un traître dans les rangs de Dimitri qui divulgue tout à ces groupuscules, et elle doit récolter des informations pour le dénicher.
-Dis-moi Sally, tu as souvent Dimitri au téléphone comme ça ? Demanda H, le sourire aux lèvres.
Sally se mit à rougir aussitôt et répondit :
-Qu'insinuez-vous par là ? C'est strictement professionnel !
-Oui, bien entendu, on n'en doute pas un seul instant, rétorqua S en souriant.
-Bon, ça suffit ! Trancha Sally, gênée. Je n'ai pas le temps, il faut que je conduise vos élèves à l'aéroport spatial.
Elle détala au quart de tour du bureau des cinq ingénieurs, qui éclatèrent de rire. La blonde vénitienne se dirigea vers l'entrée du bâtiment et attendit les cinq jeunes, qui arrivèrent quasiment en même temps. Ils portaient tous un léger sac à dos qui devait contenir quelques affaires de rechange et des vivres. Ils devraient se fournir le reste sur place. Sally les invita à les suivre à l'extérieur du bâtiment. Elle s'arrêta devant un pick-up de couleur beige. Wufei monta à l'avant avec elle pendant que les quatre autres grimpaient à l'arrière.
Ils arrivèrent à l'aéroport spatial un quart d'heure plus tard. Les cinq jeunes descendirent du véhicule, mais pas Sally. Elle leur tendit de faux papiers qui allaient leur permettre de prendre la navette en toute tranquillité, les faisant passer pour des lycéens. Avec les faux papiers, elle leur délivra également des billets pour prendre la navette.
-Bonne chance ! Lâcha-t-elle en souriant. Votre navette part dans moins de vingt minutes. Si j'étais vous, je me presserais un peu.
Les jeunes la saluèrent et prirent la direction de l'entrée de l'aéroport. Ils furent contrôlés à l'entrée et passèrent sans problème. Une employée leur donna la direction à suivre pour prendre leur navette. Ils furent à nouveau contrôlés à l'entrée de la navette, où une queue se formait. Dix minutes plus tard, ils avaient pris place dans le transporteur, les uns à côté des autres. Les places étaient quasiment toutes occupées
-Je suis claqué ! Lâcha Duo en baillant et en s'étirant les bras.
-Pareil, ajouta Quatre en fermant les yeux.
Wufei ne dit rien mais ferma également les yeux. Trowa attrapa un livre, quant à Heero, il décida de faire joujou avec sa tablette tactile. La voix d'une femme se fit entendre au micro :
La navette à destination de Moscou va partir. Nous demandons aux derniers passagers de bien vouloir prendre place à bord. Attention à la fermeture automatique des portes.
Quelques personnes entrèrent dans la navette en courant. Ils avaient eu chaud, les portes commençaient à se refermer. Elles s'installèrent en silence, pendant que les bruits des moteurs se faisaient entendre. La navette prit de la vitesse et décolla rapidement. Quelques minutes plus tard, les passagers entendirent à nouveau la voix féminine au micro :
Messieurs Dames, bonjour et bienvenue à bord du vol 317-12 à destination de Moscou. La navette arrivera à destination dans un peu plus de six heures. La compagnie et son personnel vous invitent à profiter de la vue et vous souhaitent un agréable voyage.
La vue était effectivement splendide. L'espace... Cette étendue infinie était tellement belle. Heero la contempla quelques instants en silence. De là, il pouvait également apprécier la vue de la Terre. Qu'elle était belle cette grande étendue bleue. Il se sentait plus petit qu'un grain de sable à côté de cette immensité. Trowa leva les yeux de son livre et s'aperçut du mutisme d'Heero devant la splendeur des lieux. Il admira à son tour la vue, et déclara :
-Telle est la tâche de l'homme : conquérir l'espace et sanctifier le temps ! (1)
Heero croisa son regard, fit un petit sourire et déclara :
-Je ne suis pas Réléna, je n'apprécie pas la littérature autant qu'elle ou toi.
-C'est bien dommage, répondit Trowa en reprenant la lecture de son livre. Elle elle m'aurait répondu quelque chose d'intelligent.
