Des amis pour la vie

Chapitre 6 : Le point de non-retour

Heero ouvrit les yeux difficilement. Il avait mal dormi, et il savait très bien pourquoi. Il avait cauchemardé toute la nuit, son subconscient n'ayant cessé de lui renvoyer la dispute assez épicée qu'il avait eu avec sa rivale la soirée précédente. Il avait également ressassé les reproches de Quatre qui lui rappelait continuellement que ça risquait d'affecter leur équipe. Bon, d'accord, il était allé trop loin sur ce coup, mais il n'avait pas pu s'en empêcher, il ne supportait pas quand elle avait le dessus et qu'elle le prenait de haut, même si elle n'avait franchement pas eu tord sur ce coup, alors il lui avait sorti la première saloperie qui lui était venue à l'esprit pour qu'elle n'ait pas le dernier mot. Et puis ce qui était fait était fait, il ne pouvait pas remonter le temps de toute façon. Mais il ne savait pas ce qui l'ennuyait le plus : cette dispute ou les révélations de sa rivale. Depuis quand avait-elle le béguin pour lui ? C'était assez inattendu. Puis soudain, il réalisa que la jeune femme avait sûrement voulu lui faire une mauvaise farce pour se venger de son comportement. Impossible qu'elle soit entichée de lui alors qu'il l'avait toujours envoyée paître. Enfin, il l'espérait. Elle et lui, ensemble ? Jamais de la vie ! Elle resterait à tout jamais sa rivale. Mais pour rester son rival, encore fallait-il qu'il puisse s'expliquer avec elle, car cette fois-ci, elle ne passerait sûrement pas l'éponge comme toutes les autres fois en faisant comme si rien ne s'était passé. Il l'avait bien senti au regard haineux quelle lui avait lancé : il avait franchi la limite du tolérable, le point de non-retour, et il allait devoir s'excuser.

Il regarda son portable posé sur la table de nuit et vit qu'il était à peine 9h00. Personne n'était debout, il n'entendait aucun bruit dans l'appartement. Il décida de se lever et fonça dans la salle de bain. Une fois rafraîchit, il se dirigea vers la cuisine pour y préparer le café. Trowa le rejoignit entre temps et s'installa à table à côté de lui :

-Bien dormi ? Osa demander Trowa.

Heero hocha la tête à l'affirmative, et Trowa rétorqua :

-Les poches sous tes yeux me répondent le contraire. Bizarre non ? Qu'est-ce qui t'a empêché de dormir ?

Le silence se fit quelques secondes, puis Heero lâcha, tout en regardant son café :

-Réléna.

Trowa était l'un des rares qui pouvait discuter un peu des problèmes avec Heero et lui tirer les vers du nez. Niveau caractère, ils se ressemblaient un peu, et Trowa, au fil des années, avait réussi à savoir comment appréhender son ami aux origines japonaises. La tactique de Quatre et Duo consistant à lui faire la morale ne fonctionnait pas avec lui. Heero finissait toujours par se rendre compte de ses erreurs, mais il lui fallait un peu de temps pour l'admettre. Trowa n'ajouta rien et lui laissa le temps d'en dire un peu plus, ce qui fonctionna :

-Me disputer avec elle, ce n'est pas vraiment ça qui me dérange, nos rapports ont toujours été très conflictuels. C'est la tournure de la dernière dispute qui me dérange. Mais c'est ma faute, j'ai été odieux avec elle.

-Je peux savoir ce que tu lui as dit ? C'est peut-être pas si grave, laisse-moi en juger.

-Je peux te le répéter mot pour mot, j'en ai rêvé toute la nuit. Elle m'a reproché de ne pas avoir muri, parce que je refusais de discuter avec elle, alors je lui sorti cette putain de saloperie : « Je n'ai jamais rien eu à te dire et c'est toujours le cas ! Tu n'es pas mon amie, tu n'es même rien à mes yeux, et tu ne seras jamais rien ! ».

-Maintenant je comprends mieux ses propos à ton égard. Effectivement, ça me paraît plus délicat que d'habitude. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu'elle ne te pardonnera pas.

-Oui, jusqu'ici, elle a toujours fait abstraction de mes propos. Mais je ne sais pas si c'est ce que je lui ai dit qui me dérange le plus, ou ce qu'elle m'a avoué. Ce n'est pas dans ses habitudes en plus.

-Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Osa Trowa.

-Qu'elle avait le bég...

-Salut les garçons, fit Quatre en entrant dans la cuisine, joyeux comme à son habitude.

Heero s'interrompit aussitôt. Se confier à Trowa, pas de problème, mais surtout pas à Quatre, qui était empathe. Il se referma aussitôt sur lui-même afin que le blond ne devine pas son mal-être, et il se concentra sur son café.

-Désolé, je vous ai interrompus ? Demanda Quatre, soudain gêné.

-C'était pas important, répondit Heero. Pas de problème.

Trowa ne fit aucun commentaire, mais il jura intérieurement. Il avait été si près du but, Heero lui avait presque tout déballé ! C'était foutu pour ce matin, le soldat parfait ne lui confierait plus rien. Wufei fut le dernier à rejoindre la bande quelques instants plus tard. Il prit un café, puis demanda à Trowa :

-T'es toujours partant ?

-Bien sûr ! Répondit le plus mystérieux de la bande. C'est moi qui te l'ai proposé, je ne compte pas me débiner comme ça.

-Partant pour quoi ? Demanda Quatre, curieux.

-Pour rien, répondit le chinois.

Les deux hommes se levèrent, se dirigèrent dans leur chambre respective et ressortirent avec un sac de sport. Ils saluèrent les deux autres rapidement et s'en allèrent comme des voleurs, sous le regard surpris de Quatre. Ils annoncèrent simplement qu'ils empruntaient le 4x4 mais qu'ils seraient de retour dans l'après-midi. Heero était trop pensif pour se poser des questions.

Marfino, Casino Zinoviya, 10h50 :

Trowa gara le 4x4 devant le Casino et remarqua aussitôt la présence de Catherine et d'Hilde qui discutaient dans une voiture de sport noire décapotable, probablement leur voiture de fonction. Les deux garçons sortirent de leur véhicule et les rejoignirent. Ils les saluèrent, et Wufei demanda si elles se rendaient également au cours de Yoga de Meilan, qui commençait à 11h00. Les filles répondirent par l'affirmative. Elles ajoutèrent que Réléna venait de les contacter et qu'elle allait les rejoindre avec Duo. Wufei parut dépité. Avec Duo, discrétion non assurée ! Ça allait être difficile de tenter une approche avec Meilan avec lui dans les parages.

-T'inquiète pas, je me charge de Duo, lâcha Hilde, qui avait deviné ce qui l'ennuyait. A la fin du cours, tente une approche.

Wufei hocha la tête à l'affirmative. En parlant de Duo, la voiture de Réléna se gara tout près de celle de Catherine. Un Duo surexcité en sortit. Réléna levait les yeux au ciel, il avait été intenable tout au long du trajet, n'arrêtant pas de parler du comportement de Wufei envers Meilan, et de la nécessité que Shinigami, c'est-à-dire lui, s'occupe de les caser le plus rapidement possible. Elle n'avait même pas pu en placer une et lui dire que c'était déjà le plan d'Hilde. Et clairement, il valait mieux laisser Hilde s'en charger plutôt que lâcher Duo dans l'arène. Wufei se braquerait aussitôt, alors qu'Hilde avait beaucoup plus de tact en la matière.

-Salut les copains ! Fit Duo. Alors mon Wuffinou, prêt à affronter la jolie Meilan ?

-Duo, ne commence pas à m'énerver ! S'excita le chinois.

-Duo, viens, il faut que je te parle un peu travail avant la séance, fit Hilde en attrapant le natté par le bras et en le conduisant à l'intérieur. Je voudrais tenter d'autres tubes ce soir mais il faut que tu me donnes ton avis.

Le natté ne se douta pas un seul instant qu'elle l'éloignait volontairement du chinois et repris son sérieux, tout en échangeant avec la petite brune. Wufei la remercia intérieurement. Quelques instants plus tard, c'est Meilan qui fit son apparition. Elle se rapprocha du groupe et les salua.

