Novembre resta un mois à l'hôpital. Chaque jour, Sebastian venait et lui apportait un repas, que ce soit officiellement dans le hall d'entrée, ou officieusement, apparaissant dans sa chambre après que les infirmières du soir soient passées.

Dans ce second cas, Novembre se sentait comme Wendy, à qui Peter Pan rendait visite à la fenêtre, et l'emmenait dans un monde magique. Sauf que sa fenêtre à lui était verrouillée, comme celles de toutes les chambres de l'hôpital et que ces discussions avec Sebastian l'emmenaient dans des endroits beaucoup plus sombres que le Pays Imaginaire.

Les médicaments que prenait le jeune homme le faisait rapidement dormir, alors il s'endormait généralement en plein milieu de la conversation, à son plus grand damn. La dernière chose qu'il voyait avait que les ténèbres ne l'emporte était le sourire moqueur de Sebastian. Novembre avait alors la pensée qu'il avait de la chance que Sebastian puisse apparaitre dans sa chambre. Il n'avait alors pas de masque à porter. Il pouvait alors mieux lire les émotions du démon. Lorsqu'il se réveillait au matin, le diable n'était plus là.

Les jours devenaient de plus en plus longs et la fraîcheur de l'hiver laissa place à la douceur du printemps. Dans les arbres du campus hospitalier, des bourgeons commençaient à apparaître. Sur les surfaces terrées, le gazon recommençait à pousser. La verdure laissait peu à peu prendre sa place.

Un jour, alors qu'il pleuvait, Novembre et Sebastian étaient tous deux allés au petit parc à côté de la chapelle, sous un grand parapluie noir que tenait le plus âgé. Assis sur un banc publique, ils regardaient en silence le parc vide, avec les gouttes de pluie dégoulinant en perles transparentes sur les jeux d'enfants. Novembre avait alors demandé :

- Qu'est ce qui te plait le plus dans le monde des humains ?

Le jeune homme s'était attendu à ce que le démon réfléchisse un peu. Il ne semblait guère apprécier les humains, malgré son intérêt pour ces derniers. Aussi fut-il surpris lorsque l'homme en noir répondit immédiatement :

- Les chats.

Novembre se plaqua la main devant la bouche, s'empêchant de pouffer de rire. Essayant de rester sérieux, il demanda :

- Et... Puis-je savoir pourquoi ?

Les « règles » de leur jeu s'étaient assouplies. Désormais, plus qu'un jeu de question, c'était désormais de simple conversation qu'ils entretenaient, où chacun s'intéressait un peu à l'autre. Les règles n'étaient rappelées que si l'un d'entre eux était mal à l'aise ou souhaitait éviter de répondre.

Sebastian ferma les yeux d'un air rêveur.

- Ce sont une des seules créatures dont je n'arrive pas à lire ou à prédire les actions. J'aime leur indépendance, leur fierté, leur façon d'être toujours un peu hors d'atteinte. Et...

Novembre sentit qu'il commençait à perdre Sebastian.

- ...Ils sont si doux. Leur pelage toujours propre est une véritable merveille. Leur queue, volatile, est toujours pleine de grâce. Leur coussinet, si moelleux, sont si agréables à être touchés. Ils cachent des griffes acérées qu'ils peuvent utiliser pour se défendre. Qu'il est agréable de sentir leurs piquants lorsque j'ai le privilège d'être patouner par un chat qui ronronne contre moi. Dans ces moments-là, je me sens presque ...

Novembre regardait d'un air blasé Sebastian qui était maintenant au septième ciel.

- ...Béni de Dieu. Cela relève du divin.

Ça y est. Je l'ai perdu pour de bon

- On ne trouve pas de chats en Enfers, nous autres, démons, n'avons droit qu'à des animaux domestiques dépourvus de grâce. C'est pour ça que j'aime aussi être à la surface. Je peux avoir le privilège de croiser ces merveilleuses créatures. Même si dernièrement il m'a été difficile d'en approcher de près...

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Il est revenu sur Terre !

- Ah ? Et pourquoi donc ? Demanda Novembre.

Sebastian poussa un soupir.

- Mon dernier contractant était allergique aux chats et ne tolérait pas que j'en ai. Ça ne m'a pas empêché de défier cet ordre une ou deux fois mais... Je crois que même s'il n'avait pas été allergique il m'aurait empêché d'en avoir pour la simple satisfaction de me voir frustré.