Wufei pouffa de rire devant le regard noir que lançait soudain Heero à son ami littéraire. Mais Trowa n'y faisait pas attention, même s'il sentait l'animosité de son ami brun. Quant à Quatre, il ne dormait pas vraiment et souriait tout en gardant les yeux fermés. La façon dont Trowa avait bouclé Heero était assez marrante. Duo, lui, n'avait rien entendu, il dormait comme un gros bébé. Wufei pensa que c'était bien dommage, il aurait été le premier à exploser de rire si il avait vu la scène.
Trois heures plus tard, aux environs de 10h, les cinq amis dormaient tous profondément. Ils avaient réussi à trouver le sommeil dans les bras de Morphée. Mais la sonnerie du téléphone de Duo retentit et les éveilla. Duo fut le seul à se réveiller en sursaut, son portable étant dans sa poche, et il lâcha, énervé :
-Bordel de merde, quel est le connard qui ose me réveiller !
Il attrapa son portable avec rage mais son expression se radoucit aussitôt quand il vit le nom de son interlocuteur apparaître. Ses amis furent surpris par l'expression à la fois heureuse et inquiète de leur ami. Duo décrocha, la main tremblante, et porta le cellulaire à son oreille. Puis il déclara, la voix haletante :
-Léna c'est bien toi ?
-Salut Duo, répondit la jeune fille, la voix fatiguée.
-Putain Léna, j'étais super inquiet !
-Je sais Duo, désolée. Je ne pouvais pas te parler avant, j'étais très occupée.
Le jeune homme savait qu'elle choisissait bien ses mots. Leurs communications étaient normalement cachées, mais on ne savait jamais. Elles pourraient quand même être interceptées. Quand elle avait dit « j'étais très occupée », il avait bien compris « j'étais en mission ». Trowa, Quatre et Wufei étaient maintenant complètement réveillés. Voilà deux semaines que la jeune fille n'avait pas donné de nouvelles et ils s'étaient inquiétés, même si ils ne l'avaient pas tous expressément avoué. Seul Heero avait pris ça très à la légère, il s'en fichait royalement. D'ailleurs, il venait de reprendre sa tablette et faisait à nouveau joujou avec, comme si de rien n'était.
-Léna, tu sembles crevée, je me trompe ?
-Un peu j'avoue, répondit la jeune fille, la voix un peu enrouée. Je rêve de rejoindre mon lit en ce moment et de dormir dans les bras de Morphée.
Duo éclata de rire, sous les plaintes des autres passagers qui ne souhaitaient que le calme. Il s'excusa aussitôt en leur faisant son plus beau sourire :
-C'est quoi les cris que je viens d'entendre ? Vous êtes où ? Demanda la blonde.
-Euh... On est dans une navette, et on va bientôt être très occupés, répondit Duo en langage codé.
-Ah, OK, je vois, répondit la blonde en riant.
Quatre demanda à parler à son amie, et Duo obtempéra. Il lui fit un peu la conversation, pendant laquelle ils discutèrent des derniers artistes musicaux qui les avaient marqués. Il passa ensuite le téléphone à Wufei, qui à son habitude, balança des vannes sexistes à la blonde, morte de rire à l'autre bout du fil.
-Passe-la moi, fit Trowa.
Wufei obtempéra et Trowa salua la blonde, qui en fit autant. Puis il déclara :
-Si je te dis « Telle est la tâche de l'homme : conquérir l'espace et sanctifier le temps ! », qu'est-ce que tu me réponds ?
Le silence s'installa. Heero sembla curieux car il venait de relever la tête. Il voulait savoir ce que Trowa attendait comme type de réponse. Il s'était fait avoir comme un bleu quelques heures auparavant par cette question. Réléna ne semblait pas étonnée par l'interrogation surprise de son ami. Les conversations qu'elle avait avec Trowa étaient souvent très brèves et intellectuelles. Elle prit le temps de la réflexion quelques secondes, réfléchissant à la meilleure réponse à donner, et Trowa leva le téléphone pour que ses amis entendent la réplique de leur amie. Cette dernière finit par déclarer :
-Une seule pensée de l'homme vaut plus que l'univers tout entier (2).