-Vous êtes là bien tôt, vous venez tous à mon cours ?

-Oui, j'ai besoin de me détendre, y'a un japonais qui m'a bien énervée hier et si je veux éviter de le tuer, il est nécessaire que je retrouve mon calme habituel. Et puis j'ai un rencart à 13h, alors il faut que je sois au top.

-J'avoue que des fois, moi aussi j'ai des envies de meurtre quand je vois son comportement avec toi, enchaîna le chinois. Cette séance va me faire le plus grand bien également.

Trowa n'ajouta rien, ni Catherine, mais celle-ci pouffa, ainsi que Meilan. Elle les invita à la suivre à l'intérieur, jusqu'à la salle où se déroulait le cours. La file d'attente était assez grande, les cours de Meilan étant très demandés. Un homme à l'entrée s'occupait de vérifier les abonnements et les places, avant de laisser entrer les gens, mais Meilan fit passer les comparses en priorité, tout en précisant à l'agent qu'ils travaillaient ici, qu'ils étaient donc prioritaires, et que le cours était gratuit pour eux. Hilde et Duo les rejoignirent rapidement, l'agent ayant reconnu Hilde. Duo paraissait calmé, il ne fit aucun sous-entendu à Wufei, Hilde lui avait expliqué qu'elle s'occupait de tout, et celui-ci n'avait rien trouvé à redire. Mais le malin en avait profité à son tour pour inviter Hilde à sortir après le boulot. Il faut dire que la jeune femme était très à son goût. Elle avait trouvé l'idée sympa, et lui avait répondu qu'il y avait justement une nouvelle boîte qui avait ouvert il y a peu tout près du casino. Elle était ouverte jusqu'à 7h le lendemain, il pourrait donc y aller sans problème après le travail, même en finissant vers 1h ou 2h. Ils s'installèrent le plus près possible de Meilan, et purent profiter pleinement de son cours de yoga et de ses conseils avisés pour s'améliorer.

Après le cours, Réléna abandonna bien vite ses compagnons, elle devait retourner à son appartement se doucher et se faire belle, elle devait rejoindre John Spencer dans un restaurant très demandé de la capitale. Hilde, Duo, Trowa et Catherine sortirent ensemble de la salle et décidèrent d'aller boire un verre, laissant enfin Wufei. Il avait carte blanche pour tenter une approche. Il laissa les personnes remercier la prof, et approcha lorsqu'ils ne furent plus que tous les deux. Meilan rangeait les tapis, et Wufei décida de l'aider, ce qu'elle trouva très sympathique de sa part. Tout en rangeant, ils entamèrent une conversation sur leurs origines. Il apprit qu'elle était née sur L5, tout comme lui, ce qui leur faisait un point commun. Du coup, ils finirent au bar tous les deux après avoir terminé, se racontant leurs petites anecdotes sur la colonie.

Marfino, appartement des résistants, 14h00 :

Duo et Trowa rejoignirent Heero et Quatre. Ce dernier demanda aussitôt où se trouvait Wufei. Duo lui répondit du tac au tac :

-Il tente sa chance avec Meilan.

Quatre comprit alors pourquoi Wufei avait gardé le silence le matin même.

-Du coup, on a mangé sans vous, fit Quatre.

-T'inquiète pas Quatoru, répondit le natté affectueusement, on a mangé dehors avec Hilde et Catherine. C'était cool, on s'entend bien avec elles.

Il s'approcha de Quatre et lui glissa à l'oreille :

-J'ai un rencard avec Hilde après le boulot. Shinigami est en pleine forme !

Quatre sourit, et les autres se demandaient pourquoi. Mais bien entendu, le blondinet ne dévoila rien aux deux autres.

-Bon sinon Heero, est-ce que tu as réfléchi à ta connerie ? Enchaîna Duo.

-Laisse-moi tranquille avec cette histoire, répondit l'intéressé. Je n'ai aucun compte à te rendre.

Pour toute réponse, le japonais se dirigea dans sa chambre, et Trowa lâcha :

-Tu l'as encore braqué Duo. Ce n'est pas comme ça qu'il faut s'y prendre avec lui.

-Si tu savais ce qu'il a dit à Réléna, tu ne serais pas aussi clément avec lui.

-Je suis au courant en fait, il m'en a parlé ce matin. Et il regrette, crois-moi. Mais il ne sait pas trop comment rattraper sa connerie, vois-tu. Il a beau être le soldat parfait, ses relations sociales, elles, sont loin d'être parfaites.

Duo ne trouva rien à répondre. Il décida de changer de sujet et reparti dans une discussion avec Quatre sur la soirée qui les attendait. Trowa en profita pour s'éclipser et se dirigea vers la chambre du japonais. Il frappa à la porte et entendit :

-Entre Trowa, c'est ouvert.

Trowa s'exécuta et referma la porte derrière lui. Heero était affalé dans son lit, sa tablette à la main.

-Tu m'étonneras toujours, je ne sais pas comment tu fais pour deviner qui est derrière la porte à chaque fois. Tu sais faire ça depuis tout jeune, mais moi, impossible de deviner.

-Secret-défense, répondit son ami. Tu viens continuer notre conversation de ce matin, c'est ça ?

Trowa acquiesça.

-Tu voulais me dire quelque chose ce matin avant qu'on soit interrompus par Quatre. Et j'ai senti que tu avais vraiment besoin d'en parler. Enfin, seulement si tu le souhaites toujours.

Heero se redressa et acquiesça.

-Tu me disais que Réléna t'avait avoué quelque chose qui te dérangeait.

-Trowa, elle m'a lâché, comme ça, qu'elle avait le béguin pour moi. Enfin elle l'a dit sous la colère, du style « comment je peux avoir le béguin pour toi ! ».

Trowa ferma les yeux quelques instants, puis répondit, d'un ton soulagé :

-Alors ça y est, elle te l'a enfin avoué. Il était temps, même si elle ne l'a pas fait de la meilleure manière qui soit.

-Alors c'est vrai ? Fit Heero, abasourdi. J'espérais qu'elle avait dit ça pour m'ennuyer vu qu'elle était bien énervée.

-Bien sûr que c'est vrai, c'est dingue que tu ne t'en sois pas aperçu avant d'ailleurs. Pourtant, elle n'est pas discrète, nous on l'a très vite remarqué. Elle t'a toujours tendu la perche, mais tu ne l'as jamais attrapée. Et dire qu'elle a fini par te l'avouer sous la colère. C'est sûr que ce n'est pas la meilleure manière qui soit pour l'apprendre, mais bon, ce qui est fait est fait. Au moins, maintenant, tu sais.

-Vous étiez tous au courant, sauf moi ?

Trowa acquiesça.

-Pourquoi vous ne m'avez rien dit ?

-Qu'est-ce que ça aurait changé qu'on te le dise ? Tu te serais jeté dans ses bras ? Et je te signale que Duo a tout fait pour vous caser ensemble, mais toi tu n'as rien remarqué.

Heero garda le silence. Qu'est-ce qu'il aurait fait si il avait su avant ? Il n'en savait rien. Il l'avait toujours vu comme une rivale. Il n'avait jamais émis l'hypothèse de sortir avec elle. Il est vrai qu'elle avait tout pour plaire, on ne pouvait pas dire que sa rivale n'était pas attirante. Elle était intelligente, charmante, plutôt bien gaulée et… Il se reprit aussitôt. Là n'était pas la question. Il était déjà sorti avec des filles attirantes, c'était plutôt plaisant, mais sortir avec Réléna… Ça serait trop bizarre, ils se connaissaient depuis qu'ils étaient gamins. Non, clairement, c'était une rivale, il ne ressentait rien d'autre pour elle que de la rivalité.

-Non, impossible, répondit Heero. C'est ma rivale, c'est tout. Je ne serais jamais sorti avec elle et ce n'est pas prêt de changer.

-Vraiment ? Demanda Trowa. Je n'ai pas cette impression, t'as mis un moment avant de me répondre, tu es bien sûr de toi ?

