Il était 17 heures lorsque Novembre tourna la clef de la serrure de l'appartement. La porte s'entrouvrit doucement, révélant une entrée et un salon vide. Les plantes avaient été arrosées, le sol était nettoyé, les plaids avaient été pliés.
Il entra silencieusement, déposant ses chaussures à l'entrée. Il s'apprêtait à traverser rapidement le salon pour aller regagner sa chambre le plus vite possible lorsque :
- Monsieur ! Bon retour à la maison !
Sebastian se tenait là où un instant auparavant il n'y avait que du vide, devant le couloir qui menait aux chambres. Il souriait jusqu'aux oreilles et portait un panier d'osier à la main. Novembre recula de quelques pas, surpris.
- Sebastian ! Tu ne devais pas finir à 21h ?
- Non, je finis à 16h le mardi.
- … D'accord. Eh bien, si ça ne te dérange pas, je vais aller dans ma chambre.
Sebastian ne bougea pas du chemin.
- Que dirait Monsieur d'une petite sortie entre amis ?
- Tu veux dire… Tous les deux ?
- Oui.
Le jeune ne répondit pas. Le diable continua :
- Il est important pour des amis d'organiser des sorties ensemble et de s'y tenir.
Novembre était gêné. Il avait toujours en tête les événements d'il y a deux jours et n'était toujours pas tout à fait au clair avec ses émotions.
- Je ne sais pas Sebastian… Je viens de rentrer des cours, je suis fatigué et il fait froid dehors… D'autant plus qu'il fait presque nuit. Je n'ai pas envie d'attraper un rhume.
- Ne ne vous inquiétez pas pour la température, j'ai tout prévu.
Il sortit quelque chose du panier en osier.
- Voilà des chauffettes pour les mains. C'est fou comme votre technologie a évolué. Il y en a aussi à mettre à l'intérieur de vos chaussures, pour garder vos pieds au chaud.
Un peu éberlué, le jeune homme pris les chauffettes dans ses mains.
- Si je puis me permettre, je pense que prendre l'air pourrait faire du bien à Monsieur. Mis à part pour aller et revenir de l'école vous ne faites pas beaucoup d'exercice. Vous avez la chance d'habiter à Paris, une ville au patrimoine historique et culturelle incroyable. Vous devriez en profiter plus.
Novembre retenu un grognement et marmonna :
- On dirait mes profs, à vouloir qu'on fasse des expos et des musées tous les weekends… Y en a qui ont besoin de se reposer parfois...
- J'aimerai apprendre à vous connaître Monsieur, le coupa-t-il
Stupéfait, le jeune homme regarda Sebastian. Yeux gris contre yeux rouges.
- En tant que votre ami… Je pense qu'il est important que nous fassions des activités ensemble, afin de construire un lien entre nous.
Un sourire germa sur les lèvres de Novembre
- Toi…
Sebastian souriant d'un air angélique
- T'as fait un tour sur Wikihow.
Son sourire ne bougea pas, ne trahissant rien.
- Je ne fais qu'obéir aux ordres de Monsieur.
- Ce n'était pas un ordre.
Il était maintenant deux avec un grand sourire
- C'était une suggestion.
Un ange passa
- OWWWW T'ES ADORABLE SEBASTIAN ! TU ESSAIE DE FAIRE DES EFFORTS !
Novembre flappait des mains en gesticulant sur place. Il était assez touché sur Sebastian prenne la peine de faire des efforts, ce qui était idiot car il ne faisait que remplir les termes du contrat, ni plus ni moins. Mais le jeune décida d'ignorer ça pour les moments.
Même si toute cette mise en scène était, et il le savait bien, fausse.
Ils partirent tous deux, prenant le métro direction la Tour Eiffel. En bon parisien, Novembre était souvent passé devant, mais n'était jamais directement monté dessus. Au milieu des hordes de touristes parlant mille et une langues et des vendeurs à la sauvette vendant des bouteilles d'eau et des portes clefs Tour Eiffel, ils se frayèrent un passage pour faire la queue à la billetterie de l'ascenseur. Sébastian lui raconta pour passer le temps diverses anecdotes sur la Tour Eiffel, notamment sur le fait qu'il y était monté lors de sa première apparition à l'exposition universelle de 1989.