Trowa fit un sourire. Cette réponse était très satisfaisante pour lui. Il fit un sourire de victoire à Heero, qui replongea aussitôt sur sa tablette, et tendit le téléphone à Duo. Ce dernier n'avait pas compris pourquoi Trowa avait fait ça, mais devant les mines amusées de Quatre et Wufei, il devina qu'il avait loupé quelque chose d'important. Quatre lui promit qu'il lui expliquerait plus tard. Duo reprit la conversation avec son amie, puis soudain, il déclara :
-Léna, Heero te passe le bonjour.
-Mais bien sûr, répondit la blonde comme elle avait l'habitude de le faire.
Heero n'avait pas bronché et faisait comme si il n'avait pas entendu. Ses autres amis pouffaient, ils avaient compris la réponse vu la tête amusée de Duo.
-Il dit que sa rivale lui manque énormément, il se fait chier au tir, il n'y a plus personne arrivant à son niveau, enchaîna Duo.
-De mieux en mieux, continua Réléna à son tour.
Quatre avait explosé de rire, et Trowa et Wufei pouffaient toujours dans leur coin. Seul Heero n'était pas amusé par la situation. Duo se tourna vers Heero, lui tendit le téléphone, et demanda :
-Tu veux lui parler ?
Heero lui lança un regard noir et répondit :
-Je n'ai rien à lui dire. Et je n'ai pas besoin de ses nouvelles, ce n'est pas mon amie !
-J'ai entendu, lâcha Réléna, dépitée.
-Tant mieux, répondit le brun en retournant contempler sa tablette.
-Fais pas attention à ce qu'il dit, fit Duo en portant à nouveau son portable à son oreille.
-Duo, il y a bien longtemps que je n'écoute plus ce qu'il dit. Bon, je te laisse, je dois aller voir mon boss. Et puis j'ai pas mal d'heures de sommeil à rattraper. On se parlera mieux une autre fois.
Ils se saluèrent et raccrochèrent. Duo se tourna vers Heero et déclara :
-T'es vraiment trop con !
Heero ne releva même pas les yeux de sa tablette et fit comme si il n'avait rien entendu. Les autres ne firent aucun commentaire mais ils n'en pensaient pas moins.
Russie, Ville de Marfino, 10h30, Casino ZINOVIYA :
Un homme mesurant près d'1m90 était installé derrière son bureau en chêne massif. Sa musculature impressionnante était cachée par le smoking noir qu'il portait. Il était blond aux yeux verts foncés, ce qui accentuait sa sévérité. Ses cheveux étaient mi-longs et coiffés en queue de cheval. Il semblait très nerveux depuis quelques jours, attendant d'importantes nouvelles. Il était occupé à remplir de la paperasse, quand soudain, le téléphone de son bureau sonna. Il attrapa le combiné, très agacé qu'on le dérange, et répondit, d'une voix dure :
-Pourquoi me dérangez-vous aussi tôt Grigory ?
-Monsieur Zinoviya, excusez-moi, mais Réléna est de retour, répondit une voix d'homme. Elle est passée devant l'accueil sans se faire annoncer, alors j'ai pensé qu'il serait mieux de vous prévenir de son arrivée.
-Pas de problème Grigory, ne vous en faites pas, répondit l'homme blond.
Il remercia son interlocuteur brièvement, raccrocha, et se leva de son bureau, l'air plus décontracté. Il semblait même enjoué. Il traversa rapidement la grande pièce qui était son espace de travail, ornée de bibliothèques, meubles en chêne, statues et tableaux en tout genre, qui valaient une fortune, puis il ouvrit la porte. Il se retrouva alors nez-à-nez avec une jeune fille aux longs cheveux blonds détachés, âgée de presque 17 ans. Elle était vêtue d'un long manteau noir en cuir arrivant à ses genoux, d'un caraco blanc, et de boots de la même couleur qui surmontaient son jean slim bleu. Elle allait justement frapper à la porte. Elle avait le bras en l'air et avait été freinée dans son mouvement. Elle abaissa le bras, un peu déconcertée. Les deux protagonistes se regardèrent, amusés.