-Oui, répondit Heero d'un ton plus assuré.

-Parfait, parce que vu ce qui est arrivé, elle a clairement lâché l'affaire avec toi. Elle nous a bien fait comprendre qu'elle ne te supportait plus, et si tu l'avais vu tout à l'heure, elle était ravie. Elle avait un rencard avec ce fameux policier aujourd'hui et elle avait hâte de le voir, donc la page est tournée de son côté. Il ne te reste plus qu'à t'excuser auprès d'elle, en espérant qu'elle te pardonne et que vous redeveniez les bons rivaux d'antan. Bon je te laisse, on se voit tout à l'heure, j'ai des trucs à faire avant d'aller bosser. Passe une bonne après-midi.

Trowa quitta la chambre, fier d'avoir pu glisser que Réléna avait un rencard dans la conversation. Quand il l'avait dit, il avait remarqué un léger froncement de sourcil de son ami. Il se doutait bien qu'Heero n'était pas si indifférent que ça à sa rivale, mais à l'heure actuelle, il était nécessaire de le pousser dans ses retranchements si on voulait le voir enfin casé avec la blonde un jour. Il était à présent sûr d'avoir trouvé la meilleure tactique, mais ce n'était pas gagné pour autant.

Heero resta pensif malgré lui. Qu'est-ce qui le dérangeait vraiment ? Que sa rivale ne puisse plus le supporter, ou son rencard avec le policier ? Il se secoua énergiquement, et repoussa la deuxième hypothèse. En tant que soldat parfait, il ne pouvait pas se permettre d'avoir des sentiments envers Réléna. Elle restait sa coéquipière… Enfin sa rivale… Bref, seule une entente « professionnelle » était envisageable avec elle, une autre relation pourrait le déstabiliser en mission avec elle. Il se refusait à penser qu'il pouvait avoir des sentiments amoureux pour elle. Donc ce qui le dérangeait à l'heure actuelle, c'était le fait de ne plus s'entendre avec sa coéquipière… Enfin sa rivale…

-Rah, et puis merde ! Va falloir que je lui parle et que je m'excuse, c'est tout. Faut que j'arrête de me prendre la tête avec cette histoire.

Il attrapa son portable et essaya de joindre la blonde. Évidemment, elle ne répondit pas et mis rapidement un terme à l'appel. Fallait-il qu'il lui laisse un message vocal ? Elle ne l'écouterait même pas, ce n'était pas la peine. Il tenta le tout pour le tout et lui envoya un texto.

Moscou, 14h30, Centre-Ville :

Après avoir dîné comme des rois dans un très bon restaurant de la capitale, Réléna et John avaient décidé de prolonger leur rendez-vous, le courant passant bien entre eux. Ils s'étaient arrêtés dans un parc public et s'étaient installés sur un banc :

-Alors comme ça, ta sœur est médecin et officier de Oz sur la colonie L1 ? Impressionnant vu son âge.

-Oui, elle a passé son diplôme de médecine très jeune, elle est très intelligente. Et puis le concours pour rentrer au sein de l'organisation d'Oz n'a été qu'une formalité pour elle.

-Et toi, les cours par correspondance, ce n'est pas trop compliqué ?

-Non, pas du tout, et puis je préfère ça plutôt qu'aller en cours.

-Pourquoi ?

-J'ai déjà essayé, et ça ne m'attire que des ennuis. J'ai des bons résultats et ça attise les jalousies. Et puis les prof…

Elle s'interrompit brusquement en entendant son portable sonner. Qui pouvait bien l'appeler ? Elle s'excusa auprès de John, attrapa son téléphone et s'éloigna un peu. Elle hallucina complètement, Heero Yui tentait de la joindre, impossible ! Il ne prenait jamais le temps de le faire auparavant, ne serait-ce que pour prendre de ses nouvelles. Il n'y avait qu'elle qui le faisait de temps en temps, mais il était peu causant avec elle et mettait rapidement fin à leur conversation. Mais pourquoi tentait-il de la joindre ? Elle lui avait clairement fait comprendre qu'elle n'avait plus rien à lui dire. Elle raccrocha et rejoignit son compagnon.

-Désolé de t'avoir fait attendre, en plus c'était probablement un faux numéro ou un appel commercial. Oui, donc comme je le disais, les professeurs ne faisaient qu'accentuer ces jalousies, ils n'arrêtaient pas de m'ériger en exemple et ne cessaient de...

Elle fut à nouveau interrompu par une sonnerie plus courte de son téléphone. Un texto. Elle décida de ne pas le consulter tout de suite et continua sa conversation avec son nouveau prétendant. Ce dernier lui proposa un rafraîchissement, qu'elle accepta aussitôt vu la chaleur. Pendant qu'il était parti chercher les boissons, la blonde consulta son portable et vit un message envoyé par Heero :

« Je comprends que tu ne veuilles pas me répondre, mais il faut que je te parle. Où es-tu ? »

-Alors là tu rêves ! Lâcha la blonde pour elle-même. J'ai pas du tout envie de voir ta gueule pauvre type !

Elle rangea son portable dans son sac, il était hors de question que le japonais gâche son après-midi. John revint avec les boissons, et elle lui demanda :

-T'es libre ce soir ? Je vais à la nouvelle boîte de nuit avec mon collègue Grigory. Pour une fois qu'on ne bosse pas, on a envie d'aller découvrir le lieu.

John lui décocha son plus beau sourire...

Marfino, appartement des résistants, 15h30 :

Ça faisait maintenant presqu'une heure qu'Heero avait envoyé son message à sa rivale, et pas de réponse. Pourtant, il avait vérifié, elle avait bien consulté son message, il était marqué comme étant « lu ». Elle aurait au moins pu prendre la peine de lui répondre d'aller se faire foutre si elle n'avait pas envie de le voir. Puis il se rappela de sa conversation avec Trowa. Il lui avait dit qu'elle avait un rencard avec ce policier à la noix. Ceci expliquait cela… Elle préférait gaspiller son temps avec ce pauvre type plutôt que de voir son rival. Jaloux ? Non, pas du tout, juste réaliste. Elle perdait son temps avec ce type.

Mais comment pouvait-il faire pour lui parler aujourd'hui ? Ils avaient tous les deux leur journée, ils ne se verraient même pas au casino. Puis soudain, il se rappela de la discussion de la veille avec Grigory. Il avait proposé à Réléna d'aller faire un tour à la nouvelle boîte de nuit et il lui avait gentiment suggéré de venir avec eux. Heero contacta aussitôt Grigory, qui répondit dans la foulée :

-Salut Heero. C'est marrant, j'allais justement t'appeler.

-Pour la soirée ?

-Oui, ça te dit de venir ? En tout cas, je viens d'envoyer un message à Réléna, et elle m'a confirmé qu'elle était toujours motivée pour passer une bonne soirée. On doit se retrouver devant la boîte à 23h, ça te convient ?

Heero sourit intérieurement, c'était vraiment inespéré :

-C'est parfait. Par contre, j'ai un service à te demander. Est-ce que tu peux éviter de la prévenir que je serai là ? Je vous rejoindrai à l'intérieur.

-Oh, je vois. Elle refuse toujours de te parler ?

-Elle ne prend même pas la peine de me répondre, ne serait-ce que pour me dire d'aller me faire foutre. Toi elle t'a répondu tout de suite, moi ça fait une heure que j'attends. Sauf qu'il faut vraiment que je lui parle, je suis allé trop loin, je dois m'excuser.

-Toi, t'excuser ? T'es sérieux mec ? T'es tombé sur la tête où quoi ? Je ne te connais que depuis quelques jours, mais je peux certifier que ce n'est pas du tout ton genre de t'excuser.

-Je n'ai pas vraiment le choix en fait. Je ne veux pas que notre coup de gueule entache nos futures missions. Du coup tu peux me rendre ce service ?

-Je ne sais pas si c'est une bonne idée. J'ai pas envie qu'elle m'en veuille après.

-Je lui dirai que c'est un hasard si je me trouve ici. S'il-te-plaît Grigory, sois cool.