Il souriait d'un air contrit, à nouveau plongé dans ses souvenirs.

- Au final, je n'ai jamais pu avoir de chat moi-même.

- Ah... Je vois.

Sebastian était donc un homme...Un démon à chat. Cela, après réflexion, ne l'étonnait pas plus que ça, basé sur le caractère et le comportement silencieux et gracile et ce dernier. Il aurait eu du mal à le voir jouer avec un chien... Ce qui lui fit penser.

- Dit, ce dernier contractant... C'est bien le même qui te renversais du thé brûlant sur les mains lorsque tu ne le préparais pas bien ?

- C'est cela.

- Et c'est également celui-là qui t'as forcé à domestiquer un chien géant ?

- Oui

- Et qui mettait ses bagues exprès pour te faire mal lorsqu'il te frappait ?

- Oui.

- ...Cela avait l'air d'être un homme avec une gentillesse sans égal.

Sebastian rigola doucement.

- L'appeler un « homme » serait quelque peu exagéré. Je dirais plus que c'était un gamin avec un ego trop gros pour son propre bien.

Novembre eut une expression de surprise

- Ce contractant était un enfant ?

Sebastian souriait en coin.

- A votre avis, pourquoi ai-je mis « Garde d'enfant » dans mes compétences ?

Le jeune homme leva les mains en l'air.

- Je pensais que t'avais eu un contrat avec un directeur de crèche ! J'en sais rien moi !

Cette fois-ci, Sebastian eut un rire franc. Les gouttes de pluie continuaient à tomber sur les rebords du parapluie. Les flaques à leurs pieds réfléchissaient le ciel nuageux et les arbres qui recommençaient tout juste à refleurirent. Des moineaux piaillaient dans un arbuste, essayant de se protéger de la pluie. C'était la première fois que Novembre entendait le démon rire comme ça, aussi librement. Il eut un soudaine rage contre ces masques obligatoires, qui l'avait empêché de voir ce rire.

Ce soir-là, Novembre avait dessiné Sebastian avec ce rire honnête qu'il n'avait pas pu voir. Au fur et à mesure des semaines, le carnet qu'utilisait Novembre était devenu un carnet dédié à Sebastian. Et au fur et à mesure de leurs échanges, ce que le jeune homme apprenait sur lui, il l'écrivait et le dessinait.

Il avait fait des recherches sur ce que portaient les majordomes à la fin du 19ème siècle. Il avait dessiné plusieurs designs différents de vestes. Le jeune ne pouvait l'imaginer autrement qu'avec un costume noir. Même si ce n'était que des croquis, et qu'ils étaient hypothétiques, Novembre décida que le démon devait aller à ravir avec un de ces costumes.

Il en savait également un peu plus l'ancien contractant de Sebastian. Ce dernier en parlait en effet assez régulièrement, à croire que ce « gamin » avait suffisamment marqué Sebastian pour que ce dernier le mentionne aussi souvent. Novembre ignorait si le démon s'en rendait compte.

- Et tu étais majordome où ? Dans un hôtel ?

C'était une des premières journées chaudes de Mars. Novembre, frileux, avait malgré tout garder son manteau et son écharpe alors que Sebastian, lui, était en simple chemise et veste. Ils avaient visité l'entièreté du campus hospitalier en long en large et en travers, si bien qu'il ne restait plus grand-chose à voir. Ils avaient alors marché jusqu'à faire le tour du bâtiment et arrivé dans la cour arrière, là où était stockées les ambulances qui n'étaient pas en service et où les médecins et étudiants venaient fumer lorsqu'ils le pouvaient. Techniquement, cette partie était une sorte de parking où les patient et visiteur n'étaient pas admis, mais personne ne prêta attention aux deux hommes.

- Après être contractant avec un directeur de crèche, un directeur d'hôtel ? Avait répondu Sebastian, moqueur.

Le jeune homme aux cheveux bleus, qui commençait d'ailleurs à déteindre sur du gris-vert, haussa les épaules.

- Ecoute, je fais ce que je peux avec les indices que j'ai. Du coup, j'ai raison cette fois-ci ou non ?

Sebastian enfonça ses mains dans son pantalon, geste qu'il faisait rarement.

- Je pense que mon dernier contrat n'aurait pas été aussi palpitant si j'avais été majordome d'hôtel. Non, j'étais majordome au service d'un Comte anglais.