-Ma favorite ! Fit l'homme en la prenant dans ses bras.
La blonde répondit à son étreinte et ajouta :
-Moi aussi je suis contente de te revoir Dimitri. Ces deux semaines m'ont semblé longues, trop longues ! Me faire passer pour ton ennemie a été l'une des missions les plus difficiles de ma vie.
Dimitri la lâcha, l'invita à entrer dans son bureau puis referma la porte. Il invita la jeune femme à s'asseoir en face de son bureau, prit place de l'autre côté, puis attrapa le combiné. Grigory répondit :
-Oui Monsieur Zinoviya ?
-Mademoiselle Pô et moi allons avoir une conversation très importante, alors je ne veux être dérangé par personne.
-Bien Monsieur, répondit son interlocuteur.
Dimitri raccrocha à nouveau, puis se tourna vers Réléna. Il demanda :
-Alors ? Tu as trouvé notre Judas ?
La jeune fille lui fit un sourire en coin et répondit :
-Notre Judas et ses complices !
La jeune femme avait bien insisté sur le mot « et ». Dimitri parut plus qu'intéressé et l'invita à continuer...
Russie, Moscou, aéroport, 13h10 :
Messieurs Dames, la navette arrivera à l'aéroport de Moscou dans quelques minutes. La compagnie et son personnel espèrent que vous avez passé un excellent voyage. Avant de descendre, assurez-vous de n'avoir rien oublié à vos places.
Les passagers de la navette commencèrent à attraper leurs affaires et à se lever. Heero, Duo, Trowa, Quatre et Wufei en firent autant. La navette stoppa complètement sa course au bout de quelques minutes, puis les portes s'ouvrirent automatiquement. Une fois sortis de la navette, les cinq jeunes se frayèrent un chemin au milieu de la foule. Ils réussirent à sortir de l'aéroport un bon quart d'heure plus tard. Ce qui les frappa en sortant, c'était le nombre important de soldats de l'Alliance qui surveillaient la zone. J n'avait pas exagéré en disant que leur mission allait être très tendue.
Le ventre de Duo criait famine depuis plus d'une heure, et dès qu'il vit le restaurant italien en face de l'aéroport, il proposa aussitôt à ses coéquipiers de s'y rendre. Ses amis n'y virent aucun inconvénient. De toute façon, ils n'avaient nulle part où aller pour le moment. Ils devaient attendre des nouvelles de J. Ils prirent donc la direction du restaurant. Une fois à l'intérieur, ils trouvèrent la salle pleine. Un serveur arriva et les invita à monter à l'étage. Ouf, Duo allait quand même pouvoir se rassasier, il avait eu peur de devoir attendre trop longtemps. Les jeunes montèrent donc à l'étage et trouvèrent de nombreuses tables vides. Ils s'installèrent à l'une d'elle et un serveur prit leur commande. Une fois servis, les garçons entamèrent une conversation :
-J'espère que J ne va pas trop tarder pour prendre contact avec nous, déclara Quatre.
-Il ne manquerait plus que ça ! Répondit Duo. Déjà qu'il nous a fait lever aux aurores ! J'ai hâte d'être à la planque pour me reposer un peu.
Trowa et Wufei acquiescèrent. Eux aussi étaient fatigués, même si ils avaient dormi quelques heures dans la navette. Heero ne fit aucun commentaire et mangea en silence. Mais il espérait également que J ne tarderait pas trop à les contacter. Le silence se fit, puis tout d'un coup, Duo déclara :
-Si ça se trouve, on va voir Réléna !
-Ne rêve pas trop ! Répondit Heero. La Russie est immense. Ce serait une sacrée coïncidence que nous la croisions.
-Heero a raison, ajouta Trowa. Et puis on ne sait même pas où elle se trouve.
-Y'a moyen de le savoir ! Fit Duo.
Ses amis lui lancèrent des regards interrogateurs. Duo termina une bouchée de pizza et ajouta :
-On a qu'à appeler Sally pour le lui demander !
-Tu rêves ! Elle ne te le dira jamais, répondit Wufei.
-Pourquoi ? Demanda Duo.