Heero Yui qui lui demandait d'être cool, il aurait tout vu.

-Bon, c'est d'accord. Mais nous n'avons jamais eu cette conversation.

-Quelle conversation ? Lâcha Heero, amusé.

-Voilà, parfait, tu ne m'as pas appelé et je ne t'ai pas dit à quelle heure on se retrouvait. A ce soir mec ! On se retrouve au bar. J'essaierai de la retenir le temps que tu arrives.

Marfino, Casino Zinoviya, 17h30 :

Duo, Trowa et Quatre venaient d'arriver au casino. Wufei n'était pas rentré, il avait probablement passé une bonne partie de l'après-midi aux côtés de Meilan. Il n'avait pas donné signe de vie. Duo avait tenté de le joindre, et Wufei lui avait envoyé un message :

« On se voit ce soir, pas la peine de m'attendre pour aller au casino »

Duo en avait déduit qu'il ne fallait pas le déranger. Et effectivement, Wufei était déjà là, il les attendait au bar.

-Ben alors Wuffy, qu'est-ce que tu as fait de ton après-midi ? Tu l'as passé en tête à tête avec Meilan ?

-Non, même si j'aurais bien aimé. Elle avait d'autres cours à donner dans l'après-midi.

-T'as fait quoi du coup ?

Wufei préféra garder le silence.

-Ne me dis pas que tu as participé à tous ses cours ?

Wufei garda à nouveau le silence, ce qui voulait tout dire. Les trois autres se regardèrent, le fou rire pointait le bout de son nez, mais ils réussirent à se contenir.

-Wuffy, dis-donc, t'es vraiment accro là, tu veux que Shinigami te vienne en aide ?

-Non merci, là j'ai plutôt besoin de l'aide de Cupidon en fait.

-Pas faux, répondit Trowa en souriant.

-Nous on est là si tu veux, ajouta Quatre. Si on peut t'aider, n'hésite pas.

-Hilde est de bon conseil, elle m'a un peu briefé sur les goûts de Meilan, alors ça devrait aller. Mais merci pour la proposition.

Catherine et Hilde firent leur entrée quelques instants plus tard. Il était temps pour eux d'aller en répétition avant le grand soir.

Marfino, Le Dionysos1, nouvelle boîte de nuit, 23h00 :

Grigory attendait sa collègue depuis quelques minutes devant la nouvelle boîte de nuit. Il était vêtu de sa plus belle chemise rouge ardente et d'un pantalon noir très classe. Réléna ne tarda pas à arriver, souriante. Elle portait une belle robe blanche et noire, tombant à ses pieds, qui la mettait parfaitement en valeur, et elle avait relevé ses cheveux en chignon.

-Toujours la classe dis-donc !

-Merci, mais je peux en dire tout autant, répondit sa collègue. Tu as un rencard ?

Grigory lui lança un regard de tombeur, ce qui la fit rire, et il reprit :

-Alors, comment s'est passé ton après-midi avec ce fameux John ?

-Très bien. Je lui ai même proposé de nous rejoindre. Il était ravi que je le lui propose, mais il ne pouvait pas, il était de permanence ce soir. Je suis dégoûtée.

-Ce sera pour une autre fois, t'inquiète, fit Grigory. Bon, allons-y, j'ai très soif.

Réléna pouffa et ils se dirigèrent vers l'entrée. Les vigiles contrôlèrent leur identité et les laissèrent passer sans problème. La boîte de nuit autorisant les entrées à partir de 16 ans, le brassage des âges était impressionnant une fois à l'intérieur. La musique fusait et de nombreuses personnes avaient envahi les différentes pistes de danse. Les deux compères s'installèrent à l'un des nombreux bars et commandèrent chacun un cocktail maison.

-Et toi, qu'est-ce que tu as fait de ton après-midi ?

-Pas grand-chose, répondit le russe. J'avais un peu de paperasse à faire, et puis j'en ai profité pour dormir un peu avant de venir. On ne sait jamais, si ça se trouve, on va rester jusqu'à la fermeture.

-T'es motivé, répondit son amie. Jusqu'à 7h, ça risque d'être long.

Heero trouva facilement la boîte de nuit et prit la direction de l'entrée. Il était vêtu d'un simple jean noir et d'une chemise blanche. Il passa le contrôle d'identité et pénétra à l'intérieur de ce qu'il avait l'habitude d'appeler « une titanesque cacophonie ». Il n'aimait pas les boîtes de nuit, il y avait trop de monde et il trouvait la musique beaucoup trop forte. En plus il avait horreur de danser, même si il se débrouillait plutôt bien. Duo lui avait donné quelques cours, et il trouvait dommage que le japonais ne profite pas autant qu'eux de la piste. Mais là, il avait fait une exception, c'était l'occasion de pouvoir s'expliquer avec sa rivale, mais hors de question de danser. Grigory lui avait dit qu'ils attendraient au bar le temps qu'il arrive. Le problème, c'est qu'il n'y en avait pas qu'un seul. Après un petit tour du propriétaire et une grande dose de patience, il finit par trouver les deux comparses et se dirigea vers eux. Grigory le vit approcher et déclara soudain :

-Ah, tiens, je crois que j'ai vu une connaissance. Je reviens.

-Pas de soucis, répondit la blonde.

Grigory passa devant Heero, lui tapota l'épaule, et déclara :

-Bon courage, elle est toute à toi mec.

Heero le remercia intérieurement et continua son chemin. Il stoppa devant la blonde, qui s'extasiait devant une piste de danse, son verre à la main. Elle avait hâte daller danser, ça se voyait dans ses yeux. Il s'installa à côté d'elle, avec toute la discrétion dont il savait user habituellement, sans qu'elle s'en aperçoive :

-Salut Réléna, tenta-t-il comme approche.

Réléna se figea en reconnaissant la voix de son rival. Elle se tourna brusquement vers lui et se contenta de lui lancer un regard noir. Puis elle porta de nouveau son attention sur la piste :

-J'imagine que tu n'es pas très heureuse de me voir, mais il faut que je te parle. Vu que tu ne m'as pas répondu cet après-midi, il fallait bien que je trouve un autre moyen que le téléphone pour te contacter. J'ai tenté la boîte de nuit, vous en parliez avec Grigory hier.

La blonde ne lui répondit pas, elle avait décidé de ne plus perdre son temps avec lui. Elle avait été très claire la dernière fois, elle n'avait plus rien à lui dire.

-Écoute, je suis désolé pour hier, je suis allé trop loin, ce que je t'ai dit je ne le pensais pas.

Réléna avait très bien entendu les excuses de son rival, et ça l'avait même surprise sur le coup, même si elle ne l'avait pas montré. Il ne l'avait jamais fait avant, c'était une première pour lui. Mais malgré ça, elle s'en moquait. Il l'avait profondément blessée dans ses paroles la veille. Elle revoyait même le visage dédaigneux avec lequel il lui avait dit qu'elle n'était pas son amie, qu'elle n'était rien pour lui, et quelle ne serait jamais rien. Depuis qu'ils se connaissaient, il l'avait souvent envoyée paître, mais ça n'avait jamais atteint ce stade. Il avait dépassé les bornes, et ses excuses ne pourraient jamais effacer cet épisode.

-Je ne supporte pas ton silence, répond-moi, même si c'est pour me dire d'aller me faire foutre, je préfère ça à ton indifférence.

Elle ne lui ferait pas ce plaisir. Elle préférait se taire et lui envoyer son regard plein de mépris. Il posa sa main sur son épaule afin d'attirer son attention, mais elle la repoussa aussitôt. Elle engloutit son cocktail et se dirigea vers la piste, étant sûre d'avoir la paix. Heero détestait plus que tout danser, alors qu'elle, elle adorait ça. Et effectivement, ce dernier ne l'accompagna pas. Grigory refit son apparition quelques minutes plus tard et il prit place à côté de lui :

-Alors, tu as pu lui parler ?

-Oui, mais elle refuse de discuter avec moi. Elle se contente de me regarder avec mépris.