Le jeune poussa un sifflement admiratif.

- Eh bennnn, tu te mets bien Sebastian. Majordome d'un Comte, rien que ça !

- Oh croyez-vous, ça peut faire prestigieux d'apparence, mais je vous assure que c'est un des travails les plus drainants et difficiles que j'ai eu à faire. Mon Maître était loin d'être tendre avec moi.

- Pauvre bébé, fit Novembre d'une voix faussement piteuse. Le Comte était méchant avec le pauvre démon qui voulait dévorer son âme.

Les lèvres de Sebastian se pincèrent.

- Ce n'est pas ça. Je ne me plains pas pour le moins du monde. Lorsque l'on est le Maitre d'un démon, il faut savoir se faire entendre. Surtout lorsqu'on est aussi vulnérable qu'un enfant. Je ne fais pas de cadeau non plus.

- Ça ! S'exclama Novembre, j'avais bien compris.

Ils passèrent devant un groupe d'ambulanciers qui parlait un dialecte que Novembre ne reconnut pas.

- J'ai eu bien plus de respect envers lui qu'envers la majeure partie des humains à qui j'ai eu à faire.

Son ton était sérieux cette fois-ci.

Novembre s'arrêta. En inclinant légèrement la tête comme un chaton curieux, il demanda, alors que Sebastian se retournait vers lui :

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi le respectais-tu autant ?

Sebastian se tendit. Son regard quitta celui de Novembre alors qu'il tournait la tête. Ses cheveux noirs bleutés cachaient désormais ses yeux. Notant la tension du démon, qui ne répondais pas, le jeune ajouta :

- Tu n'es pas obligé de répondre.

Un temps passa. Ni l'un ni l'autre ne parla. Novembre tourna la tête, inspirant profondément. Il laissait les rayons du soleil réchauffer doucement son visage. Les antidépresseurs et les anxiolytiques avaient commencé à faire leurs effets. Les tremblements de son visage se faisaient de plus en plus rares. Cela faisait longtemps que le jeune ne s'était pas senti aussi en paix.

Il n'était pas pressé. Si Sebastian n'était pas prêt à en parler, il ne le pousserait pas.

Concluant tacitement que cette conversation était terminée, ils reprirent leur balade, parlant de choses banales et inoffensives.

Une semaine plus tard, Novembre était dans sa chambre, en train de penser à tout et à rien. Lorsqu'il entendit quelqu'un toquer à sa porte. Il se redressa.

- Entrez.

Novembre reconnu son médecin référent. Celui qui faisait son suivi médicamenteux depuis qu'il était entré à l'hôpital. Il y avait également des étudiants en médecine, des aides-soignants, et la psychologue du service. Novembre avait beaucoup parlé avec elle, la voyant deux fois par semaine. C'était la première psychologue que Novembre voyait, et rapidement s'était établit un lien de confiance entre les deux personnes. Cela avait été la seule du service à être informé de la transidentité de Novembre, mais, à la demande du jeune homme, n'avait rien dit à ses collègues. Novembre n'avait pas la force de s'exposer aux réactions diverses et variées du personnel avec lui.

C'était la première fois, depuis son arrivée, qu'autant de personnel étaient réunis dans la chambre du jeune.

- Madame Forest. Comment allez-vous ?

Un peu intimidé, le jeune répondit :

- Bien merci.

Le médecin prit le dossier qu'il avait dans les mains, feuilletant les notes.

- Cela fait donc... 23 jours que vous êtes ici. Nous nous sommes réunis aujourd'hui pour parler de votre cas. Les infirmières ont noté une hausse de votre moral ainsi qu'un meilleur sommeil et une baisse d'idée noire. Les médicaments semblent être à bonne dose. Nous avons donc commencé à considérer votre sortie.

Novembre sentit son sang quitter son visage. Sortir ? Si tôt ?

- Qu'en pensez-vous Madame ?

Novembre ne savait que répondre.

- Je... Je ne sais pas... Si je suis prêt... Je veux dire... Et si je rechutais une fois sortie ? Et si je m'en sortais pas ?

Novembre avait à présent les mains qui tremblaient. Il cacha ces dernières sous les couvertures. Oui. L'idée de quitter l'enceinte ferme et rassurante de l'hôpital le terrifiait.