-Parce que nos mentors lui ont sûrement demandé de ne rien dire, répondit le chinois. Ils ne tiennent sûrement pas à ce que nous nous écartions de notre mission.
Le silence se fit. Puis soudain, Duo ajouta :
-Y'a un autre moyen de le savoir !
-Lequel ? Demanda Quatre, intéressé.
Duo sortit son téléphone portable et composa un numéro. Il entendit une sonnerie, puis deux, et la personne à l'autre bout du fil répondit :
-Duo, je sais que ça fait super longtemps qu'on ne s'est pas vus, mais tu m'as déjà eu au téléphone tout à l'heure. Et là, je ne rêve que d'une chose, dormir.
Vu la voix un peu enrouée de la jeune fille, Duo devina qu'il venait de la réveiller.
-Léna, désolé de te déranger, je sais que tu as besoin de te reposer, mais j'ai une question.
-Laquelle ? Demanda la blonde à l'autre bout du fil, la voix fatiguée.
-Tu te trouves où actuellement en Russie ?
La blonde garda le silence un instant. Les autres étaient aux aguets et étaient scotchés par la scène. Ils n'entendaient pas les réponses que donnait la blonde mais arrivaient à deviner ce qu'elle disait en écoutant les répliques de Duo. La blonde finit par déclarer :
-Je savais bien qu'un jour tu me le demanderais. Et je suis même étonnée que tu ne me l'aies pas demandé avant.
-C'est vrai, mais là, j'ai envie de savoir, répondit son ami.
-J'ai ordre de ne rien dire Duo.
-Quoi ? Mais c'est inadmissible ça ! Et qui t'a donné cet ordre ? Lâcha Duo, énervé.
-Sally et vos mentors, répondit la blonde.
-Les traîtres ! Lâcha Duo, dépité.
-Bon, excuse-moi, mais je suis claquée là, je te laisse.
-Léna, attends, je...
La blonde venait de raccrocher, et Duo en resta bouche bée. C'était la première fois qu'elle faisait ça. D'habitude, ils raccrochaient ensemble, elle ne lui coupait jamais la parole. Les autres se retinrent de dire devant son expression, même Heero. La scène était trop hilarante pour rester de marbre.
-Alors ? Demanda Quatre.
-Alors elle n'a pas le droit de nous le dire ! Répondit Duo, dépité. Ordre de nos mentors et de Sally !
-Tu vois, je te l'avais dit ! Lâcha Wufei, le regard fier.
Duo rangea son portable avec énervement et garda le silence. Puis ce fut le téléphone d'Heero qui sonna. Ce dernier attrapa son portable qui se trouvait dans sa poche et décrocha :
-Vous êtes bien arrivés ? Fit la voix grinçant de J à l'autre bout du fil.
-Oui J, répondit Heero, stoïque.
-Parfait ! Ajouta le mentor d'Heero. Je vais t'envoyer les coordonnées de votre appartement sur ton portable. Je te recontacte demain matin concernant tu-sais-quoi. Il y a de fortes chances pour que vous agissiez demain soir. En attendant, reposez-vous et profitez-en pour visiter un peu la ville.
-OK, répondit son élève, toujours de façon impassible.
Heero raccrocha, et quelques secondes plus tard, il reçut une adresse sur son téléphone.
-Les gars, on va pouvoir se poser ! Fit Heero.
-Enfin ! Répondit Quatre, soulagé.
-Tu crois qu'on va devoir enchaîner tout de suite sur tu-sais-quoi ? Demanda Duo.
-Non, J ne nous recontacte que demain matin, répondit Heero.
Duo se retint de sauter de joie. Pendant qu'ils terminaient leur repas, Heero se connecta sur sa tablette tactile et se servit d'un calculateur d'itinéraire. Il entra l'adresse donnée par J et constata que l'appartement se trouvait à à peine deux kilomètres du restaurant où ils étaient attablés. Il tendit la tablette à Trowa, qui déclara :
-C'est tout près ! A croire que nos mentors avaient tout prévu, malgré notre départ quel que peu précipité.