-Est-ce que c'est mérité ?

Heero ne répondit pas. Bien sûr qu'il le méritait, il le savait, mais il s'était excusé, alors elle pourrait elle aussi faire un effort de son côté. C'était déjà suffisamment difficile pour lui de faire le premier pas, ce n'était pas dans ses habitudes.

-Tu viens danser ? Proposa Grigory.

Heero refusa poliment et Grigory rejoignit sa collègue sur la piste :

-Dis-donc Grigory, c'est un coup monté, pas vrai ?

-De quoi tu parles ? Répondit Grigory comme si de rien n'était, en se déhanchant sur la piste.

-Tu m'as laissée juste au moment où Heero arrivait. Tu as vu la taille de la boîte ? Comment il a fait pour nous trouver ? Et comme par hasard, il est là à la même heure que nous.

-Je ne sais pas, il a dû fouiller de fond en comble jusqu'à ce qu'il nous trouve. Et pour l'heure, désolé, je n'ai pas d'explication.

-Mais bien sûr ! Tu me prends vraiment pour une idiote.

-D'accord, j'avoue, il m'a appelé dans l'après-midi et il m'a demandé de ne rien te dire. S'il-te-plaît, ne m'en veut pas, il avait l'air désemparé, il m'a supplié.

-Lui, désemparé ? T'es en plein délire Grigory. Heero ne pense qu'à lui, il n'éprouve rien, on le surnomme « le soldat parfait », ce n'est pas pour rien. Franchement, ce n'est pas très sympa de ta part, je pensais pouvoir te faire confiance.

Elle avait dit ça en lui lançant un regard de reproche.

-Fais pas la tête, je ne pensais pas à mal. Je voulais simplement que vous puissiez vous réconcilier. Vous formez une bonne équipe quand vous bossez ensemble. J'ai pu le constater pendant notre dernière mission.

-Là n'est pas la question Grigory. Il a été encore plus odieux que d'habitude. Je ne le supporte plus. Rien que le fait de parler de lui, j'en ai de l'urticaire. Ne recommence jamais ça ! Termina-t-elle en lui faisant les gros yeux.

-Oui maman, termina Grigory en souriant, ce qui fit rire la jeune femme.

Heero était attablé au bar, sirotant un cocktail, et regardait Grigory et sa rivale danser. Ils avaient l'air réjouit, Grigory s'amusait à la faire tournoyer et décoller du sol, et elle riait comme une gamine. Lui s'ennuyait à mourir, il détestait vraiment ce lieu. Il se mit malgré lui à détailler sa rivale. Il la trouvait resplendissante, sa robe mettait parfaitement ses formes généreuses en valeur. Il se mit aussitôt une claque mentale. Depuis sa conversation avec Trowa, il était vraiment chamboulé. Il fallait vraiment qu'il se reprenne. Il était le soldat parfait, alors il pouvait le faire sans problème… Le voilà qui reluquait à nouveau sa rivale. Non décidément, il fallait qu'il trouve une autre distraction. Il porta son attention sur un groupe de jeunes femmes qui dansaient en cercle, elles semblaient bien se connaître. Elles étaient plutôt mignonnes. L'une d'elle le remarqua et lui fit un clin d'œil, auquel il répondit aussitôt. La jeune femme laissa ses amies un instant et le rejoignit au bar pour faire plus ample connaissance. Ça n'échappa pas à Grigory qui lâcha :

-Ah, je crois qu'il a trouvé un passe-temps.

Réléna tourna la tête vers lui et sentit malgré elle le rouge lui monter au nez : la jalousie ? Elle se mit aussitôt une claque mentale elle aussi. Hors de question de repenser à lui, elle avait décidé de passer à autre chose, point final. Qu'il aille au diable, il ne s'était jamais intéressé à elle après tout. De plus, la jeune femme qui venait de le rejoindre était tout à fait banale, elle n'avait rien d'exceptionnel.

-Jalouse ? Lâcha Grigory en riant. Si tu voyais ta tête, c'est à mourir de rire.

-Pas du tout, je m'en fous royalement, se défendit la blonde. Je plains juste cette pauvre fille.

-Elle a pas l'air de s'en plaindre, répondit Grigory. Tu peux me le dire à moi si t'es jalouse tu sais.

-Grigory, tu m'énerves ! Fit Réléna en le poussant.

-Je te taquine, t'énerve pas, ria son ami. Tu veux qu'on fasse une pause ?

-Oui, bonne idée, allons prendre un peu l'air. J'ai besoin d'une cigarette.

Ils sortirent tous les deux à l'extérieur, sans qu'Heero ne s'en aperçoive.

Marfino, Casino Zinoviya, 1h10 :

Le casino était quasiment vide. Trowa, Quatre et Wufei saluèrent la compagnie et s'en allèrent. Catherine en fit de même et laissa Hilde et Duo ensemble. Ces derniers n'avaient à présent qu'une hâte, malgré leur rude soirée : aller en boîte. Ils prirent le chemin de la sortie et se rendirent au Dionysos, qui était tout près.

Une fois à l'intérieur, ils se dirigèrent vers un bar, mais soudain, Duo attrapa la main d'Hilde et changea de trajectoire, il venait d'apercevoir Heero attablé à un autre bar non loin. Il sirotait un cocktail, tout en regardant la scène. Hilde et Duo le saluèrent et consommèrent une boisson avec lui.

-Ben alors, t'es tout seul ? Fit Hilde.

-J'ai rejoint Grigory et Réléna. Ils sont sur la piste.

En entendant ça, Duo se sentit libéré d'un poids. Lui et Réléna avaient probablement pu discuter et se réconcilier. Il vit Réléna arriver au bar, accompagnée de Grigory.

-Salut la compagnie, fit Réléna.

-Ma Léna, je suis content de te voir. Je ne pensais pas que tu serais là ce soir.

-Moi aussi je suis contente, fit-elle en l'embrassant sur la joue.

Il attrapa sa meilleure amie par le bras, s'excusa auprès des autres, et l'emmena dans un coin un peu plus tranquille :

-Je suis trop content que vous soyez réconciliés Heero et toi.

-Sûrement pas, lâcha la blonde. Il est venu s'excuser mais je ne suis pas prête de lui pardonner.

-Mais Léna…

-Duo, s'il-te-plaît, ne t'en mêle plus. J'en ai assez de lui. Il ne pense qu'à sa petite personne. Il n'a jamais un mot sympa pour moi, à part du mépris. Là c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, il est allé trop loin, c'est un point de non-retour.

-Léna, s'il-te-plaît, il a fait un effort en venant s'excuser cette fois. Il ne l'a jamais fait auparavant. Il s'en veut vraiment. Il a dit lui-même qu'il avait été trop loin. Toi aussi, fais un pas vers lui, je t'en prie. Si tu ne le fais pas pour lui, fais-le pour moi. Je ne supporte pas de vous voir comme ça.

Réléna croisa les bras et lui lança un regard noir.

-Duo, je ne veux pas me disputer avec toi, alors on va changer de conversation tout de suite si tu le veux bien. Et n'essaie pas de me faire du chantage affectif, ça ne marche pas.

Duo obtempéra, il savait qu'il n'aurait pas le dessus, elle était butée. Mais il fallait qu'il trouve quelque chose pour les réconcilier, n'importe quoi. Il avait toujours tout fait pour les caser ensemble, et les voir se déchirer ainsi lui faisait très mal. En revenant, ils entendirent une partie de la conversation entre Heero, Grigory et Hilde :

-Mais non, elle est juste venue discuter un peu, c'est tout, répondit Heero, stoïque.

-Où est-elle ? Demanda Grigory, curieux.

-Elle devait raccompagner ses amies, c'est elle qui conduisait ce soir. C'est la seule qui n'a pas bu une goutte d'alcool. Tu aurais vu ses amies, elles étaient toutes bien grisées.

-Tu connais au moins son prénom?

-Elle s'appelle Natacha, répondit le japonais.

-C'est qui cette Natacha ? Demanda Duo, curieux.