La psychologue prit la parole de sa voix douce.

- Vous ne serez pas relâché dehors sans aides. Si vous sortez, nous prendrons les dispositions nécessaires pour que vous ayez un suivi psychologique et médicamenteux. Vous ne serez pas seule.

Ah. C'était bien ça. C'était rassurant.

La psychologue continua :

- Nous avons une liste de médecins psychiatres et de psychologues fiables que vous pouvez contacter afin d'avoir une prise en charge immédiate lorsque que vous sortirez.

Novembre répondit enfin :

- Je... Je regarderais ça. J'aimerai juste rester...Encore quelques jours. Le temps de préparer ma sortie.

- Naturellement, répondit le médecin.

Le groupe sorti, après avoir passé la liste des thérapeutes à Novembre. Il regarda les noms et les numéros de téléphone. Il sentait que le tri allait être long. Mais il devait le faire. Il avait promis qu'il se battrait pour aller mieux, et un bon suivi avec des bonnes personnes allait être essentiel pour remplir cette tâche.

Lorsque Sebastian apparu ce soir-là, il trouva son jeune Maître écroulé de fatigue, dormant la bouche ouverte, son téléphone dans une main et un papier avec des noms rayés dans l'autre. Il retira délicatement les deux objets de ses mains, les posa sur sa table de chevet et remit en place sa couverture avant de disparaître sans un bruit. Alors qu'il sautait de toits en toits sur les bâtiments de Paris pour rentrer à l'appartement, quelque chose attira son attention sur le côté.

Éclairé par la lune, une silhouette se détachant également, sautant de buildings en buildings. La figure portait un manteau flottant derrière lui ainsi que de longs cheveux.

Cela ne pouvait pas être ...

C'est alors que la figure disparue, aussitôt qu'elle était apparue. Si Sebastian n'avait pas autant confiance en sa vision acérés, il aurait juré avoir rêvé. Il décida de mettre ça dans un coin de son esprit et de ne pas s'y attarder maintenant.

Quelques jours plus tard, Novembre avait décidé de faire quelque chose de spécial pour son dernier jour à l'hôpital. Il avait emmené Sebastian dans le hall principal du campus, qui ressemblait à s'y méprendre à un hall d'aéroport. En plus propre.

- Monsieur, êtes-vous sûr que cela est décent ?

- Un démon qui me parle de décence ? Nous voilà bien, répondit simplement le jeune alors qu'ils s'engouffraient dans la cabine d'ascenseur.

Le bâtiment principal dans lequel il se trouvait était le plus haut de tout le campus. Il faisait très exactement 25 étages. Novembre appuya sur le dernier bouton. La machine s'éleva tandis que Novembre jubilais

- Je suis sûr que la vue va être géniale !

L'ascenseur s'arrêta enfin. Une voix féminine retentie

« 25ème étage. Département de cancérologie. Soins intensifs »

La porte s'ouvrit.

Ils débouchèrent dans une salle, qui semblait être une salle d'attente. Il n'y avait personne et tout était silencieux. Contrairement au hall d'entrée, où résonnais le brouhaha des conversations, l'étage semblais complètement désert. Devant eux, de grandes fenêtres laissaient voir une vue incroyable de Paris. Novembre s'approcha et posa ses mains sur les vitres.

- Whaou ! C'est vraiment magnifique !

Sebastian, un peu en retrait, contemplait également la vue devant lui.

- Monsieur, je vois que vous allez effectivement mieux. J'admire votre capacité à voir la beauté dans un endroit qui suinte la mort comme ici.

Novembre se retourna légèrement en répondant à voix basse.

- Je trouve que c'est la moindre des choses de laisser aux mourants la possibilité d'avoir pareille beauté devant eux. Je pense que moi, cela m'apporterait du réconfort.

Sebastian ne trouva rien à répondre à cela. Ils regardèrent en silence la vue, entourés d'une odeur de mort et de tristesse.

Merci d'avoir lu jusqu'ici ! Désolé je n'ai pas posté pendant une semaine, je devais prendre des décisions vis a vis de cette fic. Vous verrez en temps voulus mais disons qu'il y avait des moments où...Ben je n'avais rien prévu, niveau scénario ! Et comme j'ai déjà la fin et que je veux VRAIMENT finir cette histoire il a fallu que je me décide sur quoi faire, quitte à ce qu'il y ait quelque passages décevants...