Duo, Quatre et Wufei y jetèrent à leur tour un œil. Ils terminèrent rapidement leur repas, réglèrent la note et sortirent du restaurant dans le calme afin de ne pas éveiller la curiosité des passants et surtout des soldats, très nombreux, qui surveillaient toujours la zone, l'air grave. Ils devaient passer pour de simples lycéens. Une fois les deux kilomètres les séparant de leur planque parcourus, ils se retrouvèrent devant un grand bâtiment sobre, de couleur beige. Ce dernier comportait de nombreux appartements. Le leur se trouvait au dernier étage, et malheureusement pour eux, il n'y avait pas d'ascenseur. Duo s'en plaignit aussitôt, et Quatre n'était pas plus heureux de la situation. Ils montèrent les six étages les séparant de leur planque et tombèrent sur deux portes : l'une à gauche, l'autre à droite.
-C'est laquelle ? Demanda Wufei.
Il n'y avait aucun numéro. Heero leva les épaules, il ne savait pas. Heureusement pour eux, c'était leur jour de chance. La porte de gauche s'ouvrit pour laisser apparaître un jeune homme brun, vêtu d'un jogging, qui sortait juste de son appartement. En les voyant, il les salua et ferma sa porte. Puis il descendit les escaliers au pas de course.
-Bon ben on a notre réponse, fit Quatre. Notre appartement est celui de droite.
-Heero, as-tu les clefs ? Demanda soudain Wufei.
Heero les regarda, puis fit un sourire en coin. Ça signifiait que non.
-Super, et comment on entre ? Demanda Duo, à bout de nerfs.
Pour lui répondre, Heero souleva le paillasson qui se trouvait devant leur porte et remarqua qu'une planche du sol était un peu branlante. Il la souleva, et trouva une clef. Il brandit fièrement l'objet devant les yeux de Duo et déclara :
-Il suffit de réfléchir quelquefois, car la solution se trouve à nos pieds. J est trop prévisible !
Trowa, Quatre et Wufei pouffèrent devant le regard blasé de Duo, pendant qu'Heero insérait la clef dans la serrure. Il poussa ensuite la porte et entra le premier, suivi par ses amis. Ils se retrouvèrent dans un corridor. A droite, le couloir débouchait sur plusieurs portes. Cinq d'entre elles donnaient sur des chambres. Les cinq jeunes hommes s'installèrent chacun dans l'une d'elles. Les chambres étaient très simples. Elles étaient assez petites et contenaient le strict minimum : un lit, une commode et un petit bureau. Une fois qu'ils eurent posé leurs affaires, ils continuèrent la visite de l'appartement. Les deux portes les plus à droite donnaient sur la salle de bain et les toilettes. A l'autre bout du corridor, en repartant sur la gauche, ils trouvèrent un salon spacieux. Un canapé en cuir et deux fauteuils étaient installés devant un écran géant, sur la droite, tandis qu'une grande table en bois avec des chaises assorties étaient posées sur la gauche. En face, ils trouvèrent la cuisine, qui était ouverte sur le salon. Celle-ci était toute équipée et comportait plusieurs placards.
Les cinq amis décidèrent d'un commun accord d'aller se reposer un peu dans leur chambre. Ils iraient visiter la ville un peu plus tard dans la journée, voire dans la soirée.
Russie, ville de Nemchinovka, 16h30, appartement de Réléna :
La jeune blonde ouvrit les yeux doucement en entendant la sonnerie de son réveil. Il affichait 16h30. Elle serait bien restée dans son lit, mais il fallait qu'elle se prépare. Elle devait être au casino ZINOVIYA dans une heure et demi pour prendre son service. Elle devait tenir le bar jusqu'à 2h30 du matin, heure de fermeture du casino, en compagnie de son collègue Nicolai. Travailler légalement au casino de Dimitri était une très bonne couverture pour elle. Elle avait intégré ce poste dès ses 15 ans, lorsqu'elle avait décidé de partir en Russie aider Dimitri. Depuis plusieurs décennies, 15 ans était l'âge minimum requis pour pouvoir travailler, ce qui était une chance pour elle. Et ce poste lui permettait également de pouvoir suivre ses études par correspondances.