-Une fille avec qui il faisait la conversation tout à l'heure. Elle avait l'air bien entichée, répondit Grigory. T'as pris son numéro au moins ?

-Qu'est-ce que tu crois ? Je ne suis pas un débutant, répondit le brun, toujours stoïque.

Réléna se mordit la lèvre inférieure, malgré elle, ce qui n'échappa pas à Heero. Même Duo ne l'avait pas vu, ça avait été très bref. Se pourrait-il qu'elle soit jalouse ? Il se surprit soudain à avoir remarqué ce détail. Avant sa conversation avec Trowa, il n'avait jamais vraiment porté attention à ses mimiques hors mission. Tout n'était peut-être pas perdu finalement. Si elle avait encore ce genre de réaction envers lui, c'est qu'elle tenait encore un peu à lui. Il fallait qu'il insiste, il en était sûr.

Hilde en avait assez de leur blabla, elle attrapa Duo par le bras et lui déclara qu'elle avait envie de danser, sous le regard amusé de Réléna et Grigory. La blonde se réinstalla au bar, en laissant une place entre elle et le japonais. Grigory s'y installa et partit dans une discussion effrenée en russe avec sa collègue. Puis soudain, son regard se figea :

-Asya est venue, fit-il en souriant de toutes ses dents. Je l'avais invitée, mais comme elle avait beaucoup de travail, elle ne savait pas si elle pourrait venir.

Réléna se tourna et vit effectivement sa collègue qui dansait sur la piste, l'air enjoué. C'était une très belle femme grande et mince, d'origine turque. Elle avait la vingtaine, tout comme Grigory. Elle portait une coupe à la garçonne, et un imposant tatouage représentant une louve ornait le côté droit de son cou. Elle était vêtue d'un simple jean bleu clair très moulant et d'un caraco blanc, mais ça la mettait parfaitement en valeur.

-En fait j'avais vu juste, tu avais un rencard, lâcha la blonde en souriant de toutes ses dents.

-Mais non, qu'est-ce que tu vas t'imaginer ? Répondit son ami, gêné.

-Qu'est-ce que tu attends, vas-y, rejoins-là, l'invita Réléna.

-T'es sûr ? Fit-il, incertain.

Il ne voulait pas la laisser seule avec Heero, avec lequel elle refusait tout échange.

-Oui, vas-y je te dis, insista-t-elle en le poussant gentiment. Sinon tu vas finir par te la faire piquer sous ton nez, ce serait dommage.

Grigory lui fit un clin d'œil et se dirigea vers la jeune femme qui occupait son cœur depuis près de deux ans, c'est-à-dire depuis qu'elle travaillait au service de Dimitri. Mais il n'avait pas encore osé lui avouer ses sentiments. Il faut dire qu'Asya était assez réservée au travail. Une fois devant ses écrans, elle ne disait plus grand-chose. Elle était très professionnelle. On ne la croisait pas beaucoup au casino, elle travaillait à l'étage et ne descendait que très rarement les voir pour leur faire la causette pendant sa pause, car bien souvent, elle n'en prenait pas.

La blonde se repositionna dans son siège et commanda un mojito, son cocktail préféré. Elle évitait soigneusement de regarder son rival, qui au bout d'un moment, finit par demander :

-Tu comptes adopter ce comportement avec moi pendant tout notre séjour ici ?

-Tout à fait, finit par lâcher la blonde en lui lançant un regard noir. Donc si tu pouvais tenir tes distances et éviter de me parler, chose que tu fais très bien habituellement, ça m'arrangerait beaucoup, parce que je n'ai aucune envie d'échanger avec toi. Et là, j'ai juste envie de siroter mon mojito tranquillement.

-Réléna, je me suis excusé bordel ! Lâcha Heero, excédé par son attitude. Alors arrête de faire ta princesse et fais un effort de ton côté. C'est pas compliqué merde !

-Faire un effort ? Tu rigoles j'espère ! Les efforts, c'est terminé de mon côté. Ça fait des années que je m'efforce de dialoguer avec toi, en espérant que tu daignes un jour te comporter comme un ami avec moi, mais tu m'envoies toujours paître.

-Comme un ami ou comme un petit-ami ? Lança-t-il, acerbe.

Il regretta aussitôt ses paroles, mais ça avait été plus fort que lui. Il s'était senti obligé d'en rajouter une couche car il était excédé par le comportement de sa rivale. La blonde pâlit quelques instants, déstabilisée. Mais elle reprit vite son flegme habituel et lui lança un regard encore plus haineux que le premier. Elle termina son mojito tranquillement, puis sans un mot, elle se leva et se dirigea vers la sortie. Heero partit aussitôt à sa suite et la rattrapa à l'extérieur. Elle se dirigeait vers son véhicule.

-Réléna, attends, pars pas comme une voleuse, j'aurais pas dû dire ça, je regrette.

La blonde continua comme si elle ne l'avait pas entendu. Il la saisit par le bras gauche et l'obligea à se retourner vers lui.

-Tu m'emmerdes Heero, lâcha-t-elle en se dégageant de son emprise et en lui envoyant aussitôt un coup de poing du droit.

Le japonais l'esquiva facilement. Mais il ne comptait pas se battre avec elle, ce n'était pas le but de la manœuvre. Mais peut-être que si elle le frappait un bon coup pour libérer toute sa colère, ça pourrait arranger les choses entre eux :

-Vas-y, frappe-moi si tu veux, je ne me défendrai pas, fit-il. Mets-moi une bonne droite, je la mérite amplement. Mais arrête de me fuir comme tu le fais, ça ne te ressemble pas. Allez, vas-y, je sens que ça te démange.

Réléna serrait les poings, effectivement, lui mettre un bon crochet du droit lui ferait le plus grand bien. Mais elle se contint. Elle se retourna et franchit les derniers mètres qui la séparaient de sa voiture. Elle ne lui jeta même pas un dernier regard et s'en alla. Heero regarda la voiture s'éloigner, et se dit à lui-même qu'il était vraiment trop con. Pourquoi avait-il fallu qu'il en rajoute ? Au lieu d'arranger les choses, il avait envenimé la situation.

Le lendemain, Marfino, appartement des résistants, 9h30 :

Quatre ouvrit les yeux doucement, réveillé par la lumière du jour. Il faisait grand soleil dehors, et il entendait les oiseaux piailler. Il se leva avec précaution, sortit de sa chambre et se dirigea vers la salle de bains. Une bonne douche lui ferait le plus grand bien. Il se dirigea ensuite vers la cuisine et fit couler du café. Il était le premier réveillé. Trowa et Wufei se levèrent une demi-heure plus tard et le rejoignirent dans la cuisine. Duo et Heero risquaient de se réveiller beaucoup plus tard. Quatre les avait entendus rentrer, malgré leurs précautions pour ne pas faire de bruit, et il avait regardé son réveil à ce moment là : 5h00. Ils avaient dû bien s'amuser pour rentrer à cette heure-ci. Les garçons discutèrent de la venue de Sally qui était normalement prévue ce soir. Leur aventure ici prendrait bientôt fin, assurément.

Heero et Duo se levèrent quasiment en même temps, vers 12h30. Ils étaient rentrés ensemble, Heero n'avait pas quitté les lieux après sa nouvelle dispute avec Réléna. Il était retourné à l'intérieur de la boîte de nuit et avait passé une partie de sa soirée sur une banquette, à noyer ses pensées dans des verres d'alcool et à griller quelques cigarettes offertes par Grigory. Ce dernier était parti avec Asya assez tard également, vers 3h00. Quant à Duo et Hilde, ils avaient passé leur soirée à danser comme des fous. Ils étaient sortis tous les trois en même temps, et les deux garçons avaient raccompagné Hilde jusque chez elle. L'appartement qu'elle partageait avec Catherine et Meilan n'était pas très loin de la boîte de nuit. Puis ils avaient fait chemin ensemble jusqu'à leur appartement, qui finalement, n'était qu'à 20 minutes à pied de celui des filles.

