Les fêtes de fin d'année étaient passées, Novembre était rentré de chez ses parents.

Lorsque le démon lui avait demandé quels cadeaux son Maître avait-il reçu à Noël, Novembre avait détourné le regard, gênée, répondant que ce n'était rien d'important. Il lui montra cependant une boite de Ferrero Rocher, en guise de présent pour Sebastian de la part de ses parents.

Le jeune garçon se fit une joie de tout dévorer puisque le démon ne mangeait pas de nourriture humaine. C'était un weekend de janvier, où tous deux étaient confortablement installés sur le canapé. Enfin, Novembre était enroulé en boule dans deux plaids et Sebastian était assis droit comme un I. Comme d'habitude, malgré la proximité, le jeune faisait attention à ce que son corps ne touche en aucun cas celui de Sebastian. Comme la règle de la maison l'exigeait, il était tout deux en pyjama.

- Dis Sebastian ? Demanda-t-il en mangeant son seizième Ferrero Rocher

- Oui Monsieur ?

- Il n'y a vraiment aucune nourriture humaine que tu aimes ?

- Non. Mes papilles diffèrent de celles des humains. Je perçois les goûts d'une manière différente.

- Donc, tout te paraît insipide ?

- Non, pas insipide. Je peux manger si la situation l'exige. Mais disons que je vais avoir conscience que je mâche quelque chose dans ma bouche, sans vraiment savoir si c'est bon ou mauvais.

- Donccc… Si on remplace du chocolat par du caca tu ne le sentiras pas ?

- …

- …

Novembre déballa son dix-septième Ferrero Rocher.

- Quoi ?! C'est juste pour savoir ! C'est pas comme si j'allais te donner en secret du gâteau au caca et t'ordonner de le manger.

- Monsieur, ce sont mes papilles qui diffèrent de celle des humains, pas mon odora. Ni ma vue. Si vous me présentez un plateau d'excréments je le saurais. Je suis un démon, pas un idiot.

Le jeune garçon roula sur le dos, il ressemblait à une chenille.

- Compris…

- Cependant… coupa-t-il

Le diable sembla songer un instant.

- Je crois qu'il y a une nourriture où mes papilles perçoivent le même goût que les humains perçoivent.

La curiosité de Novembre était aussitôt piquée.

- Nan sérieux ? C'est quoi ?

La diable semblait un peu gêné de le dire.

- C'est… Le café.

Un ange passa, avant que Novembre n'éclate dans un immense fou-rire.

- Hahaha… Nan mais c'est pas vrai.. De toutes les choses que t'aurai pu manger… Il fallait que ce soit le café. Hahaha !

Les traits de Sebastian se contractèrent légèrement.

- Puis-je savoir en quoi cela est hilarant ?

- Hahaha.. Désolé.. Je ne voulais pas me moquer, c'est juste…

Novembre essayait de retrouver son sérieux.

- Qu'il y a ce manga. Il est assez connu. Il s'appelle Tokyo Ghoul… ça raconte l'histoire de créatures, les goules, qui ne se nourrissent que de chair humaine. Outre ça ils ressemblent globalement aux humains, et vivent parmi eux. Et, c'est marrant parce eux aussi, la seule nourriture humaine qu'ils sont capable d'ingérer, c'est le café.

- Intéressant… Je me demande si l'auteur n'aurait pas été en contact avec un démon pour écrire cette histoire...

- Oh peut-être. Mais ce n'est pas écrit, c'est dessiné, dans un ouvrage qu'on appelle un « manga », et il y a eu aussi une adaptation en animé. C'est l'abréviation de « dessin animé » lorsqu'on parle d'œuvres japonaises. Tient attend je te montre.

Le jeune homme se leva, toujours enroulé dans ses plaids et disparut un instant dans sa chambre, pour réapparaître quelques secondes plus tard avec un ouvrage dans les mains.

- Tient, voici le premier tome de Tokyo Ghoul.

On voyait sur la couverture un dessin d'un jeune garçon assis, en couleur monochrome, avec l'un de ses yeux en rouge vif

- Lui c'est le protagoniste, Ken Kaneki. C'est un humain qui va être changé en goule.

- C'est étonnant…

Novembre tourna la tête.

- Quoi donc ?

- Ce personnage… Ressemble à une personne que j'ai connue, autrefois.

Un silence passa. Sebastian lui rendit le livre en silence et réajusta sa position sur le canapé. Le jeune homme le regarda et décida de ne pas insister sur le sujet. Il posa le manga, et se remit confortablement en boule sur le canapé. Changeant de sujet, il déclara :

- Ce que je me demande aussi c'est...