Lors de la montée de l'ascenseur, le jeune homme se délectait de la vue qui se faisait toujours plus haute. Une fois arrivé au dernier étage, tout Paris, avec ses petites lumières qui se réfléchissaient dans la Seine, s'étendait devant eux. Novembre confis à Sebastian :
- Je n'ai jamais su pourquoi mais… J'ai toujours adoré les endroits en hauteur. Ça me rend extatique.
Ensemble ils déballèrent le sandwich que Sebastian avait préparé pour lui. Cela attristait sur le moment que le démon ne puisse pas manger quelque chose avec lui, mais chassa vite cette pensée de son esprit. Ce n'était pas important.
Le vent de la nuit sifflait dans ses oreilles alors qu'ils regardaient tous deux la splendide vue en silence. Mais Novembre voulait clarifier quelque chose qui lui trottait en tête depuis quelques jours.
- Sebastian ?
Il tourna la tête.
- Oui Monsieur ?
- Ce jour-là dans le salon… Tu m'as fait peur.
Le visage de Sebastian devient très sérieux.
- J'en suis conscient et je m'en excuse. Ce n'était pas volontaire de ma part
Novembre fixais un point invisible sur l'horizon tandis qu'il continuait
- Tu m'as pris par surprise. Je n'étais pas préparé à cela. Pour moi cette forme que tu as pris était derrière moi, après la création de notre contrat. Je ne pensais pas la revoir… Mais ça m'a aussi rappelé ce que tu es. Ce n'est peut-être pas si mal. J'ai fait un souhait maudit et je m'y tiendrai. Jusqu'à mon dernier souffle lorsque tu prendras mon âme. Aussi…
Il se leva et fis face à Sebastian
- C'est un ordre Sebastian ! Soit mon ami maudit jusqu'à ce que le contrat se termine. Créons ensemble ce lien hideux d'une personne à son meurtrier. Tu seras ma fin et mon salut ! Mon ombre derrière ma lumière !
Le démon regarda Novembre, ses yeux légèrement écarquillés.
Et fis quelque chose qu'il ne pensait plus jamais refaire de son existence.
Il posa un genou à terre, main sur le cœur et répondis doucement :
« Yes, Sir »
Leur attention était rivée l'un sur l'autre. La foule avait disparu, il ne restait plus qu'eux, et le pacte qui les unissait. Le vent faisait tourbillonner l'écharpe ainsi que les cheveux bleu nuit du jeune homme.
Le jeune humain ne le savait pas, mais il venait d'être pleinement reconnu par Sebastian comme son nouveau Maître. Ce dernier, toujours un genou à terre, l'admirait. Son âme irradiait de lumière tout en étant entourée par les ténèbres. Des ténèbres à la fois hurlantes et insidieuses. Oui, Sebastian sera la sombre silhouette le menant vers la lumière. Et lorsqu'il l'aura atteinte… Sa délicieuse âme sera sienne.
Le démon ignorait toujours beaucoup de choses à propos du jeune humain. Il ne savait pas pourquoi il était entouré d'autant de ténèbres. Il ne savait ni d'où venais son chagrin, ni d'où venait sa douleur. Il pouvant la sentir, entourant son âme. Afin d'accomplir sa part du contrat, il se devait de comprendre d'où venait ses blessures.
La brise fit frissonner Novembre. Brisant ce moment hors du temps.
- Jeune Maître, je pense qu'il est temps de rentrer. La température baisse de plus en plus et vous avez classe demain.
Il se releva. Le visage de son jeune Maître était dénué d'émotion. Comme s'il n'était plus psychiquement présent. Cela n'était pas la première fois que le démon observait ce comportement chez l'humain.
- Monsieur ?
- Hein ? fit-il d'une petite voix
Il semblait soudain fragile, entouré dans son écharpe et son manteau trop grand. L'air un peu perdu et surtout très fatigué.
- Oui Sebastian, rentrons…
Il se retourna une dernière fois pour contempler la vue sans vraiment la voir.
- Je suis fatigué, murmura-t-il.
Voici un court chapitre mais important pour la suite de l'histoire ! Ehhh oui. La plupart de parisiens ne sont jamais montés sur la Tour Eiffel...
Merci Guest d'avoir laissé une petite review, ça m'a vraiment touché =' ) !