Sur le chemin, Duo avait demandé des comptes à Heero, qui lui avait tout raconté, sans exception. Il n'avait même pas envie d'éviter le conflit. Mais à sa grande surprise, Duo ne lui avait fait aucun reproche, pas même sur le fait qu'il aurait pu se passer d'en rajouter une couche. Au contraire, il lui avait proposé des idées pour essayer d'arranger les choses. Il avait apprécié le premier pas que le japonais avait fait, d'habitude il n'allait jamais s'excuser auprès de la blonde. Il avait même évoqué la possibilité de les enfermer tous les deux dans un placard étroit jusqu'à ce que la crise passe, ce qui avait fait sourire le japonais. Mais il ne fallait pas sous-estimer sa rivale, même dans le placard le plus étroit du monde, elle était capable de l'ignorer.

Marfino, Casino Zinoviya, 17h45 :

Les garçons venaient d'arriver au casino afin de prendre leur service. Duo, Trowa, Quatre et Wufei se dirigèrent directement dans les loges pendant qu'Heero rejoignait directement Grigory. Dimitri sortit de son bureau à 18h15 et rejoignit les hommes de la sécurité à l'entrée pour faire le point habituel. Il paraissait plus gai qu'à l'accoutumée. Heero ne put s'empêcher de porter son attention vers le bar où se trouvait Nicolai. Réléna était en retard, ça ne lui ressemblait pas :

-Réléna n'est pas encore là, tout va bien ? Osa-t-il à l'encontre du boss.

-Ne t'inquiète pas, elle est partie chercher Sally. Normalement elle devait arriver en soirée mais elle a réussi à avoir son après-midi et à pu attraper une navette plus tôt.

Dimitri les laissa et retourna à son bureau.

-Voilà donc pourquoi il est tout souriant, lâcha Grigory.

-Pardon ? Fit Heero, sans comprendre.

-Il a hâte de voir sa petite Sally chérie plus tôt que prévu, voilà tout.

Heero était abasourdi : Sally et lui, ensemble ? Il ne s'en serait jamais douté.

-Tu ne le savais pas ?

-Avant d'arriver ici, je n'avais jamais entendu parler de ton boss. Wufei a entendu son nom une seule fois dans une conversation privée entre nos formateurs. Comment voulais-tu que je le sache ?

-Ah d'accord, la cachottière ! Bon, et sinon, tu ne t'es pas trop ennuyé hier soir ?

-Un peu, j'ai horreur d'aller en boîte de nuit.

-Et avec Réléna, tu as réussi à arranger le coup ?

Devant le silence de son nouvel ami, il comprit que les choses n'avaient pas changé. Il n'avait même pas pu questionner sa collègue, elle était déjà partie quand il était revenu au bar avec Asya.

Une heure plus tard, Sally fit son apparition à l'entrée, une petite valise roulante à la main. Elle était suivie de près par Réléna, qui affichait un sourire radieux. Elle était heureuse de revoir sa formatrice. Elles étaient toutes les deux vêtues de la même façon, un jean bleu clair et un débardeur noir, le tout surplombé d'une grande veste noire en cuir. A croire qu'elles l'avaient fait exprès, mais pas du tout. Elle salua tout le monde à l'entrée, ils la connaissaient tous. Réléna en fit autant mais ignora Heero qui venait de tenter un « salut ». Sally se demanda ce qui se passait. D'habitude, son élève n'ignorait jamais le japonais, au contraire, elle en était complètement accro. Généralement, c'était plutôt Heero qui ne lui portait aucune attention. Toutes les deux se dirigèrent vers l'ascenseur. Réléna la laissa monter seule en déclarant, un sourire malicieux aux lèvres :

-Profites-en bien, on se voit tout à l'heure. Je dois rejoindre Nicolai.

Elle regarda son élève s'éloigner, avant que les portes ne se referment. Elle trouvait qu'elle avait encore changé physiquement. Elle prenait le corps d'une femme, plus vite qu'elle ne l'aurait voulu. Le temps passait tellement vite.

La soirée au casino se déroula sans encombre, les clients étaient très satisfaits du show. Vers les 22h00, Heero remarqua l'entrée de John Spencer, qui passa devant lui, une rose rouge à la main. Il se dirigea directement vers le bar et tendit la fleur à Réléna, qui semblait touchée de cette attention. Elle fit le tour du bar, déposa un baiser sur sa joue, et Heero ne put s'empêcher de lâcher :

-Et voilà le Don Juan qui fait son numéro de charme !

Grigory pouffa à la remarque de son collègue et demanda :

-Tu ne serais pas un tout petit peu jaloux là ?

-Pas du tout, se défendit le brun. Je trouve juste qu'il est vieux jeu.

-Vieux jeu ou pas, ça n'a pas l'air de déplaire à ta rivale mec. Tu devrais peut-être prendre exemple sur lui si tu veux avoir une chance de te rabibocher avec elle.

-Alors là, jamais de la vie, trancha Heero en croisant les bras. Je préfère rester brouillé avec elle à vie.

Grigory se mit à rire devant le comportement un peu enfantin de son ami.

Sally sortit du bureau de Dimitri vers les 23h00, rêveuse. Dimitri était toujours aussi beau et charmeur ! Cela faisait un peu plus de 12 ans qu'elle le connaissait à présent. Elle avait fait sa connaissance durant une mission pour la Résistance, au Japon, alors qu'elle n'avait que 15 ans. Lui avait 20 ans à l'époque, et il était déjà un homme d'affaires et un trafiquant, mais beaucoup moins réputé qu'à présent. Le temps était passé, et ils s'étaient rapprochés un peu plus au fur et à mesure des années. Ils avaient eu quelques heures pour rattraper le temps perdu et ça avait amplement suffit à Dimitri pour lui rappeler qu'il était complètement fou d'elle. Sally s'arrêta devant un miroir et se recoiffa rapidement.

Elle descendit les escaliers tranquillement et aperçut Grigory et Réléna installés au bar, un verre à la main. Nicolai n'était pas là, il devait fumer à l'arrière. Ils s'accordaient une pause, les clients ayant abandonné le bar pour la scène. Sally se rapprocha d'eux mais s'arrêta à une dizaine de mètres. Elle venait d'entendre une partie de leur conversation, et ils s'exprimaient en russe. Ils semblaient amusés tous les deux. Sally ne comprenait pas un mot de leur échange, mais elle devina que les deux jeunes semblaient énormément s'apprécier vu la façon amicale dont ils se regardaient. Grigory se rendit compte de sa présence le premier et fit un signe de tête à son amie pour lui montrer qu'ils n'étaient plus seuls. Réléna tourna la tête et déclara aussitôt, le sourire aux lèvres :

-Déjà de retour sœurette ?

Cette dernière franchit les derniers mètres qui les séparaient de son ancienne protégée et s'installa sur le tabouret à sa gauche.

-Je vous laisse, déclara Grigory en souriant, vous devez avoir pas mal de choses à vous dire. Je vais reprendre mon poste.

Réléna le remercia en russe et se tourna vers son ancienne formatrice :

-Tu n'es pas trop fatiguée du voyage ?

-Non, ne t'inquiète pas, répondit Sally en souriant. J'ai dormi dans la navette.

Elles discutèrent un bon moment, ayant énormément de choses à se raconter. Voilà presque deux ans qu'elles ne s'étaient pas vues, elles avaient seulement échangé discrètement par téléphone, mais en restant brèves. Ici, elles pouvaient s'en dire beaucoup plus, leur conversation ne risquait pas d'être interceptée. Sally lui apprit que les scientifiques allaient bientôt concevoir les armures mobiles en Gundamium, ayant réussi à maîtriser le métal. Quant à Réléna, elle lui parla de certains services qu'elle avait effectués pour des amis de Dimitri, et de la toute dernière mission d'infiltration qu'elle avait effectuée pour lui.

-Je vois que tu t'es fait à la vie ici, fit Sally en souriant. Tu parles même le russe à la perfection.

-Oui, je me sens chez moi, répondit Réléna. Et puis le russe est ma langue natale, tu le sais bien. Ça ne s'oublie pas !