Il enfourna un Ferrero dans sa bouche

- Quel goût ça a, une âme.

Le démon ris doucement.

- Je ne crois pas qu'on puisse comparer une âme à un gâteau au chocolat.

- Et pourquoi donc ? De la bouffe c'est de la bouffe.

- Tout simplement…

Sebastian sourit et soupira simplement à la pensée d'une âme exquise.

- …Parce que ce qui est bon dans une âme, c'est la balance riche entre la douleur, la souffrance, la noirceur, tout ce qu'il y a de sombre dans l'humain, avec tout ce qu'il y a de plus beau. On peut faire mûrir une âme pour qu'elle prenne une saveur légèrement différente, légèrement plus piquante, plus amer, plus…Saignant.

- Sebastian..

- Une âme est composée de toutes vos émotions, de la plus pure à la plus sale. De vos espoirs et de vos peurs les plus profondes… Certains aiment les âmes claires, les âmes purs…

- Sebastian…

- Moi j'aime les âmes lorsqu'elles ont été plongées dans un bain de ténèbres, qu'elles ruissellent d'amertume, de rage…

- SEBASTIAN !

Le salon était enfumé par les ténèbres mouvantes, étouffantes. Sebastian n'était plus qu'une forme vague aux talons aiguilles et aux mains griffues. Des plumes noires tombaient de cette noirceur.

- Ça suffit d'être Dark Sasuke ! En plus tu en fous partout sur le sol !

Il ramassa en tremblant une plume noire de jais tandis que les ténèbres surnaturelles disparaissaient petit à petit. Il avait eu peur. N'importe qui aurait eu peur. Cela ne servait à rien de se mentir à soi-même. Il avait eu peur et essayait de se calmer en triturant la plume. Machinalement, il la rangea dans la poche de son pyjama. Il essayait de se remettre les idées en place. Son cœur tambourinait dans la poitrine et il avait de plus en plus de mal à reprendre son souffle.

- Monsieur ? Toutes mes excuses je me suis emporté.

- …

- Monsieur ?

Novembre tremblait de tout son corps, comme si la peur montait avec une minute de retard, il était maintenant tétanisé.

Sebastian se mit accroupi pour être face à son jeune Maître. Il se fustigeait de s'être laissé emporter comme ça comme un débutant ! Sa faim s'était laissée voir !

- Monsieur ? Veuillez accepter toutes mes excuses, je n'avais pas l'intention de vous faire peur.

- Tu… Ne…Respecte pas le contrat… Il peinait à respirer

- Oui j'en suis conscient, encore une fois je vous prie d'accepter mes excuses.

Sebastian tenta d'approcher sa main gantée pour le rassuré mais fut dégagé d'un revers de poignet

- NE ME TOUCHE PAS !

Il haletait.

- Ne me…touche pas.

Sebastian avait une très nette impression de déjà vue. Aussi il se releva et quitta le salon, laissant seul le jeune homme qui sanglotait maintenant silencieusement.

C'est passé… C'est passé… Il ne peut plus rien t'arriver… Tu es en sécurité

Novembre se balançait doucement d'avant en arrière, les bras enveloppés autour de son corps. Il chantait, murmurant entre ses larmes, pour se rassurer

«I'm a dumb teen boy. I eat sticks and rocks and mud. Snif. I don't care about the government. Snif. And I really need a hug. I feel stupid. Ugly. Pretend it doesn't bother me. Snif. I'm not very strong but I'll fuck you up if you're mean to bugs»

Et, doucement, il chanta en murmurant jusqu'à la nuit tombée.

Le lendemain matin, Novembre se réveilla. Ses yeux étaient gonflés, il avait mal au dos, et se demanda un moment où il se trouvait. Ce n'était pas sa chambre. Clignant des yeux pour s'habituer à la grande luminosité, il reconnut la vue familière de son salon. Il avait dormi sur le canapé. Repoussant une couverture qu'il était certain ne pas avoir lorsqu'il s'était endormi, il se dirigea vers la cuisine.

Il y trouva un plateau avec son petit-déjeuner préféré, une baguette de pain bien dure, un bol de céréales avec du lait de riz, et une pomme épluchée. Au milieu se trouvait une note écrite avec une élégante écriture que Novembre reconnu aussitôt, accompagné d'une rose bleue.

En espérant me faire pardonner pour mon attitude d'hier, veuillez accepter, Monsieur, ce petit déjeuner en gage de mon regret de m'être emporté.

La baguette est rassie de deux jours. Elle est croquante comme vous l'aimez.

Sebastian M.