La blonde se motiva quelques minutes en pensant à la bonne soirée qu'elle allait passer et se leva. Elle adorait travailler au casino de Dimitri, car elle s'entendait à la fois avec le personnel et avec les clients. Elle prit une douche, enfila une jolie robe de soirée noire, se coiffa, se maquilla, puis sortit de son appartement. Elle descendit quelques étages et prit la direction du parking, où elle retrouva sa décapotable rouge flamboyante. Quel bonheur de pouvoir conduire depuis ses 16 ans ! Elle s'était inscrite dans une auto-école dès son arrivée en Russie, sur les conseils de Dimitri, afin de passer son permis dès ses 16 ans, âge minimum requis pour conduire. Cette chanceuse avait décroché son permis le jour de son anniversaire. Elle monta dans son engin et prit la direction du casino, qui se trouvait à Marfino, ville avoisinante à la sienne. Il ne lui fallut qu'un quart d'heure pour rejoindre le casino, vu la grande vitesse à laquelle elle roulait. Elle arriva un quart d'heure avant son service afin d'aider son collègue, Nicolai, qui lui avait tout appris sur le métier de barman...
Russie, Moscou, centre commercial, 18h :
Heero, Duo, Trowa, Quatre et Wufei étaient finalement sortis visiter la ville et faire les magasins. Les rues étaient bondées de monde et très surveillées par les soldats de l'Alliance. Leur identité avait été contrôlée par ces derniers, qui n'y avaient vu que du feu. Les cinq amis en avaient profité pour acheter quelques vêtements, des denrées supplémentaires et un film pour occuper leur soirée. Ils avaient également remarqué l'armurerie dans laquelle ils comptaient dérober des armes le soir où ils devraient passer à l'action.
Une fois rentrés, Quatre se porta volontaire pour faire le repas. Pendant ce temps, Duo se posa devant une émission télévisée, Heero se connecta à sa tablette, Wufei fit un peu de méditation, et Trowa continua la lecture qu'il avait commencée dans la navette. Ils dînèrent autour de la grande table en bois en discutant de tout et de rien. Enfin c'est surtout Duo qui faisait la conversation et les autres qui répondaient. Une fois le repas terminé, ils s'installèrent devant l'écran géant et mirent le film qu'ils avaient acheté : « Le Bon, la Brute et le Truand ». Trowa avait affirmé que ce film, réalisé par Sergio Leone, était un véritable bijou, bien qu'il soit très ancien, et qu'ils devaient absolument le voir si ce n'était pas déjà fait. Et effectivement, le film plaisait énormément aux jeunes. Duo avait été plié de rire durant la moitié du film avec Quatre, surtout quand le héros, Blondin, débitait ses phrases cultes commençant par « le monde se divise en deux catégories... ». Une fois le film terminé, ils décidèrent d'aller se coucher. Ils se dirigèrent vers les chambres, et Duo lâcha soudain, l'air pensif :
-C'est le genre de film qui plairait bien à ma petite Léna !
Quatre et Wufei firent un sourire approbateur. Heero ne répondit pas et s'enferma aussitôt dans sa chambre. Quant à Trowa, il répondit, un sourire au coin des lèvres:
-Je te le confirme, elle l'adore ! Elle l'a déjà vu au moins trois fois, rien qu'avec moi, et elle connaît toutes les phrases cultes.
Il entra ensuite dans sa chambre, ferma la porte, et repensa à une blague que la jeune fille lui avait fait alors qu'ils avaient 12 ans. Enfermé dans sa chambre en train de lire un livre, il avait entendu qu'on frappait à sa fenêtre. Il s'était levé, avait ouvert la fenêtre, méfiant, car il ne voyait personne, et la jeune fille avait surgi d'un coup en imitant le ton de Clint Easwood dans le même film : « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui passent par la porte et ceux qui passent par la fenêtre ». Rien qu'à ce souvenir, il éclata de rire. Les autres l'entendirent et se demandèrent ce qui pouvait le rendre aussi hilare. Trowa était vraiment mystérieux quelquefois.
Fin de ce chapitre !
J'espère que ça vous a plu.
1De Abraham Heschel, Extrait de Les Bâtisseurs du temps (souce : Evène).
2Citation de Saint Jean de la Croix.