-Oui, c'est vrai. Mais j'étais habituée à t'entendre parler la Langue Universelle, tu sais, cette magnifique langue inventée il y a plus de 300 ans par un groupe international nommé Les Sans Frontières, composé d'intellectuels et de traducteurs de tous pays, et qui a permis au monde entier de pouvoir communiquer au-delà des frontières sans avoir à apprendre l'anglais obligatoirement. Tu te souviens, c'est cette langue qui a été validée par tous les États du monde et qui est aujourd'hui enseignée à tous dans les écoles dès le plus jeune âge. C'est celle qui t'a permis de communiquer avec tous : les scientifiques, tes amis et moi.

Sally avait débité son discours avec un faux air sérieux.

-Tu es venue me donner un cours d'histoire ? Demanda Réléna en riant.

-Non, j'avais complètement oublié que tu parlais le russe à force de t'entendre parler la Langue Universelle. Alors je tente de faire diversion comme je peux.

-Je t'ai déjà entendue parler chinois avec Wufei il y a longtemps, et pourtant, je ne l'ai pas oublié.

-Moqueuse, fit Sally en lui donnant un coup de coude amical.

-Et sinon, où est-ce que tu vas t'installer ces jours-ci ?

Sally ne lui répondit pas, elle se contenta de lui lancer un sourire malicieux.

-Chez Dimitri, bien entendu, fit Réléna en pouffant. Pourquoi ai-je posé la question ?

-Je pensais venir chez toi, mais Dimitri a insisté pour que je prenne mes quartiers chez lui.

-J'imagine qu'il a été très convainquant, enchaîna Réléna. Le bureau de Dimitri est encore en un seul morceau ?

Sally mit un autre coup de coude amical à son élève, amusée. Nicolai refit son apparition, et Sally comprit que son élève devait reprendre son service. Elle décida d'aller profiter du spectacle que Catherine et Hilde offraient, et se mit à rire en voyant les garçons sur la scène. Ils étaient doués, personne ne pouvait penser qu'en réalité, ils étaient résistants. Dimitri la rejoignit peu de temps après, et ils s'installèrent au bar. Soudain, Hilde et les garçons commencèrent à jouer les premières notes d'un air bien connu, la chanson favorite de Duo, « Thriller »2. Ce dernier lança un regard complice à la chanteuse, qui acquiesça. Il sauta alors de la scène avec grâce, traversa la piste de danse en faisant quelques Moonwalk, sous les acclamations des clients, et se dirigea vers le bar, où il attrapa sa meilleure amie par le bras. Elle devina aussitôt ce qui se tramait et lâcha, amusée :

-C'est un coup monté !

Duo était mort de rire et il la conduisit sur la piste de danse, où les clients formèrent un cercle autour d'eux tout en dansant. Ils enchaînèrent la fameuse chorégraphie du clip en dansant en rythme comme des zombies, sous les yeux amusés de tous. Réléna rejoignit son collègue une fois le numéro terminé, sous les yeux rieurs de Dimitri, Sally et Nicolai.

-Je vais finir par t'embaucher sur scène en fait, fit Dimitri.

-Hors de question, répondit Nicolai sur le même ton amusé. J'ai besoin d'elle derrière le bar.

-Je ne m'y attendais pas, lâcha Réléna en pouffant. Duo est incorrigible.

-Moi je trouve qu'il a eu une bonne idée, enchaîna Dimitri. Les clients étaient ravis.

Mais Duo n'en avait pas terminé. Pour la venue de Sally, il avait prévu une surprise avec Hilde. Alors que Trowa, Quatre, Wufei et Hilde entamaient les premières notes de Hott Stuff3, Duo et deux autres danseurs de la troupe se dirigèrent vers le bar, grimpèrent dessus avec prestance, et se mirent à se dandiner sensuellement devant Sally, sous les rires et sifflements de la salle et de la principale concernée.

-Il arrête jamais ton copain ? Demanda Grigory en s'adressant à Heero.

-Jamais, je confirme. Il adore amuser la galerie.

La soirée se termina vers les 2h00 du matin, Duo ayant bien mis le feu sur scène avec quelques autres numéros qu'il avait concoctés avec Hilde et Catherine. Il était plutôt fier de lui. Une fois la salle vide, Sally s'adressa aux cinq résistants, à Réléna, et à Dimitri, qui devaient discuter de la suite des évènements. Les autres avaient plié bagage, il était suffisamment tard. Elle expliqua aux cinq futurs pilotes de Gundam que leur retour était prévu dans cinq jours, en soirée. Howard allait les aider à revenir sur L1 sans encombre grâce à la location d'une navette privée. Elle avait prévu de les faire passer pour des soldats d'Oz ayant reçu une greffe de peau sur terre, dans un hôpital réputé pour ce genre de greffe en Russie. Il faudrait bien entendu qu'ils soient dissimulés sous des masques et bandages normalement prévus à cet effet. L'opération devrait se passer sans encombre et ils pourraient rejoindre leur QG sur L1 avec facilité.

-Ce plan semble parfait, jugea Dimitri.

-Je le pense aussi, affirma Sally. Avec ma carte de médecin d'Oz, je n'ai pas à m'inquiéter.

-Bien, cela signifie que vous serez encore présents jusqu'à samedi soir. C'est parfait, j'ai une mission pour vous, lâcha Dimitri.

Les garçons étaient tout ouïe. Dimitri avait précisé que celle-ci se déroulerait après-demain, dans l'après-midi, et qu'ils devraient être au casino à 14h00 tapante. Il s'agissait de surveiller un échange d'armes avec un de ses plus gros clients en Russie. Il se doutait que certains groupuscules viendraient tenter de récupérer ces armes « gratuitement », car son ex-ami Maxim lui avait avoué avant de mourir qu'il avait divulgué certains des prochains échanges à ses ennemis. Bref, du sang allait probablement couler. Dès que Réléna avait entendu la date de la mission, elle avait aussitôt compris qu'elle allait malheureusement devoir supporter la présence d'Heero, car elle aussi était de la partie ce jour là.

-Pour la peine, je vous laisse tranquille demain, reposez-vous bien et revenez en pleine forme mercredi. Ça sera très tendu. Réléna, c'est la même chose, je ne veux pas te voir ici demain.

-Mais…

-Pas de contestation ma favorite, enchaîna Dimitri. De toute façon, le Casino est plutôt calme le mardi, et Hilde et Catherine ne seront pas là non plus demain soir. Elles ont autre chose de prévu. J'ai déjà organisé leur remplacement ainsi que le tien pour la soirée.

Par « autre chose de prévu », ils avaient tous compris « une mission ». Duo se tourna vers Réléna et déclara :

-Donc toi aussi, tu es de la partie mercredi ?

Cette dernière hocha par l'affirmative et Duo sauta de joie. Elle ajouta que Meilan serait également présente lors de cet échange, ce qui n'échappa pas à Wufei. Dimitri les laissa et prit la direction de la sortie, Sally à son bras. Réléna et Heero croisèrent leur visage sans le vouloir en sortant, et aussitôt, elle lui lança un regard noir. Heero pensa qu'effectivement, ça allait être très tendu, comme l'avait souligné Dimitri, mais pour une autre raison. Puisqu'il n'était plus possible de discuter avec sa rivale, il paraissait difficile qu'ils se coordonnent au mieux tous les deux. Les derniers vigiles s'occupèrent de fermer les portes du casino, puis s'en allèrent.

A l'extérieur, Duo proposa à ses amis une sortie tous ensemble le lendemain, vu qu'ils avaient leur journée. Réléna n'avait pas très envie de voir Heero, mais elle ferait abstraction de sa personne car elle souhaitait profiter de la présence de ses quatre véritables amis avant qu'ils repartent sur L1.

Fin de ce chapitre.

J'espère qu'il vous a plu.

Accrochez-vous pour le chapitre suivant !

1Dionysos est connu dans la Mythologie Grecque. Il est notamment le dieu de la vigne, du vin et de ses excès. C'est un nom très approprié pour une boîte de nuit, pas vrai ?

2Single de Michael Jackson (1983).

3Chanson de Donna Summer (1979), notamment connu grâce au film « The Full Monthy ».