Novembre soupira. Les souvenirs de la veille lui étaient flous, mais la sensation distincte de peur qu'il avait ressentie lui noua immédiatement les entrailles. Décidant néanmoins de ne pas gâcher, il emmena le plateau jusqu'à la table basse. En portant le col de céréales à sa bouche, il observa la rose. Il s'agissait probablement d'une de ces roses avec des couleurs non naturelles que l'on trouve parfois hors de prix chez les fleuristes. Elle était de la même couleur que ses cheveux, bleue nuit.

Le jeune homme soupira profondément.

Sebastian avait, il semblerait sans le faire exprès, montré, du moins en partie, sa forme démoniaque. Mais comment Novembre pouvait-il le lui blâmer ? C'était avec un démon qu'il avait fait un pacte. Pas avec une licorne. C'était tout simplement qui il était. Comment le lui reprocher ?

Il mâchait ces céréales avec application. Il y avait juste la bonne quantité de lait pour la bonne quantité de céréales.

Je ne lui en veux pas, mais il m'a vraiment fait peur. Je pense que j'ai besoin de temps pour moi avant de lui reparler. Je dois digérer ce qu'il s'est passé.

Allant dans la chambre pour se préparer, il mit son sweatshirt, son jean, ses habituelles mitaines et son écharpe. Il prit son PC et des affaires pour deux jours et sortit de l'appartement avant d'envoyer un SMS à Justine.

- « Ça ne te dérange pas si je viens passer les 2 prochains jours chez toi 3 ? J'en ai vraiment besoin ».

De son côté, Sebastian, dans sa chambre, entendit la porte de l'appartement se claquer alors que Novembre s'en allait. Allongé sur son lit, la main lui cachant le visage, il fulminait. Il était furieux contre lui-même, mais également furieux contre ce contrat qu'il avait passé. Ce contrat, il l'avait accepté, d'une part au fait de la saveur délicieuse de l'âme du jeune homme, mais surtout, il l'avait accepté car il avait été piqué dans son orgueil. Il était un démon expérimenté. Il pouvait accomplir le contrat que le jeune homme et lui avait passé. Mais …

Il poussa un grognement de frustration

Cela allait à l'encontre de toutes ses habitudes. Cette âme, elle était délicieusement entourée de ténèbres, avec des petites touches de lumière flamboyante qui ne ternissaient pas et qui lui donnaient cet arôme entêtant. Mais s'il se tenait aux termes du contrat qu'ils avaient passé, il devait remettre cette âme dans la lumière. Les substituts et la manipulation ne marchaient pas, il le voyait bien. Il devait réellement prendre soin du garçon et non pas doucement le torturer pour le faire tomber dans les abysses du désespoir. Non, il devait justement l'y sortir.

Malgré les apparences, il voyait que son jeune Maître n'était pas heureux. Quelqu'un qui invoquait un démon ne pouvait pas être heureux. Rien que pour payer le tribut de l'invocation, son âme devait être remplie de ténèbres. Il n'avait pourtant pas vu de cadavre dans l'église où il était apparu. Pas la moindre tache de sang. Il ignorait complètement comment ce garçon avait fait pour l'appeler et réussir. Il semblerait que le garçon lui-même l'ignorait.

Concernant son Maître… Il voyait les cernes sous ses yeux et il voyait des orbites rougies par les pleurs le matin. De plus, Sebastian se demandait s'il n'y avait pas une vraie raison derrière le fait que le jeune homme mette constamment des mitaines et des pulls à manches longues pour cacher ses bras. Pourtant il n'avait été que sympa avec Sebastian, insistant pour ne pas lui laisser la charge de toutes les corvées de la maison, l'aidant pour trouver un emploi, lui expliquant les nouveautés du 21 ème siècle…

Soudainement, une phrase lui revient en mémoire

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Soupirant une nouvelle fois, il ouvrit son ordinateur portable. Après tout, cela ne pouvait pas lui faire de mal de connaître la théorie d'une amitié saine humaine. Fake it until you make it.

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Tandis que Sebastian lisait l'entièreté de l'article, il songea qu'effectivement, cela lui donnait quelques idées.

BONJOUR ET BIENVENUE DANS LE BACKSTAGE DEEEEEE "TON MENSONGE EN NOVEMBRE" !

Merci a d'être parvenue jusqu'ici ! Je n'ai absolument rien à dire, si ce n'est que je peux vous garantir que vous aurez l'histoire uploauder au moins jusqu'à la moitié, si jamais je perd ma motivation d'écrire de reste (mais j'espère bien terminer cette foutue histoire) (des review ça booste toujours à écrire, je dis ça comme ça. Oui. Je te vois. Toi là dans le fond qui te dis "naaannnn flemme les autres vont le faire" NAN ! Do it ! Just ! DO IT !)